Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Catégorie : Entrainement Page 6 of 9

EPIC Ultime Plus selon Guy Thibault

Comme plusieurs d’entre vous, j’en ai un peu marre de traiter dopage ces jours-ci. L’actualité cycliste ne tourne qu’autour de ca et à la longue, ca devient franchement un peu chiant j’en conviens.

Et puis, peut-être que comme moi, vous commencez à ressentir la fatigue des efforts consentis sans relâche depuis janvier dernier pour être au top durant la saison de courses cyclistes. Après un mois de juin faste, mon mois de juillet est moins bon, la fatigue prenant le dessus sur ma volonté de me dépasser. Les intervalles hardcore, je commence à en avoir un peu marre!

Du coup, Guy Thibault vient nous sauver. Nous permettre de nous remotiver, en changeant notre routine.

Il m’a récemment écrit pour me donner les détails d’un entrainement de costaud, l’EPIC (EPIC pour « Entrainement Par Intervalles Courts ») Ultime Plus, susceptible d’avoir de réels impacts sur la condition physique, le tout en environ une heure d’entrainement bien sentie.

Voici donc le protocole à suivre:

Réchauffement suivi de:

8 x (30 s @ 100 % de la PAM – 30 s @ 25 % de la PAM) récup (2 min @ 30 % de la PAM) avant d’enchainer avec…

7 x (25 s @ 100 % de la PAM + 50 watts – 35 s @ 25 % de la PAM) récup (3 min @ 30 % de la PAM) avant d’enchainer avec…

6 x (20 s 25 s @ 100 % de la PAM + 100 watts – 40 s 25 % de la PAM) récup (4 min @ 30 % de la PAM) avant d’enchainer avec…

5 x (15 s @ 100 % de la PAM + 150 watts- 45 s @ 25 % de la PAM)

Cool down.

Autrement dit : huit fractions d’effort de 30 secondes avec une récupération de 30 secondes entre les répétitions et de 2 minutes entre les séries. Puis une deuxième série de sept fractions d’effort de 25 secondes avec une récupération de 35 secondes entre les répétitions et de 3 minutes entre les séries. Une troisième série de six fractions d’effort de 20 secondes avec une récupération de 40 secondes entre les répétitions et de 4 minutes entre les séries. Finalement, une quatrième série de cinq fractions d’effort de 15 secondes avec une récupération de 45 secondes entre les répétitions.

Beau programme en perspective! Mais c’est ultra-payant sur la condition cependant. Court, efficace, souffrant à souhait, mélangeant sprints de 15 secondes et intervalles plus longs sur 30 secondes, bref, un entrainement où vous aurez la tête dans le guidon et les yeux rivés sur votre compteur, vous permettant de ne pas voir le temps passer.

Je vais m’y coller dès la semaine prochaine alors que je serai en vacances du côté des États-Unis. C’est en plein le genre d’entrainement court, donc satisfaisant sur le plan familial, mais payant. Une heure sur le vélo et on rentre lessivé: le paradis tant pour nous, que pour les conjoints(es)!

902_0-2J’en profite pour témoigner à Guy toute ma reconnaissance pour avoir partagé cet entrainement avec nous, et l’en remercie. Guy a récemment oeuvré à la rédaction de l’ouvrage En pleine forme: conseils pratiques pour s’entrainer et persévérer, publié aux éditions Vélo Québec. Le livre veut rejoindre un public large, peu pratiquant, afin de lui donner les moyens d’entreprendre des sports avec succès, et en tirer les bénéfices sur le plan de la santé.

Pour les sportifs plus aguerris, le livre renferme aussi une foule d’informations utiles permettant de rendre son entrainement plus efficace, et préserver sa santé. Il permet également de faire le point sur les techniques modernes et les récentes avancées en matière d’entrainement. Un must!

Camp d’entrainement 2013 – Rouleurs de l’Outaouais – Cornwall

Jamais utilisé IMovie avant, mais je me lance!

Mon entrainement hivernal

Je prends au bond la balle lancée par mon ami Z Boy: mon entrainement hivernal?

C’est Michele Bartoli, quelle classe sur un vélo!, qui le disait: pour être un bon cycliste, il faut faire du vélo.

Par transposition, on pourrait aussi dire que pour être un bon fondeur, il faut fondre. Oups, faire du ski de fond.

Pour être un bon nageur, il faut nager.

Et pour être un bon menteur, il faut être Lance Armstrong. Oups, celle-là a pas rapport… Scusez-moi.

Comme mon sport est le cyclisme, mon entrainement hivernal est établi en fonction d’être opérationnel sur mon vélo dès la reprise, quelque part vers la mi-mars au Québec. J’aime être opérationnel sur mon vélo rapidement, de quoi donner des remords aux petits copains qui l’ont coulé douce l’hiver venu. On ne se refait pas.

Mon secret? Pas de secret. Juste des principes simples.

Le premier, c’est la régularité. Comme dans d’autre chose d’ailleurs. Pas la peine de faire 1h de home-trainer si on n’y touche plus pendant deux semaines après!

Donc quand je commence, je ne m’arrête plus. La motivation est essentielle. Cette motivation suppose de s’être fixé des objectifs. Les miens en 2013? Je vous les dis pas, lalalère… Ils sont toutefois nettement moins ambitieux que ceux de 2012, mais ceux de 2014 sont nettement plus ambitieux que ceux de 2012. Vous suivez?

Bon, et d’un.

De deux, les intervalles. Faut souffrir pour être beau! Fini la récréation.

Parce que la science, notamment celle de Guy Thibault, nous a prouvé qu’avec un nombre limité d’heures d’entrainement par semaine, on peut être très performant. À condition que ce nombre d’heures limités soit bien investi. Je ne parle évidemment pas de mon budget dopage ici!!!

