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Porte, le client

L’étape d’hier vers Emosson a été claire: Richie Porte, c’est le principal client de Chris Froome en cette dernière semaine.

Lorsque Porte est parti dans le final, personne n’a pu le suivre, sauf Froome.

Quintana a cédé, même par rapport à des coureurs comme Bardet ou Yates.

Mollema était dans un jour très moyen, et devait courir pour limiter la casse.

Aru fait rouler ses lieutenants, mais semble incapable ensuite de terminer le travail. À ce rythme, Nibali et Rosa vont vite perdre confiance, et commencer à courir pour leur pomme (c’est à dire chasser une victoire d’étape).

Porte accuse maintenant un peu plus d’une minute 30 secondes de retard sur la 3e marche du podium, que Yates occupe. Je pense que le chrono d’aujourd’hui convient parfaitement à Porte, et qu’il devrait faire un grand bon en avant vers cet objectif.

Froome, quant à lui, passe un agréable moment en jaune sur ce Tour, jamais inquiété par quiconque et disposant d’une équipe au moins une jambe plus forte que toutes les autres sur l’épreuve. Sauf incident, il a déjà gagné ce Tour et l’intérêt de la course réside ailleurs maintenant.

Tour de France: le chrono de la dernière chance jeudi?

Deuxième jour de repos sur le Tour aujourd’hui.

On entame donc le dernier droit demain, avec quatre étapes de montagne dans le secteur des Alpes pour sceller ce Tour de France.

Pour les adversaires de Chris Froome, bien en selle, il reste donc quatre occasions pour le renverser. Ca ne sera pas facile tant l’équipe Sky domine, et tant Chris Froome semble intouchable. Une défaillance de sa part est peu probable.

Pour moi, le test ultime demeure le chrono en côte jeudi prochain entre Sallanches et Mégève. Ca sera du un contre un à cette occasion, personne ne pourra se cacher et ce sont donc les jambes qui parleront. Je pense que nous aurons une confirmation que sur ce Tour, quatre hommes sont au dessus du lot: Froome bien sûr, mais aussi Mollema, Yates et Porte. L’inconnu demeure Quintana mais sur ce qu’on a vu jusqu’ici, il semble limite dans tous les cols.

Il reste également deux arrivées en altitude, qui représentent toujours une occasion d’avoir des écarts sur la ligne. La plus dure est demain vers Finhaut-Émosson, quelques pentes bien raides proches de la ligne d’arrivée étant au programme. L’autre c’est vendredi sur la route vers St-Gervais Mont Blanc.

Les autres batailles

D’abord, les victoires d’étape. Ils sont plusieurs à vouloir, à devoir, faire quelque chose. Je pense par exemple à Romain Bardet. À Nairo Quintana, qui a la pression. À Daniel Martin ou encore Fabio Aru, qui doivent aussi gagner au moins une étape pour justifier les attentes placées en eux. Ou encore à Pierre Rolland ou Warren Barguil.

Pour le maillot vert, ça semble plié pour Peter Sagan qui possède désormais une confortable avance sur Mark Cavendish et Marcel Kittel. Passant mieux la montagne que ces deux-là, il pourra encore aller grapiller des points sur les sprints intermédiaires au cours des prochains jours.

Pour le maillot à pois, c’est peut-être pas encore gagné pour Rafal Majka, actuellement en tête avec 37 points d’avance sur Thomas DeGendt. Ce dernier est un teigneux, et je pense qu’il peut refaire une grande partie de son retard avec une belle chevauchée sur une étape. Il risque d’y avoir encore de la bagarre pour ce maillot!

Pour le maillot blanc, je pense que c’est plié pour Adam Yates, à voir comment il grimpe en ce moment. Le deuxième du classement, Louis Meintjes, est à plus de trois minutes déjà.

Le dopage en Russie

Rapport accablant hier sur le dopage en Russie, un dopage étatisé qui remontait jusqu’au plus haut niveau politique. Si on s’en doutait un peu, cela reste une sacré tuile pour la crédibilité du sport, en particulier pour ces athlètes russes.

Il faut maintenant que l’AMA et le mouvement olympique aille au bout du raisonnement, et prennent la seule décision qui s’impose: suspendre toute la délégation russe des prochains JO.

La crédibilité du sport dans son ensemble est à ce prix.

Le peloton 2017

Outre Alberto Contador qui a confirmé sa venue chez Trek-Segafredo, les nouvelles tombent ces jours-ci à propos du peloton 2017. AG2R – La Mondiale a renouvelé son partenariat avec l’équipe jusqu’en 2020, une excellente nouvelle pour cette équipe de Chambéry et pour Hugo Houle.

Pinarello a également annoncé le renouvellement de son partenariat avec l’équipe Sky pour les quatre prochaines années. Par contre B-Twin, fournisseur des vêtements de l’équipe de la FDJ, arrêtera sa collaboration en fin d’année.

Tour de France: ca ne bouge pas!

Je sais pas vous, mais le comportement de plusieurs coureurs bien placés au général actuellement me frustre!

En effet, rien ne bouge. Rien n’a bougé hier sur les pentes du Grand Colombier.

On a vu un travail de l’équipe Astana pour préparer une attaque de Fabio Aru, qui a assumé et qui est parti à un moment donné. Or, personne placé comme lui à 5 minutes au général n’a bougé… Pourquoi les Martin, Porte, Kreuziger ne se sont-ils pas joints à lui?

Idem sur l’attaque, plus tard dans l’étape, de Romain Bardet, qui pointe à 4 minutes au général: pourquoi personne n’y est allé avec lui? Bardet a bien joué le jeu, restant un moment juste devant le peloton, comme pour dire « allez, venez, on y va! ». Or, rien.

C’est un peu désespérant.

Il est vrai que le train Sky est en fait un rouleau-compresseur et que des Poels, Nieve ou encore Landa sont archi-forts et capables de maintenir un rythme prévenant la plupart des attaques.

