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Hayman: « Je suis désolé d’avoir gagné »!

Sans le savoir, Mathew Hayman résume peut-être ainsi le sentiment de beaucoup de gens, qui auraient plutôt souhaiter voir Tom Boonen entrer dans l’histoire du cyclisme en devenant le seul coureur à remporter cinq Paris-Roubaix.

Tom Boonen la méritait en effet cette victoire, tant il a été volontaire et actif dans les 70 derniers kms de la course (« J’ai roulé pour gagner » a-t-il déclaré à l’arrivée, c’est tout à fait ça). Il a peut-être mal joué son sprint: légèrement enfermé aux 300m, il a choisi de déboiter à droite de Hayman, choisissant du coup un plus long chemin jusqu’à la ligne. Il avait la place pour passer à gauche, et je pense que c’eut été mieux.

Boonen pourra toutefois revenir l’an prochain.

Chose certaine, ce fut un Paris-Roubaix passionnant jusqu’à la toute fin: bien malin qui aurait pu dire le nom du vainqueur à 10 bornes de l’arrivée! Les cinq coureurs échappés – Boonen, Hayman, Stannard, VanMarcke et Boasson Hagen – ont chacun essayé, sans succès, et il était évident qu’ils étaient tous bien rincés dans les derniers hectomètres.

Je pense toutefois que la victoire d’Hayman est celle de l’économie, c’est de loin celui des cinq qui est le moins passé dans le final. Déjà content d’être là avec les quatre autres, il avait en quelque sorte le « droit » de moins passer, les autres coureurs avec lui étant d’une plus grande pointure: à eux d’assumer la responsabilité de la course.

Et puis, Mathew Hayman est un homme de Paris-Roubaix, sa course préférée: il en était hier à sa 15e participation, et il a à chaque fois vu le vélodrome de Roubaix. À 37 ans, c’est aussi une belle récompense qui vient couronner une longue carrière professionnelle passée le plus souvent au service de ses leaders.

C’est le vidéo « Backstage Pass » de l’équipe Orica-GreenEdge sur ce Paris-Roubaix qui sera très intéressant à regarder très prochainement! En attendant, voici celui tourné sur le Tour des Flandres.

On pourra aussi dire que Hayman et Boonen n’ont pas su éviter le retour des trois autres à 1,5km de la ligne, alors que Boonen était revenu sur Hayman qui avait attaqué sur le dernier petit secteur pavé de 300m. Il aurait été plus simple de gérer un sprint à deux plutôt qu’à 5 sur la piste de Roubaix, Boonen affirmant d’ailleurs avoir été gêné, dans les derniers mètres, par VanMarcke sur sa droite.

L’autre crève-coeur du jour, c’est la chute de Fabian Cancellara à 46 kms de l’arrivée, sur un secteur pavé boueux en raison de la pluie durant la nuit précédente. Cancellara n’a pas été blessé sur cette chute, heureusement, et il a tenu à terminer l’épreuve pour saluer, une dernière fois, le public de Roubaix. Un malheur ne venant jamais seul, Spartacus a rechuté durant son tour d’honneur, une fois la ligne franchie, devant tout le monde! Encore une fois, sans conséquence fâcheuse. Fataliste à l’arrivée, il résume bien l’essence de cette course: « Paris-Roubaix, c’est comme ça, c’est vraiment l’Enfer du Nord ».

Peter Sagan se sera lui aussi illustré sur cette édition de Paris-Roubaix, mais différemment: il a réussi à éviter d’aller au tapis sur la chute de Cancellara grâce à un numéro d’équilibriste et grâce à la chance, très certainement.

D’autres n’auront pas eu de chance: Ella Viviani a terminé à l’hosto, percuté par une moto dans la tranchée d’Arenberg. La violence de l’impact est impressionnante.

Une « tabarnak » de course… (Hugo Houle)

Nos coureurs canadiens ont bien fait et ont évité les chutes graves: Antoine Duchesne est le premier d’entre eux à Roubaix, en 58e position. Hugo Houle termine quelques 4 minutes plus tard, en 111e place. Considérant la difficulté de cette course pas faite pour les tendres, c’est excellent. Ryan Anderson a lui aussi rallié le vélodrome, mais hors délai. Enfin, Sven Tuft n’a pas complété l’épreuve.

Hugo Houle passe maintenant en mode recup et reviendra au Québec préparer son prochain grand objectif, le Giro. Antoine Duchesne sera lui aussi en break prochainement, après l’Amstel la semaine prochaine, un break bien mérité après avoir été sur la brèche durant tout le dernier mois, avec à la clé ce beau maillot de meilleur grimpeur sur Paris-Nice.

Tour du Pays Basque

Victoire finale d’Alberto Contador grâce à une grosse perf sur la dernière étape, un chrono de 17 bornes qu’il remporte cinq petites secondes devant Nairo Quintana. Ce chrono est riche en enseignement: la 4e place d’Adam Yates (attention à lui sur les Ardennaises!), la 6e place de Thibault Pinot, la 7e de Rui Costa qui monte en puissance, la 11e de Jurgen Van Den Broeck qu’on avait plus vu à pareille fête depuis un moment, mais aussi la… 46e place de Pierre Rolland, on attendait mieux il me semble s’il a disputé ce chrono à fond (il était 24e au général avant la dernière étape).

Le plus comique, c’est qu’Alberto Contador aurait changé d’avis récemment: il sera de retour dans le peloton en 2017!

Fabian, un autre Paris-Roubaix en 2017, allez! Tu te retires le soir de cette course l’an prochain, ce serait magnifique.

Votre guide de Paris-Roubaix

Alors, flandrienne ou pas flandrienne que Paris-Roubaix?

Pour moi, c’est clair, Paris-Roubaix est la dernière courses de la série des Flandriennes, même si la course ne se déroule pas au coeur des Flandres belges. Flandrienne de part son caractère, ses pavés, ses gens, sa météo souvent capricieuse, et son vent.

On disputera donc ce dimanche la 114e édition de Paris-Roubaix, et son vainqueur succédera à l’Allemand John Dekengolb.

Pour l’histoire, Tom Boonen, au départ dimanche, pourrait, s’il gagne, devenir le recordman de l’épreuve, avec 5 victoires. Un autre belge partage avec lui 4 victoires en carrière, soit M. Paris-Roubaix, Roger de Vlaeminck.

Au menu de Messieurs les coureurs, 257 kms entre Compiègne, au nord de Paris, et le vélodrome de Roubaix. Entre les deux bien sûr, 27 secteurs pavés plus ou moins longs, c’est selon, et plus ou moins difficiles, selon leur état. Autrement dit, n’entre pas qui veut sur le vélodrome de Roubaix et ses célèbres douches!

