C’est le GP cycliste de Gatineau, ca commence aujourd’hui avec la course sur route à 17h30, et ca sera webdiffusé ici, une première. Excellente initiative!
Catégorie : Les courses Page 23 of 84
En attendant demain et le preview du Dauphiné…
À la surprise générale, l’Équatorien Richard Carapaz, 26 ans, a remporté hier le Tour d’Italie.
Pour moi, c’est avant tout la victoire d’un collectif, celui de la Movistar qui a complètement contrôlé la course dans les étapes clé en haute montagne, notamment sur le Mortirolo, le Menghen ou encore le Croce d’Aune dans la dernière semaine.
J’ai regardé toutes ces étapes attentivement, ils étaient parfois cinq Movistar aux avant-postes, imprimant le tempo ou allant chercher au train tous ceux qui tentaient de s’échapper, Nibali compris. Les Landa, Amador, Pedrero et Rojas, en particulier, ont su abattre un travail colossal pour Carapaz, et je dois avouer que j’ai pris du plaisir à voir l’équipe espagnole aussi cohérente.
À côté de ca, vous avez l’antithèse: Primoz Roglic complètement seul dans les phases cruciales de course, sans aucun équipier pour l’aider en montagne. Il a souvent eu à réagir en solitaire, et au niveau professionnel, ca ne pardonne pas. S’il a assurément baissé de régime en dernière semaine, je pense que la défaillance de son équipe lui a coûté très cher sur ce Giro.
Nibali s’est bien battu en dernière semaine, souvent flanqué de Caruso. Mais devant l’armada Movistar, c’était trop peu. Nibali a également usé de tactique, préférant parfois rouler avec les Movistar pour éloigner d’autres rivaux comme Roglic ou Angel Lopez. Il faut parfois choisir ses batailles… mais Nibali a assurément roulé pour préserver sa 2e place plutôt que pour gagner ce Giro…
Mine de rien tout de même, Nibali est un sacré coureur: sa 2e place sur ce Giro est son… 11e podium sur un grand tour, soit l’égal de Chris Froome, seul autre coureur en activité avec un tel palmarès. Le recordman de podiums sur un grand tour est Jacques Anquetil, avec 13, suivi de Gimondi et Hinault (12) puis Merckx (11). Le Requin de Messine se tourne maintenant sur le Tour de France, son prochain grand objectif… et je suis prêt à parier qu’il pourrait y briller.
Pour le reste, Richard Carapaz devient le 3e vainqueur sud-américain d’un grand tour cycliste, après Luis Herrera dans les années 1980 ainsi que Nairo Quintana plus récemment. Voilà qui confirme que ce cyclisme sud-américain présente actuellement une génération exceptionnelle de coureurs, mais parfois entachée de scandales de dopage. Wait and see.
Valentin Madouas, la révélation
Je me suis par ailleurs passionné pour le jeune coureur français Valentin Madouas, 22 ans, qui termine 13e de son premier grand tour, excusez-un-peu. Fils de Laurent Madouas, coureur pro dans les années 1990, et passé pro en 2018, 8e de l’Amstel plus tôt cette saison, j’ai été très impressionné de le voir échappé dans le final samedi de la dernière grosse étape de montagne. Il ose, il a un sacré moteur, Marc Madiot et Groupama tiennent là un coureur d’avenir, cela me parait évident. De quoi épauler efficacement Thibault Pinot en montagne. Mine de rien, le collectif de Groupama-FDJ tient de plus en plus la route, et ca devient une bien belle équipe, capable de briller sur plusieurs fronts durant la saison.
La même chose pourrait être dit du coureur italien Giulio Ciccone qui ramène le maillot de meilleur grimpeur à l’arrivée de ce Giro, avec une belle victoire d’étape en prime du côté de Ponte di Legno, après avoir passé le Mortirolo en tête. Il sera intéressant de suivre la progression de ce jeune coureur dans les prochaines années.
Les déceptions
Outre Primoz Roglic, abandonné de ses forces et par son équipe en dernière semaine, l’anglais Simon Yates a également déçu selon moi, ne terminant « que » 8e de ce Giro, en nette baisse dans les dernières étapes.
Dans une moindre mesure, Rafal Majka a également déçu, ne parvenant pas à décrocher une victoire d’étape en montagne, ce qui aurait sauvé son Giro. Il termine 6e, certes une place respectable, mais que tout le monde aura très vite oublié.
