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Paris-Nice: on entre dans le vif du sujet

Après trois étapes qui favorisaient les sprinters, voilà qu’on entre dans le vif du sujet sur cette édition de Paris-Nice, la course au soleil.

Pas que les étapes précédentes ont été ennuyeuses… et il faut remercier le vent pour avoir contrebalancé les effets indésirables des oreillettes. Certains coureurs ont toutefois payé le gros prix de ces bourrasques, en premier Warren Barguil touché lundi aux cervicales. On lui souhaite de retrouver son niveau à temps pour le Tour de France cet été et ca devrait le faire, les blessures étant somme toute moins graves qu’anticipées. Rigoberto Uran et Fabio Aru ont également déjà abandonné. Pour Aru, qu’est ce qui se passe?!

Aujourd’hui, l’étape est longue (212km) et comporte de nombreuses bosses dans les 60 derniers kilomètres, de quoi donner des occasions aux coureurs pour attaquer. Je vois bien un baroudeur comme Philippe Gilbert s’imposer.

Jeudi, ce sera le chrono de 25 bornes, avec une belle patate après 15 km de course. Même si c’est court, on saura qui peut jouer le général au terme de cette étape que les leaders ne pourront pas louper.

Vendredi, sans grand intérêt mais… ce sont les coureurs qui font la course.

Le week-end sera différent, avec samedi l’arrivée en altitude au col de Turini après 15 kms d’ascension à 7% de moyenne. Là, plus question de se cacher. Je vois une belle lutte par exemple entre Romain Bardet, qui a bien manoeuvré sur les trois premières étapes, et Egan Bernal sur qui mise la Sky. Attention également à son coéquipier Kwiatlowski qui a des ambitions grandissantes sur les courses par étape. Ce Paris-Nice pourrait lui donner l’occasion de convaincre tout le monde que ses ambitions sont justifiées.

Dimanche autour de Nice, une étape comme je les aime: courte (110kms), sans un kilomètre de plat, présentant de superbes paysages notamment du côté de La Turbie, la course se jouera probablement là.

Pour le général, je vois une lutte entre ces coureurs qui ont bien manoeuvré jusqu’ici: Romain Bardet, Egan Bernal, Michal Kwiatkowski, Luis Leon Sanchez, Nairo Quintana et Bob Jungels. Tous les autres m’apparaissent déjà trop loin au général, incluant Soler le vainqueur sortant, à plus de 12 minutes. Et sur les premières étapes, on a senti que Romain Bardet, Egan Bernal et Michal Kwiatlowski semblaient bien décidés à batailler pour la gagne, avec Luis Leon Sanchez, un ancien vainqueur de l’épreuve (2009).

Allez, je mise Bardet! Après tout, le dernier vainqueur français de Paris-Nice est… Laurent Jalabert, en 1997. Il est temps!

Strade Bianche: le bilan

Après une semaine de relâche, La Flamme Rouge reprend le service normal avec un retour sur la Strade Bianche.

Comme d’hab, cette course est l’une des plus belles de la saison: des paysages magnifiques, toujours un grand vainqueur, un public enthousiaste et une organisation au point. J’aime!

On s’est régalé samedi en suivant la course.

Le bilan doit reconnaître que les Deceuninck-Quick Step ont été en contrôle, ayant trois coureurs devant (Alaphilippe, Stybar et Lampaert) dans le final de l’épreuve. C’est vraiment l’équipe dominante cette saison sur le World Tour et la profondeur de leur alignement est impressionnant: dans le final de la première étape de Paris-Nice hier, c’est encore eux qui animaient la course avec Philippe Gilbert et Fabio Jacobsen.

Je me pose même quelques questions en voyant un certain Pieter Serry en 13e place de la course toujours pour Deceuninck, ce coureur de 30 ans n’ayant jamais eu de résultats probants jusqu’ici au niveau professionnel. Vraiment, on a l’impression ces temps-ci que chaque coureur de l’équipe belge devient un champion remarqué par sa simple présence dans l’effectif!

Quoi qu’il en soit, Alaphilippe a montré beaucoup de maitrise et de lucidité dans le final en réagissant toujours avec brio aux attaques d’un excellent Jakob Fuglsang qui évolue au sein d’une équipe Astana elle-aussi bien en vue en ce début de saison. Alaphilippe a bien joué ses cartes, étant très patient malgré le retour d’un impressionnant Van Aert, le champion de cyclo-cross qui fait de cette course une spécialité, ayant aussi terminé 3e l’an dernier. D’ailleurs, les qualités développées en cyclo-cross ne semblent pas nuire sur cette course, Alaphilippe et Stybar ayant eu aussi beaucoup pratiqué la discipline plus tôt dans leur carrière.

