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Chrono de Rio: Cancellara s’offre une grande sortie!

Je vous le disais hier: attention à Fabian Cancellara sur le chrono à Rio. Son coup de pédale samedi dernier lors de la course sur route avait retenu mon attention. Il y a des signes qui ne trompe pas en cyclisme.

Fabian Cancellara a réussi tout un numéro hier à Rio en effet: champion olympique du chrono, pour la deuxième fois de sa carrière après Pékin en 2008.

Cancellara s’offre ainsi une sortie royale vers la retraite, au top du top: c’est souvent la marque des grands champions.

Cancellara la voulait, cette victoire, on l’a compris après: ému aux larmes, il a mis de nombreuses secondes à « émerger » une fois sa victoire acquise. On l’avait rarement vu si émotif. Il était également très heureux sur et autour du podium. Ca faisait plaisir à voir.

Pour tout vous dire, je soupçonne que Cancellara a fait le récent Tour de France avec une seule idée en tête: se préparer pour Rio.

Et il partait un peu dans l’inconnu: ses titres de champion du monde du chrono remontent à la période 2006-2010, et voilà un moment qu’il n’avait pas remporté un long chrono (on ne parle pas ici de prologues). Sa victoire est d’autant plus belle qu’elle est acquise à la fois grâce à la force physique, mais aussi mentale.

Le Suisse a parfaitement maitrisé sa course hier: parti correctement mais sans affolement, il a progressivement accéléré son allure pour dominer le 2e tour du circuit. Au final, il gagne avec 47 secondes sur une pointure émergente du cyclisme, Tom Dumoulin, et 1min02 sur Chris Froome, qui a avoué à l’arrivée qu’il n’aurait pas pu rouler plus vite. Tony Martin n’est que 12e à plus de 3 minutes, le champion du monde en titre Kyrienka 17e à presque 4 minutes!

Je pense que cette victoire de Cancellara réjouira de nombreux amateurs de cyclisme. Elle me réjouis en tout cas: le champion suisse a beaucoup apporté au cyclisme, et cela me fait plaisir de le voir remporter une telle victoire à quelques semaines de sa retraite sportive. Il sort par la grande porte, et c’est un beau couronnement après 16 années de professionnalisme.

Le Canadien Hugo Houle n’a pu briser le top-20, terminant 21e. Je vous avais dit que ce serait difficile pour lui d’entrer dans les 20 premiers étant donné la qualité du plateau présent. Houle a néanmoins affirmé être très satisfait de son résultat, ayant généré quelques 400 watts de moyenne sur 1h17, sa meilleure performance à ce jour. OUF!

Chez les femmes

Le titre est revenu à l’américaine Kristin Armstrong, sans grande surprise puisqu’elle avait déjà remporté l’or dans cette épreuve à Pékin en 2008 et à Londres en 2012. Triple médaillée d’or, c’est un beau palmarès!

Les Canadiennes Tara Whitten et Carol-Ann Canuel ont terminé à des excellentes 7e et 13e positions. À ce niveau, faut le faire et cela témoigne de la qualité actuelle des athlètes féminines en cyclisme au Canada.

Chrono à Rio: n’oubliez pas Cancellara!

C’est la course contre la montre aujourd’hui aux JO de Rio, tant chez les femmes que chez les hommes.

Ca sera très intéressant à suivre!

En raison du parcours d’abord: il s’agit principalement du premier circuit emprunté lors des épreuves sur route samedi et dimanche dernier, avec deux belles « patates »: le Grumari d’abord, qu’on débute après environ 9 kilomètres parcourus. La bosse fait seulement 1,3 kilomètres de long, mais présente des passages à 18-20%.

Après la descente technique, 7 kilomètres et les coureurs seront au pied de la deuxième bosse, la Grota Funda: elle est plus longue (2,1 kilomètres), mais présente un profil moins pentu et surtout, plus régulier (donc plus roulant), avec du 6-7%.

De là, une descente rapide et peu technique, puis 8 bornes de plat pour boucler le tour.

Les femmes feront un seul tour (29 kms), les hommes deux (55 kms).

Les favoris

Chez les femmes, il faudra surveiller la médaillée d’or dimanche, Van der Breggen, ainsi que l’américaine Kristin Armstrong. La néo-zélandaise Linda Villumsen est également l’autre pointure du lot. Le Canada mise ses chances sur Carol-Ann Canuel, qui a notamment préparé ce chrono en participant… au chrono OBC ici à Ottawa en juin et juillet, avec moi. Pour la petite histoire, son meilleur temps est de 19min25sec pour franchir les 15 bornes de l’épreuve, et mon meilleur temps est de 20min50. Elle me bouffe donc environ une minute trente secondes sur 15 kilomètres! Go Carol-Ann, go!

Chez les hommes, ça sera hyper-intéressant, avec comme favori Tom Dumoulin selon moi. Seule inconnue, sera-t-il suffisamment remis de sa blessure au poignet subie au Tour de France?

Chris Froome est l’autre grand favori, compte tenu des deux bosses à franchir. Je pense toutefois que Froome aura du mal demain pour un podium, car les bosses ne sont pas assez longues selon moi pour qu’il gratte suffisamment de temps sur ses adversaires qui, après, pourront compter sur un parcours tout plat pour enrouler du braquet.

Le coureur à ne pas oublier selon moi est Fabian Cancellara. D’une part, il était encore dans le coup samedi dernier à tirer le groupe de chasse après deux ascensions de la Canoa-Vista Chinesa, un signe qui ne peut pas tromper sur sa condition actuelle. Il devrait bien passer les deux bosses, et il est capable de tirer un 55 ou 56-11 sur le plat par la suite… D’autre part, je ne serais pas surpris qu’il aie préparer particulièrement minutieusement ce chrono, qui lui offre une sacré belle porte de sortie à sa carrière qu’il stoppe à la fin de l’année. Imaginez, terminer sur un titre de champion olympique du chrono pour Cancellara… Il s’arrêterait encore au top.

Les autres coureurs à surveiller sont Taylor Phinney, un gros rouleur, Rohan Dennis et Tony Martin, des pointures sur ce type d’épreuve, ainsi que Vasil Kyrienka qu’on ne peut raisonnablement pas exclure bien sûr.

