Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : mai 2011 Page 1 of 3

Con(quis)tador

Pas trop le moral ces jours-ci, la faute à une blessure inattendue aux adducteurs de la hanche, côté gauche, une blessure qui s'est curieusement réveillée après 36h de repos total vendredi dernier, alors que j'étais… à mon bureau, à travailler ! Depuis, la douleur est présente, les marches difficiles à monter (tout comme mon genou gauche) et le vélo accroché à son clou. Pour moi qui n'a à peu près jamais été blessé, le choc est difficile à encaisser, surtout que j'arrivais en excellente condition, presque comparable à celle dont je disposais l'an dernier fin juin, lors de mon séjour en France.

Anyway, revenons à Contador. 

Ce dernier a remporté dimanche le Giro d'Italia avec plus de 6 minutes d'avance, excusez un peu. La domination a été totale: deux victoires d'étape (Etna et Nevegal), 12 jours en rose, jamais de coup de moins bien, le classement général, le classement aux points, le classement du coureur le plus combatif ainsi qu'une 2e place au classement de la montagne. 

Contador a signé sa 2e victoire sur le Giro, après celle survenue en 2008. Il devient donc, après Indurain qui s'était lui aussi imposé deux fois, en 1992 et 1993, le deuxième Espagnol à figurer au palmarès de l'épreuve.

C'est aussi la 6e victoire de Contador sur un grand tour si on lui ajoute sa Vuelta en 2008 et ses trois Tours de France (2007, 2009 et 2010). Seuls six cyclistes ont fait mieux que lui dans le passé: Eddy Merckx bien sûr, avec pas moins de 11 grands tours à son palmarès (5 Tours, 5 Giro et 1 Vuelta), Bernard Hinault 10, Jacques Anquetil 8 et Fausto Coppi, Miguel Indurain et Lance Armstrong 7 chacun. Si Contador s'imposait sur le Tour ou sur la Vuelta cette année, il rejoindrait donc ces trois autres coureurs dans les prochaines semaines.

La question est donc maintenant de savoir si Contador défendra son titre sur le Tour de France. Une partie de la réponse ne dépend pas de lui mais bien du TAS qui a cependant annoncé que la décision pourrait survenir plus tard en juillet, voire en août. Si la décision ne dépend que du clan Contador, je suis prêt à parier qu'il sera en France en juillet. Un tel champion ne saura pas rester à la maison à regarder à la télé la plus grande course du monde, surtout qu'il a toutes les chances de le gagner. Je pense qu'il s'est baladé sur le Giro et que les quatre prochaines semaines seront suffisantes pour lui permettre de recharger ses batteries et planifier un nouveau pic de forme. 

Et qui sait, si Contador s'imposait en juillet sur le Tour, je ne serais pas surpris qu'il tente de remporter la Vuelta en septembre pour ainsi devenir le premier coureur de l'Histoire du cyclisme à remporter les trois grands tours la même année. Contador et Bjarne Riis sont assez ambitieux pour tenter ce tour de force. 

Sébastien Pilotte de retour au Québec

Sébastien Pilotte, c’est un nom connu dans le milieu du cyclisme québécois, sauf peut-être chez les plus jeunes. 

Coureur dans les années 1980 et 1990, présent sur la scène des courses séniors 1-2 au Québec, Sébastien Pilotte a signé quelques beaux résultats montrant un potentiel intéressant, notamment cette victoire dans le 100km clm des Championnats canadiens, une épreuve terriblement exigeante et qui n’existe malheureusement plus aujourd’hui. Il a également remporté le titre de champion canadien de la poursuite au début des années 2000. Maintenant exilé au Japon ou il pratique son métier de mannequin, Sébastien, fidèle lecteur de La Flamme Rouge par ailleurs, n'a jamais perdu sa passion pour le vélo qui demeure intacte après toutes ces années. Il revient cet été au Québec, cette fois-ci à la tête d’une équipe japonaise, question de se mesurer à certaines des meilleures épreuves cyclistes de la province. L’histoire n’est pas banale et est celle d’un grand passionné du cyclisme, un point commun avec l'auteur de ce site. Interview.

La Flamme Rouge : Sébastien, tu reviens cet été au Québec avec ton équipe cycliste japonaise Fuji-Cyclingtime.com supporté par Placements Lemniscate. Vas-tu courir toi-aussi ?  

Sébastien Pilotte : En fait, nous avons un programme de 15 jours de course dans le mois de Juin, notamment le GP de Charlevoix, le Tour de Beauce et les Mardis cyclistes de Lachine. Mon rôle sur ces épreuves sera celui de directeur sportif. Nous participerons par ailleurs à des courses d’un jour régionales et j’y serai alors coureur. C’est un plaisir de courir avec mes gars et ca aide à leur motivation que de voir leur DS en top shape. Pour moi, cela créé un lien de confiance avec eux et me permet d’étudier mes coureurs en course et voir ce qui peut être corrigé. Je ne sais pas combien de temps je pourrai faire ca mais j’en profite pendant que j’ai encore la forme !

LFR : Quel sera ton rôle précis au sein de l'équipe ? 

SP : Directeur sportif. C’est une première pour moi, et je ne me fais pas d’idée prédéterminée. Je vais laissé les choses se faire naturellement et je vais y apporter mon expérience et mon humilité, celle d’un gars qui commence et qui veut apprendre.

LFR : Avez-vous une idée précise du programme de course qui vous attend au Québec ? 

SP : Oui, tout est prévu, nous avons un programme précis. C’est d’ailleurs une des premières choses que j’ai faite pour amorcer ce projet et notre calendrier de course a été un outil de base très important, à la fois pour mes coureurs et mes commanditaires. 

LFR : Présente-nous un peu l'équipe et les coureurs en question ? À quel niveau situes-tu leur potentiel ?

