Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : février 2016 Page 1 of 2

Tout un week-end de course!

Ah mes amis! quel week-end de course!

Je me suis régalé.

La victoire de Greg Van Avermaet m’a fait plaisir samedi sur le Het Nieuswblad, un Het qui s’est déroulé comme prévu avec les favoris prévus devant. Ca s’est en effet décanté dans le Taaienberg à environ 60 bornes de l’arrivée sur une accélération de Luke Rowe (Sky) qui amenait avec lui Benoot et Van Avermaet.

On a alors vu pourquoi Peter Sagan est champion du monde: il est revenu seul sur les échappées. Ouf.

C’est encore Sagan qui faisait le forcing sur le plus long secteur pavé quelques kilomètres plus loin. Pas de doute, même s’il a peu couru cette saison, il présente déjà une excellente condition physique qui devrait se bonifier au cours des prochaines semaines. Moi, je dis attention à lui dès Milan SanRemo…

Près de l’arrivée, je dois vous avouer que je ne voyais pas comment le Slovaque pouvait être battu, la victoire allant se jouer au sprint. Van Avermaet a été le plus malin, lançant son sprint assez tôt pour surprendre Sagan. Il était aussi celui qui voulait le plus la victoire tant son sprint a été rageur, en puissance, ne laissait aucun doute sur sa volonté de s’imposer.

On retrouve derrière beaucoup de favoris: Benoot, Rowe, Theuns, Boonen et, en 9e place, un certain Stuyvens…

Car pour vous avouer franchement, je me suis presque régalé davantage hier sur Kuurne-Bruxelles-Kuurne tant le final fut enlevant.

Payez-vous ces images dantesques: Stuyvens (Trek), quasiment inconnu, qui sort à plus de 16 bornes de l’arrivée, seul dans le vent. Boonen qui essaie un temps de revenir, pour jeter rapidement l’éponge. Son groupe composé de costauds qui essaie de revenir ensuite pendant 15 bornes, et Stuyvens, seul devant, qui ne fait que creuser l’écart. Hallucinant! Quelle performance du jeune coureur belge de 23 ans!

Il y avait du Cancellara dans la force de Stuyvens hier, aucun doute là-dessus. Il résiste au retour du peloton pour s’imposer, les sprinters Kristoff et Bouhanni réglant le paquet pour la 2e et 3e place.

Le danger des motos

Vous êtes nombreux à dénoncer sur ce site, et ce depuis des mois déjà, la présence de trop nombreuses motos sur les courses pro. Outre le fait de multiplier les risques d’accident, ces motos peuvent également nuire au bon déroulement de la course, pouvant par moment profiter aux coureurs échappés ou en chasse s’ils peuvent prendre l’aspiration.

Ca n’a pas loupé ce week-end sur Kuurne-Bruxelles-Kuurnes: Stig Broeckx de l’équipe Lotto-Soudal a été violemment projeté au sol par une de ces motos qui remontait le peloton visiblement beaucoup trop vite. Du coup, le coureur a hérité d’une fracture de la clavicule et des cotes. Pas top.

Il est grand temps que les organisateurs, voire l’UCI, se penche sur ce problème en course. C’est dangereux pour les coureurs, voire pour le public du bord des routes également.

L’échec des Etixx

La honte ce week-end revient à la puissante formation belge Etixx qui courait pourtant à domicile. Mouchée samedi sur le Het, ce fut la même chose hier sur Kuurne. Ni Boonen, ni Terpstra, ni Vandenberg, ni Martin (blessé sur une chute samedi il est vrai) n’ont réussi quoi que ce soit de bon ce week-end. Souvent débordée, souvent trop attentiste, l’équipe peine à créer une course de mouvement, elle qui présente pourtant une belle profondeur. Abondance de bien nuit?

L’équipe a 4 semaines devant elle pour se reprendre.

Antoine Duchesne

Je suis très impressionné par la tenue, ce week-end, du jeune coureur québécois de chez Direct Énergie. Il a couru devant tout le week-end! 37e du Het samedi à 24 petites secondes du vainqueur, donc avec le premier groupe dans le final, il remettait ça dimanche sur Kuurne en se glissant dans la bonne échappée dans le final, en compagnie des Boonen et Stuyvens pour terminer encore une fois à une poignée de secondes derrière le vainqueur. Tout ça en travaillant pour ses leaders, notamment Chavanel et surtout Andrien Petit, 13e à Kuurne et 7e au Het. Vraiment, Duchesne évolue actuellement à un niveau qu’on ne lui connaissait pas.

