Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Le brulôt Ducoin

Lance Armstrong. Il y a les pour, il y a les contre.

Pour Jean-Emmanuel Ducoin, c’est très clair: il est contre. Farouchement contre.

Le rédacteur en chef du journal français L’Humanité s’est manifestement fait plaisir dans son ouvrage intitulé "Lance Armstrong, l’abus!" publié cette année aux éditions Michel de Maule. Véritable brulôt, cet ouvrage est un coup de gueule tout personnel à l’encontre de ce qui ne va pas dans le cyclisme, du moins selon lui.

Divisé en 7 parties, le court ouvrage de 92 pages est bien écrit, dans un style vivant et direct. Ici la langue de bois, connaît pas ! C’est ainsi que dénonçant l’abus – le retour de Lance Armstrong dans le peloton – l’auteur n’épargne surtout pas les principaux acteurs du cyclisme, en premier lieu ceux qui oeuvrent au sein même des grandes instances dirigeantes du sport: l’UCI bien sûr, et ASO aussi. Même Eddy Merckx y passe, l’auteur écrivant à son sujet "Complice, le ci-devant Eddy Merckx, légendaire figure devenue pâle devant des enjeux qui le dépassent, présent à côté d’Armstrong lors d’une conférence de presse en septembre 2008. Le Cannibal (sic), plus ahuri que jamais, venu adouber la com’ du re-revenant. Mangé tout cru, le Belge. Largué. Lui qui, jadis, ne laissait que des morts sous ses roues, le voilà devenu bouffon d’un roi inventé pour les ménagères de plus de 50 ans branchées sur Discovery Channel." Un brulôt, vous dites  ? Le mot est faible…

L’auteur s’attache quand même à présenter certains faits troublants mais connus concernant Lance Armstrong, notamment ses casseroles dopage et les spéculations sur son poids de forme. L’auteur s’attarde aussi aux louvoiements récents d’Armstrong, notamment l’épisode avorté du fameux "programme anti-dopage le plus complet et le plus transparent de l’histoire du cyclisme" sous la direction de Don Catlin qui, devant les caprices et le manque de coopération de l’athlète américain, s’est enfui en courant, estimant que sa crédibilité scientifique était menacée à vouloir travailler avec pareil gigolo.

Pour le lecteur averti, le rappel de tous ces faits est un peu fastidieux, tout cela étant archi-connu. Dans ce contexte, le réel intérêt de ce livre réside dans l’opinion même de l’auteur, de même que dans ses réactions enflammées.

On pourra aussi reprocher à l’auteur la glorification de la vieille époque du Tour de France, glorification présente tout le long de l’ouvrage, d’ailleurs dédié à la mémoire de Jacques Anquetil. Anquetil lui-même n’a pas caché s’être dopé durant sa carrière, même si ce dopage n’était pas du même ordre que le dopage sanguin actuellement en cours. Autre époque, autres moeurs ? Pas tant que ca, M. Ducoin !

Quoi qu’il en soit, dans une époque où le politically correct domine, où la saine critique qui permet l’amélioration est souvent contestée par des gens de peu de jugement qui n’ont d’autres arguments que d’y voir, sans fondement bien sûr, une forme de négativisme, dans une époque ou le simplisme et la veulerie dominent à outrance, le regard et l’opinion acérée de Jean-Emmanuel Ducoin a le mérite de faire du bien. 

En ce sens, ce livre vaut la peine d’être lu comme on lit un éditorial dans un grand journal: afin d’éclairer et de nourir notre propre opinion.

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12 Commentaires

  1. Batrick P

    Contre la langue de bois, il reste des communistes…
    La chute des Tsars et la chute du Mur, deux évènements historiques du XXème siècle, et la chute du Boss, c’est pour quand?

  2. plasthmatic

    Voilà que Patrick, tu prends ton petit-dèj au triple calva maintenant, et que tu nous fais des aphorismes ! Ils seraient communistes, les journalistes à l’Humanité ?
    Mais c’est vrai, c’est vrai que la parole totalement libre, on pouvait la lire dans le journal officiel. La preuve? Son intitulé, tout simplement : la Pravda, la Vérité, the Truth.