SP : Nous avons des coureurs européens et japonais. Les coureurs européens sont de niveau continental, les coureurs japonais de niveau élite. Pour ces derniers, ce voyage est une chance de se développer encore plus, de courir avec des gars de très haut niveau. La forme de mes coureurs est bonne, lord du Tour de Beauce je m’attends à de bons résultats d’eux, un maillot est possible, voire un podium ou deux. Voici d’ailleurs la liste de mes coureurs :

Adrien Catalayud,  France
Date de naissance: 02/04/1988
Age : 23 ans

Edgar Nieto,  Espagne
Date de naissance: 28/07/1986
Age: 25 ans

Daniel Domingez,  Espagne
Date de naissance: 16/06/1985
Age : 26 ans 

Yutaka Omura,  Japon
Date de naissance: 03/07/1985 
Age : 25 ans 

Goji Kawamura, Japon
Date de naissance: 15/11/1986
Age : 24 ans 

Rigo Räim,  Estonie
Date de naissance: 20/07/1987
Age : 23 ans

Benjamin Martel,  Québec
Date de naissance: 13/06/1974
Age : 36 ans

LFR : Quelles sont les principales différences dans la culture cycliste japonaise et québécoise ?

SP : C’est une question intéressante. Nous avons créé ici une équipe de style internationale pour offrir une meilleure compétition et pour offrir une ouverture dans un monde très fermé. Je ne parle pas des responsabilités qui viennent avec une telle philosophie car c’est une autre histoire, mais je peux dire que les japonais ont tout à apprendre du cyclisme international. Ils ont du cœur, il leur manque juste la flexibilité et la spontanéité qui rendent le sport intéressant à regarder ou à faire. Les japonais ont encore beaucoup de travail à faire dans les prochaines années mais tout est possible, enfin moi j’y crois !

LFR : Tu as travaillé fort je pense pour monter ce projet de venir courir au Québec. Comment t-y es-tu pris exactement et qui vous soutient ?

SP : Ca oui, j’ai travaillé très fort pour ca ! Déjà trois mois que j’y travaille tous les jours quelques heures le matin et le soir, question de tenir compte du décalage horaire avec le Québec. C’est très motivant quant tu as un commanditaire qui croit en toi et qui a les moyens de te supporter à 100% comme l’a fait Placement Lemniscate Inc. de Québec. Le propriétaire est un ami d’enfance à qui j’ai présenté mon projet. Ce dernier était initialement en trois étapes et à sa vue, mon ami a embarqué dans les trois à la fois ! Il voulait être le commanditaire majeur du projet et ca m’a donc beaucoup aidé. À partir de son engagement, j’ai pu travaillé en toute liberté et en toute confiance pour monter le projet sans avoir de doutes sur quoi que ce soit. Je suis d’ailleurs très reconnaissant à ce commanditaire et j’apprécie grandement la chance qu’il nous procure. Son geste est très généreux.

LFR : Adepte du keirin ? Vas-tu voir ces courses populaires au Japon ?

SP : En fait, pour être honnête, je n’y suis pas encore allé après trois ans et demi de vie au Japon ! Je voulais y aller au début de mon séjour ici mais je me suis rendu compte que le keirin, c’est un peu comme des courses de chiens ou de chevaux, c’est du gambling avec paris et tout. Dans ce contexte, ca m’intéresse moins. J’irai peut-être par curiosité mais je préfère de loin le sumo, c’est un sport incroyable à voir en direct, quel spectacle ! 

LFR : Tu vis au Japon depuis plusieurs années. Pourquoi ?

SP : Pour plusieurs raisons, la première étant que ma femme est japonaise, alors qui prend mari (femme) prend pays ! J’ai maintenant mon statut de résident permanent ici et c’est mon pays d’adoption. J’y travaille aussi depuis 1998 comme mannequin, un univers qui m’a d’ailleurs permis de rencontrer ma femme. J’ai beaucoup de clients fidèles ici au Japon et ca me permet de soutenir ma famille de façon stable. Mes beaux-parents nous offrent également beaucoup de soutien, notamment pour mes enfants puisque nos horaires sont parfois compliqués. Enfin, j’ai découvert au Japon le bouddhisme que je pratique depuis 1999. Ca m’a permis de faire un grand ménage dans ma vie personnelle, un ménage qui ne sera jamais fini par ailleurs ! J’essaie en fait d’être plus équilibré entre le mental, le spirituel et le physique. Le bouddhisme permet de travailler l’équilibre dans la vie, de travailler nos points faibles aussi, j’ai trouvé tout ca très enrichissant. Je pourrais même dire que les points forts du Québec sont les points faibles ici et inversement ! Ma présence ici est donc pour moi une opportunité de faire face à mes lacunes et de connaître mes forces. Je m’en sers dans des projets comme celui-ci, de venir au Québec courir avec une équipe japonaise. Il y a encore un an, pas sûr que je me serais engagé là-dedans ! Mais maintenant, tout est prêt !

LFR : De quoi t'ennuies-tu le plus là-bas et qui est propre au Québec ? 

SP : Les grands espaces, la nature, l’accessibilité à tout, la spontanéité des gens et les BBQ entre amis ! Tout ca peut se faire ici au Japon, mais l’énergie et l’argent à déployer pour y arriver n’est pas la même… Bref, sur ces points, le Québec, c’est assez champion !

LFR : On ne peut terminer cette interview sans évoquer les récents événements au Japon, notamment ce tremblement de terre et les problèmes avec les centrales nucléaires. Comment as-tu vécu tout cela et as-tu été touché toi-même et ta famille par ce séisme ? 

