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Dauphiné Libéré: les enseignements

Je sais pas vous, mais personnellement je me suis régalé des dernières étapes de ce Critérium du Dauphiné Libéré.

D’une part, les images de France Télévision, tout simplement extraordinaires! L’étape de samedi via le Cormet de Roseland était tout simplement un régal et un bonheur pour les yeux, c’était formidable. Que de beaux paysages, que la montagne est belle! Il me tarde de la retrouver…

D’autre part, la course elle-même, qui s’est beaucoup résumée à un bras de fer entre AG2R-La Mondiale et Sky. Tantôt Bardet, tantôt Latour, tantôt Geoghegan, tantôt Thomas, avec comme jokers les Dan Martin ou encore Daniel Navarro ou Emanuel Buchmann.

Chose certaine, il y a des comptes qui auront à se rendre sur les routes du Tour entre Sky et AG2R-La Mondiale, les Sky n’ayant pas apprécié que l’équipe française roule suite à la crevaison de Thomas à un mauvais moment hier. Pourtant, je suis de l’avis de la majorité, il n’y avait pas faute puisque AG2R-La Mondiale roulait déjà depuis un petit moment, et qu’une crevaison est un incident de course comme les autres.

Pour le reste, j’ai été impressionné par le travail de Geoghegan, que je ne connaissais pas. Cachez un Sky, un autre arrive au galop!

J’ai été un peu plus inquiet pour Vicenzo Nibali, qui n’est visiblement pas encore en condition. Il reste cependant 4 semaines avant le début du Tour, pas d’affolement.

Les coureurs français se sont bien distingués sur ce Dauphiné, c’était beau à voir avec les Warren Barguil, David Gaudu, Nicolat Edet, Romain Bardet, Pierre Rolland, Guillaume Martin, Julian Alaphilippe, Rudy Mollard, Leo Vincent ou encore Maxime Bouet. Tout cela est bien encourageant en vue du Tour…

Dauphiné Libéré: ca sera sans répit!

La 70e édition du Critérium du Dauphiné Libéré s’élance ce dimanche depuis Valence.

Ce sera un bon test en vue du prochain Tour de France tant le parcours cette année n’offre aucun répit!

On y trouve en effet sept étapes et un prologue. Aucune étape n’est vraiment plate, c’est accidenté tout le temps, et le chrono par équipe sur 35 bornes lors de la 3e étape est un exercice intéressant, car collectif. Après ce chrono, quatre étapes de montagne, jamais très longues et donc propices à une course de mouvement, une course ouverte. Je pense que la course sera difficile à contrôler pour une seule équipe! Ca sera usant, piégeux, le maillot jaune ne sera jamais vraiment tranquille sur aucune étape.

Les deux dernières étapes, en particulier, favoriseront les grimpeurs. La course se jouera probablement là.

Les favoris

Sur le papier, ils sont plusieurs à pouvoir nourrir des ambitions sur ce Dauphiné.

On pense d’abord à Vicenzo Nibali, qui sort de deux semaines sur le Mont Teide à Ténérife pour préparer son principal objectif cette saison, le Tour de France.

On pense à Romain Bardet, à Warren Barguil et à Tony Gallopin, trois Français qui eux-aussi ont des ambitions sur le Tour, bien que pour Gallopin ca ne soit pas le général.

Dan Martin et Geraint Thomas sont aussi des coureurs qui peuvent s’imposer sur cette course, aucun doute là-dessus. Martin était un peu court sur les Ardennaises, a-t-il progressé ces dernières semaines?

Il sera également intéressant de suivre Julian Alaphilippe, qui sait qu’il peut gagner des courses par étapes d’une semaine. Pour lui, ca se jouera lors des deux dernières étapes.

Marc Soler est peut-être l’outsider #1, attention à lui car un sacré bon grimpeur, qui sait aussi rouler contre le chrono.

Je vois enfin un Adam Yates, dont les chiffres de puissance étaient impressionnants il y a peu, ou un Ilnur Zakarin bien faire durant ce Dauphiné.

Ca fait quand même pas mal de beau monde!

Et chez les baroudeurs, prévoyez une longue échappée de Thomas DeGent, il nous fera assurément le coup cette fois-ci encore!

Les Canadiens

Ils sont deux au départ, deux Québécois: Hugo Houle et Antoine Duchesne.

