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Encore du beau monde pour la Doyenne!

On termine la saison des Classiques du printemps ce dimanche avec Liège-Bastogne-Liège, la « Doyenne » des Classiques, créée en 1892 (105e édition en 2019).

Une sacrée belle course longue de 256 kms, et qui comporte neuf ascensions difficiles dans les 100 derniers kilomètres. Et on peut en effet penser que la course s’emballera réellement à partir de la côte de Mont-le-Soie, km 156. Traditionnellement, la sélection finale se fait dans la célèbre « côte de la Redoute », désormais mythique et un haut lieu du cyclisme avec Frank Vandenbroucke en 1998. Restera encore « les Forges » et la « Roche-aux-Faucons » par derrière avant de rallier l’arrivée située cette année dans Liège, après une descente et une dernière ligne droite (et non plus à Ans comme ces dernières années au terme d’une dernière ascension assez roulante).

On annonce pluvieux et frais (11 degrés) ce week-end en Belgique, cela durcira un peu la course très certainement. Un vent modéré est également prévu.

Les favoris

Évidemment, un seul nom: Julian Alaphilippe. Le vainqueur de Milan SanRemo, des Strade Bianche et de la Flèche Wallonne est l’homme à battre, qui plus est parce qu’épaulé par une redoutable équipe « Wolfpack » Deceuninck Quick-Step, qui compte en ses rangs les Philippe Gilbert (vainqueur de Paris-Roubaix), Bob Jungels (vainqueur sortant de la Doyenne), Enric Mas (qui a très bien placé Alaphilippe au pied du Mur de Huy mercredi dernier) ou encore Petr Vakoc. OUF!

Notez qu’Alaphilippe n’a jamais gagné la Doyenne, il sera donc motivé d’inscrire cette grande classique à son palmarès. C’est le temps d’en profiter!

En face, quelques formations pourraient leur tenir tête.

Les Lotto-Soudal d’abord, avec Wellens, Lambrecht et Vanendert. Ce Lambrecht, attention à lui dans les dernières bosses du parcours, c’est un sacré grimpeur-puncheur et il n’a aucune pression.

Les AG2R – La Mondiale avec Bardet et Cosnefroy ont un bon coup à jouer également. Bardet a terminé 3e l’an dernier.

Je pense enfin aux Astana avec Jakob Fuglsang bien sûr, mais aussi Lutsenko, Izaguirre et Leon Sanchez. On devrait retrouver ces formations dans le final.

Sinon, on a plusieurs autres coureurs qui pourraient très bien faire, à commencer par Michael Matthews dont le nouveau final n’est pas pour déplaire puisqu’il augmente les chances des sprinters qui passent aussi les bosses. Méfiez-vous de lui si ça arrive au sprint au sein d’un petit groupe.

Valverde, quadruple vainqueur, est évidemment un favori, tout comme Nibali, en vue sur le Tour des Alpes cette semaine. Adam Yates pourrait aussi être de la partie pour Michelton-Scott, tout comme les Kwiatkowski et Poels chez Sky, Dan Martin chez UAE ainsi que Guillaume Martin pour Wanty Groupe Gobert.

Mike Woods? Sa mauvaise place sur la Flèche aurait été due à un problème mécanique au plus mauvais moment. Ceci étant, Woods a également admis qu’il « n’avait pas les jambes » dans le final. Motivé par la Doyenne, je pense qu’il peut se rendre loin dans la course mais de là à jouer le podium comme l’an dernier, ça non vu la qualité du plateau en présence. Un top-10 serait déjà inespéré pour lui.

Flèche Wallonne: bof…

La Flèche Wallonne est peut-être la course cycliste la plus facile à prédire du calendrier.

Ca devient même lassant si vous voulez mon avis.

Dans ce cyclisme moderne où une échappée sur mille a une chance de réussir, la Flèche Wallonne est réduite depuis une 15aine d’année à une simple course de côte sur le dernier kilomètre, jusqu’en haut du Mur de Huy.

Et comme c’est une montée très spécifique, pour puncheurs-grimpeurs, ben y’a très peu de monde qui peuvent s’y imposer.

Valverde a gagné 4 années de suite, entre 2014 et 2017.

Alaphilippe s’y est installé depuis, gagnant hier pour la 2e année consécutive. Une belle victoire certes, acquise au prix d’un effort colossal dans les tous derniers mètres, son rival Fuglsang – encore lui – refusant obstinément de baisser pavillon.

Alaphilippe-Fuglsang, Fuglsang-Alaphilippe, ces deux-là ne se seront pas quittés de la saison des Classiques, bataillant depuis les Strade Bianche il y a un mois!

Pour moi, les informations à retenir sont ailleurs, et sont utiles en prévision de Liège-Bastogne-Liège dimanche prochain, une course plus ouverte.

