Ha mes amis(es), quel moment de sport hier!!! Parmi les plus beaux dix derniers kilomètres qu’il m’ait été permis de voir depuis des années. Sur le bout de ma chaise pendant les 15 dernières minutes de la course!
Car là réside le réel exploit de Julian Alaphilippe, le nouveau champion du monde: il fallait tenir!
Ben il a tenu. Et Marion, sur France Télévision, s’est tue…
Comme nous tous, grand moment d’émotion en voyant Julian franchir la ligne en vainqueur!

On savait qu’il allait attaquer dans la Gallisterna, il l’avait annoncé comme il l’avait aussi annoncé sur certaines bosses durant des étapes du récent Tour. Mais Alaphilippe cette saison n’avait pas toujours tenu par la suite.
C’est ce qui est en fait le plus dur en cyclisme: il ne s’agit pas juste de « sortir », d’attaquer; après, il faut tenir la distance. Quand vous êtes à bloc par la violence de l’effort pour sortir, quand vous êtes seul, c’est loin d’être évident.
C’est ce qui m’a impressionné le plus hier pour Julian: il a tenu. 10 km, c’est long quand tu n’as que 10, 12 voire 15 secondes d’avance maxi. La détermination était visible sur son visage, la souffrance aussi. Il s’est arraché dans toutes les relances avant d’entamer la dernière descente. N’a jamais coupé son effort. Il savait, comme Jalabert le disait à la télé, que s’il atteignait la flamme rouge avec 10 secondes, c’était gagné.
Vraiment, une magnifique victoire solo, mais aussi la victoire de toute l’équipe de France qui a exécuté le plan de match à la perfection. Les Français ont appuyé quant il le fallait, ont laissé faire quant il le fallait, et on su placer Alaphilippe sur chaque phase critique de course. Quentin Pacher, Nans Peters, Rudy Molard et Guillaume Martin en particulier ont accompli un boulot exceptionnel, et le sélectionneur national Thomas Voeckler, très proche des coureurs, a su bien souder le groupe autour d’Alaphilippe, ce qui n’est facile. Demandez aux italiens, l’unité nationale leur a souvent manqué!
Un sans faute pour l’équipe de France. Ça fait vraiment plaisir, 23 ans après « la Broche ».
Wout Van Aert
Dans les deux derniers tours, le belge faisait peur tellement il avait l’air facile partout. L’équipe de Belgique couvrait tous les coups, c’était à se demander comment on allait pouvoir s’en défaire. Il n’y avait probablement qu’un puncheur comme Alaphilippe à quelques mètres du sommet de la bosse la plus difficile pour pousser le belge dans les cordes. Et rappelons que Julian avait déjà décroché Van Aert de la même manière, c’était sur le haut du Poggio il y a quelques semaines.
Une fois en chasse, Van Aert a certes passé des relais appuyés, mais les autres comme Hirschi ou Kwiatkowski s’en méfiaient de toute évidence. Et ils ne sont jamais revenus.
Van Aert était rentré sur Alaphilippe dans la descente du Poggio, non sans que le Français lève un peu le pied, mais pas cette fois!
Le belge termine ces Mondiaux avec deux 2e places, sur le chrono et la course sur route. Un peu plus et il était double champion du monde comme… la néerlandaise Anna Van Der Breggen, qui a remporté les deux courses féminines. Ouf!
Ceci étant dit, Van Aert était très déçu de sa 2e place hier.
Michael Woods
12e hier, le Canadien a assuré en faisant une belle place, mais je pense qu’il a manqué de rythme dans la dernière ascension, une bosse qui, pourtant, correspondait bien à ses qualités: les quatre premiers sortent du Tour. À ce niveau, 1 ou 2% de moins ca ne pardonne pas.
Woods a déclaré à Simon Drouin de La Presse avoir manqué de concentration au pied de la dernière ascension:
« J’ai manqué de concentration dans les deux ou trois minutes avant la dernière montée. À cause de ça, j’étais trop loin quand il a attaqué. Je termine donc dans le deuxième groupe. Ce n’était pas le but. Je suis un peu déçu. Je pense que j’aurais pu faire mieux. »
À ce niveau de professionnalisme, dans l’un des grands rendez-vous de la saison, et quand ta seule job est de gagner des courses de vélo, c’est décevant, surtout que tout le monde savait que ca se jouerait à cet instant précis.
Mike était lui-aussi déçu à l’arrivée, espérons que la leçon sera apprise.
Tadej Pogacar
Je n’ai pas trop bien compris pourquoi Pogacar, voyant qu’il était seul en haut de la Gallisterna dans l’avant-dernier tour, a insisté solo: les belges étaient bien organisés, le peloton encore assez gros, c’était assez évident que c’était peine perdue pour un seul homme sur un tel circuit.
Il me semble que Pogacar aurait eu avantage à couper son effort (il était devant que de quelques secondes), récupérer dans les roues puis tenter d’accompagner dans la Gallisterna du dernier tour?
Avec deux Slovènes dans le groupe de chasse derrière Alaphilippe, ça changeait tout.
Marco Pantani
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais la route dans la dernière ascension du circuit était couverte du nom de Marco Pantani. Il est vrai que l’épreuve se déroulait en Émilie-Romagne, pas très loin de Cesena, ville natale de Marco. Sa mémoire est bien vivante au coeur des Italiens!
Les Ardennaises
La suite c’est sans transition ce mercredi avec la Flèche Wallonne puis le week-end prochain avec Liège-Bastogne-Liège, deux très belles courses ou Alaphilippe sera encore un grand favori, cette fois-ci avec le maillot de champion du monde, donc probablement marqué à la culotte.
Il faudra aussi surveiller Mike Woods, manifestement dans une belle condition et qui voudra assurément être un acteur de ces classiques, appuyé par son équipe Education First. Il a une revanche à prendre.