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53×11 – On the road again

*Par Erik Lyman* Au moment d’écrire ces lignes, j’en étais aux derniers préparatifs d’un séjour de deux semaines qui allait nous mener en Arkansas. Révision des bagages: un magazine, un roman, mon ordinateur – le 2e meilleur ami de l’homme –, quelques fruits, mon agenda, mes vêtements de vélo et de ville, mon lecteur mp3 et mes lunettes de soleil. Avant, amours obligent, j’ai bien pris soin de faire le plein de câlins et de sushis… Tout est prêt. Une fois de plus, je suis _on the road again!_ *Les joies de la route* Au programme, 44 heures de voiture (aller-retour), Comfort Inn, les restos américains qui exigent toujours autant d’imagination pour ne pas prendre quatre kilos par jour et se boucher les artères, ainsi que deux tours cyclistes du National Racing Calendar (NRC) entrecoupés de quelques jours de repos : "Joe Martin Stage Race":http://www.joemartinstagerace.com et "Tri-Peaks Challenge":http://www.tri-peaks.org. Notre voyage sera de 2 semaines où nous en profiterons pour souder les liens dans l’équipe et peaufiner – quel beau mot! – notre approche de la course. Il s’agit d’une entrée en matière plutôt musclée sur le circuit professionnel américain, si on considère que de nombreux coureurs du peloton du Tour of Georgia et d’autres grands tours disputés sur le continent américain voire européen sont présents. L’équipe et moi-même en sommes encore à monter en forme. Je crois qu’affirmer "avoir du pain sur la planche" n’est pas du délire. Déjà que survivre le voyage en voiture ne sera pas une sinécure. *Les équipes continentales et la récupération* Cela m’amène à faire une parenthèse sur les conditions qui distinguent les équipes plus modestes de celles mieux nanties, en abordant le sujet des déplacements. Premièrement, cela va de soi qu’on ne peut gérer 20h de voiture de la même façon que 5h d’avion. Alors imaginez ce que représente une saison quand il faut traverser l’Amérique de long en large pendant plusieurs mois! Il y a pire, j’en conviens, mais 7h de voiture après une course de 180 km, je crois qu’il y a mieux comme mode de récupération… La récupération, c’est la clé de la progression; ai-je besoin d’en ajouter? Deuxièmement, le personnel de soutien : mécanos et soigneurs. Comme le budget des équipes continentales est plus modeste, il est parfois difficile d’embaucher du personnel de soutien pour une saison complète. Bien sûr, lors des rendez-vous importants, il est primordial d’avoir l’encadrement nécessaire. Mais, comme toutes les courses ne sont pas des rendez-vous, les coureurs doivent souvent faire preuve d’imagination et d’esprit d’entraide. Bref, il faut se battre à armes inégales et c’est là le défi : comment vaincre Goliath lorsqu’on est David? *Le peloton est ses coureurs* Après plusieurs années à réfléchir sur le cyclisme, je me rends compte que peu de gens connaissent réellement le niveau qui sépare les leaders du reste du peloton, les bons des supers. Ce niveau peut être imputable au talent, à l’âge, à l’expérience mais aussi au contexte d’équipe comme je l’ai mentionné plus haut dans ma chronique. Il est donc essentiel que nous puissions remettre les choses en perspective lorsqu’on juge la performance d’un athlète. Quand un Dominique Perras termine 68e au classement général du Tour de Georgie, il faut remettre en perspective deux choses. D’une part, la victoire de ce tour est disputée par des coureurs qui sont en lice pour inscrire leur nom au palmarès du Tour de France. D’autre part, c’est en soi une sacrée performance de participer à une course d’une telle envergure. Être d’un tel peloton, c’est être à la hauteur de la situation. *Le baptême* Retour à notre périple en Arkansas. C’est une étrange sensation de se rendre compte que mes coéquipiers prendront part à leur première course d’envergure chez les élites. Bien sûr, la plupart d’entre eux ont fait des championnats du monde chez les juniors, mais là, on change de ligue. Je les sens fébriles, et je me demande dans quelle mesure cela n’a pas un impact sur moi — avis aux coureurs blasés, il existe un traitement : courir avec de jeunes loups! Leur fébrilité est contagieuse et elle surprend au point d’émouvoir. Disons que j’ai rarement vu des gars aussi contents de passer 22 heures dans une Mazda 5! De quoi faire une pub! Je ne peux donc faire autrement que me dire que les efforts consentis pour mettre sur pied cette équipe payent enfin. Bref, je suis très enthousiaste à l’idée de faire découvrir aux jeunes de l’équipe un cyclisme dont ils ont rêvé en lisant les magazines. Les Gord Fraser, Scott Moninger, Jay-Jay Haedo et compagnie ne seront plus des illusions, mais les coureurs auxquels ils vont devoir se mesurer. La réalité est à leur porte, j’espère qu’ils sauront en profiter pleinement, car c’est une occasion unique. Je suis conscient que la marche sera haute, mais elle mène vers le plus bleu des ciels. J’aurai l’occasion de vous faire un compte-rendu de ce périple. Je profiterai peut-être de l’occasion pour recueillir des commentaires de l’équipe Calyon/Litespeed. Je crois que ce sera intéressant de prendre le pouls des coureurs, avant, pendant et après la course. *Début de saison* Sur un plan plus personnel, je trace un bilan plutôt positif de mon début de saison: j’ai fait 3e d’une course très réputée en Nouvelle-Angleterre, l’Adelphia Grand Prix. J’ai d’ailleurs fait référence à cette course dans ma première chronique. J’accumule tranquillement les bornes, et je rêve du mois de juillet où je m’en promets. Le début de saison, c’est la recherche de la première performance qui confirmera que l’on peut encore remporter un voire plusieurs beaux bouquets. C’est donc l’incertitude de manquer le bon coup ou de se rater dans la bonne échappée. On veut prendre des risques, mais pas trop. On veut faire des places, mais la machine tend à ne pas vouloir que l’on se fasse trop mal à la gueule. Bref, la tête mouline autant que les jambes, et parfois l’acide lactique s’en mêle; attention aux crampes de cerveau! Je suis donc content de me dire que ça ira mieux bientôt, et que tous les signes d’une bonne saison sont là. Je travaille bien, je continue à faire mes devoirs et d’espérer que je réussisse une fois de plus l’impossible : perdre ces satanés deux derniers kilos qui verront apparaître les veines! J’en salive (sans jeu de mots!) à y penser. Côté course, je suis heureux de notre calendrier. Nous avons déjà fait de belles courses dans des pelotons relevés. J’ai déjà pu voir de beaux paysages, et apprécier le plaisir des retours à la maison. Il n’y a rien de tel que le repos du guerrier. En attendant la suite de mon voyage en Arkansas, je vous dis à la prochaine sur La Flamme Rouge!

