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Giro: il protagonisti

Après deux jours de silence dû à une charge de travail exceptionnelle, La Flamme Rouge reprend du service normal.

La 99e édition du Giro d’Italia – l’une des plus belles courses cyclistes au monde – s’élancera samedi des Pays-Bas.

Au menu de Messieurs les coureurs, 3 463 kilomètres à parcourir, 6 arrivées en altitude, 61 kilomètres de chrono, et trois jours de repos.

Petit tour de la courte liste de protagonistes pour la victoire finale.

Vicenzo Nibali. Vainqueur des trois grands tours (Vuelta 2010, Giro 2013 et Tour de France 2014), le Requin de Messine a la pression cette année afin de reconquérir une grande course par étape après son échec l’an dernier. Je crois qu’il sera motivé sur ce Giro surtout parce qu’il joue… sa valeur marchande sur la scène des transferts, étant évident que son avenir chez Astana est loin d’être assuré compte tenu de la montée de Fabio Aru. Ce Giro plutôt montagneux devrait lui convenir, surtout si la météo est dégradée.

Alejandro Valverde. L’omniprésent champion espagnol découvre le Giro à 36 ans. Il est en forme et ce Giro constitue un grand objectif de sa saison. Il ne présente qu’une seule victoire sur un grand tour, la Vuelta en 2009. Ce Giro montagneux pourrait cependant lui jouer des tours, lui qui aime monter au train et qui n’a plus, en haute montagne, la giclette que peut avoir un Nibali par exemple.

Rigoberto Uran. 29 ans aujourd’hui, il terminait en 2012 meilleur jeune du Giro. Excellent rouleur, il pourra creuser des écarts sur les grimpeurs lors des chronos de ce Giro, mais c’est en haute montagne qu’il devra résister à ses adversaires. Concernant Uran, ses limites sont assez inconnues et ce pourrait être l’invité surprise sur le podium.

Tom Dumoulin. 25 ans seulement, le formidable rouleur a prouvé l’an dernier sur la Vuelta qu’il pouvait également résister aux meilleurs grimpeurs. S’il a manqué d’énergie sur les derniers jours de la Vuelta l’an dernier, il s’amène sur ce Giro avec un plus gros capital expérience et je pense qu’il sera très dangereux pour le général, malgré une équipe assez faible.

Ilnur Zakarin. Très en vue récemment, ce jeune coureur (26 ans) ne cesse de surprendre. Il roule, il grimpe, il résiste longtemps sans plier, ses limites sont carrément inconnues. Son équipe Katusha se présente avec des coureurs d’expérience à même de l’épauler s’il devait revêtir le maillot rose.

Steven Kruiswijk. Cet excellent grimpeur néerlandais semble toujours bien faire sur le Giro, et surtout durant la 3e semaine. Compte tenu des difficultés de ce Giro, on ne peut l’éliminer de la liste des favoris, même si on sait très peu de choses sur sa condition physique actuelle. Les chronos pourraient cependant lui faire perdre du temps.

Esteban Chaves. 5e du Tour d’Espagne l’an dernier, le coureur colombien s’affirme comme une valeur sûre sur les grands tours et continue de progresser. Il peut prétendre à une place sur le podium sur ce Giro si les circonstances de course lui sont favorables.

Mikel Landa. LA révélation du Giro l’an dernier, ce coureur surprend par son aisance en montagne, par sa puissance. Désormais leader d’une équipe, et pas la moindre (Sky), il dispose d’équipiers pour lui venir en aide en tout temps sur ce Giro, ce qui fera une grande différence. Après un début de saison plutôt lent, il a montré des signes évidents d’une excellente condition physique récemment, condition qui devrait continuer de s’améliorer sur ce Giro. Il devrait être très très fort en 3e semaine et je pense qu’il sera l’adversaire principal de Nibali et Valverde pour le maillot rose. À seulement 26 ans, il a la jeunesse de son côté.

Bref, plusieurs coureurs de 26 ans parmi cette courte liste de favoris, et qui voudront détrôner la génération des Nibali-Valverde. Ces derniers voudront pour leur part prouver qu’il faut encore compter avec eux et qu’ils ne sont pas prêts à passer la main… Ce Giro devrait être très excitant!

LBL: ca sera compliqué!

102e édition ce dimanche d’une des Classiques les plus difficiles qui soient: Liège-Bastogne-Liège, ou « La Doyenne » car la plus vieille des monuments (première édition en 1892!).

Ca s’annonce compliqué dimanche et ce, pour diverses raisons.

D’une part, la météo. On annonce un gros refroidissement ce week-end en Europe du Nord, avec des températures nettement sous les normales, du vent et des précipitations. Du coup, on pourrait voir des flocons tomber durant la course, et le vent sera bien présent pour durcir la course. En clair, ça se jouera aussi au moral et certains pourront déjà avoir perdu la course dans leur tête avant même le départ!

D’autre part, le final. Nouveauté cette année, l’ajout de la côte de Naniot dans les tous derniers kms, soit entre la côte de Saint-Nicolas et la montée finale vers la ligne, dans Ans. On a donc supprimé la petite récupération dont disposaient les coureurs avant: sitôt le bas de la descente de Saint-Nicolas, virage à droite et vlan! 600m à 10,5% de moyenne, sur des pavés pas toujours réguliers. On tourne en haut, on redescend et ça y est, vous êtes au pied de la dernière bosse vers l’arrivée. Aie. Mal aux pattes garanti!

Enfin, en raison de la présence d’Alejandro Valverde: qui pour battre l’Espagnol? Déjà trois fois vainqueur, champion défendant, il s’est baladé mercredi dernier sur la Flèche Wallonne. Spécialiste de cette course (en comptant ses victoires, il a été 6 fois sur le podium au cours des 10 dernières années!!), en grande forme, disposant d’une belle équipe autour de lui (Erviti, Moreno, Izaguirre ainsi que Nairo Quintana!), capable de bien performer sous des conditions climatiques difficiles, il sera définitivement l’homme à battre.

Les favoris

Outre Valverde, il y en a quand même qui devraient lui donner du fil à retordre.

On pense d’abord au duo de choc Etixx, soit Dan Martin et Julian Alaphilippe. Le premier a déjà gagné cette Classique en 2013, rappelons-le. Le second présente un tempérament d’attaquant, et il sera dans le final. Ajoutez à cela Petr Vakoc et Gianluca Brambilla et vous avez chez Etixx de quoi dynamiter le final s’ils essaient à tour de rôle de provoquer la Movistar.

On a aussi de beaux joueurs chez Katusha avec Joaquim Rodriguez, présent dans le final mercredi sur la Flèche, Ilnur Zakarin ou encore Jurgen Van Den Broeck à qui le parcours convient bien.

Rui Costa chez Lampre devrait également être là dans le final je pense, et il sera intéressant de voir ce que pourra faire Louis Mentjeis, présent l’an dernier en fin de course.

L’AG2R débarque avec une équipe intéressante, Bardet, Bakelants, Gauthier, Pozzovivo, Peraud, Vuillermoz, de quoi animer la course. Ils devront toutefois anticiper je pense s’ils veulent une belle place.