SP : Disons que ca été toute une expérience et c’est difficile à expliquer. Au Québec, les tremblements de terre ne sont pas très fréquents, les tsunamis inexistants et les stations nucléaires qui ne sont plus étanches du jamais vu. Et bien au Japon, on a eu droit à tout ca dans une seule fin de semaine ! L’élément déclencheur d’une grande partie du stress a été selon moi les médias, surtout à Tokyo parmi la communauté des étrangers. J’y suis donc passé moi-aussi ! J’ai eu la chance de pouvoir aller une semaine décompresser dans la famille de ma femme, un séjour qui m’a permis de comprendre un peu mieux pourquoi les Japonais demeuraient calmes alors que les étrangers paniquaient. Je suis ensuite allé une semaine au Québec, question de rassurer ma famille et leur expliquer que l’image que donnaient les médias à l’extérieur du Japon était différente de celle que nous, habitants, pouvions voir tous les jours. Enfin, peu importe cela, il faut savoir qu’actuellement, il y a plusieurs centaines de milliers de personnes qui ont été touchées par ce cataclysme et je me sens dans l’obligation de faire quelque chose pour ces personnes. D’où notre collaboration avec NADIA, un organisme humanitaire oeuvrant au Japon et fondé entre autre par des Québécois. J’invite d’ailleurs les Québécois à être généreux dans leur soutien au travail essentiel que réalise NADIA au Japon en ce moment.

LFR : Merci Sébastien, bon vol le 30 mai prochain et surtout, bon séjour au Québec et bonne chance sur les diverses courses cyclistes au calendrier. 

Vous pourrez rencontrer Sébastien et certains de ses coureurs lors d'une rencontre/conférence de presse le 3 juin prochain à la boutique Fanamanga de Québec située au 383 rue du Pont. Y seront également présents des représentants du GP de Charlevoix, des Mardis cyclistes de Lachine ainsi que du principal commanditaire de ce voyage de l'équipe Fuji-CyclingTime, Placements Lemniscate.

En vrac, le tour de l’actualité

1 – Giro. Après deux étapes moins importantes pour le général et remportées par Ulissi mercredi et par Capecchi hier, la course attaque deux journées difficiles aujourd'hui vers Macugnaga et demain samedi vers Sestrières, deux étapes longues aussi puisque comportant chacune plus de 200 bornes.

2 – Sprint mercredi sur le Giro. Je suis en désaccord avec le jugement des officiels du Giro qui ont classé Visconti à la troisième place pour sprint non régulier, ce dernier ayant apposé la main sur le maillot d'Ulissi dans les derniers mètres. Pour moi, c'est clair qu'Ulissi a délibérement dévié de sa trajectoire pour bloquer le passage à Visconti qui voulait le doubler par la gauche. Les deux méritaient un déclassement et la victoire d'étape aurait dû revenir à Lastras je pense.

3 – Giro toujours. C'est clair, l'enjeu est désormais la deuxième place de l'épreuve tant Contador semble intouchable. 47 secondes séparent actuellement Scarponi, 2e, de Nibali, 3e. Et la deuxième place sur ce Giro pourrait bien en valoir une première si jamais Contador est déclassé dans l'hypothèse où le TAS décidait de renverser la décision de la Fédé espagnole dans l'Affaire du clenbuterol sur le Tour 2010 !

4 – Le TAS avait d'ailleurs annoncé que l'Affaire Contador serait entendue entre le 6 et le 8 juin prochain afin de rendre une décision avant le Tour de France. Les avocats de Contador ont demandé un délai, estimant le dossier très complexe et ne pouvant fournir, dans ce contexte, tous les documents appuyant la défense du champion espagnol à temps. La décision du TAS pourrait donc survenir après le Tour. Christian Prudhomme, directeur du Tour, a évidemment rappeler rapidement qu'une décision du TAS avant le début du Tour est souhaitable, sous peine de voir son épreuve être un sacré bordel si jamais Contador y était présent, ce qui est probable, comme champion défendant. Que voudrait alors dire un Contador en jaune sur les Champs Élysées fin juillet alors qu'une décision du TAS serait toujours attendue ? Que voudrait dire une saison 2011 ou Giro et Tour auraient été gagnés par un coureur suspendu par la suite ?

Parfois, il est difficile de comprendre pourquoi une évidence comme l'urgence d'obtenir une décision n'est pas mieux prise en compte !

5 – Enquête Novitsky. Il m'apparait évident que Lance Armstrong commence à trouver la soupe très chaude après les récentes informations de la semaine, notamment les déclarations de Tyler Hamilton et ce qu'on a dit sur George Hincapie qui se serait mis à table. Pour preuve, il vient de renforcer son équipe d'avocats chargés de préparer sa défense en engageant deux spécialistes, Eliott Peters et John Keker, qui ont déjà réussi à défendre avec succès leurs clients dans un tel contexte. Tout de suite, ces deux avocats se sont portés vers les vices de procédure, LA ligne de défense classique et si porteuse dans ce genre de procès. 

Rappelons que Lance Armstrong a déjà de nombreux avocats qui travaillent pour lui. Gageons que ca lui coûte une jolie fortune par mois. Cela ne vous donne-t-il pas envie de faire une petite contribution à sa fondation LiveStrong ou de participer au Tour des Cèdres ?

6 – Philippe Gilbert, le meilleur coureur de Classiques cette saison, serait en négociation pour rejoindre l'équipe belge Quick Step à la fin de l'année. Cela voudrait bien sûr dire que Tom Boonen, actuel leader de la Quick Step, est probablement sur le départ. La question est de savoir quelle destination pourrait choisir Boonen ? Rabobank? Une équipe italienne ou américaine comme HTC ? Rappelons que Boonen a débuté sa carrière professionnelle chez US Postal. Un grand leader chez HTC manque, eux qui ont un excellent sprinter en Cavendish et deux hommes en devenir pour les grands tours, soit Tony Martin et Tejay Van Garderen.

7 – La FQSC entreprend la réfection du vélodrome de Bromont et est à la recherche, dans ce contexte, de bénévoles pouvant lui filer un coup de main prochainement. Si vous êtes dans le coin, voilà une très bonne action à faire et qui peut vous rapporter l'accès gratuit durant la saison à cette belle infrastructure d'entrainement. N'hésitez pas à vous engager, les détails sont ici.

8 – Je serai dimanche au Défi Métropolitain organisé par Vélo Québec, question d'engranger les 150 kilomètres au programme en prévision des prochains objectifs. L'organisation de cette cyclo est irréprochable et c'est un réel plaisir que de retrouver cette épreuve en 2011 pour pédaler en toute décontraction, sans la pression de la compétition. 