Marc Kluszczynski: les questions du Giro

Je publie aujourd’hui cet excellent article que m’a fait parvenir mon ami Marc Kluszczynski à propos du récent Giro. À noter que j’ai écrit mon article d’hier sans avoir pris connaissance du sien, même s’il m’était parvenu avant-hier. Marc et moi nous posons les mêmes questions à propos de ce Giro, et Marc en pose quelques unes de plus qui sont très intéressantes, notamment à propos de la Bahrain et de Michelton-Scott.

Les questions du Giro, par Marc Kluszczynski

Chris Froome (Sky) a accumulé des milliers de kilomètres cet hiver en Afrique du Sud (on parle de 8000 km). L’anglais base sa saison sur le doublé Giro-TdF, alors que les juristes palabrent pour résoudre son cas positif au salbutamol lors de la 18èmeétape de la Vuelta 2017. Le salbutamol étant classé substance spécifiée, le code mondial antidopage ne lui impose pas une suspension immédiate : on ne remettra pas ce point en cause. David Lappartient, président de l’UCI, lui, l’a fait maladroitement et doutait fin mai que le cas Froome ne soit résolu avant le départ du TdF le 7 juillet. On voit mal Christian Prudhomme, directeur du TdF, interdire le départ à l’anglais, comme il l’avait fait pour Tom Boonen, positif à la cocaïne en 2008. Prudhomme s’exposerait à la lourde machine judiciaire de l’équipe Sky, qui actuellement n’hésite pas à remettre en cause le dosage du salbutamol et les procédures de l’AMA. Si l’AMA plie, c’est la honte pour elle. On se dirige vers l’intervention du TAS… à l’automne?

Froome a donc commencé sa saison mollement : trois compétitions de préparation aux résultats ternes : 10èmeà la Ruta del Sol ou Tour de l’Andalousie, 34èmeà Tirreno-Adriatico et 4èmeau Tour des Alpes remporté par Thibaut Pinot (en forme trop tôt). Au bout des deux premières semaines du Giro, nombreux sont ceux qui pensaient que Froome n’était plus en mesure de l’emporter. Il s’était fait distancer d’une 1 min 07 dans les deux derniers kilomètres de l’ascension du Grand Sasso (9èmeétape du 13 mai) par Simon Yates et Esteban Chaves (Mitchelton-Scott). Il ne sera que 5èmedu CLM du 22 mai (16èmeétape) à 35 sec de Rohann Dennis. Mais il avait remporté l’étape du Zoncolan (14èmeétape du 19 mai) où sa puissance avait été estimée à 6 W/kg (rien d’extraordinaire), avant de perdre 1 min 32 sur Yates le lendemain dans la 15èmeétape de la Sappada. Froome cumulait 3 min 50 de retard sur Yates avant la 3èmesemaine décisive avec ses trois étapes de montagne.

Suite à ses performances en dent de scie lors des deux premières semaines, et son explosivité perdue, on ne donnait pas cher de sa peau pour la victoire finale. A la question des journalistes s’il prenait encore du salbutamol, il expliquera que son dossier médical ne regardait que lui. Mais Eusebio Unzué, DS de la Movistar, avait pourtant prévenu : Froome sera présent en 3èmesemaine. Lors de la 19èmeétape de Bardonèche le 25 mai, Chris Froome démarre à 80 km de l’arrivée dans le 2èmetronçon non goudronné du Colle del Finestre, mais nettoyé et nivelé par les services de l’équipement italiens. Yates craquait et se prenait 38 min à Jafferau. Il endossera le maillot rose à Jafferau. Nombreux sont ceux qui comparait le démarrage de Froome à celui de Floyd Landis dans le TdF 2006.

