Sans le savoir, Mathew Hayman résume peut-être ainsi le sentiment de beaucoup de gens, qui auraient plutôt souhaiter voir Tom Boonen entrer dans l’histoire du cyclisme en devenant le seul coureur à remporter cinq Paris-Roubaix.
Tom Boonen la méritait en effet cette victoire, tant il a été volontaire et actif dans les 70 derniers kms de la course (« J’ai roulé pour gagner » a-t-il déclaré à l’arrivée, c’est tout à fait ça). Il a peut-être mal joué son sprint: légèrement enfermé aux 300m, il a choisi de déboiter à droite de Hayman, choisissant du coup un plus long chemin jusqu’à la ligne. Il avait la place pour passer à gauche, et je pense que c’eut été mieux.
Boonen pourra toutefois revenir l’an prochain.
Chose certaine, ce fut un Paris-Roubaix passionnant jusqu’à la toute fin: bien malin qui aurait pu dire le nom du vainqueur à 10 bornes de l’arrivée! Les cinq coureurs échappés – Boonen, Hayman, Stannard, VanMarcke et Boasson Hagen – ont chacun essayé, sans succès, et il était évident qu’ils étaient tous bien rincés dans les derniers hectomètres.
Je pense toutefois que la victoire d’Hayman est celle de l’économie, c’est de loin celui des cinq qui est le moins passé dans le final. Déjà content d’être là avec les quatre autres, il avait en quelque sorte le « droit » de moins passer, les autres coureurs avec lui étant d’une plus grande pointure: à eux d’assumer la responsabilité de la course.
Et puis, Mathew Hayman est un homme de Paris-Roubaix, sa course préférée: il en était hier à sa 15e participation, et il a à chaque fois vu le vélodrome de Roubaix. À 37 ans, c’est aussi une belle récompense qui vient couronner une longue carrière professionnelle passée le plus souvent au service de ses leaders.
C’est le vidéo « Backstage Pass » de l’équipe Orica-GreenEdge sur ce Paris-Roubaix qui sera très intéressant à regarder très prochainement! En attendant, voici celui tourné sur le Tour des Flandres.
On pourra aussi dire que Hayman et Boonen n’ont pas su éviter le retour des trois autres à 1,5km de la ligne, alors que Boonen était revenu sur Hayman qui avait attaqué sur le dernier petit secteur pavé de 300m. Il aurait été plus simple de gérer un sprint à deux plutôt qu’à 5 sur la piste de Roubaix, Boonen affirmant d’ailleurs avoir été gêné, dans les derniers mètres, par VanMarcke sur sa droite.
L’autre crève-coeur du jour, c’est la chute de Fabian Cancellara à 46 kms de l’arrivée, sur un secteur pavé boueux en raison de la pluie durant la nuit précédente. Cancellara n’a pas été blessé sur cette chute, heureusement, et il a tenu à terminer l’épreuve pour saluer, une dernière fois, le public de Roubaix. Un malheur ne venant jamais seul, Spartacus a rechuté durant son tour d’honneur, une fois la ligne franchie, devant tout le monde! Encore une fois, sans conséquence fâcheuse. Fataliste à l’arrivée, il résume bien l’essence de cette course: « Paris-Roubaix, c’est comme ça, c’est vraiment l’Enfer du Nord ».
Peter Sagan se sera lui aussi illustré sur cette édition de Paris-Roubaix, mais différemment: il a réussi à éviter d’aller au tapis sur la chute de Cancellara grâce à un numéro d’équilibriste et grâce à la chance, très certainement.
D’autres n’auront pas eu de chance: Ella Viviani a terminé à l’hosto, percuté par une moto dans la tranchée d’Arenberg. La violence de l’impact est impressionnante.
Une « tabarnak » de course… (Hugo Houle)
Nos coureurs canadiens ont bien fait et ont évité les chutes graves: Antoine Duchesne est le premier d’entre eux à Roubaix, en 58e position. Hugo Houle termine quelques 4 minutes plus tard, en 111e place. Considérant la difficulté de cette course pas faite pour les tendres, c’est excellent. Ryan Anderson a lui aussi rallié le vélodrome, mais hors délai. Enfin, Sven Tuft n’a pas complété l’épreuve.
Hugo Houle passe maintenant en mode recup et reviendra au Québec préparer son prochain grand objectif, le Giro. Antoine Duchesne sera lui aussi en break prochainement, après l’Amstel la semaine prochaine, un break bien mérité après avoir été sur la brèche durant tout le dernier mois, avec à la clé ce beau maillot de meilleur grimpeur sur Paris-Nice.
Tour du Pays Basque
Victoire finale d’Alberto Contador grâce à une grosse perf sur la dernière étape, un chrono de 17 bornes qu’il remporte cinq petites secondes devant Nairo Quintana. Ce chrono est riche en enseignement: la 4e place d’Adam Yates (attention à lui sur les Ardennaises!), la 6e place de Thibault Pinot, la 7e de Rui Costa qui monte en puissance, la 11e de Jurgen Van Den Broeck qu’on avait plus vu à pareille fête depuis un moment, mais aussi la… 46e place de Pierre Rolland, on attendait mieux il me semble s’il a disputé ce chrono à fond (il était 24e au général avant la dernière étape).
Le plus comique, c’est qu’Alberto Contador aurait changé d’avis récemment: il sera de retour dans le peloton en 2017!
Fabian, un autre Paris-Roubaix en 2017, allez! Tu te retires le soir de cette course l’an prochain, ce serait magnifique.