Alejandro Valverde

On a probablement assisté hier à un passage de génération sur la Flèche Wallonne, le quintuple vainqueur et grand spécialiste de l’épreuve ne terminant « que » 11e. Valverde continue bien évidemment à être un redoutable coureur tant sur les courses d’un jour que sur les courses par étape, mais son registre évolue c’est évident. Il devient moins explosif, mais gagne en endurance. Laurent Jalabert, à la fin des années 1990 et dans les années 2000, avait connu ces changements: rappelons qu’il avait ramené le maillot vert à Paris en début de carrière, qu’il est devenu un redoutable chasseur de Classiques à sa maturité, et a terminé sa carrière par un maillot à pois sur le Tour, rompu aux longs efforts au seuil qu’exigent les grands cols.

Mike Woods

Le coureur canadien, 2e de la Doyenne l’an dernier, n’a pas vraiment rassuré hier, terminant à plus de 6 minutes du vainqueur. Il se réservait peut-être pour dimanche prochain, et a probablement travaillé pour Simon Clarke, déjà en vue sur l’Amstel. Ceci étant, s’il avait la bonne patte, je pense qu’on l’aurait vu mieux.

Les Français

Outre Alaphilippe, Romain Bardet, son co-équipier Benoit Cosnefroy, Guillaume Martin et Rudy Mollard sont tous dans les 20 premiers, intéressant! Les AG2R La Mondiale ont un bon coup à jouer dimanche prochain, et ils roulent forts également du côté du Tour des Alpes en ce moment (anciennement le Tour du Trentin).

Bjorg Lambrecht

Le jeune coureur (22 ans) format grimpeur de poche, 2e des Mondiaux U23 l’an dernier et vainqueur de Liège-Bastogne-Liège espoirs en 2017, progresse très vite chez les pros, terminant au pied du podium hier. Je suis convaincu que l’équipe Lotto-Soudal misera gros dimanche prochain, question de bien finir une saison des Classiques avec un manque de réussite, en jouant la carte de ce jeune coureur, de Vanendert aussi, et de Wellens. Beau line-up!

Peter Sagan

Pas au mieux ces dernières semaines, je n’ai pas compris pourquoi il a pris le départ hier de la Flèche Wallonne. Aucune chance de s’imposer, et son équipe a suffisamment de porteurs d’eau pour lui épargner ce rôle. Il a abandonné et quitte donc cette campagne des Classiques par la petite porte. Au programme pour lui, du repos avant de revenir sur le Tour de Californie le 12 mai prochain, une course qui lui permet habituellement de bien reprendre dans une ambiance relax.

Michael Matthews

Le meilleur sprinter des spécialistes des Classiques est 8e hier en haut du Mur de Huy! Attention à l’Australien dimanche, il a la bonne patte en ce moment et si ca devait arriver au sprint, c’est un sacré client.

Amstel: ils apprennent à connaître Van Der Poel

Quel final de l’Amstel dimanche dernier!!! Et quel vainqueur, Mathieu Van Der Poel, in extremis. Avec le maillot de champion national des Pays-Bas sur le dos… it doesn’t get any better than that!

Ceci étant, avec une minute de retard à 5km de l’arrivée et encore 25sec à deux kilomètres de la ligne, Mathieu Van Der Poel et son groupe n’aurait jamais dû rentrer sur le duo en tête de course, Julian Alaphilippe et Jakob Fuglsang.

Ces deux là ne s’entendaient vraiment pas, c’était très clair. Fuglsang avait encore en travers de la gorge le final des Strade Bianche, où il s’était retrouvé dans la même position avec le même coureur. Il n’avait visiblement pas confiance en Alaphilippe et son erreur a été de l’attaquer à 4 kms de la ligne. Du coup, c’était certain qu’Alaphilippe ne passerait plus, ou alors en roulant « en dedans », question de pouvoir contrer une nouvelle attaque de son adversaire.

À ce niveau, c’est une grossière erreur de Fuglsang. Il fallait s’entendre jusqu’au km, pour l’aborder avec une bonne avance. Personne ne serait alors rentré.

Payez-vous les images des 5 derniers kms, Fuglsang et Alaphilippe n’avançaient plus, en particulier dans les deux derniers kms.

Cela n’enlève rien au mérite de Van Der Poel qui, pendant ce temps, roulait comme un possédé derrière pour revenir. Il a assumé seul tout le travail, sans rien demander à personne… il faut un gros moral pour faire un truc pareil. Et une grosse expérience du cyclo-cross où, très souvent, le coureur évolue seul en tête, à bloc. Visiblement, Van Der Poel ne se pose pas de question, et il a bien raison!