Landis, dans l’étape de Morzine comportant 5 cols, s’était échappé dès le départ et avait effectué 150 km en tête. Il se replaçait au général, gagnant 6 minutes sur ses rivaux, alors qu’il en avait perdu 10 la veille. Mais il sera contrôlé positif à la testostérone, ayant peut-être bénéficié d’une transfusion de sang contaminé par un ancien dopage hivernal. On comparait encore Froome à Pantani dans le Galibier en 1998, ou à Michael Rasmussen dans l’étape de Tignes en 2007. L’échappée de Froome ne comptait que 34 km de montée. La montée de Sestrières s’est effectuée par vent arrière. Le tronçon Cesana-Oulx, par vent de face, mais c’est descendant. Un bon vent arrière souffle d’Oulx à Bardonèche. L’équipe Sky est équipée d’une voiture station météo (si, si, demandez à Dave Brailsford !) qui renseigne le coureur sur la faisabilité des échappées et la qualité du goudron. La performance de Froome, coureur le plus expérimenté sur ce Giro avec 9 podiums sur les grands Tours, paraît crédible, surtout qu’à l’arrière les poursuivants attendaient le suisse de la FdJ (Sébastien Reichenbach) qui descendait comme une vieille dans le Finestre, et les deux sud-américains Miguel Angel Lopez (Astana) et Richard Carapaz (Movistar) ne voulant pas collaborer. Froome a d’ailleurs pris des risques dans cette descente du Finestre. Durant ses 80 km d’échappée, il gagnera du temps en descente, et se fera rattraper en montée.

On notera plusieurs défaillances sur ce Giro ; en premier lieu celle de Simon Yates lors de cette 19èmeétape. Yates, qui ne compte qu’une 6èmeplace à la Vuelta 2016 et une 7èmeau TdF 2017 ; puis celle de Domenico Pozzovivo qui pointera à 8 min 27 à Jafferau. Thibaut Pinot abandonnera le lendemain, épuisé. Seul Tom Dumoulin, second au général, se bonifiera au cours du Giro, comme Froome. Dumoulin a calqué sa saison sur Froome, caractérisée par une absence des classements.

Froome, devenu la bête noire en France, focalise toutes les critiques, de plus en plus agressives.

On se posera d’autres questions sur d’autres équipes.

Chez Bahraïn-Merida, il se passe des choses curieuses. Pozzovivo, chez AG2R-La Mondiale de 2013 à 2017 où il n’avait pas connu de grande réussite, se remet à marcher. Lors du CLM inaugural à Jérusalem, le petit grimpeur se classe 10èmedans le même temps que Tony Martin ! Toujours bien placé dans les 15 premiers jours de compétition, il coincera dans la 19èmeétape. Le slovène de l’équipe, Matej Mohoric (CM junior à Valkenburg en 2012), gagne la 10èmeétape le 15 mai. Après Tadej Valjavec, suspendu 2 ans en 2011 pour anomalies de son PS, revoilà le cyclisme slovène ! Primoz Roglic (Lotto Soudal) a gagné les Tours de Romandie et du Pays Basque cette année.

La grande question, c’est à l’équipe Mitchelton-Scott qu’on la posera. Esteban Chaves (1erlors de l’ascension de l’Etna et 3èmeau Grand Sasso) se prendra 25 min lors de la 10èmeétape. Que s’est-il passé lors du 2èmejour de repos le 14 mai ? Son DS, Matt White, n’a pas d’explication à fournir. Chaves, bloqué, a roulé comme un boxeur qui accepte le KO d’entrée lors d’un combat truqué. Et les frères Yates carburent tous les deux en même temps. Simon était imbattable durant deux semaines sur ce Giro et Adam rivalisait avec Egan Bernal sur le Tour de Californie. Simon Yates avait été suspendu 4 mois en 2016 pour contrôle positif à la terbutaline, un bronchodilatateur interdit, mais on en parle plus. Matt White, ancien dopé de l’US Postal et suivi par le Dr Luis Garcia del Moral, ne nous a pas convaincu avec l’hypothèse de maux de gorge et d’allergie chez Chaves.

Et comme d’habitude, les chaudières de Giani Savio étaient bien présentes aux avant-postes lors de ce Giro.

On a jamais eu autant l’impression cette année que le Giro se jouait en coulisses.

Giro: à n’y rien comprendre

Le cyclisme est un sport dur, où on n’improvise habituellement pas. On voit venir les grands champions de loin, comme on voit venir les hommes en forme.

Et pourtant, sur ce Giro, j’ai bien du mal à comprendre ce que j’y ai vu. Et encore moins vous l’expliquer!

Par exemple la performance de Fabio Aru sur le chrono, le lendemain du… jour de repos. Un grimpeur qui bat des gros rouleurs et qui termine à une poignée de secondes de Dumoulin – le champion du monde en titre – sur un chrono de 35 bornes tout plat, je ne comprends pas. Et je comprends encore moins comment il a pu être si mal juste après pour être contraint à l’abandon…

Je m’explique mal le regain d’énergie de Chris Froome en troisième semaine, lui qui n’était nulle part en première semaine, ayant même été distancé par les autres favoris sur les pentes du GranSasso. À partir du Zoncolan, tout a changé… y’a pas à dire, Froome récupère vraiment très, très bien de ses efforts.