Le Canada mise ses chances sur Hugo Houle, excellent sur ce type d’exercice. Un top-10 serait excellent, un top-5 une vraie victoire mais ça sera difficile face au plateau relevé.

Rio: même course chez les femmes que chez les hommes!!!

La course sur route des JO de Rio a été excitante chez les hommes samedi.

Ben ce fut pareil chez les femmes dimanche! Même scénario en tout point!

Pour tout vous dire, j’ai été sur le bout de ma chaise pendant les 50 derniers kilomètres, tant la course était tendue et intéressante.

Encore une course d’anthologie!

Il y a d’abord eu, à l’amorce du final, une échappée royale avec notamment Marianne Vos et Pauline Ferrand-Prevost. Elles ont débuté la dernière ascension de la Canoas-VistaChinesa en tête avec environ une minute d’avance, mais ce n’était pas assez face notamment à une équipe américaine très puissante qui est revenue très vite sur la tête de course. Ferrand-Prevost était notamment vraiment trop juste hier.

Ce fut ensuite une guerre d’usure entre l’équipe américaine bien amenée par Mara Abbott et l’équipe néerlandaise avec Van Der Breggen et Van Vleuten. Derrière, la Canadienne Canuel ainsi que la britannique Lizzie Armistead ne pouvaient que limiter les dégâts, étant rapidement lâchées de la tête de la course.

La cadavérique Abbott (quelle maigreur!!) a manifestement fait parler un rapport poids-puissance très avantageux pour se dégager sur le haut de la bosse avec la néerlandaise Van Vleuten, surprenante à ce niveau.

Et puis ce fut une fin de course époustouflante.

On savait Abbott limitée dans les descentes; en effet, dès les premiers hectomètres, Van Vleuten prenait le large et je pensais bien que la course était alors pliée.

Ben non! Van Vleuten nous a fait un « Vicenzo Nibali », chutant lourdement dans un virage. Bis repetitas de la course des hommes.

Du coup, Abbott se retrouvait comme Majka 24h plus tôt, avec une chance pour l’or olympique à condition de résister seul au retour des poursuivants derrière.

Et le dénouement a été le même que chez les hommes! Terrible dernière ligne droite à Rio, longue de plus de 4 kilomètres, et qui a condamné durant le week-end bien des ambitions.

À trois kilomètres de la ligne, on sentait Abbott mourir à petit feu. Derrière, l’italienne Longo Borghini accomplissait un travail surprenant, roulant plus que les deux autres (Van Der Breggen et Johansson) pour revenir sur la tête de course. Pas sûr qu’un coureur de la course des hommes aurait ainsi payé de sa personne…

Quoi qu’il en soit, les trois coureuses en chasse sont revenues à… 200m de la ligne, une défaite tellement crève-coeur pour Abbott qu’on a peine à imaginer. Au sprint, Van Der Breggen, qui avait roulé en 3e position depuis la flamme rouge, n’avait pas de mal à gagner le sprint, bien que le rapproché de Johansson sur les derniers 50m laisse croire que si la ligne avait été placée 100m plus loin, c’est elle qui serait championne olympique…

Van Der Breggen compense ainsi en quelque sorte pour la chute de sa compatriote Van Vleuten et permet à l’équipe néerlandaise de conserver son titre, après celui de Vos à Londres en 2012.

La Canadienne Carol-Ann Canuel termine 25e à un peu plus de 5 minutes de la vainqueure, une place honorable après un excellent travail de sa compatriote Leah Kirchmann pour la placer en bonne position à l’amorce de la dernière ascension, comme l’avaient fait la veille Duchesne et Houle pour Woods.

Quelles courses en tout cas durant le week-end! Je me suis vraiment régalé devant ma télé!

Rio: quelle course!!!

Que ça fait du bien! Je me suis littéralement régalé en regardant la course sur route des JO de Rio.

Quelle course!

Ca restera dans les annales du sport cycliste. Une vraie course à la pédale, très difficile, avec seulement 63 classés au final sur 144 partants.

Et sans les oreillettes…

C’est pas compliqué, dans les 30 derniers kilomètres, il y avait des coureurs partout sur la route, preuve que c’était chacun pour soi, et sauve qui peut.

Et à la clé, un bien beau champion olympique en Greg Van Avermaet, issu d’un pays qui a déjà tellement donné au sport cycliste. Récit d’une course fabuleuse…

On a d’abord eu droit à tout un numéro de Michal Kwiatlowski, un dur de dur celui là, qui a fait plus de… 230 bornes devant. Repris par un petit groupe dans le final, il trouvait encore la ressource pour quelques relais afin de placer son compatriote Rafal Majka au pied de la dernière ascension. Grandiose, et ce type-là n’a pas été champion du monde par hasard.

On a ensuite eu droit à une sacré démonstration de la science de la course de la part de l’équipe d’Italie. En trois actes: d’abord Caruso qui s’échappe dès la première ascension du circuit final, amenant avec lui quelques coureurs dont Henao et Van Avermaet. Ensuite Nibali et Aru qui reviennent à la faveur de la descente avant d’aborder le dernier tour. Enfin Caruso (ce dernier avait deux raisons de rouler avant la dernière bosse, d’une part pour son leader italien Nibali et d’autre part pour son leader d’équipe de marque – BMC – Van Avermaet aussi dans le groupe!) et Aru qui préparent l’attaque finale de Nibali, attaque qui intervient sur le haut de la dernière bosse et qui réduit la tête de course à deux seuls autres hommes, soit Henao et Majka.

La tactique des Italiens était parfaite, et ils ont pris beaucoup de monde à contre-pied, en premier lieu les Espagnols, les Français et les Néerlandais. Nibali avait le titre à portée de main avec cette dernière descente technique qui devait lui convenir. Il est malheureusement parti à la faute, entrainant avec lui un Henao très costaud lui-aussi, ruinant ainsi les espoirs italiens. La déception peut être grande ce soir pour les Transalpins. La fatigue, peut-être?