Hugo Houle était aussi de la partie ce week-end, mais les jambes n’étaient pas au mieux apparemment. Le contre-coup d’un long déplacement sur le Tour d’Oman récemment? On laisse du jus dans ces longs vols, et à courir par ces chaleurs. Avec un peu de repos, ça devrait rigoler de nouveau rapidement.

Quoi qu’il en soit, je vous le répète: j’ai un bon feeling pour les coureurs canadiens et québécois cette saison. Ils vont finir par en claquer une belle!

Vivement la suite.

Télé, internet?

Vous êtes plusieurs à me demander comment on peut regarder ces courses depuis le Québec. Pas simple en effet, surtout si vous n’êtes pas abonnés au cable payant pour avoir des chaines comme RDS ou TVA Sports.

Personnellement, j’accède souvent à ces courses via Internet et les sites CyclingFans ou SteepHill, mais j’avoue ne pas avoir essayé ce week-end.

Merci à ceux qui ont de bons tuyaux de les partager avec nous sur ce site, au bénéfice de notre petite communauté de passionnés.

Le Het, baby!

Après avoir dû se contenter de certaines courses assez insipides en février, voici enfin venu le temps des Classiques, ces vrais courses de légende qui nous font vibrer. Les Classiques, c’est un moment unique de la saison cycliste, surtout les Flandriennes, si spéciales ne serait-ce qu’en raison des monts et des secteurs pavés retrouvés sur nombre d’entre elles.

Et samedi, c’est la première d’entre elle, le Het Nieuswblad, anciennement connu sous le nom du Het Volk.

On appelle souvent cette course le petit Tour des Flandres. C’est vous dire.

Au menu de Messieurs les coureurs, 200 bornes entre Gand et… Gand. Treize monts à affronter (11 l’an dernier), dont le célébrissime Muur de Geraardsbergen, mais situé au km 86, ça sera trop tôt pour qu’il ait réellement un impact sur la course.

Le vrai final débutera plutôt du côté du Taaienberg à quelques 57 kms de l’arrivée, rapidement suivi de deux autres monts, le Eikenberg et le Wolvenberg. Le concentré de difficultés se poursuivra par la suite avec trois secteurs pavés, puis les ascensions du Leberg et du nouveau Boembekeberg aux kms 39 et 33, puis encore trois petits secteurs pavés. Les derniers 30 kms sont toutefois assez plats, ce qui complique évidemment les choses si un homme est seul en échappée.

Le bon plan sur cette course est souvent de faire le forcing dans les dernières ascensions pour espérer dégager un petit groupe, et d’avoir dans ce groupe des équipiers afin de multiplier les attaques dans le final.

Les favoris

Beaucoup de coureurs intéressants au départ, mais pas Fabian Cancellara qui se réserve probablement un peu pour la suite. Il a souvent fait l’impasse sur le Het par le passé.

Quelques équipes figurent d’épouvantails: Etixx bien sûr, mais aussi BMC, Lotto et Katusha.

Chez Etixx, on a Boonen, Terpstra, Martin et Vandenberg au départ, excusez un peu. Ils auront à coeur de faire oublier leur lamentable échec de l’an dernier où Boonen, Terpsta et Vandenberg s’étaient fait mouché par Ian Stannard pourtant isolé.

Chez Katusha, on jouera évidemment la carte Kristoff à fond. Vainqueur du Ronde l’an dernier, il a prouvé qu’il peut passer les monts sans problème. Son équipe me parait toutefois un peu faible pour l’épauler efficacement dans le final, et les autres équipes voulant le déjouer seraient bien avisées de durcir la course tôt afin d’isoler le champion norvégien.

Chez BMC, on a Gilbert et Van Avermaet au départ, épaulés par Oss et Quinziato notamment.  Éternel placé, Van Avermaet saura-t-il enfin en gagner une belle?

Les Lotto ont Benoot, Roelandts et surtout Wallays, attention à ce dernier qui connait bien les Classiques flandriennes.