Les autres sont à leur place selon moi.
La suite
On entre dans la préparation finale en vue du Tour de France. Pour plusieurs, ce sera bientôt le Dauphiné-Libéré à partir de dimanche prochain. Pour d’autres, ce sera le Tour de Suisse, quelques jours plus tard. Enfin, quelques uns peaufineront leur préparation sur la Route du Sud, aujourd’hui appelée la Route d’Occitanie, entre les 20 et 23 juin prochain. Avant bien sûr les Championnats nationaux, le 30 juin prochain.
Pour certains, l’étape d’hier du Giro sur le Mortirolo n’aura pas concrétisé toutes les attentes, n’ayant pas chamboulé le classement général.
C’est que la Movistar s’est montré particulièrement coriace, Carapaz en tête mais aussi Landa. Avec les Astana et les Barhain, ils se sont de toute évidence ligués pour éliminer un seul adversaire, Primoz Roglic, décramponé sur les pentes terribles du Mortirolo.
Du coup, l’étape aura servi à ca: éloigner la menace Roglic.
On s’expliquera plus tard entre Nibali et Carapaz. Ce dernier semble rudement solide en montagne, et Nibali aura fort à faire pour le distancer. Les descentes, peut-être? Il y en a quelques unes de belles dans l’étape de samedi prochain…
Roglic: Giro perdu?
Primoz Roglic a-t-il perdu hier le Giro? Il pointe désormais à la 3e place, à un peu plus de deux minutes du maillot rose.
C’est limite, très limite bien évidemment si on considère le court chrono – 15 bornes environ – lors de la dernière étape. Roglic ne peut plus se permettre de perdre davantage de temps. Et même s’il n’en perdait plus, refaire plus de deux minutes sur Carapaz en 15 bornes sera un sacré défi. La 2e marche du podium est jouable bien entendu, mais la première?
La balle est donc dans le camp Carapaz. S’il devait tenir, ca serait tout un exploit de remporter ainsi ce Giro, à 25 ans.
Attention à l’étape d’aujourd’hui avec une arrivée compliquée après plusieurs kilomètres d’ascension. On peut facilement perdre une poignée de secondes dans les deux derniers kms.
Landa le joker?
Je dois dire que Landa m’a impressionné hier, semblant très à l’aise dans le final de l’étape. Sa condition est très certainement ascendante, et il sera un atout de taille pour Carapaz. Si ce dernier devait sombrer, attention à Landa qui, dans un grand jour, est capable de renverser l’épreuve sur une seule étape.
Après quelques jours de perturbations, La Flamme Rouge reprend son service normal avec le Giro.
On reprend la course aujourd’hui pour le dernier droit, et cette dernière semaine s’annonce redoutable. La météo, annoncée difficile (pluie, froid et vent) notamment aujourd’hui sur le Mortirolo, ajoutera à la difficulté de cette dernière semaine où des défaillances sévères ne sont pas à exclure. Spectacle garanti!
C’est une étape amputée du Gavia que l’on a aujourd’hui, ce dernier grand col étant impraticable étant donné les hauteurs de neige encore là-haut, et qui engendrent des risques d’avalanche non négligeables. La haute montagne, c’est aussi ça.
Du coup, l’étape est un peu moins difficile, mais les coureurs aborderont quand même le Mortirolo avec 136 kms dans les pattes. Aie. Ceux dont je suis qui ont déjà hissé leur carcasse en haut de ce col d’enfer apprécieront!
Mercredi, arrivée en altitude sur Antholz. Vendredi une autre arrivée en altitude, samedi l’autre étape-reine vers le Croce d’Aune via notamment le Passo Menghen, et dimanche le dernier chrono. Ouf.
Pour la gagne, c’est très serré et rien n’est encore joué. Ils sont trois à raisonnablement se disputer la victoire: Carapaz, Nibali et Roglic bien sûr. Ce vieux briscard de Nibali me semble bien menaçant, et il a l’expérience des troisièmes semaines sur les grands tours. On a vu Roglic isolé par moment sur les dernières étapes, son équipe saura-t-elle lui offrir le soutien dont il aura besoin? Et ce Carapaz, 25 ans, et qui en est à son 2e grand tour en carrière après le Giro 2018, que nous réserve-t-il? Il est l’inconnu du groupe, bien que sur papier, je ne crois pas qu’il puisse tenir la distance.