    « L’échec » de ce genre de livre (ce n’est pas une contestation de la raison d’être de celui-ci), c’est que ceux qui dénoncent les systèmes en général ne sont pas ceux qui détiennent des leviers. Soit ils sont en dehors, soit ce sont d’anciens, des pseudo repentis. Pour ces derniers, étonnamment la langue de bois se mue en parole libre sitôt qu’on n’a plus rien à perdre. C’est comme les aveux douze ans après. « Moi je dis » : pour leur confession, zont qu’à patienter un peu et s’adresser à Saint-Pierre le moment venu. Même Eric Zabel, qui n’a donné aucun gage de réelle probité dans sa démarche, la période de prescription était engagé … « Même Eric Zabel », parce que je l’aime bien, et qu’il a pratiqué vraisemblablement le vélodopage honnêtement. A la limite, on ne peut que lui reprocher ses aveux ! Non ?
    Mais informer c’est déjà faire. S’il y a vraiment info.

  3. regis

    Un livre certainement sans interet ecrit par quelqu’un qui veut se faire mousser.
    Rien de nouveau car sport de haut niveau = pognon = dopage et cela dans tous les sports.
    Mais si on peut se faire un peu de fric en tirant sur l’ambulance c’est bien non !!!!

  4. alain39

    Je trouve l’argumentaire sur les motivations purement mercantiles des rédacteurs des ouvrages sur le dopage assez fallacieux.
    Tout le monde sait que ce type d’ouvrage ne rapporte pas grand chose.
    Et puis ceci ne répond pas à la problématique et semble faire bien peu de cas de l’importance prise par le dopage dans le sport.
    Tout ceci relève du procès de mauvaise intention et surtout génère une paralysie.
    Il est manifeste que Armstrong a une sacré passif en matière de dopage et que sa chance aura été de courir à une époque où les contrôles étaient pas très performants.
    Qui plus est, il faut reconnaitre que ce dernier est loin d’être stupide et qu’il a toujours su bien s’entourer et manier avec dextérité les médias et l’UCI.
    Plus qu’un champion nous pouvons admirer chez Armstrong un stratège en communication, business et manipulation.
    Quelque part nous devons bien lui reconnaitre ces qualités si nous voulons conserver notre honnêteté.
    Ceci étant, il s’agit d’un réel faizant qui a dupé ses admirateurs.
    Au moins ce livre a le mérite de rassembler toutes les informations sur Armstrong et quelque part de faciliter la lecture du personnage.
    Autrement je constate que Laurent a replongé dans le dopage et que le défi de octobre 2009 n’est plus d’actualité. Sage décision car à mon sens la source n’est pas encore épuisée.

  5. Batrick P

    L’UCI n’aurait pas couvert le contrôle anti-dopage positif de Lance Armstrong en plein Tour de France 1999 que son retour aurait fait pshitt et la récente histoire de cette épreuve en aurait été bouleversée. La chance de Lance Armstrong que tu décris, Alain, n’aurait pas eu lieu d’être. Les contrôles étaient suffisants, mais ils ne le furent pas!

    Laurent, il est écrit « La Flamme Rouge s’engage enfin à ne jamais divulguer publiquement votre adresse email ». Le « publiquement » n’est-il pas de trop?

    Je ne sais si ça va allumer le feu, mais je me jette: je n’achèterai pas le livre de Ducoin. Car je crains qu’il ne m’apporte rien que je ne sache déjà. Communiste, l’auteur, je ne sais pas, Plasthmatic, mais tout au moins ne se déclare-t-il lui pas un « soldat de l’antidopage ».

    Certains ne le sont pas, communistes. Comme notre double champion olympique de judo David Douillet ( http://bibliobs.nouvelobs.com/20091104/15693/david-douillet-naime-
    > pas-les-tapettes?idfx=RSS_notr&xtor=RSS-17 ). Notre néo-député, hombre!, mène actuellement en France une rude bataille pour que les sportifs (dont les cyclistes, ils sont loin d’être les plus concernés mais ils le sont tout de même) continuent à payer moins d’impôts que les autres citoyens; seigneurs.