Je n’explique pas la défaillance soudaine de Simon Yates, intouchable durant deux semaines et qui perd tout en une seule ascension. On avait peut-être pas vu ca depuis un coureur comme Bugno au début des années 1990.

Je n’explique pas la soudaine défaillance d’Esteban Chaves. Ou de Domenico Pozzovivo.

Et je ne mets pas dans ce panier celle de Thibault Pinot, car cette défaillance-là est explicable: il était fiévreux et déshydraté, la faute à une infection aux poumons diagnostiquée plus tard à l’hôpital. Là, je comprend.

Évidemment, on ne peut exclure des hypothèses comme les auto-transfusions lors des jours de repos, et qui pourraient expliquer les soudains regains de forme incroyables auxquels nous avons assisté. Le cyclisme nous a malheureusement prouvé depuis 20 ans qu’il faut toujours se garder une petite gêne…

La meilleure? C’est qu’on n’est même pas sûr du vainqueur de ce Giro! Si Froome devait être suspendu rétroactivement suite à son contrôle positif au Salbutamol lors de la dernière Vuelta, il pourrait bien perdre son titre sur ce Giro, au profit de Dumoulin.

Le sport cycliste en est rendu là: un vrai cirque. On a peut-être couronné dimanche à Rome un coureur qui sera très bientôt suspendu pour dopage… et qui perdra son titre. Du coup, on aura aussi volé Tom Dumoulin d’une victoire à Rome dimanche dernier. On rit jaune… mais certainement pas rose!

Pinot hospitalisé après l’étape: jusqu’où doivent-ils aller?

Thibault Pinot a été hospitalisé hier après l’étape, souffrant d’une sévère déshydratation ainsi que de fièvre.

Les images parlaient d’elles-mêmes à la télé: j’avais mal pour lui tant Pinot semblait souffrir sur son vélo, incapable d’avancer. Ça a dû non seulement être très dur physiquement, mais aussi mentalement. Lâcher un podium la veille de l’arrivée, imaginez…

On a beau dire que le dopage gangrène le cyclisme, ces athlètes méritent notre respect car ils vont au bout d’eux mêmes. Parfois trop même: je me demande aujourd’hui si c’était bien raisonnable d’un point de vue médical que Pinot poursuive ainsi l’étape. N’aurait-il pas dû abandonner pour préserver sa santé? Car c’est bien de ça ici qu’il s’agit: la santé des coureurs.

Pinot ne repartira toutefois pas ce matin: abandon. Dans les circonstances, très certainement la bonne décision.

On sait qu’il n’est jamais bon de pousser l’organisme alors que la fièvre sévit, notamment la pompe cardiaque… Pinot a-t-il hier hypothéqué le reste de sa saison? Son directeur sportif n’aurait-il pas dû l’arrêter hier, même de force?

La solidarité des Groupama-FDJ, regroupés autour de leur leader en perdition, était certes très belle à voir. Ils ne l’ont jamais abandonné. Mais était-ce encore une fois bien raisonnable de faire plus de 180 bornes de vélo par delà trois cols difficiles avec de la fièvre et une déshydratation qui avait dû commencer bien avant l’étape?

Il est dans la culture cycliste de ne jamais abandonner, peu importe le problème de santé. Cela fait aussi la beauté de ce sport de légende. On a même vu un Tom Simpson dire « put me back on my bike » alors qu’il agonisait sur les pentes du Ventoux surchauffées. D’autres ont complété un Tour de France avec une clavicule cassée, comme Tyler Hamilton. D’autres se relèvent de chutes complètement cassés et poursuivent l’étape, refusant d’abandonner durant des kilomètres devant le camion balai. Au courage. Ce courage est ancré au plus profond de la culture cycliste. For hard men only.

À côté de cela, les joueurs de foot… (soccer)… sans commentaires!

Respect aujourd’hui à M. Thibault Pinot… avec une once d’inquiétude pour sa simple santé. On lui souhaite un prompt et complet rétablissement, notamment en vue du Tour.

Froome: Epic Ride!

C’est assez monstrueux ce qu’a fait Chris Froome hier lors de la 19e étape du Giro, une étape vraiment difficile avec notamment le passage du Colle Delle Finestre, Sestrières et la montée finale de Jafferau.

