Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : février 2011

Le con

Ca vous paraîtra un peu cru comme titre, mais c’est le seul qui me vient en tête à la lecture des raisons présumées de l’hospitalisation récente du cycliste italien Riccardo Ricco.

Rappelons la nouvelle de dimanche dernier, quelque peu surprenante par ailleurs: Ricco a été admis d’urgence dans un hôpital italien, en état critique. Apparemment, des problèmes rénaux graves. Les médecins ont émis un pronostic "réservé", laissant bien entendre la gravité de son état.

Évidemment, une telle nouvelle surprend. Ricco est un jeune cycliste pro, normalement en très bonne condition physique. On se demande comment son état a pu se dégrader aussi vite pour compromettre son pronostic vital.

Son père évoquait l’éventuelle présence de calculs rénaux, non détectés jusqu’ici.

Mais on apprend aujourd’hui sur CyclingNews que Ricco aurait en fait informé ses médecins à son admission qu’il s’agirait d’un problème avec… une transfusion sanguine réalisée dimanche dernier. La nouvelle a d’abord filtré via la Gazzetta Dello Sport.

Ricco se serait donc improvisé médecin et se serait lui-même injecté du sang prélevé… 25 jours auparavant et gardé dans son frigo. Apparemment, il y aurait eu un problème avec la conservation du sang. Il se serait gravement empoisonné en se ré-injectant ce sang dimanche dernier.

La police a ouvert une enquête à l’endroit de Ricco pour approfondir la question.

Si tout cela est confirmé, la situation dépasse l’entendement. Rappelons que Ricco vient de revenir d’une suspension de deux ans pour dopage après s’être fait prendre positif à la CERA lors du Tour 2008.

Si, de par mes valeurs humaines, je souhaite à M. Ricco de retrouver rapidement la santé, je n’ai aucune pitié pour lui concernant les suites de sa carrière de cycliste professionnel si jamais l’hypothèse d’une transfusion sanguine était confirmée dans les prochains jours.

Et cela prouve une nouvelle fois hors de tout doute raisonnable que les cyclistes professionnels n’ont aucune crainte des contrôles anti-dopage ou du passeport biologique qui demeurent facilement déjouables.

Team SpiderTech : le débarquement canadien en Europe

Présentation, il y a quelques jours, de l’équipe SpiderTech, la seule équipe canadienne à évoluer en continentale pro sur la scène européenne.

Rappelons que le niveau "continental pro" est celui situé juste en dessous du niveau WorldTour et que des équipes comme La Française des Jeux, EuropCar, Cofidis, Geox, Saur-Sojasun ou encore Acqua&Sapone évoluent aussi dans cette catégorie. Dans ce contexte, SpiderTech est sélectionnable pour les grandes épreuves, par exemple le Tour des Flandres. Ensuite, ca se jouera à la discrétion des organisateurs. 

Présentation sommaire de l’équipe

Attention aux Canadiens ! Cette équipe débarque en Europe sans complexe, et avec trois grands atouts selon moi. 

Le premier, c’est évidemment… Steve Bauer, son manager général. Meilleur coureur canadien à ce jour, Bauer a l’expérience des grandes équipes et des grandes courses en Europe. N’a-t-il pas fait partie de la désormais mythique équipe La Vie Claire en 1986 ? N’a-t-il pas porté plusieurs jours durant le maillot jaune sur le Tour, tout en y terminant 4e du général (en 1988) ? Pour moi, Bauer est la meilleure garantie que cette équipe SpiderTech peut réussir en Europe. 

Le deuxième, c’est le recrutement de Svein Tuft durant l’intersaison. C’est un excellent coup de Bauer qui vient de donner une nouvelle envergure à son équipe. Tuft présente en effet l’avantage d’avoir l’expérience récente d’une grande équipe (il vient de passer deux saisons chez Garmin), d’avoir de bons résultats (vainqueur du Tour de Beauce en 2008, 2e des Mondiaux clm cette année-là, 2e du Tour du Danemark l’an dernier de même que 5e de l’ENECO Tour) et d’avoir, à 33 ans, un gros bagage sur la route. Très bon rouleur, Tuft présente enfin l’avantage de pouvoir donner de la visibilité à son équipe en s’imposant sur des prologues, comme il l’a fait sur celui de l’ENECO Tour l’an dernier. Et qui sait une fois le maillot dans l’équipe ?