Parmi les autres coureurs à surveiller, Peter Sagan qu’on a peu vu en course jusqu’ici: ça sera donc l’occasion de faire le point sur sa condition. Arnaud Demare (FDJ), Dries Devenyns (IAM, en forme récemment puisque vainqueur du GP d’Ouverture La Marseillaise), Luke Rowe (Sky) et Edward Theuns (Trek) sont aussi pour moi des coureurs qui pourraient très bien faire samedi.

Trois Canadiens sont au départ, soit Hugo Houle (AG2R – La Mondiale), Antoine Duchesne et Ryan Anderson (Direct Energie). Je ne serais pas surpris de voir Anderson en échappée!

La météo

On annonce beau samedi en Flandres, mais frais (6-7 degrés), avec un vent modéré. De bonnes conditions de course.

Le Mont Washington l’hiver en fat bike!

On reste dans le domaine des vidéos aujourd’hui, ainsi que des grandes ascensions du cyclisme, avant de parler Classiques.

Tim Johnson, l’ancien coureur pro américain (et conjoint de Lyne Bessette), a récemment réussi l’exploit de gravir le Mont Washington sur un fat bike, par des vents de 90 km/h et une température de -19.

Saisissant!

Pikes Peak: wow!

Le Tour de l’actualité

Pas mal de nouvelles qui ont retenu mon attention ces derniers jours dans le monde du cyclisme.

1 – Contador. Le champion espagnol a ouvert son compteur de victoires ce week-end en remportant la 5e et dernière étape du Tour d’Algarve au Portugal. Le Pistolero a devancé sur cette étape Fabio Aru et Thibault Pinot, deux autres leaders d’équipe annonçant une forme avancée. La victoire au général est allée à un coureur Sky, Geraint Thomas qui a des ambitions cette saison. À noter les belles places de Tony Galopin (6e) et Ilnur Zakarin (7e) au général, voire de Franck Schleck (14e).

Il convient également de souligner les résultats de la 3e étape, le chrono, où Cancellara a devancé… Tony Martin lui-même. Pas de doute, Spartacus est motivé et en bonne condition à la veille de la saison des Classiques nordistes.

2 – Nibali. Le champion italien a lui-aussi ouvert son compteur de victoires, s’adjugeant l’étape reine du Tour d’Oman et qui se termine à Green Mountain. Il a aussi devancé un Français ce jour-là, soit un excellent Romain Bardet. À noter la 4e place de l’étape pour Tom Dumoulin, qui semble évoluer désormais à un autre niveau, qui plus est quelques semaines à peine d’une chute collective à l’entrainement avec son équipe Giant-Alpecin.

Nibali a aussi remporté le général de ce Tour d’Oman, que le Québécois Hugo Houle termine à une très respectable 65e place.

3 – Valverde. L’inusable champion espagnol, présent à l’année longue, a commencé lui-aussi tôt sa série de victoires en 2016 en remportant la Ruta Del Sol ce week-end, après une lutte excitante avec l’américain Tejay Van Garderen. Ce dernier a remporté l’avant dernière étape, un chrono, et je pensais bien qu’il avait la course pliée. C’était sans compter sur Valverde, auteur d’une attaque tranchante et solo à 7km de l’arrivée en altitude lors de la 5e étape. Il y a du beau monde au général, avec outre Valverde (1er), Van Garderen (2e), Mollema (3e), Kelderman (4e), Majka (5e), Kreuziger (6e) et Poels (7e).

4 – Vichot. Le guerrier français est de retour sur la première place du podium avec une victoire sur le Tour du Haut Var ce week-end. Si Slagter a remporté la première étape, Vichot a fait un joli numéro dimanche pour remporter l’étape et le général. Le Québécois Antoine Duchesne était de la partie et apparemment, la condition était bonne. De bonne augure pour sa campagne de Classiques qui débute bientôt.

5 – Les Classiques enfin! Début le week-end prochain de la campagne des Classiques nordistes avec la tenue du Omloop Het Nieuswblad et de Kuurne-Bruxelles-Kuurne. L’an dernier, le Het avait donné lieu à un final époustouflant, avec Stannard qui a mouché trois Etixx dans le final, Boonen, Tersptra et Vandenberg, excusez un peu. J’attends avec impatience la liste des partants pour voir le line-up!!!