Reste enfin ce Landa, qui pointe en 5e place à 3min15. Capable de coups d’éclat, il n’y a rien à son épreuve s’il est en grande condition, et pourra se servir de la course d’équipe pour prendre des initiatives devant Carapaz.
Je mise personnellement sur Nibali. Ses talents de descendeurs, notamment demain sous la flotte dans la descente du Mortirolo vers Mono, pourraient bien le servir. Il devra toutefois distancer Roglic d’au moins une minute au général s’il veut lui résister dans le dernier chrono, à l’avantage de ce dernier.
Bref, un Giro encore bien ouvert, avec encore beaucoup de rebondissements potentiels. Ca sera très intéressant. Le beau temps est prévu de retour pour jeudi.
Wow! Y’a pas à dire, vous êtes nombreux à vous passionner, comme moi, pour le Giro: 55 commentaires laissés suite à mon aperçu du Giro 2019 publié vendredi dernier!
Merci à tous de vos commentaires, toujours aussi passionnant que de vous lire.
Et c’est tout une première étape que nous avons eu samedi dernier, un condensé du classement général final très probablement: 1) Roglic 2) Yates 3) Nibali 4) Lopez 5) Dumoulin. Difficile de faire mieux!
Un absent cependant de ce top-5 des favoris: Mikel Landa, seulement 36e de l’étape à plus d’une minute. Une grosse déception pour lui très certainement.
Deux surprises peut-être: Tao Geoghegan, 7e à 35sec, et Bauke Mollema juste derrière. Ces coureurs auront désormais la confiance de leur équipe respective.
Mais il est clair aujourd’hui que Roglic est l’homme à battre de ce Giro. LA question: pourra-t-il, voudra-t-il garder le maillot rose toute la course? Porter le maillot rose du premier au dernier jour serait tout un exploit, peu vu de nos jours dans le cyclisme moderne.
Personnellement, je pense qu’il peut le faire. Voudra-t-il, c’est une autre histoire. Son équipe et lui irons certainement avec les circonstances de course: si un autre coureur peu menaçant pour le général pouvait le porter et son équipe le défendre quelques jours, devenant des alliés, pourquoi pas?
Pour le général, le prochain test surviendra probablement lors de la 6e étape vers San Giovanni Rotondo: une étape piégeuse, où le travail d’équipe sera capital. 238 kms dans la journée, quand même… jamais facile.
Quoi qu’il en soit, c’est un Giro passionnant qui s’annonce, car très ouvert. Nibali a bien fait samedi, il voudra faire parler de lui, tout comme Dumoulin, vainqueur du général il y a deux ans. Tout ce joli monde ne restera pas les bras croisés, et la pression moindre que sur le Tour donne généralement une course plus intéressante.
Boivin par terre
Je souhaite bon courage à Guillaume Boivin pour la suite de ce Giro: le coureur québécois a chuté à 63kms de l’arrivée et n’est donc plus dans les meilleures dispositions pour la suite. C’est trop de malchance, chuter ainsi dès l’étape no2, alors que Guillaume a connu son lot d’ennuis ces dernières années… Bon courage champ!
On y est, le premier grand tour de la saison 2019, le Giro.
Ca débute demain par un prologue du côté de Bologne, un prologue pas tout à fait conventionnel d’ailleurs, 8km avec une belle ascension dans les deux derniers kilomètres. Sur ce genre de parcours, deux solutions pour la gagne: ou bien c’est un rouleur qui passe bien les bosses comme Tom Dumoulin, ou bien c’est un homme en forme comme Primoz Roglic. Victor Campanaerts? Je n’y crois pas.
Comment regarder le Giro depuis le Canada?
Pas simple cette année, la chaine télé RDS ne retransmettant pas la course. Il faudra se tourner vers des sites payants comme Fubo.tv ou Flobikes. Sinon, il faudra se fier à des sites qui proposent des livestream comme Steephill, Cyclingfans ou Tiz.Cycling.Live qui marchait bien sur la récente période des Classiques d’avril.
Les Canadiens
Un seul en course, Guillaume Boivin pour Israel Academy. Boivin est en bonne condition cette année, et je pense qu’il aura la confiance de son équipe. Plusieurs étapes au final compliqué pourraient lui convenir je pense, alors il faut y croire. Let’s go Guillaume!!!!
