La Flamme Rouge continue aujourd’hui sa couverture du Grand Prix de Beauce, ce fleuron du cyclisme québécois.
Bruno Langlois. Qui, au Québec voire en Europe, ne connait pas ce guerrier du cyclisme? Le flahute du Québec!
Un gros moteur. Une motivation indestructible, année après année. Un sens tactique peu commun lorsqu’il est en course. Bruno Langlois vient de s’échapper? You’re in trouble young man! Va falloir cravacher pour le revoir avant l’arrivée, celui-là!
« Retraité » du peloton élite depuis la saison dernière, Bruno priorise désormais son entreprise et son site, Vélo Cartel à Québec. On l’a également vu sur des courses de gravel bike, son nouveau dada, et notamment récemment sur celle près d’Ottawa, qu’il a gagné bien sûr.
C’est dire que Bruno n’avait pas la tête au Tour de Beauce cette année.
Et pourtant.
Par un incroyable concours de circonstance, et aussi un peu de chance (…), Bruno a pris hier le départ de son… 21e Tour de Beauce! Vous avez bien lu: son 21e. Autrement dit, sa première participation à l’épreuve remonte à 1997.
Bruno et moi avons eu beaucoup de plaisir hier soir à échanger au téléphone. Retour sur sa journée folle qui l’a conduit à finir… 4e de l’étape d’hier.
Mardi 18 juin, Québec, 17h: cool, je coach mon équipe de filles. Gros training d’ailleurs, VO2max en montée.
18h: événement Peppermint-Vélo Cartel, pis encore du coaching. Tiens, JF Racine a tenté de me rejoindre trois fois sur mon cell.
19h: il insiste, ce JF. Ces journalistes… bon, une autre gorgée de bière pis je l’appelle.
19h03: (JF): Bru, le Team Brunei ont juste trois coureurs pour demain, il leur en manque un car sans un 4e, ils peuvent pas prendre le départ. Ramène-toi! Départ de l’étape 10h.
19h04: Es-tu malade JF! Oublie ca, mon bike de route a même pas de pédalier!
19h04: (JF): aweye Bru, let’s go. Organise-toi.
19h05: hey les boys, savez pas la meilleure? Z’ont besoin d’un coureur en Beauce! (les chums): go Bru, on s’occupe de ta business. Tin, prends une autre bière, tu vas ben finir par accepter!!!
Une bière plus tard: Encore le téléphone qui sonne… Allo? Directeur sportif de Team Brunei? Besoin de moi? Bon bon, faut que je me branche.
21h et plusieurs appels plus tard: call une pizza chez Normandin, faut checker mon pédalier si je pars.
21h30: criss de pédalier, le DI2 marche pas.
21h35: (mon chum): Bru, t’as pas fait tes mises à jour logicielles! Pis by the way, t’as pas fait ton lavage non plus…
23h50: bon, ca devrait aller pour le bike. Sti, j’ai pas les jambes rasées, peut pas y aller d’même.
1h du mat: bon, mes affaires sont prêtes. J’pense. M’semble qui manque quelque chose.
7h (le lendemain): sti, j’ai pas mes souliers de bike.
8h: criss de traffic de Québec…
8h30: Sur le Pont de Québec. Va falloir mettre le 11 dents pour être au départ de l’étape à St-Georges à 10h mon Bruno parce que là, t’es pas en avance…
9h10: St-Georges. On time, on schedule, under budget. Elle est où, l’équipe du Brunei? Ma licence? Mon dossard?
9h40: une chance que t’étais là Christian pour checker last minute mon bike. Entrevue Facebook live, ok, ben correct.
10h: first line on the start. C’est parti!
11h: ca roule vite!!! Grosse première heure de course. Mon Garmin… plus de 350 watts normalisés… pis je pèse combien donc? Ha oui, 145 livres. Criss, ca peut ben faire mal aux jambes.
11h05: bon, tout le monde a l’air au taquet, sont tous ben écoeurés que ca attaque sans arrêt depuis une heure. C’est le temps d’y aller!