6 – Tom Boonen. Très intéressante interview avec le champion belge, à la veille de sa campagne des Classiques, peut-être sa dernière…

7 – BH Ultralight EVO de Direct Energy. C’est ici sur l’excellent Matos Vélo.

8 – L’Alsacienne, ou une nouvelle cyclosportive qui m’apparait très intéressante. Ca se déroulera le 26 juin prochain dans les Vosges, et plusieurs parcours sont proposés, tous représentant un défi certain. Pas impossible que je sois au départ!

9 – Madone. Pour ceux qui ne connaissent pas encore le col de la Madone près de Nice en France, c’est ici.

Une journée à l’entrainement avec les Sky

Mes doutes sur Cancellara

Je vous ai toujours dit avoir de sérieux doutes quant à Fabian Cancellara sur le Ronde et Paris-Roubaix 2010, convaincu qu’il est possible, voire probable, qu’il ait utilisé du dopage mécanique.

Outre l’aisance avec laquelle il largue chaque fois un Tom Boonen pourtant en grande condition, ce vidéo pose de légitimes questions.

Plus que jamais, il est désormais nécessaire que l’UCI soit vigilante et augmente ses contrôles à l’égard des moteurs dans les vélos.

Gregario, de Charly Wegelius

gregario« Ce qui m’importait par dessous tout dans ma vie était ma condition physique. J’ai fini par ouvrir les yeux: je n’était en réalité qu’un type complètement centré sur lui-même, un égoïste hypocondriaque. Être athlète fait ressortir les plus mauvaises facettes de la personnalité des gens. »

À l’occasion d’un récent voyage en Europe, j’ai pu mettre la main sur le bouquin intitulé Gregario écrit par l’ex-coureur pro britannique, Charly Wegelius.

J’ai lu beaucoup de bouquins d’ex-coureurs pro. Beaucoup.

Celui-là est différent.

C’est un des rares livres où j’ai eu l’impression que l’auteur montre le vrai visage de la vie d’un coureur pro en Europe. Où j’ai aussi eu l’impression qu’il se foutait de l’omerta, voire du milieu lui-même, en écrivant son histoire.

Oui, Wegelius, dans ce livre, nous montre le vrai visage de la vie d’un coureur pro.

Et ce visage est loin d’être celui imaginé par les fans de cyclisme qui envient et admirent, parfois démesurément, les coureurs pro.

Durant la lecture du livre, je n’ai eu également de cesse que de penser à… David Veilleux. En lisant ce livre, on comprend tout de suite pourquoi très probablement David a mis fin à sa carrière, à seulement 26 ans, et alors qu’il était en pleine gloire.

Le livre de Wegelius est également à même de mieux nous faire comprendre les enjeux liés au cyclisme professionnel où l’argent, comme ailleurs, l’emporte sur tout. Wegelius parle sans réserve de la structure des équipes et de ses managers plus soucieux de s’enrichir que de vraiment développer une équipe cycliste, des conditions de vie parfois extrêmement difficiles des jeunes pros, de la magouille lors des courses, et notamment lors des Mondiaux, alors que la course par « équipes nationales » n’est qu’un masque, la réelle allégeance des coureurs ce jour-là étant bien évidemment avec leur équipe « de marque » qui leur versent un salaire à l’année.

Bref, j’ai aimé. Ce n’est pas un grand livre, il y a certaines longueurs par moment, mais pour nous qui sommes extérieur au monde fermé des coureurs pro et de ce qui se passe derrière les portes closes d’une équipe, ce livre représente la meilleure façon de les ouvrir…

Le cyclo-cross, paradis du dopage mécanique?

C’est en effet lors des Mondiaux de cyclo-cross que le premier cas de dopage mécanique a été révélé à la fin janvier.

Il serait raisonnable de croire que le cyclo-cross est possiblement l’endroit où ce type de dopage est le plus facile à employer: les coureurs peuvent changer fréquemment de vélos (tous les tours s’ils le souhaitent), les spectateurs sont très proches et donc l’ambiance peut cacher le bruit des « moteurs », et les vélos sont souvent sales, permettant de dissimuler facilement des pièces.

Les vitesses étant peu élevées, mais la puissance requise l’étant, par exemple pour traverser un bac de sable ou une zone particulièrement embourbée, ces moteurs sont à même de procurer une aide très précieuse, et donc de faire la différence. De surcroît, l’effet d’aspiration (drafting) est réduit.

