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Première semaine du Tour: même les pavés ont été ennuyants!

Cette première semaine du Tour ne passera pas à l’histoire: ce fut d’un ennui! Deux victoires au sprint de Gaviria, deux de Sagan, deux de Groenewegen, hier Dekengolb et les BMC dans le chrono par équipe et ce fut plié.

Surtout, aucune échappée n’a pu nous divertir en se rendant au bout. Le peloton a toujours maîtrisé les écarts, merci les oreillettes.

Que reste-t-il du sport? Que reste-t-il du flair en course, de l’initiative, du sens tactique?

L’étape des pavés hier n’aura finalement fait aucun écart parmi les favoris, hormis Rigoberto Uran le perdant du jour. Mais son retard sur la ligne n’est pas la catastrophe non plus. Romain Bardet s’est bien fait peur, étant malchanceux avec les crevaisons toute la journée, mais a pu revenir dans le groupe des favoris grâce à un gros travail de son équipe. C’était le plus intéressant durant l’étape!

On regrettera l’abandon de Richie Porte, qui avait spécialement préparé ce Tour de France. Encore un exemple du danger de tout miser sur une seule épreuve en saison…

Devant, deux vainqueurs de Paris-Roubaix se disputaient la victoire, Van Avermaet le maillot jaune et Degenkolb, flanqués de Lampaert, un autre homme fort des Classiques. On attendait aussi Sagan, toutefois rapidement isolé et donc incapable d’être un acteur de ce final. J’espère que son équipe Bora s’est fait remonter les bretelles à l’arrivée!

Cette semaine devrait être plus intéressante, avec le Tour qui entre dans les Alpes. Trois superbes étapes – ne manquez pas les images! – qui créeront cette fois des écarts décisifs, c’est certain. Vendredi, plusieurs coureurs auront définitivement perdu le Tour.

Difficile de dire qui semble le mieux actuellement. L’équipe Sky me semble surpuissante encore une fois, et la dynamique Thomas-Froome sera intéressante à suivre si jamais les deux étaient dans le coup. Bardet est bien, mais il a laissé des forces sur les pavés. Nibali ? Impossible de dire actuellement comment il encaissera la haute montagne. Reste Dumoulin et les Movistar (Landa, Quintana, Valverde), qui pourraient tout faire sauter s’ils adoptent une stratégie agressive. Et Yates!

Après une semaine, c’est comme si le Tour n’avait pas encore commencé!

Chiant, le Tour?

Personnellement, je suis ravi de la réaction quasi-unanime dans les médias actuellement quant aux 7 premières étapes du Tour: d’un ennui mortel!

Tellement que j’en perds mon inspiration pour vous entretenir du Tour…

L’Équipe titrait hier « Sept jours de sieste« , c’est dire! Le Monde n’y va pas de main morte non plus, titrant au sujet de l’étape d’hier « Le jour le plus long« .

C’est vrai que Messieurs les coureurs ont musardé solide hier: 231 kms tout plat parcourus à une moyenne d’à peine 40km/h, ce fut long longtemps. Les coureurs étaient même en retard par rapport à l’horaire le plus lent (42km/h) prévu dans le guide du Tour!

Surtout, les coureurs se sont refusés à se lancer dans des offensives, sauf Offredo et Pichon. Offredo en particulier en avait gros sur la patate à l’arrivée, l’organisation ne lui ayant pas octroyé le titre de coureur le plus combatif de l’étape malgré les kilomètres passés devant. Je suis bien d’accord avec lui! Et Dieu que j’aime son franc-parlé devant la dictature des oreillettes en course: « Non, d’accord, mais après, qu’est-ce qu’on fait ? On se regarde les quéquettes (sic), on attend l’arrivée et on fait un sprint. Je me suis dit pourquoi pas, si on est plusieurs. »

Non, ca ne tourne pas rond jusqu’ici sur le Tour. On nous avait promis davantage de sécurité pour les coureurs en passant à des équipes de 8; il n’en est rien, les chutes étant au moins aussi nombreuses qu’avant. C’est tout simplement la faute aux oreillettes là encore: quant tu as 20 directeurs sportifs qui hurlent dans ces machins qu’il faut remonter devant car il y a une difficulté ou un écueil qui arrive sur la route, ben tu as des chutes.