Deux hommes chez Sky seront à surveiller, Poels d’abord, Kwiatlowski ensuite. On annonce la présence de Chris Froome au départ, mais je ne le vois pas dans le final. Pour lui, c’est assurément une course de préparation. Quoi que s’il est passé par Ténérife juste avant, tout est possible!!

Nibali, Aru, Fulgsang, Rosa seront présents chez Astana, une autre équipe qui débarque donc avec son meilleur « line-up ».

D’autres coureurs à surveiller seront Gerrans et Albasini chez Orica, Gasparotto bien sûr chez Wanty après sa victoire sur l’Amstel et une place sur la Flèche, Gallopin et le remuant Wellens chez Lotto-Soudal bien sûr qui doivent concrétiser ça urge, Barguil chez Giant dont la forme est ascendante, et enfin Samuel Sanchez qui est en forme (oubliez Philippe Gilbert dimanche, forfait).

J’ose ajouter dans cette liste de coureurs à surveiller le Canadien Mike Woods, auteur d’une très belle 12e place mercredi sur la Flèche Wallonne en étant pourtant mal placé au pied du Mur. Le parcours de LBL lui convient bien, si ce n’est la distance nettement supérieure à celle de la Flèche et qu’il pourrait avoir du mal à gérer. S’il est protégé par son équipe (ce qui devait être le cas), s’il peut s’économiser avant le final, il peut faire une très jolie place en jouant conservateur et attentiste jusque dans les tous derniers kms. Il sera toujours temps de faire les comptes en haut de Saint-Nicolas avant les 3 derniers kms!

Les autres Canadiens

Outre Mike Woods, les Canadiens Ryder Hesjedal et Christian Meier seront de la fête dimanche.  Je ne les attends pas dans le final.

À la télé

C’est sur RDS2 au Québec à partir de 8h dimanche matin. Merde, je serai en course à Ste-Martine! Faudrait avoir quelqu’un sur une moto pour nous permettre de suivre l’action en direct de Liège… et on se consolera de la météo froide annoncée en pensant que les coureurs en Belgique n’auront vraisemblablement pas mieux!

Flèche Wallonne: Valverde, qui d’autre?

Journée historique hier dans le monde du cyclisme: l’espagnol Alejandro Valverde est devenu le premier coureur à inscrire 4 fois son nom au palmarès de la Flèche Wallonne. Quatre hommes partagent 3 victoires chacun: Marcel Kint, Eddy Merckx, Moreno Argentin et Davide Rebellin, ce dernier étant toujours en activité.

Il s’agissait également de la 3e victoire de suite de Valverde, un tour du chapeau en quelque sorte.

Les images dans la dernière ascension du Mur de Huy parlent d’elles-mêmes: Valverde a fait ce qu’il a voulu, quant il a voulu. J’aimerais avoir une telle aisance face à mes concurrents lors des courses provinciales avec du dénivelé!!! Pour ça, je suppose qu’il va me falloir aller m’entrainer avec du staff sur l’île de Ténérife, Valverde en étant revenu tout récemment après avoir choisi de faire l’impasse sur des courses de préparation classique comme le Tour du Pays Basque.

Bref, en un mot, impressionnant. Comme son équipe d’ailleurs, la Movistar a bien contrôlé la course pour le placer dans une situation idéale au pied de l’ascension finale.

Deux coureurs auront pu le tester dans cette dernière ascension, le duo Etixx Daniel Martin et Julian Alaphilippe, comme prévu. Ce dernier m’impressionne fortement, peut-être parce qu’il possède exactement la même morphologie que moi: 1m73 pour 62 kilos. S’il a manqué de puissance dans les tous derniers mètres, il termine à une belle 2e place comme l’an dernier. Il a également une bonne tête, une bonne attitude. Bref, j’aime ce coureur.

Derrière, y’a des coureurs qu’on attendait: Wouter Poels, Enrico Gasparotto vainqueur de l’Amstel dimanche dernier, Samuel Sanchez.

À noter la belle 9e place d’un autre Français, Warren Barguil. C’est une confirmation dans son cas: condition en hausse!

Mike Woods

Enfin, il convient de souligner la performance extraordinaire de Mike Woods, d’Ottawa: 12e à sa première participation!

Mieux, c’est Woods qui a vraisemblablement monté le Mur de Huy le plus rapidement hier dans le final : c’est lui qui est allé chercher le KOM sur l’ascension, égalant le temps établi l’an dernier par Wilco Kelderman. La 12e place de Mike aurait donc pu être bien meilleure s’il avait pu se positionner parmi les premiers au pied de la bosse. Sur les images, il amorce cette ascension avec certainement entre 15 et 20 coureurs devant lui, c’était déjà trop loin. Mike fait toutefois une beau rapproché dans les tous derniers mètres et 12e, c’est vraiment exceptionnel sur une course de ce niveau, de cette difficulté. Way to go! Il a un bon coup à jouer dimanche, c’est clair.

Les autres Canadiens sont plus loin: Christian Meier termine 78e, Ryder Hesjedal 112e à plus de 8 minutes.

Liège-Bastogne-Liège

L’attention se tourne maintenant sur dimanche prochain et La Doyenne, Liège-Bastogne-Liège, assurément parmi les plus anciennes courses cyclistes professionnelles qui existent.

La météo pourrait être compliquée, ils annoncent de la fraicheur dans le nord de l’Europe ce week-end, avec de possibles averses.

On regardera ensemble demain les favoris pour dimanche, et les coureurs ayant fait une place hier seront forcément de ceux là.

Henao, le doute

Nouvelle suspension pour Sergio Henao en raison d’anomalies détectées par le passeport biologique. C’est la 2e fois en carrière à ce qui me semble. Du coup, le doute s’installe sur la probité de ce coureur… Ses origines colombiennes, et notamment son organisme habitué à vivre en altitude, pourraient-elles expliquer cela? À suivre…

51e édition de l’Amstel Gold Race

Capture d’écran 2016-04-14 à 18.02.19Au menu de Messieurs les coureurs ce dimanche, 249 kms de course sur un terrain accidenté, celui de l’Amstel Gold Race. En clair, ça monte et ça descend tout le temps!

Imaginez un peu, pas moins de 34 ascensions dont 4 fois le célèbre Cauberg, juge de paix de l’épreuve car servant souvent de rampe de lancement pour la victoire. Rappelons toutefois que depuis quelques années, la ligne d’arrivée a été déplacée 1,8 kilomètres plus loin que le sommet du Cauberg, permettant à des coureurs légèrement décrochés de revenir dans les tous derniers hectomètres.

Chose certaine, ce ne sont pas les difficultés qui manquent, ce qui rend la course imprévisible: la bonne échappée peut partir n’importe quand!

Les favoris

On change de favoris comparé aux Flandriennes et nous devrions donc voir, à peu de chose près, d’autres coureurs prendre le devant de la scène.

La liste des partants est ici.

Plusieurs équipes s’amènent avec plusieurs coureurs pouvant prétendre jouer une très belle place au terme de la course.

Je pense en premier lieu à l’équipe Orica-GreenEdge, en confiance suite à sa récente victoire sur Paris-Roubaix. Michael Matthews, Simon Gerrans et surtout Adam Yates, récemment en vue au pays basque, peuvent tous les trois jouer la gagne dimanche.