Voici ces 27 secteurs pavés, tous faisant l’objet d’un tronçon Strava si, un jour, le coeur vous dit d’aller vous essayer pour un KOM:

27. Troisvilles (98.5km – 2,200m) ***
26. Viesly (105km – 1,800m) ***
25. Quievy (107.5km – 3,700m) ****
24. Saint-Python (112.5km – 1,500m) **
23. Vertain (120.5km – 2,300m) ***
22. Capelle (127km – 1,700m) ***
21. Quérénaing – Maing (137.5km – 2,500m) ***
20. Monchaux-sur-Ecaillon (141km – 1,600m) ***
19. Haveluy (154km – 2,500m) ****
18. Trouée d’Arenberg (162km – 2,400m) *****
17. Wallers – Hélesmes (a.k.a. Pont Gibus) (168km – 1,600m) ***
16. Hornaing (175km – 3,700m) ****
15. Warlaing – Brillon (182.5km – 2,400m) ***
14. Tilloy – Sars-et-Rosières (186km – 2,400m) ****
13. Beuvry-la-Forêt – Orchies (192.5km – 1,400m) ***
12. Orchies (197.5km – 1,700m) ***
11. Auchy-lez-Orchies – Bersée (203.5km – 2,700m) ****
10. Mons-en-Pévèle (209km – 3,000m) *****
9. Mérignies – Avelin (215km – 700m) **
8. Pont-Thibaut (218km – 1,400m) ***
7. Templeuve – Moulin de Vertain (224.5km – 500m) **
6. Cysoing – Bourghelles (231km – 1,300m) *** / Bourghelles – Wannehain (233.5km – 1,100m) ***
5. Camphin-en-Pévèle (238km – 1,800m) ****
4. Le Carrefour de l’Arbre (240.5km – 2,100m) *****
3. Gruson (243km – 1,100m) **
2. Hem (249.5km – 1,400m) **
1. Roubaix (256.5km – 300m) *

Les secteurs clef sont évidemment ceux qui sont cotés 5 étoiles: Arenberg, Mons-En-Pévèle, et surtout le Carrefour de l’Arbre, souvent utilisé ces dernières années comme rampe de lancement vers la victoire.

Météo

La météo annoncée dimanche ne devrait pas être si mal pour les coureurs: temps assez ensoleillé avec quelques nuages, environ 12-13 degrés. Un vent d’environ 15 km/h de l’Est est également prévu.

Les favoris

Évidemment, deux coureurs sont donnés largement favoris, soit Peter Sagan, vainqueur du Ronde il y a une semaine, et Fabian Cancellara, 2e à Oudenaarde dimanche dernier.

Les deux sont en grande forme, et gageons que Cancellara ne fera pas deux fois l’erreur de laisser filer Peter Sagan. Revanchard, Spartacus sait aussi qu’il joue une partie de sa saison dimanche: s’il gagne, c’est à quelque part « saison réussie » et les succès suivants pourront être considérés comme du bonus. S’il perd, il restera avec une certaine pression, celle de gagner ailleurs que sur son terrain favori.

Sagan court quant à lui libéré d’une certaine façon: il a déjà gagné.

Outre ces deux là, j’ajoute un 3e grand favori, Sep VanMarcke. Troisième le week-end dernier, sa forme est ascendante et je pense qu’il pourra bénéficier d’un effet surprise dimanche. Attention à lui!

Les outsiders

Ils sont nombreux! D’abord les Sky avec Luke Rowe et Ian Stannard, ce dernier étant une bête à rouler.

Ensuite les Etixx bien sûr, encore mouchés sur les grandes Classiques cette saison. Si les pavés sont mauvais dimanche, des spécialistes du cyclo-cross comme Stybar ou Terpstra seront redoutables. Évidemment, Tom Boonen ne peut être laissé de côté dans cette courte liste des outsiders. Enfin, les Etixx auront également au départ Tony Martin et Stijn Vandenbergh, donc au total pas moins de 5 coureurs qui peuvent nourrir des ambitions. On ne fait pas mieux!

Lars Boom, lui aussi un ex-spécialiste du cyclo-cross, devra également être surveillé, tout comme Lieuwe Westra dans cette équipe Astana. Ce dernier est en forme en ce moment.

Jens Keukeleire chez Orica pourrait surprendre selon moi, tout comme Tiesj Benoot, Jurgen Roelandts ou encore Jelle Wallays chez Lotto. Cette équipe a un bon coup à jouer et elle aussi n’a pas gagné beaucoup jusqu’ici sur la scène des Classiques.

Notons enfin bien sûr les sprinters Alexandre Kristoff ou encore Mark Cavendish qui pourraient également bien faire si un petit paquet restait ensemble jusqu’au vélodrome.

Les Canadiens

Ils sont quatre au départ, soit Svein Tuft, Hugo Houle, Antoine Duchesne et Ryan Anderson.

À la télé

C’est sur RDS que ça se passera, dimanche matin entre 7 et 11h.

Les à-côtés

D’abord, ce beau photo-reportage sur l’histoire de Paris-Roubaix et ses coureurs évoluant dans des conditions climatiques difficiles. Certaines images sont saisissantes, en particulier celle de Wilfried Peeters sortant d’Arenberg en 2001.

Ensuite ces trois petits vidéos présentant Paris-Roubaix.

Ronde: Sagan, enfin!

On l’attendait depuis un moment déjà, la course ne nous aura pas déçue: c’est un très beau Tour des Flandres qu’on aura vu hier, enlevant jusqu’à la fin.

Comme anticipé, les bonnes conditions météo ont généré une course très rapide, sans temps mort. Tous les coureurs étaient unanimes à l’arrivée: ça a roulé vite, très vite et ce, tout le temps. C’est ainsi qu’il aura fallu attendre 80 bornes avant que l’échappée matinale prenne le large, une échappée matinale qui incluait le québécois Hugo Houle et qui n’a jamais compté beaucoup plus de quatre minutes d’avance.

C’est à un peu plus de 32 bornes de l’arrivée que la course s’est jouée, entre le Taaienberg et le Kruisberg, sur une accélération de Michal Kwiatlowski, rapidement suivi de Peter Sagan puis, avec un petit temps de retard, de Sep VanMarcke. J’ai mal compris pourquoi Fabian Cancellara, alors bien placé, n’a pas accompagné à ce stade crucial de la course. Ce fut l’erreur fatale.

Par la suite, Peter Sagan nous a prouvé qu’il était, avec Cancellara, l’homme fort de ce Tour des Flandres. Il a décroché VanMarcke à la régulière, dans la dernière ascension du Patenberg, pour filer solo vers la victoire. Le rapproché de Cancellara, mal assisté d’un VanMarcke de tout façon complètement cuit, n’aura jamais mis en péril la victoire du slovaque.

Pour Cancellara sur ces 13 derniers kms, il lui aura manqué la présence d’un coureur Sky et/ou Etixx à ses côtés. La vérité, c’est que ces deux formations n’ont su répondre présentes dans les tous derniers kms, ne disposant tout simplement pas d’hommes à la puissance nécessaire pour faire jeu égal avec Cancellara ou Sagan.