Les oreillettes ont tué toutes les échappées jusqu’ici. Je comprends certains coureurs: à quoi bon la dépense d’énergie et la galère devant si c’est pour se faire revoir à 100% dans les deux derniers kilomètres, outre bien sûr le fait de montrer le maillot à la télé? Offredo a même déclaré après l’étape: « Ces étapes-là sont une mascarade. Là, j’ai juste envie de faire mes valises et de rentrer chez moi. » Ouf!

On est loin du Giro ou de la Vuelta qui n’hésitent pas à placer des étapes accidentées voire de montagne (l’Etna…) en début d’épreuve…

Par chance, on arrive dimanche sur les pavés de Paris-Roubaix, puis la semaine prochaine dans les Alpes. On verra si la Sky pourra tout cadenasser, ou si les autres favoris oseront (Nibali, Quintana, Landa, Dumoulin, Bardet, Yates, etc.).

Espérons qu’avec du relief, c’est tout le Tour de France qui en prendra. Il en a bien besoin.

Le Tour du Tour #2

1 – Partir trop tôt, c’est l’erreur classique en sprint et ca se voit aussi chez les pros! Hier, il est clair que Greg Van Avermaet ou Philippe Gilbert sont partis beaucoup trop tôt en vue de l’arrivée. Sagan a su attendre un peu plus longtemps, et il a la puissance pour corriger le tir en cours de route. La ligne est survenue 35m trop loin pour Colbrelli qui tourne autour… gageons qu’il en gagnera une d’ici Paris!

2 – Sagan surpuissant, il n’a même pas besoin d’équipe pour s’imposer. Pour moi c’est simple, il est la ré-incarnation d’un Sean Kelly, 25 ans plus tôt. Sans être le meilleur en vitesse pure, il s’impose dès que le sprint est compliqué, c’est à dire au terme de routes sinueuses ou dans une arrivée en faux plat ascendant.

3 – Aujourd’hui, le Mur de Bretagne, deux fois plutôt qu’une! Misez les puncheurs, Alaphilippe ou Gilbert en premier lieu, mais aussi des coureurs comme Nibali ou Valverde, de ceux qui peuvent s’imposer en haut du Mur de Huy ou sur le Tour de Lombardie. Ca sera intéressant, surtout s’il y a du vent.

4 – Dimanche, les pavés de Paris-Roubaix! Ne manquez pas ca!

5 – Plus sécuritaire, un peloton composé de 176 coureurs plutôt que 198? Les articles commencent à fuser de toute part pour encore une fois dénoncer le fait qu’on nous prend vraiment pour des cons…

6 – Un maillot sans fermeture centrale pour UAE Team Emirates. Pas sûr du tout!

7 – La position de descente assis sur le tube horizontal, un must? J’ai souvent exprimé mes réserves sur cette technique ici… estimant que les gains en aérodynamisme ne valaient pas la prise de risque au niveau de la direction du vélo. On voit encore cette position dans le peloton pro, avec parfois des chutes comme hier durant l’étape. Vraiment, je ne la recommande à personne, surtout pas notre communauté de pratiquants qui évolue sur des routes ouvertes à la circulation!

8 – Intéressante analyse de l’effet d’aspiration dans un peloton, effet souvent sous-estimé. C’est fou!

9 – Tous les vélos du Tour, équipe par équipe. Nice! J’ai un petit faible pour Canyon.

10 – Matos: analyse des meilleures crèmes pour chamois. Intéressant! J’utilise pour ma part la crème Assos depuis des années, avec satisfaction. Mais rien de vaut le Assos Skin Repair selon moi. Tout simplement miraculeux!

Chrono par équipe: les équipes françaises à la rue!

La BMC a mouché de quelques secondes les Sky hier dans le chrono par équipe, je sais pas pourquoi mais ca m’a bien fait plaisir.

