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Le succès espagnol expliqué?

1 – Selon Eddy Merckx, fin connaisseur du cyclisme s’il en est, les succès espagnols sur les récents Championnats du monde (4 victoires en 6 ans, 5 en 10 ans!) s’expliquent en partie en raison du déplacement de cette épreuve après la Vuelta. C’est ainsi que les coureurs espagnols bénéficient de la meilleure préparation aux Mondiaux, les coureurs étrangers étant moins motivés et venant moins nombreux sur la Vuelta.

Le raisonnement tient la route, et il est plus que probable que des Mondiaux fin aoôt, soit l’ancienne date, changerait beaucoup la liste des grands favoris et garantirait la présence de davantage de champions. La force collective de l’équipe espagnole dans son ensemble s’explique également probablement par le vivier de coureurs en excellente condition au sortir de la Vuelta à partir duquel le sélectionneur ibérique peut faire son choix.

Ceci étant, il ne faut pas oublier que trois succès espganols sur cinq incombent au même homme, Oscar Freire. Et que celui-ci n’a jamais terminé la Vuelta l’année de ses sacres. Voici un petit récapitulatif à cet égard :

1995 : Olano champion du monde une semaine après avoir terminé 2e du général de la Vuelta.
1999 : Freire champion du monde, non-partant sur la Vuelta
2001 : Freire champion du monde, abandon 15e étape de la Vuelta
2003 : Astarloa champion du monde, abandon 11e étape de la Vuelta
2004 : Freire champion du monde, hors délai 12e étape de la Vuelta.

La Vuelta est donc un terrain certes très propice pour « préparer » les Mondiaux, mais n’explique pas tout du succès des Espagnols qui ont la chance d’avoir en Freire un redoutable coureur sur des courses en circuit. Des coureurs motivés participant au programme italien de préparation (Trofeo Melinda, Coppa Placci, Coppa Sabatini, Giro del Lazio, GP Industria & Commercio di Prato et Giro dell’Emilia par exemple) semblent également avoir toutes les chances de se présenter aux Mondiaux en excellente condition.

On rejoint toutefois Merckx sur un point, celui de la longueur de la saison cycliste professionnelle qui s’étend de février à mi-octobre. C’est long, très long et dans ce contexte, comment reprocher à certains coureurs de ne plus être motivés ou d’avoir les batteries à plat après 6 mois « à fond » ?

2 – Nous terminons aujourd’hui cette entrée en réagissant publiquement à un commentaire laissé hier sur notre site par « Brisemachoire ». Ce commentaire, qui mettait en doute notre crédibilité, nous donne en effet l’occasion de clarifier quelques points concernant ce fameux cyclisme à deux vitesses dont on faisait état pour les cyclistes français.

Il est important de distinguer le suivi longitudinal mis en place par la Fédération Française de Cyclisme (FFC) du suivi médical mis en place par l’UCI car ces deux moyens de contrôle ne sauraient être comparés, même s’ils comportent tous deux 4 contrôles par année. Le suivi médical UCI peut être fait par le médecin de l’équipe pour au moins 2 de ces contrôles sur 4, ce qui entache sérieusement la crédibilité du processus. Le suivi longitudinal français est pour sa part effectué par des médecins certes accrédités par la FFC, mais totalement indépendants de cette structure par ailleurs (Réseau Biologique Moléculaire Libéral – Laboratoire Marcel Mérieux). Ces médecins ont simplement pour mandat, une fois les tests faits, de transmettre les résultats au médecin fédéral national FFC. Côté crédibilité, il s’agit donc de relativiser.

De plus, s’il est vrai que tous les coureurs pro doivent se soumettre au suivi médical de l’UCI, les coureurs français doivent en plus se soumettre au suivi longitudinal de la FFC qui demeure, sauf erreur, indépendant, multipliant donc les contrôles et les examens. Si on admet le principe selon lequel les 2 examens du suivi médical UCI fait par les médecins d’équipe sont une formalité sans conséquence pour les coureurs, cela signifie donc que les coureurs français se soumettent, chaque année, à 6 contrôles dont 4 sont d’instances médicales indépendantes à toute fédération (ce qui n’est pas le cas pour les 2 autres contrôles qui doivent être fait dans un « laboratoire reconnu par l’UCI). Les autres coureurs n’auront que 2 contrôles annuels fait dans un labo reconnu par l’UCI.