Du coup, Majka se retrouvait seul en tête avec une belle chance pour le titre. On a eu toutefois droit à tout un numéro de Greg Van Avermaet, bien épaulé par Jakob Fuglsang, qui est revenu avec seulement deux petits kilomètres à faire dans l’épreuve. Van Avermaet a fait toute une course, sortant d’abord avec Caruso dans la première ascension du circuit final, puis résistant de belle façon aux coups de butoir de ses adversaires dans les montées. Quel coureur! Quel métier! C’était inspirant de le voir ainsi évoluer et il y a là des leçons de cyclisme à tirer…

Aux 300m, l’affaire était pliée, Van Avermaet n’ayant aucun mal à prendre de vitesse un Majka sur le bord des crampes et un Fuglsang qu’on savait moins rapide.

Un bien beau champion olympique si vous voulez mon avis, et un coureur qui présente une saison d’enfer cette année: déjà vainqueur du Het Nieuwsblad et de Tirreno-Adriatico au printemps dernier, il terminait 5e de Milan San Remo, puis 3e du Championnat de Belgique avant de remporter une étape du Tour de France et de passer quelques jours en jaune. Le voilà champion olympique! Assurément de quoi changer cette image de « serial loser » qui lui collait au train depuis quelques années, étant abonné aux places d’honneur plutôt qu’aux victoires jusque l’an dernier.

Et Van Avermaet est bien connu au Québec, il est déjà monté deux fois sur le podium du Grand Prix cycliste de Québec (2012 et 2013).

Les coureurs en vue sur cette course de Rio

Sergio Henao. Il était assurément l’un des tous meilleurs hier. La chute de Nibali devant lui vient ruiner les espoirs colombiens. Dommage.

Vicenzo Nibali. Probablement l’homme fort de cette course sur route. Son attaque dans le final ne laissait aucun doute. Vraiment dommage de perdre le titre olympique sur une chute dans une descente, lui l’excellent descendeur.

Julian Alaphilippe. La façon dont il est revenu sur l’avant de la course dans la dernière ascension laisse peu de doutes sur les ressources physiques et mentales de ce coureur exceptionnel. Je suis admiratif de son numéro dans les 25 derniers kilomètres. Il termine finalement 4e en faisant selon moi une erreur dans les derniers hectomètres en n’accompagnant pas Van Avermaet et Fuglsang à la poursuite de Majka devant. Là encore, dommage. Il déclare à l’arrivée « encore une place de con« , ce qui en dit long sur sa volonté de gagner!

Fabian Cancellara. Il était encore présent devant à tirer le groupe de chasse juste avant la dernière bosse. Il a donc passé les deux premiers tours du circuit final avec les meilleurs. Un signe qui ne trompe pas sur sa condition physique. Il sera à surveiller sur le chrono plus tard cette semaine, et j’aimerais bien qu’il le remporte: ce serait une bien belle sortie pour Spartacus!

Joaquim Rodriguez. Avec Alaphilippe, l’autre auteur du plus beau rapproché dans la dernière ascension, au métier. Wow!

Les coureurs qui ont été courts

Chris Froome. Un figurant durant toute la course. Sa sortie dans la dernière ascension n’a été qu’un faible pétard mouillé.

Romain Bardet. Pas bien hier.

Alejandro Valverde. Pas dans un grand jour, il a eu le professionnalisme de se mettre au service de son compatriote Joaquim Rodriguez avant la dernière ascension. Ces deux-là ne se sont pas toujours aussi bien entendus dans le passé lors de Mondiaux…

Rui Costa. On attendait plus de ce coureur qui affectionne tout particulièrement les courses en circuit.

Bauke Mollema (et tous les Néerlandais). Victimes de malchance, les coureurs du plat pays n’ont pas été très visibles hier. Mollema n’a pu être un acteur du final.

Dan Martin. On attendait sa giclette dans la dernière ascension, mais on n’a rien vu. Il est disparu tout simplement du traffic.

Philippe Gilbert. Lâché dès les premières rampes de la première ascension des trois tours du circuit final, ça ne s’améliore pas pour le coureur belge ces temps-ci. Par chance, la victoire de son compatriote Van Avermaet fera passer sous silence ce mauvais état de forme.

Les Canadiens

Antoine Duchesne et Hugo Houle ont très bien faits leur travail hier, soit de placer Mike Woods en bonne position au pied de la première ascension des trois tours du circuit final. Irréprochables. Mike Woods s’est fait lâché dans la deuxième ascension, mais a tenu à terminer l’épreuve (en 55e position, à 20min du vainqueur). C’est une déception et je persiste à croire que Woods a payé son manque de compétition au cours des dernières semaines.

Rio: une course sur route compliquée!

On y est: samedi, l’épreuve de cyclisme sur route chez les hommes sera disputée à Rio, dans le cadre des Jeux Olympiques.

Pour les coureurs, dont les pros depuis les JO de 1996, c’est un événement majeur de la saison: tous les athlètes rêvent d’une médaille olympique, et le titre est bon pour quatre ans!

Ca sera toutefois très compliqué samedi.

D’une part, en raison du parcours, assez sélectif: 256,4 kms tout de même, une sacré plombe digne des plus grandes classiques de la saison. Le parcours inclut quatre tours du circuit « Grumari », avec deux belles ascensions chaque fois: la Grumari elle-même, 1,2 kilomètres à 7% de moyenne, et des passages à 13%. La Grota Fonda ensuite, 2,1 kilomètres, 4,5% de moyenne mais des passages à 6-7%.

Une fois cette « mise en jambe », on attaquera la deuxième partie de la course, soit un autre circuit à parcourir trois fois et qui comporte la patate sélective du jour, l’ascension de la Canoas-Vista Chinesa, une belle bosse de presque 9 kilomètres avec de bons pourcentages. La course se décidera là, bien que le sommet du dernier passage de la bosse se situe à environ 22 kilomètres de l’arrivée, dont une descente de six kilomètres suivi de 16kms de plat: de quoi possiblement favoriser les regroupements.

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D’autre part, parce que justement, en raison d’un parcours sélectif mais un final roulant, contrôler la course sera très compliqué pour un peloton totalement différent de celui qu’on retrouve sur les courses professionnelles. Pensez-y: beaucoup de pays représentés (60!!!, et qui sait que l’équipe iranienne prend le départ avec trois coureurs?), beaucoup de coureurs peu ou pas connus, peu de coureurs par équipe nationale (cinq maxi pour certains pays seulement), et beaucoup d’électrons libres… Mettez en toile de fond l’appartenance aux équipes de marque, et vous aurez probablement une course où il sera difficile de s’y retrouver!