J’ai deux enfants, une conjointe pas cycliste (une chance, y’a assez d’un freak dans cette maison!), une maison justement, un boulot très, très prenant et à temps plein (pas 35h par semaine, 38,75 je précise), et d’autres intérêts dans la vie que de simplement m’entrainer dans mes loisirs (notamment faire La Flamme Rouge et la porno – je déconne pour La Flamme Rouge…).

Donc « nombre d’heures limités », ca veut dire pour moi entre 5 et 7h d’entrainement par semaine l’hiver. Ca monte entre 7 et 10h durant l’été, avec les sorties du samedi matin, souvent plus longues. Crevaisons et défaillances non incluses.

Alors, ma semaine?

Ca commence par du repos: lundi off! C’est ti pas cool, ça?!

Mardi, home-trainer. Je déteste ce putain d’engin. Mais je m’y astreins (je suppose en pratiquant la dissociation – ca va me coûter cher de thérapie à 60 ans!), car les bénéfices sont astronomiques.

Au menu, 70 minutes de home-trainer, avec des intervalles d’abord courts, en ce moment, puis plus longs à mesure qu’on se rapproche de la mi-mars. En ce moment, les EPIC Ultime de Guy sont exquis… de souffrance ultime! Je ne sais pas si je dois maudire Guy ou le remercier, mais je me raccroche à ses paroles pour me motiver: à chaque EPIC Ultime de complété, c’est un gain de 3 watts en PAM… Faisons le calcul: 3 EPIC de fait cette année, ca nous fait donc 9 watts de PAM estimée. Ca doit pas être loin de ca si je me fie à mes sensations actuelles!

Le mercredi, muscu et gainage. Là, je diversifie: natation, Compex (à ne pratiquer que seul, sous peine de se faire ramasser pour être placé à Pinel…), c’est selon. Parfois du ski de fond aussi, en soirée, mollo, et ce sont les bras qui travaillent davantage que le reste. Environ 45 min à une heure max.

Le jeudi, rebelotte: home-trainer, intervalles. 70 min. Putain de home-trainer… Pour passer le temps, c’est parfois SufferFest au menu. Dans mon cas, c’est plus « Suffer » que « Fest ». Et mon dicton est « I will beat my ass today to try and follow yours tomorrow »…

Le vendredi, off. Sachons vivre et sachons surtout rester en couple… (version officielle) ou préparer la fin de semaine (version non-officielle)…

Le samedi, sortie longue et parfois intense en ski de fond (skating, souvent en fartlek). Souvent seul. En ce moment, c’est du 2h ou 2h30 environ. Dans un mois, ce sera 3h, puis je terminerai fin février par deux ou trois sorties de 3h30 ou 4h, pèlerinage vers la « Tour à feu » du Parc de la Gatineau oblige.

En cas de mauvais temps ou de températures nécessitant l’usage de vaseline dans le visage (j’ai passé l’âge), comme en ce moment au Québec, c’est en pestant une fois de plus contre mon home-trainer que je me rabats sur cet engin de malheur, pour 80 minutes et divers exercices: one-leg intervals (5×45 sec pour chaque jambe), intervalles plus longs et parfois en escalier (5 – 7 – 10 – 7 – 5 min), à une PAM moindre que pour les EPIC bien sûr, ou encore un « steady ride » à X nombre de watts constants, question de voir ou j’en suis (nous avons tous nos petits tests).

Le dimanche, ski de fond si home-trainer le samedi, et ski de fond ou home-trainer si ski de fond le samedi. Vous suivez? Il faut savoir se donner du lousse, selon nos envies, en cette période de l’année. Donc je choisis.

Si home-trainer, au menu muscu et gainage, avec gros braquets (du style 5x5min à 50 de RPM, suivi de 5min à 110 de RPM, sur braquets plus petits), avec en complément mon Compex (dépendemment de la sortie de la veille!). Si ski de fond, l’intensité dépendra de la sortie effectuée la veille. Comme dit Z Boy cependant, pour rester dans des zones d’intensité faible en ski de fond, il faut se parler souvent… et moi, je ne me parle presque jamais.

Parfois, le dimanche, c’est aussi ski alpin en famille (ne rigolez pas, les cuisses travaillent méchamment si, comme moi, vous faites 20 virages aux 10 mètres, sur le bord du bois, dans un corridor fictif de 3 mètres de large).

Voilà donc pour l’entrainement. J’en étais où? Ha oui! De deux.

De trois, une telle recette hebdomadaire doit évidemment se coupler d’une meilleure alimentation: moins d’alcool, plus de fruits et légumes, vous voyez le topo. « Doit évidemment se coupler »…

Habituellement (c’est à dire avant mes 42 ans…), un tel programme me permettait d’être assez bien sur le vélo au printemps: l’endurance est là grâce au ski de fond, les jambes sont là aussi grâce au home-trainer et à la muscu/gainage, et l’intensité est potable, sans être parfaite (c’est jamais tout à fait pareil sur route que sur home-trainer). De plus, les deux journées de repos (oups, je voulais dire de rénovation – ma blonde va peut-être lire ces lignes) par semaine durant l’hiver me permettaient habituellement d’en garder sous la pédale pour la saison sur route.

Le hic dans tout ça? Le hic, c’est que j’entends déjà ceux qui me connaissent rigoler d’ici. Ils savent trop bien que je commets des erreurs parfois. Nul n’est parfait, et je confesse devant vous aujourd’hui une petite tendance à en faire beaucoup, lorsque je reprends l’entrainement (je dois être le seul être humain sur cette planète à s’être intoxiqué à la tisane de prêle depuis le 1er janvier cette année), comme un petit côté à dramatiser ma condition physique (je ne pousse pas 9 watts en ce moment, mais 18).

J’en connais d’autres qui se cachent pour s’entrainer! Voilà un autre sujet, Z Boy!

Sortie relax à Chambéry

Petit reportage photo d’une sortie « tranquille » à Chambéry, berceau de ma passion pour le cyclisme.