Cyclisme à deux vitesses? Nous pensons que oui, sous l’hypothèse qu’il est plus facile d’organiser de petites « cures » lorsqu’on a simplement 2 contrôles annuels (qui plus est obligatoirement entre le 1er décembre et le 31 janvier pour le 1er contrôle et entre le 1er juin et 31 juillet pour le 3e contrôle selon les règlements UCI) que lorsqu’on en a 6, dont 4 peuvent se passer à tout moment, sans notification préalable.

Terminons en disant qu’il est fort complexe de s’y retrouver dans toutes ces procédures qui changent régulièrement et qui sont malheureusement difficilement accessibles via les sites web, surtout celui de l’UCI. Nous vous avons donné ces détails en essayant d’être le mieux informé et le plus à jour possible. Des erreurs d’interprétation des textes officiels peuvent survenir, aussi on remercie d’avance nos lecteurs bien informés de ne pas hésiter à clarifier certains points le cas échéant.

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6 Commentaires

  1. Un cycliste bronchiteux asthmatique

    Concernant le suivi longitudinal à la française, il me semble que l’ensemble des coureurs des équipes françaises (donc y compris les coureurs étrangers courant pour ces équipes) et l’ensemble des coureurs possédant une licence de la FFC (à partir d’un certain niveau) sont concernés. Par conséquent, si la règle n’a pas changé, les coureurs étrangers doivent toujours se soumettre au suivi longitudinal français.

    Or dans ce cas, comment expliquer les différences de comportement entre les coureurs étrangers et leurs homologues français au sein des équipes françaises? Je ne me l’explique pas. Mais je crois penser depuis quelques années que les éternelles lamentations de nos coureurs montrent un état d’esprit d’abattement, de résignation (voire pire, d’abandon!!) face à ce que l’on appelle le cyclisme à deux vitesses. J’ai franchement le sentiment que nos coureurs se cachent derrière ce prétexte pour justifier leurs résultats toujours plus faibles et que l’ensemble du cyclisme français (coureurs, dirigeants, journalistes) les relayent, les secondent dans leurs propos, leur donnant encore plus de “crédit” et les confortant dans leur mal-être.

    Par contre, lorsque l’on voit des O’Grady (vous savez, le ptit gars qui est rentré en 6e sur le groupe de Boogerd, Freire, Basso et Cunego dans le dernier tour des CDM…), des Hushovd, des Cooke réaliser ce qu’ils réalisent bien que courant dans des équipes françaises, je me pose des questions soit sur la volonté des coureurs français à se battre dans le peloton pour y faire des résultats, soit (tout aussi grave) sur la valeur générale du peloton français.

    Que l’on ne se leurre pas, le problème rencontré de manière plus aigue aux championnats du monde (l’absence de coureur français dans le final d’une classique de plus de 200kms) devient récurrent depuis fort longtemps. Je me souviens d’articles de fin ou de début de saisons dans la période 90-92 dans lesquels un constat cinglant était fait sur la baisse de niveau général du cyclisme français (notamment dans les classiques), sur la difficulté des équipes à subsister… Un peu plus de 10 ans plus tard, le constat d’échec l’est encore plus.

    De quel coureur peut-on décemment parler comme un vainqueur potentiel (et je ne parle même pas d’un coureur faisant partie des favoris) d’une classique? Je n’en vois pas. Les Guesdon, Mengin et autres Brochard sont devenus certes plus aguerris mais inexistants dans les classiques. Ils ne pèsent plus sur la course. Et parmi les jeunes??

    Le bilan est encore plus catastrophique en ce qui concerne les grands tours. Plus aucun coureur français ne peut prétendre se déclarer comme un successeur potentiel de Fignon, dernier vainqueur français du giro, ou même de Jalabert, dernier vainqueur français de la vuelta. Pire! Y compris dans le registre des courses par étape d’une semaine du style de Paris-Nice, du Dauphiné ou du Tour de Romandie, il est vraiment devenu difficile de trouver une représentation française capable de jouer la gagne au général. Chavanel serait-il l’arbre qui cache la forêt??