Lotto-Soudal piégée

C’est l’autre équipe belge Lotto-Soudal qui s’est montrée constamment piégée samedi, avec pourtant les excellents Tiesj Benoot et Tim Wellens présents devant dans le final. On a l’impression que les deux coureurs n’ont pas pu coordonner efficacement leurs actions. Certainement de quoi nourrir bien des regrets, Wellens en particulier qui semblait avoir les meilleures jambes et qui, selon moi, aurait dû couvrir le contre de Van Aert.

Les limites de CCC

On aura aussi remarqué l’isolement de Greg Van Avermaet dans le final de la Strade Bianche: il était tout seul de son équipe dans les derniers kilomètres. Voilà qui augure mal selon moi pour la campagne prochaine des Classiques, la CCC montrant clairement d’importantes limites dans le domaine: le 2e CCC classé est Michael Schar, à plus de neuf minutes!

Thomas déjà bien?

Il faudra aussi remarquer de cette course la 12e place d’un certain Geraint Thomas, champion du Tour de France 2018, et donc déjà plutôt bien en ce début de saison. La Sky a également été vu active sur la 1ere étape de Paris-Nice, notamment le Polonais Michal Kwiatlowski qui pourrait jouer le général avec son équipier Egan Bernal.

Classiques: ca commence ce week-end!!!

On y est enfin: la saison des Classiques! Yé!

Samedi le Omloop Het Nieuwsblad, dimanche Kuurne-Bruxelles-Kuurne.

La 74e édition du Omloop propose samedi 200 bornes à Messieurs les coureurs, entre Gent et Ninove. Au menu, neuf secteurs pavés et 13 monts, dont le dernier, le Bosberg, à 13 kilomètres de l’arrivée. On annonce un temps assez médiocre, avec de la pluie et surtout, beaucoup de vent. La course sera très certainement difficile dans ces conditions, avec des coups de bordure très probables. Le vainqueur sortant, Michael Valgren (Dimension Data), sera au départ, tout comme les ex-vainqueurs Ian Stannard, Greg VanAvermaet et Sep Vanmarcke.

Côté victoire, plusieurs coureurs seront à surveiller de près. Je pense par exemple à Alexey Lutsenko chez Astana, si facile sur le récent Tour d’Oman. La puissante formation Deceuninck sera à surveiller de près car elle court à domicile, et notamment les Sdenek Stybar, en forme, Philippe Gilbert et Yves Lampaerts. Sep Vanmarcke a récemment été en vue et sera le leader de la formation Education First. Greg VanAvermaet, bien sûr. Plusieurs autres spécialistes des Classiques seront présents, pour un plateau que j’estime remarquable: Tiej Benoot, Jens Keukeleire, Olivier Naasen, Dylan Teuns, Jurgen Roelandts, Wout Van Aert, Jens Debusschere, Ian Stannard, Jesper Stuyven, Lars Boom et Nicky Terpstra.

Deux Canadiens au départ samedi matin à Gent, soit Hugo Houle et Antoine Duchesne.

Ca s’annonce très intéressant!

Kuurne-Bruxelles-Kuurne favorise souvent les sprinters et ca paraît dans le choix de l’alignement des diverses équipes. Au menu de Messieurs les coureurs sur cette 71e édition, 206 kilomètres et 13 monts à passer, le dernier étant situé assez près de l’arrivée. À surveiller de près, les sprinters Matteo Trentin, Sonny Colbrelli, Andre Greipel, Nacer Bouhanni et Arnaud Demare. Les favoris de samedi seront aussi à surveiller dimanche.

Trois Canadiens au départ à Kuurne dimanche matin, soit Hugo Houle, Antoine Duchesne et Guillaume Boivin. Ce dernier a une jolie pointe de vitesse, mais difficile de connaître précisément sa condition actuelle.

Suivre ces courses

Les années passent, toujours aussi difficile de suivre en direct les courses cyclistes européennes depuis l’Amérique du Nord.

Une belle option demeure un abonnement payant sur un site de retransmission live sur Internet, comme Flobikes. Sinon, il faudra voir ce que d’autres sites comme Steephill ou Cyclingfans proposeront. Ca marche parfois bien, parfois c’est la galère aussi.