En gros, la tactique des équipes se résume à peu de chose: essayer de placer un ou deux coureurs protégés au pied de la dernière ascension de la Canoas, puis laisser l’explication se faire entre cadors à ce moment. Pour cela, il faudra d’abord contrôler l’échappée matinale qui sera assurément composée de plusieurs coureurs inconnus voulant montrer leur maillot d’équipe nationale, et donc inconnus des coureurs derrière: il faudra se méfier!

À ce petit jeu, les puncheurs capables de se débrouiller seuls et qui peuvent aller vite au sprint sont probablement les grands favoris: un coureur comme Alejandro Valverde sera redoutable dans une telle course. Je pense aussi à Joaquim Rodriguez (s’il parvient à s’entendre de façon cohérente avec Valverde!), à Richie Porte bien évidemment, à Greg Van Avermaet qui a une belle carte à jouer compte tenu que Philippe Gilbert ne paraisse pas en grande forme, à Jarlinson Pantano en grande condition et possédant une belle pointe de vitesse, à un Petr Vakoc pourquoi pas, à Julian Alaphilippe on en rêve, à Daniel Martin qui possède un sacré punch, à Edvald Boassom Hagen, à Michal Kwiatlowski, à Rui Costa, ou encore à Michael Albasini.

Outre tous ces favoris, trois équipes font figure d’épouvantails: l’équipe britannique (Froome, Yates, Thomas, Cummings, Stannard), l’équipe d’Italie (Nibali, Aru, Rosa, Caruso, De Marchi) et l’équipe néerlandaise (Dumoulin, Poels, Mollema, Kruijswijk). Ces équipes ont chacune plusieurs coureurs capables de gagner, et devront assumer le poids de la course. Une bonne stratégie serait d’assumer un bon tempo dès le départ de la course, pour en faire une course d’usure et ainsi écrémer rapidement le peloton. Cela leur permettrait d’éviter les risques de chutes, et de laisser l’explication finale parmi un petit nombre de coureurs plutôt qu’un gros peloton massif et forcément nerveux.

L’équipe canadienne sera composée de Mike Woods, Hugo Houle et Antoine Duchesne. La stratégie est simple pour les Canadiens: protéger Woods jusqu’au pied de la dernière ascension pour espérer qu’il puisse accompagner les meilleurs jusqu’en haut. S’il réussit, tout sera possible sur les 22 derniers kilomètres. Chose certaine, les Canadiens n’ont pas à assumer le poids de la course, ils peuvent se contenter de suivre jusqu’au final.

La liste de départ est ici.

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La question qui me reste: les oreillettes seront-elles permises sur une telle course? Je n’ai pas pu trouver la réponse pour vous, et si quelqu’un la connait, je suis preneur!

Les cas Armitstead et russe 

Comme plusieurs d’entre vous, j’ai été choqué d’apprendre que Lizzie Armitstead avait échoué à se présenter à pas moins de trois contrôles anti-dopage au cours des derniers mois. Voilà qui est très non-professionnel, et qui place un doute sur ses résultats de la saison, excellents il ne va s’en dire.

J’ai été encore plus choqué d’apprendre qu’elle ne fera l’objet d’aucune suspension suite à son appel fructueux devant le Tribunal d’Arbitrage du Sport pour lever la sanction initiale de l’agence britannique anti-dopage qui voulait la suspendre quatre ans, conformément aux règlements. Comme l’a écrit CyclingNews, voilà qui soulève davantage de questions que procure des réponses, et c’est une fois bien dommage pour la crédibilité du sport cycliste. Mais pourquoi diable Amitstead n’a-t-elle pas contesté les deux premières absences au contrôle, et a attendu la troisième? C’est louche.

C’est encore le foutoir sur la scène du dopage, avec un CIO plus que mou dans le cas de la Russie: le CIO a manqué une occasion historique d’affirmer haut et fort sa tolérance zéro pour le dopage dans le sport, en excluant purement et simplement la Russie des JO de Rio.

Ce faisant, le CIO aurait aussi rappeler au monde entier que son seul principe directeur, c’est celui du sport, du sport propre et net: « que le meilleur gagne ».

Au lieu de ça, le CIO a pris une décision (laisser à chaque fédé le soin de décider d’exclure ou non les athlètes russes des JO) qui n’a créé que confusion et conflit, en plus de montrer au monde entier que le CIO est aujourd’hui régenté par les intérêts politiques et financiers, et non sportifs. C’est ridicule, et les premiers à trinquer seront encore une fois les athlètes propres.

Tout cela m’écoeure!

Pour un bon article sur le dopage dans le cadre des Jeux Olympiques, y compris un palmarès des sports les plus touchés (le cyclisme en troisième position) et les substances les plus prisées, c’est ici dans Le Monde.

Un petit Tour

La Flamme Rouge sera perturbée au cours de la prochaine semaine en raison de vacances familiales à l’extérieur du Canada, avec des connections Internet parfois limitée.

Aujourd’hui, bilan d’un « petit Tour » à mes yeux.

Petit Tour parce que les phases d’action liées à la lutte au maillot jaune auront été très limitées, se résumant à une accélération en haut d’un col puis une descente à fond par Chris Froome, outre les chronos.

Le reste du temps, on aura surtout vu les Sky parfaitement gérer les étapes de montagne, appliquant la méthode du rouleau compresseur. On a souvent eu l’impression que Poels, Nieve ou Henao auraient eux-mêmes pu gagner ce Tour tant ils étaient forts!

Pour moi, l’étape la plus intéressante aura été celle où Romain Bardet gagne sous l’orage, entre Albertville et Saint-Gervais-Mont-Blanc. En l’espace de 30 bornes, on a eu davantage d’action qu’au cours des trois autres semaines de course…

Ils ont réussi leur Tour

Chris Froome, forcément.

Mark Cavendish (carton rouge toutefois pour son abandon dans la dernière semaine).

Romain Bardet (2e du général, c’est une victoire pour lui, outre son étape).

Adam Yates (on ne le voit plus pareil aujourd’hui).