Education First a annoncé il y a quelques jours que Mike Woods ne serait finalement pas au départ, alors qu’on l’annonçait sur la course en décembre et janvier dernier. Changement de stratégie? Assurément oui. On veut probablement avoir Woods sur le prochain Tour de France aux côtés de Rigoberto Uran, question de ne pas se louper. Deux leaders sur une telle course valent mieux qu’un seul.
Pour moi, un parcours difficile, montagneux, avec notamment trois chronos (le prologue à Bologne, le deuxième vers San Marino lors de la 9e étape et le dernier le jour de l’arrivée à Vérone lors de la 21e étape) compliqués, chaque fois présentant de la pente. Ce genre de chrono est toujours difficile à négocier, tu dois garder du jus pour la bosse tout en ne perdant pas de temps sur les portions plus roulantes.
L’étape-reine? La 16e assurément entre Lovere et Ponte di Legno, 226 kilomètres excusez-un-peu, par delà les cols de la Presolana, du Gavia et du Mortirolo. La grande lessive! et on abordera le redoutable Mortirolo au km 186 de l’étape, putain, ca va faire très, très mal. Spectacle garanti, vous ne voulez pas manquer ca, sous aucun prétexte. Le Mortirolo les amis, pour l’avoir refait l’an dernier lors de la cyclo Gavia&Mortirolo, ce n’est pas une partie de plaisir…
Sinon, il y a quelques autres belles étapes à surveiller.
La 6e étape d’abord, avec une ascension dans le final vers San Giovanni Rotondo. Le style d’arrivée piégeuse, que les leaders qui jouent le général appréhendent, surtout après quelques étapes passées sur de gros braquets.
La 13e étape bien sûr, avec son arrivée en altitude à Ceresole Reale, au terme d’une ascension d’au moins 20 bornes et une longue approche en faux plat.
La 14e étape entre Saint-Vincent et Courmayeur sera également très excitante, seulement 131 kms mais pas un mètre de plat, 4 cols à franchir dont le premier après seulement… 13 kms de course! De quoi lancer les hostilités très tôt, et donner envie aux coureurs qui n’ont qu’une distance modeste à parcourir durant l’étape.
Les 17e et 19e étape présentent également une arrivée en altitude, la première à Anterselva, l’autre à San Martino. Chaque fois des étapes pas très longues, mais avec un final difficile à négocier.
La dernière grande étape sera la 20e, 193 kms entre Feltre et le fameux Croce d’Aune, zéro plat, un passage à plus de 2400m d’altitude sur le Manghen, de quoi décanter la course sur des organismes déjà bien fatigués. Si le maillot rose n’est pas encore bien accroché, ce sera passionnant.
Bref, un bien beau Giro qui devrait commencer assez peinard pour les grands leaders avec quelques étapes de « mise en jambes » dévolues aux sprinters en première semaine, avant d’attaquer les choses sérieuses avec le deuxième chrono. À partir de là, faudra répondre présent quasiment tous les jours.
Pour moi, deux noms: Primoz Roglic et Tom Dumoulin.
Primoz Roglic parce que c’est l’homme en forme et que ses capacités semblent monstrueuses. Le Tour de Romandie est là pour nous montrer que l’homme n’entend pas lésiner.
Tom Dumoulin, parce que ce parcours lui convient bien, surtout les chronos où il pourrait faire la différence. Roglic demeure toutefois un sacré client. Pour battre Roglic, c’est en 3e semaine que Dumoulin devra être bon.
Derrière, quelques autres coureurs peuvent rêver de s’imposer: Vicenzo Nibali, qui présente l’expérience des grands tours difficiles, Simon Yates, ainsi que deux espagnols, Mikel Landa et Miguel Angel Lopez. Ces deux derniers ne présentent toutefois pas de vraies garanties sur leur état actuel de forme.
À part ces six coureurs, oubliez ca pour le général!
Personnellement, je mise Dumoulin.
Très belle course dimanche dernier dans des conditions météo difficile, pluie et froid qui ont considérablement durcis la course.
Dans ces conditions, on savait que seul un homme en forme pourrait s’imposer. Malgré cela, la course a été très ouverte jusqu’à la Roche-aux-Faucons, presque trop parce que le traditionnel juge de paix, la côte de la Redoute, a été escamotée, petite déception pour moi à ce niveau. Aucun démarrage, juste du tempo jusqu’en haut pour les favoris qui, visiblement, souffraient déjà depuis plusieurs heures à cause de la météo.
On a cru longtemps que les Deceuninck avaient la course bien en main grâce à Vakoc et Mas surtout, emmenant Alaphilippe dans un fauteuil.