  6. alain39

    Personnellement j’ai le sentiment que ce livre tel qui résumé par Laurent est plus une chronologie des avatars que Armstrong a commu lors de sa carrière en matière de dopage et autres coups bas.
    Quelque part celà a du sens tant il a multiplié les affaires.
    C’est un peu comme avec sarko qui a force de multiplier les scandales et bourdes finit par saturer les médias et à la fin on en perd la mémoire.
    Quelque part cet exercice de mémoire n’est pas inutile et ce deviendra encore plus pertinent avec les années.
    Même des passionnés comme les lecteurs de FR finissent par s’embrouiller et si on demandait à chacun de nous un résumé de l’affaire puerto je suis certain qu’il y aurait presqu’autant de versions que de lecteurs tant cette affaire traine en longueur.
    Si une chose me fascine chez Armstrong c’est sa malice quasi animal. Cet instinct qui lui permet de trouver la parade et de savoir jouer sur tous les registres.
    Tantôt agressif, tantôt humaniste, tantôt passionné, tantôt businessman etc…
    Il affiche plusieurs facettes qui alternent des caractères opposés, puisqu’il peut être successivement le bon père de famille et ensuite le coureur de jupons, le compétiteur loyal pour l’instant d’après se transformer en affreux truqueur.
    Son retour axé sur la lutte contre le cancer reste quelque part son chef d’oeuvre. En effet, outre l’aspect financier avec une association à but lucratif elle lui permet de se donner une dimension humaine.
    Je vais oser écrire quelque chose qui va certainement heurter les âmes sensibles mais quelque part son cancer a été la meilleure chose qui lui soit arrivée.
    Car il a réussi à s’en faire un allié pour d’une part améliorer ses performances et d’autre part le transformer en redoutable outil de communication et de protection contre les attaques.
    C’est un véritable exploit en soi et personnellement j’en reste admiratif.
    Loin de moi l’idée de me réjouir de ses souffrances passées en chimio ou encore de lui souhaiter du mal mais force est de constater que la maladie l’a rendu plus fort, plus charismatique, plus médiatique.
    C’est la preuve d’un énorme caractère et d’une certaine manière il mérite sa place au panthéon du cyclisme pour cette qualité.
    Quelque part, et les lecteurs savent que je ne porte pas Armstrong dans mon coeur, il est devenu dans l’inconscient de chacun l’icône de la victoire sur la maladie et plus généralement sur tous ces aléas qui nous empêchent de concrétiser nos rêves.
    Dommage que son âme soit si peu noble et que tous ses efforts déployés ne sont que dans un but égoïste et animé par la plus pure cupidité, sinon Armstong serait le plus grand cycliste de tous les temps.
    Une belle fake mais une fake tout de même.
    Alors tout ce que l’on peut écrire pour nous en dire plus sur ce personnage oh combien rocambolesque n’est pas pour me déplaire même si quelque part ça nourrit la légende.
    Peut être qu’un jour la vérité sera restituée et alors il restera comme le plus grand manipulateur que ce sport aura connu.
    ceci étant, il voulait laisser une marque dans l’histoire de se sport et c’est mission réussie.

  7. rolan

    En résumé Armstrong est un grand champion et en cyclisme ça ne pardonne pas. C’est pas plus compliqué que ça.