Si vous avez des tuyaux, n’hésitez pas à les partager sur ce site!

Van Der Poel, qui d’autre?

C’est pas souvent que je parle de cyclo-cross, mais devant une telle classe, pas le choix!

C’était les Mondiaux hier de la discipline, du côté du Danemark. À défaut d’avoir un Pays-Bas-Belgique en finale de la Coupe du Monde de foot, on se rabat sur le cyclo-cross…

Et sans surprise, match il y a eu entre Mathieu Van Der Poel pour les Pays-Bas et Wout Van Aert pour la Belgique. Les deux épouvantails. Des monstres. Le mano-à-mano a eu lieu au 3e tour de la course, mais a vite tourné à l’avantage du néerlandais.

La course s’est donc jouée sur les trois premiers tours, qui sont ici. On a vu que des Belges et des Néerlandais. C’est fou.

La course a été gagnée selon moi sur le niveau technique, Van Der Poel étant une coche au dessus de tout le monde à cet égard. Van Aert n’a pas su répondre, perdant de précieuses secondes sur les passages techniques et, avec elles, le titre. Il a même fallu qu’il défende sa 2e place face à son compatriote Toon Aerts, qui doit sa 3e place à une faute technique dans le dernier tour.

Je m’émerveille toujours devant pareille classe. Mathieu Van Der Poel, c’est Fausto Coppi à son époque, Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Frank Vandenbroucke, Marco Pantani, ou encore dans une autre discipline, Nino Schurter. Du talent à l’état brut. Fou raide.

Et parlant de talent, les prochaines années appartiennent, si tout va bien, à Remco Evenepoel, lui aussi la grande classe sur un vélo. 9e du Tour de San Juan, maillot vert à l’arrivée, les premiers tours de roues au plus haut niveau sont réussis. Reste à garder la tête froide, ce qui semble le cas.

La leçon de courage de Petr Vakoc

Le Tour de San Juan qui démarre aujourd’hui en Argentine a une saveur particulière pour Petr Vakoc, un an après son terrible accident à l’entrainement en Afrique du Sud qui a bien failli le laisser paralysé.

Très beau vidéo réalisé par « The WolfPack » (Deceuninck-Quick Step) à son sujet.

Six équipes WorldTour sont au départ soit outre Deceuninck, les UAE Emirates, Movistar, Lotto-Soudal, Bora-Hansgrohe et Dimension Data. Alaphillipe, Sagan, Quintana, Evenepoel, Gaviria, Cavendish sont là, que du beau monde, ca sera intéressant, surtout Evenepoel!!!

Un beau sprint!

L’article sur les cyclosportives 2019 attendra, place aujourd’hui à un beau sprint qu’il convient de commenter.

Sprinter est un art, dit-on. C’est vrai, notamment à l’égard du positionnement et du choix du braquet final. Mais je crois surtout qu’un sprint, ça se joue sur la capacité à prendre des risques… et donc sur la paire de couilles. Des couilles, Ella Viviani en avait hier, 48h après avoir   frôlé la correctionnelle dans le dernier kilomètre de la Classic Down Under :

Viviani est passé par un trou de souris aux 150m, entre la balustrade et Phil Bauhaus chez Bahrain, avant de vraiment mettre les gaz et d’allumer tout le monde, surpuissant.

Joli!

Mais quelle prise de risque… C’est pas compliqué, la chute l’envoyait probablement direct à l’hôpital et ça fait froid dans le dos.

Je crois que Bauhaus chez Bahrain a probablement fait l’erreur de ne pas « fermer la porte » en sprintant plus près de la balustrade. Viviani n’aurait alors pas pu passer et se serait retrouvé enfermé derrière. Quand tu as bataillé pour avoir une bonne position dans le sprint, tu veux la préserver!

Pour le reste, je suis surpris de ne pas voir d’équipes mieux organisées pour assurer le train dans le dernier kilomètre depuis quelques temps déjà, une situation qui s’est répétée hier encore en dépit de la présence d’un gros vent de face. C’était débridé hier, anarchique. On est loin des trains de la Saeco (Cipollini) et de la Fassa Bortolo (Petacchi) dans les années 1990 et 2000, trains qui se mettaient en place bien avant le dernier kilomètre. Aujourd’hui, on place certes les sprinters à l’approche des 500m, mais c’est souvent « débrouillez-vous » par la suite. La preuve de l’homogénéisation des niveaux?