9 – Ne manquez pas demain la publication d'une interview avec Sébastien Pilotte, un nom qui évoquera des souvenirs pour plusieurs habitués du milieu du cyclisme au Québec et qui débarque en juin avec son équipe… japonaise pour prendre part à quelques belles épreuves de notre calendrier. Jean-Sébastien Zahra a déjà évoqué ce séjour sur son blog personnel.

Paris-Roubaix 2011: the story

La fin du cyclisme ?

Les déclarations de Tyler Hamilton à l'émission 60 minutes provoquent de nombreuses réactions dans tout le cyclisme et même en dehors tant la couverture médiatique est importante.

On peut penser que tout ceci n'est toutefois que la pointe de l'iceberg.

Hamilton a parlé publiquement de sa déposition devant Novitsky et ses enquêteurs parce qu'il a reçu l'immunité. Cela signifie qu'il a reçu la garantie qu'il serait à l'abri de toutes poursuites ou procès du moment qu'il disait la vérité – et rien que la vérité – aux enquêteurs devant lui.

On peut penser que George Hincapie a parlé pour les mêmes raisons. 

Le truc classique dans les enquêtes policières: briser la solidarité d'un groupe soupçonné en isolant les individus et en les informant des risques qu'ils encourent s'ils ne parlent pas. À un moment donné, c'est chacun pour sa pomme et Tyler Hamilton a bien expliqué, dans l'émission 60 minutes, pourquoi il avait d'abord menti il y a quelques années puis dit la vérité à Novitsky récemment.

Si telle est la technique, on peut penser que l'enquête Novitsky progresse bien et qu'elle va bien au delà de simples accusations éventuelles autour de Lance Armstrong et Johan Bruyneel. À mesure que le travail de Novitsky prend de l'ampleur, on peut penser que d'autres prendront peut-être peur et voudront dire la vérité s'ils sont interrogés.

Novitsky s'est montré très discret jusqu'ici et je pense que son travail avance. Je pense que ses techniques lui ont permis d'étendre très largement son enquête et qu'elle touchera non seulement Armstrong, Bruyneel, l'US Postal mais aussi tout le mode de fonctionnement du cyclisme, UCI y compris bien sûr. Novitsky n'a d'ailleurs pas hésité à traverser l'océan pour aller interroger des gens en Europe, prouvant bien qu'il ne recule devant rien pour faire avancer son travail.

L'ex-président de l'UCI Hein Verbruggen a beau déclarer ce matin ignorer tout de ce contrôle positif étouffé d'Armstrong sur le Tour de Suisse 2001, gageons qu'il prend un gros risque car Novitsky détient peut-être déjà des documents prouvant hors de tout doute l'implication de l'UCI. Si tel est le cas, les récentes déclarations de Verbruggen joueront directement contre lui et montreront à la face du monde que l'homme est un menteur. Idem pour Ekimov qui peut bien nier les accusations de Tyler Hamilton: lui aussi résistera-t-il au rapport Novitsky?

À parler ainsi publiquement, Verbruggen et Ekimov prennent de gros risques. De très gros risques. Ils ont sciemment mis leur crédibilité en jeu. En sont-ils seulement conscients ?

Bref, Novitsky est actuellement le maître du jeu. Il faut aimer le travail de Novitsky pour une raison: il est totalement étranger et indépendant au monde du cyclisme. Ni Armstrong, ni l'UCI, ni la fédé américaine n'a un quelconque contrôle sur quoi que ce soit, une première.

La publication du rapport Novitsky pourrait donc provoquer un gros raz-de-marée dans le monde du cyclisme en allant bien au delà de la simple mise en accusation de Lance Armstrong et Johan Bruyneel. Il pourrait éclabousser de façon majeure l'UCI et des médecins qui travaillent encore aujourd'hui avec des coureurs cyclistes professionnels. Si tel est le cas, le rapport Novitsky pourrait révéler au monde une organisation du cyclisme international corrompue et indigne de confiance.

Il pourrait surtout révéler ce qui deviendrait le plus gros scandale de l'histoire du sport : le septuple vainqueur du Tour de France convaincu d'avoir menti au public américain lorsqu'il déclarait être propre sur les Tours de France 1999 à 2005 et des fédérations nationales ou internationales qui oeuvraient derrière pour protéger le coureur américain. Le cyclisme tel qu'il existe aujourd'hui pourrait-il se relever d'un pareil coup ?

Le Tour de l’actualité

1 – Tyler Hamilton: il a déclaré à l'émission 60 minutes que Lance Armstrong encourageait le dopage au sein de son équipe, laissant croire à un système de dopage organisé chez US Postal comme dans l'équipe Festina précédemment. Aie aie aie. Hamilton affirme également que George Hincapie, le fidèle parmi les fidèles d'Armstrong, aurait lui aussi déballé devant le grand jury qui mène actuellement enquête aux États-Unis. Pourquoi Hincapie se serait-il mis à table ? On peut penser que c'est parce que Hincapie sait que devant une enquête fédérale, on ne badine pas; parlez en à Marion Jones !

Et Hamilton est revenu sur ce fameux contrôle positif qu'aurait subi Lance Armstrong lors du Tour de Suisse 2001, ajoutant quelques détails supplémentaires. Évidemment, il ne faut pas s'attendre à autre chose que la négation totale du côté du clan Armstrong ou de l'UCI…

Enfin, d'autres ex-coureurs de l'US Postal se joignent également à la voix de Tyler Hamilton pour dénoncer les pratiques en vigueur au sein de l'équipe, notamment celle de Scott Mercier qui affirme que les déclarations d'Hamilton sont vraies. Le bal est lancé…

Anyway, il faut absolument regarder le reportage à 60 minutes. C'est ici.