Je pense ensuite aux Etixx, avec Julian Alaphilippe et Petr Vakoc qui ont disputé un final d’enfer sur la Flèche Brabançonne mercredi dernier. Attention à eux, ils sont jeunes, ils sont volontaires, ils ne se posent pas 36 questions quant il faut y aller. Ce Vakoc, aucune idée jusqu’où il peut aller et aucune idée de tout ce qu’il peut faire!

Les Sky du champion sortant devraient aussi être dans le coup. Michal Kwiatlowski a gagné récemment le GP E3, et Sergio Henao s’est distingué au Tour du Pays Basque.

Les Lotto arrivent également en forme au bon moment, surtout Tony Gallopin et Tim Wellens.

Idem pour les Giant-Alpecin avec Warren Barguil et Tom Dumoulin. Je pense que cette équipe a faim de victoires afin de mettre les tristes événements du début de saison derrière eux.

Enfin, les Katusha devraient être dans le coup avec Joaquim Rodriguez, qui fait toujours bien sur les Ardennaises, mais aussi Jurgen Van Den Broeck qui a récemment montré des signes de bonne condition physique.

Parmi les outsiders, on pourra considérer l’équipe BMC, surtout avec Samuel Sanchez, en vue sur le Tour du Pays Basque. Philippe Gilbert prendra le départ, le Cauberg est son terrain de chasse favori, mais il ne nous a pas rassuré récemment sur sa condition physique et je pense qu’il sera un peu court dimanche.

Chez Lotto, Sep VanMarcke s’amène après ses belles perfs sur le Ronde et Paris-Roubaix. Il est en condition, c’est clair.

Chez Lampre, Rui Costa sera à surveiller car lui aussi s’amène dans une condition physique ascendante. Il a une équipe entière à son service.

Enfin, chez Astana, n’oublions pas Diego Rosa, qui pourra surprendre son monde.

Les Canadiens

Ils sont trois au départ: Antoine Duchesne et Ryan Anderson pour Direct Énergie, ainsi que Ryder Hesjedal qui fait en quelque sorte sa grande rentrée. Accusant un peu de fatigue, il est difficile de dire ce que pourra faire Antoine Duchesne sur cette course, ce sera en fonction des jambes du jour. Il faudra surveiller Hesjedal pour faire le point sur sa condition.

À la télé

Dommage, je pense que ni RDS, ni RDS2 ne retransmettent la course ce dimanche. Vraiment dommage, il faudra donc s’en remettre à suivre la course via Internet et des sites comme Cyclingfans ou SteepHill.

Freins à disque: la parfaite connerie!

Je n’avais pas encore réagi à l’autre événement du dernier Paris-Roubaix: le coureur Movistar Fran Ventoso y a été sérieusement coupé par un disque de frein, et ce lors d’une chute.

Les photos de la coupure sont en effet très impressionnantes.

Le coureur n’a pas manqué l’occasion d’exprimer son opinion sur le sujet, et je le comprends.

Pour moi, c’est la parfaite connerie. L’exemple parfait du monde dans lequel on vit.

C’était évident, et je l’ai souvent exprimé sur ce site depuis 2013, les freins à disque représentent un réel danger en cas de chute dans le peloton. Ils sont coupants. Et les chutes, nombreuses.

Ben ca n’a pas loupé, et plutôt tôt que tard.

Du coup, ça y est, l’UCI suspend le droit d’utiliser ce genre de freins.

Bref, le monde à l’envers: plutôt que de prévenir, on laisse faire et on réagit à la suite d’un événement grave.

Typique de nos sociétés!

Vous voulez que je vous dise pourquoi je pense que l’UCI a autorisé ce genre d’essai?

En raison du lobby des fabricants de vélo.

Les freins à disque nécessitent en effet un cadre différent, présentant des ergots permettant le montage de ce type de frein. C’était donc l’occasion rêvée de vendre une nouvelle série de cadres adaptés à cette technologie. Quoi de mieux en effet, et les exemples sont nombreux dans notre société, qu’un changement de technologie pour relancer les ventes? Apple, les télés 3 puis 4G, les exemples sont si nombreux!

Pour nous convaincre, nous les pratiquants, de la nécessité de se doter de vélos avec freins à disque, il fallait donner l’exemple.

Et quoi de mieux que les pros pour donner l’exemple… ne sommes-nous pas à l’affut des dernières trouvailles techno du peloton?

Tout ce cirque me déçoit. En cyclisme sur route, les avantages des freins à disque sont très discutables compte tenu des inconvénients. Je les avais détaillé dans cet article l’an dernier.

Bref, l’UCI fait une fois de plus preuve de son incapacité à diriger efficacement et avec clairvoyance le cyclisme d’aujourd’hui. À plusieurs égards, le dossier du poids de 6,8 kilos imposé aux vélos témoigne aussi de cette incapacité de l’UCI de moderniser le cyclisme: on sait pertinemment qu’aujourd’hui, il est possible d’obtenir des vélos plus légers que 6,8 kilos tout en ne compromettant en rien la sécurité des coureurs qui sont dessus… pourvu qu’on y monte pas de freins à disque!

Alaphilippe: le retour!

Je vous invite à ne pas manquer le final de la Flèche Brabançonne disputée hier, ce fut excitant encore une fois. Surtout Julian Alaphilippe! Quel coureur!

Échappé dans le final avec Tim Wellens chez Lotto, Alaphilippe s’est fait reprendre par le paquet à environ 11 kms de l’arrivée. Sur une attaque de Tony Gallopin, il ressortait du paquet avec trois autres coureurs, dont son équipier Petr Vakoc. Les images à 3,1 kms de la ligne sont fantastiques: lorsque Alaphilippe réalise que Vakoc est là dans l’échappée, il prend immédiatement la tête du groupe de 5 coureurs et sert un relais d’enfer d’environ deux kilomètres afin de s’assurer de déposer Vakoc au pied de la dernière ascension sans que le peloton ne soit rentré. Un excellent travail d’équipe, tout à fait en lien avec mon texte d’hier. C’est peut-être ce qui a manqué au trio Terpstra-Stybar-Boonen sur les Flandriennes…. L’engagement d’Alaphilippe hier à la cause était total.

Chose certaine, j’adore ce coureur Julian Alaphilippe, un coureur volontaire, offensif, qui manifestement n’a pas peur de tout risquer pour gagner. J’aime également son style, son coup de pédale, sa classe sur un vélo, et ses qualités de puncheur qui nous rappellent le Philippe Gilbert des grandes années (2011). Inspirant! et ça promet pour les Ardennaises, à commencer par l’Amstel ce week-end et son final au terme de l’ascension du Cauberg. Tony Gallopin semble également être en forme, ce sera un autre coureur intéressant à surveiller au cours des deux prochaines semaines.

Quant à ce Petr Vakoc, 23 ans, vainqueur hier, ouf! Quel puissance! Je pense que nous tenons là un coureur de grand talent sur les courses d’un jour pour les prochaines années, et il ne tardera pas à se frotter aux meilleurs s’il continue ainsi.