Bref, une magnifique victoire (car solo) d’un bien beau champion du monde qui décroche enfin, après plusieurs saisons professionnelles (et 4 maillots verts à Paris!), son premier « monument » du cyclisme. Gageons que ce n’est pas fini, Sagan se posant logiquement comme le favori de Paris-Roubaix dimanche prochain, et un homme pouvant également gagner l’Amstel Gold Race le week-end suivant. Quant on a les jambes, rien n’est trop dur comme le dit l’adage en vélo…

Cancellara, le champion

Le Suisse était déçu à l’arrivée de ne pas avoir gagné, il était venu pour ça, et sa déception est selon moi la marque d’un grand champion. Gageons qu’il sera revanchard – et doublement dangereux – sur Paris-Roubaix la semaine prochaine. Cancellara a vraiment manqué de jugement lorsque Kwiatlowski et Sagan sont partis, il aurait pu suivre à ce moment.

VanMarcke, la classe

J’ai beaucoup aimé l’attitude de Sep VanMarcke dans les tous derniers hectomètres, décidant de ne pas disputer le sprint pour laisser la 2e place à Cancellara. C’était l’attitude à avoir selon le code d’honneur des coureurs, Cancellara ayant assumé 90% du travail sur les 13 derniers kms séparant le sommet du Patenberg et l’arrivée. Bravo au Belge pour ce geste.

Etixx

L’équipe belge a une fois encore été mouchée, et seul Terpstra et surtout Vandenberg auront assumé leurs responsabilités à mes yeux dans le final. Boonen a été inexistant sur la course, ne parvenant jamais à peser sur les événements.

Les deux Québécois

Les deux coureurs québécois au départ, Hugo Houle et Antoine Duchesne, qui partage leur logement dans le sud de la France, se seront distingués chacun à leur manière et c’est très bien. Houle s’est glissé dans la principale échappée du jour, et s’est fait décroché au km 200 environ, sur le Kwaremont. Rien à dire, à ce niveau. Duchesne, pour sa part, figurait encore parmi le groupe de tête dans le final, un exploit. Il n’aura cédé que sur le Taaienberg, après 218 kms de course, excusez-un-peu. Les commentaires d’après-course d’Antoine sont ici, et un sympathique petit vidéo tourné par l’équipe Direct Énergie est disponible à la fin de cet article, où on peut apprécier l’état d’esprit (avant) et l’état de fatigue (après) d’Antoine.

L’autre exploit du jour

Imanol Erviti, ou le coureur Movistar qui se fait tous les monts en tête, pour finalement terminer 7e du Ronde. Coureur peu connu, il faudra porter davantage attention à ce garçon dans l’avenir, bien qu’il ait déjà 32 ans.

Un beau reportage

Un très beau reportage sur l’histoire et le caractère « mythique » du Tour des Flandres est disponible ici, photos à l’appui et publié par le journal Le Monde.

Les mauvaises nouvelles

La chute de Greg Van Avermaet d’abord, qui s’est soldée par une fracture de la clavicule, un classique. Le coureur belge devrait être indisponible pour au moins 3 semaines.

LA grosse mauvaise nouvelle, c’est cette histoire d’un médecin anglais, Mark Bonar, qui, à la caméra cachée, affirme avoir dopé à l’EPO, aux hormones de croissance, aux stéroides et autres produits « lourds » des footballeurs et des cyclistes anglais, dont certains ont eu de bons résultats sur le Tour de France. Ce médecin anglais faisait l’objet de soupçons depuis deux ans déjà. Et si on venait d’expliquer le succès des Sky ces dernières années, en débusquant le « Michele Ferrari » anglais? Chose certaine, ça sent très mauvais… et la bonne nouvelle dans cette mauvaise nouvelle pour le vélo, c’est qu’une enquête indépendante a été déclenchée pour faire la lumière sur cette histoire. Stay tuned…

Matos

Intéressant photo-reportage du matos utilisé sur le Ronde ce week-end, question de voir comment les pros se préparent à affronter les pavés. Des boyaux de 28mm sont en usage, comme des freins à disque et des lubrifiants spéciaux pour les chaines.

Le Tour du pays basque

La semaine en cyclisme sera intéressante avec le début demain du toujours très difficile Tour du pays basque où une mauvaise météo est annoncée, de quoi durcir encore davantage l’épreuve. Très souvent, les coureurs se distinguant sur cette épreuve espagnole sont ceux qu’on retrouve devant sur les Ardennaises, donc ce sera primordial de s’intéresser à cette course. Pour les autres plus au Nord, on disputera ce mercredi la 104e édition du GP de l’Escaut (Scheldeprijs), avant de refaire du jus pour l’Enfer du Nord dimanche prochain.

Ronde: la gran'(ker)messe du cyclisme!

On y est les amis, ce dimanche LA plus belle course de la saison: le Ronde Van Vlaanderen, le Tour des Flandres, dont la première édition remonte à… 1913. On en est donc à la 100e édition cette année (certaines années ayant été sautées notamment en raison des guerres).

Pour les flahutes, remporter le Ronde est davantage garant d’une place dans le coeur du public flamand que de porter le maillot jaune sur le Tour, c’est dire.

Un enjeu dimanche est de taille: Tom Boonen et Fabian Cancellara sont tous les deux au départ, donc susceptibles de remporter une… 4e victoire sur l’épreuve, ce qui constituerait un record. À ce jour, six coureurs dans l’histoire ont réussi à s’imposer trois fois, soit, outre les deux coureurs encore en activité, Achiel Buysse, Fiorenzo Magni, Eric Leman et Johan Museeuw.

Un parcours qui change

Au menu de Messieurs les coureurs, 255 kms entre Bruges et Oudenaarde, par delà pas moins de 18 monts, certains pavés, auxquels il faut ajouter 7 secteurs pavés.

Sur de telles routes étroites, avec une succession de virages à 90 degrés, de changements de direction, donc de sens du vent, la science du placement est l’une des clefs de la course. À ce petit jeu, il est évident que les grands du peloton ont un peu plus de facilité à se maintenir aux avant-postes et que le rôle des équipiers est capital.

La course sera véritablement lancée au km 103 avec le premier mont, le Oude-Kwaremont. Ce dernier sera également l’objet de l’avant dernière difficulté de la course, au km 238. Dans l’ordre, les monts à escalader sont les suivants: Kortekeer (km 114), Eikenberg (km 121), Wolvenberg (km 124), Molenberg (km 137), Leberg (km 157), Berendries (km 161), Falkenberg (km 167), Kaperij (km 177), Kanarieberg (km 185), Kwaremont (km 200), Paterberg (km 204), Koppenberg (km 210), Steenbeekdries (km 216), Taaienberg (km 218), Kruisberg (km 229), Oude-Kwaremont (km 238) et Paterberg (km 242).

Les plus pentus de ces monts sont les Paterberg, véritable rampe de lancement vers la victoire à seulement 13 kms de l’arrivée, Koppenberg, Eikenberg, Molenberg et Taaienberg. Surveillez tout particulièrement ces phases de la course! À noter que moins de 4 kms séparent les deux derniers monts de la course, ce qui laisse peu de place à la récupération.