Du coup, voilà un Belge, Greg Van Avermaet, en jaune la veille d’un France-Belgique sur la Coupe du Monde de foot!

Les bonnes opérations du jour sont à mettre au compte des SunWeb de Tom Dumoulin, des Michelton-Scott d’Adam Yates et des Education First-Drapac de Rigoberto Uran.

Romain Bardet et ses AG2R – La Mondiale ont su limiter la casse de belle façon aussi, Bardet pointe désormais à 20 petites secondes de Froome près les trois premières étapes, bien joué!

De l’ensemble des favoris pour la victoire finale, c’est Dumoulin qui est le mieux placé pour le moment, à 11 petites secondes du maillot jaune. Uran suit avec un retard de 35 secondes.

AG2R – La Mondiale a été hier la seule équipe française à offrir une performance décente sur ce chrono par équipe. Toutes les autres sont en queue de classement. Il faut y voir assurément les objectifs de ces équipes, qui n’ont personne pour le général. Barguil avait déjà annoncé ne pas viser une place au général, mais bien des victoires d’étape en montagne: perdre du temps est donc une bonne chose pour obtenir un bon de sortie plus tard dans l’épreuve.

Groupama-FDJ n’a visiblement pas confiance en Gaudu pour une place au général. Direct Energie et Cofidis, dernière équipe hier, joueront aussi les victoires d’étape.

Ceci étant, on peut se demander si les équipes françaises n’auraient pas intérêt de travailler un peu plus cet exercice spécifique en saison, ne serait-ce que pour se rapprocher du maillot jaune en début de Tour? La vaste majorité des coureurs français sont déjà loin de la tête de course, hormis Alaphilipppe (ainsi que Bardet et Rolland)auteur d’un bon chrono avec son équipe belge QuickStep.

Aujourd’hui, on est dans la région du président de l’UCI, David Lappartient. Ca arrivera au sprint, 100% sûr. Misez Colbrelli.

Le Tour du Tour…

1 – Des équipes de huit coureurs pour accroître la sécurité? Mon oeil! Y’a autant de chutes que d’habitude sur ces premières étapes, notamment hier où ils ont été nombreux à payer de leur personne (l’Espagnol Leon Sanchez étant le plus touché, avec des fractures au coude et aux côtes). Encore une fois, on nous prend pour des cons. Des équipes de huit c’est bien, mais pour limiter le pouvoir d’une seule équipe à cadenasser la course. J’aurais aimé voir deux ou trois équipes de plus dans le paquet, pour dynamiser encore davantage la course!

2 – Sagan a gagné hier, c’était du 10 contre 1. Le dernier faux-plat vers la ligne lui convenait parfaitement et comme d’habitude, ils ont été nombreux à tomber dans le piège de partir trop loin, notamment Demare. Colbrelli a pour sa part très bien joué son sprint, il n’aurait pas fallu que la ligne soit 5m plus loin sinon c’est lui qui gagnait… Attention à Sony sur les prochains sprints, il sera présent.

3 – Chrono par équipe aujourd’hui. Toujours spectaculaire tant la cohésion de groupe est importante. Et le parcours, casse-pattes, ne favorise justement pas du tout cette cohésion de groupe. Les équipes auront beaucoup de mal à bien rester homogènes, et je pense qu’elles seront nombreuses sur la ligne avec le nombre minimal de coureurs pour arrêter le chrono.

4 – AG2R – La Mondiale. Le chrono sera délicat pour Romain Bardet puisque deux de ses hommes sont touchés en ce moment, soit Dillier et Gallopin. Froome pourra-t-il refaire son retard dû à sa chute sur la première étape sur le coureur français aujourd’hui?

5 – Jusqu’ici tranquille, Tom Dumoulin est peut-être celui des favoris qui fera la meilleure opération aujourd’hui…

6 – Eurobike, c’est parti en marge du Tour. Et la société Rotor qui sort un 1×13 vitesses… pour prendre Campagnolo et son 12 vitesses de court! Et oui, un 9 dents à l’arrière, c’est possible.