    Faiblesse du peloton français, démotivation…. autant de raisons (à mon sens) pour expliquer les baisses de performance des coureurs français dans les courses majeures du calendrier. Tout ceci est bien triste et démontre peut-être, plus qu’un problème de génération, un véritable problème structurel du cyclisme français. Le cyclisme français semble gravement dépressif et l’anti-dépresseur adéquat n’a pas encore été trouvé…

  2. Un cycliste bronchiteux asthmatique

    Concernant le suivi longitudinal à la française, il me semble que l’ensemble des coureurs des équipes françaises (donc y compris les coureurs étrangers courant pour ces équipes) et l’ensemble des coureurs possédant une licence de la FFC (à partir d’un certain niveau) sont concernés. Par conséquent, si la règle n’a pas changé, les coureurs étrangers doivent toujours se soumettre au suivi longitudinal français.

    Or dans ce cas, comment expliquer les différences de comportement entre les coureurs étrangers et leurs homologues français au sein des équipes françaises? Je ne me l’explique pas. Mais je crois penser depuis quelques années que les éternelles lamentations de nos coureurs montrent un état d’esprit d’abattement, de résignation (voire pire, d’abandon!!) face à ce que l’on appelle le cyclisme à deux vitesses. J’ai franchement le sentiment que nos coureurs se cachent derrière ce prétexte pour justifier leurs résultats toujours plus faibles et que l’ensemble du cyclisme français (coureurs, dirigeants, journalistes) les relayent, les secondent dans leurs propos, leur donnant encore plus de “crédit” et les confortant dans leur mal-être.

    Par contre, lorsque l’on voit des O’Grady (vous savez, le ptit gars qui est rentré en 6e sur le groupe de Boogerd, Freire, Basso et Cunego dans le dernier tour des CDM…), des Hushovd, des Cooke réaliser ce qu’ils réalisent bien que courant dans des équipes françaises, je me pose des questions soit sur la volonté des coureurs français à se battre dans le peloton pour y faire des résultats, soit (tout aussi grave) sur la valeur générale du peloton français.

    Que l’on ne se leurre pas, le problème rencontré de manière plus aigue aux championnats du monde (l’absence de coureur français dans le final d’une classique de plus de 200kms) devient récurrent depuis fort longtemps. Je me souviens d’articles de fin ou de début de saisons dans la période 90-92 dans lesquels un constat cinglant était fait sur la baisse de niveau général du cyclisme français (notamment dans les classiques), sur la difficulté des équipes à subsister… Un peu plus de 10 ans plus tard, le constat d’échec l’est encore plus.

    De quel coureur peut-on décemment parler comme un vainqueur potentiel (et je ne parle même pas d’un coureur faisant partie des favoris) d’une classique? Je n’en vois pas. Les Guesdon, Mengin et autres Brochard sont devenus certes plus aguerris mais inexistants dans les classiques. Ils ne pèsent plus sur la course. Et parmi les jeunes??

    Le bilan est encore plus catastrophique en ce qui concerne les grands tours. Plus aucun coureur français ne peut prétendre se déclarer comme un successeur potentiel de Fignon, dernier vainqueur français du giro, ou même de Jalabert, dernier vainqueur français de la vuelta. Pire! Y compris dans le registre des courses par étape d’une semaine du style de Paris-Nice, du Dauphiné ou du Tour de Romandie, il est vraiment devenu difficile de trouver une représentation française capable de jouer la gagne au général. Chavanel serait-il l’arbre qui cache la forêt??

    Faiblesse du peloton français, démotivation…. autant de raisons (à mon sens) pour expliquer les baisses de performance des coureurs français dans les courses majeures du calendrier. Tout ceci est bien triste et démontre peut-être, plus qu’un problème de génération, un véritable problème structurel du cyclisme français. Le cyclisme français semble gravement dépressif et l’anti-dépresseur adéquat n’a pas encore été trouvé…

  3. Un cycliste bronchiteux asthmatique

    Concernant le suivi longitudinal à la française, il me semble que l’ensemble des coureurs des équipes françaises (donc y compris les coureurs étrangers courant pour ces équipes) et l’ensemble des coureurs possédant une licence de la FFC (à partir d’un certain niveau) sont concernés. Par conséquent, si la règle n’a pas changé, les coureurs étrangers doivent toujours se soumettre au suivi longitudinal français.

    Or dans ce cas, comment expliquer les différences de comportement entre les coureurs étrangers et leurs homologues français au sein des équipes françaises? Je ne me l’explique pas. Mais je crois penser depuis quelques années que les éternelles lamentations de nos coureurs montrent un état d’esprit d’abattement, de résignation (voire pire, d’abandon!!) face à ce que l’on appelle le cyclisme à deux vitesses. J’ai franchement le sentiment que nos coureurs se cachent derrière ce prétexte pour justifier leurs résultats toujours plus faibles et que l’ensemble du cyclisme français (coureurs, dirigeants, journalistes) les relayent, les secondent dans leurs propos, leur donnant encore plus de “crédit” et les confortant dans leur mal-être.