À noter que le parcours a changé en 2013, les organisateurs ayant décidé de finir la course du côté d’Oudenaarde. Certains regrettent – j’en suis – que la course ne passe plus, dans le final, par le Muur de Geraardsbergen (mur de Grammont) avec sa célèbre chapelle en haut, puis par le Bosberg au pied duquel une stèle à l’honneur d’Eddy Merckx est visible.

La météo dimanche

Ca devrait être assez bon pour les coureurs, avec 19 degrés annoncés en après-midi, sous un ciel devenant progressivement de plus en plus nuageux. Un vent léger est également prévu. Ces bonnes conditions de course devrait favoriser une sélection par l’avant plutôt que par l’arrière et il est à prévoir que le peloton sera encore très gros tard dans la course. Le placement sera encore plus capital!

Les favoris

C’est fou tant la liste des favoris est longue cette année! La course sera probablement très ouverte tant son nombreux les coureurs qui peuvent légitimement nourrir certaines ambitions. Bien malin qui pourrait donner le nom du vainqueur à 48h de l’épreuve.

Cinq équipes se distinguent selon moi parce qu’elles ont plusieurs coureurs capables de gagner, et n’auront donc pas un seul coureur protégé dimanche.

D’abord Etixx avec Tom Boonen, Niki Terpstra, Zdenek Stybar voire Stijn Vandenberg. L’équipe belge de Patrick Lefevere a une grosse pression sur elle, n’ayant pas livré jusqu’ici les résultats auxquels on peut s’attendre pour une équipe de cette classe. Souvent pris à revers dans le final des Classiques cette saison, obligés de chasser parce que n’ayant personne dans la bonne devant, ils se doivent de mieux prendre des initiatives dimanche pour se retrouver enfin dans la position de force que leur surnombre de leaders doivent leur permettre.

Trek. Avec Fabian Cancellara, en grande forme en ce moment, Jasper Stuyven et Edward Theuns, sans oublier Stijn Devolder, l’équipe a de quoi déjouer les plans. Si on cherchera avant tout à protéger Cancellara, gageons que l’équipe saura sauter sur les autres opportunités si elles se présentent.

BMC. Greg VanAvermaet, lui aussi en grande condition, et l’attaquant Daniel Oss sont leurs pièces maitresse.

Lotto. Ils ont Tiesj Benoot, Jurgen Roelandts et Jens Debusschere (ce dernier a subi récemment une commotion cérébrale suite à une chute, mais son nom figure sur l’alignement Lotto pour dimanche). S’ils laisseront probablement les autres puissantes formations se dévoiler d’abord, ils ont la puissance pour tirer leur épingle du jeu dans le final en multipliant les initiatives.

Enfin, Sky, possiblement LA formation la plus forte sur le papier pour dimanche. Voyez un peu: Michal Kwiatlowski, Geraint Thomas, Luke Rowe et Ian Stannard, rien que ça! De quoi faire la course, attaquer constamment, lancer des coups et même contrer par après. Il sera difficile de se défaire des coureurs Sky dimanche, ça j’en suis sûr.

Parmi les autres favoris, un nom: Peter Sagan bien sûr. Il aura la Tinkoff à son service et a prouvé sur Gent-Wevelgem qu’il est en grande condition. C’est à mes yeux le seul capable de répondre à la puissance brute de Cancellara dimanche.

Sep VanMarcke. On sent que le coureur belge monte en puissance depuis quelques semaines. Il dispose aussi d’une équipe principalement à son service. Il n’a pas trop de pression non plus, n’étant pas un coureur s’étant dévoilé jusqu’ici. Cette absence de pression pourrait être son meilleur atout pour surprendre dimanche!

Arnaud Demare. L’équipe FDJ est sur une bonne lancée après quelques belles victoires déjà cette saison, de quoi donner confiance en tout cas. De plus, Demare a prouvé qu’il est capable de passer les bosses. Si jamais un bon groupe devait se présenter avec lui à la ligne d’arrivée en raison des bonnes conditions de course annoncées, il est assurément un des sprinters les plus capables de s’imposer.

Les autres coureurs intéressants à surveiller dimanche sont Fillipo Pozzato, imprévisible et en bonne condition. Ce coureur a la classe et il a déjà annoncé vouloir faire un résultat sur le Ronde. Ca sera excitant à suivre.

Edvald Boasson Hagen. Lui aussi passe bien les bosses et devrait avoir l’équipe Dimension Data à son service.

Enfin, Lieuwe Westra chez Astana. Hormis ce coureur, je ne vois pas vraiment qui chez Astana pourrait bien faire dimanche. Lars Boom? Je n’y crois pas… comme je ne crois pas aux chances d’Alexandre Kristoff, le vainqueur sortant. Ce dernier m’a apparu trop juste récemment, et il devrait logiquement sauter dans les derniers monts pavés dimanche. La météo sera cependant son meilleur atout, lui permettant peut-être de compter sur une course moins sélective que d’habitude, procurant également des chances de « rentrer » s’il est légèrement décroché sur certains monts.

Les Canadiens

Ils sont quatre au départ, ce qui n’est pas sans intérêt: Hugo Houle, Svein Tuft, Ryan Anderson et Antoine Duchesne. Ce dernier est en grande condition suite à son excellent Paris-Nice, en confiance aussi. Il mérite d’être protégé par son équipe, et une partie de son résultat se jouera sur son placement à l’approche des difficultés dans les 50 derniers kms de la course. Go Antoine go! Une récente et intéressante entrevue avec Antoine est disponible ici. Hugo Houle a de son côté annoncé récemment qu’il sera de l’aventure du Giro en mai prochain, signifiant du même coup qu’une participation au prochain Tour de France est très peu probable pour lui. Antoine Duchesne reste pour sa part un candidat possible pour Direct Énergie, même s’il devra continuer de montrer à son équipe qu’il mérite une des neuf places disponibles pour la Grande Boucle. Si ce n’est pas encore gagné, Antoine peut y croire!

Chez les femmes

Le Ronde, ca se dispute aussi chez les femmes et c’est très bien. Dimanche, les meilleures coureuses s’élanceront sur la 13e édition de la course longue de 141 kms, avec 10 monts à franchir et 4 secteurs pavés. Le final est le même que chez les hommes, avec l’enchainement rapide du Oude-Kwaremont et du Paterberg, puis les 13 derniers kilomètres pour rallier l’arrivée.

L’épouvantail est évidemment la championne du monde Elizabeth Armitstead. La vainqueur de l’an dernier, l’italienne Elisa Longo-Borghini, est du départ, comme la sensation française Pauline Ferrand-Prevost. La québécoise Joelle Numainville, chez Cervelo-Bigla, est également annoncée au départ, et rappelons qu’elle a terminé 3e de cette épreuve en 2012. Lex Albrecht, chez BePink, Leah Kirchmann, chez Liv-Plantur, ainsi que Annie Ewart, chez UnitedHealthCare, sont aussi de la partie pour le Canada.

Astana à La Panne: un rare niveau d’incompétence!

J’ai rarement vu un tel niveau d’incompétence tactique au niveau professionnel.