7 – Toutes les compagnies de vélo se mettent à produire des « aero bike » pour la route: Argon 18, Cannondale SystemSix, BMC TimeMachine, Specialized Venge, Trek Madone, Ridley, Willier (qu’utilisait Sylvain Chavanel hier durant son échappée). La vaste majorité de ces vélos sont équipés de freins à disque, qui semblent gagner du terrain. Faudra peut-être s’y mettre bientôt!

8 – Excellent papier original décalé sur le Tour! À lire!

Froome sera hué

Je sais pas vous, mais moi j’ai bien l’impression que ce Tour de France va être « lourd » pour Chris Froome en raison du public sur le bord des routes.

J’ai l’impression que Froome se fera copieusement hué sur ce Tour de France, partout où il passera.

Espérons qu’un geste malheureux à son endroit sera évité, mais je n’en suis pas sûr. Beaucoup de fans de vélo ont été excédés par la récente décision de l’UCI d’abandonner la procédure à l’endroit de Froome dans l’affaire du Salbutamol.

Le sport cycliste est un sport où la proximité du public est très présente, car on ne peut pas mettre 200 bornes de barrières sur les étapes. L’ambiance sera lourde pour les Sky, surtout qu’un Français (Bardet) peut nourrir des ambitions sur ce Tour de France.

La réaction du public à l’égard de Froome a déjà été très négative hier lors de la présentation des coureurs. Et déjà, par les années passées, Froome n’était pas le coureur le plus populaire en France auprès du public massé sur les bords de route…

Ca finira par peser dans l’équation je pense…

Tour de France: les nouveautés en 2018

Plusieurs nouveautés sont introduites au Tour de France cette année. Petit tour d’horizon vous permettant de mieux comprendre la course.

1 – Équipes de huit coureurs. Avec un coureur en moins de disponible par rapport aux années précédentes, cela force les équipes à faire des choix plus drastiques en fonction de leurs objectifs. La taille du peloton complet passe de 198 coureurs à 176. Chaque abandon se paiera davantage « cash » que par les années passées.

2 – Le col du Portet. Selon Christian Prudhomme, cette ascension des Pyrénées serait la plus difficile en France après celle du Mont Ventoux. Au terme d’une étape courte de 65 kms, dégâts garantis!

3 – La grille de départ. Pour limiter la guerre des premiers kilomètres et donner une chance aux meilleurs de partir l’étape du bon pied, on positionnera les coureurs selon une grille de départ en fonction du classement général lors de la 17e étape, très courte (65 kms). Ca partira assurément très vite puisqu’on part dans la montée de Peyragudes. Festival du home-trainer avant l’étape!

4 – Les points bonus en cours d’étape, généralement en haut des bosses. Ces points seront attribués sur les 9 premières étapes, à l’exception bien sûr du chrono par équipe, et donneront des secondes de bonification à ceux qui en marqueront le plus.

5 – Les pavés de Paris-Roubaix. Si les pavés ont déjà été au programme du Tour, il y en a davantage en 2018, soit 15 secteurs en 70 kms seulement. Plusieurs de ces secteurs sont les mêmes que ceux de Paris-Roubaix, ca sera donc du costaud.

Vivement samedi!

Dauphiné Libéré: les enseignements

Je sais pas vous, mais personnellement je me suis régalé des dernières étapes de ce Critérium du Dauphiné Libéré.

D’une part, les images de France Télévision, tout simplement extraordinaires! L’étape de samedi via le Cormet de Roseland était tout simplement un régal et un bonheur pour les yeux, c’était formidable. Que de beaux paysages, que la montagne est belle! Il me tarde de la retrouver…

D’autre part, la course elle-même, qui s’est beaucoup résumée à un bras de fer entre AG2R-La Mondiale et Sky. Tantôt Bardet, tantôt Latour, tantôt Geoghegan, tantôt Thomas, avec comme jokers les Dan Martin ou encore Daniel Navarro ou Emanuel Buchmann.

Chose certaine, il y a des comptes qui auront à se rendre sur les routes du Tour entre Sky et AG2R-La Mondiale, les Sky n’ayant pas apprécié que l’équipe française roule suite à la crevaison de Thomas à un mauvais moment hier. Pourtant, je suis de l’avis de la majorité, il n’y avait pas faute puisque AG2R-La Mondiale roulait déjà depuis un petit moment, et qu’une crevaison est un incident de course comme les autres.