Le jour se lève sur la Haute Route, toute proche maintenant.

Chambéry, tout près du lac du Bourget, une ville truffée de pistes cyclables et siège de l’équipe World Tour AG2R La Mondiale.

Je ne sais pas pourquoi, ce panneau m’interpelait!!! (et pour mes amis cyclistes qui voudront savoir, oui je portais le casque ce matin).

La fontaine des 4 sans cul, ou fontaine des éléphants, au coeur de Chambéry, en l’honneur du duc de Boigne qui a fait, jadis, des campagnes militaires du côté des Indes.

Le pavillon de chasse des ducs de Savoie.

La croix du Nivolet, du massif des Bauges tout près de Chambéry.

Le lac du Bourget, plus grand lac intérieur de France.

La dent du Chat, avec juste à côté le relais du Chat, que les cyclistes du coin connaissent (et redoutent) bien.

Ici débutent les réjouissances pour ceux qui s’attaquent à la montée du relais du Chat, une des plus difficiles ascensions des Alpes. Pas pour moi aujourd’hui!

Sur le retour, l’oncle Jean-Claude, le responsable de ma passion du cyclisme. Et dans le coin, la tenue AG2R s’impose pour les supporters de l’équipe!

La folie Strava

Le nouveau gadget de l’heure dans le monde du cyclisme amateur, c’est sans conteste Strava.

Avec Strava, presque plus besoin d’organiser des compétitions: c’est la compétition qui vient à vous et ce, où et quand vous le désirez.

Certains coureurs de mon équipe ont vu leur motivation décuplée récemment, à un moment de la saison où justement, la motivation pour les grands efforts est souvent à la baisse.

Comment Strava fonctionne?

Très simple.

Vous vous créez un compte. C’est gratuit.

Vous installez l’application (gratuite elle-aussi) sur votre téléphone intelligent ou sur un Garmin. La fonction GPS est nécessaire.

Une fois cela fait, vous allez rouler, en n’oubliant pas de partir votre GPS qui enregistrera donc votre parcours, la dénivelé, le temps, la moyenne, etc.

Une fois rentré, vous téléchargez le tout sur Strava et le partagez avec les petits copains que vous aurez rejoint en créant ainsi votre communauté, qui peut aussi être composée des membres de votre équipe cycliste.

L’intérêt?

C’est que Strava vous mets en compétition avec les autres sur certains tronçons sélectionnés, habituellement les bosses de votre secteur.

Évidemment, le petit jeu est d’établir le meilleur temps du dit-tronçon, et ainsi avoir le titre convoité de KOM, ou « King of the Mountain ».

Attention, un titre de KOM peut être très éphémère! Vos petits copains voudront vous reprendre rapidement le titre convoité et iront probablement se faire péter les varices, question de vous battre, ne serait-ce que d’une petite seconde.

Rapidement donc, vos sorties d’entrainement pourront se transformer en des séances très spécifiques dont l’unique but sera de tenter de réaliser le meilleur temps sur un tronçon bien particulier près de chez vous.

La communauté Strava est déjà bien active dans la région de l’Outaouais et gagne tous les jours de nouveaux fidèles parmi les coureurs de la région. Les tronçons chronométrés se multiplient et certains temps font rêver, notamment sur les ascensions du Parc de la Gatineau. Dans bien des cas, on est au-delà des… 400 watts de moyenne pour quelques minutes!

Mon avis? Une sacré bonne idée! Le site internet est bien fait, facile d’utilisation et propre à rapidement créer de grandes communautés. L’application mobile pour votre GPS est également facile d’utilisation. Mais surtout, Strava vous pousse à aller vous entrainer et à donner le meilleur de vous-même pour essayer de devenir un KOM sur un tronçon particulier. Ludique, présentant des défis sans cesse renouvelés, poussant à revenir à l’application fréquemment pour voir son classement sur un tronçon où si le titre de KOM nous a été ravi, Strava a tout pour s’imposer comme l’application majeure du monde du cyclisme.

Whiteface en préparation de la Haute Route

Vous êtes nombreux à me demander des précisions à propos de mes escapades du côté de Lake Placid aux États-Unis afin de grimper Whiteface Mountain, une ascension très proche de l’Alpe d’Huez autant en longueur qu’en pourcentage moyen.

J’y suis allé ce week-end, pour deux ascensions samedi et une dimanche. Reportage façon VéloGessien, que je salue au passage en continuant de me délecter de leurs aventures.

Lake Placid, d’Ottawa-Gatineau, c’est trois heures de route. Samedi midi, pas de doute, nous y voilà. Site des Jeux Olympiques de 1932 et 1980. Au loin, Whiteface Mountain se dresse devant nous. Le théâtre de nos exploits. Il faudra, tout à l’heure, se hisser tout là haut!

Tous les cyclistes et triathlètes qui vont s’entrainer à Lake Placid connaissent Placid Planet, la belle boutique de vélo du coin.

Mirror Lake, en plein coeur de la ville. Le site de natation du célèbre Ironman chaque année. Ce week-end, c’était une compétition de kayak.

Le stade olympique et son centre d’interprétation. Bonjour le drapeau! (mais aux States, des drapeaux américains, c’est pas ce qui manque…)

À la sortie de Lake Placid direction le pied de Whiteface, les deux tremplins à ski se détachent sur l’horizon. Je préfère le vélo à me lancer du haut d’une de ces tours, dans le vide!

Entrée du centre de ski. Whiteface, c’est tout là haut, 1500m d’altitude. La dame couchée? Connait pas: je n’ai pas osé troubler son repos pour prendre une photo!

Mountain Brook Lodge à Wilmington, notre pied-à-terre du week-end. Rustique, mais très bien. Le proprio Al est très sympathique et les chambres sont confortables, même si ce n’est pas spécialement moderne. Une bonne adresse située à 200m du début de la montée de Whiteface.

Les vélos sont prêts. Photo « façon VéloGessien ».