Mais je demeure convaincu qu’une succession d’attaques, même de courtes durées, userait les Sky et les rendraient nerveux. Ce n’est pas avec un coureur isolé qui attaque à 5 bornes de l’arrivée qu’ils vont déstabiliser l’équipe Sky qui l’a, jusqu’ici, assez facile si vous voulez mon avis.

Du coup, le Tour de France est-il déjà plié, avant les grosses étapes des Alpes? J’en ai bien peur.

Bauke Mollema se satisfera d’une 2e place, tout comme Adam Yates d’un podium. Quintana semble trop juste actuellement, usé par une première semaine où il a dû composer avec le vent, les bordures, et une course nerveuse. Les autres sont loin au général.

J’ai bien peur que les étapes des Alpes se résument à des coureurs qui tenteront leur coup sur une seule étape simplement pour « sauver » leur Tour.

Aujourd’hui, sur la route de Berne, un seul homme à surveiller: Fabian Cancellara, qui arrive chez lui.

Ventoux: la bonne décision?

Le maillot jaune Chris Froome a été victime d’une chute hier à environ 3 kilomètres de l’arrivée, chute causée par une moto télé juste devant le groupe Froome-Porte-Mollema et qui aurait été stoppée en raison de la densité de la foule présente. L’organisation n’aurait pas eu le temps d’installer les deux kilomètres de barrières prévues avant la ligne d’arrivée étant donné la décision tardive de déplacer cette ligne d’arrivée au chalet Reynard plutôt qu’au sommet du Ventoux en raison des forts vents prévus.

La scène a donné lieu à des images surréaliste d’un maillot jaune en footing, courant sur la route sans son vélo, ce dernier ayant été brisé par une autre moto n’ayant pu l’éviter. La scène m’a fait immédiatement penser à Lance Armstrong, lui aussi maillot jaune, traversant à vélo un champs après avoir évité la chute de Joseba Beloki dans le col de la Rochette sur le Tour 2003. Depuis, on n’avait pas fait plus cocasse!

Froome sera dépanné par sa voiture d’équipe plus loin, et lâche près de deux minutes sur la ligne par rapport aux coureurs qui, au moment de l’incident, étaient derrière lui.

Décision du collège des commissaires UCI (indépendants de la direction de course): on donne à Chris Froome le temps de Bauke Mollema qui était avec lui au moment de la chute. Il conserve donc son maillot jaune.

Personnellement, je trouve cette décision excellente, car elle respecte des critères sportifs. Cette chute n’appartient pas à la catégorie « incidents de course » dûs à toutes sortes de circonstances (inattention des coureurs, accrochages au sein du peloton, les causes sont nombreuses) mais est bien d’une cause externe à la course. Dans ce contexte, Froome n’a pas à être pénalisé d’un incident dont il est totalement étranger.

La plupart des coureurs étaient d’ailleurs d’accord avec la décision des commissaires, en premier lieu Adam Yates qui a déclaré ne pas vouloir le maillot jaune de cette façon. Comme je le comprends! À une autre époque, Merckx avait lui aussi refusé d’endosser le maillot jaune suite à la chute d’Ocana dans le col de Mente sur le Tour 1971.

Rappelons au passage que la règle des trois kilomètres ne s’applique pas lors d’arrivées au sommet comme hier. La décision des commissaires est donc de nature exceptionnelle.

Chose certaine, c’est à un drôle de Tour de France que l’on assiste cette année: la bannière de la flamme rouge qui se dégonfle soudainement il y a quelques jours, une arrivée relocalisée en raison de vents violents, maintenant une chute due à une moto-télé, où la série s’arrêtera-t-elle? Une avalanche sur le peloton dans le prochain col de la Colombière? La série devient embarrassante pour ASO…

Le Tour des beaufs…

D’après ce qu’on comprend, la moto-télé aurait été stoppée net par une foule trop importante ayant réduit la route à rien du tout, obligeant le motard à mettre soudainement les freins.

On peut se poser la question: qui sont ces gens sur le bord des routes qui font tout et n’importe quoi? L’ami Patrick pose la question dans un commentaire laissé hier sur ce site.

J’ai eu quelques discussions familiales à l’occasion de mon récent séjour en France, sur la base d’une simple question: qui, aujourd’hui, se déplace sur les routes du Tour? Le Tour et le cyclisme, après des années d’affaires de dopage, est-ce ringard?

Sans pouvoir le prouver, la foule du bord des routes en 2016 n’est peut-être plus exactement la même que celle qu’on voyait dans les années 1950, 60, 70, 80 et 90.

Les passionnés de vélo ont été refroidis par des années de dopage, et ne se font plus d’illusion. Ils pratiquent certes le vélo plus que jamais – la popularité des cyclosportives l’atteste – mais pour eux, à leur rythme – en gardant un oeil détaché sur le cyclisme pro. On peut croire qu’ils sont moins nombreux à se déplacer pour voir passer des coureurs auxquels ils ne croient plus vraiment.

Aujourd’hui, il est probable que la vaste majorité des gens qui sont sur le bord des routes du Tour soient des gens qui ne connaissent que très peu le cyclisme ou les coureurs, mais qui désirent participer à une fête dont ils entendent de plus en plus parler grâce à l’omniprésence des médias.

En d’autres mots, il faut aller voir le Tour comme il faut aller un jour dans sa vie voir la Tour Eiffel, Time Square ou Ronaldo.

Du coup, le beauf, le jeune du lycée, le nouveau retraité se disent: allons voir le Tour! Ils ne se sont évidemment jamais déplacés sur une course cycliste auparavant.

C’est ainsi que les accidents avec la foule sont en augmentation: les gens font tout et n’importe quoi sur le bord des routes car n’ont aucune idée de la vitesse à laquelle les coureurs peuvent arriver, n’étant jamais eux-mêmes montés sur un vélo.