Pour le reste, j’ai été impressionné par le travail de Geoghegan, que je ne connaissais pas. Cachez un Sky, un autre arrive au galop!

J’ai été un peu plus inquiet pour Vicenzo Nibali, qui n’est visiblement pas encore en condition. Il reste cependant 4 semaines avant le début du Tour, pas d’affolement.

Les coureurs français se sont bien distingués sur ce Dauphiné, c’était beau à voir avec les Warren Barguil, David Gaudu, Nicolat Edet, Romain Bardet, Pierre Rolland, Guillaume Martin, Julian Alaphilippe, Rudy Mollard, Leo Vincent ou encore Maxime Bouet. Tout cela est bien encourageant en vue du Tour…

Dauphiné Libéré: ca sera sans répit!

La 70e édition du Critérium du Dauphiné Libéré s’élance ce dimanche depuis Valence.

Ce sera un bon test en vue du prochain Tour de France tant le parcours cette année n’offre aucun répit!

On y trouve en effet sept étapes et un prologue. Aucune étape n’est vraiment plate, c’est accidenté tout le temps, et le chrono par équipe sur 35 bornes lors de la 3e étape est un exercice intéressant, car collectif. Après ce chrono, quatre étapes de montagne, jamais très longues et donc propices à une course de mouvement, une course ouverte. Je pense que la course sera difficile à contrôler pour une seule équipe! Ca sera usant, piégeux, le maillot jaune ne sera jamais vraiment tranquille sur aucune étape.

Les deux dernières étapes, en particulier, favoriseront les grimpeurs. La course se jouera probablement là.

Les favoris

Sur le papier, ils sont plusieurs à pouvoir nourrir des ambitions sur ce Dauphiné.

On pense d’abord à Vicenzo Nibali, qui sort de deux semaines sur le Mont Teide à Ténérife pour préparer son principal objectif cette saison, le Tour de France.

On pense à Romain Bardet, à Warren Barguil et à Tony Gallopin, trois Français qui eux-aussi ont des ambitions sur le Tour, bien que pour Gallopin ca ne soit pas le général.

Dan Martin et Geraint Thomas sont aussi des coureurs qui peuvent s’imposer sur cette course, aucun doute là-dessus. Martin était un peu court sur les Ardennaises, a-t-il progressé ces dernières semaines?

Il sera également intéressant de suivre Julian Alaphilippe, qui sait qu’il peut gagner des courses par étapes d’une semaine. Pour lui, ca se jouera lors des deux dernières étapes.

Marc Soler est peut-être l’outsider #1, attention à lui car un sacré bon grimpeur, qui sait aussi rouler contre le chrono.

Je vois enfin un Adam Yates, dont les chiffres de puissance étaient impressionnants il y a peu, ou un Ilnur Zakarin bien faire durant ce Dauphiné.

Ca fait quand même pas mal de beau monde!

Et chez les baroudeurs, prévoyez une longue échappée de Thomas DeGent, il nous fera assurément le coup cette fois-ci encore!

Les Canadiens

Ils sont deux au départ, deux Québécois: Hugo Houle et Antoine Duchesne.

Marc Kluszczynski: les questions du Giro

Je publie aujourd’hui cet excellent article que m’a fait parvenir mon ami Marc Kluszczynski à propos du récent Giro. À noter que j’ai écrit mon article d’hier sans avoir pris connaissance du sien, même s’il m’était parvenu avant-hier. Marc et moi nous posons les mêmes questions à propos de ce Giro, et Marc en pose quelques unes de plus qui sont très intéressantes, notamment à propos de la Bahrain et de Michelton-Scott.