Le troisième, c’est Guillaume Boivin et sa 3e place dans l’épreuve sur route des Mondiaux U23 l’an dernier. Parce que cette 3e place a prouvé à toute l’équipe que les Canadiens peuvent désormais rivaliser avec les meilleurs coureurs du monde. Ca a aussi prouvé à tout le monde que ca vaut la peine de travailler fort pour placer Guillaume Boivin voire Martin Gilbert aux 200m dans un sprint !

Le leader de l’équipe

Svein Tuft. Pour toutes les raisons énumérées ci-haut.

Les sprinters

Guillaume Boivin (le jeune) et Martin Gilbert (l’expérimenté pistard). Bauer compte sur eux pour assurer des places durant la saison.

Les baroudeurs

Des gars comme François Parisien, le dur au mal Bruno Langlois, l’excellent Kevin Lacombe, Zach Bell ou Ryan Roth. Ils auront probablement comme mission première de se glisser dans des échappées et essayer d’aller au bout. Espérons que l’UCI réussisse à bannir les oreillettes !

Les vétérans

Andrew Randell, Svein Tuft.

Les jeunes

Guillaume Boivin bien sûr, mais aussi Simon Lambert-Lemay (un gros moteur), Hugo Houle et David Boily. Attention à ces deux derniers, on n’a encore rien vu d’eux…

Le programme de course

Intéressant. Des épreuves comme le Tropheo Laigueglia, le Tour de Sardaigne, Cholet Pays de Loire, le GP E3, le Critérium International, le Circuit de la Sarthe, la Flèche Brabançonne, le Tro Bro Leon, le Tour de Californie, le Tour de Beauce bien sûr, le Tour du Danemark et les GP de Québec et Montréal sont au programme. D’autres épreuves pourraient s’ajouter si les organisateurs invitaient l’équipe. C’est peut-être là que l’atout Steve Bauer et ses contacts en Europe pourront être utiles !

Les sponsors

Essentiellement Canadiens. SpiderTech, BlackBerry, Planet Energy et Saputo sont les principaux sponsors de l’équipe. SpiderTech produit des bandelettes permettant d’offrir un certain soutien aux articulations et aux muscles à l’effort voire une aide dans la guérison de certains problèmes souvent liés à l’activité physique.

La gestion

Elle se fait via la société CycleSportManagement de Steve Bauer. Le même principe que la plupart des équipes professionnelles. Cela a l’avantage d’assurer une structure permanente à l’équipe qui devient alors moins vulnérable aux variations dans les sponsors. Les premiers à avoir eu cette idée furent… Cyrille Guimard et Laurent Fignon en 1985 lorsque Renault s’est retiré du cyclisme et que Système U a pris la relève. 

La bonne idée

Bauer Power Line. Un nouveau programme visant à recruter, parmi les jeunes hockeyeurs canadiens, des futurs champions cyclistes. Selon Steve Bauer, il faut chercher à recruter parmi des jeunes qui pratiquent déjà un sport et au Canada, ce sport est souvent le hockey. C’est une excellente idée selon moi. Objectif pour 2012: recruter six jeunes hockeyeurs pour en faire progressivement des cyclistes de haut niveau.

Peut mieux faire

Une véritable équipe canadienne pourrait offrir un site internet bilingue… SpiderTech y a pensé, mais la version française n’est pas encore tout à fait au point. Laissons-leur encore un peu de temps.

Chasing Legends: une critique

Une bonne partie de la communauté cycliste de l’Outaouais s’était donné rendez-vous mercredi soir dernier à la seule présentation du film Chasing Legends qui raconte l’expérience de l’équipe HTC-Columbia sur le Tour de France 2009.

Petite critique, en style télégraphique. 

Les plus

Le rythme. Le film sait retenir notre attention du début à la fin. La musique, poignante par moment, assiste bien les images qui défilent sans temps mort.