Le Tour de France 2019

Le Tour de France 2019

On dévoilera dans une petite semaine (le 25 octobre prochain) le profil du Tour de France 2019. Il s’agit toujours d’un moment important dans le cyclisme, le Tour étant la plus grande course cycliste du monde et son profil un aspect déterminant pour identifier quel coureur aura des chances de s’imposer, compte tenu de ses caractéristiques.

D’une année à l’autre, je trouve que le secret est de mieux en mieux gardé, de moins en moins  d’information sur le parcours filtrant dans la presse avant le dévoilement officiel.

L’excellent site VeloWire de Thomas Vergouwen demeure toutefois, année après année, la référence pour avoir une idée du Tour avant le Tour.

Ce qui est sûr, c’est un départ de Bruxelles pour souligner le 50e anniversaire de la première victoire sur le Tour d’Eddy Merckx, notre dieu à tous. M. Merckx aura alors 74 ans.

On soulignera également les 100 ans du maillot jaune, revêtu pour la première fois par Eugène Christophe lors de la 11e étape (Grenoble-Genève) du Tour de France 1919. Merckx détient d’ailleurs toujours le record du nombre de jours en jaune: 96! Machine!

D’après les rumeurs, le Tour tirerait ensuite vers l’Est, notamment la Lorraine, et les possibles villes-étape de Nancy et Mulhouse. La Planche des Belles Filles, chère à Nibali et Pinot, serait de nouveau dans les cartons.

On glisserait ensuite vers Saint-Étienne, puis Saint-Flour, puis les Pyrénées avant les Alpes.

Dans les Pyrénées, la ville de Pau est entrevue comme ville-étape. Une arrivée au sommet du Tourmalet pourrait être au programme.

Une fois dans les Alpes, certains annoncent un possible contre-la-montre individuel sur les pentes du Mont Ventoux. Ce serait évidemment grandiose, plus de 30 ans après la victoire monumentale de « Jeff », Jean-François Bernard, au sommet du Géant de Provence (c’était durant le Tour 1987, un des plus beaux selon moi).

La vallée de la Maurienne serait ensuite au programme, et une possible arrivée à Tignes. Un transfert en avion serait ensuite organisé pour une dernière étape en banlieue parisienne (départ de Rambouillet) avant l’arrivée classique sur la plus belle avenue du monde, les Champs-Élysées.

Vivement qu’on découvre tout ça! Et surtout, qu’on découvre le dosage qui sera appliqué entre chronos, arrivées en altitude et disciplines connexes (pavés, terre battue, etc.), entre étapes longues et étapes courtes, entre étapes pour sprinters et étapes pour grimpeurs, et toujours les surprises, les innovations.

Qu’est-ce qu’un Tour moderne?

D’ailleurs, on peut se poser la question suivante: qu’est ce qu’un Tour moderne?

Pour moi, c’est un Tour de France qui marie à la fois tradition et innovation. Plus facile à écrire qu’à réaliser concrètement, il faut en convenir!

Des clins d’oeil au passé, à l’histoire de ce sport et à ce qui a construit la légende du Tour sont nécessaires selon moi. J’aimerais revoir la trilogie de la Chartreuse, le chrono sur le Ventoux, le classique « Glandon, Galibier, Alpe d’Huez » ou l’enchainement « Peyresourde, Aspin, Tourmalet », de grands classiques. Un retour au Puy de Dôme?

En même temps, l’innovation est nécessaire, pour briser la routine. Trouver des cols inédits, ou peu utilisés comme le Mont du Chat en 2017. Comme le col de Sarenne, il y en a tant d’autres. Des pavés, en attendant, bientôt, des chemins de vigne?

Et vivement un Tour sans oreillettes!!!

Les commentaires sur LFR

Merci aux lecteurs vigilants de ce site m’ayant signalé un problème pour voir les commentaires laissés suite à mes articles. La situation a été corrigée, tout le monde devrait pouvoir voir les commentaires laissés sur ce site en réaction aux textes publiés. J’en profite pour vous remercier tous pour la qualité de vos interventions qui font de ce site un site vraiment unique et crédible sur le cyclisme.

112e Tour de Lombardie

Samedi, Messieurs les coureurs s’élanceront dans la dernière grande course de la saison, le Tour de Lombardie, dans une région – Côme et son lac – vraiment magnifique.

Au menu, 241kms entre Bergame et Côme, avec les grandes difficultés concentrées dans les derniers 70kms de l’épreuve.