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5 Commentaires

  1. Daniel Simard

    Merci de prendre le temps de partager tes périples avec nous et Bonne Chance en Arkansas!

  2. iboc

    Je suis hors sujet, mais je me demande comme ça, si y’a pas quelqu’un qui prend des photos des courses au Qc et qui les diffusent sur le net, genre bellefeuille, ste-martine, brossard etc..?!

  3. On retrouve des photos des pelotons maîtres sur le site de l’ACVQ (http://www.acvq.ca), gracieuseté d’Antoine Bécotte.

  4. gébé

    Bonne chance et merci de prendre le temps d’expliquer à tous les amateurs comme moi une partie cachée de la compétition cycliste.
    Comme tu dis ça replace un classement en perspective quand on n’est habitué qu’à lire les résultats des compétitions dans les journaux.Il n’y a pas de tradition cycliste comme le hockey ici au Québec et encore moins en région alors c’est bien d’expliquer certaines choses aux amateurs si ‘’vous’’ les professionnels voulez d’un public qui suivent vos performances et qui vous encourage.

  5. Il est très rare que nous pratiquons la censure sur ce site. Nous pouvons pourtant le faire très facilement. Lorsque nous le faisons en supprimant un commentaire, c’est que les limites que nous nous sommes imposées ont été dépassées. Ce fut le cas récemment, et l’auteur du commentaire supprimé a été avisé personnellement, avec des explications quant à notre geste.

    D’autres commentaires ont été supprimés ce matin, les propos déviant franchement de l’origine même de la discussion, à savoir si une course aux États-Unis est “importante” ou non.

    Comme le mentionne avec beaucoup de justesse Bikelarue, l’enjeu était ici une question de respect envers l’auteur de la chronique 53×11. On peut certes écrire une critique sur le choix de ses mots pour décrire telle ou telle course. Ce genre de commentaire a sa place sur ce site. Mais pas attaquer personnellement l’individu, surtout de façon mesquine en faisant référence à son passé. Il n’y a aucune raison de remettre en cause la bonne foi de l’auteur de la chronique 53×11 qui en est, rappelons-le, à ses premières armes comme chroniqueur. Laissons lui un peu de temps pour affiner son style.

    On termine en vous rappelant que la qualité de ce site repose à la fois sur la teneur de nos propos comme sur la teneur de vos commentaires. Ne faites pas SVP de La Flamme Rouge un autre de ces sites poubelles qui sont si fréquents sur le web. Nous n’hésiterions pas une seconde dans cette situation à tout simplement mettre un terme à nos activités.

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