Le dernier kilomètre a été électrisant. C’est d’abord Kwiatkowski qui reprend le premier le duo de tête mais son accélération, assis, ne provoque aucun nouvel écart avec le groupe de chasse derrière. Du coup, ce groupe se rapproche et aux 600m, Van Der Poel prend les choses en main et fait course pour lui, sans plus se soucier des autres. Quelle vitesse! C’est pas compliqué, tous les autres ont l’air de coureurs amateurs à côté de son sprint.

Je pense que Van Der Poel vient de livrer une bien belle leçon aux coureurs sur route: « je prends mes responsabilités, je roule pour gagner et non pour faire perdre les autres, je ne me pose pas de question, et je mise sur mon héritage du cyclo-cross où je suis souvent dans une telle position« . C’est très rafraichissant.

Pour le reste, Peter Sagan a abandonné, montrant qu’assurément, il y a quelque chose qui cloche cette saison avec le coureur slovaque.

Hormis Van Der Poel, la belle surprise vient du Français Valentin Madouas, le fils de Laurent (coureur pro dans les années 1990), qui termine 8e de la course. Marc Madiot peut se réjouir de ce succès d’un jeune coureur de 22 ans, à l’approche de la Flèche Wallonne plus tard cette semaine et de Liège-Bastogne-Liège le week-end prochain.

Paris-Roubaix: me suis planté!

Ben cette fois-ci les amis(es), je me suis planté: je vous disais vendredi ne pas trop croire aux chances de la Deceuninck Quick-Step.

Ben du Deceuninck, y’en a 4 parmi les 8 premiers à l’arrivée de Paris-Roubaix hier!

Et toute une victoire de Philippe Gilbert, 36 ans tout de même, passé pro en… 2003, il y a 16 ans, autrement dit à l’âge de pierre. Il remportait hier sa 14e grande classique, excusez un peu, après avoir déjà épinglé à son palmarès l’Amstel, Liège-Bastogne-Liège, le Tour de Lombardie, le Tour des Flandres, Paris-Tours, la Flèche Wallonne.

C’est pas compliqué, il ne manque à Gilbert que Milan SanRemo pour rejoindre Rik Van Looy, Roger de Vlaeminck et Eddy Merckx (tous des belges!) à titre de coureurs ayant remporté dans leur carrière les cinq grands monuments du cyclisme. Gilbert peut-il gagner Milan SanRemo? La question est ouverte…

En tout cas, Gilbert n’a pas volé sa victoire hier, il était clairement le plus fort dans le final de la course, faisant même le forcing dans le dernier grand secteur pavé à environ 15 bornes de l’arrivée. Seul Politt a pu accompagner, je vous avais dit vendredi que ce coureur allemand pouvait faire quelque chose de bien sur cette course. Sagan a explosé dans les 10 derniers kilomètres, laissant seul Lampaerts qui a fait un beau rapproché dans le final, terminant seulement 13 petites secondes derrière le duo de tête.

Pour la Deceuninck, carton plein avec Senechal 6e et Stybar 8e. Rien à dire, après un Tour des Flandres assez raté, ils se sont bien repris hier. Bravo!

Sinon, parmi les surprises, Evaldas Siskevicius chez Delko-Marseille, 9e hier. C’est un coureur toujours motivé pour cette course.

Je sais pas vous mais j’ai été surpris du nombre de favoris qui ont explosé hier dans le final, manquant carrément de force: Sagan, Van Avermaet, Naesen, Petit, tous souffrant beaucoup dans les 25 derniers kilomètres. Je pense que la course a été tendue dès le départ, et beaucoup de coureurs ont dû fournir des efforts tôt dans la course. D’autres ont, comme d’habitude, manqué de chance: ce fut le cas de Van Aert notamment, crevaisons, chutes, la totale. C’est Paris-Roubaix! Il reviendra.

Intéressant également de penser que la bonne échappée est partie à environ 48km de l’arrivée, presqu’au même endroit que Sagan l’an dernier. Nouvelle tendance chez les coureurs, ne plus attendre le Carrefour de l’arbre pour faire la grosse sélection?

Et que dire de la foule, encore imposante hier sur le bord des routes: ça fait plaisir à voir. La météo était bonne, cela a certainement aidé. En fait, nous sommes dûs pour un Paris-Roubaix mouillé bientôt, ca fait plusieurs années que la météo est plutôt bonne sur la course.

On se tourne désormais doucement vers les Ardennaises, et d’autres coureurs vont débarquer sur la scène des classiques, notamment les grimpeurs et les puncheurs, souvent plus légers. Sur sa forme actuelle, Gilbert sera un sacré client à l’Amstel, qu’il a déjà gagné 4 fois. Et avec Alaphilippe en renfort, ca pourra faire un beau feu d’artifice.

Dimanche, c’est l’enfer!

Et cette année, l’enfer sera poussiéreux car on annonce un temps clément, sans grand vent.