Hayman: « Je suis désolé d’avoir gagné »!

Sans le savoir, Mathew Hayman résume peut-être ainsi le sentiment de beaucoup de gens, qui auraient plutôt souhaiter voir Tom Boonen entrer dans l’histoire du cyclisme en devenant le seul coureur à remporter cinq Paris-Roubaix.

Tom Boonen la méritait en effet cette victoire, tant il a été volontaire et actif dans les 70 derniers kms de la course (« J’ai roulé pour gagner » a-t-il déclaré à l’arrivée, c’est tout à fait ça). Il a peut-être mal joué son sprint: légèrement enfermé aux 300m, il a choisi de déboiter à droite de Hayman, choisissant du coup un plus long chemin jusqu’à la ligne. Il avait la place pour passer à gauche, et je pense que c’eut été mieux.

Boonen pourra toutefois revenir l’an prochain.

Chose certaine, ce fut un Paris-Roubaix passionnant jusqu’à la toute fin: bien malin qui aurait pu dire le nom du vainqueur à 10 bornes de l’arrivée! Les cinq coureurs échappés – Boonen, Hayman, Stannard, VanMarcke et Boasson Hagen – ont chacun essayé, sans succès, et il était évident qu’ils étaient tous bien rincés dans les derniers hectomètres.

Je pense toutefois que la victoire d’Hayman est celle de l’économie, c’est de loin celui des cinq qui est le moins passé dans le final. Déjà content d’être là avec les quatre autres, il avait en quelque sorte le « droit » de moins passer, les autres coureurs avec lui étant d’une plus grande pointure: à eux d’assumer la responsabilité de la course.

Et puis, Mathew Hayman est un homme de Paris-Roubaix, sa course préférée: il en était hier à sa 15e participation, et il a à chaque fois vu le vélodrome de Roubaix. À 37 ans, c’est aussi une belle récompense qui vient couronner une longue carrière professionnelle passée le plus souvent au service de ses leaders.

C’est le vidéo « Backstage Pass » de l’équipe Orica-GreenEdge sur ce Paris-Roubaix qui sera très intéressant à regarder très prochainement! En attendant, voici celui tourné sur le Tour des Flandres.

On pourra aussi dire que Hayman et Boonen n’ont pas su éviter le retour des trois autres à 1,5km de la ligne, alors que Boonen était revenu sur Hayman qui avait attaqué sur le dernier petit secteur pavé de 300m. Il aurait été plus simple de gérer un sprint à deux plutôt qu’à 5 sur la piste de Roubaix, Boonen affirmant d’ailleurs avoir été gêné, dans les derniers mètres, par VanMarcke sur sa droite.

L’autre crève-coeur du jour, c’est la chute de Fabian Cancellara à 46 kms de l’arrivée, sur un secteur pavé boueux en raison de la pluie durant la nuit précédente. Cancellara n’a pas été blessé sur cette chute, heureusement, et il a tenu à terminer l’épreuve pour saluer, une dernière fois, le public de Roubaix. Un malheur ne venant jamais seul, Spartacus a rechuté durant son tour d’honneur, une fois la ligne franchie, devant tout le monde! Encore une fois, sans conséquence fâcheuse. Fataliste à l’arrivée, il résume bien l’essence de cette course: « Paris-Roubaix, c’est comme ça, c’est vraiment l’Enfer du Nord ».

Peter Sagan se sera lui aussi illustré sur cette édition de Paris-Roubaix, mais différemment: il a réussi à éviter d’aller au tapis sur la chute de Cancellara grâce à un numéro d’équilibriste et grâce à la chance, très certainement.

D’autres n’auront pas eu de chance: Ella Viviani a terminé à l’hosto, percuté par une moto dans la tranchée d’Arenberg. La violence de l’impact est impressionnante.

Une « tabarnak » de course… (Hugo Houle)

Nos coureurs canadiens ont bien fait et ont évité les chutes graves: Antoine Duchesne est le premier d’entre eux à Roubaix, en 58e position. Hugo Houle termine quelques 4 minutes plus tard, en 111e place. Considérant la difficulté de cette course pas faite pour les tendres, c’est excellent. Ryan Anderson a lui aussi rallié le vélodrome, mais hors délai. Enfin, Sven Tuft n’a pas complété l’épreuve.

Hugo Houle passe maintenant en mode recup et reviendra au Québec préparer son prochain grand objectif, le Giro. Antoine Duchesne sera lui aussi en break prochainement, après l’Amstel la semaine prochaine, un break bien mérité après avoir été sur la brèche durant tout le dernier mois, avec à la clé ce beau maillot de meilleur grimpeur sur Paris-Nice.

Tour du Pays Basque

Victoire finale d’Alberto Contador grâce à une grosse perf sur la dernière étape, un chrono de 17 bornes qu’il remporte cinq petites secondes devant Nairo Quintana. Ce chrono est riche en enseignement: la 4e place d’Adam Yates (attention à lui sur les Ardennaises!), la 6e place de Thibault Pinot, la 7e de Rui Costa qui monte en puissance, la 11e de Jurgen Van Den Broeck qu’on avait plus vu à pareille fête depuis un moment, mais aussi la… 46e place de Pierre Rolland, on attendait mieux il me semble s’il a disputé ce chrono à fond (il était 24e au général avant la dernière étape).

Le plus comique, c’est qu’Alberto Contador aurait changé d’avis récemment: il sera de retour dans le peloton en 2017!

Fabian, un autre Paris-Roubaix en 2017, allez! Tu te retires le soir de cette course l’an prochain, ce serait magnifique.

Votre guide de Paris-Roubaix

Alors, flandrienne ou pas flandrienne que Paris-Roubaix?

Pour moi, c’est clair, Paris-Roubaix est la dernière courses de la série des Flandriennes, même si la course ne se déroule pas au coeur des Flandres belges. Flandrienne de part son caractère, ses pavés, ses gens, sa météo souvent capricieuse, et son vent.

On disputera donc ce dimanche la 114e édition de Paris-Roubaix, et son vainqueur succédera à l’Allemand John Dekengolb.

Pour l’histoire, Tom Boonen, au départ dimanche, pourrait, s’il gagne, devenir le recordman de l’épreuve, avec 5 victoires. Un autre belge partage avec lui 4 victoires en carrière, soit M. Paris-Roubaix, Roger de Vlaeminck.

Au menu de Messieurs les coureurs, 257 kms entre Compiègne, au nord de Paris, et le vélodrome de Roubaix. Entre les deux bien sûr, 27 secteurs pavés plus ou moins longs, c’est selon, et plus ou moins difficiles, selon leur état. Autrement dit, n’entre pas qui veut sur le vélodrome de Roubaix et ses célèbres douches!