Les clins d’oeil au passé. C’est ainsi qu’on fait intervenir à quelques moments bien choisis Eddy Merckx et Pierre Cognan, 97 ans sonnés et 7e du classement général du Tour… 1950. Bien fait.

La description du travail d’équipe. L’importance du travail d’équipe dans le cyclisme professionnel est souvent sous-estimée. Le film a le mérite de bien faire ressortir cet aspect, montrant bien que chaque membre d’une équipe cycliste a un rôle bien précis à jouer et que sans lui, l’équipe ne peut prétendre à atteindre ses objectifs.

Les moins

Quelques clichés. On en retrouve plusieurs durant le film, et ceux-ci viennent souvent de la bouche de Phil Liggett et Paul Sherwen, les principaux narrateurs du film. On en "beurre" parfois épais… notamment sur les risques d’une descente de col. Z’avez déjà essayé de descendre la piste de Kitzbuehel à 145 km/h sur des skis comme le font les meilleurs descendeurs du monde ? Ca donne une autre perspective à nos descentes de cols ou le temps de réaction se compte en secondes plutôt qu’en centièmes de seconde… Ces clichés sont malheureux car le film perd ainsi une part de sa crédibilité.

Le manque d’information sur la vie quotidienne d’un coureur du Tour. Ainsi, la journée d’un coureur n’est pas bien présentée. À quelle heure se lève-t-il ? En quoi consiste précisément son alimentation ? Ses soins médicaux ? Sa préparation mentale ? Quel rôle pour les médecins, les soigneurs d’équipe, les préparateurs physiques ? Quelles sont ses obligations envers ses sponsors ? En quoi consiste sa récupération après l’étape ? Quel usage des baignoires ? Les services qu’il peut obtenir dans le bus d’équipe ? Quels sont les effets sur l’organisme de trois semaines de course à ce niveau ? Bref, on aurait aimé plus de détails sur la logistique entourant la vie d’un coureur du Tour.

La couverture des clm. Il est beaucoup question, dans le film, des sprints. Il est aussi question, mais un peu moins, de la montagne. Il est peu question des clm (hormis celui par équipe), de l’effort que ces derniers exigent, de la concentration mentale qu’il convient d’y avoir et de la douleur qu’il faut supporter pendant de longs kms. Le dernier clm d’Annecy lors du Tour 2009 aurait été l’occasion d’en dire plus à ce sujet. 

En somme

Un bon film que tous passionnés de cyclisme apprécieront. J’avais aimé, à l’époque, Road to Paris avec l’équipe US Postal pour la description de la vie d’une équipe pro durant les 6 mois précédent le Tour. J’ai moins aimé Hell on Wheels et encore moins Road to Roubaix. Parce qu’on ne s’en lassera pas très vite, Chasing Legends est à classer dans les films qui valent la peine d’être achetés pour l’avoir à la maison, au même titre que d’autres dont The Flying Scotsman ou Overcoming.

Trois grandes performances

Ce n’est pas tous les jours que ca survient : il me fait plaisir de signaler trois grandes performances survenues ces derniers jours.

La première, c’est le record du monde de la poursuite individuelle sur 4000m. Personne n’avait encore roulé plus vite que Chris Boardman dans cette épreuve mythique : 4min11sec114. Boardman avait réalisé ce temps-canon dans la position "superman" développée par un autre grand pistard anglais, Grame O’Bree. Le record tenait depuis… 15 ans.

Le jeune (21 ans !!!) Australien Jack Bobridge, récent champion d’Australie sur route, vient de faire mieux: 4min10sec543. En position classique de clm. Près de 60 km/h de moyenne. Holly shit !

Voilà une confirmation de la caisse de ce bonhomme, grand espoir du cyclisme australien. Mes respects.

La deuxième, c’est l’entrevue qu’a accordé Christophe Bassons en réaction aux récentes déclarations de Floyd Landis. Il faut lire cette entrevue d’un ex-coureur professionnel qui a préféré dire "non" au dopage, d’un coureur doté de moyens physiques exceptionnels mais qui n’a pas pu les exploiter convenablement justement en raison du dopage des autres. Floué, il aurait le droit d’être remonté envers le cyclisme professionnel, envers les années Armstrong, envers l’UCI et envers le système qui l’a ostracisé voire parfois ridiculisé.