C’est donc une foule différente, peu connaissante des choses du vélo, qui est aujourd’hui sur le bord des routes selon moi. Il n’en a pas toujours été ainsi. Je suis toujours surpris de voir la surprise dans le visage des coureurs lors des GP de Québec ou Montréal lorsque je leur donne le temps de retard sur les coureurs devant, un réflexe pour moi! Ces choses se perdent.

Les enseignements du jour

Outre l’incident d’hier, l’étape a été riche en enseignements.

D’abord, superbe DeGendt qui confirme en quelque sorte sa victoire, il y a quelques années, au Stelvio sur le Giro: c’est un sacré teigneux, et un sacré coureur aussi car il a su parfaitement gérer son final, sans s’affoler devant les attaques et parfois le retour de ses deux adversaires, Pauwels et Navarro. Et du coup, il se relance dans la course au maillot à pois qu’il domine maintenant de 9 points sur Thibault Pinot! De Gendt faisait partie de mes favoris pour l’emporter hier.

Ensuite, Thibault Pinot justement: ce dernier a été inexistant hier, et on apprend qu’il souffrirait d’une bronchite. Il faudra voir s’il pourra s’en remettre à temps pour pouvoir être dans le coup dans les Alpes. Ce n’est jamais simple de guérir d’un tel truc sur un Tour de France où vous tapez dedans tous les jours. Chose certaine, il y a aussi un mal plus profond, qui s’appelle peut-être « grosse fatigue » (plusieurs d’entre vous l’avez écrit en commentaires au cours des derniers jours). C’est du moins ce qu’on apprend dans cet article.

On a aussi vu les limites de Nairo Quintana hier selon moi. S’il n’a pas bronché dans les Pyrénées, c’est qu’il ne pouvait probablement pas faire plus. S’il a essayé d’attaquer hier dans le Ventoux, il a rapidement été repris puis lâché par notamment un Bauke Mollema que je n’attendais pas à ce niveau. Hier, Mollema a été la surprise du jour, c’est clair. Son retour sur le duo Froome-Porte quelques instants avant l’incident ne peut mentir sur les jambes qu’il a en ce moment.

Fabio Aru semble aussi plafonner. Si j’avais à prédire aujourd’hui le podium de ce Tour, je dirais probablement Froome, Porte et Mollema!

Sagan aurait-il dû laisser gagner Bodnar avant-hier?

Vous êtes nombreux à avoir évoqué la question: ayant déjà remporté une étape, Sagan aurait-il dû offrir la victoire d’étape à son équipier Bodnar lors de l’étape avant-hier?

On a souvent vu ce geste de la part de leaders d’équipe dans certaines circonstances en effet.

Le problème hier, c’est que Froome a sprinté et que dans ce contexte, Sagan ne pouvait pas prendre le risque de voir la victoire échapper à l’équipe. Meilleur sprinter que Bodnar, il ne pouvait donc pas prendre le risque de faire passer Bodnar, car Froome aurait pu en profiter. Pas de faute à mon avis!

Nice

Petite pensée aujourd’hui pour les victimes de l’attentat de Nice hier, ainsi que pour leur famille. Quand cela s’arrêtera-t-il? Vous le savez, mais je le redis aujourd’hui: je suis français autant que québécois!

Le Ventoux, un 14 juillet…

L’étape promet demain d’être animée par les coureurs français en ce jour de la fête nationale, le 14 juillet.

Ca risque de se résumer à une vraie course de côte, l’arrivée ayant été devancée au chalet Reynard aux deux tiers de l’ascension en raison des vents violents attendus en après-midi près du sommet: 100 km/h! Ca décoiffe!

Les coureurs français ne l’auront cependant pas facile considérant le prestige d’une victoire sur les pentes du Mont Ventoux: beaucoup de coureurs en rêvent!

Les meilleurs espoirs français résident probablement avec Thibault Pinot, qui a déjà affirmé que c’était son prochain objectif sur ce Tour de France, maintenant qu’il est loin au général.

Je pense que Romain Bardet visera plutôt à continuer de jouer le général, et éventuellement de s’imposer à domicile pour son équipe AG2R La Mondiale, soit dans les Alpes.

Une échappée partira de loin c’est sûr, des coureurs français comme Julian Alaphilippe, Thomas Voeckler, Alexis Vuillermoz ou encore Romain Sicard, désormais loin au général, pourraient tirer leur épingle du jeu.

Pour Warren Barguil et Pierre Rolland, ce sera plus compliqué car ils sont encore à seulement 3 et 5 minutes au général.

Outre les coureurs français, des coureurs comme Thomas de Gendt ou Rui Costa pourraient refaire un numéro, ou encore Wilco Kelderman. Jurgen Van Den Broeck, Vicenzo Nibali, Daniel Navarro, Ilnur Zakarin, Peter Stetina, ou encore Jakob Fulgsang ne rateraient pas l’occasion non plus si elle devait se présenter.

Nairo Quintana? Je pense qu’il continuera de calquer sa course sur celle de Chris Froome et continuera d’attendre la dernière semaine pour abattre ses cartes… s’il en a.

Terminons enfin en soulignant que le Québécois Antoine Duchesne joue un peu à domicile lui aussi, vivant en France pas très loin du Mont Ventoux et connaissant donc bien le secteur qu’il emprunte sur ses routes d’entrainement. S’il pouvait se glisser dans une échappée tôt dans la course, il a peut-être des chances de bien faire!

La 10e étape (Matthews)

Très très belle victoire d’équipe mardi sur la 10e étape du Tour avec Michael Matthews, superbement épaulé dans le final par son équipier Daryl Impey qui a cuisiné à la perfection Peter Sagan, un sacré client tout de même. Payez-vous les images du dernier kilomètre, c’est mené parfaitement par l’équipe Orica qui connait manifestement son cyclisme 101.