Mon ami Patrick a laissé en commentaire il y a quelques jours ce vidéo troublant où on voit la roue de Van Aert se mettre à tourner avant que lui ne pédale au sortir d’un virage bourbeux. Si le vidéo est très court, on réalise très bien l’anachronisme en le repassant plusieurs fois.

Je vous avoue que c’est troublant, très troublant.

Dissimuler un tel vélo équipé d’un moteur serait facile en cyclo-cross. Le mécano et le coureur peuvent par exemple très bien convenir d’un tour où le vélo dopé sera utilisé, puis le ranger au tour suivant à l’occasion d’un énième changement de vélo. Le mécano peut ensuite aller dissimuler le dit-vélo.

Plus que jamais, il faut que l’UCI prenne les grands moyens, il y va de la crédibilité du cyclisme tout entier (de tels moteurs seraient aussi utiles sur piste, mais leur dissimulation peut-être plus difficile, l’espace étant clos).

Chose certaine, je suis d’accord avec Marc Madiot: suspension à vie pour ces tricheurs. Il faut un signal fort et totalement dissuasif. Le sport cycliste ne saurait être considéré comme un sport… mécanique.

Entrevue avec Olivier Brunel-Raynal, testeur de produits cyclistes

OBJ’ai récemment eu le plaisir d’entrer en contact avec Olivier Brunel-Raynal, testeur de produits cyclistes pour des sociétés comme Time ou encore Veloflex. Petite entrevue avec Olivier pour vous faire découvrir un métier peu connu, mais important, du cyclisme.

La Flamme Rouge : bienvenue Olivier sur La Flamme Rouge et surtout, merci de prendre le temps de participer à cette petite entrevue.

Olivier Brunel-Raynal : Merci Laurent, je suis heureux de pouvoir contribuer à La Flamme Rouge dont je suis un fidèle lecteur.

LFR : Olivier, comment devient-on testeur? Sur le palmarès?

OBR : En fait, les essais terrain participent aux validations fonctionnelles et durabilité des produits et les testeurs doivent donc répondre à certains critères spécifiques. Dans le processus de sélection, il y a aussi une part de chance, avec TIME ca s’est passé par le biais d’une connaissance qui était en relation avec le responsable technique qui cherchait de nouveaux testeurs pour le développement des roues. J’ai commencé ce travail avec TIME il y a 10 ans, avec les premiers tests. Avec VELOFLEX, j’avais pris l’initiative de tester la résistance à la crevaison sur un lot de plus de 30 boyaux que je leur ai transmis pour information et quelques mois plus tard ils m’ont recontacté pour tester les premiers prototypes de boyaux développés spécifiquement pour la classique Paris Roubaix chez les pro. Disons en terminant que mon profil cycliste, c’est « cyclosportif ULTRA » puisque je parcours environ 40 000 kilomètres par an.

LFR : Ayant moi même déjà testé des vélos, il faut développer une certaine sensibilité pour remarquer les petites différences. Cette sensibilité s’acquiert essentiellement avec l’expérience je suppose?

OBR : Je pense que la sensibilité est avant tout une disposition naturelle qui peut aussi se développer avec l’expérience et l’optimisation de sa position sur le vélo de manière à être détendu et mieux ressentir les choses. Mais un « bon » testeur se doit de combiner trois qualités : il doit d’abord « solliciter » les composants dans la plus large gamme d’usage possible, il doit être ensuite capable de bien ressentir le comportement du vélo et enfin, il doit bien retransmettre et communiquer ses analyses.

LFR : Dois-tu respecter des protocoles bien déterminés pour tester les produits qu’on te confie?

OBR : TIME et VELOFLEX ont une démarche très professionnelle, selon le type de test. Parfois, je dois remplir un questionnaire et respecter un protocole très précis. D’autres fois, je suis libre de faire remonter ce qui me semble le plus déterminant. J’ai même souvenir d’un test en aveugle ou TIME m’avait fait rouler sur un vélo, soit disant de série, mais qui avait en fait une nouvelle fibre carbone. Ils voulaient avoir mes impressions sans m’influencer. TIME m’incite aussi à rouler sur des vélos d’autres marques pour mieux comparer et je participe a tous les essais marques qui se déroulent dans la région.