Mais comme aux Mondiaux l’an dernier, Alaphilippe a plié d’un coup, dans le final, ne pouvant suivre Woods puis Fuglsang.
Ce dernier a peu de temps après sorti Formolo et Woods au train pour filer jusqu’à l’arrivée, tenant ainsi sa revanche sur Alaphilippe et concluant ce printemps d’une bien belle manière je trouve.
Un costaud, ce Fuglsang! Comme d’ailleurs toute son équipe Astana, qui a atomisé sévère depuis le début de la saison. Surprenant parfois.
Les enseignements de LBL
D’abord Mike Woods, excellent 5e et qui vient nous rassurer sur sa condition. Normalement, il devrait être un coureur protégé sinon le leader d’EF sur le prochain Giro, de quoi l’aborder avec confiance et viser peut-être un podium.
Ensuite Vicenzo Nibali, 8e dimanche et qui a retrouvé de sa superbe à une semaine du départ du Giro, dont il sera l’un des favoris. Si sa condition est ascendante comme je le pense, il sera redoutable en dernière semaine de l’épreuve.
Également les bonnes surprises de la FDJ avec le petit grimpeur David Gaudu, 6e de la Doyenne. En l’absence sur ces épreuves ardennaises de Thibault Pinot, l’effectif FDJ a sorti de belles cartes récemment, avec également Rudy Mollard et Valentin Madouas qui se sont montrés ces trois dernières semaines. De quoi donner confiance à Marc Madiot pour l’avenir de son équipe sur les grandes classiques du printemps.
Enfin Mikel Landa, 7e dimanche. Le coureur Movistar, souvent inconstant, est annoncé leader de la formation sur le Giro également. Ca va être intéressant car lui, il peut tout faire: rouler, grimper, puncher.
Les déceptions
Les AG2R – La Mondiale. Leur leader Bardet est 21e, premier coureur de l’équipe à la ligne.
Les Sky, qui pouvaient espérer plus avec Kwiatkowski et Poels. La Sky cette saison, c’est jusqu’ici assez moyen je trouve, en tout cas pour le plus gros budget du WorldTour, les résultats sont plutôt minces. Mais attendons, les courses par étapes ne démarrent que maintenant.
Team Sunweb, Matthews et Dumoulin qui ratent leur final.
On enchaine donc avec le Tour de Romandie (prologue aujourd’hui), une épreuve que j’ai toujours affectionné tout particulièrement, la Suisse étant si belle et propice à la pratique du sport cycliste. Et avec le Giro qui pointe son nez, on va encore se régaler!
On termine la saison des Classiques du printemps ce dimanche avec Liège-Bastogne-Liège, la « Doyenne » des Classiques, créée en 1892 (105e édition en 2019).
Une sacrée belle course longue de 256 kms, et qui comporte neuf ascensions difficiles dans les 100 derniers kilomètres. Et on peut en effet penser que la course s’emballera réellement à partir de la côte de Mont-le-Soie, km 156. Traditionnellement, la sélection finale se fait dans la célèbre « côte de la Redoute », désormais mythique et un haut lieu du cyclisme avec Frank Vandenbroucke en 1998. Restera encore « les Forges » et la « Roche-aux-Faucons » par derrière avant de rallier l’arrivée située cette année dans Liège, après une descente et une dernière ligne droite (et non plus à Ans comme ces dernières années au terme d’une dernière ascension assez roulante).
On annonce pluvieux et frais (11 degrés) ce week-end en Belgique, cela durcira un peu la course très certainement. Un vent modéré est également prévu.
Les favoris
Évidemment, un seul nom: Julian Alaphilippe. Le vainqueur de Milan SanRemo, des Strade Bianche et de la Flèche Wallonne est l’homme à battre, qui plus est parce qu’épaulé par une redoutable équipe « Wolfpack » Deceuninck Quick-Step, qui compte en ses rangs les Philippe Gilbert (vainqueur de Paris-Roubaix), Bob Jungels (vainqueur sortant de la Doyenne), Enric Mas (qui a très bien placé Alaphilippe au pied du Mur de Huy mercredi dernier) ou encore Petr Vakoc. OUF!
Notez qu’Alaphilippe n’a jamais gagné la Doyenne, il sera donc motivé d’inscrire cette grande classique à son palmarès. C’est le temps d’en profiter!