Ca sera d’abord la montée de la Madonna del Ghisallo, puis l’approche et enfin le fameux Mur de Sormano, une redoutable pente de 1,7km à 15% de moyenne avec des passages à… 27%, pour ensuite filer sur le bord du lac et se taper une dernière ascension au dessus de Côme, le Civiglio. On revient ensuite dans Côme pour l’arrivée.

Le Mur sera donc une phase cruciale de course qui devrait permettre à un petit groupe de s’extraire pour la victoire finale. Ca pourrait toutefois se jouer dans le Civiglio comme l’an dernier.

Pour la petite histoire, c’est Thibault Pinot qui détient actuellement (et depuis 2015) le KOM sur le Mur de Sormano dans Strava, 8min27. On verra samedi si ce temps est battu.

Côté météo, on annonce beau et assez chaud samedi, de bonnes conditions pour les coureurs… et qui fera de la course une sélection par l’avant très certainement.

Les favoris

Justement, Thibault Pinot qui vient de s’imposer au sommet de Superga sur Milan-Turin. De toute évidence, le Français a fait de la Lombardie son grand objectif de fin de saison, et le parcours lui convient bien (il avait terminé 3e de l’épreuve en 2015). Il pourra certainement compter sur David Gaudu pour l’épauler dans le final.

Vicenzo Nibali. En net progrès depuis les Mondiaux, le Requin de Messine a progressivement joué la gagne sur les semi-classiques italiennes des derniers jours. Vainqueur sortant, il est agressif en course et sera assurément dans le final, bien épaulé par ses équipiers Pozzovivo et Pellizotti. La Bahrain-Merida a un coup à jouer!

Alessandro Valverde. Comment ne pas mettre le récent champion du monde parmi la courte liste des grands favoris? Il a joué la gagne plus tôt cette semaine sur Milan-Turin (3e)… mais n’a jamais gagné la Lombardie (2 fois 2e).

Romain Bardet. S’il s’est reposé un peu cette semaine, le coureur français est lui aussi en excellente condition et peut s’imposer samedi.

Rigoberto Uran et Mike Woods. L’équipe Education First a un gros coup à jouer samedi avec ces deux coureurs en grande condition. Ils ont été de tous les finals sur les semi-classiques italiennes, et le Mur de Sormano convient tout particulièrement bien à Woods, dont le rapport poids-puissance doit être redoutable en ce moment. S’il devait partir de là avec un Pinot ou un Bardet par exemple, ca pourrait être bon!

Primoz Roglic et Steven Kruijswijk. Les deux coureurs Lotto-Jumbo sont sur leur faim depuis les Mondiaux et voudront se reprendre en Lombardie. Excellents grimpeurs, bons rouleurs, ils peuvent s’imposer. Attention cependant à Roglic, qui offre parfois des performances douteuses…

Egan Bernal et Gianni Moscon. Les deux coureurs Sky ont aussi une belle complémentarité. La condition de Bernal est en hausse et il sera présent dans le Mur de Sormano (avec Woods?). S’il passe le Mur, Moscon sera un sacré client pour la suite du parcours jusqu’à l’arrivée.

Les outsiders, des coureurs en forme en ce moment: Bauke Mollema, Wilco Kelderman, les frères Yates, Tim Wellens, Tiej Benoot, Rafal Majka, Dylan Teuns et Tom Skujins. 

Les inscrits sont ici.

Paris-Tours: ca sera intéressant!

On court dimanche la… 112e édition de Paris-Tours, qui se dispute depuis des années le surnom de « course aux feuilles mortes » avec le Tour de Lombardie.

Réglons ca tout de suite: pour moi, pas de doute: la « course aux feuilles mortes« , c’est la Lombardie. Case closed.

Habituellement, je ne me passionne pas vraiment pour cette course qui, une fois sur deux, couronne un sprinter. Au mieux, ca faisait de belles photos du peloton qui passe devant deux ou trois chasseurs dans les champs de la Beauce!

Mais ca sera probablement différent cette année.

Signe des temps, les organisateurs s’inquiètent assurément de la baisse de popularité du cyclisme et ont donc revu le final de la course, dans le but évident d’ouvrir la course à des attaques de baroudeurs, question de faire une fin de course plus intéressante, plus imprévisible.

On a d’abord réduit la distance totale à 215kms, comparé à 234 en 2017.

On a ensuite introduit 12,5km de « chemins de vigne » et 7 côtes additionnelles dans les 60 derniers kilomètres, afin de produire une course de mouvement.

