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L’approche allemande au dopage

À l’heure où le parlement allemand discute d’une nouvelle loi en matière de dopage qui pourrait inclure des peines de prison pour les sportifs reconnus coupables d’usage de produits illicites, ce reportage d’une 30aine de minutes est à voir. Il s’agit d’un récent reportage sur le dopage dans le cyclisme, réalisé par des journalistes allemands.

Rappelons que l’Allemagne a durement sanctionné le sport cycliste en raison de ses problèmes de dopage: l’équipe Telekom puis, un peu plus tard, l’équipe Gerolsteiner n’ont pas hésité à fermer boutique, et la télé allemande ne retransmet plus le Tour de France depuis 2011 déjà. En 2015 cependant, l’équipe Bora-Argon18, suite de NetApp-Endura en 2014, assurera une certaine présence allemande dans le peloton pro mais à ce jour, pas de licence WorldTour.

Le nouveau projet de loi vise à préserver l’intégrité du sport, ainsi qu’à condamner les coupables avec la plus grande fermeté.

On pourra débattre du bien fondé de recourir à des peines de prison pour ceux qui seront piqués positifs. Je ne suis pas convaincu pour ma part, estimant qu’on peut durcir les sanctions sans en venir à une telle action. Certains pourront certainement y voir une exagération. Vu cependant du côté du dommage que le dopé fait subir à l’athlète sain – dommages financiers, psychologiques, moraux – on peut y voir motif suffisant à un emprisonnement.

Quoi qu’il en soit, on ne « niaise » pas avec le dopage en Allemagne, le pays étant donc aux antipodes de ce qu’on peut retrouver actuellement en Espagne par exemple.

Merci à Mathieu du site ChronosWatts pour le lien vers le reportage, et pour le sous-titrage du vidéo à l’origine en allemand vers le français ou l’anglais. Ce sous-titrage n’est disponible que si on accède au vidéo via le site ChronosWatts.

Consultation nationale sur le dopage: de nombreux points troublants

Cyclisme Canada a rendu public hier un rapport sur la consultation nationale sur le dopage, menée par l’intermédiaire d’un partenaire privé. Réactions.

La bonne nouvelle: ce rapport affirme « qu’il n’existe aucune culture ou système organisé de dopage au Canada. » Cette conclusion a été reprise en faits saillants dans de nombreux médias couvrant la nouvelle de la publication du rapport, mais je pense qu’il convient d’être plus nuancé. Le Canada ne disposant pas (plus…) d’équipes professionnelles World Tour ou de très haut niveau, ni d’un calendrier national de courses pro, ni même d’une longue tradition en matière de cyclisme, le contraire eut tout de même été surprenant.

La vraie bonne nouvelle selon moi: le rapport mentionne que « La majorité des personnes interviewées ont rapporté n’avoir jamais consommé de substances améliorant la performance. » Voilà matière à se réjouir. Il convient ici de dire que le rapport repose sur le témoignage anonyme de 32 personnes, dont 21 athlètes (ou ex-athlètes je suppose) sur une population cible de 64 personnes (taux de réponse 50%).

Les moins bonnes nouvelles: « d’autres personnes » (il eut été utile de savoir combien mais le rapport ne le précise pas…) ont confirmé s’être dopées, sous la pression de leur équipe professionnelle ou de leur entourage. Dans presque tous les cas, cette prise de produits dopants s’est faite avec l’assistance de personnes proches de l’athlète: tantôt l’entraineur, tantôt le thérapeute, tantôt le médecin d’équipe, tantôt les soigneurs, tantôt d’autres coureurs (le rapport est truffé d’exemples à ces égards). Le plus souvent, ces situations se sont déroulées hors du Canada, lors de courses internationales ou de stages d’entrainement.

Plus troublant encore: la catégorie des Maîtres est loin d’être épargnée. Extraits:

« Il (ndlr: la personne interviewée) nous a confié que dans le circuit des Masters, les athlètes vieillissant n’hésitaient pas à utiliser des substances améliorant la performance qui provenaient de fournisseurs inconnus et dangereux. Il a ajouté que les coureurs de la catégorie des Masters savaient bien qu’un certain médecin fournissait des substances améliorant la performance. »

Paragraphe suivant: « Une des personnes interviewées a bénéficié de l’opportunité (si on peut qualifier cela de «bénéficier») d’utiliser des substances améliorant la performance à l’occasion d’épreuves internationales de cyclisme de la catégorie des Masters. »