Ce qui m’a impressionné le plus, c’est que Froome a osé attaquer de loin: à 80 bornes de l’arrivée! 80 bornes!

Froome nous avait plutôt habitué à accélérer dans les derniers hectomètres des étapes de montagne, pas d’attaquer aussi loin de l’arrivée.

Son attaque a été bien préparée par son équipe, le dernier à offrir un gros relais étant Élissonde. Après, ce fut solo sans rien lâcher, pas même dans les descentes où Froome a réussi à augmenter significativement son avance.

Derrière, ce fut la déroute pour beaucoup: exit Yates, qui s’est complètement effondré, exit Aru (abandon), exit Pozzovivo (qui lâche 8 minutes), il n’y a que Dumoulin, Pinot, Lopez et le surprenant Carapaz pour limiter les dégâts.

Je n’explique pas l’effondrement de Yates, qui a cédé en quelques mètres seulement. Grosse fatigue? Il semblait tellement dominant et facile il y a à peine une semaine… Comment est-ce possible?

Pinot a fait la bonne opération du jour hier, remontant sur le podium de ce Giro. Il devrait y rester demain.

Avec 40 secondes d’avance et une sacré équipe autour de lui, je ne vois pas comment Froome peut dorénavant perdre ce Giro. Dumoulin semblait dans ses derniers retranchements hier dans le final, et l’étape d’aujourd’hui n’est pas plus facile. Il suffira à Froome de produire une bonne accélération dans les derniers kilomètres pour mettre à mal le champion néerlandais.

Plusieurs parlent, dans les médias, d’une journée hier qui restera dans l’histoire du Giro. Oui, certainement, car on n’a pas souvent assisté à de tels raids dans le cyclisme moderne. Le dernier en date est probablement celui d’Alberto Contador sur la Vuelta 2012, lors de l’étape de Fuente Dé, où il avait renversé l’épreuve et dépossédé Joaquim Rodriguez de son maillot amarillo, sur une seule étape.

Un grand champion, Froome? Je ne sais pas, je ne sais plus trop quoi penser avec l’affaire du Salbutamol. Ceci étant, c’est certainement avec ce genre d’exploit hier qu’une légende se forge…

Giro: rien n’est joué!

28 secondes.

C’est le retard qu’accuse Tom Dumoulin sur le maillot rose Simon Yates, qui a montré hier des premiers signes de faiblesse en craquant dans les trois derniers kilomètres de l’étape, et cédant rapidement environ 25 secondes.

Il reste deux grosses étapes de montagne, demain et samedi. Rien n’est donc joué sur ce Giro! Voilà qui prouve également qu’une course de trois semaines est bien difficile à gérer: Yates semblait intouchable durant la 1ere et la 2e semaine, il a montré certaines limites hier.

Jour sans? Possible. Mais le doute s’est probablement installé dans son esprit, et la confiance qu’il est « prenable » dans l’esprit de ses adversaires.

La clé dans tout ca? Chris Froome et son équipe Sky!

Pointé à plus de trois minutes, Froome n’a pas le choix, il doit attaquer. Dumoulin le sait, et voudra profiter du travail des Sky pour mettre à mal Yates. Froome peut compter sur un Wout Poels excellent hier, capable de l’accompagner jusque dans le dernier kilomètre lors des arrivées en altitude. Si le verrou saute dans les deux prochains jours, ca pourrait bien venir du travail de la Sky, Poels tout particulièrement.

Dumoulin, en tout cas, a un bon coup à jouer à 72h de l’arrivée.

Quant à Yates, il a un atout, et cet atout s’appelle Mikel Nieve.

Woods: la victoire d’étape

Autre élément qui est très clair: Woods passera à l’attaque aujourd’hui ou demain. Il a fait gruppetto hier, ce qui veut clairement dire qu’il ne joue plus le général mais bien une victoire d’étape. Désormais pointé à plus de 26 minutes du maillot rose, il n’est une menace pour personne et voudra donc profiter d’une certaine liberté pour viser l’étape. Je pense qu’il sera particulièrement actif aujourd’hui… wait and see!

Chose certaine, Woods et son équipe ont fait le bon choix: finir 12e ou 25e du Giro n’a pas d’importance. Une victoire d’étape aurait un retentissement tout autre…

Pinot, que faire?