Tout de suite, pour suivre Paris-Roubaix sur Internet, le mieux selon moi c’est le site Tiz-Cycling, sous le lien « Live Stream ». La semaine dernière, j’ai pu y suivre le Tour des Flandres en direct. Ca marchait assez bien.

Au menu de Messieurs les coureurs, 257 kms entre Compiègne et Roubaix. 29 secteurs pavés, dont trois classés « cinq étoiles », les plus difficiles: la fameuse trouée d’Arenberg bien sûr, km 165 et long de 2,3km. C’est souvent l’endroit qui lance la vraie course, la bagarre faisant rage 10 km avant pour une place dans les 15 premiers à l’entrée de la tranchée.

Ensuite Mons-en-Pévèle, km 212 et sur 3 kms. Puis le Carrefour de l’Arbre, idéalement placé à 15 kms de l’arrivée, et long de 2,1km. De quoi faire la sélection finale, car après c’est assez roulant jusqu’au vélodrome.

Justement, le vélodrome de Roubaix: on l’oublie mais c’est aussi ce qui donne le charme de cette course, la seule qui se termine ainsi sur un vélodrome ouvert. En cas d’arrivée au sprint, les qualités de pistard deviennent un atout, car il faut savoir « monter » sur la piste et, surtout, partir au bon moment… sur le bon braquet.

Les favoris

Quatre anciens vainqueurs sont en activité: le vainqueur sortant, Peter Sagan, Greg Van Avermaet, vainqueur il y a deux ans, John Degenkolb, leader de la Trek-Segafredo dimanche, et Niki Terpstra qui n’y sera malheureusement pas, victime d’une lourde chute dimanche dernier au Ronde, avec commotion cérébrale.

De ces vainqueurs sortants, misez Van Avermaet. Sagan et Degenkolb sont un ton en dessous selon moi, mais auront leurs équipes à leur service et peuvent rêver à la victoire.

Sinon, plusieurs autres peuvent aussi croire au graal dimanche. Et pour moi, Wout Van Aert en premier lieu. Ses qualités de cyclo-cross seront utiles, il est en grande condition, et il possède une grosse puissance. Attention à lui dimanche. J’en fais mon favori #1.

Beaucoup disent qu’il faudra surveiller la Deceuninck Quick Step. Je ne pense pas. Stybar se remet d’un virus, et les autres seront trop juste sur une telle course. On s’ennuiera de Tom Boonen du côté de l’équipe de Patrick Lefevere!

Attention à deux coureurs, Matteo Trentin et Nils Politt chez Katusha. Ce dernier est assez jeune et ne fait qu’engranger de bons résultats sur les Flandriennes, ayant terminé 5e du Ronde dimanche dernier. Il n’a aucune pression, personne ne l’attend, et peut donc s’exprimer librement. C’est souvent un avantage sur une telle course.

Chez les Français, les meilleures chances sont probablement celles d’Arnaud Demare, dirigé par Marc Madiot qui, chaque fois, se transcende pour cette course qu’il a gagné à deux reprises durant sa carrière.

Sinon, plusieurs favoris du Ronde peuvent aussi nourrir des ambitions dimanche: Olivier Naesen, Alexandre Kristoff qui sera plus à l’aise sur ce terrain plat, Luke Rowe, Gianni Moscon ou Matej Mohoric, toujours agressif en course.

À cette liste, je crois qu’il faut rajouter deux autres coureurs, Edvald Boasson Hagen et Tyler Phinney, toujours motivés pour cette grande classique.

Deux Canadiens sont au départ, soit Hugo Houle chez Astana et Antoine Duchesne pour la FDJ. Les deux seront probablement au service de leurs leaders, Magnus Cort et Arnaud Demare. Espérons qu’Hugo Houle pourra accompagner le plus loin possible, lui qui est en bonne condition actuellement. Une place dans les 30 premiers à Roubaix serait vraiment géniale!

La citation

De Jean-Pierre Danguillaume vers Gilbert Duclos-Lassalle, avant son premier Paris-Roubaix: « Si tu parviens au vélodrome avant que son portail soit fermé, un jour tu seras un grand de Paris-Roubaix« .

On va se régaler, la course étant, comme sur le Tour des Flandres dimanche dernier, très ouverte.

Vraiment?

Voici le nouveau « kit » de l’équipe Total Direct Energy qui délaisse donc le noir et jaune pour un ensemble maillot-cuissard digne d’une équipe de DN2 de Cergy-Pontoise… en 1992.

Van Der Poel : dément!!!

Si vous voulez savoir ce que veut dire se « faire sauter sur la ligne » lors d’une course cycliste, un seul vidéo, ici: 1ere étape du Circuit de la Sarthe, hier.

Ouf! Impressionnant!