    Par contre, lorsque l’on voit des O’Grady (vous savez, le ptit gars qui est rentré en 6e sur le groupe de Boogerd, Freire, Basso et Cunego dans le dernier tour des CDM…), des Hushovd, des Cooke réaliser ce qu’ils réalisent bien que courant dans des équipes françaises, je me pose des questions soit sur la volonté des coureurs français à se battre dans le peloton pour y faire des résultats, soit (tout aussi grave) sur la valeur générale du peloton français.

    Que l’on ne se leurre pas, le problème rencontré de manière plus aigue aux championnats du monde (l’absence de coureur français dans le final d’une classique de plus de 200kms) devient récurrent depuis fort longtemps. Je me souviens d’articles de fin ou de début de saisons dans la période 90-92 dans lesquels un constat cinglant était fait sur la baisse de niveau général du cyclisme français (notamment dans les classiques), sur la difficulté des équipes à subsister… Un peu plus de 10 ans plus tard, le constat d’échec l’est encore plus.

    De quel coureur peut-on décemment parler comme un vainqueur potentiel (et je ne parle même pas d’un coureur faisant partie des favoris) d’une classique? Je n’en vois pas. Les Guesdon, Mengin et autres Brochard sont devenus certes plus aguerris mais inexistants dans les classiques. Ils ne pèsent plus sur la course. Et parmi les jeunes??

    Le bilan est encore plus catastrophique en ce qui concerne les grands tours. Plus aucun coureur français ne peut prétendre se déclarer comme un successeur potentiel de Fignon, dernier vainqueur français du giro, ou même de Jalabert, dernier vainqueur français de la vuelta. Pire! Y compris dans le registre des courses par étape d’une semaine du style de Paris-Nice, du Dauphiné ou du Tour de Romandie, il est vraiment devenu difficile de trouver une représentation française capable de jouer la gagne au général. Chavanel serait-il l’arbre qui cache la forêt??

    Faiblesse du peloton français, démotivation…. autant de raisons (à mon sens) pour expliquer les baisses de performance des coureurs français dans les courses majeures du calendrier. Tout ceci est bien triste et démontre peut-être, plus qu’un problème de génération, un véritable problème structurel du cyclisme français. Le cyclisme français semble gravement dépressif et l’anti-dépresseur adéquat n’a pas encore été trouvé…

  4. erickk

    Je ne rajouterais pas de l’huile sur le feu concernant la performance ainsi que l’horizon de l’avenir du cyclisme pro en France.

    Toutefois, est-il normal ou sain qu’on présente aux championnats du monde une mamie certe très en verve et au palmarès long comme une étape de plaine et une duathlète certe très performante mais qui n’est pas tombé “dedans” depuis toute petite ?

    Est ce cela le cyclisme pro féminin en France ? Si oui, ca fait peur…

    erickkk

    PS : ah oui comme dirait Jaja je crois, une fille sur un vélo “c’est moche”…

  5. erickk

    Je ne rajouterais pas de l’huile sur le feu concernant la performance ainsi que l’horizon de l’avenir du cyclisme pro en France.

    Toutefois, est-il normal ou sain qu’on présente aux championnats du monde une mamie certe très en verve et au palmarès long comme une étape de plaine et une duathlète certe très performante mais qui n’est pas tombé “dedans” depuis toute petite ?

    Est ce cela le cyclisme pro féminin en France ? Si oui, ca fait peur…

    erickkk

    PS : ah oui comme dirait Jaja je crois, une fille sur un vélo “c’est moche”…

  6. erickk

    Je ne rajouterais pas de l’huile sur le feu concernant la performance ainsi que l’horizon de l’avenir du cyclisme pro en France.

    Toutefois, est-il normal ou sain qu’on présente aux championnats du monde une mamie certe très en verve et au palmarès long comme une étape de plaine et une duathlète certe très performante mais qui n’est pas tombé “dedans” depuis toute petite ?

    Est ce cela le cyclisme pro féminin en France ? Si oui, ca fait peur…

    erickkk

    PS : ah oui comme dirait Jaja je crois, une fille sur un vélo “c’est moche”…

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