Petit réchauffement avec mon coéquipier Martin, lui aussi participant à la Haute Route, autour de Wilmington, question de chauffer un peu les cuisses avant l’épreuve.

Ca commence ici. Km 0 au carrefour.

Au départ de la montée, ça promet: direction le Pôle Nord et la boutique du Père Noël!

Bienvenue au Pôle Nord, après 2 km d’ascension.

La « gate » du Veteran’s Memorial Highway. À ce stade, vous en avez terminé des 5 premiers kms d’ascension. Les plus costauds mettront moins de 19 minutes pour arriver à cet endroit. Tout ceux qui y arrivent en moins de 20 minutes ont déjà bien grimpé.

Les conditions au sommet. Aux States, c’est en pied et en farenheit. La route est ouverte de 8h30 à 17h30 tous les jours. Le préposé m’accueille avec un « the price of pain today is 6 bucks »! Six dollars pour le droit de poursuivre. À chaque passage (pas de tarifs de gros pour galériens de Whiteface comme moi).

Altitude 2638 pieds, ou 800m.

Le décor commence à devenir intéressant, on prend de la hauteur.

Le sommet de Whiteface hier matin était dans les nuages.

Altitude 3307 pieds, ou 1000m.

Altitude 3893 pieds, ou 1200m. Bientôt fini.

Le premier des deux seuls lacets de la montée, le Lake Placid turn. Une fois à cet endroit, vous y êtes presque et l’effort est plus facile, la pente s’adoucissant.

Votre serviteur au Lake Placid turn. Derrière, le lac Placid, en fer à cheval.

Deuxième et dernier lacet avant la rampe finale, le Wilmington turn. C’est là qu’il faut relancer pour les derniers 800m!

Le dernier droit, altitude 4499 pieds, ou 1400m.

Le refuge du haut dans les nuages, altitude 1405m. Pour moi samedi, une première ascension en 56min45 et une deuxième en 59min, malgré un bon vent de face sur la première partie de l’ascension, avant la gate. Et dimanche matin, 59 minutes là encore.

Mon coéquipier Martin en termine avec son ascension.

Dans la descente. Nous étions bien dans les nuages deux lacets plus haut.

Prochain rendez-vous avec Whiteface dans deux semaines, pour une nouvelle journée d’entrainement avec, peut-être, trois ascensions dans la journée!

Un must: Entrainement Cardio, de Guy Thibault

Suite à la conférence de Guy Thibault à Gatineau il y a quelques semaines, je me suis procuré son ouvrage Entrainement Cardio. En France, l’ouvrage est aussi disponible aux Éditions Amphora sous le titre Entrainement et Performance.

J’ai adoré. Cet ouvrage propose un équilibre parfait entre précision scientifique et vulgarisation. Vous avez ainsi accès aux dernières avancées dans le domaine de l’entrainement, mais présentées de façon à ce que vous puissiez rapidement comprendre comment les appliquer.

Le livre propose huit chapitres.

Le premier porte sur les déterminants de la performance: l’occasion de démêler PAM et VO2max!

Le deuxième chapitre porte sur la planification d’une séance d’entrainement, question de maximiser le temps que vous consacrez à votre entrainement. On y présente notamment les intérêts et désavantages de diverses séances d’entrainement (continu lent, continu rapide, fartlek, fractionné, par intervalles longs, par intervalles courts, etc.) dans un tableau 2.1 que j’ai trouvé très intéressant.

Le chapitre trois montre comment concevoir un plan d’entrainement. Guy Thibault nous y présente certaines solutions au mariage hebdomadaire toujours complexe entre séances par intervalles, séances de musculation et séances d’étirement.

Le chapitre quatre nous décrit certaines particularités de l’entrainement spécifique à un sport. Guy Thibault y couvre le cyclisme, la course à pied, le ski de fond, la natation et le triathlon. En cyclisme, on trouvera des conseils pour s’améliorer dans les principaux exercices du sport: côtes, sprints, contre-la-montre.

Le chapitre cinq, coeur de l’ouvrage, propose des programmes d’entrainement types, sous forme de tableaux détaillés, de quoi meubler de nombreux hivers tant les propositions de séances ou de programmes d’entrainement sont nombreux! On y présente notamment les détails de l’EPIC Ultime ou comment se préparer à des cyclosportives.

Le chapitre six parle de bien-être et de santé, et notamment d’amaigrissement, de gestion de la douleur, de crampes et de maladies. Doit-on s’entrainer lorsqu’on a un rhume l’hiver ? La réponse est dans le livre!

Le chapitre sept porte sur la relation des athlètes à l’environnement et le chapitre huit, sur l’entrainement cardio à diverses étapes de la vie.

En résumé, j’ai trouvé l’ouvrage de Guy Thibault extrêmement utile dans ma vie. J’ai pu facilement comprendre les concepts et passer de la théorie à la pratique. Ce bouquin est donc à placer entre le très technique Cyclisme et optimisation de la performance de Frédéric Grappe et tous ces nombreux ouvrages très vulgarisés pour les débutants et où le cycliste aguerri n’apprend rien.

Après plus de 20 ans à lire sur l’entrainement cycliste, j’en connais un rayon sur la préparation physique d’un coureur cycliste. Du moins, c’est ce que je croyais avant de lire l’ouvrage de Guy Thibault. Cet ouvrage a l’immense mérite de m’avoir appris de nouvelles choses, contribuant ainsi à me mettre à jour quant aux plus récentes percées en matière d’entrainement. Et lorsqu’on a que 6 à 8h par semaine à consacrer à son entrainement, c’est très, très pratique!

Planté!

J’aime aussi le vélo pour ça: en l’espace de quelques minutes, vous êtes fixés. Vous savez si vous êtes dans un grand jour ou si vous êtes plantés.

Et hier, j’étais planté. Vraiment planté.

Les pires sensations en un an.