Les questions du Giro, par Marc Kluszczynski

Chris Froome (Sky) a accumulé des milliers de kilomètres cet hiver en Afrique du Sud (on parle de 8000 km). L’anglais base sa saison sur le doublé Giro-TdF, alors que les juristes palabrent pour résoudre son cas positif au salbutamol lors de la 18èmeétape de la Vuelta 2017. Le salbutamol étant classé substance spécifiée, le code mondial antidopage ne lui impose pas une suspension immédiate : on ne remettra pas ce point en cause. David Lappartient, président de l’UCI, lui, l’a fait maladroitement et doutait fin mai que le cas Froome ne soit résolu avant le départ du TdF le 7 juillet. On voit mal Christian Prudhomme, directeur du TdF, interdire le départ à l’anglais, comme il l’avait fait pour Tom Boonen, positif à la cocaïne en 2008. Prudhomme s’exposerait à la lourde machine judiciaire de l’équipe Sky, qui actuellement n’hésite pas à remettre en cause le dosage du salbutamol et les procédures de l’AMA. Si l’AMA plie, c’est la honte pour elle. On se dirige vers l’intervention du TAS… à l’automne?

Froome a donc commencé sa saison mollement : trois compétitions de préparation aux résultats ternes : 10èmeà la Ruta del Sol ou Tour de l’Andalousie, 34èmeà Tirreno-Adriatico et 4èmeau Tour des Alpes remporté par Thibaut Pinot (en forme trop tôt). Au bout des deux premières semaines du Giro, nombreux sont ceux qui pensaient que Froome n’était plus en mesure de l’emporter. Il s’était fait distancer d’une 1 min 07 dans les deux derniers kilomètres de l’ascension du Grand Sasso (9èmeétape du 13 mai) par Simon Yates et Esteban Chaves (Mitchelton-Scott). Il ne sera que 5èmedu CLM du 22 mai (16èmeétape) à 35 sec de Rohann Dennis. Mais il avait remporté l’étape du Zoncolan (14èmeétape du 19 mai) où sa puissance avait été estimée à 6 W/kg (rien d’extraordinaire), avant de perdre 1 min 32 sur Yates le lendemain dans la 15èmeétape de la Sappada. Froome cumulait 3 min 50 de retard sur Yates avant la 3èmesemaine décisive avec ses trois étapes de montagne.

Suite à ses performances en dent de scie lors des deux premières semaines, et son explosivité perdue, on ne donnait pas cher de sa peau pour la victoire finale. A la question des journalistes s’il prenait encore du salbutamol, il expliquera que son dossier médical ne regardait que lui. Mais Eusebio Unzué, DS de la Movistar, avait pourtant prévenu : Froome sera présent en 3èmesemaine. Lors de la 19èmeétape de Bardonèche le 25 mai, Chris Froome démarre à 80 km de l’arrivée dans le 2èmetronçon non goudronné du Colle del Finestre, mais nettoyé et nivelé par les services de l’équipement italiens. Yates craquait et se prenait 38 min à Jafferau. Il endossera le maillot rose à Jafferau. Nombreux sont ceux qui comparait le démarrage de Froome à celui de Floyd Landis dans le TdF 2006.

Landis, dans l’étape de Morzine comportant 5 cols, s’était échappé dès le départ et avait effectué 150 km en tête. Il se replaçait au général, gagnant 6 minutes sur ses rivaux, alors qu’il en avait perdu 10 la veille. Mais il sera contrôlé positif à la testostérone, ayant peut-être bénéficié d’une transfusion de sang contaminé par un ancien dopage hivernal. On comparait encore Froome à Pantani dans le Galibier en 1998, ou à Michael Rasmussen dans l’étape de Tignes en 2007. L’échappée de Froome ne comptait que 34 km de montée. La montée de Sestrières s’est effectuée par vent arrière. Le tronçon Cesana-Oulx, par vent de face, mais c’est descendant. Un bon vent arrière souffle d’Oulx à Bardonèche. L’équipe Sky est équipée d’une voiture station météo (si, si, demandez à Dave Brailsford !) qui renseigne le coureur sur la faisabilité des échappées et la qualité du goudron. La performance de Froome, coureur le plus expérimenté sur ce Giro avec 9 podiums sur les grands Tours, paraît crédible, surtout qu’à l’arrière les poursuivants attendaient le suisse de la FdJ (Sébastien Reichenbach) qui descendait comme une vieille dans le Finestre, et les deux sud-américains Miguel Angel Lopez (Astana) et Richard Carapaz (Movistar) ne voulant pas collaborer. Froome a d’ailleurs pris des risques dans cette descente du Finestre. Durant ses 80 km d’échappée, il gagnera du temps en descente, et se fera rattraper en montée.