Qu’est ce qu’un « chemin de vigne »? C’est un chemin étroit serpentant entre des vignobles (dimanche, ceux de Vouvray, une appellation que je chéris tout particulièrement, miam!) et présentant souvent des changements brusques de dénivelé.

Voilà qui sera propice à lancer des attaques, le peloton perdant rapidement les fuyards de vue.

La dernière bosse, la côte de Rochecorbon, intervient à 10 bornes de l’arrivée.

Bref, ca sera nettement plus compliqué pour les sprinters cette année…

Les favoris

Je donne favoris des puncheurs-baroudeurs capables d’enrouler du braquet, mais aussi de passer des bosses courtes et pentues. Et ayant une petite pointe de vitesse!

Chez Quick Step, Philippe Gilbert et Yves Lampaert ont un bon coup à jouer. Attention également à Niki Terpstra, même si on ignore sa condition actuelle.

Simon Geschke (Sunweb) m’a surpris sur les Mondiaux, étant présent très loin dans la course. Attention à lui.

Olivier Naasen ne devrait pas être loin du compte non plus.

Arnaud Démare représente une excellente chance française sur un tel parcours.

Si ca arrive quand même au sprint, Dylan Groenewegen sera un sérieux client pour Demare.

Et j’ose ajouter à cette liste le Québécois Guillaume Boivin chez Israel Academy, qui a une excellente condition actuellement. Guillaume peut gagner cette course, il faut y croire! Un autre Québécois sera présent, Antoine Duchesne chez Groupama-FDJ.

Un plateau plus intéressant en Italie

Le plateau de Paris-Tours est quand même un peu décevant. C’est que les meilleurs coureurs sont actuellement en Italie, sur une succession de courses de fin de saison culminant avec le Giro di Lombardia le 13 octobre prochain: Giro dell’ Emilia (samedi), Tre Valli Varesine (le 9), Milano-Turino (le 10) et Gran Piemonte (le 11).

Les meilleurs Mondiaux du Canada

Quatrième.

Le Canada a terminé 4e au classement des nations lors des Championnats du monde d’Innsbruck, derrière les Pays-Bas, l’Italie et la Belgique.

Mais devant la France, l’Espagne, l’Australie, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Suisse, des nations qui ont une tradition cycliste de longue date, ou qui ont connu de grands succès au cours des dernières années.

Sans l’ombre d’un doute, l’équipe du Canada a connu les meilleurs Mondiaux de son histoire. Et ca fait rudement plaisir! De là cependant à conclure que Cyclisme Canada a quoi que ce soit à voir là-dedans, je garderais une petite gêne…

Boilard donne le ton

On dirait que l’équipe du Canada a été d’entrée placée en confiance avec les performances inspirantes offertes par la jeune Simone Boilard, 5e du chrono puis 3e de la course sur route chez les juniors.

Les belles performances se sont ensuite enchainées, comme si Simone avait donné le ton!

Leah Kirchmann et Karol-Ann Canuel terminaient respectivement 4e (à une seconde du podium!) et 8e du chrono élite chez les femmes le lendemain.

Nickolas Zukowsky animait ensuite la course sur route des U23 avec une longue échappée ou il a fait brillé le maillot de l’équipe canadienne.

Karol-Ann Canuel remettait ça en étant présente dans le final de la course sur route des femmes, et terminant à une belle 6e place après avoir chassé derrière l’Italienne qui terminait 3e. Il n’a pas manqué grand chose pour un grand résultat.

L’équipe du Canada terminait dimanche en apothéose avec la troisième place de la course sur route pour Mike Woods d’Ottawa, derrière Valverde et Bardet, excusez-un-peu. Et plus tôt dans la course, Rob Britton animait longtemps la course en étant devant dans l’échappée, permettant à Woods d’adopter une position de force.

Quelle semaine d’équipe Canada! De quoi être vraiment très fier de tous ces coureurs inspirants. Il y a peut-être seulement chez les juniors hommes que les résultats n’ont pas été à la hauteur des attentes.

Mike Woods le plus fort?

Je vous avais dit de ne pas manquer cette course sur route des Mondiaux d’Innsbruck, on n’a pas été déçu tant la course a été enlevante sur un parcours vraiment très sélectif.

Dans les 50 derniers kms, ca a attaqué de tous les côtés, c’était vraiment un beau spectacle.

Plaçée favorite, l’équipe de France a bien joué ses cartes selon moi, travaillant lorsqu’il le fallait (notamment Molard et Gallopin) tout en dévoilant ses cartes maitresse qu’à la toute fin. Dans le mur d’Innsbruck, ils étaient trois devant, les trois qu’on attendait: Pinot, Bardet et Alaphilippe. Là, on se disait bien que ce dernier serait difficile à battre.