Peter Sagan (il a assuré).

Alejandro Valverde (le vieux briscard a montré qu’il a de beaux restes).

Rafal Majka (le maillot à pois).

Tom Dumoulin (de beaux exploits avant sa chute).

Greg Van Avermaet (maillot jaune, une étape, carton plein!).

Richie Porte (on a beaucoup parlé de lui).

Louis Meintjes (il assure).

Andrei Greipel (se rattrape sur les Champs-Élysées le dernier jour, montrant qu’il sait gérer la pression).

Daniel Martin (inconstant, mais capable de dynamiter une étape).

Antoine Duchesne (2e Québécois de l’histoire à l’arrivée du Tour).

Ils se sont manqués sur le Tour

Thibault Pinot (cramé de sa saison).

Alberto Contador (se loupe encore sur le Tour, sur chute cette fois).

Nairo Quintana (rien dans les jambes).

Wilco Kelderman (pas vu du Tour!).

Tony Gallopin (on avait de grandes attentes, il avait fait le métier avant l’épreuve).

Simon Gerrans (abonné absent aux premières loges).

Rui Costa (a tenté mais sans succès. On attend plus d’un coureur de sa classe).

Tejay Van Garderen (années après années, déceptions après déceptions).

Warren Barguil (a clairement montré des limites).

Pierre Rolland (mieux, les méthodes d’entrainement américaines?)

Fabian Cancellara (dommage pour son dernier Tour, on l’a pas vu).

Fabio Aru (des pétards mouillés).

Tom-Jelte Slagter (jamais vu).

Alexandr Kristoff (en manque de puissance, clairement).

Mi-figue, mi-raisin

Joaquim Rodriguez (présent sans être présent dans le final des étapes accidentées).

Romain Sicard (beau chrono, trop juste ailleurs).

Thomas Voeckler (quelques tentatives sympathiques, sur un malentendu ça aurait pu marcher…).

Marcel Kittel (moins dans le coup cette année).

Tony Martin (a essayé, on attendait une étape pour ce coureur de train).

Daniel Navarro (beaux efforts, du coeur au ventre, mais pas de réussite au bout).

Bryan Coquard (beau sprinter mais non, il n’est pas au niveau des autres).

Arthur Vichot (on a peu vu le maillot de champion de France, sauf sur une étape).

Bauke Mollema (Tour inspirant, malgré un effondrement en dernière semaine).

Roman Kreuziger (comme d’hab, montre de belles dispositions sans plus).

Julian Alaphilippe (à l’énergie, comme d’hab, mais sans succès d’étape).

Un orage sauve le Tour!

C’était l’ennui hier sur la route de St-Gervais Mont Blanc.

Comme d’hab, une échappée matinale. Comme d’hab, le rouleau compresseur Sky derrière. On attendait le dernier kilomètre pour – peut-être – s’enthousiasmer un peu.

Et puis il y a eu un orage.

Et à partir de ce moment, quelle étape mes amis!

En l’espace de 10 bornes, ce fut rebondissements sur rebondissements.

D’abord en raison des chutes causées par une chaussée détrempée: d’abord Tom Dumoulin, out du Tour en raison d’une bonne chute.

Ensuite deux FJD, dont Sébastien Reichenbach.

Puis Bauke Mollema, 2e du général au départ.

Puis Pierre Rolland qui était devant à possiblement briguer une victoire d’étape.

Et enfin, Chris Froome, le maillot jaune, qui a entrainé dans sa chute Vicenzo Nibali. Une chute un peu bête, en passant sur la ligne blanche: erreur de débutant! Peut-être n’avait-il pas le choix dû à l’inertie, étant alors dans un virage.

Du coup, le Tour a pris soudainement une nouvelle tournure. À la faveur de tous ces événements, Romain Bardet en profitait lui pour s’échapper à la poursuite de Rui Costa devant.

Et puis ce fut un grand spectacle.

Froome sur le vélo de son équipier Geraint Thomas, à essayer de se tirer de ce mauvais pas durant la dernière ascension. Il n’en menait pas très large!

Bardet et Costa étaient visiblement à l’effort devant, soutenu par un public qu’on sentait davantage exalté que d’habitude. Peut-être parce que les Français tenaient là possiblement leur première victoire sur ce Tour de France.

Peut-être aussi en raisons des conditions climatiques, qui ont tout changé.

Enfin, à quelques kilomètres de l’arrivée, on voyait d’abord un Fabio Aru à la peine, notamment en raison du tempo assuré par les BMC devant pour Richie Porte qui ne manquait pas de se lancer dans une attaque bien sentie. Froome, toujours sur le vélo de son équipier Geraint Thomas, n’avait pas l’air à la fête. Il a cependant bien maitrisé ce moment très délicat pour lui, sachons le reconnaître.

Quelques minutes plus tard, c’était l’inverse! Fabio Aru se portait à l’attaque et décrochait… Richie Porte! Ce dernier a d’ailleurs lâché une poignée de secondes dans l’affaire.

Et ô sublime, on avait les deux vieux briscards de Valverde et Rodriguez pour aussi assurer le spectacle. Valverde a durci la dernière montée juste au bon moment pour Quintana, faisant mal à de nombreux coureurs du premier groupe (davantage que Quintana d’ailleurs!).

Et puis Purito qui nous fait le coup du dernier kilomètre, comme à ses grands jours, et décramponnant légèrement nul autre que Froome!

Franchement, je n’en demandais pas tant.

Devant, Bardet tenait sa victoire d’étape avec, à la clef, une superbe 2e place au classement général, inespérée. Les AG2R – La Mondiale qui gagne dans leur fief des Alpes, c’était le scénario rêvé pour la troupe de Vincent Lavenu. Ca a dû sabrer le champagne du côté de la Motte Servolex…

Le classement général a changé ailleurs aussi, et désormais trois coureurs se retrouvent dans une fourchette de 30 secondes pour la 2e place (Bardet, Quintana, Yates). Porte, Aru et Valverde sont en embuscade tout juste derrière.

Tout ça grâce à un orage.

La bonne nouvelle, c’est qu’ils en annoncent d’autres pour l’étape d’aujourd’hui, du moins des averses passagères.