11h06 (radio tour): attaque de Bruno Langlois!
11h07: belle échappée de quelques coureurs, ca peut le faire.
12h: ben non, repris par le pack. Pas grave, vous allez apprendre à me connaître, je remets ca plus tard… et pas question de me faire dropper du premier groupe.
13h45: ca roule vite… on joue l’étape… Zukowsky me semble bien dans mon groupe de tête. Let’s go, j’prends mes relais pour que ca marche. Mais au sprint, les coureurs qui m’entourent sont plus forts que moi. Faut que je les surprenne.
13h57: attaque de Bruno Langlois aux 300m.
13h58: repris, ca se joue au sprint. Je termine 4e de l’étape. Une grosse étape d’après mon Garmin: plus de 4h de bike, watts normalisés en haut de 310 watts. Ouf, j’veux pas penser à l’étape du Mont Mégantic demain… pis pas de massage ce soir… Mais j’me suis vraiment fait plaisir aujourd’hui, faisait beau, j’étais devant, et les jambes étaient bonnes. C’est juste l’fun, le bike!!!
Bruno Langlois, le Dominique Michel du Tour de Beauce… 2019 est son dernier… jusque l’an prochain pour son 22e!
Suivez Bruno au Tour de Beauce, il m’a promis qu’il allait remettre ça à un moment donné. Les étapes de la fin de semaine prochaine lui conviennent bien. La préparation sera en tout cas idéale en prévision des Championnats canadiens, également à Saint-Georges de Beauce, dans une semaine. Il sera un client.
Pis ca a l’air que j’me suis trouvé un ticket pour une grosse ride à Québec cet été avec lui!
Mes remerciements également à Guy Thibault pour plusieurs informations. La grosse ride à Québec Guy… partant? On pourra marier EPIC et EPI…
jocleb
Très impressionnant Bruno et toute une carrière !
missbecaneenfolie
Comme on dit: » Il y en a qui prenne le train, d’autres qui le regardent passer et parfois, ceux qui ne savent pas qu’il existe! ». Langlois ne prend pas le train, il est la LOCOMOTIVE qui amène le train (de l’échappée hier, par exemple). Mais n’a-t-il pas gagné le vrai sprint, celui de participer, acceptant une invitation de dernières heures, la veille au soir? Motivé, courageux, acceptant une opportunité, comme un chat qui retombe sur ses pattes. Bravo pour les vrais mordus du vélo!
Et le Mont-Mégantic lui permettra de déployer ses ailes (d’ange à la Gaul?) vers un horizon encore plus céleste!
Forza Coppi! Forza Pantani! Et maintenant, FORZO Bruno Langlois!
Thibault
Excellente chronique Laurent; bravo à toi et Bru! Et oui, très hâte de rouler avec vous à Québec.
G.lambert
Je m’étais fait la réflexion en regardant la liste des engagés. Pas de Bruno cette année.
On m’aurait menti!
Go Bru Go!!?!
Bigmouse
Cool un article en VO😉
Marc
Génial! Un texte sympathique et positif – inspirant! La passion du cycliste (et de notre ami blogueur) est hyper palpable et contagieuse. Merci
Edgar Allan Poe
Le paradoxe bien connu des cyclistes : tout est prêt, tout à été anticipé, préparation au top, sommeil, matériel…et le jour J, c’est moyen.
A l’opposé, le départ pris à l’arrache, le dérailleur pas très bien réglé, la junk-food des jours précédents, le manque ou l’absence d’échauffement, ..et la grande forme dès le début de la course!
Selsien
Déjà lu kèk part qu’on jouait au hockey.. qu’on jouait au baseball, au footbal, etc…. mais que le vélo était un sport de souffrance et de dépassement et blablabla… Merci M.Langlois de démontrer qu’on pouvait jouer au vélo. C’est mon opinion.
Sylvie
Ici, on a une version de rapporté.
Là, on a l’autre version
https://medium.com/@GKam84/my-statement-on-what-happened-at-tour-de-beauce-cc21102a9098
« My statement on what happened at Tour de Beauce »