La 11e étape (Sagan)

Probablement insatisfait de sa 2e place la veille, Peter Sagan s’est bien repris hier dans un final également très intéressant, où le vent – donc les bordures – a durci considérablement la course. Par moment, ça pétait de partout! Je dois dire que Chris Froome m’a surpris dans le final, n’hésitant pas à embrayer derrière Sagan et Bodnar qui avaient décidé de jouer la bordure jusqu’à la fin. Geraint Thomas a réagi avec un petit temps de retard, mais a pu accompagner pour créer une échappée de quatre, mais composée de seulement deux équipes. Dans ce contexte, il était clair que ça n’allait pas se regarder longtemps! Bodnar a roulé pour la victoire d’étape de Sagan, Thomas pour le gain (modeste) en temps de Chris Froome.

La question toutefois: Chris Froome en fait-il trop en ce moment sur le Tour? Paiera-t-il tous ces petits efforts dans le final des étapes une fois qu’il sera dans la dernière semaine? C’est à voir, Quintana est plutôt dans un mode économie…

Pourquoi le buzz autour de la position de Froome en descente?

Les médias ont beaucoup parlé de la position de Chris Froome dans la descente de Peyresourde durant l’étape de samedi.

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Je ne vois pas pourquoi!

Cette position est souvent vue dans le peloton depuis des années déjà, notamment chez Peter Sagan. Cette position lui a permis de faire quelques jolies et très rapides descentes qui tendent à prouver que la position couchée sur le tube horizontal, une partie du torse en appui sur le guidon, est bel et bien efficace.

Ceci étant, et pour l’avoir essayé, je trouve cette position dangereuse pour le coureur qui l’adopte et pour les autres cyclistes qui peuvent l’entourer.

Dans une telle position, une partie importante du poids corporel repose sur l’avant du vélo. Du coup, le vélo devient très réactif aux changements de direction et il est facile d’aller à la faute, bien sûr cette position étant faite pour les grandes vitesses.

D’autre part, dans une telle position, difficile de tourner rapidement le guidon pour réagir à un éventuel obstacle sur la route. La position est peut-être relativement tenable en ligne droite, mais il ne faut pas qu’il y ait d’imprévus.

Enfin, dans une telle position, on a parfois l’impression que l’arrière du vélo « flotte », pouvant entrainer une perte d’adhérence.

Bref, n’essayez pas cette position sauf si vous êtes déjà un bon équilibriste sur le vélo!

Cette position serait-elle plus dangereuse que celle adoptée, il y a 20 ans déjà, par Marco Pantani, le ventre reposant sur la selle, et le corps tout à l’arrière du vélo? Je ne crois pas, les deux sont dangereuses: dans un cas il y a trop de poids sur l’avant du vélo, dans l’autre pas assez!

Bref, je préfère une bonne position traditionnelle en descente: mains en bas du guidon, bien penché, le poids du corps bien réparti sur l’avant et l’arrière du vélo, les jambes qui serrent le tube horizontal pour absorber les vibrations, deux doigts sur les freins au cas où. Ca m’a évité bien des soucis!

Tour: le bilan après 9 étapes

Première journée de repos sur le Tour aujourd’hui, c’est l’occasion d’un petit bilan de la course  jusqu’ici.

La course au maillot jaune

Rien n’est joué, trois coureurs étant à moins de 30 secondes de Chris Froome: Adam Yates, Daniel Martin et Nairo Quintana.

Sept autres naviguent entre 30 secondes et une minute de la tête de course: Joaquim Rodriguez, Romain Bardet, Bauke Mollema, Sergio Henao, Louis Meintjes, Alejandro Valverde et Tejay Van Garderen. Évidemment, on ne comptera pas Henao comme un possible prétendant au maillot jaune, étant un équipier de Froome.

Sur les étapes des Pyrénées, on a cependant vu qui de tous ces coureurs semblaient les mieux. Pour moi, c’est clair, trois coureurs se disputeront le podium à Paris: Froome, Quintana et… Porte. Ce dernier a été impressionnant hier sur la montée d’Arcalis, attaquant à plusieurs reprises.

Mais LA surprise de ce Tour jusqu’ici est évidemment Adam Yates, qu’on n’attendait pas à ce niveau. Il est impressionnant notamment par les braquets qu’il tire en montagne.

Daniel Martin présente aussi une giclette assez efficace, ses accélérations successives faisant sauter de nombreux coureurs.

Avec ces deux coureurs (Yates et Martin), on est un peu dans l’inconnu: jusqu’où iront-ils?

Bizarre tactique

J’ai eu du mal à comprendre les tactiques des coureurs jouant le général ces derniers jours.

On a vu Froome attaquer pour prendre des points « grimpeur » au sommet du Peyresourde, et poursuivre son effort dans toute la descente qui a suivi. Gain total, 13 misérables secondes face à ses adversaires mais au prix d’une prise de risque très grande, qui aurait pu lui coûter le Tour n’en étant qu’à la 8e étape… et au prix d’efforts également importants. Je n’ai pas compris: Froome avait pas moins de quatre cols ce jour-là pour faire la différence! Si le maillot jaune était son objectif, pourquoi avoir attendu aussi tard pour attaquer dans Peyresourde? Pourquoi ne pas avoir tenté de partir à mi-col?

Autre tactique nébuleuse, celle de Nairo Quintana qui, pour le moment, n’a pas bronché, ou presque: dans la roue de Froome! On a pourtant vu son équipe active, laissant présager que la Movistar préparait un coup; il n’en fut rien. Hier, Quintana pouvait compter sur deux équipiers dans l’échappée devant, c’eut été parfait pour tenter de déstabiliser les Sky. Mais non, rien.