Ben non, Alaphilippe a manqué de jambes. Ca arrive, c’est la course! Bardet a eu le bon réflexe, prenant la course en main pour l’équipe de France. Pas de regrets à avoir. Pinot est-il parti trop vite au pied de la bosse? Je ne crois pas, s’il ne l’avait pas fait, c’est Woods qui l’aurait fait…

En tout cas, Cyrille Guimard le sélectionneur général peut être satisfait selon moi, il a bien joué les cartes, en fin stratège qu’il est.

Dans ce mur, l’invité surprise a bien sûr été le Canadien Mike Woods. Je suis d’avis qu’il était le plus fort dans ce raidard, faisant même craquer Moscon à la pédale. Valverde était au métier, c’est clair que l’Espagnol a très bien géré cette montée, sans jamais s’affoler, avec toute son expérience. Il savait que s’il restait au contact jusqu’au sommet, c’était probablement gagné pour lui.

Woods a lui-aussi bien géré cette montée, imposant son rythme, le plus rapide possible pour ne pas épargner personne. C’était lui le plus fort selon moi durant cette ascension parfaitement adaptée à ses qualités, il était plus fort que Bardet qu’on a cru voir au seuil de rupture à quelques occasions sur la 2e partie de l’ascension. Si l’arrivée avait été en haut, Woods serait probablement champion du monde aujourd’hui!

Pour tout vous dire, je pense que ca s’est peut-être joué à la cadence, donc à la cassette installée sur les vélos. Bardet, Woods et Valverde semblaient pouvoir mieux tourner les jambes qu’un Valgren ou d’autres. Certaines équipes auraient-elles fait des erreurs en sous-estimant la difficulté de la pente, abordée après 255 kilomètres d’une course usante? J’aurais bien aimé en savoir davantage sur les braquets utilisés!

Et je n’ai pas compris le pétard mouillé de Bardet une fois les gros pourcentages passés, tout en haut de la bosse finale: qu’espérait-il à ce moment? Larguer Valverde? Il fallait le faire dans le secteur où Moscon avait capitulé, dans les gros pourcentages ou il avait justement un braquet souple.

Une fois dans la descente, c’était plié, Valverde n’allait pas rater pareille occasion. Woods et Bardet ont peut-être fait l’erreur de relayer l’Espagnol: ce n’était pas nécessaire. Meilleur sprinter des trois, c’était à Valverde de rouler pour éviter le retour de Dumoulin et de Moscon (le retour de Moscon aurait causé un gros problème à l’Espagnol). Woods et Bardet ont probablement été motivé par l’idée de préserver leur place sur le podium, on ne peut pas leur en vouloir à ce niveau, compte tenu des enjeux et de la valeur d’une place sur un tel podium.

Valverde est devenu hier le 2e plus âgé champion du monde derrière le néerlandais Joop Zoetemelk couronné en 1985. Six fois sur le podium de la course sur route des Mondiaux dans sa carrière, c’est dire si ce coureur voulait un titre de champion du monde à son palmarès déjà impressionnant, avec notamment quatre Liège-Bastogne-Liège. Présent à l’année, gagnant aussi bien en février à Majorque qu’en octobre sur les Mondiaux, je pense qu’il fera un beau champion du monde en 2019… à la nuance près que dans son cas, le petit doute sera toujours présent, en raison de Puerto…

Pour le reste, les équipes belges, polonaises et colombiennes ont bien déçu, étant incapables de vraiment peser sur la course lorsqu’il le fallait. Kwiatlowski a créé la première grosse surprise de la course en étant lâché avant le final, tout comme Dan Martin. Wellens, Benoot sont aussi passés à travers, comme Uran et Quintana. Sagan? Je vous avais dit qu’il ne tiendrait pas sur un tel parcours. Et je n’ai pas trop apprécié sa présence sur le podium par la suite, poussant même le bouchon à passer lui-même la médaille autour du cou de Valverde. Sagan n’avait rien à faire sur ce podium, la gloire et la visibilité étaient à ce moment uniquement pour les trois lauréats.

Les équipes italiennes, néerlandaises, danoises et anglaises ont joué leurs cartes correctement, sans pouvoir obtenir un grand résultat. Moscon a été placé pour jouer le titre dans les derniers kilomètres, tout comme Dumoulin ou Valgren. Les frères Yates ont manqué de jambes dans le dernier mur, comme Alaphilippe, après un gros travail de l’équipe anglaise à plusieurs reprises durant la course. Rien à redire dans leur cas.