Dans ces conditions, le vélo tourne vite à la galère: le souffle court, la panne de jambes, même les braquets d’asmathiques sont difficiles à amener. Votre corps tout entier est mal sur le vélo. Rien à faire, aucune position n’est la bonne. La misère. Et puis après quelques kilomètres dans ces conditions, c’est le moral qui flanche.

Il faut dire que j’ai des circonstances atténuantes: gros mal de gorge depuis lundi, et une grosse fatigue aussi. De toute évidence, mon corps combat un virus, probablement le même que celui qui contraint actuellement mes deux enfants à prendre des antibiotiques.

Mais après 3 jours sans vélo, et par une météo plutôt clémente, je n’ai pas résisté à l’envie de faire un petit test. Short and sweet. Au programme, trois belles bosses à avaler « plein pot », et une heure d’entrainement maxi.

Ben le « plein pot », ça n’a pas duré longtemps!

Et puis il y a ce putain de mal au bas du dos, côté gauche. Pas sur la colonne vertébrale, juste à côté. Pas vraiment gênant à l’effort, mais sensible après. Ca irradie jusque dans la cuisse gauche par moment.

Dans ces occasions, il ne faut pas hésiter à revoir la planif. Je suis dans une semaine de repos de toute façon. On prend donc ça relax, off the bike, demain. On verra samedi comment on se sent au lever.

Oui, j’aime le vélo parce qu’il a ceci de bien: il impose à chacun d’entre nous à la modestie. La frime, sur un vélo, ne dure jamais très longtemps et gare au ridicule pour celui qui ne peut assumer ses paroles une fois sur le vélo, lancé à plus de 40km/h.

Modeste, je ne l’ai jamais autant été que ce soir. L’état de grâce et, plus encore, la Haute Route sont bien loin!

La Haute Route 2012: la suite

Je vous confiais, le 4 janvier dernier, mon grand objectif 2012: la Haute Route.

780 bornes répartis en 7 étapes, 19 grands cols, 21 000m de dénivelé (trois fois l’Everest), bref, une belle partie de manivelles.

L’entrainement se poursuit et s’est intensifié cette semaine avec mon retour au Québec et la météo estivale qui s’est installée.

Plusieurs me demandaient comment je pouvais m’entrainer lors de mes déplacements à l’étranger.

Pas simple en effet! Des voyages professionnels sont souvent l’occasion de cumuler tous les facteurs négatifs à l’entrainement de qualité: décalage horaire, fatigue, stress, mauvaise alimentation, sommeil perturbé, etc.

Du 7 au 14 mars dernier, j’ai passé une semaine au Mexique, vacances. Le défi était alors de ne pas céder à la formule « tout inclus » de ces parcs à touristes. Au menu donc, 1h15min de spinning bien senti tous les matins (ou presque), séances de stretching, peu d’alcool, contrôle de l’alimentation. Les entrainements étaient sous la supervision de Pierre Lemay et Performance de Pointe.

Du 14 au 20, j’étais à Paris par affaire. Sans vélo, sans possibilité simple d’entrainement, j’ai joué sur d’autres facteurs: limitation de l’apport calorique journalier, beaucoup de marche et d’escaliers, et séances d’électrostimulation, notamment en regardant Milan SanRemo à la téloche. Et peu d’alcool!

Au retour, le poids n’a pas bougé et la force a été préservée. Les premiers tests sur le vélo (des sorties de 90 bornes… loin de celles de mon équipier Richard Jodoin et ses… 212 kms mercredi!!!!) sont concluants: la condition est honnête, sans être l’état de grâce non plus… pour le moment du moins.

Chose certaine, d’autres participants à la Haute Route prennent l’affaire au sérieux: à ne pas manquer, ce joli et très amusant petit vidéo fait par les « Black Widows », une équipe qui sera présente en août prochain. Bravo les gars!

Par ailleurs, c’est « retour au service normal » sur La Flamme Rouge après quelques perturbations liées à un « hack » du site, raison pour laquelle le vote des commentaires a été temporairement supprimé. Bonne saison cycliste à tous et au plaisir de faire un bout de chemin avec vous!

 

Guy Thibault vous répond

Les récents articles portant sur l'Entrainement Par Intervalles Courts (EPIC) publiés sur La Flamme Rouge ont attiré votre attention. Suite à notre entrevue complémentaire avec Guy Thibault, vous avez été nombreux à laisser des commentaires et des questions.

Guy a eu l'amabilité de m'envoyer un texte en réponse à ces questions. Je le publie aujourd'hui en guise de complément d'information. 

Je tiens également à remercier Guy pour tous les récents échanges. Manifestement, cela a suscité un grand intérêt et nous sommes désormais nombreux, je pense, à avoir intégré l'EPIC à nos entrainements!

Je laisse donc la "parole" à Guy:

Alain a raison : plutôt que « Chacune des 9 séries du premier bloc », il fallait lire « chacune des 3 séries du premier bloc ». Mais je voulais bien dire « à intensité très faible entre les séries », car dans la formule d’origine que je décrivais, la récupération entre les blocs n’est pas différente de la récupération entre les séries. Toutefois, les cyclistes qui veulent allonger la séance peuvent très bien s’allouer, entre les blocs, une récupération plus longue que les 2 minutes prescrites.

Marmotte demande si une PMA de 320 watts pour un poids corporel de 75 kg est un bon résultat. C’est excellent, surtout après 4 mois sans entraînement, bien que l’élite mondiale se situe à un niveau pas mal plus élevé. Pour construire un bon plan d’entraînement, vous pourriez vous inspirer de mon dernier livre disponible en France chez Amphora (Sports d’endurance, entraînement & performance) et au Québec chez Vélo Québec Éditions, sous un autre titre (Entraînement cardio; sports d’endurance et performance). L’amélioration de la PMA dépend de votre «traînabilité»; il en est question dans mon livre.