De toute évidence chez Movistar, on se réserve pour le Ventoux d’abord jeudi, puis pour la dernière semaine et notamment ce chrono en côte du côté de Sallanches…

Thibault Pinot

Il faut saluer sa réaction d’orgueil et sa belle étape hier ou, échappé, il a bien tenté dans le final de gagner l’étape.

Par contre, je n’ai pas compris sa tactique samedi: encore qu’à trois minutes au général, pourquoi s’est-il échappé ainsi? Pensait-il vraiment que la Sky et la Movistar laisseraient partir un coureur de sa trempe encore qu’à trois minutes au général? Résultat, une débauche d’effort en pure perte. Pinot y a peut-être laissé des forces qui lui ont manqué hier dans le final vers Arcalis…

Romain Bardet

C’est le premier Français au général, et il a bien géré selon moi son Tour jusqu’ici. À « domicile » dans les Alpes, il faut maintenant qu’il récupère le mieux possible avant le prochain test, le Ventoux.

Fabio Aru et Alberto Contador

Ce sont les deux informations du jour hier. Contador a abandonné le Tour, apparemment fiévreux. Mon avis, c’est qu’il avait plutôt le moral dans les chaussettes depuis quelques jours, miné par ses chutes de début de Tour ainsi que par la… très probable mauvaise ambiance qui règne chez Tinkoff, et notamment avec Kreuziger. Je pense simplement qu’Alberto en a eu marre de ce bordel, et a décidé de jeter l’éponge. En pourparlers avancés avec l’équipe Trek-Segafredo pour l’an prochain, cela lui permet de planifier sa campagne 2017 sereinement peut-être en ayant directement des réunions dès aujourd’hui avec les dirigeants de sa future équipe. Il pourrait aussi s’aligner sur la Vuelta qui démarrera le 20 août prochain.

Fabio Aru a quant à lui été largué à la régulière hier dans le final vers Arcalis. Rien de bien rassurant pour la suite… et Aru a la pression cette année, étant désigné comme le seul leader chez Astana. Ce qui est intéressant chez Aru toutefois, c’est qu’il a démontré dans le passé de belles capacités à rebondir suite à un coup dur.

Le maillot vert, le maillot à pois et le maillot blanc

C’est intéressant cette année, il y a une belle lutte pour les autres classements de ce Tour de France, et cela anime passablement la course.

Deux coureurs se disputent le maillot vert tout particulièrement, Mark Cavendish et Peter Sagan. Cavendish a remporté jusqu’ici pas moins de trois victoires d’étape et on peut être sûr qu’il mise sur cette semaine pour engranger d’autres points pour garder le maillot vert.

Sagan la joue intelligemment lui aussi: moins fort en vitesse pure que « Cav », il s’échappe dans les étapes de montagne pour grapiller les points des sprints intermédiaires comme hier. Gageons que le maillot vert se gagnera cette année dans la dernière semaine!

Pour le maillot de meilleur grimpeur, c’est entre Pinot et Majka. Ces deux là n’ont assurément pas fini de se tirer la bourre, et ça sera un beau spectacle à commencer par l’étape du Ventoux.

Enfin, pour le maillot blanc de meilleur jeune, c’est entre Adam Yates et Louis Meintjes qui ne semble rien vouloir lâcher. 39 petites secondes séparent les deux coureurs, rien n’est fait et là encore, ça risque fort de se décider dans la dernière semaine.

Le prochain test

Si toutes les étapes sont intéressantes sur le Tour, le prochain gros test pour les coureurs visant le général est jeudi prochain, avec l’arrivée au mont Ventoux. L’étape se résumera évidemment à une course de côte pour les favoris, et une échappée de coureurs loin au général partira tôt dans le but de se présenter au pied du Géant de Provence avec suffisamment d’avance pour résister au retour des cadors et ainsi s’imposer à son sommet, une victoire évidemment très prestigieuse.

Et si Antoine Duchesne, qui n’habite pas très loin du Ventoux lorsqu’il est en France, se glissait dans ce coup-là?

Thibaut Pinot: l’échec

L’information de l’étape d’hier, c’est Thibaut Pinot lâché à quelques kilomètres du sommet du col d’Aspin.

À l’arrivée, l’addition pour lui est de trois minutes sur les principaux favoris, le classement général s’envole.

Thibaut Pinot était très déçu à l’arrivée, sans trop d’explications. On le comprend. « Je n’avais pas les jambes, rien d’autre à dire« . Même son de cloche du côté de son directeur sportif, Marc Madiot.

Je trouve au contraire qu’il y a beaucoup à dire!

Selon moi, l’échec de Pinot n’est pas celui d’un seul homme, mais de toute une équipe, celle de la FDJ et de ses préparateurs, Grappe en premier lieu.

Pinot n’a pas à supporter seul cet échec.

Depuis des années, l’équipe de la FDJ met de l’avant « façon marketing » la science de l’entrainement pour développer, préparer ses coureurs. On a fait grand bruit de « l’école de Besançon » dirigée par Frédéric Grappe, des progrès de Pinot, un grand leader en devenir, capable de tout à les entendre. On fait grand bruit de l’approche méthodique de l’entrainement administré, tout semblant programmé, précis, et donc infaillible.

Sauf que.

Sauf que comme Thibaut Pinot l’a dit lui-même, « on n’est pas des machines ».

Les capteurs de puissance, les watts, les intervalles de ci et de ça, les théories de micro- et macro-cycles, la périodisation, les cycles circadiens, bref tout le bordel, ben parfois ça ne présente pas plus de garantie que le reste. Voilà une belle leçon pour nous tous, qui que nous soyons: nous ne sommes pas des machines.

Sauf pour les Sky de Dave Brailsford et sa science des « marginal gains »…

Comprenez-moi bien: je suis le premier à croire aux méthodes modernes de l’entrainement. Je dis simplement qu’il ne faut pas perdre de vue que ces méthodes ne garantissent pas pour autant de bons résultats.