Mathieu Van Der Poel, encore lui, à peine deux jours après le Ronde où il a notamment lourdement chuté, est venu « griller » sur la ligne, au sprint, Boris Vallee de Wanty-Groupe Gobert. Ce dernier n’en croit pas ses yeux sitôt la ligne franchie, sa moue en dit long.

Quel sprint! Le diable sorti in extremis d’une boite. Ca, c’est du beau cyclisme!

On sait maintenant que Van Der Poel est non seulement un crack en cyclo-cross, qu’il peut rouler longtemps (sur 270 bornes au Ronde), mais qu’il peut sprinter aussi. Intéressant pour la suite…

Free for all sur le Ronde!

Ben mes amis(es), on a eu un Tour des Flandres bien excitant hier, c’est le moins qu’on puisse dire.

Une course totalement débridée, hors contrôle, c’est pas compliqué, on aurait dit une course chez les amateurs.

Deceuninck-Quick Step a bien essayé de contrôler la course à un peu plus de 100 kilomètres de l’arrivée, alors qu’on approchait du Muur de Geraardsbergen, endroit où la course s’est vraiment emballée. Les Deceuninck n’ont pas maîtrisé longtemps!

Après, ce fut attaques sur attaques, aucune équipe ne parvenant à contrôler quoi que ce soit. Ca flinguait partout, ca relançait, tu te disais « à ce rythme là ils vont pas tenir jusqu’à l’arrivée! ». Un bien beau spectacle en tout cas.

Et dans le final, un opportuniste, Alberto Bettiol, le premier vainqueur italien depuis Alessandro Ballan en 2007. Il avait peut-être compris qu’avec Kristoff, Sagan et Matthews dans le premier groupe, personne ne voudrait chasser derrière une petite échappée, de peur de ramener ces sprinters pour la gagne. Bien joué!

Et on savait Bettiol en forme, il avait fait belle impression sur le GP E3 en y terminant 4e en étant actif durant la course. Chez EF, on a misé sur le bon coureur!

Mention très bien

À Mathieu Van Der Poel qui, après une crevaison entrainant aussi une lourde chute, est revenu sur la tête de course au prix d’un bel effort. C’est pas compliqué, j’étais convaincu que c’était course terminée pour lui… mais non, le jeune prodige néerlandais a roulé comme une brute et est rentré. Il y a des signes qui ne trompent pas… ce gars-là a une classe inouïe, surtout qu’il est 4e à l’arrivée!

À Alejandro Valverde, toujours dans le coup à chaque course, même si c’est pour lui une première. Dans le final, il faisait peur à tout le monde.

Mention très bien également au Québécois Hugo Houle, qui a passé une partie de la journée devant, au sein d’une échappée de quatre coureurs. Hugo s’est rendu jusqu’au Muur de Geraardsbergen, pas mal du tout à ce niveau. Espérons que le Québécois pourra encore exploiter une belle condition physique actuelle.

Enfin, mention très bien au… public massé le long de la route, un public vraiment d’une taille impressionnante. Les images étaient par endroit saisissantes, il y avait quatre rangées de spectateurs. Le temps clément a certainement encouragé les gens à se déplacer, et qui a dit que le cyclisme perdait en popularité?

Mention moins bien

Au Deceuninck Quick Step, qui ont semblé être toujours avec un temps de retard dans le final. Pas d’organisation nette, Gilbert inexistant, Stybar qui saute, Lampaerts qui fait des efforts au mauvais moment, une chance que le jeune Kasper Asgreen, 24 ans, est venu sauver la mise pour l’équipe avec une très belle 2e place, acquise grâce à ses aptitudes de rouleur puisqu’il termine détaché. Pour une équipe belge, dominante de surcroît, le Ronde est LA course de l’année et ils se sont quasiment loupés. Je ne peux pas croire que Lefevere était content hier de ses coureurs.

Aux Lotto-Soudal également, l’autre équipe belge qui a aussi semblé être dépassée par les événements. Benoot était bien là, mais n’a pu vraiment pesé sur la course. Idem pour Wellens et Keukeleire. Ils peuvent nourrir des regrets.

Enfin, à Peter Sagan et Greg Van Avermaet, qui ont été certes laissés tomber par leur équipe avant le final. Je pense cependant qu’ils pouvaient tous deux rouler derrière Bettiol, mais ont préféré faire les morts dans le groupe de chasse. Pas tellement digne… parfois, il faut payer de soi-même quant tu es leader d’une équipe. Finir le boulot.

Le Tour du Pays Basque

Ca commence aujourd’hui et c’est de ce côté-là qu’il faudra regarder pour savoir qui sera devant dans 10 jours sur les Ardennaises. Une course difficile, évoluant au sein d’une région passionnée de cyclisme également, toujours intéressant à suivre. Landa, Alaphilippe, Mas, Thomas, Kwiatkowski, Yates, Martin y sont annoncés. Je suis toutefois surpris de ne pas voir Michael Woods au sein de la formation EF.