Pour comprendre tout ce qu’il ne faut pas faire lorsque vous êtes deux coureurs de la même équipe échappés avec un seul autre adversaire, payez-vous les images des 15 derniers kms de la première étape des Trois jours de la Panne, courue hier.

Un vidéo avec interprétation des principales erreurs est aussi disponible ici.

Kristoff s’est imposé sans difficulté au sprint, non sans avoir été très réglo avec ses compagnons d’échappée chez Astana (Westra et Lutsenko). De son côté, rien à dire et le coureur norvégien devait être ravi de profiter de pareille incompétence de ses deux adversaires du jour.

La principale faute revient à mon sens à Lutsenko, qui a commencé à sauter ses relais à environ 9,5 kms de la ligne. Dans ce contexte, considérant l’avantage des Astana, Kristoff avait raison de remettre ses propres relais en question, ce qu’il a fait comprendre à Westra. Ce dernier a bien joué sa carte, attendant de son équipier la stratégie classique qui n’est jamais venu. Le comble, c’est qu’on a vu Westra perdre patience face à son propre équipier! Bonjour l’ambiance chez Astana ce soir…

Au lieu d’attaquer à diverses reprises, Lutsenko s’est contenté de sauter ses relais pour attendre bêtement le sprint: croyait-il vraiment pouvoir battre Kristoff dans cette discipline?

Vraiment, depuis quelques années, on voit de plus en plus de grossières erreurs tactiques chez les coureurs pro. Aussi, je me pose la question: ces derniers deviendraient-ils trop dépendants des oreillettes, perdant ainsi leurs réflexes tactiques ou leur capacité d’user, en course, de leur jugement le plus élémentaire?

Rappelez-vous l’an dernier les Etixx sur Gent-Wevelgem, alors qu’ils étaient trois devant et qu’ils avaient laissé échapper la victoire à Ian Stannard chez Sky…

Les motos

À peine 24h après le décès d’Antoine Demoitié, percuté par une moto ce week-end en course, les motos ont de nouveau été au centre de plusieurs controverses hier sur cette première étape des Trois jours de la Panne. Cet article de L’Équipe montre bien, photos à l’appui, l’étendue des problèmes avec les engins motorisés circulant autour des coureurs à tout moment des courses cyclistes.

Il faut vraiment faire quelque chose.

Parmi les solutions, celle de revoir qui pilote ces motos: je suis d’avis qu’il faut viser d’ex-coureurs pro, à même d’anticiper les réflexes des coureurs, en ayant déjà été eux-mêmes. Il faut également réduire leur nombre de toute évidence. Enfin, l’équipement utilisé peut possiblement être revu: certaines motos me paraissent inutilement grosses.

Dwars door Vlaanderen: Duchesne dans le coup!

Après quelques tergiversations qu’on peut comprendre, la Classique À Travers la Flandre a bel et bien eu lieu hier en Belgique.

Ca s’est terminé au sprint dans un final intéressant puisque Greg Van Avermaet a réalisé un beau petit numéro solo pour ne se faire reprendre qu’aux 400m. Il fallait de la force pour résister ainsi au paquet pendant plus de 8 kilomètres.

Sur la ligne, le Belge Debusschere chez Lotto a ajusté le Français Brian Coquard d’un boyau. Les images me laissent penser que Coquard avait peut-être un braquet une dent trop gros dans ce sprint. Y’a du beau monde derrière par ailleurs: Theuns, Pozzato (qui revient en grande forme!), Keukeleire, Nizzolo, Gatto, Gaviria…

Certains d’entre vous sont d’avis que les motos, présentes dans le final, auraient pu favoriser l’échappée de Van Avermaet. Le vidéo ne me permet pas de tirer cette conclusion, même si je conviens que les nombreuses motos sur les courses professionnelles sont souvent une nuisance.

Le Québécois Antoine Duchesne a encore une fois bien fait, malgré des jambes pas au top hier: il termine dans le premier groupe, avec le même temps que le vainqueur, un groupe d’un peu plus d’une trentaine d’unités. Bravo! Voilà qui est excitant pour la suite des choses, en espérant que le calme revienne sur la Belgique au plus vite.

Petit Tour de l’actualité

Petit Tour de l’actualité aujourd’hui, une actualité bien sûr dominée par le Tour de Catalogue et À Travers la Flandre, mais aussi assombrie par les récents événements tragiques de Bruxelles et qui a eu un impact jusque dans le monde du cyclisme.

1 – Classiques belges. Les deux prochaines semaines s’annonçaient festives en Belgique, avec la pleine saison des Classiques en cyclisme. La fête est forcément gâchée par les récents attentats qui ont fait plusieurs morts à Bruxelles. Peut-être plus que jamais avons-nous besoin de certaines valeurs rassembleuses du sport, notamment cette idée universelle de l’effort collectif et du respect de ses adversaires…

2 – Peloton diminué. À travers la Flandre s’élancera certainement avec un peloton aux effectifs réduits, certains coureurs pouvant avoir eu du mal à rejoindre la Belgique de leur résidence. Déjà, l’équipe Giant-Alpecin s’est retirée de l’épreuve, certains de ses coureurs n’ayant pu rejoindre Bruxelles hier par les airs. Avec un niveau de sécurité maximale, d’autres impacts sont également à prévoir du côté du public, peut-être moins nombreux sur le bord des routes. Et cela ramène au premier plan la question de la sécurité lors des courses cyclistes: comment en effet assurer à la fois la sécurité des coureurs et des spectateurs sur un stade à ciel ouvert qui fait plusieurs dizaines de kilomètres?

3 – À travers la Flandre. Il s’agit aujourd’hui de la 71e édition de cette Classique du côté de Waregem, longue de 200 bornes. 12 monts à franchir principalement concentrés en 2e moitié de course, dont les célèbres Leberg, Berendries, Valkenberg, Eikenberg, Oude-Kwaremont et Paterberg. La liste des partants est ici. Pour la gagne, misez Wallays ou Benoot chez Lotto, Van Avermaet chez BMC, Tersptra ou Martin chez Etixx, Stuyven ou Theuns chez Trek, voire Pozzato chez SouthEast.

4 – Tour de Catalogne. Coup double pour le revanchard Nacer Bouhanni qui remporte au sprint, avec une certaine aisance, les deux premières étapes de la course par étape espagnole. Bouhanni envoie là un message très clair, celui qu’il jouait la gagne samedi dernier sur Milan SanRemo et que sans ce saut de chaine, il aurait pu gagner.

Mais le réel Tour de Catalogue commence aujourd’hui et se poursuit demain, avec deux difficiles étapes de montagne. Les favoris, Froome, Contador, Quintana en premier lieu, ont affirmé vouloir se tester. Ca va être intéressant!

5 – Matos sur Paris-Nice, un beau survol offert par Matos Vélo.

6 – Tubeless. L’offre de pneus Tubuless augmente d’année en année, et c’est très bien. J’utilise cette technologie depuis quelques années déjà, avec grande satisfaction. Vous trouverez ici un petit guide d’achat des pneus Tubuless en 2016. Perso, je mise sur les Schwalbe ProOne, bien que les nouveaux Vittoria Graphene semblent très intéressants.