Peut-être manque-t-il à Thibaut Pinot que Frédéric Grappe lui prescrive des séjours du côté de Ténérife?

Chose certaine, Grappe et ses apôtres doivent maintenant se poser de sérieuses questions, peut-être du côté de la récupération de leurs athlètes suite aux charges d’entrainement imposées. Revoir leur approche de la saison peut-être. Des analyses physiologiques devront aussi être faites sur Thibaut Pinot pour comprendre la(les) cause(s) de ce passage à vide. Il y a peut-être une explication simple: carence d’une vitamine, infection?

Plus inquiétant cependant, le fait que certains éléments reviennent dans l’échec de Pinot hier.

Par exemple, le fait qu’il ne marche pas bien quant il fait très chaud comme hier. Il a essuyé plusieurs défaillances par temps chaud au fil des dernières années.

Le fait aussi que Thibaut Pinot présente un mental qui semble parfois défaillant. Il semble avoir du mal à surmonter les coups durs en course ce qui, au niveau professionnel, est évidemment une limite importante. On sentait bien hier son abattement dans les premiers hectomètres où il s’est vu lâché. Une partie de cet abattement pourrait venir de son incompréhension face à cette « science de l’entrainement » mis de l’avant par son encadrement: normalement, il aurait dû marcher, tout était programmé pour cela depuis le début de la saison. Arrivé sur l’objectif, panne de jambes. J’avoue qu’à sa place, je marquerais aussi le coup.

Quoi qu’il en soit, je sens que la traversée des Pyrénées sera difficile pour Pinot, mais je crois aussi qu’il se refera une santé à l’approche des Alpes et nous en claquera une belle dans la dernière semaine, un scénario qu’il a déjà réalisé l’an dernier…

Cavendish dans l’histoire du Tour de France

On ne peut passer l’exploit sous silence: en remportant sa troisième victoire d’étape sur le Tour de France 2016, Mark Cavendish est entré dans l’Histoire de l’épreuve puisqu’il présente désormais, sur son palmarès, 29 victoires d’étape au total, soit… une de mieux que Bernard Hinault.

Un seul homme a fait mieux: Eddy Merckx, avec 34 victoires d’étape.

Cavendish a remporté toutes ses victoires sur neuf Tours de France (moyenne de 3,2 victoires par Tour). Bernard Hinault 8 (moyenne 3,5). Eddy Merckx 7 (moyenne 4,9)!

Certains d’entre vous pourraient dire que ce n’est pas pareil, Cavendish étant un sprinter et les autres non. Bernard Hinault a par exemple de nombreuses victoires d’étape contre-la-montre à son palmarès, ce que Cavendish n’a évidemment pas.

Sauf que.

Sauf qu’il a existé, dans l’histoire du Tour, d’autres grands sprinters: André Darrigade, Mario Cipollini, Érik Zabel, voire Freddy Maertens. Aucun d’entre eux n’a remporté autant de victoires d’étape que « Cav », Darrigade pouvant être considéré le 2e sprinter le plus titré de l’histoire du Tour avec 22 victoires d’étape.

Et Cav s’est imposé quatre fois sur les Champs Élysées jusqu’ici, le recordman.

Et Cav a remporté pas moins de six victoires d’étape sur un seul Tour, en 2009.

Pourtant, je n’aimais pas beaucoup Mark Cavendish à ses débuts sur le Tour. Un sprinter que j’estimais dangereux, voire même kamikaze avec sa façon de frotter, et de sprinter la tête très basse au dessus du guidon. Il a d’ailleurs provoqué plusieurs chutes dans les emballages finaux au cours de sa carrière. Provocateur, il s’est également souvent fritté avec ses adversaires et n’a pas toujours eu la meilleure réputation dans le paquet.

J’ai toutefois appris à aimer Cav au fil des ans. J’admire surtout le fait que ce sprinter n’a jamais abandonné le Tour, sauf la première fois qu’il l’a disputé. Il a fini tous les autres. En comparaison, Mario Cipollini, tout de même 12 victoires d’étape au sprint sur le Tour, n’a jamais cru bon de le terminer, les abandonnant tous. J’y ai toujours vu un manque de respect pour le Tour, pour ses organisateurs, pour son équipe, pour ses équipiers, et pour le public.

Cav, lui, va au bout.

Et j’aime aussi le fait qu’il puisse se débrouiller seul, en restant bien masqué jusqu’à la toute dernière minute pour surgir de nulle part comme un diable d’une boîte. Pour preuve, payez-vous les images de l’emballage d’hier. Cav a su mener son sprint seul, et il était pourtant loin à l’entrée du dernier kilomètre. À l’inverse, Cipollini avait besoin de son train de sénateur, qu’il a notamment eu chez Saeco, pour s’imposer.

Cav n’a remporté qu’un maillot vert, en 2011. Son pendant chez les grimpeurs est probablement Marco Pantani, qui n’a jamais ramené les pois à Paris, tout en s’établissant comme l’un des tous meilleurs grimpeurs de l’histoire du Tour, avec Gaul, Bahamontes et Van Impe.

Enfin, Mark Cavendish a également su gagner ailleurs que sur le Tour. Un Milan SanRemo, en 2009. Deux Kuurne-Bruxelles-Kuurne, en 2012 et 2015. Et surtout, un titre de champion du monde sur route, en 2011. Et trois titres de champion du monde de l’américaine (piste), avec à la clef une longue série de belles places sur la piste, notamment en poursuite.

Bref, respect Mark Cavendish. Il est assurément aujourd’hui l’un des coureurs en activité avec le plus beau palmarès qui soit.

Comprendre le Tour…

L’étape d’hier a été magnifique à mon sens: une belle échappée de costauds, dont un (Van Avermaet) qui va au bout et qui rafle du coup le maillot jaune, bonus suprême après une victoire d’étape bien méritée. Une étape aux paysages inspirants, une étape dure aussi. Que du bonheur à regarder!