Ca nous aurait pris davantage d’orages du temps d’Armstrong!!!

Porte, le client

L’étape d’hier vers Emosson a été claire: Richie Porte, c’est le principal client de Chris Froome en cette dernière semaine.

Lorsque Porte est parti dans le final, personne n’a pu le suivre, sauf Froome.

Quintana a cédé, même par rapport à des coureurs comme Bardet ou Yates.

Mollema était dans un jour très moyen, et devait courir pour limiter la casse.

Aru fait rouler ses lieutenants, mais semble incapable ensuite de terminer le travail. À ce rythme, Nibali et Rosa vont vite perdre confiance, et commencer à courir pour leur pomme (c’est à dire chasser une victoire d’étape).

Porte accuse maintenant un peu plus d’une minute 30 secondes de retard sur la 3e marche du podium, que Yates occupe. Je pense que le chrono d’aujourd’hui convient parfaitement à Porte, et qu’il devrait faire un grand bon en avant vers cet objectif.

Froome, quant à lui, passe un agréable moment en jaune sur ce Tour, jamais inquiété par quiconque et disposant d’une équipe au moins une jambe plus forte que toutes les autres sur l’épreuve. Sauf incident, il a déjà gagné ce Tour et l’intérêt de la course réside ailleurs maintenant.

Tour de France: le chrono de la dernière chance jeudi?

Deuxième jour de repos sur le Tour aujourd’hui.

On entame donc le dernier droit demain, avec quatre étapes de montagne dans le secteur des Alpes pour sceller ce Tour de France.

Pour les adversaires de Chris Froome, bien en selle, il reste donc quatre occasions pour le renverser. Ca ne sera pas facile tant l’équipe Sky domine, et tant Chris Froome semble intouchable. Une défaillance de sa part est peu probable.

Pour moi, le test ultime demeure le chrono en côte jeudi prochain entre Sallanches et Mégève. Ca sera du un contre un à cette occasion, personne ne pourra se cacher et ce sont donc les jambes qui parleront. Je pense que nous aurons une confirmation que sur ce Tour, quatre hommes sont au dessus du lot: Froome bien sûr, mais aussi Mollema, Yates et Porte. L’inconnu demeure Quintana mais sur ce qu’on a vu jusqu’ici, il semble limite dans tous les cols.

Il reste également deux arrivées en altitude, qui représentent toujours une occasion d’avoir des écarts sur la ligne. La plus dure est demain vers Finhaut-Émosson, quelques pentes bien raides proches de la ligne d’arrivée étant au programme. L’autre c’est vendredi sur la route vers St-Gervais Mont Blanc.

Les autres batailles

D’abord, les victoires d’étape. Ils sont plusieurs à vouloir, à devoir, faire quelque chose. Je pense par exemple à Romain Bardet. À Nairo Quintana, qui a la pression. À Daniel Martin ou encore Fabio Aru, qui doivent aussi gagner au moins une étape pour justifier les attentes placées en eux. Ou encore à Pierre Rolland ou Warren Barguil.

Pour le maillot vert, ça semble plié pour Peter Sagan qui possède désormais une confortable avance sur Mark Cavendish et Marcel Kittel. Passant mieux la montagne que ces deux-là, il pourra encore aller grapiller des points sur les sprints intermédiaires au cours des prochains jours.

Pour le maillot à pois, c’est peut-être pas encore gagné pour Rafal Majka, actuellement en tête avec 37 points d’avance sur Thomas DeGendt. Ce dernier est un teigneux, et je pense qu’il peut refaire une grande partie de son retard avec une belle chevauchée sur une étape. Il risque d’y avoir encore de la bagarre pour ce maillot!

Pour le maillot blanc, je pense que c’est plié pour Adam Yates, à voir comment il grimpe en ce moment. Le deuxième du classement, Louis Meintjes, est à plus de trois minutes déjà.

Le dopage en Russie

Rapport accablant hier sur le dopage en Russie, un dopage étatisé qui remontait jusqu’au plus haut niveau politique. Si on s’en doutait un peu, cela reste une sacré tuile pour la crédibilité du sport, en particulier pour ces athlètes russes.

Il faut maintenant que l’AMA et le mouvement olympique aille au bout du raisonnement, et prennent la seule décision qui s’impose: suspendre toute la délégation russe des prochains JO.

La crédibilité du sport dans son ensemble est à ce prix.

Le peloton 2017

Outre Alberto Contador qui a confirmé sa venue chez Trek-Segafredo, les nouvelles tombent ces jours-ci à propos du peloton 2017. AG2R – La Mondiale a renouvelé son partenariat avec l’équipe jusqu’en 2020, une excellente nouvelle pour cette équipe de Chambéry et pour Hugo Houle.

Pinarello a également annoncé le renouvellement de son partenariat avec l’équipe Sky pour les quatre prochaines années. Par contre B-Twin, fournisseur des vêtements de l’équipe de la FDJ, arrêtera sa collaboration en fin d’année.

Tour de France: ca ne bouge pas!

Je sais pas vous, mais le comportement de plusieurs coureurs bien placés au général actuellement me frustre!

En effet, rien ne bouge. Rien n’a bougé hier sur les pentes du Grand Colombier.

On a vu un travail de l’équipe Astana pour préparer une attaque de Fabio Aru, qui a assumé et qui est parti à un moment donné. Or, personne placé comme lui à 5 minutes au général n’a bougé… Pourquoi les Martin, Porte, Kreuziger ne se sont-ils pas joints à lui?

Idem sur l’attaque, plus tard dans l’étape, de Romain Bardet, qui pointe à 4 minutes au général: pourquoi personne n’y est allé avec lui? Bardet a bien joué le jeu, restant un moment juste devant le peloton, comme pour dire « allez, venez, on y va! ». Or, rien.

C’est un peu désespérant.

Il est vrai que le train Sky est en fait un rouleau-compresseur et que des Poels, Nieve ou encore Landa sont archi-forts et capables de maintenir un rythme prévenant la plupart des attaques.

Mais je demeure convaincu qu’une succession d’attaques, même de courtes durées, userait les Sky et les rendraient nerveux. Ce n’est pas avec un coureur isolé qui attaque à 5 bornes de l’arrivée qu’ils vont déstabiliser l’équipe Sky qui l’a, jusqu’ici, assez facile si vous voulez mon avis.