2 – Acharnement. J'entends souvent les mêmes commentaires qui reviennent à propos de l'enquête en cours sur les agissements de Lance Armstrong et les déclarations des Hamilton ou Landis: à quoi ca sert de revenir ainsi sur le passé ? Je ne suis pas d'accord: comment aller de l'avant dans le cyclisme si on ne comprend pas les dérives du passé ? Quel message envoyer à ceux qui trichent encore aujourd'hui si on "absout" les tricheurs du passé, s'ils n'en subissent aucune conséquence ? Quel message d'espoir envoyer à nombre de coureurs, notamment canadiens et québécois qui, on le sait, pratiquent leur métier proprement, avec éthique et respect?Pour moi, les tricheurs, passés ou présents, ne doivent jamais être laissé tranquille. Surtout ceux qui continuent de mentir avec affront.

Et puis, il faut accueillir avec beaucoup, beaucoup d'enthousiasme le projet de l'UCI de bannir les dopés de tout rôle futur d'encadrement des coureurs au sein des équipes. Voilà une idée que je défends depuis des années déjà, estimant que la présence de Bjarne Riis comme directeur sportif d'une équipe cycliste professionnel est une insulte aux amateurs de vélo et une atteinte grave à la crédibilité de ce sport. Si une telle politique devait entrer en vigueur, la chasse aux dopés du passé ne sera jamais vaine.

3 – "Le jour le plus dur de ma carrière cycliste". Ce sont les propos d'Alberto Contador à sa descente de vélo aujourd'hui après… 7h30 de selle pour venir à bout de la 15e étape du Giro. Les coureurs viennent d'en terminer avec une troisième arrivée en altitude en… 3 jours. Aujourd'hui, jour de repos et n'oublions pas qu'ils rempilent mardi avec un clm en côte suivi d'une étape de 230 mercredi puis 209 kms vendredi (arrivée en altitude), 242 kms vers Sestrière (et le Finestre!) samedi et un dernier clm de 32 bornes dimanche. Pour moi, Contador a raison lorsqu'il se demande si tout cela est bien raisonnable… On peut également se demander si on ne pousse pas les coureurs à se doper devant un tel menu. Je me mets à leur place et je suis incapable de vous dire comment ils peuvent encaisser pareille charge de travail en 3 semaines. C'est dément.

4 – Doublé chez Euskatel sur le Giro durant le week-end avec Anton qui s'impose au sommet du Zoncolan et Nieve hier à Val di Fassa. Mais l'histoire est ailleurs, c'est à dire la supériorité évidente d'Alberto Contador, à son meilleur niveau selon moi. ll contrôle et se permet même d'accélérer sur la fin des étapes, question de prendre quelques secondes à ses rivaux chaque fois. Je crois bien que le Giro est d'ors et déjà gagné pour le champion espagnol et que la lutte se cristalise désormais autour des deux autres places sur le podium. Nibali et Scarponi sont les deux coureurs les plus susceptibles d'y accéder, mais attention à un excellent John Gadret qui trouvera encore sur ce Giro des étapes de montagne pour l'avantager. Chose certaine, la fraicheur physique sera l'élément le plus important dans cette troisième semaine de course. Ceux qui récupèrent bien auront forcément l'avantage.

5 – Gros carton rouge. J'ai eu le Giro à la télé toute la semaine sur la chaine SportsNet, mais pas hier ! Comble de frustration! Le foot (soccer) avait pris l'antenne à l'heure habituelle. Argggg… Je n'ai donc rien vu de la course hier vers Val di Fassa alors qu'il s'agissait d'une étape-reine.

6 – Victoire de Chris Horner au Tour de Californie devant son équipier Leipheimer et un Tom Danielson retrouvé. La course s'est jouée sur trois étapes, la 4e vers San Jose (victoire de Horner), le clm de Solvang (victoire de Zabriskie) et la 7e étape au Mt Baldy (victoire de Leipheimer devant Horner). 

Parmi les surprises de ce Tour de Californie, la 4e place de VanDe Velde, qui semble donc revenir à un bon niveau, la 5e place de Van Garderen et la 8e place d'Andy Schleck qui se prépare doucement pour le Tour de France. 

Ryder Hesjedal aura été le meilleur canadien avec une 10e place. L'équipe SpiderTech n'aura finalement pas réussi de coups d'éclat (victoires d'étape) et c'est Kevin Lacombe qui aura le mieux représenté l'équipe avec quelques belles places dans les arrivées au sprint. SpiderTech a cependant réussi à ramener le maillot de meilleur grimpeur avec Pat McCarty, une belle satisfaction.

7 – Xavier Tondo, 6e du Tour d'Espagne l'an dernier, est décédé aujourd'hui d'un accident atroce, étant apparemment mort écrasé entre la porte d'un garage et sa voiture. Un accident bête et une autre tragédie dans le monde du cyclisme, après celle de Wouter Weylandt sur le Giro il y a deux semaines. 

8 – Pas de GP d'Hudson pour moi hier finalement. La fatigue était très présente au lever, j'ai donc opté pour la récupération considérant la suite du programme. 

Dur dur, le GP cycliste de l’Outaouais

11h ce matin, à entretenir le terrain de la maison en cette première belle journée depuis des semaines: le téléphone sonne.

Mon ami Gino: "Laurent, on s'inscrit au GP cycliste de l'Outaouais ce pm. Course Séniors 1-2. Départ 15h."

Euh…

J'ai cédé. J'ai dit oui. Je signais là mon ticket pour une après-midi intense! Surtout que c'était ma première course de la saison. 

15h, sur la ligne de départ. Stressé comme jamais, je sais pas pourquoi. Je retrouve mon ami Erik Lyman bien sûr, et son équipe Team Spirit. Mais aussi la puissante formation Louis Garneau-Club Chaussures, les Jet Fuel, les Ride With Rendall, les Nine2Five, les Rocky Mountain qui connaissent une belle saison. J'ai, pour la première fois, l'impression désagréable que je pourrais être le père de certains coureurs à mes côtés!

Je me rassure en me disant que c'est ma course de rentrée, que mon objectif est de rester au chaud dans le peloton, qu'il fait beau et chaud (mes conditions favorites) et que le parcours n'est pas trop dur.