Espérons que la plupart de tout ce beau monde se retrouvera dans 10 jours sur le Tour de Lombardie, notamment Mike Woods, Vicenzo Nibali, les Français Bardet, Pinot et Alaphilippe, Valverde bien sûr, Moscon… ca pourrait nous faire une course vraiment intéressante!

Et l’an prochain, place aux Mondiaux dans le Yorkshire au Royaume-Uni, sur un parcours moins dur qu’Innsbruck mais présentant quand même un certain niveau de difficulté, notamment une longueur inhabituelle: 285kms!

Mondiaux: la naissance de Remco Evenepoel

Remco Evenepoel:

Champion du monde sur route junior 2018.

Champion du monde chrono junior 2018.

Champion d’Europe sur route junior 2018.

Champion d’Europe chrono junior 2018.

Champion de Belgique sur route junior 2018.

Champion de Belgique chrono junior 2018.

Coureur cycliste depuis avril 2017.

Des questions ?

Remco Evenepoel (18 ans) a gagné hier la course sur route solo, avec près d’une minute 30sec d’avance sur le deuxième, qu’il a lâché au train sans se retourner, après avoir tiré un relais déjà interminable entre le 40e et le 30e kilomètre.

Et avant dans la course, il s’était retrouvé… 2 minutes derrière le peloton en raison d’un incident mécanique. Il a bouché le trou pour ainsi dire seul…

Et son temps au chrono lui aurait donné la… 4e place chez les U23, alors que les coureurs junior comme lui sont sur des braquets limités…

Il refuse d’être comparé à Eddy Merckx. Je ne vois pourtant que ça tant il est au-dessus du lot.

Comme disait Blondin: « Le problème avec Eddy Merckx (maintenant Remco Evenepoel), c’est que dans son cas, tout donner consiste à tout prendre…« .

Sera chez Quick Step en 2019. On n’a pas fini d’entendre parler de lui, c’est moi qui vous le dit! Absolument incroyable comme talent, comme génétique, comme VO2max très certainement, VO2max qui se bonifiera encore un peu… Un extraterrestre. Un vrai. Capable de rouler en tête et de lâcher tout le monde au train, sans se retourner. Jamais vu ça, depuis Merckx justement.

Boilard 3e sur route

Quant on connait le père, on devine la fille… Le talent de la Québécoise Simone Boilard ne fait aucun doute, à voir celui de son père avec qui j’ai le plaisir de courir de temps en temps, encore récemment aux Championnats provinciaux sur route à St-George de Beauce. Pierre est de ces coureurs que j’adore, volontaire, « vocal » durant les courses, toujours tellement gentil aussi… vraiment un coureur que j’aime voir et revoir.

Sa fille Simone a terminé 3e de la course sur route des femmes junior, une performance remarquable à ce niveau, après avoir terminé 5e du chrono il y a quelques jours, à une poignée de secondes du podium. Durant le chrono, des erreurs de trajectoire lui auraient couté cher… Pierre, faut revoir cela!

C’est pas compliqué, Simone Boilard est le plus grand talent en cyclisme sur route féminin depuis Lyne Bessette. Prochaine étape, la transition l’an prochain aux rangs séniors.

Les pros

Dimanche, ne manquez pas la course sur route chez les pros. Un grand spectacle en perspective.

Mon favori: Julian Alaphilippe.

Mais je redoute aussi Michal Kwiatlowski, 4e du chrono il y a quelques jours, une perf qui prouve qu’il est en grande condition.

Les Belges, les Néerlandais, les Colombiens, les Français devraient faire la course en tête.

Attention aux frères Yates également. Alessandro Valverde également, un sacré coureur, bourré d’expérience sur ce genre de course, qui devrait être lui aussi dans le final. Miguel Angel Lopez aussi, pourquoi pas? C’est un coureur en grande condition en ce moment.

Peter Sagan: désolé, je n’y crois pas. Le parcours est trop dur pour lui.

Pour les Canadiens, tous les yeux seront tournés vers Michael Woods, récent vainqueur d’une étape légendaire sur la Vuelta et 2e de Liège-Bastogne-Liège plus tôt cette saison. Woods a toutes  ses chances sur ce type de parcours usant, et il devrait encore être dans le coup à l’amorce du circuit final. Tout est possible, il faut y croire!!!

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