Du coup, le Tour de France est-il déjà plié, avant les grosses étapes des Alpes? J’en ai bien peur.

Bauke Mollema se satisfera d’une 2e place, tout comme Adam Yates d’un podium. Quintana semble trop juste actuellement, usé par une première semaine où il a dû composer avec le vent, les bordures, et une course nerveuse. Les autres sont loin au général.

J’ai bien peur que les étapes des Alpes se résument à des coureurs qui tenteront leur coup sur une seule étape simplement pour « sauver » leur Tour.

Aujourd’hui, sur la route de Berne, un seul homme à surveiller: Fabian Cancellara, qui arrive chez lui.

Ventoux: la bonne décision?

Le maillot jaune Chris Froome a été victime d’une chute hier à environ 3 kilomètres de l’arrivée, chute causée par une moto télé juste devant le groupe Froome-Porte-Mollema et qui aurait été stoppée en raison de la densité de la foule présente. L’organisation n’aurait pas eu le temps d’installer les deux kilomètres de barrières prévues avant la ligne d’arrivée étant donné la décision tardive de déplacer cette ligne d’arrivée au chalet Reynard plutôt qu’au sommet du Ventoux en raison des forts vents prévus.

La scène a donné lieu à des images surréaliste d’un maillot jaune en footing, courant sur la route sans son vélo, ce dernier ayant été brisé par une autre moto n’ayant pu l’éviter. La scène m’a fait immédiatement penser à Lance Armstrong, lui aussi maillot jaune, traversant à vélo un champs après avoir évité la chute de Joseba Beloki dans le col de la Rochette sur le Tour 2003. Depuis, on n’avait pas fait plus cocasse!

Froome sera dépanné par sa voiture d’équipe plus loin, et lâche près de deux minutes sur la ligne par rapport aux coureurs qui, au moment de l’incident, étaient derrière lui.

Décision du collège des commissaires UCI (indépendants de la direction de course): on donne à Chris Froome le temps de Bauke Mollema qui était avec lui au moment de la chute. Il conserve donc son maillot jaune.

Personnellement, je trouve cette décision excellente, car elle respecte des critères sportifs. Cette chute n’appartient pas à la catégorie « incidents de course » dûs à toutes sortes de circonstances (inattention des coureurs, accrochages au sein du peloton, les causes sont nombreuses) mais est bien d’une cause externe à la course. Dans ce contexte, Froome n’a pas à être pénalisé d’un incident dont il est totalement étranger.

La plupart des coureurs étaient d’ailleurs d’accord avec la décision des commissaires, en premier lieu Adam Yates qui a déclaré ne pas vouloir le maillot jaune de cette façon. Comme je le comprends! À une autre époque, Merckx avait lui aussi refusé d’endosser le maillot jaune suite à la chute d’Ocana dans le col de Mente sur le Tour 1971.

Rappelons au passage que la règle des trois kilomètres ne s’applique pas lors d’arrivées au sommet comme hier. La décision des commissaires est donc de nature exceptionnelle.

Chose certaine, c’est à un drôle de Tour de France que l’on assiste cette année: la bannière de la flamme rouge qui se dégonfle soudainement il y a quelques jours, une arrivée relocalisée en raison de vents violents, maintenant une chute due à une moto-télé, où la série s’arrêtera-t-elle? Une avalanche sur le peloton dans le prochain col de la Colombière? La série devient embarrassante pour ASO…

Le Tour des beaufs…

D’après ce qu’on comprend, la moto-télé aurait été stoppée net par une foule trop importante ayant réduit la route à rien du tout, obligeant le motard à mettre soudainement les freins.

On peut se poser la question: qui sont ces gens sur le bord des routes qui font tout et n’importe quoi? L’ami Patrick pose la question dans un commentaire laissé hier sur ce site.

J’ai eu quelques discussions familiales à l’occasion de mon récent séjour en France, sur la base d’une simple question: qui, aujourd’hui, se déplace sur les routes du Tour? Le Tour et le cyclisme, après des années d’affaires de dopage, est-ce ringard?

Sans pouvoir le prouver, la foule du bord des routes en 2016 n’est peut-être plus exactement la même que celle qu’on voyait dans les années 1950, 60, 70, 80 et 90.

Les passionnés de vélo ont été refroidis par des années de dopage, et ne se font plus d’illusion. Ils pratiquent certes le vélo plus que jamais – la popularité des cyclosportives l’atteste – mais pour eux, à leur rythme – en gardant un oeil détaché sur le cyclisme pro. On peut croire qu’ils sont moins nombreux à se déplacer pour voir passer des coureurs auxquels ils ne croient plus vraiment.

Aujourd’hui, il est probable que la vaste majorité des gens qui sont sur le bord des routes du Tour soient des gens qui ne connaissent que très peu le cyclisme ou les coureurs, mais qui désirent participer à une fête dont ils entendent de plus en plus parler grâce à l’omniprésence des médias.

En d’autres mots, il faut aller voir le Tour comme il faut aller un jour dans sa vie voir la Tour Eiffel, Time Square ou Ronaldo.

Du coup, le beauf, le jeune du lycée, le nouveau retraité se disent: allons voir le Tour! Ils ne se sont évidemment jamais déplacés sur une course cycliste auparavant.

C’est ainsi que les accidents avec la foule sont en augmentation: les gens font tout et n’importe quoi sur le bord des routes car n’ont aucune idée de la vitesse à laquelle les coureurs peuvent arriver, n’étant jamais eux-mêmes montés sur un vélo.

C’est donc une foule différente, peu connaissante des choses du vélo, qui est aujourd’hui sur le bord des routes selon moi. Il n’en a pas toujours été ainsi. Je suis toujours surpris de voir la surprise dans le visage des coureurs lors des GP de Québec ou Montréal lorsque je leur donne le temps de retard sur les coureurs devant, un réflexe pour moi! Ces choses se perdent.

Les enseignements du jour

Outre l’incident d’hier, l’étape a été riche en enseignements.