Erreur.

Le parcours était finalement assez technique et difficile. Sept grosses relances par tour (11 à faire), dont 2 "U-Turn" (180 degrés) qu'on abordait à 15 km/h, pour ensuite devoir relancer à fond pour être entre 50 et 55 km/h quelques secondes plus tard, la portion suivante étant roulante. Une montée usante en haut de laquelle un virage serré, là aussi pris à faible vitesse. Pas grand moment de récupération somme toute.

C'est parti à fond les manettes, sous l'impulsion des Louis Garneau bien sûr. 45 km/h de moyenne dans le premier tour. Déjà, une sélection par l'arrière. Moi qui déteste les départs rapides… Je m'accroche, me disant bien que ca finira par passer. 

Et bien, ca n'a pas beaucoup "passé" et c'est même rester intense tout le temps. C'est en fait la grosse différence entre les courses "maîtres" et les courses séniors 1-2. Chez les séniors, jamais de répit. Plusieurs coureurs, dont les Louis Garneau, doivent "faire le travail" s'ils veulent conserver leur place au sein de l'équipe l'année suivante. D'autres veulent se montrer pour gravir les échelons. Bref, ces mecs ne lâchent pas le morceau facilement.

Fin du premier tour, environ 15 mecs devant en échappée. Trois tours plus loin, l'échappée est quasiment hors de vue. Je me dis que l'affaire est pliée et que le peloton va rouler tempo jusqu'à l'arrivée. 

Et bien non ! Ca relance à fond au 6e tour, un tour très rapide, et l'échappée, qui comportait pourtant pas moins de quatre coureurs de chez Garneau, est reprise ! Enfin, reprise sauf un qui insiste devant. Un Louis Garneau bien sûr. Toujours en ligne de mire, le peloton roule vite pour revenir. Ca ne faiblit pas, diable!

Début du 8e tour, km 70 environ (sur 100 à parcourir), les crampes m'arrêtent net. Impossible de continuer à tourner les jambes, la douleur est saisissante. La faute à une mauvaise hydratation cette semaine, et dans les heures précédents la course aussi. La faute également à une météo très chaude (27-29 degrés environ) et à avoir tiré, pour la première fois cette saison, de gros braquets pendant 1h40, avec de nombreuses relances. 

Devant, la course a été gagnée par un Louis Garneau, Brett Tivers. Solo. Chapeau bien bas. Les coureurs derrière ne sont pas des manches non plus: Antoine Duchesne (2e), Pierrick Naud (3e), Arnaud Papillon (4e), Aaron Fillion (5e) et Jean-Sébastien Perron (6e). Deux récents vainqueurs de la Classique Montréal-Québec (Papillon et Perron) ainsi qu'un récent champion canadien élite parmi les 6 premiers.

Bilan pour moi ? 1h40 de course, 43 de moyenne, 45 min passées entre 160 et 170 puls/min (mon maxi est de 176), du jamais vu cette saison bien sûr. Un bel effort, mais beaucoup de frustration ce soir car j'aurais pu terminer cette course. Un bon rappel aussi: pour être coureur, il faut courir. Souvent. Surtout considérant que les occasions pour nous de faire du derrière-scooter ou derrière-bagnole à l'entrainement sont très limitées, voire inexistantes, afin de s'entrainer à rouler vite, sur de gros braquets.

Demain, GP de Hudson. Ca va être dur car les jambes sont fatiguées ce soir! Mais bon, il faut savoir souffrir pour être beau, qu'ils disent. No pain, no gain. Je ferai ce que je pourrai considérant les jambes demain sur la ligne de départ.

Ha oui ! Mon équipier Gino a, quant à lui, terminé la course… Mes félicitations, surtout qu'il a été le seul des quatre Rouleurs de l'Outaouais engagés à y parvenir.

Pas de Monte Crostis

Les commissaires de course UCI ont forcé les organisateurs du Giro à retirer le Monte Crostis de l'étape d'aujourd'hui, estimant que la sécurité des coureurs n'était pas suffisante sur ces routes.

Les organisateurs du Giro se sont pliés à la décision du jury de commissaires, non sans protester. Zomegnan a notamment déclaré "We wanted to show the public something new and special. We didn't hear any objections from the riders or teams today but we understand that they complained to the UCI judges.", confirmant que le souci d'offrir un bon spectacle était un élément important dans la décision d'inclure ce col.

Évidemment, la prudence des commissaires est à mettre en lien avec le décès, plus tôt sur ce Giro, de Wouter Weylandt dans une descente de col. Si les circonstances pointent davantage à un accident, gageons que la préoccupation de la sécurité en course est particulière en ce moment et que personne ne veut un nouveau drame.

Tyler Hamilton: j’ai vu Lance Armstrong se doper

Bombe dans le milieu du cyclisme hier soir: Tyler Hamilton est sorti du placard et a avoué s'être dopé durant sa carrière cycliste

Une surprise pour personne. Rappelons qu'Hamilton avait été suspendu pour dopage (auto-transfusion) en 2004 puis en 2009 (stéroides). Il avait également été impliqué dans l'Affaire Puerto en 2006.

La véritable bombe est ailleurs: Tyler Hamilton affirme qu'il a vu de ses yeux Lance Armstrong se doper durant ses années (1999 à 2001) chez US Postal. EPO, hormones de croissance, auto-transfusions, la totale. 

Les déclarations d'Hamilton se sont faites dans le cadre de la populaire émission de télé "60 minutes" qui sera diffusée sur la chaine américaine CBS dimanche prochain à 19h. Un extrait des déclarations d'Hamilton sur Lance Armstrong est déjà disponible ici. À voir.

Réaction de Lance Armstrong sur son compte Twitter: "20+ year career. 500 drug controls worldwide, in and out of competition. Never a failed test. I rest my case."

Yeah, right.