Voici ces 27 secteurs pavés, tous faisant l’objet d’un tronçon Strava si, un jour, le coeur vous dit d’aller vous essayer pour un KOM:

27. Troisvilles (98.5km – 2,200m) ***
26. Viesly (105km – 1,800m) ***
25. Quievy (107.5km – 3,700m) ****
24. Saint-Python (112.5km – 1,500m) **
23. Vertain (120.5km – 2,300m) ***
22. Capelle (127km – 1,700m) ***
21. Quérénaing – Maing (137.5km – 2,500m) ***
20. Monchaux-sur-Ecaillon (141km – 1,600m) ***
19. Haveluy (154km – 2,500m) ****
18. Trouée d’Arenberg (162km – 2,400m) *****
17. Wallers – Hélesmes (a.k.a. Pont Gibus) (168km – 1,600m) ***
16. Hornaing (175km – 3,700m) ****
15. Warlaing – Brillon (182.5km – 2,400m) ***
14. Tilloy – Sars-et-Rosières (186km – 2,400m) ****
13. Beuvry-la-Forêt – Orchies (192.5km – 1,400m) ***
12. Orchies (197.5km – 1,700m) ***
11. Auchy-lez-Orchies – Bersée (203.5km – 2,700m) ****
10. Mons-en-Pévèle (209km – 3,000m) *****
9. Mérignies – Avelin (215km – 700m) **
8. Pont-Thibaut (218km – 1,400m) ***
7. Templeuve – Moulin de Vertain (224.5km – 500m) **
6. Cysoing – Bourghelles (231km – 1,300m) *** / Bourghelles – Wannehain (233.5km – 1,100m) ***
5. Camphin-en-Pévèle (238km – 1,800m) ****
4. Le Carrefour de l’Arbre (240.5km – 2,100m) *****
3. Gruson (243km – 1,100m) **
2. Hem (249.5km – 1,400m) **
1. Roubaix (256.5km – 300m) *

Les secteurs clef sont évidemment ceux qui sont cotés 5 étoiles: Arenberg, Mons-En-Pévèle, et surtout le Carrefour de l’Arbre, souvent utilisé ces dernières années comme rampe de lancement vers la victoire.

Météo

La météo annoncée dimanche ne devrait pas être si mal pour les coureurs: temps assez ensoleillé avec quelques nuages, environ 12-13 degrés. Un vent d’environ 15 km/h de l’Est est également prévu.

Les favoris

Évidemment, deux coureurs sont donnés largement favoris, soit Peter Sagan, vainqueur du Ronde il y a une semaine, et Fabian Cancellara, 2e à Oudenaarde dimanche dernier.

Les deux sont en grande forme, et gageons que Cancellara ne fera pas deux fois l’erreur de laisser filer Peter Sagan. Revanchard, Spartacus sait aussi qu’il joue une partie de sa saison dimanche: s’il gagne, c’est à quelque part « saison réussie » et les succès suivants pourront être considérés comme du bonus. S’il perd, il restera avec une certaine pression, celle de gagner ailleurs que sur son terrain favori.

Sagan court quant à lui libéré d’une certaine façon: il a déjà gagné.

Outre ces deux là, j’ajoute un 3e grand favori, Sep VanMarcke. Troisième le week-end dernier, sa forme est ascendante et je pense qu’il pourra bénéficier d’un effet surprise dimanche. Attention à lui!

Les outsiders

Ils sont nombreux! D’abord les Sky avec Luke Rowe et Ian Stannard, ce dernier étant une bête à rouler.

Ensuite les Etixx bien sûr, encore mouchés sur les grandes Classiques cette saison. Si les pavés sont mauvais dimanche, des spécialistes du cyclo-cross comme Stybar ou Terpstra seront redoutables. Évidemment, Tom Boonen ne peut être laissé de côté dans cette courte liste des outsiders. Enfin, les Etixx auront également au départ Tony Martin et Stijn Vandenbergh, donc au total pas moins de 5 coureurs qui peuvent nourrir des ambitions. On ne fait pas mieux!

Lars Boom, lui aussi un ex-spécialiste du cyclo-cross, devra également être surveillé, tout comme Lieuwe Westra dans cette équipe Astana. Ce dernier est en forme en ce moment.

Jens Keukeleire chez Orica pourrait surprendre selon moi, tout comme Tiesj Benoot, Jurgen Roelandts ou encore Jelle Wallays chez Lotto. Cette équipe a un bon coup à jouer et elle aussi n’a pas gagné beaucoup jusqu’ici sur la scène des Classiques.

Notons enfin bien sûr les sprinters Alexandre Kristoff ou encore Mark Cavendish qui pourraient également bien faire si un petit paquet restait ensemble jusqu’au vélodrome.

Les Canadiens

Ils sont quatre au départ, soit Svein Tuft, Hugo Houle, Antoine Duchesne et Ryan Anderson.

À la télé

C’est sur RDS que ça se passera, dimanche matin entre 7 et 11h.

Les à-côtés

D’abord, ce beau photo-reportage sur l’histoire de Paris-Roubaix et ses coureurs évoluant dans des conditions climatiques difficiles. Certaines images sont saisissantes, en particulier celle de Wilfried Peeters sortant d’Arenberg en 2001.

Ensuite ces trois petits vidéos présentant Paris-Roubaix.

Ronde: Sagan, enfin!

On l’attendait depuis un moment déjà, la course ne nous aura pas déçue: c’est un très beau Tour des Flandres qu’on aura vu hier, enlevant jusqu’à la fin.

Comme anticipé, les bonnes conditions météo ont généré une course très rapide, sans temps mort. Tous les coureurs étaient unanimes à l’arrivée: ça a roulé vite, très vite et ce, tout le temps. C’est ainsi qu’il aura fallu attendre 80 bornes avant que l’échappée matinale prenne le large, une échappée matinale qui incluait le québécois Hugo Houle et qui n’a jamais compté beaucoup plus de quatre minutes d’avance.

C’est à un peu plus de 32 bornes de l’arrivée que la course s’est jouée, entre le Taaienberg et le Kruisberg, sur une accélération de Michal Kwiatlowski, rapidement suivi de Peter Sagan puis, avec un petit temps de retard, de Sep VanMarcke. J’ai mal compris pourquoi Fabian Cancellara, alors bien placé, n’a pas accompagné à ce stade crucial de la course. Ce fut l’erreur fatale.

Par la suite, Peter Sagan nous a prouvé qu’il était, avec Cancellara, l’homme fort de ce Tour des Flandres. Il a décroché VanMarcke à la régulière, dans la dernière ascension du Patenberg, pour filer solo vers la victoire. Le rapproché de Cancellara, mal assisté d’un VanMarcke de tout façon complètement cuit, n’aura jamais mis en péril la victoire du slovaque.

Pour Cancellara sur ces 13 derniers kms, il lui aura manqué la présence d’un coureur Sky et/ou Etixx à ses côtés. La vérité, c’est que ces deux formations n’ont su répondre présentes dans les tous derniers kms, ne disposant tout simplement pas d’hommes à la puissance nécessaire pour faire jeu égal avec Cancellara ou Sagan.

Bref, une magnifique victoire (car solo) d’un bien beau champion du monde qui décroche enfin, après plusieurs saisons professionnelles (et 4 maillots verts à Paris!), son premier « monument » du cyclisme. Gageons que ce n’est pas fini, Sagan se posant logiquement comme le favori de Paris-Roubaix dimanche prochain, et un homme pouvant également gagner l’Amstel Gold Race le week-end suivant. Quant on a les jambes, rien n’est trop dur comme le dit l’adage en vélo…

Cancellara, le champion

Le Suisse était déçu à l’arrivée de ne pas avoir gagné, il était venu pour ça, et sa déception est selon moi la marque d’un grand champion. Gageons qu’il sera revanchard – et doublement dangereux – sur Paris-Roubaix la semaine prochaine. Cancellara a vraiment manqué de jugement lorsque Kwiatlowski et Sagan sont partis, il aurait pu suivre à ce moment.