Et à mon sens aussi une étape qui est un exemple parfait pour comprendre la course dans la course sur le Tour de France, les coureurs poursuivant souvent des objectifs différents. De nos  jours, de moins en moins de commentateurs présentent toutes ces nuances et c’est bien dommage, la plupart se contentant de décrire ce qu’ils voient dans l’instant sans donner les raisons sous-jacentes aux comportements des coureurs.

Un exemple: des trois échappées, De Gendt roulait beaucoup plus que les deux autres. Pourquoi diable?

Mon interprétation: parce qu’outre la victoire d’étape en laquelle il a forcément cru un moment, il s’était donné comme objectif d’aller chercher le maillot à pois, étant le matin de l’étape beaucoup plus loin que Van Avermaet au général (donc le maillot jaune ne pouvait pas constituer un objectif). Ainsi, une belle entente était née entre les deux Belges de l’échappée: à DeGendt le maillot à pois, à VanAvermaet le maillot jaune et pour la victoire d’étape, on verrait plus tard!

Pour preuve, on n’a pas contesté à DeGendt les points du grimpeur durant l’étape.

Ca s’est ensuite joué à la pédale dans le col du Perthus, Van Avermaet décrochant De Gendt qui avait jusqu’alors beaucoup donné pour aller chercher les points du grimpeur dans la côte du Puy Saint-Mary, au col de Neronne et au Pas de Peyrol.

Grivko dans tout ça? Lui n’était là que pour la victoire d’étape, mais il a rapidement manqué de jambes. Son action aura été transparente durant l’étape.

Derrière aussi, on a vu d’autres courses.

D’abord celle des Sky et des Movistar qui ont mis en route dans le final accidenté. Pour deux raisons: d’une part, protéger leurs leaders (Froome, Quintana et Valverde, ce dernier n’étant pas loin du maillot jaune au matin de l’étape) des chutes et des pièges, d’autre part pour placer sous pression Alberto Contador, touché dans sa chair suite à deux malheureuses chutes en début de Tour.

Et ca n’a pas loupé: avec une jambe gauche moins performante, Contador a cédé sur la dernière courte ascension et débourse 23 secondes supplémentaires sur la plupart des autres favoris. Sur le Tour, pas de cadeau… surtout pas avec un adversaire de la trempe d’Alberto Contador.

L’attaque de Bardet dans le final? Ca, c’était simplement pour répondre aux attentes de ses fans puisqu’il courrait à domicile. Un artéfact de course sans conséquence. Il est parti trop tard pour qu’on puisse croire qu’il y a lui-même cru.

Longtemps, on a vu un groupe d’environ 6 coureurs en chasse patate entre les trois échappés devant et le peloton derrière, dont Rafal Majka. Ceux-là étaient condamnés à revenir avant les deux dernières difficultés pour espérer quoi que ce soit, ce qu’ils n’ont pas réussi à faire tant DeGendt et Van Avermaet, deux solides rouleurs, se sont montrés costauds devant. Du coup, Majka aura perdu un peu d’énergie en pure perte, qui plus est se montrant absent pour aider son leader Contador dans les derniers kilomètres. Chez Tinkoff, la stratégie serait à revoir… d’autant que Kreuziger non plus n’a pas aidé son leader dans les tous derniers kilomètres alors qu’il évoluait au sein du même groupe.

Ils ont perdu le Tour

Quelques coureurs ont montré d’inquiétants signes hier, et devront déjà changer leurs objectifs sur la course. Je pense par exemple à Ilnur Zakarin, déjà loin au général et qui ne peut plus viser que des victoires d’étape. Je pense à Vicenzo Nibali, dans un jour sans hier et qui est lui aussi désormais très loin au général, tout comme Mikel Landa. Idem pour Tom Dumoulin et surtout, pour Tony Gallopin qui avait pourtant soigneusement préparé ce Tour, abaissant significativement son poids: ce dernier termine hier à plus de 25 minutes! Je suis convaincu que Gallopin doit être actuellement très déçu de sa prestation et qu’il doit chercher des explications.

Contador

Le champion espagnol pointe désormais à 1min21 des autres principaux favoris de ce Tour de France, comme Froome, Quintana, Aru, Bardet, Pinot ou encore Barguil et Kelderman. A-t-il perdu le Tour? Je ne crois pas, c’est Contador tout de même et il a déjà prouvé dans le passé, notamment sur la Vuelta 2012, qu’il est capable de renverser un grand tour sur une seule étape. La meilleure stratégie pour lui est pour l’instant de continuer à récupérer au chaud dans le peloton en essayant de limiter les dégâts, attendre les Pyrénées, observer ses sensations et saisir les occasions, en espérant que sa condition s’améliore rapidement pour pouvoir être pleinement opérationnel dans la dernière semaine.

Porte

Le coureur australien a perdu du temps suite à une crevaison au mauvais moment il y a quelques jours. Pointant à 1min45 des principaux favoris, c’est encore plus compliqué que pour le cas Contador. Sa meilleure chance pour un rapproché est probablement le chrono en côte entre Sallanches et Mégève lors de la 18e étape. Être patient, saisir les occasions, grapiller ici et là progressivement des secondes pour se rapprocher du podium en courant au millimètre, c’est probablement la seule stratégie qui lui reste.

Sympathique Van Avermaet

À ne pas manquer, ce nouveau vidéo du Collectif Parlee avec… Greg Van Avermaet. Ca tombe à pic! Merci à Charles pour le tuyau.

Greg VanAvermaet – BMC Racing Team – GP Québec. from Charles B. Ostiguy on Vimeo.

Sans intérêt, les étapes de plaine sur le Tour?