Les déclarations d'Hamilton font suite à sa déposition dans le cadre de la vaste enquête dirigée par Jeff Novitsky et cherchant à vérifier si Lance Armstrong et Johan Bruyneel ont menti au peuple américain (US Postal est une compagnie publique) au début des années 2000 en affirmant ne pas avoir utilisé de produits dopants.

Dans une lettre assez poignante de sincérité, Hamilton affirme avoir voulu rendre publique sa déposition maintenant pour deux raisons: la première, pour se libérer d'un poids sur sa conscience suite à sa déposition devant Novitsky. La deuxième, pour le bien du cyclisme. Hamilton, désormais un entraineur de jeunes talents en cyclisme du côté de Boulder au Colorado, affirme ne pas vouloir que des jeunes soient sujets à passer par où lui est passé durant sa carrière en matière de dopage afin de réussir dans la profession. Selon lui, la seule façon de nettoyer le sport est de parler ouvertement du dopage afin de réformer le cyclisme. 

Quoi qu'il en soit, les déclarations d'Hamilton corroborent celles de Floyd Landis sur le fonctionnement de l'US Postal et Discovery. Elles corroborent celles de nombreux autres proches de l'équipe comme les Frankie et Betsi Andreu. Un nombre important de ces déclarations peuvent être lues dans les ouvrages de Walsh et Ballester, LA Confidentiel et LA Officiel, publiés il y a quelques années déjà.

Hamilton confirme également l'épisode du contrôle positif de Lance Armstrong sur le Tour de Suisse 2001, un contrôle qui aurait été "étouffé" par l'UCI. Floyd Landis avait également évoqué ce contrôle positif et cela avait permis de révéler la vérité sur les donations monétaires généreuses d'Armstrong à l'UCI à peu près à la même période. L'UCI et Pat McQuaid avaient d'ailleurs dû conclure publiquement qu'accepter un don de Lance Armstrong était "inapproprié" considérant la position de l'UCI dans la lutte anti-dopage.

Déjà, le clan Armstrong a repris sa stratégie habituelle: miner publiquement la crédibilité de la personne passant aux aveux. Après Floyd Landis dépeint comme un tricheur, au tour d'Hamilton, déjà dépeint comme un opportuniste voulant réaliser un coup d'argent avec la vente d'un livre. La création du site Facts4Lance est d'ailleurs une manifestation assez incroyable de la campagne menée par le clan Armstrong pour "défendre" l'athlète américain et protéger bien évidemment sa fondation LiveStrong.

Mon avis ? Évidemment qu'Hamilton dit la vérité. Il n'a rien à perdre, ayant déjà tout perdu ! Ses déclarations montrent également que l'enquête Novitsky a réussi à interroger les personnes clef dans l'entourage d'Armstrong et que les dépositions doivent s'accumuler. Difficile de dire si des preuves tangibles permettront de pincer Armstrong mais chose certaine, la publication des résultats de l'enquête sera un très sérieux coup à sa crédibilité comme champion cycliste, pour ce qu'il en reste.

Rappelons en terminant que Lance Armstrong traine d'autres grosses casseroles derrière lui, la plus importante étant sans aucun doute le dossier L'Équipe de 2005 montrant que plusieurs échantillons urinaires prélevés lors du Tour 1999 étaient en fait positif à l'EPO. Le test n'existant pas à l'époque, Armstrong n'avait pu être suspendu. On avait alors offert à Armstrong de tester rétrospectivement d'autres échantillons urinaires, notamment ceux des Tours 2000 et 2001, ce qu'il a bien évidemment refusé. 

Un individu digne d'estime et fréquentable ? Je vous laisse juger vous-même. Je souhaite que faute de tests positifs (pour toutes sortes de raisons, et le nombre de contrôle n'a aucun lien avec sa probabilité d'être pincé ou non), d'autres déclarations accablantes continuent de s'accumuler au cours des prochains mois, convaincu que je suis, notamment à travers de nombreuses lectures, qu'Armstrong a bel et bien copieusement usé de produits dopants durant sa carrière et ce, dès 1993. Son cancer n'a évidemment rien changé à ses pratiques. 

But cycling is business, don't forget.

Le Tour de l’actualité

1 – Cavendish. Le sprinter anglais a remporté l'étape hier, au sprint bien sûr. Mais c'est surtout les accusations de Ventoso, l'autre sprinter lui-aussi vainqueur d'une étape sur ce Giro, qui ont retenu l'attention: Cavendish aurait parcouru de nombreux kilomètres de la montée de l'Etna dimanche accroché à une voiture. 

J'ai plutôt tendance à croire Ventoso, doutant depuis longtemps de l'éthique de Cavendish dans son comportement en course (pas sur le dopage, mais plutôt sur le code de conduite informel partagé des coureurs). Cavendish a déjà prouvé dans le passé être prêt à tout pour gagner. Menacé par les délais d'élimination dimanche dernier, les incitatifs pour s'accrocher aux bagnoles étaient probablement très forts considérant qu'il savait que l'étape d'hier avait de bonnes chances de se terminer au sprint.

2 – Monte Crostis. Les organisateurs du Giro ont "sécurisé" la descente du col qui sera emprunté des coureurs dimanche prochain sur la route du Zoncolan. Le vidéo présente néanmoins des images assez saisissantes de la route de montagne qui sera le théâtre de la course. À ne pas manquer !

3 – Mark Renshaw, l'homme derrière les succès de Cavendish au sprint, nous parle de ce Giro 2011 et de son travail avec Cavendish.

4 – Interview avec Christophe LeMevel, auteur pour l'instant d'un excellent Giro.

5 – Dopage. Gros réseau de dopage démantelé en… Espagne, encore une fois. Les quantités annoncées sont impressionnantes: 700,000 doses de produits pharmaceutiques, 10,000 ampoules d'hormones de croissance! Mais ce n'est pas tout: au coeur du réseau apparemment, une équipe de haut niveau chez les coureurs espagnols… Maitres ! Aucun coureur professionnel ne semble actuellement être inquiété par ce nouveau scandale dans le monde du sport.