Votre Tour des Flandres

C’est une des plus belles courses cyclistes et c’est ce dimanche: le Tour des Flandres.

Spectacle  garanti ! Le meilleur du cyclisme condensé en 270 kilomètres entre Anvers et Oudenaarde. Et entre les deux, 17 monts à franchir pour Messieurs les coureurs, autrement dit un chemin de croix.

Les plus difficiles sont désormais célèbres: le Vieux Quaremont, le Muur de Geraadsbergen, le Paterberg, le Koppenberg.

Une course mythique – 103e édition en 2019! – notamment parce qu’elle exige des coureurs une science de la course, celle du placement à l’approche de tous ces passages critiques, et des nerfs d’acier, question d’attendre le moment propice pour porter l’estocade. Facile à dire, pas simple à faire!

Les favoris

Deux cyclo-cross men d’abord, Mathieu Van Der Poel et Wout Van Aert. Ces deux là se livrent d’ailleurs une guerre sans merci depuis quelques années sur la scène de la Coupe du Monde de cyclo-cross. Ca sera intéressant à suivre dimanche… et ça sera certainement encore sans quartier. Sur le papier, avantage Van Aert pour l’équipe, avantage Van Der Poel pour la tactique de course.

Autrement, les autres favoris sont selon moi Greg Van Avermaet, le vainqueur sortant Niki Terpstra, Oliver Naasen, Peter Sagan (on ne peut jamais le mettre de côté celui-là même si je pense que sa condition physique actuelle n’est pas au top), Tiesj Benoot, Zdenek Stybar, Matej Mohoric, Luke Rowe, Mads Pedersen, Alessandro Valverde (jusqu’où ira-t-il?!) ou encore Matteo Trentin.

Un Canadien au départ, Hugo Houle, en excellente condition en ce moment. Faut y croire, surtout que son équipe Astana ne s’aligne pas avec un grand favori, pouvant lui laisser des ouvertures.

La météo

Ca devrait être beau et chaud, d’excellentes conditions de course, sans vents importants. Une sélection par l’avant dans ce contexte. À prévoir, beaucoup de chutes, le peloton restera gros jusque loin dans la course et tout le monde voudra être devant à l’approche des monts. Ca va se jouer notamment sur les nerfs.

Van Der Poel, la grande classe

Ben mes amis(es), ca promet pour dimanche sur le Ronde!

Hier, Mathieu Van Der Poel a signé de superbe façon sa première victoire sur une course World Tour en remportant À travers la Flandre, le « petit » Tour des Flandres.

Du coup, c’est pas compliqué, deux cyclo-cross men débarquent sur le Ronde comme favoris de la course: lui et Wout Van Aert. Les deux sont jeunes, perclus de classe et ambitieux.

Van Aert semble toutefois plus robuste physiquement, doté d’une puissance de train supérieure à celle de Van Der Poel. Ce dernier est d’un physique plus longiligne, probablement meilleur grimpeur « pur » et doté d’habiletés techniques sur le vélo tout à fait exceptionnelles. Ca va être vraiment  intéressant à suivre dimanche.

Payez-vous les images du dernier kilomètre hier: Van Der Poel a fait preuve d’une grande maitrise de la course cycliste, se retournant à toutes les cinq secondes pour voir venir un démarrage de ses adversaires. Et ça a payé, puisqu’il a pu parfaitement anticiper le démarrage d’Anthony Turgis qui a lancé – un peu trop tôt – le sprint.

Rien à redire, Van Der Poel est déjà un excellent tacticien.

De la tactique, ils en auront aussi besoin dimanche pour contrer la Deceuninck Quick Step qui débarque avec plusieurs leaders: Bob Jungels d’abord, excellent 3e hier, mais aussi Philippe Gilbert, Zdenek Stybar et Yves Lampaerts. Ouf!

Ca sera très certainement une sélection par l’avant. Les leaders devront prendre leurs responsabilités dans le final, tout en faisant gaffe de ne pas donner trop de corde à l’échappée matinale. Contrairement aux années Boonen-Cancellara où ils n’étaient pas très nombreux à pouvoir s’imposer, ce sera une course très open dimanche, difficile à contrôler et en ce sens imprévisible. Suspense garanti, et c’est un cyclisme que j’aime.

Pour le reste, ce Van Der Poel, quelle classe!

Et y’a Remco Evenepoel qui suit derrière…

Milan SanRemo: Alaphilippe en patron

C’est un Milan SanRemo au scénario classique auquel on a assisté samedi dernier, mais qui nous a offert un beau final. Sept coureurs se sont extirpés de la masse au sommet du Poggio, une belle échappée royale avec Alaphilippe, Kwiatkowski, Valverde, Naesen, Sagan, Van Aert et Trentin.

