Avant cette petite analyse du parcours du Tour cette année, un parcours loin d’être traditionnel, je me demande si la course ira au bout: la Covid-19 menace en France comme ailleurs ces jours-ci.
Rappelons que si deux coureurs ou personnel du staff d’une équipe est positif à la Covid-19, l’équipe tout entière est exclue du Tour. Les chances que cela arrive sont grandes, imaginez un maillot jaune comme Thibault Pinot à quelques jours de l’arrivée obligé à retourner chez lui parce que deux membres du personnel de la FDJ sont positifs à la Covid… ce serait vraiment crève-coeur.
Combien d’équipes seront-elles toujours présentes sur le Tour à l’approche de Paris? On peut se poser la question! Et c’est déjà parti, avec cette histoire de staff positif à la Covid-19 chez Lotto-Soudal hier. Inquiétant!
On rapporte toutefois qu’il serait possible que les organisateurs du Tour assouplissent la règle dans les prochaines heures. À suivre…
Je suis également un peu inquiet pour le déroulement de ce Tour, le préfet de la région de Nice ayant interdit hier l’accès en voiture aux cols des deux premières étapes. Seuls les piétons et les cyclistes masqués y auront accès, et les forces de l’ordre disperseront les gens pour éviter les attroupements sur le bord de la route. Toute la région des Alpes-Maritimes est passée en « code rouge » selon les autorités sanitaires, de nombreux cas récents de Covid-19 y ayant été rapportés.
Pour être atypique, ce Tour de France va être atypique. Et le parcours va certainement y contribuer:
Très peu de cols à plus de 2000m d’altitude. Voulait-on limiter les Colombiens, toujours bien oxygénés?
Très peu de chronos, en fait un seul, en côte, l’avant-dernier jour (Planche des Belles Filles). Voulait-on favoriser Thibault Pinot? (ce dernier chrono est chez lui)
Une seule étape de plus de 200 bornes (218, 12e étape). 11 étapes de moins de 170 bornes, soit grosso modo 4h de course. On a certainement privilégié une course de mouvement. Quand tu as 260 bornes à faire, tu prends ça tranquille sur les 150 premiers kilomètres. Quand tu en as 150 à faire, tu peux te permettre d’attaquer d’entrée!
Un parcours truffé d’étapes compliquées en moyenne montagne, donnant des opportunités d’attaque non seulement dans les ascensions, mais aussi dans les descentes. Plusieurs arrivées sont d’ailleurs situées au terme de courtes descentes assez techniques (2e, 8e, 9e, 18e, 19e étapes). A-t-on voulu favoriser le spectacle et des coureurs comme Alaphilippe?
Chose certaine, spectacle garanti cette année!
Contrairement au passé, par exemple durant l’époque Miguel Indurain, presque toutes les étapes de ce Tour de France sont propices à faire des écarts au général. À l’époque, il était facile d’identifier 8, 10 voire 12 étapes où on savait qu’il ne se passerait rien pour le général. Cette année, c’est tout le contraire!
Ca commencera dès la 2e étape, taillée pour les puncheurs comme Alaphilippe. 187 kms, quatre ascensions (Colmiane, Turini, Èze et col des Quatre chemins), de quoi donner des idées à bien des coureurs. Les grands favoris devront y être très vigilants, même si les écarts à l’arrivée devraient rester minces.

Deux rendez-vous en première semaine, du presque jamais vu: d’abord lors de la 4e étape avec l’arrivée à Orcières-Merlette (7km à 6,7%), puis la 6e étape et son arrivée au Mont Aigoual, après l’ascension difficile du col de la Lusette (12km à 7,3%).


On attaquera ensuite les Pyrénées pour deux courtes étapes (140 et 157 kms), les deux se terminant après une descente rapide. La 8e étape vers Loudenville offre dans son final le Port de Balès (12km à 7,7%) puis le Peyresourde (10km à 7,8%), de quoi faire les premiers gros écarts parmi les favoris.

Deux étapes à surveiller en 2e semaine, qui se termine sur les contreforts des Alpes. La 13e étape d’abord vers Puy-Mary, sur un parcours sacrément casse-pattes (4 400m de dénivelé!!!), pas un mètre de plat de toute la (longue – 191km) journée.

La 15e étape sera magnifique, avec l’arrivée en haut du Grand Colombier (17km à 7,1%) près du Lac du Bourget, une montée réputée longue et difficile. Comme les coureurs auront deux semaines de course usante dans les jambes et deux cols franchis plus tôt dans la journée (montée de la Selle de Fromentel 11km à 8,1% et le Col de la Biche, 7km à 8,9%), je pense qu’on aura une bonne idée du vainqueur du Tour au soir de cette étape.

Il restera alors trois étapes clé avant l’arrivée à Paris.
Pour moi l’étape-reine est la 17e étape, qui se terminera au col de la Loze à 2300m d’altitude. Une étape pas très longue (168km), mais les coureurs devront d’abord franchir le col de la Madeleine (17km à 8,4%), qui laisse toujours des traces.
Je pense qu’au soir de cette étape, les écarts seront établis et le maillot jaune solidement ancré sur les épaules d’un coureur.

168 km encore à franchir le lendemain lors de la 18e étape vers La Roche-sur-Foron, avec quatre cols à franchir. Le premier, le Cormet de Roseland (19km à 6,1%) fera la sélection, puis le col des Saisies, le facile col des Aravis et enfin le Plateau des Glières, une saleté (6km à 11,2%) qui ne laissera que les meilleurs du général devant pour l’explication finale.

Restera le chrono vers la Planche des Belles Filles lors de la 20e étape, 36 kms avec les six derniers kms en côte. Contrairement à beaucoup de monde, je ne crois pas que cette étape fera la différence pour le général, la dernière ascension est assez courte et les écarts ne devraient pas être très conséquents. Le Tour est suffisamment montagneux et difficile avant cette étape pour générer des écarts plus importants.

Mais on ne sait jamais! Un Pinot pourrait être à la lutte avec quelques secondes d’écart au général avec un ou deux autres coureurs.
Le facteur météo
Un Tour en septembre, c’est du jamais vu.
Je pense que le facteur météo interviendra surtout en 3e semaine, dans les Alpes. Les grosses canicules sont probablement à exclure, et si le mauvais temps s’en mêle, il pourrait faire froid ce qui affectera certains organismes plus que d’autres.
Pour le moment, on annonce un temps clément durant les premiers jours de la course.
À la télé
Pour moi, y’a pas photo: le mieux, c’est France Télévision, notamment à cause de la présence de Laurent Jalabert et Thomas Voeckler, tous deux vraiment excellents, notamment au niveau tactique. Encore proches de nombreux coureurs, ils ont des informations privilégiées permettant de bien comprendre les courses dans la course.
Ca sera en tout cas mon choix pour suivre ce Tour de France. J’utilise FilmOn depuis le Québec.
Un Tour féminin en 2022?
Ça a déjà existé, ça serait vraiment bien que revienne. Le président de l’UCI, le Français David Lappartient, a confirmé qu’une course féminine « majeure » par étapes était dans les cartons pour 2022.
C’est une excellente nouvelle! Je prends beaucoup de plaisir à regarder les courses féminines ces temps-ci, des courses souvent plus débridées, où l’on voit davantage d’attaques et de rebondissements que chez les hommes. Le final de la course sur route féminine des Championnats d’Europe a été un régal hier.