En face, quelques formations pourraient leur tenir tête.
Les Lotto-Soudal d’abord, avec Wellens, Lambrecht et Vanendert. Ce Lambrecht, attention à lui dans les dernières bosses du parcours, c’est un sacré grimpeur-puncheur et il n’a aucune pression.
Les AG2R – La Mondiale avec Bardet et Cosnefroy ont un bon coup à jouer également. Bardet a terminé 3e l’an dernier.
Je pense enfin aux Astana avec Jakob Fuglsang bien sûr, mais aussi Lutsenko, Izaguirre et Leon Sanchez. On devrait retrouver ces formations dans le final.
Sinon, on a plusieurs autres coureurs qui pourraient très bien faire, à commencer par Michael Matthews dont le nouveau final n’est pas pour déplaire puisqu’il augmente les chances des sprinters qui passent aussi les bosses. Méfiez-vous de lui si ça arrive au sprint au sein d’un petit groupe.
Valverde, quadruple vainqueur, est évidemment un favori, tout comme Nibali, en vue sur le Tour des Alpes cette semaine. Adam Yates pourrait aussi être de la partie pour Michelton-Scott, tout comme les Kwiatkowski et Poels chez Sky, Dan Martin chez UAE ainsi que Guillaume Martin pour Wanty Groupe Gobert.
Mike Woods? Sa mauvaise place sur la Flèche aurait été due à un problème mécanique au plus mauvais moment. Ceci étant, Woods a également admis qu’il « n’avait pas les jambes » dans le final. Motivé par la Doyenne, je pense qu’il peut se rendre loin dans la course mais de là à jouer le podium comme l’an dernier, ça non vu la qualité du plateau en présence. Un top-10 serait déjà inespéré pour lui.
La Flèche Wallonne est peut-être la course cycliste la plus facile à prédire du calendrier.
Ca devient même lassant si vous voulez mon avis.
Dans ce cyclisme moderne où une échappée sur mille a une chance de réussir, la Flèche Wallonne est réduite depuis une 15aine d’année à une simple course de côte sur le dernier kilomètre, jusqu’en haut du Mur de Huy.
Et comme c’est une montée très spécifique, pour puncheurs-grimpeurs, ben y’a très peu de monde qui peuvent s’y imposer.
Valverde a gagné 4 années de suite, entre 2014 et 2017.
Alaphilippe s’y est installé depuis, gagnant hier pour la 2e année consécutive. Une belle victoire certes, acquise au prix d’un effort colossal dans les tous derniers mètres, son rival Fuglsang – encore lui – refusant obstinément de baisser pavillon.
Alaphilippe-Fuglsang, Fuglsang-Alaphilippe, ces deux-là ne se seront pas quittés de la saison des Classiques, bataillant depuis les Strade Bianche il y a un mois!
Pour moi, les informations à retenir sont ailleurs, et sont utiles en prévision de Liège-Bastogne-Liège dimanche prochain, une course plus ouverte.
Alejandro Valverde
On a probablement assisté hier à un passage de génération sur la Flèche Wallonne, le quintuple vainqueur et grand spécialiste de l’épreuve ne terminant « que » 11e. Valverde continue bien évidemment à être un redoutable coureur tant sur les courses d’un jour que sur les courses par étape, mais son registre évolue c’est évident. Il devient moins explosif, mais gagne en endurance. Laurent Jalabert, à la fin des années 1990 et dans les années 2000, avait connu ces changements: rappelons qu’il avait ramené le maillot vert à Paris en début de carrière, qu’il est devenu un redoutable chasseur de Classiques à sa maturité, et a terminé sa carrière par un maillot à pois sur le Tour, rompu aux longs efforts au seuil qu’exigent les grands cols.
Mike Woods
Le coureur canadien, 2e de la Doyenne l’an dernier, n’a pas vraiment rassuré hier, terminant à plus de 6 minutes du vainqueur. Il se réservait peut-être pour dimanche prochain, et a probablement travaillé pour Simon Clarke, déjà en vue sur l’Amstel. Ceci étant, s’il avait la bonne patte, je pense qu’on l’aurait vu mieux.
Les Français
Outre Alaphilippe, Romain Bardet, son co-équipier Benoit Cosnefroy, Guillaume Martin et Rudy Mollard sont tous dans les 20 premiers, intéressant! Les AG2R La Mondiale ont un bon coup à jouer dimanche prochain, et ils roulent forts également du côté du Tour des Alpes en ce moment (anciennement le Tour du Trentin).