Après deux semaines d’absence dues à un voyage en France qui a été un vrai ressourcement, La Flamme Rouge reprend aujourd’hui son service normal pour couvrir le Tour de France bien sûr.

Jusqu’ici, on pourra dire que ce Tour de France se court au millimètre. Millimètres entre Coquard et Kittel hier à Limoges, millimètres entre Cavendish et Greipel la veille à Angers. Millimètres également entre les coureurs depuis le départ, avec un peloton nerveux comme d’habitude sur les premières étapes, et Alberto Contador qui en a fait jusqu’ici les principaux frais.

Aujourd’hui ça sera plus intéressant avec un final compliqué du côté du Massif central, avec quelques belles petites bosses dans le final. Un peloton réduit se présentera dans le final c’est certain, et les favoris devront être très vigilants. Selon la formule classique, le Tour ne se gagnera pas aujourd’hui, mais il pourrait bien se perdre!

Une tendance a retenu mon attention ces derniers jours, celle où on voit un nombre grandissant de coureurs se plaindre de ces longues étapes dites « de plaine » ou « de transition ». Le dernier en date à se plaindre est Tom Dumoulin qui trouve ces étapes « ennuyeuses ».

Je ne suis pas d’accord!

Le Tour de France, c’est d’abord et avant tout une épreuve géographique: on fait le tour de la France, à quelques nuances près. Dans ce contexte, et de toutes les époques, nous avons eu sur le Tour de ces longues étapes sur parcours plats ou peu accidentés, permettant aux favoris de récupérer bien au chaud dans le peloton et permettant aussi aux « seconds couteaux » d’aller chercher leur moment de gloire à la pédale.

Le problème, aujourd’hui, c’est plutôt les oreillettes si vous voulez mon avis!

Ces étapes dites de transition sont ennuyeuses parce qu’on sait pertinemment dès le départ qu’avec les oreillettes, les échappées n’ont aucune chance d’aller au bout. Du coup, le seul intérêt de ces coureurs est de montrer pendant quelques heures le maillot à la télé, c’est tout.

C’est d’une tristesse…

Ces étapes de transition peuvent être si passionnantes. Je me souviens d’avoir passé sur le bout de ma chaise les deux dernières heures de la 6e étape du Tour 1991 remportée solo par Thierry Marie au Havre sur au terme d’une longue échappée solo, ce diable de coureur ayant résisté dans le final au retour du peloton mais au prix d’un effort titanesque qui lui avait en partie fait perdre sa lucidité: il se parlait tout seul!

On ne voit plus aujourd’hui de tels exploits qui nous ont fait vibrer, faute des oreillettes qui ont robotisé tout le peloton. Nécessaire pour une sécurité accrue? C’est du grand n’importe quoi comme je l’ai souvent exprimé sur ces pages: les chutes n’ont jamais été si nombreuses! Et si c’est de sécurité dont il est question, il serait si simple d’instaurer un système unidirectionnel entre coureurs et organisation de la course qui signalerait les dangers de la route…

Bref, le Tour ne saurait se résumer aux seules étapes de montagne sur une courte distance. L’intérêt du Tour, c’est l’aventure humaine et sportive qu’il propose durant trois semaines, sur des étapes et des terrains variés. L’intérêt du Tour, ce sont ces coureurs volontaires qui osent, et qui laissent tout sur la route.

L’intérêt du Tour, ce n’est pas les oreillettes et ces coureurs-robot tristes à voir…

Tour de Beauce: Houle peut gagner!

Organisé depuis 1986, le Tour de Beauce est la plus prestigieuse course par étapes au Canada, le Tour de l’Alberta étant très récent.

Et au cours des 20 dernières années, un seul Canadien est parvenu à s’imposer au général: Svein Tuft, en 2008.

Cette année, Hugo Houle peut le faire!

Il a en effet très bien maîtrisé la difficile et compliquée étape du Mont Mégantic hier, parvenant à rester au contact des tous meilleurs grimpeurs du jour. Du coup, le voilà placé à 19 secondes du maillot jaune, avec aujourd’hui un chrono de 19 bornes. Pour un spécialiste de l’effort solitaire comme lui, voilà une chance à ne pas manquer pour s’emparer de la tête du classement général, pour ensuite la défendre à l’aide de son équipe canadienne qui est assez forte pour ca.

Rappelons qu’Hugo Houle avait déjà terminé 2e du Tour de Beauce en 2012. Il a la chance cette année de faire beaucoup mieux. Une telle victoire compte pour un palmarès!

Chose certaine, nul doute que le récent Giro aura permis à Hugo d’augmenter sa condition physique, et surtout de diminuer son poids, ce qui fait toute la différence dans des étapes comme hier qui se terminent par une ascension. Ce fut la même chose avec David Veilleux il y a quelques années à son arrivée chez Europcar: trop gros! Une partie importante du travail de David avec son équipe fut de diminuer progressivement son poids, augmentant du même coup son rapport poids-puissance. Et on connait la suite de l’histoire, David a pu s’imposer sur une étape du Dauphiné, lui ouvrant les portes du Tour de France.

L’état de maigreur affolant du peloton WorldTour ne laisse aucune chance à ceux qui présentent un poids plus « normal ». Mais il est vrai qu’un poids minimal peut faire une sacré différence sur des parcours accidenté.

Quoi qu’il en soit, souhaitons la meilleure des chances à Hugo pour la suite sur ce Tour de Beauce. Le remporter enverrait également un signal clair et fort aux sélectionneurs de l’équipe canadienne en prévision des Jeux Olympiques de Rio plus tard cet été…

Je souligne également au passage le beau résultat d’un coureur d’Ottawa hier, Matteo Dal-Cin qui termine cette étape du Mont Mégantic en 14e position, devant Chris Horner. Son équipier Alex Cataford suit juste derrière, un autre coureur qu’on a l’habitude de voir ici dans la région de la capitale nationale.

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