VanMarcke, la classe

J’ai beaucoup aimé l’attitude de Sep VanMarcke dans les tous derniers hectomètres, décidant de ne pas disputer le sprint pour laisser la 2e place à Cancellara. C’était l’attitude à avoir selon le code d’honneur des coureurs, Cancellara ayant assumé 90% du travail sur les 13 derniers kms séparant le sommet du Patenberg et l’arrivée. Bravo au Belge pour ce geste.

Etixx

L’équipe belge a une fois encore été mouchée, et seul Terpstra et surtout Vandenberg auront assumé leurs responsabilités à mes yeux dans le final. Boonen a été inexistant sur la course, ne parvenant jamais à peser sur les événements.

Les deux Québécois

Les deux coureurs québécois au départ, Hugo Houle et Antoine Duchesne, qui partage leur logement dans le sud de la France, se seront distingués chacun à leur manière et c’est très bien. Houle s’est glissé dans la principale échappée du jour, et s’est fait décroché au km 200 environ, sur le Kwaremont. Rien à dire, à ce niveau. Duchesne, pour sa part, figurait encore parmi le groupe de tête dans le final, un exploit. Il n’aura cédé que sur le Taaienberg, après 218 kms de course, excusez-un-peu. Les commentaires d’après-course d’Antoine sont ici, et un sympathique petit vidéo tourné par l’équipe Direct Énergie est disponible à la fin de cet article, où on peut apprécier l’état d’esprit (avant) et l’état de fatigue (après) d’Antoine.

L’autre exploit du jour

Imanol Erviti, ou le coureur Movistar qui se fait tous les monts en tête, pour finalement terminer 7e du Ronde. Coureur peu connu, il faudra porter davantage attention à ce garçon dans l’avenir, bien qu’il ait déjà 32 ans.

Un beau reportage

Un très beau reportage sur l’histoire et le caractère « mythique » du Tour des Flandres est disponible ici, photos à l’appui et publié par le journal Le Monde.

Les mauvaises nouvelles

La chute de Greg Van Avermaet d’abord, qui s’est soldée par une fracture de la clavicule, un classique. Le coureur belge devrait être indisponible pour au moins 3 semaines.

LA grosse mauvaise nouvelle, c’est cette histoire d’un médecin anglais, Mark Bonar, qui, à la caméra cachée, affirme avoir dopé à l’EPO, aux hormones de croissance, aux stéroides et autres produits « lourds » des footballeurs et des cyclistes anglais, dont certains ont eu de bons résultats sur le Tour de France. Ce médecin anglais faisait l’objet de soupçons depuis deux ans déjà. Et si on venait d’expliquer le succès des Sky ces dernières années, en débusquant le « Michele Ferrari » anglais? Chose certaine, ça sent très mauvais… et la bonne nouvelle dans cette mauvaise nouvelle pour le vélo, c’est qu’une enquête indépendante a été déclenchée pour faire la lumière sur cette histoire. Stay tuned…

Matos

Intéressant photo-reportage du matos utilisé sur le Ronde ce week-end, question de voir comment les pros se préparent à affronter les pavés. Des boyaux de 28mm sont en usage, comme des freins à disque et des lubrifiants spéciaux pour les chaines.

Le Tour du pays basque

La semaine en cyclisme sera intéressante avec le début demain du toujours très difficile Tour du pays basque où une mauvaise météo est annoncée, de quoi durcir encore davantage l’épreuve. Très souvent, les coureurs se distinguant sur cette épreuve espagnole sont ceux qu’on retrouve devant sur les Ardennaises, donc ce sera primordial de s’intéresser à cette course. Pour les autres plus au Nord, on disputera ce mercredi la 104e édition du GP de l’Escaut (Scheldeprijs), avant de refaire du jus pour l’Enfer du Nord dimanche prochain.

Ronde: la gran'(ker)messe du cyclisme!

On y est les amis, ce dimanche LA plus belle course de la saison: le Ronde Van Vlaanderen, le Tour des Flandres, dont la première édition remonte à… 1913. On en est donc à la 100e édition cette année (certaines années ayant été sautées notamment en raison des guerres).

Pour les flahutes, remporter le Ronde est davantage garant d’une place dans le coeur du public flamand que de porter le maillot jaune sur le Tour, c’est dire.

Un enjeu dimanche est de taille: Tom Boonen et Fabian Cancellara sont tous les deux au départ, donc susceptibles de remporter une… 4e victoire sur l’épreuve, ce qui constituerait un record. À ce jour, six coureurs dans l’histoire ont réussi à s’imposer trois fois, soit, outre les deux coureurs encore en activité, Achiel Buysse, Fiorenzo Magni, Eric Leman et Johan Museeuw.

Un parcours qui change

Au menu de Messieurs les coureurs, 255 kms entre Bruges et Oudenaarde, par delà pas moins de 18 monts, certains pavés, auxquels il faut ajouter 7 secteurs pavés.

Sur de telles routes étroites, avec une succession de virages à 90 degrés, de changements de direction, donc de sens du vent, la science du placement est l’une des clefs de la course. À ce petit jeu, il est évident que les grands du peloton ont un peu plus de facilité à se maintenir aux avant-postes et que le rôle des équipiers est capital.

La course sera véritablement lancée au km 103 avec le premier mont, le Oude-Kwaremont. Ce dernier sera également l’objet de l’avant dernière difficulté de la course, au km 238. Dans l’ordre, les monts à escalader sont les suivants: Kortekeer (km 114), Eikenberg (km 121), Wolvenberg (km 124), Molenberg (km 137), Leberg (km 157), Berendries (km 161), Falkenberg (km 167), Kaperij (km 177), Kanarieberg (km 185), Kwaremont (km 200), Paterberg (km 204), Koppenberg (km 210), Steenbeekdries (km 216), Taaienberg (km 218), Kruisberg (km 229), Oude-Kwaremont (km 238) et Paterberg (km 242).

Les plus pentus de ces monts sont les Paterberg, véritable rampe de lancement vers la victoire à seulement 13 kms de l’arrivée, Koppenberg, Eikenberg, Molenberg et Taaienberg. Surveillez tout particulièrement ces phases de la course! À noter que moins de 4 kms séparent les deux derniers monts de la course, ce qui laisse peu de place à la récupération.

À noter que le parcours a changé en 2013, les organisateurs ayant décidé de finir la course du côté d’Oudenaarde. Certains regrettent – j’en suis – que la course ne passe plus, dans le final, par le Muur de Geraardsbergen (mur de Grammont) avec sa célèbre chapelle en haut, puis par le Bosberg au pied duquel une stèle à l’honneur d’Eddy Merckx est visible.