Patrick évoque la difficulté grandissante de faire de l’EPIC après un certain âge. En réalité, il y a des cyclistes âgés qui sont pas mal plus aptes à faire de l’EPIC que des jeunes moins entraînés. Ce qui change le plus après un certain âge, c’est l’aptitude à récupérer. Âgé de 55 ans, je savoure régulièrement des séances intensives, mais je m’alloue tout le temps nécessaire pour me refaire une santé avant la prochaine séance excitante.

Louis se dit déçu que je ne fournisse aucune balise objective quant à la puissance à utiliser pour les fragments d’effort et de récupération de la séance « ultime ». Je fais exprès! Pourquoi? Parce que je crois que cette formule se prête bien à la spontanéité, qu’elle permet d’apprendre à doser son effort sans nécessairement avoir une rétroaction sur la puissance de pédalage, et surtout parce qu’il est très amusant de varier la façon de répartir l’effort d’une séance à l’autre ou même d’un bloc à l’autre. Par exemple, dans mon groupe d’entraînement, on réduit beaucoup l’intensité pendant la récupération entre les répétitions, afin de pousser un cran plus fort dans les fractions d’effort. Mais à d’autres moments, on fait le contraire, c’est-à-dire qu’on réduit moins l’intensité pendant la récupération entre les répétitions, pour s’imposer un stress qui ressemble à celui vécu dans des situations de course. Dans ce dernier cas, c’est pratiquement comme si les périodes d’effort sont de 3 minutes. On s’éloigne d’une formule d’EPIC, mais c’est intéressant en pleine saison, quand on a préalablement fait pas mal d’EPIC.

Mais si j’avais à proposer une intensité relative de pédalage pour les fractions d’effort de 40, 30 et 20 secondes de la séance d’EPIC, je dirais 90-100 %, 95-105 et 100-110 % de la PAM, respectivement, pour une séance d’un degré de difficulté élevé (sous toute réserve, car je n’ai pas fait de vérification). Mais il faut se rappeler qu’il n’est pas nécessaire de faire des séances épuisantes pour s’améliorer.

Et Sébastien demande à quelle cadence de pédalage il devrait exécuter les fractions d’effort. En réalité, les effets bénéfiques peuvent se faire sentir peu importe la cadence. Mais je recommande de faire la majorité des fractions d’effort à une cadence courante, soit environ 90 rpm pour les novices et 100 rpm pour les cyclistes chevronnés, mais de se réserver quelques répétitions à chaque séance à exécuter à une cadence aussi basse que celle qu’on utilise généralement en montée (moins de 80 rpm) et quelques autres répétitions à un cadence aussi élevée que celle qu’on utilise en peloton sur le plat en vent de dos (plus de 110 rpm), mais en s’assurant de ne pas perdre la qualité de la gestuelle.

Guy Thibault répond à nos questions!

La Flamme Rouge publiait récemment un texte concernant l'Entraînement par Intervalles Courts (EPIC) à la suite de la conférence prononcée au centre sportif de Gatineau par Guy Thibault, expert reconnu internationalement des techniques d'entraînement. Selon ce dernier, l'EPIC serait actuellement une des méthodes d'entraînement les plus efficaces pour maximiser rapidement la puissance aérobie maximale (PAM).

Vous avez été nombreux à me faire part de vos commentaires à la fin de la conférence d'abord, par courriel ensuite puis sur ce site via les commentaires.

Je vous propose aujourd'hui une entrevue avec Guy Thibault afin de revenir sur quelques unes de vos questions.

La Flamme Rouge: merci Guy d'accepter cette entrevue sur La Flamme Rouge!

Guy Thibaut: Ça me fait plaisir!

LFR: pourrais-tu nous clarifier quel est le protocole exact de l'entraînement EPIC "ultime" que tu préconises pour des gains de PAM maximaux? Tu parlais, lors de ta conférence, d'une séance de 45 minutes, à raison d'un premier bloc de fractions d’effort de 40 sec entrecoupées de 20 sec de récupération, puis de 30-30 et enfin de 20-40. Merci de nous préciser au passage la récupération à suivre (passive, active, ou en prise) ainsi que la durée entre les blocs.

GT: C’est en fait la centième et dernière (d’où son nom : « Ultime ») séance d’entraînement que je propose dans mon dernier livre, Entraînement cardio, sports d’endurance et performance, Vélo Québec Éditions. Elle est amusante et donne d’excellents résultats. Mais attention! D’autres formules semblables pourraient donner d’aussi bons résultats. Loin de moi l’intention d’en faire une religion! Les cyclistes ont besoin de repères pour concevoir une variété de séances, et non pas de recettes toutes faites. Quoi qu’il en soit, le schéma de cette séance ultime est 3 blocs de 3 séries de 3 répétitions, pour un total de 27 fractions d’effort. Chacune des 9 séries du premier bloc : 3 fois 40 secondes à intensité élevée avec une récupération active « incomplète » (parce que trop courte et parce que l’intensité demeure quand même assez élevée) de 20 secondes entre les répétitions, et avec 2 minutes de récupération active à intensité très faible entre les séries. Même formule dans le deuxième bloc, sauf que les 9 fractions d’effort sont de 30 secondes et la récupération « incomplète » de 30 secondes. Même chose dans le troisième bloc, sauf que les 9 fractions d’effort sont de 20 secondes et la récupération « incomplète » de 40 secondes.

LFR: tu parlais, lors de ta conférence, de cyclistes ayant obtenu des gains de PAM de l'ordre de 60 watts en quelques semaines en s'entrainant par EPIC. Certaines personnes présentes dans la salle ont trouvé que cela fait beaucoup! Est-ce réaliste de croire à des gains aussi importants chez des cyclistes déjà très entrainés et ayant déjà maximisé une bonne partie de leur potentiel?