  8. alain39

    Peut être le 1er champion d’une nouvelle génération où la couverture médiatique prime les résultats et comment ils ont été obtenus.
    Sa faculté à utiliser tous les médias est incroyable.
    je me rappelle cette photo prise durant transfert en avion lors du tdf où Armstrong son lap-top sur la tablette de son fauteuil correspondait sur twitter alors que Contador derrière lui lisait le journal.
    Tout un symbole.
    2 visions différentes du cyclisme. Le 1er en a fait son business et utilise ses résultats et sa popularité comme assets (investis dans d’autres activités) alors que le second se comporte un peu comme un salarié et vit uniquement de son métier.
    Avec Armstrong il n’y a pas de reconversion car elle est depuis très longtemps planifiée.
    Et d’ailleurs un peu comme Lauda en son temps qui était revenu en F1 pour renflouer sa Cie aérienne Armstrong est revenu pour regonfler sa popularité et mieux faire prospérer son business.
    Car il le sait parfaitement son fonds de commerce est sa popularité (bonne ou mauvaise quelque part) et non pas seulement son palmarès.
    Sans elle il n’est plus rien. Comme c’est par le sport qu’il la tient il a donc été obligé de rempiler.
    Nous sommes loin des Merckx et autres champions et franchement faute de dispsoer de la même mentalité ils se font totalement enfûmer par Armstrong qui les utilisent à tour de rôle soit pour entretenir sa popularité soit dans le cadre de son business.
    Un exemple éloquant, Fignon souffre d’un cancer eh bien dans une interview juste avant le tdf il avouait ne pas avoir été contacté par Armstrong. Pourtant Alain gallopin ami de Fignon officiait chez Astana ce qui pouvait aider à entrer en contact avec Fignon.
    Un comble quand on pense que justement son retour avait trait à la lutte contre le cancer et pourant il n’a même pas pris soin de passer un coup de fil.
    Lequel Fignon avait de son temps reçu Armstrong chez lui lorsqu’il souffrait de son cancer.
    Armstrong a dû considérer à tort ou à raison que de la compassion à l’égard de Fignon n’était pas un « investissement » assez rentable pour sa popularité.
    Ben oui Fignon n’est qu’un petit entrepreneur d’un gîte cycliste basé dans les Pyrénées.
    Pas de quoi casser 3 pattes à un canard surtout si il se rappelle qu’à son époque Fignon était moins populaire que Hinault ou encore Lemond.
    En résumé selon les critères de Armstrong fignon entrait dans la catégorie des has been.
    La franchise de Fignon opposée au glacial opportunisme et savants calculs de Armstrong.
    Merckx était le cannibale; Armstrong est le 1er requin du cyclisme.

  9. plasthmatic

    Eh oui mon pauvre Alain, tout comme on met une énergie dingue à savoir si saint-nicolas était au pied du mur quand il a basculé, et pas une seule seconde à donner du sens, historique, et plus encore, à ce que ça aura signifié. Le symbole réduit à un gadjet médiatique. Gorbatchev dans tout ça ? Les mecs au goulag et ceux passés dans les pattes de la Stasi ? Les mecs de Solidarnosc, dirait peut-être Patrick ? Bof, pas rentable. C’est qui d’ailleurs ?
    Va falloir t’y faire Alain. Et moi avec. Ou pas.
    PS : belle phrase de conclusion de ton commentaire.

  10. Batrick P

    On serait même pas loin de penser que De Gaulle a saboté les transports allemands, Churchill était un héros de la bataille (aérienne) d’Angleterre, Staline tenait bon à Stalingrad, Jean-Paul 1er distribuait des tracts anti-Jaruselski dans les rues de Varsovie, Eltsine (à peine sorti du Politburo) debout sur un char menait le combat pour la défense d’une Chambre démocratique à Moscou, Bruyneel a tenu bon face aux Schleck sur la route du Grand Bornand, McQuaid a coulé le cyclisme contre Patrice Clerc.
    Personnfie, personnifie, il en restera toujours rien du tout.
    Il y a bien longtemps que n’est pas sorti un bon livre sur le… cyclisme, hormis quelques BD.

  11. colt seevers

    Il s’est fendu d’une ligne sur twitter à propos de Fignon pour lui manifester son soutien. « J’envoie mes meilleurs (voeux) à Laurent Fignon chez qui on a diagnostiqué un cancer. Un ami, un grand homme et une légende du cyclisme. Vis pleinement (« Livestrong », du nom de sa fondation de lutte contre le cancer) Laurent »

  12. alain39

    Quelques lignes sur twitter quel témoignage d’intérêt.
    Personnellement comme des centaines d’anonymes, j’ai envoyé aussi un message au Centre Laurent Fignon pour lui souhaiter bon courage dès que j’ai appris cette mauvaise nouvelle.
    On aurait pu attendre plus de la part d’Armstrong qui a fait de la lutte contre le cancer son cheval de bataille et qui connait Fignon bien mieux que nous.
    Il y chez Armstrong ce que l’on déteste le plus chez les américains à savoir cette fausse sympathie qui cache un profond égoïsme, une suffisance et une cupidité sans limites.
    C’est malheureux qu’il soit devenu un symbole et comme le faisait remarquer PatrickB si il avait été épinglé en 99 il n’aurait jamais connu ce succès.
    Au musée grévin du cyclisme il peut siéger avec le titre du plus grand usurpateur et manipulateur du cyclisme moderne.
    Enfin nous avons les héros que notre société mérite.

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