D’abord, superbe DeGendt qui confirme en quelque sorte sa victoire, il y a quelques années, au Stelvio sur le Giro: c’est un sacré teigneux, et un sacré coureur aussi car il a su parfaitement gérer son final, sans s’affoler devant les attaques et parfois le retour de ses deux adversaires, Pauwels et Navarro. Et du coup, il se relance dans la course au maillot à pois qu’il domine maintenant de 9 points sur Thibault Pinot! De Gendt faisait partie de mes favoris pour l’emporter hier.

Ensuite, Thibault Pinot justement: ce dernier a été inexistant hier, et on apprend qu’il souffrirait d’une bronchite. Il faudra voir s’il pourra s’en remettre à temps pour pouvoir être dans le coup dans les Alpes. Ce n’est jamais simple de guérir d’un tel truc sur un Tour de France où vous tapez dedans tous les jours. Chose certaine, il y a aussi un mal plus profond, qui s’appelle peut-être « grosse fatigue » (plusieurs d’entre vous l’avez écrit en commentaires au cours des derniers jours). C’est du moins ce qu’on apprend dans cet article.

On a aussi vu les limites de Nairo Quintana hier selon moi. S’il n’a pas bronché dans les Pyrénées, c’est qu’il ne pouvait probablement pas faire plus. S’il a essayé d’attaquer hier dans le Ventoux, il a rapidement été repris puis lâché par notamment un Bauke Mollema que je n’attendais pas à ce niveau. Hier, Mollema a été la surprise du jour, c’est clair. Son retour sur le duo Froome-Porte quelques instants avant l’incident ne peut mentir sur les jambes qu’il a en ce moment.

Fabio Aru semble aussi plafonner. Si j’avais à prédire aujourd’hui le podium de ce Tour, je dirais probablement Froome, Porte et Mollema!

Sagan aurait-il dû laisser gagner Bodnar avant-hier?

Vous êtes nombreux à avoir évoqué la question: ayant déjà remporté une étape, Sagan aurait-il dû offrir la victoire d’étape à son équipier Bodnar lors de l’étape avant-hier?

On a souvent vu ce geste de la part de leaders d’équipe dans certaines circonstances en effet.

Le problème hier, c’est que Froome a sprinté et que dans ce contexte, Sagan ne pouvait pas prendre le risque de voir la victoire échapper à l’équipe. Meilleur sprinter que Bodnar, il ne pouvait donc pas prendre le risque de faire passer Bodnar, car Froome aurait pu en profiter. Pas de faute à mon avis!

Nice

Petite pensée aujourd’hui pour les victimes de l’attentat de Nice hier, ainsi que pour leur famille. Quand cela s’arrêtera-t-il? Vous le savez, mais je le redis aujourd’hui: je suis français autant que québécois!

Le Ventoux, un 14 juillet…

L’étape promet demain d’être animée par les coureurs français en ce jour de la fête nationale, le 14 juillet.

Ca risque de se résumer à une vraie course de côte, l’arrivée ayant été devancée au chalet Reynard aux deux tiers de l’ascension en raison des vents violents attendus en après-midi près du sommet: 100 km/h! Ca décoiffe!

Les coureurs français ne l’auront cependant pas facile considérant le prestige d’une victoire sur les pentes du Mont Ventoux: beaucoup de coureurs en rêvent!

Les meilleurs espoirs français résident probablement avec Thibault Pinot, qui a déjà affirmé que c’était son prochain objectif sur ce Tour de France, maintenant qu’il est loin au général.

Je pense que Romain Bardet visera plutôt à continuer de jouer le général, et éventuellement de s’imposer à domicile pour son équipe AG2R La Mondiale, soit dans les Alpes.

Une échappée partira de loin c’est sûr, des coureurs français comme Julian Alaphilippe, Thomas Voeckler, Alexis Vuillermoz ou encore Romain Sicard, désormais loin au général, pourraient tirer leur épingle du jeu.

Pour Warren Barguil et Pierre Rolland, ce sera plus compliqué car ils sont encore à seulement 3 et 5 minutes au général.

Outre les coureurs français, des coureurs comme Thomas de Gendt ou Rui Costa pourraient refaire un numéro, ou encore Wilco Kelderman. Jurgen Van Den Broeck, Vicenzo Nibali, Daniel Navarro, Ilnur Zakarin, Peter Stetina, ou encore Jakob Fulgsang ne rateraient pas l’occasion non plus si elle devait se présenter.

Nairo Quintana? Je pense qu’il continuera de calquer sa course sur celle de Chris Froome et continuera d’attendre la dernière semaine pour abattre ses cartes… s’il en a.

Terminons enfin en soulignant que le Québécois Antoine Duchesne joue un peu à domicile lui aussi, vivant en France pas très loin du Mont Ventoux et connaissant donc bien le secteur qu’il emprunte sur ses routes d’entrainement. S’il pouvait se glisser dans une échappée tôt dans la course, il a peut-être des chances de bien faire!

La 10e étape (Matthews)

Très très belle victoire d’équipe mardi sur la 10e étape du Tour avec Michael Matthews, superbement épaulé dans le final par son équipier Daryl Impey qui a cuisiné à la perfection Peter Sagan, un sacré client tout de même. Payez-vous les images du dernier kilomètre, c’est mené parfaitement par l’équipe Orica qui connait manifestement son cyclisme 101.

La 11e étape (Sagan)

Probablement insatisfait de sa 2e place la veille, Peter Sagan s’est bien repris hier dans un final également très intéressant, où le vent – donc les bordures – a durci considérablement la course. Par moment, ça pétait de partout! Je dois dire que Chris Froome m’a surpris dans le final, n’hésitant pas à embrayer derrière Sagan et Bodnar qui avaient décidé de jouer la bordure jusqu’à la fin. Geraint Thomas a réagi avec un petit temps de retard, mais a pu accompagner pour créer une échappée de quatre, mais composée de seulement deux équipes. Dans ce contexte, il était clair que ça n’allait pas se regarder longtemps! Bodnar a roulé pour la victoire d’étape de Sagan, Thomas pour le gain (modeste) en temps de Chris Froome.

La question toutefois: Chris Froome en fait-il trop en ce moment sur le Tour? Paiera-t-il tous ces petits efforts dans le final des étapes une fois qu’il sera dans la dernière semaine? C’est à voir, Quintana est plutôt dans un mode économie…

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