Bien malin qui pouvait alors dire qui allait gagner… et je trouvais personnellement Sagan bien facile. Et quoi dire de ce vieux briscard de Valverde, toujours là à la fête!

Les deux dernières heures de course sont ici, ca vaut la peine.

Au terme de la descente du Poggio, trois hommes ont même pu rentrer, très certainement menés par ce diable de Nibali dans la descente. Mohoric et Simon Clarke avaient flairé la bonne affaire du jour! (remarquez, Bonifacio n’a pas fait une descente dégueu de la Cipressa, sur le vidéo ça commence à 1:39:40, vraiment de belles images d’un bon descendeur… maman, je descends comme ça moi aussi le col de la Croix Fry, hein Plasthmatic?!!)

Je sais pas vous, mais j’ai trouvé Alaphilippe impérial de lucidité, de maîtrise et de sang-froid dans les deux derniers kilomètres. Ce n’est jamais facile à gérer, ces foutus deux derniers kilomètres sur Milan San Remo: tu ne veux pas que ça rentre derrière, tu veux pas lancer de trop loin, tu veux gérer le jeu du chat et de la souris, bref, c’est compliqué lorsque tu es ainsi en petit comité.

Mais pas pour Alaphilippe samedi: en gros, il a sauté sur tout ce qui bougeait, Mohoric en faisant notamment les frais. Bref, une véritable attitude de vrai patron selon moi, façon Bernard Hinault: « je vais vous montrer comment ça se gagne, une course cycliste« . Clair, net et précis. Rien à ajouter.

Chose certaine, Alaphilippe était assurément sûr de lui, de ses jambes pour le sprint final. Il avait pourtant la pression, celle notamment de son équipe qui avait fait le boulot au pied du Poggio pour préparer sa cacahuète qui n’a pas manqué de survenir sur le haut de la bosse.

Alaphilippe est aujourd’hui numéro un mondial, et on se demande désormais où il s’arrêtera tant tout lui semble facile depuis ce maillot à pois ramené à Paris en juillet dernier. Il a simplement loupé ses Mondiaux, mais ca arrive sur le parcours d’un champion. Il est en tout cas de prendre une sacré dimension, et se pose désormais comme meilleur coureur français devant Pinot et Bardet. La suite sera très certainement les Ardennaises, où il retrouvera un certain… Mike Woods dans le Mur de Huy.

Un match Alaphilippe-Woods à cet endroit, avec comme arbitre le champion du monde Valverde, avouez que ça aurait de la gueule!!!

D’autres impressions

Ce Milan SanRemo m’a laissé admiratif de d’autres coureurs, en premier lieu Wout Van Aert. Il était dans le final! Le cyclo-cross man n’a pas mis longtemps à bien s’adapter aux distances des courses sur route, Milan San Remo étant la plus longue des Classiques. J’ai déjà hâte de le voir sur le Ronde ou sur Paris-Roubaix, je peux déjà vous dire que ca va faire mal…

By the way, y’a un certain Mathieu Van Der Poel qui a gagné ce week-end le GP de Denain, quelques jours après s’être pris une belle gamelle dans le final d’une semi-classique belge. Un match Van Aert-Van Der Poel dans le final du Ronde après avoir connu leurs batailles en cyclo-cross, on y arrive peut-être!

Matej Mohoric m’a aussi impressionné avec ses deux attaques dans les deux derniers kilomètres. 24 ans seulement je vous le rappelle, il a la classe sur un vélo celui-là.

Les stats Strava du Poggio, pour les amateurs, c’est ici. Presque 38 de moyenne à 417 watts pour Valverde, tout de même…

Mes favoris pour Milan SanRemo

On y est, le premier Monument de la saison cycliste 2019, Milan SanRemo. Toujours spectaculaire, toujours surprenante, toujours dramatique, Milan SanRemo est une course bien imprévisible.

Cette 110e édition devrait se disputer sous un temps clément, le soleil et des températures dans les 16 degrés, parfait pour Messieurs les coureurs qui affrontent tout de même 290 kilomètres. La course devrait être peu sélective.

Dans ce contexte, ça se jouera très probablement dans les derniers Capos, surtout le Poggio à quelques kilomètres de l’arrivée. Un Poggio qu’il faut savoir non seulement grimper, mais aussi descendre…

D’ordinaire réservée, dans le cyclisme moderne, aux sprinters, les deux dernières éditions de cette course se sont conclues sur un scénario différent: Nibali a niqué tout le monde dans le haut du Poggio en 2018, pour résister solo jusqu’à l’arrivée merci à ses talents de descendeur, et Kwiatkowski avait aussi anticipé le sprint en 2017 au sein d’une échappée de trois coureurs avec Sagan et Alaphilippe.