GT: J’ai moi-même été surpris par cette importante amélioration chez mon sujet qui s’est tapé une trentaine de séances d’EPI tirées du modèle graphique de l’EPI que j’ai mis au point pour que les entraîneurs et les athlètes puissent se concocter une infinité de séances « payantes ». J’ai même pensé que mon CompuTrainer (modèle de laboratoire, donc réputé valide et fidèle) avait fait défaut. Mais plusieurs entraîneurs ont obtenu des améliorations similaires et même supérieures pendant l’entraînement hivernal d’athlètes bien motivés. On peut faire l’hypothèse que les améliorations de mon « rat de la laboratoire aux pattes rasées » auraient été moins prononcées s’il ne s’était pas rendu à épuisement à chaque séance. Voilà une belle hypothèse à vérifier!

LFR: L'EPIC n'a-t-elle pas une forte composante anaérobique? Comment peut-elle alors pleinement développer la PAM?

GT: Précisons que j’appelle EPIC des séances où les fractions d’effort sont d’au plus 20 secondes. La séance « Ultime » décrite plus haut n’est pas une véritable séance d’EPIC, bien qu’elle donne toujours de bons résultats. Quoi qu’il en soit, il est vrai que dans cette séance et dans des séances d’EPIC, on pédale à des intensités supérieures à celle correspondant à la consommation maximale d’oxygène, le fameux VO2max. Suivant la vision traditionnelle mais, je crois, désuète, de programmation de l’entraînement, des telles intensités ne seraient utiles que pour le développement de la capacité anaérobie et n’auraient pas d’utilité pour ceux et celles qui cherchent plutôt à développer leur aptitude aérobie (VO2max, puissance aérobie maximale, endurance). Mais au cours de la dernière décennie, on a vu apparaître d’intéressants rapports de recherches menées au Japon, en Scandinavie et en Ontario, indiquant que des séances comprenant des pointes d’effort de 30, 20 et même 10 sec seulement s’accompagnaient d’importantes améliorations de l’aptitude aérobie. En réalité, une partie du travail effectué pendant les brèves fractions d’effort d’une séance d’EPIC profite de la présence d’oxygène dans la cellule musculaire (liée à la myoglobine). Pendant la récupération, le système cardiovasculaire doit « rembourser » la dette d’oxygène (recharger la myoglobine), d’où une amélioration « aérobie », même si le travail musculaire est plutôt dans le registre anaérobie. Par ailleurs, d’autres recherches indiquent que seules des séances de musculation et de sprints intenses s’accompagnent d’une amélioration de l’efficacité du coup de pédale, amélioration qu’on n’obtient pas avec l’entraînement à intensité modérée.

LFR: qu'en est-il de l'effet de l'EPIC sur le système nerveux central, aussi appelé en jargon cycliste "l'influx nerveux"? Il peut s'épuiser très vite!

GT: Je ne sais pas encore très bien quelle est la signification biologique de ce qu’on appelle dans le milieu cycliste « l’influx nerveux »! Mais peu importe. La bonne façon d’exécuter une séance d’EPIC (comme toute autre séance d’EPI), c’est d’en garder sous la pédale au début et d’intensifier d’un poil l’intensité de pédalage d’une répétition à la suivante, tout en cherchant à obtenir finalement un degré général de fatigue ni trop petit, ni trop élevé. Inutile, donc, de craindre un affaissement nerveux si l’on sait bien doser ses efforts. Rappelons qu’une séance d’EPI ne doit pas nécessairement être épuisante pour donner de bons résultats. Toutes choses étant par ailleurs égales, l’EPI donne toujours de meilleurs résultats que son contraire, l’entraînement continu; toujours!

LFR: tu proposes de débuter l'entraînement par des intervalles courts puis, plus tard en saison, d'allonger les durées d'effort. Quelle est la durée maximale à ne pas dépasser lors des efforts question de travailler efficacement?

GT: Il n’y a pas de règles précises en cette matière. Mais on peut raisonnablement penser qu’en débutant la préparation physique avec des séances misant sur un très grand nombre de fractions d’effort (plus de 50) de moins de 20 secondes, on se prépare très bien pour des séances futures où l’on pourra allonger les répétitions à 30, 45, 60, puis 90 secondes. A l’approche des compétitions qui comptent, on peut passer à de l’entraînement fractionné comprenant de plus longues fractions d’effort, par exemple : 4 à 8 fois 3 à 5 km à intensité proche de celle d’un contre-la-montre de 40 km. Cela ferait une belle progression de la « quantité » (gros volume à intensité cible élevée en début de saison, d’où une amélioration anticipée de plus grande importance des déterminants physiologiques de la performance) vers la qualité (on apprend à tenir longtemps l’intensité cible).

LFR: si on travaille bien en EPIC, est-il possible d'enchainer deux jours d'entraînement par EPIC de suite?

GT: On peut même en faire deux dans la même journée (c’est ce que font de plus en plus de nageurs). Mais en général, mieux vaut se refaire une santé et bien se donner dans les séances d’EPI. On en fait donc deux ou trois par semaine.

LFR: certains cyclistes de la région de l'Outaouais sont des adeptes de la formule d'intervalles de type "Gimenez", préconisant 9 blocs de 5 minutes se découpant ainsi: 4 minutes en "prise" suivi d'une minute à intensité élevée. Frédéric Grappe parle de la formule dans son bouquin "Cyclisme et optimisation de la performance". À choisir, EPIC ou Gimenez?

GT: Pourquoi pas EPIC en début de saison, et Gimenez quand on a enfin développé ses qualités physiologiques? De toute manière, ce dont les cyclistes ont besoin, ce n’est pas d’une formule miraculeuse (ça n’existe pas!), mais de repères pour se construire une grande variété de séances d’EPI dans les bonnes fourchettes de durées de fractions d’effort, de nombre de répétitions et d’intensités. C’est justement ce pourquoi j’ai développé un modèle graphique simple de l’EPI. Mieux vaut apprendre à s’en servir et diversifier ses séances, que de répéter sans cesse une même formule, qu’elle soit celle de Gimenez, votre EPIC préférée ou la séance dite « ultime ».