LFR : Engages-tu ta responsabilité lorsque tu testes des produits? Qu’advient-il par exemple si ton évaluation n’a pas capté certains points?

OBR : Sur la plupart des essais, TIME combine les retours de plusieurs testeurs pour avoir une analyse statistique et c’est surtout valable pour les tests de ressentis ou il y a de grandes différences de perception. Dans certains cas, il y a un « testeur pilote » qui a sans doute une plus grande responsabilité. J’ai souvenir, par exemple, d’un test en 2014 assez stressant ou on avait eu une semaine intense sans le droit à l’erreur. C’est dans ce type de situation qu’on prend conscience de la qualité et de la motivation des équipes techniques comme de l’intérêt d’avoir une fabrication locale qui permet de réagir beaucoup plus efficacement.

LFR : Un testeur donne sa rétroaction verbalement ou par écrit?

OBR : Je fais un rapport mensuel sur tous les composants en test et je rédige un rapport spécifique pour chaque campagne de tests de produits. Mais il y a aussi beaucoup d’échanges directs avec les ingénieurs de TIME chez qui je me rends régulièrement pour échanger sur le déroulement des tests et pour qu’ils puissent analyser les composants (observations et mesures en laboratoire). Avec VELOFLEX, on procède essentiellement par échange de courriels et je leur renvoie les produits pour analyse après les tests. Je me suis rendu à l’usine de VELOFLEX située à coté de Bergame à 2 reprises déjà pour mieux comprendre leur processus de fabrication et échanger avec les ingénieurs.

LFR : Que peux-tu nous dire sur les récents tests que tu as réalisés? Verrons-nous de nouveaux produits révolutionnaires apparaître prochainement?

OBR : Je suis tenu à une certaine discrétion sur les essais mais ceux qui roulent avec moi observent régulièrement des composants exotiques sur mon vélo et/ou des vélos en test de courte durée. Si les vrais avancées technologiques du type de la fourche AKTIV sont rares, il y a par contre tous les ans un nouveau modèle à tester et souvent des évolutions sur les composants ou les matériaux. En plus de la « partie visible » des nouveaux modèles qui sont présentés au public, il faut savoir qu’il y a de nombreuses petites modifications destinées à améliorer la performance, l’ergonomie, la durabilité dont on entend rarement parler. Je roule pour l’instant sur un SKYLON avec une selle, des pédales et cales, une tige de selle, un jeu de direction, un câblage interne, une peinture et des boyaux qui sont tous des prototypes qui équiperont peut être… ou pas… la gamme 2017.

LFR : On parle beaucoup, cette saison, des nouveaux pneus et boyaux Vittoria à base de graphène, réputés quasi-increvables. Tu en penses quoi?

OBR : Une analyse benchmarking est prévue avec des essais laboratoire et terrain bientôt, c’est dans mon programme de tests en 2016. Mais avant ce test, il y a plusieurs essais qui ont été jugés plus importants pour VELOFLEX et au vu du programme très chargé, je ne pense pas les tester avant cet été. Nous pourrons nous en reparler!

LFR : Chez Time, qu’as-tu pensé du Skylon, toi qui a dû tester de nombreux cadres dans ta vie?

OBR : TIME à une politique de renouvellement de sa gamme sans doute moins dynamique que certains concurrents mais en contrepartie chaque nouveau modèle est en rupture forte avec son prédécesseur. Dans la gamme TIME il y a 3 modèles qui s’adressent à des profils de cyclistes complémentaires, du cyclo avec le FLUIDITY et l’IZON au coursier avec le SKYLON. Ce dernier apporte un vrai gain en terme d’efficacité, de polyvalence, de pilotage tout en étant plus accessible (comprenez plus facile à vivre) que son prédécesseur le ZXRS. Équipé de la fourche AKTIV, c’est un vélo au comportement exceptionnel qui est beaucoup plus polyvalent que son look pourrait laisser penser et qui me correspond bien même si je suis plus un « diesel » qu’un coursier. Donc pour moi c’est le meilleur…jusqu’au prochain modèle !

LFR : Et chez Veloflex, quels sont les produits qui se démarquent côté pneus et boyaux?