Mes favoris

Julian Alaphilippe est selon moi le favori samedi, de part ses qualités de puncheur et de descendeur. Il peut surgir dans le haut du Poggio façon Nibali l’an dernier et résister dans la descente, tout comme il peut surgir dans la descente voire sur le plat en jouant le coup du kilomètre. Seul bémol à ses possibilités, si son sprinter Viviani était encore présent au kilomètre, Alaphilippe pourrait avoir à se mettre à son service.

Je vois également Groenewegen si ça arrive au sprint. C’est probablement le meilleur sprinter du peloton en ce moment. Viviani sera son plus féroce adversaire, avec Colbrelli, Gaviria et Demare également. Voilà pour les sprinters capables de s’imposer samedi.

Kwiatlowski sera évidemment à surveiller, il a déjà gagné cette classique.

Sagan? Je n’y crois pas trop, mais avec la classe qu’il a, tout est possible. Sa seule chance selon moi est une arrivée au sprint avec aucune équipe capable de contrôler le dernier kilomètre.

Attention à Philippe Gilbert également, en vue ces derniers temps. Cette course le motive et il a l’expérience pour lui.

Attention aussi à Greg Van Avermaet, qui est capable d’un joli coup dans le Poggio voire dans les deux derniers kilomètres.

Alessandro Valverde sera au départ, toujours un coureur intéressant à suivre. Idem pour Gianni Moscon. Nacer Bouhanni sera également de la course, jusqu’où ira-t-il?!

À priori, pas de Canadiens au départ cette année.

Bon Milan SanRemo! Pour suivre la course sur Internet, je vous réfère à Cyclingfans ou Steephill, souvent les meilleurs tuyaux.

Que du Astana!

Outre les Deceuninck, on ne voit qu’une équipe gagner en ce moment, les Astana. C’est impressionnant, et le dernier week-end leur a encore apporté leur lot de victoires.

Astana en est désormais à 19 succès depuis le début de la saison, contre 17 pour Deceuninck. Astana, c’est l’équipe de l’heure.

Je ne me rappelle pas d’avoir vu une équipe pro à pareille fête en début de saison comme les Astana cette saison.

Hier, l’équipe s’est même payée un doublé: victoire de Jakob Fuglsang sur la 5e étape de Tirreno-Adriatico, après avoir terminé 2e des Strade Bianche le week-end dernier, et victoire de Ion Izaguirre dans la dernière étape de Paris-Nice, solo. Fuglsang a remporté plus tôt cette année le Tour d’Andalousie.

Pas mal!

La veille, Alexey Lutsenko avait lui aussi remporté une étape (la 4e) de Tirreno, après avoir remporté le Tour d’Oman plus tôt cette année, et terminé 4e du Het et 7e des Strade.

N’oublions pas Magnus Cort Nielsen, un peu sorti de nulle part cette semaine, qui a remporté la 4e étape de Paris-Nice.

Un autre Izaguirre, Gorka, remportait le Tour de la Provence il y a quelques semaines. Angel Lopez a quant à lui remporté le Tour de Colombie, et Luis Leon Sanchez, en vue sur ce Paris-Nice, a gagné le Tour de Murcie cette saison.

Ouf!

Même Hugo Houle, le Québécois de l’équipe, a été plutôt vu à son avantage sur ce Paris-Nice, frappant même à la porte du top-10 jusqu’à la dernière étape.

Y’a pas à dire, les coureurs de l’équipe ont vraiment la bonne patte ces temps-ci. Tiendront-ils ce régime encore longtemps? Personnellement j’en doute, on arrive sur les grandes Classiques et l’équipe ne présente pas une force de frappe importante sur les courses d’un jour, comme d’autres équipes peuvent l’avoir. On n’a cependant pas encore trop vu les Fraile et Cataldo devant.

Bernal gagne Paris-Nice

Si la victoire n’a pas échappé au Sky, c’est finalement le jeune Colombien de… 22 ans Egan Bernal qui s’est imposé au général de Paris-Nice, résistant le mieux aux deux dernières étapes accidentées. La longue montée du Turini a eu raison de Kwiatlowski samedi.

Je suis d’avis que l’adversaire le plus dangereux de Bernal aura été son compatriote Quintana chez Movistar. Ce dernier a probablement manqué d’équipiers hier sur la dernière étape pour tenter quelque chose contre les Sky, bien représentés dans le final. Quintana termine 2e à 39sec, de quoi nourrir quelques regrets, mais un résultat qui laisse peut-être présager une meilleure saison du Colombien.

Pour Bernal, fait intéressant, plusieurs grands champions cyclistes vainqueurs du Tour ont eux aussi remporté leur premier Paris-Nice, souvent surnommée le « petit » Tour de France. Un bon présage pour Bernal? Il a la classe, ca c’est évident en tout cas.

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