La météo dimanche

Ca devrait être assez bon pour les coureurs, avec 19 degrés annoncés en après-midi, sous un ciel devenant progressivement de plus en plus nuageux. Un vent léger est également prévu. Ces bonnes conditions de course devrait favoriser une sélection par l’avant plutôt que par l’arrière et il est à prévoir que le peloton sera encore très gros tard dans la course. Le placement sera encore plus capital!

Les favoris

C’est fou tant la liste des favoris est longue cette année! La course sera probablement très ouverte tant son nombreux les coureurs qui peuvent légitimement nourrir certaines ambitions. Bien malin qui pourrait donner le nom du vainqueur à 48h de l’épreuve.

Cinq équipes se distinguent selon moi parce qu’elles ont plusieurs coureurs capables de gagner, et n’auront donc pas un seul coureur protégé dimanche.

D’abord Etixx avec Tom Boonen, Niki Terpstra, Zdenek Stybar voire Stijn Vandenberg. L’équipe belge de Patrick Lefevere a une grosse pression sur elle, n’ayant pas livré jusqu’ici les résultats auxquels on peut s’attendre pour une équipe de cette classe. Souvent pris à revers dans le final des Classiques cette saison, obligés de chasser parce que n’ayant personne dans la bonne devant, ils se doivent de mieux prendre des initiatives dimanche pour se retrouver enfin dans la position de force que leur surnombre de leaders doivent leur permettre.

Trek. Avec Fabian Cancellara, en grande forme en ce moment, Jasper Stuyven et Edward Theuns, sans oublier Stijn Devolder, l’équipe a de quoi déjouer les plans. Si on cherchera avant tout à protéger Cancellara, gageons que l’équipe saura sauter sur les autres opportunités si elles se présentent.

BMC. Greg VanAvermaet, lui aussi en grande condition, et l’attaquant Daniel Oss sont leurs pièces maitresse.

Lotto. Ils ont Tiesj Benoot, Jurgen Roelandts et Jens Debusschere (ce dernier a subi récemment une commotion cérébrale suite à une chute, mais son nom figure sur l’alignement Lotto pour dimanche). S’ils laisseront probablement les autres puissantes formations se dévoiler d’abord, ils ont la puissance pour tirer leur épingle du jeu dans le final en multipliant les initiatives.

Enfin, Sky, possiblement LA formation la plus forte sur le papier pour dimanche. Voyez un peu: Michal Kwiatlowski, Geraint Thomas, Luke Rowe et Ian Stannard, rien que ça! De quoi faire la course, attaquer constamment, lancer des coups et même contrer par après. Il sera difficile de se défaire des coureurs Sky dimanche, ça j’en suis sûr.

Parmi les autres favoris, un nom: Peter Sagan bien sûr. Il aura la Tinkoff à son service et a prouvé sur Gent-Wevelgem qu’il est en grande condition. C’est à mes yeux le seul capable de répondre à la puissance brute de Cancellara dimanche.

Sep VanMarcke. On sent que le coureur belge monte en puissance depuis quelques semaines. Il dispose aussi d’une équipe principalement à son service. Il n’a pas trop de pression non plus, n’étant pas un coureur s’étant dévoilé jusqu’ici. Cette absence de pression pourrait être son meilleur atout pour surprendre dimanche!

Arnaud Demare. L’équipe FDJ est sur une bonne lancée après quelques belles victoires déjà cette saison, de quoi donner confiance en tout cas. De plus, Demare a prouvé qu’il est capable de passer les bosses. Si jamais un bon groupe devait se présenter avec lui à la ligne d’arrivée en raison des bonnes conditions de course annoncées, il est assurément un des sprinters les plus capables de s’imposer.

Les autres coureurs intéressants à surveiller dimanche sont Fillipo Pozzato, imprévisible et en bonne condition. Ce coureur a la classe et il a déjà annoncé vouloir faire un résultat sur le Ronde. Ca sera excitant à suivre.

Edvald Boasson Hagen. Lui aussi passe bien les bosses et devrait avoir l’équipe Dimension Data à son service.

Enfin, Lieuwe Westra chez Astana. Hormis ce coureur, je ne vois pas vraiment qui chez Astana pourrait bien faire dimanche. Lars Boom? Je n’y crois pas… comme je ne crois pas aux chances d’Alexandre Kristoff, le vainqueur sortant. Ce dernier m’a apparu trop juste récemment, et il devrait logiquement sauter dans les derniers monts pavés dimanche. La météo sera cependant son meilleur atout, lui permettant peut-être de compter sur une course moins sélective que d’habitude, procurant également des chances de « rentrer » s’il est légèrement décroché sur certains monts.

Les Canadiens

Ils sont quatre au départ, ce qui n’est pas sans intérêt: Hugo Houle, Svein Tuft, Ryan Anderson et Antoine Duchesne. Ce dernier est en grande condition suite à son excellent Paris-Nice, en confiance aussi. Il mérite d’être protégé par son équipe, et une partie de son résultat se jouera sur son placement à l’approche des difficultés dans les 50 derniers kms de la course. Go Antoine go! Une récente et intéressante entrevue avec Antoine est disponible ici. Hugo Houle a de son côté annoncé récemment qu’il sera de l’aventure du Giro en mai prochain, signifiant du même coup qu’une participation au prochain Tour de France est très peu probable pour lui. Antoine Duchesne reste pour sa part un candidat possible pour Direct Énergie, même s’il devra continuer de montrer à son équipe qu’il mérite une des neuf places disponibles pour la Grande Boucle. Si ce n’est pas encore gagné, Antoine peut y croire!

Chez les femmes

Le Ronde, ca se dispute aussi chez les femmes et c’est très bien. Dimanche, les meilleures coureuses s’élanceront sur la 13e édition de la course longue de 141 kms, avec 10 monts à franchir et 4 secteurs pavés. Le final est le même que chez les hommes, avec l’enchainement rapide du Oude-Kwaremont et du Paterberg, puis les 13 derniers kilomètres pour rallier l’arrivée.

L’épouvantail est évidemment la championne du monde Elizabeth Armitstead. La vainqueur de l’an dernier, l’italienne Elisa Longo-Borghini, est du départ, comme la sensation française Pauline Ferrand-Prevost. La québécoise Joelle Numainville, chez Cervelo-Bigla, est également annoncée au départ, et rappelons qu’elle a terminé 3e de cette épreuve en 2012. Lex Albrecht, chez BePink, Leah Kirchmann, chez Liv-Plantur, ainsi que Annie Ewart, chez UnitedHealthCare, sont aussi de la partie pour le Canada.

Astana à La Panne: un rare niveau d’incompétence!

J’ai rarement vu un tel niveau d’incompétence tactique au niveau professionnel.

Pour comprendre tout ce qu’il ne faut pas faire lorsque vous êtes deux coureurs de la même équipe échappés avec un seul autre adversaire, payez-vous les images des 15 derniers kms de la première étape des Trois jours de la Panne, courue hier.

Un vidéo avec interprétation des principales erreurs est aussi disponible ici.

Kristoff s’est imposé sans difficulté au sprint, non sans avoir été très réglo avec ses compagnons d’échappée chez Astana (Westra et Lutsenko). De son côté, rien à dire et le coureur norvégien devait être ravi de profiter de pareille incompétence de ses deux adversaires du jour.