7 – Milan SanRemo. Merci de vos réactions quant à l’affaire Demare, elles ont été nombreuses et assez tranchées: d’un côté, il y a ceux qui croient qu’il y a eu tricherie, de l’autre ceux qui pensent que Demare n’a rien fait de répréhensible. L’absence d’un vidéo sur cette phase de course est probablement l’élément qui manque pour trancher le débat: je vous rappelle que dans le cas Nibali l’an dernier, les images parlaient d’elles-mêmes…

MSR: la controverse Demare

La controverse s’est emparé de Milan San Remo et de son vainqueur, Arnaud Demare.

Selon certains coureurs italiens, notamment Matteo Tosatto et Eros Capecchi, Arnaud Demare se serait accroché à sa bagnole d’équipe dans le Cipressa, ceci afin évidemment de recoller au peloton de tête après sa chute survenue très peu de temps avant le début de l’ascension.

La controverse a pris de l’ampleur après que le fichier Strava de Demare ait été retiré du site, après y avoir été placé. Il a depuis refait son apparition.

Évidemment, Demare et un de ses directeurs sportifs, Frédéric Guesdon, qui conduisait la bagnole à laquelle se serait accrochée le coureur, démentent avec vigueur.

Que penser de tout ça, objectivement?

Il faut d’abord considérer la culture cycliste: il est en effet acceptable, et ce depuis fort longtemps, qu’un coureur attardé sur chute ou incident mécanique prenne l’aspiration des bagnoles pour « rentrer » sur le peloton devant. On voit cela depuis fort longtemps dans le cyclisme professionnel.

D’autre part, il est toléré, depuis également fort longtemps, que le coureur profite de ce moment pour « demander » un bidon à sa voiture, bidon qui sera remis au coureur avec un peu d’insistance, permettant à ce même coureur de se relancer grâce à la voiture. Cette insistance peut durer plusieurs secondes, le temps d’une bonne accélération…

Pas de quoi crier au loup si Demare a profité de ce genre de chose samedi sur Milan SanRemo selon moi, compte tenu que n’importe quel coureur dans sa situation aurait fait pareil.

Eros Capecchi a toutefois affirmé que Demare l’aurait dépassé à 80km/h dans le Cipressa, accroché à la bagnole de son équipe. Je trouve cette affirmation difficile à croire étant donné que d’autres motos et voitures entouraient la voiture FDJ à ce moment. Qui plus est, à une telle vitesse, Demare aurait explosé le KOM du Cipressa sur Strava; or, s’il va le chercher, ce n’est que par 3 petites secondes sur Giovanni Visconti qui avait attaqué sur la montée. Pas de quoi crier à l’impossible, ni à l’injustice.

De plus, le fichier Strava de Demare ne montre rien d’anormal ou d’impossible, laissant croire que si Demare a profité des voitures pour rentrer, il n’a rien fait de plus que ce que d’autres auraient aussi fait en pareilles circonstances.

En l’absence d’autres preuves, notamment visuelles, je trouve difficile de sanctionner Demare sur la base des faits.

Le Tour de Catalogne

J’adore cette course difficile qui nous informe souvent sur les protagonistes des Ardennaises bientôt: ceux qui sont devant en Catalogne sont souvent aussi devant à la Flèche, l’Amstel ou la Doyenne.

Ca commence aujourd’hui.

Le plateau cette année est exceptionnel: Contador, Froome, Thomas, Quintana, Aru, Porte, Rodriguez, Uran, Van Garderen, Zakarin, Chaves, Martin, Dumoulin, Barguil, Bardet, Kelderman, Gesink, ou encore Hesjedal. Aie!

Et c’est aussi la course de rentrée en Europe d’un certain Mike Woods, qui pourrait une fois de plus surprendre après le Tour Down Under.

MSR: le bonheur de Demare, la frustration de Bouhanni

Milan San Remo 2016 en quelques mots?

Une course très fade, ennuyeuse, mais un sacré beau vainqueur!

Si on se souviendra de cette édition de la Primavera, ce sera en effet assurément en raison de la belle histoire vécue par le jeune Français Arnaud Demare, 24 ans, qui s’est imposé hier au sprint devant Ben Swift et Jurgen Roelandts.

Demare a en effet été pris dans une chute au pied du Cipressa dans le final, probablement un des pires endroits où être attardé. Aidé de quelques équipiers, il a pu revenir – non sans de gros efforts – dans le groupe de tête juste avant la montée du Poggio, puis se replacer à l’approche du sprint pour enfin bénéficier, en quelque sorte, de la chute de Gaviria dans les derniers mètres pour émerger devant, ainsi que du saut de chaine dont fut victime Nacer Bouhanni. Que de rebondissements!

Point de vue Demare donc, une très belle victoire, celle de la persévérance bien sûr, mais aussi d’une certaine chance et de circonstances de course bien particulières.

Parce que pour le reste, la course fut vraiment très ennuyeuse et j’ai envie de donner un gros carton rouge à tous ces leaders si frileux.

Nibali avait affirmé dans les jours précédents la course vouloir attaquer dans le Cipressa, invitant Cancellara et Sagan à l’accompagner. Il n’en fut rien.

Le Poggio fut monté à un train de sénateur, sauf dans les tous derniers hectomètres grâce à une accélération de Tony Gallopin. La preuve? Pour qu’un modeste coureur de la modeste équipe SouthEast puisse attaquer dans le Poggio, et rester devant plusieurs centaines de mètres, fallait pas que ça roule très fort. Le peloton était d’ailleurs bien large sur les trois premières bornes d’ascension.

Cette allure modérée a également permis à des coureurs comme Demare, qui venait de fournir un gros effort pour rentrer avant d’aborder le Poggio, ou encore Gaviria, de garder le contact.

Je ne comprendrai jamais des grands leaders comme Cancellara, Sagan, Valverde, Van Avermaet ou encore Nibali, qui étaient pourtant tous aux avant-postes dans le Poggio: ils attendaient quoi pour attaquer, où au moins pour durcir la course? Au lieu de ça, ils ont fait le jeu des Katusha et des autres grands sprinters du paquet…

Je ne comprendrai jamais pourquoi Cancellara ou Nibali n’ont pas bronché dans la montée du Poggio, mais ont attaqué dans la descente: ils pensaient lâcher qui à cet endroit?

Les deux seuls à mes yeux à avoir pris et assumé leurs responsabilités hier sont Gallopin et Kwiatlowski, tous les deux à l’attaque (mais bien tard) dans le Poggio.

Bref, très décevant tout ça et pour avoir suivi les 95 derniers kms, je me suis franchement emmerdé pendant de longues heures.

Mais le plus frustré d’entre tous hier fut probablement Nacer Bouhanni, victime d’un saut de chaine à 150m de la ligne alors qu’il était en train de se battre pour la victoire. C’est vraiment dommage.