La situation est moins claire pour Pinot, 5e du général à un peu plus de quatre minutes. Il voudra probablement aller chercher lui aussi une étape, tout en préservant sa place au général, même si le podium semble désormais hors d’atteinte. La meilleure stratégie dans son cas est probablement de viser une victoire d’étape dans le dernier kilomètre, car ses adversaires ne le laisseront pas partir de loin.

La suite aujourd’hui et demain s’annonce passionnante!

La farce Aru

C’était LE test de ce Giro, un chrono de 35 bornes hier.

En gros, la logique a été respectée, Rohan Dennis s’est imposé, Dumoulin et Froome sont parmi les meilleurs. Dumoulin n’a probablement pas performé au niveau attendu, preuve que sa condition physique sur ce Giro n’est pas celle qu’il avait l’an dernier à pareille date.

Froome quant à lui prend du mieux à chaque étape, et devrait finir ce Giro assez fort. Une surprise? Pas vraiment, le gus a l’expérience des grands tours et manifestement une sacré capacité de récupération.

Simon Yates a bien limité les dégâts, et repart désormais sur son terrain avec de belles étapes de montagne à venir. Sauf incident, il a gagné ce Giro. Dumoulin sera 2e, Froome peut-être troisième s’il parvient à combler l’écart sur Pozzovivo, ce que je crois probable.

Les déceptions viennent de Thibault Pinot, victime d’un jour sans hier, au plus mauvais moment. Désormais 5e, il peut sauver son Giro par une victoire d’étape… mais la question est de savoir quelle énergie cela lui coutera-t-il en prévision du Tour de France en juillet prochain? 5e du Giro, s’il est entre 5 et 10e du Tour pour des raisons de grosse fatigue, quelle impression laissera-t-il de sa saison 2018?

Le Canadien Mike Woods a également lâché pas mal de temps, et pointe désormais à plus de 11 minutes au général. Voilà qui devrait être bon pour obtenir un billet de sortie sur les prochaines étapes, et laisser sa marque sur le Giro 2018. Les victoires d’étape sont définitivement son objectif à partir d’ici.

Sinon, LA surprise de ce chrono est la… 8e place de Fabio Aru, le sicilien grimpeur de poche. Il était en fait classé à la 6e place à… deux petites secondes derrière Chris Froome si ce n’avait été d’une pénalité de 20 secondes pour avoir pris la roue d’un adversaire, évidemment interdit sur un chrono.

Aru le grimpeur qui fait jeu égal avec Froome voire avec Dumoulin sur un chrono tout plat de 35 bornes, après avoir été à la ramasse durant plusieurs étapes de montagne sur ce Giro, c’est quant même assez surprenant.

L’Italien nous a abonné aux performances en dents de scie, ce qui regarde toujours assez mal… Tantôt très bien, il s’effondre souvent subitement, sans raison apparente, pour renaître tout aussi subitement quelques jours plus tard. J’avoue que ces écarts de condition me laissent perplexe… comment raisonnablement écarter le recours à des moyens illicites comme les auto-transfusions, capables évidemment d’expliquer ces variations atypiques dans sa condition?

On verra dans les prochains jours si Aru peut battre à la pédale tous les grands de ce Giro, Yates y compris. Sur ce qu’il a montré sur ce chrono, il devrait en être capable!

Demain, le Zoncolan!

Très beau week-end sur le Giro!

Demain, le Zoncolan. Manquez pas ca! Pentu, toujours spectaculaire, ceux qui veulent gagner ce Giro doivent se dévoiler demain. Je pense que c’est la chance de coureurs comme Pinot, Pozzovivo, Aru ou bien sûr Yates. Ce dernier voudra probablement creuser les écarts pour se doter d’un coussin de sécurité en vue du chrono de lundi prochain.

Tom Dumoulin devra rester au contact des grimpeurs. C’est le test!

Dimanche, autre belle étape dans les Dolomites, sur 176 bornes. Les jambes seront lourdes, et le final est très casse-pattes avec trois ascensions sans répit jusqu’à l’arrivée, au terme d’une légère montée.

Jusqu’ici, je ne vois pas comment Yates peut perdre ce Giro, mais des surprises sont toujours possibles.

Et cet équatorien Richard Carapaz, 24 ans, qui pointe actuellement en 5e place à moins de 2 minutes du maillot rose? Il terminait 8e du Giro l’an dernier… c’est peut-être la surprise à venir de l’épreuve!