On notera plusieurs défaillances sur ce Giro ; en premier lieu celle de Simon Yates lors de cette 19èmeétape. Yates, qui ne compte qu’une 6èmeplace à la Vuelta 2016 et une 7èmeau TdF 2017 ; puis celle de Domenico Pozzovivo qui pointera à 8 min 27 à Jafferau. Thibaut Pinot abandonnera le lendemain, épuisé. Seul Tom Dumoulin, second au général, se bonifiera au cours du Giro, comme Froome. Dumoulin a calqué sa saison sur Froome, caractérisée par une absence des classements.

Froome, devenu la bête noire en France, focalise toutes les critiques, de plus en plus agressives.

On se posera d’autres questions sur d’autres équipes.

Chez Bahraïn-Merida, il se passe des choses curieuses. Pozzovivo, chez AG2R-La Mondiale de 2013 à 2017 où il n’avait pas connu de grande réussite, se remet à marcher. Lors du CLM inaugural à Jérusalem, le petit grimpeur se classe 10èmedans le même temps que Tony Martin ! Toujours bien placé dans les 15 premiers jours de compétition, il coincera dans la 19èmeétape. Le slovène de l’équipe, Matej Mohoric (CM junior à Valkenburg en 2012), gagne la 10èmeétape le 15 mai. Après Tadej Valjavec, suspendu 2 ans en 2011 pour anomalies de son PS, revoilà le cyclisme slovène ! Primoz Roglic (Lotto Soudal) a gagné les Tours de Romandie et du Pays Basque cette année.

La grande question, c’est à l’équipe Mitchelton-Scott qu’on la posera. Esteban Chaves (1erlors de l’ascension de l’Etna et 3èmeau Grand Sasso) se prendra 25 min lors de la 10èmeétape. Que s’est-il passé lors du 2èmejour de repos le 14 mai ? Son DS, Matt White, n’a pas d’explication à fournir. Chaves, bloqué, a roulé comme un boxeur qui accepte le KO d’entrée lors d’un combat truqué. Et les frères Yates carburent tous les deux en même temps. Simon était imbattable durant deux semaines sur ce Giro et Adam rivalisait avec Egan Bernal sur le Tour de Californie. Simon Yates avait été suspendu 4 mois en 2016 pour contrôle positif à la terbutaline, un bronchodilatateur interdit, mais on en parle plus. Matt White, ancien dopé de l’US Postal et suivi par le Dr Luis Garcia del Moral, ne nous a pas convaincu avec l’hypothèse de maux de gorge et d’allergie chez Chaves.

Et comme d’habitude, les chaudières de Giani Savio étaient bien présentes aux avant-postes lors de ce Giro.

On a jamais eu autant l’impression cette année que le Giro se jouait en coulisses.

Giro: à n’y rien comprendre

Le cyclisme est un sport dur, où on n’improvise habituellement pas. On voit venir les grands champions de loin, comme on voit venir les hommes en forme.

Et pourtant, sur ce Giro, j’ai bien du mal à comprendre ce que j’y ai vu. Et encore moins vous l’expliquer!

Par exemple la performance de Fabio Aru sur le chrono, le lendemain du… jour de repos. Un grimpeur qui bat des gros rouleurs et qui termine à une poignée de secondes de Dumoulin – le champion du monde en titre – sur un chrono de 35 bornes tout plat, je ne comprends pas. Et je comprends encore moins comment il a pu être si mal juste après pour être contraint à l’abandon…

Je m’explique mal le regain d’énergie de Chris Froome en troisième semaine, lui qui n’était nulle part en première semaine, ayant même été distancé par les autres favoris sur les pentes du GranSasso. À partir du Zoncolan, tout a changé… y’a pas à dire, Froome récupère vraiment très, très bien de ses efforts.