OBR : Toute la gamme est construite autour de deux composants clés et partagés entre les différents modèles : la carcasse tissée de fils de polyamide et la bande de roulement en caoutchouc naturel. Les pneus et boyaux partagent en particulier les mêmes composants ce qui donne aux pneus un comportement très proche des boyaux en terme de rendement, confort et tenue de route. Les différents modèles de la gamme VELOFLEX se différencient ensuite essentiellement par les diamètres et les coloris à quelques nuances près qui peuvent toucher l’épaisseur et le motif de la bande de roulement et de la bande anticrevaison. La gamme s’est enrichie l’année dernière de boyaux 27mm, sans parler des évolutions continues sur la structure pour améliorer le confort et le rendement, qui ne sont pas « marketées » auprès du public. Les pneumatiques en 22&23mm sont mieux adaptés aux parcours montagneux, les 25mm les plus polyvalents et les 27mm pour les routes en très mauvais état, peut-être du type de celles que vous pouvez retrouver au Québec ! Personnellement, j’ai un faible pour les boyaux Roubaix l’été et les Vlandereen l’hiver !

LFR : Merci Olivier de ces détails, et à bientôt !

OBR : J’espère effectivement qu’on aura l’occasion de rouler ensemble en 2016 et je souhaite une bonne saison cycliste a tous les lecteurs de La Flamme Rouge.

Le Tour de l’actualité

1 – Marco Pantani. Quelques-uns d’entre vous avez réagi à mon hommage à Marco Pantani hier, à l’occasion du 12e anniversaire de son décès. Je n’ai jamais eu d’idole dans le cyclisme, mais Marco Pantani est celui qui s’est rapproché le plus de cela dans mon cas. Pour ses qualités exceptionnelles de grimpeur, et surtout pour son panache et son intelligence. Enfin, dénonçant le dopage depuis le premier jour sur ce site, j’estime que Marco Pantani est aujourd’hui celui qui incarne le mieux pourquoi le dopage ne sera jamais acceptable dans ce sport.

2 – Tour du Qatar. Bien dit Guillaume Prébois!

3 – Canadiens. Décidément, j’aime ce que je vois cette saison chez les coureurs canadiens! Antoine Duchesne vient de terminer La Méditerranéenne à une excellente 21e place au général, après avoir pourtant dû donner son vélo dans le final de la dernière étape hier remportée par Bakelans. Après Woods, Houle, Anderson qui s’illustrent, voilà Duchesne qui est aussi dans le coup. Excitant pour la suite!

4 – La Méditerranéenne. Pour l’ambiance au départ de l’étape de Cadolive, superbe petit village près d’Aix, c’est ici.

5 – Philippe Gilbert. Le champion belge a ouvert son compteur de victoire tôt cette saison avec une première place sur le Tour de Murcie ce week-end. Molto bene!

6 – SRM. Selon le site Trimes.org, le prix des capteurs de puissance SRM pourraient baisser d’environ 30% dans les prochaines semaines, question de s’ajuster à la concurrence, de plus en plus féroce dans le domaine. Selon le site Matos Vélo, cette baisse de prix serait en réaction à l’arrivée prochaine d’un capteur de puissance intégré au groupe Shimano Dura-Ace. Quoi qu’il en soit, voilà une bonne nouvelle pour nous, les usagers.

7 – Tom Boonen. Petite interview avec le coureur belge qui prépare sa campagne de Classiques avec sérénité.

8 – Cyclo Lac Mégantic. L’organisation du Tour de Beauce annonce la création, en 2016, d’une nouvelle cyclosportive au Québec dont l’arrivée sera jugée au terme de l’ascension du Mont Mégantic en Estrie. Organisée le 18 septembre prochain, cette nouvelle cyclo proposera trois parcours différent, soit de 57, 90 et 110 kms. Voilà une excellente nouvelle et une initiative que je tenais à saluer, l’ascension du Mont Mégantic étant à mon sens un must pour les cyclistes du Québec, et un beau clin d’oeil au Tour de Beauce dont l’ascension constitue, chaque année, le juge de paix. Et avec les 100 à B7 ainsi que la Classique des Appalaches, voilà que la fin de saison cycliste au Québec se dote d’un programme très intéressant!

9 – Zakarin. Courte interview avec Ilnur Zakarin, l’une des révélations de l’année 2015 en cyclisme sur route.

10 – Dopage mécanique. C’est Greg Lemond qui a encore raison.

Marco Pantani (1970-2004)

Pantani - 1

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