6 – FDJ. On annonce que l'équipe française de Marc Madiot est actuellement en stage de préparation en vue du Tour de France du côté de St-Jean sur Maurienne, au pied des cols du Glandon et de la Croix de Fer. Parmi les 12 coureurs du stage, pas de Dominique Rollin. Un signe que le coureur québécois ne fait pas partie des plans de Madiot pour le prochain Tour ?

7 – Tour de Californie. Après la première étape annulée en raison de la météo, doublé chez Sky avec la victoire de Hendersen hier et de Swift avant-hier. Les choses sérieuses commencent demain. Attention à Chris Horner qu'on dit dans la condition physique de sa vie. Pour le coureur américain vieillissant (39 ans), une victoire au Tour de Californie, à domicile, serait une forme de consécration pour sa carrière. Je ne serais pas surpris de voir Levi Leipheimer se mettre à son service. Attention également à Francisco Mancebo, lui aussi en excellente condition. Belle prestation jusqu'ici par ailleurs de l'équipe canadienne SpiderTech avec Kevin Lacombe, 4e avant-hier et 6e hier. Ils tournent autour…

Le casque de Basso

Chute d'Ivan Basso à l'entrainement, sur les pentes de l'Etna, hier. Son message sur Twitter: "Mon casque Rudy Project aujourd' hui m'a sauvé les amis. La sécurité avant toute chose: ne sortez jamais en vélo sans casque."

La photo à l'appui !

Doit-on rendre le port du casque obligatoire à vélo?

Le débat fait de nouveau rage au Québec suite à la décision de la ville de Sherbrooke (ma ville natale!) de rendre obligatoire le port du casque à vélo pour les personnes âgées de moins de 18 ans

Le journaliste bien connu Pierre Maisonneuve, de la radio de Radio-Canada, a consacré sa tribune ouverte au grand public à cette question hier midi

Les avis sont souvent tranchés: Pierre Lavoie, triathlète et fondateur du Grand Défi Pierre Lavoie, est pour parce que ca peut sauver des vies. Suzanne Lareau, de Vélo Québec, est contre, estimant qu'une telle loi, si elle devait se généraliser à tout le Québec, nuirait à la popularité grandissante du vélo. On retrouve par ailleurs sur le site de Vélo Québec une page consacrée au port du casque à vélo et les débats entourant cette question.

Pour Louis Barbeau, directeur général de la Fédération québécoise des sports cyclistes, une telle loi ne réduirait pas l'attrait du cyclisme. Un petit détour sur les tribunes électroniques permet de constater que la question suscite beaucoup de réactions, souvent bien campées. 

Et bien moi, je suis pour.

Pour parce que le casque est efficace pour prévenir de graves blessures à la tête lorsque la vitesse de déplacement à vélo est peu élevée, ce qui est habituellement le cas chez les enfants. 

Pour parce que les enfants n'ont pas le même comportement sur un vélo que les adultes: moins habiles, ils sont plus susceptibles de tomber. Ils prennent également directement ou indirectement davantage de risques, notamment à travers le jeu.

Pour parce que l'habitude prise tôt dans la vie a de bonnes chances de perdurer à l'âge adulte.

Une telle loi chez les jeunes de moins de 18 ans pourrait donc être étendue à l'ensemble du Québec selon moi.

Chez les adultes? C'est une autre question. Un vaste débat. 

Le problème selon moi ? C'est que l'imposition du port obligatoire du casque à vélo ne toucherait que les cyclistes, quels qu'ils soient. Forcément, des résistances émergent. Certains crient à leur liberté bafouée. Certains y voient une autre forme de contrôle que veut nous imposer le gouvernement.

Pour moi, rendre obligatoire le port du casque – et donc demander aux policiers d'appliquer la loi – doit s'accompagner de mesures qui toucheraient les automobilistes. En touchant le plus de monde possible, on nuance, on ne cible pas qu'un seul groupe et on envoie le message que la sécurité sur nos routes est une responsabilité partagée. 

Or, trop souvent jusqu'ici, il est question d'imposer un changement aux cyclistes, mais pas aux automobilistes.

M'imposer le port du casque sans aucune mesure envers les automobilistes me rendrait furieux. Pas parce qu'on s'occupe de ma sécurité. Mais bien parce que si certains cyclistes sont dangereux, de nombreux automobilistes le sont bien davantage, notamment parce qu'ils ont entre leurs mains un véhicule autrement plus dangereux pour la vie humaine. 

Je suis prêt demain matin à me soumettre à une loi rendant obligatoire le port du casque à vélo. Je suis prêt à payer une contravention si jamais un policier devait m'arrêter à vélo sans mon casque. Mais à une condition: que le gouvernement du Québec, par qui une telle loi arriverait, s'attaque aussi aux automobilistes. Par de vigoureuses campagnes d'éducation et de sensibilisation qui vont plus loin que l'insignifiant panneau visible sur nos routes et dont le message est "Partageons la route". Par une demande explicite aux policiers de considérablement durcir leur surveillance du comportement des automobilistes à l'égard des clignotants, de l'arrêt obligatoire aux feux rouges avant de tourner à droite, de l'espace à respecter lorsqu'on double des cyclistes, etc.

Le vélo gagne en popularité au Québec, c'est évident depuis une dizaine d'années. L'industrie se développe et il n'y a jamais eu autant de cyclistes sur les routes le dimanche matin qu'en ce moment. Un nombre croissant de personnes utilisent également ce moyen de transport pour se rendre au travail matin et soir, particulièrement en milieu urbain et durant la belle saison (laquelle en ce moment au Québec?!). Dans ce contexte, il est clair que le cyclisme est là pour rester et que les automobilistes devront s'adapter, tout comme les cyclistes. Autant commencer tout de suite en incitant les deux groupes, pas seulement à un seul, à changer leurs habitudes.

En terminant, félicitations à Kevin Lacombe, 4e hier de la 2e étape du Tour de Californie. Lacombe s'est payé quelques belles pointures comme Hushovd, Haedo, Phinney ou encore Freire, c'est impressionnant!

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