Je n’explique pas la défaillance soudaine de Simon Yates, intouchable durant deux semaines et qui perd tout en une seule ascension. On avait peut-être pas vu ca depuis un coureur comme Bugno au début des années 1990.

Je n’explique pas la soudaine défaillance d’Esteban Chaves. Ou de Domenico Pozzovivo.

Et je ne mets pas dans ce panier celle de Thibault Pinot, car cette défaillance-là est explicable: il était fiévreux et déshydraté, la faute à une infection aux poumons diagnostiquée plus tard à l’hôpital. Là, je comprend.

Évidemment, on ne peut exclure des hypothèses comme les auto-transfusions lors des jours de repos, et qui pourraient expliquer les soudains regains de forme incroyables auxquels nous avons assisté. Le cyclisme nous a malheureusement prouvé depuis 20 ans qu’il faut toujours se garder une petite gêne…

La meilleure? C’est qu’on n’est même pas sûr du vainqueur de ce Giro! Si Froome devait être suspendu rétroactivement suite à son contrôle positif au Salbutamol lors de la dernière Vuelta, il pourrait bien perdre son titre sur ce Giro, au profit de Dumoulin.

Le sport cycliste en est rendu là: un vrai cirque. On a peut-être couronné dimanche à Rome un coureur qui sera très bientôt suspendu pour dopage… et qui perdra son titre. Du coup, on aura aussi volé Tom Dumoulin d’une victoire à Rome dimanche dernier. On rit jaune… mais certainement pas rose!

Pinot hospitalisé après l’étape: jusqu’où doivent-ils aller?

Thibault Pinot a été hospitalisé hier après l’étape, souffrant d’une sévère déshydratation ainsi que de fièvre.

Les images parlaient d’elles-mêmes à la télé: j’avais mal pour lui tant Pinot semblait souffrir sur son vélo, incapable d’avancer. Ça a dû non seulement être très dur physiquement, mais aussi mentalement. Lâcher un podium la veille de l’arrivée, imaginez…

On a beau dire que le dopage gangrène le cyclisme, ces athlètes méritent notre respect car ils vont au bout d’eux mêmes. Parfois trop même: je me demande aujourd’hui si c’était bien raisonnable d’un point de vue médical que Pinot poursuive ainsi l’étape. N’aurait-il pas dû abandonner pour préserver sa santé? Car c’est bien de ça ici qu’il s’agit: la santé des coureurs.

Pinot ne repartira toutefois pas ce matin: abandon. Dans les circonstances, très certainement la bonne décision.

On sait qu’il n’est jamais bon de pousser l’organisme alors que la fièvre sévit, notamment la pompe cardiaque… Pinot a-t-il hier hypothéqué le reste de sa saison? Son directeur sportif n’aurait-il pas dû l’arrêter hier, même de force?

La solidarité des Groupama-FDJ, regroupés autour de leur leader en perdition, était certes très belle à voir. Ils ne l’ont jamais abandonné. Mais était-ce encore une fois bien raisonnable de faire plus de 180 bornes de vélo par delà trois cols difficiles avec de la fièvre et une déshydratation qui avait dû commencer bien avant l’étape?

Il est dans la culture cycliste de ne jamais abandonner, peu importe le problème de santé. Cela fait aussi la beauté de ce sport de légende. On a même vu un Tom Simpson dire « put me back on my bike » alors qu’il agonisait sur les pentes du Ventoux surchauffées. D’autres ont complété un Tour de France avec une clavicule cassée, comme Tyler Hamilton. D’autres se relèvent de chutes complètement cassés et poursuivent l’étape, refusant d’abandonner durant des kilomètres devant le camion balai. Au courage. Ce courage est ancré au plus profond de la culture cycliste. For hard men only.

À côté de cela, les joueurs de foot… (soccer)… sans commentaires!

Respect aujourd’hui à M. Thibault Pinot… avec une once d’inquiétude pour sa simple santé. On lui souhaite un prompt et complet rétablissement, notamment en vue du Tour.

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