Bjorg Lambrecht
Le jeune coureur (22 ans) format grimpeur de poche, 2e des Mondiaux U23 l’an dernier et vainqueur de Liège-Bastogne-Liège espoirs en 2017, progresse très vite chez les pros, terminant au pied du podium hier. Je suis convaincu que l’équipe Lotto-Soudal misera gros dimanche prochain, question de bien finir une saison des Classiques avec un manque de réussite, en jouant la carte de ce jeune coureur, de Vanendert aussi, et de Wellens. Beau line-up!
Peter Sagan
Pas au mieux ces dernières semaines, je n’ai pas compris pourquoi il a pris le départ hier de la Flèche Wallonne. Aucune chance de s’imposer, et son équipe a suffisamment de porteurs d’eau pour lui épargner ce rôle. Il a abandonné et quitte donc cette campagne des Classiques par la petite porte. Au programme pour lui, du repos avant de revenir sur le Tour de Californie le 12 mai prochain, une course qui lui permet habituellement de bien reprendre dans une ambiance relax.
Michael Matthews
Le meilleur sprinter des spécialistes des Classiques est 8e hier en haut du Mur de Huy! Attention à l’Australien dimanche, il a la bonne patte en ce moment et si ca devait arriver au sprint, c’est un sacré client.
Quel final de l’Amstel dimanche dernier!!! Et quel vainqueur, Mathieu Van Der Poel, in extremis. Avec le maillot de champion national des Pays-Bas sur le dos… it doesn’t get any better than that!
Ceci étant, avec une minute de retard à 5km de l’arrivée et encore 25sec à deux kilomètres de la ligne, Mathieu Van Der Poel et son groupe n’aurait jamais dû rentrer sur le duo en tête de course, Julian Alaphilippe et Jakob Fuglsang.
Ces deux là ne s’entendaient vraiment pas, c’était très clair. Fuglsang avait encore en travers de la gorge le final des Strade Bianche, où il s’était retrouvé dans la même position avec le même coureur. Il n’avait visiblement pas confiance en Alaphilippe et son erreur a été de l’attaquer à 4 kms de la ligne. Du coup, c’était certain qu’Alaphilippe ne passerait plus, ou alors en roulant « en dedans », question de pouvoir contrer une nouvelle attaque de son adversaire.
À ce niveau, c’est une grossière erreur de Fuglsang. Il fallait s’entendre jusqu’au km, pour l’aborder avec une bonne avance. Personne ne serait alors rentré.
Payez-vous les images des 5 derniers kms, Fuglsang et Alaphilippe n’avançaient plus, en particulier dans les deux derniers kms.
Cela n’enlève rien au mérite de Van Der Poel qui, pendant ce temps, roulait comme un possédé derrière pour revenir. Il a assumé seul tout le travail, sans rien demander à personne… il faut un gros moral pour faire un truc pareil. Et une grosse expérience du cyclo-cross où, très souvent, le coureur évolue seul en tête, à bloc. Visiblement, Van Der Poel ne se pose pas de question, et il a bien raison!
Le dernier kilomètre a été électrisant. C’est d’abord Kwiatkowski qui reprend le premier le duo de tête mais son accélération, assis, ne provoque aucun nouvel écart avec le groupe de chasse derrière. Du coup, ce groupe se rapproche et aux 600m, Van Der Poel prend les choses en main et fait course pour lui, sans plus se soucier des autres. Quelle vitesse! C’est pas compliqué, tous les autres ont l’air de coureurs amateurs à côté de son sprint.
Je pense que Van Der Poel vient de livrer une bien belle leçon aux coureurs sur route: « je prends mes responsabilités, je roule pour gagner et non pour faire perdre les autres, je ne me pose pas de question, et je mise sur mon héritage du cyclo-cross où je suis souvent dans une telle position« . C’est très rafraichissant.
Pour le reste, Peter Sagan a abandonné, montrant qu’assurément, il y a quelque chose qui cloche cette saison avec le coureur slovaque.
Hormis Van Der Poel, la belle surprise vient du Français Valentin Madouas, le fils de Laurent (coureur pro dans les années 1990), qui termine 8e de la course. Marc Madiot peut se réjouir de ce succès d’un jeune coureur de 22 ans, à l’approche de la Flèche Wallonne plus tard cette semaine et de Liège-Bastogne-Liège le week-end prochain.