Plus loin « Une autre personne interrogée a déclaré avoir été témoin de situations suspectes lors d’une épreuve du circuit canadien des Masters. La personne interrogée a vu un coureur prendre des pilules de Viagra avant une course. Lors d’une soirée subséquente, le cycliste en question a confirmé à la personne interrogée que le produit qu’il utilisait était bien du Viagra. (…). La même personne interrogée avait aussi connaissance de l’utilisation de substance proscrite par l’entremise d’un membre de son entourage qui était en relation avec un fournisseur. Ledit membre de son entourage lui a précisé que ce fournisseur avait de l’EPO chez lui, ainsi que des fioles de fer et de vitamine B12 injectables. »

Bien sûr, toutes ces situations peuvent découler de cas isolés. Mais cela confirme néanmoins l’usage de produits dopants par certains.

Enfin, le plus inquiétant, et de loin:

« Les personnes interviewées qui se sont abstenues d’utiliser des substances améliorant la performance ont mentionné que les coureurs qui sont «propres» deviennent désabusés vis-à-vis du système. Lorsqu’ils constatent que d’autres coureurs se dopent sans se faire prendre, certains peuvent être tentés de «faire le saut» et de commencer à recourir à de tels produits ou méthodes. »

Et:

« De nombreuses personnes interviewées pensent que les situations suspectes justifient une enquête immédiate de la part des organismes sportifs et antidopage dès qu’elles sont rapportées. Cependant, ces personnes interviewées n’ont jamais rapporté leurs préoccupations aux autorités sportives. »

Bref, loin d’être seulement positif (sans jeu de mots), ce rapport montre avec éloquence selon moi les liens entre cyclisme et dopage, surtout au sein des équipes professionnelles, mais aussi dans les catégories inférieures comme celles de Maîtres. À la lecture du rapport, il est évident que:

1 – le dopage au Canada demeure le plus souvent limité à des initiatives personnelles. Par contre, dès que l’athlète atteint un certain niveau (équipe semi-pro ou pro), il apparait clair à la lecture du rapport que les situations ambiguës ou l’athlète aura à faire un choix deviennent beaucoup plus fréquentes.

2 – le dopage ne se limite pas qu’aux coureurs pro, mais existe bel et bien chez les Maîtres, et qu’il n’est probablement pas rare.

3 – l’entourage du coureur continue de jouer un rôle clef dans le dopage, notamment en fournissant les produits bien souvent

4 – que la loi de l’omerta persiste par-dessus tout dans le milieu

Partant de là, les mesures à prendre pour lutter contre le dopage dans le cyclisme sont évidentes. Espérons que Cyclisme Canada analysera avec attention ce rapport – certes basé sur un nombre limité de témoignages – et veillera à renforcer, par exemple, son programme « Race Clean ».

Enfin, il est intéressant de noter que le rapport relate qu’un « personnage relativement important » a décidé très tard de participer à cette consultation, et donc que ses propos n’ont pu être inclus dans le rapport diffusé hier (ses propos seront éventuellement inclus plus tard). On précise « penser fortement que ce personnage nous fournira des informations précieuses relativement aux pratiques de dopage sur la scène mondiale et au Canada. »

Le nombre de coureurs canadiens évoluant sur la scène mondiale étant très limité, surtout sur route, il est facile de formuler des hypothèses raisonnables sur l’identité de ce coureur « relativement important« , comme sur celle derrière de nombreux propos rapportés dans le rapport ici et là. Compte tenu donc du faible nombre d’interviews réalisées, je ne suis pas convaincu que la formule adoptée pour le rapport est la meilleure pour préserver l’anonymat des participants, un élément pourtant crucial pour garantir la pertinence des exercices futurs.

Le nouveau code mondial antidopage

La saison cycliste 2015 sera intéressante en ce sens qu’elle se déroulera sous le code mondial antidopage, version 2015, qui entrera en vigueur au 1er janvier prochain. Rappel – commenté – des modifications importantes telles qu’actuellement sur la version provisoire 2.0 de ce nouveau code.

1 – La sanction pour une première offense aux règles antidopage passe de 2 à 4 ans. De quoi faire réfléchir un peu plus les tricheurs car quatre ans, c’est long dans une carrière… Et surtout, cette mesure va dans le sens d’études scientifiques récentes démontrant que les effets de prises de stéroides, par exemple, dureraient beaucoup plus longtemps qu’anticipé, donc procurant aux athlètes des avantages bien plus longtemps que sur une période de deux ans.