Yates a-t-il gagné le Giro, Froome l’a-t-il perdu?

À quelques jours d’entrer dans le vif du sujet sur ce Giro, deux questions se posent: Yates a-t-il déjà gagné le Giro, et Froome l’a-t-il déjà perdu?

Yates déclarait hier que l’étape cruciale pour lui, c’est le chrono de 35 bornes lundi prochain. Voilà un moment que je vous dis que pour le grimpeur Mike Woods, ce chrono sera aussi le grand test pour savoir s’il peut jouer une belle place au général.

Et ca sera la chance de Tom Dumoulin, c’est certain.

Mais bon, pour moi Yates a déjà gagné ce Giro. Tous les indices laissent croire que ce coureur est actuellement en état de grâce. Il est facile partout, gagne, et maitrise. Je pense que le chrono lundi ne sera pas un problème pour lui, quand tu as les jambes, tu peux faire n’importe quoi. Il perdra très certainement un peu de temps sur Dumoulin – champion du monde de la discipline – mais pas suffisamment pour menacer son maillot rose.

Et pour moi, Froome a déjà perdu ce Giro. Je pense qu’il n’est pas serein. Il connait des fautes constamment. Va au tapis. Perd du temps. Sa forme n’est pas optimale, et la prochaine semaine ne pardonnera pas. Je m’attend à ce qu’il coule définitivement sur les pentes impitoyables du Zoncolan samedi, une étape à ne pas manquer, spectacle garanti!

L’affaire du Salbutamol aurait-elle rattrapé Froome? Je pense que oui. Le gus n’est pas tranquille dans le peloton. Plusieurs de ses adversaires ont parlé publiquement que sa présence les gênaient. Il n’a plus d’amis, et son avenir même au Tour est incertain. Enfin, le support du public a certainement diminué dans son cas. Tout cela finit par jouer sur le moral, et ca parait dans les moments critiques des courses, où il faut savoir se dépouiller.

Yates: c’était prévisible!

J’aime le cyclisme parce que c’est un sport assez prévisible, et c’est une partie de son charme.

Dans un sport aussi dur, on voit souvent venir les résultats de loin, comme les grands champions.

L’Etna l’a encore prouvé hier: on savait depuis le prologue que Simon Yates était en grande condition. Un grimpeur ne devance pas un Tony Martin sur un chrono de 10 bornes sans avoir des jambes exceptionnelles.

Yates a confirmé hier sur l’Etna, et on l’attendait précisément là. Beau joueur, il a laissé la victoire à son coéquipier Esteban Chaves, échappé durant l’étape, se « contentant » de ravir le maillot rose à un Rohan Dennis certes valeureux, mais malheureux.

Vous allez maintenant voir: j’ai l’impression que Yates a signé un bail avec le maillot rose et qu’il pourrait bien le garder un moment. À moins que l’équipe ne décide de le laisser quelques jours à un coureur qui s’échapperait et qui ne serait aucunement une menace au général?

Chose certaine, Yates risque fort de confirmer au GranSasso dans trois jours. Je pense que ce sera l’homme à battre sur ce Giro.

Le chrono de la 16e étape vient de prendre une importance capitale pour Dumoulin ou Froome: c’est leur seule chance selon moi de reprendre du temps à Yates, car ils auront du mal en montagne.

Yates pourra de surcroit compter sur son coéquipier Chaves pour l’aider, un allier précieux.

Bien évidemment, personne n’a encore gagné ce Giro. Pinot, Dumoulin, Froome, Aru ne sont pas encore battus. En revanche, certains l’ont déjà perdu, par exemple Meintjes ou encore Gesink ou Lopez.

LA question: Chaves et Yates sauront-ils bien cohabiter chez Michelson-Scott durant cette épreuve? Le Giro a parfois exacerbé les tensions entre co-équipiers… je me rappelle de Simoni-Cunego ou encore Garzelli-Pantani dans les années 2000, voire Roche-Visentini en 1987!

Un mot sur le Canadien Mike Woods: il limite pour l’instant bien les dégâts, ayant terminé à une petite minute de Chaves hier sur l’Etna et pointant à la 14e place du général, avec 1min39 de retard sur le maillot rose. C’est très bien! Beaucoup de coureurs devant lui « sauteront » au cours des deux prochaines semaines.

Pinot, la quête du podium au Giro

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