Au lieu de ca, Bassons s’efforce de comprendre les raisons motivant les gens à se doper, et pose clairement sa position: il ressent de la frustration seulement si le comportement des autres le prive de vivre sa vie à lui. Ce faisant, il nous explique pourquoi le dopage est et demeurera inacceptable.

Tous ses commentaires témoignent d’une maturité impressionnante. Témoignent également que Bassons ne prend personne pour un con, et qu’il ne prend personne de haut. Loin de revendiquer ce statut de "coureur propre", il se dégage au dessus de la mêlée. Un exemple.

La troisième, c’est le titre de champion du monde de poursuite 30 kms décroché par… le fondeur Alex Harvey chez les moins de 23 ans. Il s’agit du premier titre de champion du monde du Canada dans le ski de fond. L’exploit est exceptionnel, d’ou cette digression exceptionnelle sur La Flamme Rouge pour couvrir non pas du cyclisme, mais bien du ski de fond. J’aime Alex Harvey, j’aime son attitude, j’aime son approche du sport et de la vie, j’aime sa modestie, j’aime sa capacité de prendre chaque chose en son temps, j’aime son ascension régulière, solide, j’aime sa confiance en lui, j’aime enfin son père Pierre pour ce qu’il sait apporter et ne pas apporter à son fils. Réussir dans un sport comme le ski de fond – ou le cyclisme – au Canada témoigne d’une volonté hors du commun. Chapeau bien bas. Une inspiration.

Vêtements cyclistes: what’s in, what’s out in 2011

Les vêtements cyclistes sont en constante évolution. Pourtant, certains d’entre nous, moins attentifs aux détails qui font la différence, sont peu au courant de ces changement en matière de bonneterie qui améliorent notre confort et nos performances. Petit tour d’horizon de ce qui est in et ce qui est out en 2011 concernant les vêtements cyclistes.

What’s out

1 – les maillots relâchés, presque bouffants, avec de grosses coutures pour terminer les manches ou le bas du maillot. Des maillots qui "flottent au vent", en 2011, c’est ringard.

2 – les side panels de couleurs. Les nouvelles équipes pro (Sky, Saxo, Leopard, HTC, etc) n’utilisent plus de side panels de couleurs sur les maillots et les cuissards. On préfère maintenant des maillots plus "homogènes", moins découpés de multiples pièces de couleurs. Un exemple d’un maillot out ? Celui de l’équipe Lotto.

3 – les "elastics grips" comme bandes anti-remontée des cuissards. 

4 – les imprimés. Exits les tissus travaillés, composés d’imprimés dans le background, un peu comme le maillot de la "Mercatone Uno" en 1997 ou 1998.

5 – le velcro pour "fermer" les gants cyclistes

6 – les soquettes courtes

7 – les couleurs fluos, pétantes

What’ in

1 – la compression ou appelé autrement, le body fit. Des maillots très ajustés au corps, très moulants. Pour la thermorégulation, plus efficace dans ces conditions. Pour le confort aussi. Un exemple de tels maillots : Saxo Bank en 2010. Le vidéo ci-bas vous permettra de mieux comprendre.

2 – les manches serrées, plus longues (presqu’au coude dans certains cas!) et qui se terminent par de larges bandes compression anti-remontée. Confort accru, sensations plus intéressantes. 

3 – le blanc. Surtout pour le maillot. Et accessoirement pour la selle.

4 – le noir. Surtout pour le cuissard. 

5 – les tissus francs ou pleins, exempts d’imprimés ou de motifs quelconque en background. 

6 – les bandes de compression anti-remontée pour les cuissards. Plus confortables et plus jolies au look puisqu’elles permettent une touche de couleur supplémentaire pour "ceinturer" le bas de la cuisse.

7 – les gants élastiques, sans velcro. Là encore, plus confortable, plus lean.

8 – les soquettes hautes, qui mettent en valeur le bas de la jambe. 

Des exemples de ces récents développements sont visibles dans le video ci-bas ainsi que chez Louis Garneau, notamment via son maillot "mondo" Europcar.

Vidéo du GP La Marseillaise

Page 2 of 2