Il y a un petit moment que je fouillais le web pour documenter un article sur les lieux de fabrication des cadres carbone, ainsi que leur coût de revient.
En effet, vous êtes nombreux à me poser des questions quant à la qualité des cadres carbone, de même que sur leur rapport qualité-prix.
Je suis récemment tombé sur cet excellent petit texte publié sur le site de l’Union Sportive Rehonnaise, un club très probablement de la petite ville de Rehon en Meurthe-et-Moselle, tout près de la frontière avec le Luxembourg et la Belgique.
Cet article comporte un tableau très intéressant nous proposant le lieu de fabrication des cadres carbone des plus grandes marques de cycles actuelles. Et l’article confirme la tendance largement véhiculée: la très vaste majorité des cadres carbone de vélo provient en fait de Taiwan ou de Chine. Très peu sont fabriqués à l’extérieur de ces deux pays. Parmi ces exceptions, on note les cadres Cipollini, fait en Italie, les cadres Time et Cyfac, fait en France et les cadres Look, fait en Tunisie.
L’article confirme également que certaines compagnies de fibres carbone taïwanaises ou chinoises fabriquent des cadres vendus à plusieurs sociétés européennes ou nord-américaines. Ainsi, votre cadre Scott payé à prix d’or est peut-être le même qu’un cadre d’une marque moins connue, au marketing moins agressif et donc vendu moins cher. Pas sorcier par ailleurs à deviner, certains cadres sont strictement identiques à l’oeil!
Enfin, le prix. Là encore, l’article confirme ce que j’ai toujours pensé: le prix de revient d’un cadre carbone est très éloigné de son prix de vente. La plupart de ces cadres carbone sont facturés autour de 400 à 500$ pièce par les sociétés qui les fabriquent en Asie. Par exemple, Pinarello paiera ses cadres Dogma 65.1 environ 500$ chez Torayca. Il faudra ensuite les peinturer en Italie, puis éventuellement les assembler. Et on vous les revend autour de 5000 à 5500$ le cadre peinturé, seul… mais embelli d’une déco tape-à-l’oeil et d’auto-collants vantant les mérites de tel ou tel concept…
Les marges de profit sur cadres carbone sont donc titanesques au sein des compagnies de vélo actuellement. Voilà qui explique pourquoi certaines sont aujourd’hui – plus que jamais auparavant – capables de financer à elles-seules, ou presque, des équipes World Tour: Giant-Shimano, Trek Factory Racing, BMC, Cannondale, et il y a quelques années Cervélo.
Voilà surtout pourquoi elles peuvent se permettre de couvrir les défauts de fabrication si facilement. Certains coureurs de mon entourage en sont à leur… 3e cadre sous garantie d’une même compagnie en quelques mois, les deux premiers ayant soit fissurés, soit présentés des défauts de fabrication. Qu’à cela ne tienne, les compagnies ont fourni un nouveau cadre (gratuit) sans trop de discussion, une fois le problème évidemment reconnu. C’est leur jeu actuel: ces compagnies – même les plus prestigieuses – préfèrent assurer un minimum de contrôle de qualité et mettre les produits en circulation, quitte à devoir plus tard les remplacer. Ce qui permet de faire cela? La marge de profit mirobolante réalisée sur le vélo lors de son achat!
Bref, je suis d’avis depuis longtemps qu’un cadre carbone à 5000$ ne reflète en rien les réels coûts de fabrication. Certains évoqueront les travaux en recherche et développement pour justifier de tels coûts. Difficile à croire que la facture puisse augmenter de telle sorte avec la R&D seulement, surtout considérant les volumes! La vraie raison de tels prix est selon moi 1) la recherche de profits 2) financer un marketing qui devient de plus en plus omniprésent (faut voir les efforts mis par les marques-phare de vélos – Pinarello, Bianchi, DeRosa, Trek, BMC, Giant, etc. – sur les sites web et sur la publicité via de multiples médiums) et 3) la capacité d’honorer les remplacements de cadres sur le volume produit, les contrôles de qualité étant minimaux.
Quoi qu’il en soit, je vous invite à lire l’article publié sur le site de l’Union Sportive Rohannaise, c’est très intéressant.