La principale faute revient à mon sens à Lutsenko, qui a commencé à sauter ses relais à environ 9,5 kms de la ligne. Dans ce contexte, considérant l’avantage des Astana, Kristoff avait raison de remettre ses propres relais en question, ce qu’il a fait comprendre à Westra. Ce dernier a bien joué sa carte, attendant de son équipier la stratégie classique qui n’est jamais venu. Le comble, c’est qu’on a vu Westra perdre patience face à son propre équipier! Bonjour l’ambiance chez Astana ce soir…

Au lieu d’attaquer à diverses reprises, Lutsenko s’est contenté de sauter ses relais pour attendre bêtement le sprint: croyait-il vraiment pouvoir battre Kristoff dans cette discipline?

Vraiment, depuis quelques années, on voit de plus en plus de grossières erreurs tactiques chez les coureurs pro. Aussi, je me pose la question: ces derniers deviendraient-ils trop dépendants des oreillettes, perdant ainsi leurs réflexes tactiques ou leur capacité d’user, en course, de leur jugement le plus élémentaire?

Rappelez-vous l’an dernier les Etixx sur Gent-Wevelgem, alors qu’ils étaient trois devant et qu’ils avaient laissé échapper la victoire à Ian Stannard chez Sky…

Les motos

À peine 24h après le décès d’Antoine Demoitié, percuté par une moto ce week-end en course, les motos ont de nouveau été au centre de plusieurs controverses hier sur cette première étape des Trois jours de la Panne. Cet article de L’Équipe montre bien, photos à l’appui, l’étendue des problèmes avec les engins motorisés circulant autour des coureurs à tout moment des courses cyclistes.

Il faut vraiment faire quelque chose.

Parmi les solutions, celle de revoir qui pilote ces motos: je suis d’avis qu’il faut viser d’ex-coureurs pro, à même d’anticiper les réflexes des coureurs, en ayant déjà été eux-mêmes. Il faut également réduire leur nombre de toute évidence. Enfin, l’équipement utilisé peut possiblement être revu: certaines motos me paraissent inutilement grosses.

Dwars door Vlaanderen: Duchesne dans le coup!

Après quelques tergiversations qu’on peut comprendre, la Classique À Travers la Flandre a bel et bien eu lieu hier en Belgique.

Ca s’est terminé au sprint dans un final intéressant puisque Greg Van Avermaet a réalisé un beau petit numéro solo pour ne se faire reprendre qu’aux 400m. Il fallait de la force pour résister ainsi au paquet pendant plus de 8 kilomètres.

Sur la ligne, le Belge Debusschere chez Lotto a ajusté le Français Brian Coquard d’un boyau. Les images me laissent penser que Coquard avait peut-être un braquet une dent trop gros dans ce sprint. Y’a du beau monde derrière par ailleurs: Theuns, Pozzato (qui revient en grande forme!), Keukeleire, Nizzolo, Gatto, Gaviria…

Certains d’entre vous sont d’avis que les motos, présentes dans le final, auraient pu favoriser l’échappée de Van Avermaet. Le vidéo ne me permet pas de tirer cette conclusion, même si je conviens que les nombreuses motos sur les courses professionnelles sont souvent une nuisance.

Le Québécois Antoine Duchesne a encore une fois bien fait, malgré des jambes pas au top hier: il termine dans le premier groupe, avec le même temps que le vainqueur, un groupe d’un peu plus d’une trentaine d’unités. Bravo! Voilà qui est excitant pour la suite des choses, en espérant que le calme revienne sur la Belgique au plus vite.

Petit Tour de l’actualité

Petit Tour de l’actualité aujourd’hui, une actualité bien sûr dominée par le Tour de Catalogue et À Travers la Flandre, mais aussi assombrie par les récents événements tragiques de Bruxelles et qui a eu un impact jusque dans le monde du cyclisme.

1 – Classiques belges. Les deux prochaines semaines s’annonçaient festives en Belgique, avec la pleine saison des Classiques en cyclisme. La fête est forcément gâchée par les récents attentats qui ont fait plusieurs morts à Bruxelles. Peut-être plus que jamais avons-nous besoin de certaines valeurs rassembleuses du sport, notamment cette idée universelle de l’effort collectif et du respect de ses adversaires…

2 – Peloton diminué. À travers la Flandre s’élancera certainement avec un peloton aux effectifs réduits, certains coureurs pouvant avoir eu du mal à rejoindre la Belgique de leur résidence. Déjà, l’équipe Giant-Alpecin s’est retirée de l’épreuve, certains de ses coureurs n’ayant pu rejoindre Bruxelles hier par les airs. Avec un niveau de sécurité maximale, d’autres impacts sont également à prévoir du côté du public, peut-être moins nombreux sur le bord des routes. Et cela ramène au premier plan la question de la sécurité lors des courses cyclistes: comment en effet assurer à la fois la sécurité des coureurs et des spectateurs sur un stade à ciel ouvert qui fait plusieurs dizaines de kilomètres?

3 – À travers la Flandre. Il s’agit aujourd’hui de la 71e édition de cette Classique du côté de Waregem, longue de 200 bornes. 12 monts à franchir principalement concentrés en 2e moitié de course, dont les célèbres Leberg, Berendries, Valkenberg, Eikenberg, Oude-Kwaremont et Paterberg. La liste des partants est ici. Pour la gagne, misez Wallays ou Benoot chez Lotto, Van Avermaet chez BMC, Tersptra ou Martin chez Etixx, Stuyven ou Theuns chez Trek, voire Pozzato chez SouthEast.

4 – Tour de Catalogne. Coup double pour le revanchard Nacer Bouhanni qui remporte au sprint, avec une certaine aisance, les deux premières étapes de la course par étape espagnole. Bouhanni envoie là un message très clair, celui qu’il jouait la gagne samedi dernier sur Milan SanRemo et que sans ce saut de chaine, il aurait pu gagner.

Mais le réel Tour de Catalogue commence aujourd’hui et se poursuit demain, avec deux difficiles étapes de montagne. Les favoris, Froome, Contador, Quintana en premier lieu, ont affirmé vouloir se tester. Ca va être intéressant!

5 – Matos sur Paris-Nice, un beau survol offert par Matos Vélo.

6 – Tubeless. L’offre de pneus Tubuless augmente d’année en année, et c’est très bien. J’utilise cette technologie depuis quelques années déjà, avec grande satisfaction. Vous trouverez ici un petit guide d’achat des pneus Tubuless en 2016. Perso, je mise sur les Schwalbe ProOne, bien que les nouveaux Vittoria Graphene semblent très intéressants.

7 – Milan SanRemo. Merci de vos réactions quant à l’affaire Demare, elles ont été nombreuses et assez tranchées: d’un côté, il y a ceux qui croient qu’il y a eu tricherie, de l’autre ceux qui pensent que Demare n’a rien fait de répréhensible. L’absence d’un vidéo sur cette phase de course est probablement l’élément qui manque pour trancher le débat: je vous rappelle que dans le cas Nibali l’an dernier, les images parlaient d’elles-mêmes…

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