Je pense que Bouhanni a tenté de mettre le 11 dents à ce moment et que sous l’effet de la pression exercée, la chaine a simplement refusé de s’engager comme elle le fait d’habitude. Tom Boonen s’était plaint, il y a quelques années, de ce problème lui-aussi lorsqu’il essayait de passer le 11 dents dans un sprint.

Surtout, les enjeux dépassaient bien davantage Milan San Remo pour Bouhanni et Demare: les deux étaient rivaux il y a trois ans alors qu’ils étaient ensemble à la FDJ, et le départ de Bouhanni de cette équipe ne s’est pas fait dans le calme car Madiot a laissé partir Bouhanni, misant sur Demare. Je suis certain que Bouhanni aurait aimé gagner hier devant Demare et la FDJ, afin de bien affirmer qui il est, et peut-être de leur dire « voyez, vous avez eu tort de miser sur Demare, je suis un meilleur sprinter que lui ».

Sans ce saut de chaine, Bouhanni aurait-il battu Demare? On ne pourra jamais répondre à cette question, mais chose certaine, Demare amenait gros et semblait, au moment du saut de chaine de Bouhanni, avoir plus de vitesse que le Vosgien. Ceci étant, Bouhanni voulait justement passer sur un développement plus gros, afin d’exploser. Et Bouhanni était mieux placé que Demare aux 400m, obligeant Demare à un sprint plus long que Bouhanni (ce qui suppose que Demare avait possiblement moins de réserve de vitesse que Bouhanni au moment du saut de chaine). Bref, ça aurait été très serré entre ces deux-là je pense!

Quoi qu’il en soit, la victoire de Demare me fait plaisir. Le dernier Français vainqueur de Milan SanRemo remonte à… 1995 et Laurent Jalabert. Il y a 21 ans! Et Demare est le premier Français à gagner un monument du cyclisme depuis 1997, année où Frédéric Guesdon avait gagné Paris-Roubaix et Laurent Jalabert le Tour de Lombardie. Cette victoire en appelera-t-elle d’autres à ce niveau pour les coureurs français cette saison?

Votre guide pour Milan SanRemo

On disputera ce samedi la 107e édition de Milan SanRemo, aussi appelée La Primavera puisque première grande classique de la saison.

Au menu de Messieurs les coureurs, 291 kilomètres de course, la plus longue des classiques de la saison.

Le parcours n’est pas très difficile sur les 240 premières bornes, malgré le passage au col du Turchino au km 142.

Les 50 derniers kilomètres sont davantage casse-pattes, avec une succession de « capo », ces courtes ascensions qui laissent petit-à-petit des traces: Mele, Cervo, Berta, Cipressa et enfin Poggio, à environ 10 bornes de l’arrivée.

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La météo

Après quelques années de météo difficile (même la neige il y a 2 ans), on annonce nettement mieux pour samedi: assez beau, et 14 degrés à SanRemo. Les vents devraient aussi être légers, ce qui devrait nous donner une course rapide.

Le scénario de course

Typiquement, c’est toujours un peu la même chose: une échappée matinale, question de montrer les maillots à la télé, puis un regroupement général en arrivant sur les « capo », et à partir de là une course nerveuse, où des coureurs tentent de s’échapper. La meilleure rampe est souvent celle de la Cipressa, mais ces dernières années les équipes de sprinters ont pu ramener tout le monde au pied du Poggio. De là, c’est un festival d’attaques dans le Poggio, souvent sans succès cependant, le rythme du premier groupe étant trop important, ceci dans le but d’essayer de lâcher les sprinters.

Il faut remonter à la fin des années 1980 (Fignon) ou au début des années 1990 (Bugno, Chiappucci, Colombo) pour retrouver des vainqueurs au terme d’une longue échappée solitaire. Dans le cyclisme moderne des dernières années, on a peine à imaginer qu’un coureur seul puisse résister au retour du peloton, surtout contrôlé avec les oreillettes…

L’arrivée cette année

Ca se fera sur la Via Roma. Les deux derniers kilomètres sont assez droits, sauf un gauche-droite situé à 800m de l’arrivée qu’il faudra aborder parmi les 10 premiers sans faute si on veut gagner.

Les absents

Trois absents de marque samedi: John Degenkolb, le vainqueur sortant, suite à son accident à l’entrainement il y a quelques semaines. Philippe Gilbert, malade. Et Andrei Greipel, récemment touché aux cotes.

Les favoris

Ils sont nombreux, tant cette épreuve peut aujourd’hui s’apparenter à une loterie.

Dans un premier temps, les sprinters bien sûr, comme Alexandr Kristoff. En forme ascendante ces dernières semaines, il voudra se reprendre suite à l’an dernier où, bien amené dans les derniers mètres par Luca Paolini (absent cette fois-ci), il avait lancé son sprint trop tôt et n’avait pu contrer le retour de Dekengolb. Je demande toutefois à voir qui, sans son équipe Katusha, pourra faire le travail pour lui dans le final cette année…

Mark Cavendish. S’il a déjà gagné à SanRemo (2009), je pense qu’il sera trop court dans les capo du final cette fois-ci encore.

Arnaud Demare. Il est en forme (récent vainqueur de la 1ere étape de Paris-Nice), est capable de passer les capo, il a une belle équipe autour de lui, notamment Arthur Vichot, pour moi c’est clair, Demare pourrait surprendre samedi.

Le jeune Fernando Gaviria chez Quick Step. Nouvelle sensation du sprint, on en dit beaucoup de bien et si les Quick Step devaient se présenter à plusieurs sur la Via Roma pour la gagne, ce sera très certainement leur carte maitresse. Aura-t-il cependant la caisse pour produire un gros sprint après 290 bornes de course?

Nacer Bouhanni. Un excellent sprinter, gros moral pour s’accrocher, capable de tirer son épingle du jeu même s’il est sans équipier à l’approche de l’arrivée, et un coureur qui n’a pas froid aux yeux. Attention à lui!

Davide Cimolai ou Sacha Modolo (Lampre). La Lampre court à domicile et je suis sûr qu’on verra l’un de ces deux coureurs avec le premier groupe sur la Via Roma samedi. Cimolai a terminé 8e l’an dernier.

Enfin, Michael Matthews chez Orica. En vue sur le récent Paris-Nice, il possède beaucoup d’expérience désormais, et une très belle équipe autour de lui.

Les autres favoris sont évidemment Fabian Cancellara, très en forme en ce moment et qui court visiblement pour se faire plaisir cette saison, Peter Sagan, lui aussi en forme et qui sait qu’une victoire sur la Via Roma ferait oublier ses nombreuses places de 2e dernièrement, Greg Van Avermaet bien sûr, Edvard Boassom Hagen, Tim Wellens un bel attaquant, sans oublier Geraint Thomas, qui jouit lui aussi d’une excellente condition en ce moment, d’une équipe puissante et qui s’était déjà échappé l’an dernier dans le final pour n’être repris que sur le haut du Poggio.

À la télé

Les sites Cyclingfans et Steephill sont ceux que j’utilise habituellement, mais on me dit que L’Equipe21 propose aussi une retransmission télé qui ne serait parfois pas géocodée.