LFR: quelles sont selon toi les qualités fondamentales à développer dans le sport cycliste sur route?

GT: Comme disait mon ami Paul Jurbala, ex-entraîneur national : « le cyclisme sur route est un sport anaérobie sur fond aérobie »! À développer, dans l’ordre : la consommation maximale d’oxygène et l’efficacité du coup de pédale, la capacité anaérobie, et, finalement, l’endurance. Sans compter le « sens de la course ».

LFR: on affirme souvent que de nombreux athlètes amateurs et maîtres sont surentrainés. Qu'en penses-tu?

GT: J’ai connu de nombreux cyclistes qui s’entraînaient trop, d’où une amélioration qui tarde, mais peu de cyclistes véritablement surentraînés. Le surentraînement est un problème grave, mais quand même assez rare. Chose certaine, quand on ne sait pas comment concevoir et adapter judicieusement un plan d’entraînement, on a forcément tendance à rouler plus et plus vite, ce qui peut évidemment mener à un excès de fatigue, une contreperformance, voire au surentraînement. À cela s’ajoute que les maîtres doivent souvent composer avec des sources externes de stress (boulot, famille), qui se conjuguent avec celui de l’entraînement et des compétitions cyclistes. L’idéal, c’est de satisfaire le maso en soi en se tapant de bonnes séances d’EPI ou prolongées, puis de s’allouer tout le temps nécessaire pour en récupérer avec la prochaine séance intensive. De plus en plus d’athlètes de haut niveau s’entraînent ainsi et je crois que c’est bien, à condition d’avoir la santé et la base d’entraînement nécessaires.

LFR: tu as parlé du fameux entraînement de type Tabata lors de ta conférence. À choisir, pour le cycliste sur route, Tabata ou EPIC?

GT: Bien qu’elle jouisse d’une grande popularité, surtout en musculation, la formule Tabata (8 efforts de 20 secondes, récupération de seulement 10 sec) ne me semble intéressante pour les cyclistes que pour le « fine tuning » à l’approche des compétitions importantes : elle stimule l’aptitude à relancer quand ça chauffe! Mais je ne la recommanderais pas en début de saison (les véritables séances d’EPIC me semblent bien plus appropriées), car la récupération est trop courte et, surtout, le volume total de pédalage à intensité cible beaucoup trop petit (2 min 40 s!).

LFR: Dominique Rollin, David Veilleux, et d'autres québécois au sein de l'équipe SpiderTech se frottent dorénavant aux meilleurs cyclistes sur route de la planète. Un Québécois vainqueur d'une grande classique ou d'une étape du Tour prochainement, tu y crois?

GT: Je crois que le nombre trop petit de cyclistes canadiens actifs réduit les chances que l’on développe plusieurs grands champions. Mais il me semble que les cyclistes du Québec profitent souvent  ici d’un encadrement supérieur à celui généralement offert en Europe, où l’on est en quelque sorte victime de la tradition. C’est ce que j’ai constaté au cours d’un stage de perfectionnement que j’animais à Paris au bénéfice des entraîneurs de la Fédération française de cyclisme. On compte de plus en plus d’entraîneurs nord-américains qui ne s’empêtrent pas dans les traditions et qui font des choses très bien. Par exemple, Francis Paradis, premier entraîneur de David Veilleux, a fait des trucs intéressants. Et Pierre Hutsebaut a pris le relai en ajoutant des éléments qui m’apparaissent fort pertinents. Sa grande culture cycliste ne l’empêche pas d’innover, d’exploiter brillamment des connaissances nouvelles.

LFR: plusieurs, dont Bernard Hinault, ont critiqué, ces dernières années, le manque de résultats des coureurs français sur la scène internationale. À ton avis, dans quelle mesure les coureurs français du peloton international connaissent-ils et appliquent-ils l'entraînement EPIC?

GT: C’est vraiment à géométrie variable. Quand je conseillais l’entraîneur de Crédit Agricole, il n’arrivait à convaincre que ses coureurs non-français de faire ce que je proposais, par exemple de la musculation intensive ou de l’EPIC. Heureusement, mon copain Fred Grappe (Française des Jeux) fait de l’excellent boulot et la nouvelle génération de physiologistes de l’exercice européens est partante pour innover, par exemple le Basque Inigo Mujika, le Hollandais Vincent Villerius et le français Xavier Nési, pour ne nommer que ceux-là.

LFR: Au nom des lecteurs de La Flamme Rouge et du mien, merci Guy d'avoir pris le temps de répondre à nos questions et au plaisir de garder le contact avec toi!

GT: merci à toi Laurent de m’avoir donné l’occasion de faire ce que j’aime : vulgariser des connaissances scientifiques au bénéfice des cyclistes.

Entrainement EPIC: des précisions à venir

Beaucoup de réactions et de commentaires au texte publié hier! Je vous en remercie.

Vous êtes nombreux à m'avoir demandé des précisions sur l'entrainement par intervalles courts (EPIC) tel que préconisé par Guy Thibault, preuve que vous êtes curieux en matière d'entrainement et surtout réceptif aux nouvelles méthodes.

Certains détails m'ont certainement échappé ou me sont inconnus quant à l'EPIC. Très prochainement sur ce site, j'espère pouvoir vous apporter des compléments d'information sur la conduite de tels entrainements que je mettrai moi-même à profit dans ma préparation pour la Haute Route. Pour l'heure, mon entrainement se résume malheureusement à presque zéro, faisant face à d'importants défis professionnels.

Dans l'attente, voici quelques articles de Guy Thibault portant sur des sujets proches de nos intérêts.

Et un merci tout particulier à Patrick pour ses commentaires et son test "live" dont le compte-rendu est disponible ici. J'aurais aimé me joindre à toi (mais avec 150 watts de moins…)!

Page 6 of 9