En marge de la course

Excellente émission sur l’actualité cycliste des derniers jours proposée par InCyle.

Paris-Nice: où Contador l’a-t-il perdu?

Le cyclisme moderne se court au millimètre.

Après 1 290 kilomètres de course, quatre petites secondes séparaient Geraint Thomas, vainqueur de l’épreuve, d’Alberto Contador, 2e du général.

Contador a couru avec panache et courage sur cette édition de la Course au soleil, surtout durant la dernière étape dimanche vers Nice où il a essayé plusieurs fois de renverser la course, quitte à partir de loin.

Peu de grands leaders prennent aujourd’hui ce genre de risques, leur équipe et eux préférant plutôt assurer une 2e place (et les points WorldTour qui y est associée) plutôt que de tout risquer pour gagner. Voilà notamment pourquoi j’aime Alberto Contador.

On peut se poser la question: où diable Contador a-t-il perdu ce Paris-Nice?

Sur le prologue dès l’entrée en la matière, où Contador, seulement 27e à 16 secondes de Matthews, lâche déjà 9 secondes à Geraint Thomas?

Où sur la route de Commentry lors de la 2e étape, où il perd quatre secondes supplémentaires sur Thomas?

Sur la non-ascension du Mont Brouilly, qui aurait peut-être été une occasion pour lui de faire la différence (bien que je n’y crois pas trop, cette montée étant trop courte pour créer de réels écarts).

Dans la Madone d’Utelle, où il n’a pas su se débarrasser de Geraint Thomas et qui lui vole une seconde à l’arrivée?

Où enfin sur les bonifications, qui attribuaient 3, 2 et 1 seconde aux trois premiers des sprints intermédiaires, et 10, 6 et 4 secondes aux trois premiers des étapes en ligne de la course? Le décompte des bonifs accumulées va plutôt à la faveur de l’Espagnol, avec des gains totaux de 3 secondes sur Thomas (7 secondes de gagnées pour Thomas en cours d’épreuve, contre 10 pour Contador).

Bilan? On pourrait soutenir que Contador a perdu ce Paris-Nice en début d’épreuve, d’abord sur le prologue, ensuite sur la 2e étape.

Cela témoigne à quel point le cyclisme se joue désormais à rien du tout. Il faut être vigilant partout, tout le temps.

Enfin, autre élément important, l’équipe. Contador a-t-il été trop isolé en montagne lors des deux dernières étapes? Chose certaine, outre Majka, son équipe n’a pas pu être très efficace pour l’accompagner lors des phases critiques du final de ces étapes. Thomas a pour sa part pu compter sur un Sergio Henao impressionnant, surtout dans la descente de la moyenne corniche dimanche vers Nice. Avantage Sky, pas l’ombre d’un doute là-dessus, par rapport aux Tinkoff.

De quoi réfléchir en vue du prochain Tour de France, que Contador a défini comme son objectif #1 en 2016…

Je suis très intéressé à connaître votre opinion sur ce sujet, à savoir quand Contador a-t-il perdu ce Paris-Nice?

Paris-Nice: magnifique Antoine Duchesne!

Capture d’écran 2016-03-13 à 20.42.52Quel week-end de course mes amis!

Paris-Nice m’a ravi. J’étais debout avant-hier samedi devant mon ordinateur, alors que le québécois Antoine Duchesne (Direct Énergie) se battait sur ces interminables pentes de la côte de Duranus: un passage en tête signifiait qu’il allait pouvoir endosser le maillot de meilleur grimpeur de l’épreuve.

Et il l’a fait! Magnifique!

Restait le plus dur hier: garder ce maillot au terme d’une étape nerveuse (seulement 134 kms) mais accidentée sur les pourtours de Nice.

Et il l’a refait! Magnifique!

Antoine Duchesne s’est en effet glissé tôt dans l’étape dans une échappée pour aller grapiller – il fallait le faire – les quatre premiers « grimpeurs » de l’étape: côte du Durans, côte de Levens, côte de Chateauneuf, col de Calaison sur les 70 premiers kms.

Chapeau bien bas l’artiste! Duchesne signe là une des belles performances du cyclisme canadien sur la scène du WorldTour depuis 10 ans. Plus encore, c’est l’attitude que j’ai particulièrement aimé: à l’attaque sur les deux dernières étapes, sûr de ses moyens. Je suis certain qu’Antoine Duchesne a pris conscience de certaines choses durant ce Paris-Nice et qu’il évoluera désormais à un autre niveau, pour notre grande satisfaction.

Contador, le panache

Pour le reste, il y a eu une course hier grâce à un seul coureur, Alberto Contador.

J’aime Alberto Contador, car j’ai toujours retrouvé en lui du Pantani: un coureur offensif, imprévisible, intelligent, et volontaire. C’est électrisant de le voir évoluer.

On est loin d’un Richie Porte attentiste et courant le plus souvent à l’économie.

Contador a allumé tout le monde hier dès le 50e kilomètre environ, dans la côte de Chateauneuf: ne se contentant pas d’attendre sagement la dernière difficulté du jour – le col d’Èze – comme beaucoup, il allumait tout le monde à plus de 80 kms de l’arrivée!!

Loin d’être découragé de s’être fait reprendre par le paquet au pied du col d’Èze, Contador a remis ça à plusieurs reprises dans la dernière ascension pour finalement réussir, à force d’insister, à se dégager. Il aura fallu une descente plein pot de Geraint Thomas et l’aide de… Tony Gallopin – malgré la présence de Tim Wellens devant pour Lotto – pour que le gallois réussisse à sauver son maillot jaune sur la Promenade des Anglais et ce, pour 4 malheureuses secondes. Il peut aussi dire merci (et lui donner un gros chèque) à son coéquipier Sergio Henao.

Bref, toute une étape hier qui nous a tenu en haleine dans le final. Contador tout de même, quel coureur! Richie Porte complète ce podium de Paris-Nice 2016.

Pour le reste, on retiendra de l’épreuve la 4e place d’Ilnur Zakarin, le vainqueur surprise du Tour de Romandie l’an dernier, et qui confirme en quelque sorte ce résultat. Deux Français terminent dans le top-10, Tony Gallopin 8e et Romain Bardet 9e, ce dernier ayant cependant davantage subi la course selon moi. Déception, du moins pour moi, du côté d’un autre Français, Pierre Rolland, seulement 18e du général à plus de 4 minutes: si c’est ça les techniques modernes d’entrainement de Jonathan Vaughters, il confirme mon impression depuis quelques années, c’est à dire qu’avec lui, c’est beaucoup de bla bla et pas grand chose derrière.

Grosse impression aussi du côté de… Ian Stannard, souvent présent tard dans les étapes accidentées, malgré un gabarit pour le moins peu adapté. Celui-là sera à surveiller sur les Flandriennes, c’est moi qui vous le dit…

Milan SanRemo

Plus tard cette semaine Tirreno-Adriatico se termine, avec comme prochain rendez-vous la Primavera (première grande classique de la saison), Milan SanRemo, et son si particulier Poggio dans le final. On entre dans le vif du sujet!

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