Une telle mesure a également le potentiel de priver un athlète piqué positif à des Jeux Olympiques de participer aux suivants. L’introduction de la « règle d’Osaka » est donc implicite au nouveau code antidopage.

2 – Le délai de prescription passe de 8 à 14 ans dans le cas de traffic ou d’administration de produits dopants, et de 8 à 10 ans dans le cas d’usage. En clair, les échantillons prélevés pourront être conservés pendant 10 ans pour être possiblement re-testés. On pourra ainsi tester les échantillons du vainqueur du Tour 2015 en… 2025!

Il manque toujours à cette règle des indications claires quant aux conséquences sportives et surtout économiques (si l’athlète est retraité) d’un contrôle positif plus tard dans le temps.

3 – Les athlètes retraités voulant effectuer un retour à la compétition devront donner un pré-avis de 6 mois, ceci afin de permettre aux instances de tester ces athlètes avant leur reprise des compétitions. Tout à fait normal et une excellente disposition. Rappelons que Lance Armstrong avait promis, lors de son 2e retour, d’ouvrir ses livres, ce qu’il n’a évidemment jamais fait par la suite.

4 – En cas de dopage de plusieurs athlètes d’une même équipe, une enquête sur le personnel d’encadrement sera désormais obligatoire. À la lumière de l’Affaire Astana des derniers jours, voilà qui sera utile!

5 – Un accent plus marqué est donné aux activités de prévention. Ce n’est jamais inutile.

Astana: je suis très déçu.

L’histoire tourne à la blague.

Je vous avoue que je ris jaune.

On apprend qu’un troisième cas de dopage a été constaté au sein de l’équipe kazakh Astana, après les deux premiers touchant les frères Iglinskiy.

En effet, le jeune Ilya Davidenok, 22 ans, membre de l’équipe « réserve » (l’anti-chambre des pros) d’Astana, s’est en effet fait prendre aux… stéroïdes anabolisants. Les deux premiers cas étaient à l’EPO.

Avouez que ça commence à faire beaucoup et le cocktail de produits est presque complet!

Voilà qui nous prouve hors de tout doute que malgré ce qu’on veut bien nous faire croire (le renouveau du cyclisme, l’arrivée d’une « nouvelle génération », les sceptiques des calculs indirects de puissance), le dopage est encore bien présent dans le peloton professionnel. Plus que jamais, la vigilance est de mise.

L’UCI commence (enfin!) à réagir et une rencontre entre Alexandr Vinokourov, manager général de l’équipe mais aussi multi-récidiviste en matière de dopage faut-il le rappeler, et Brian Cookson, président de l’UCI, est prévue très prochainement. Clairement, l’UCI laisse entendre que le renouvellement de la licence World Tour de l’équipe du vainqueur du Tour de France 2014, l’Italien Vicenzo Nibali, est en jeu. C’est peu de le dire!

Voilà qui me déçoit et me fâche au plus haut point. Putain, on en est encore là dans le cyclisme pro?

Premièrement, comment peut-on encore tolérer Alexandr Vinokourov dans le milieu? Il refuse systématiquement de répondre aux questions qui fâchent, notamment au sujet de ses contrôles positifs ou de ses liens avec l’Affaire Puerto… Comment un tel individu peut-il être un manager crédible d’une équipe cycliste professionnelle?

Deuxièmement, comment faire désormais confiance à l’équipe Astana, voire à Vicenzo Nibali qui côtoie 300 jours par année cet encadrement? Même si les trois coureurs (trois, ça fait quand même beaucoup) contrôlés positifs ont agi seuls, ça signifie que les coureurs Astana n’ont strictement aucun scrupule et qu’ils ne sont aucunement encadrés par l’équipe. Mais où diable sont les médecins d’équipe chargés de contrôler les coureurs à l’interne? Occupés à les piquer?

J’en ai vraiment plein le cul de telles nouvelles dans le cyclisme pro, qui plus est touchant – encore, mais cette fois-ci indirectement – le vainqueur du Tour de France.

Affaire Iglinskiy: ben voyons!!

On continue pour nous prendre pour des imbéciles, c’est net.

Je vous informais le 11 septembre dernier que le coureur Astana Valentin Iglinskiy avait été piqué positif à l’EPO lors de l’ENECO Tour au mois d’août.

L’équipe Astana avait évidemment licencié sur le champ Valentin, affirmant bien entendu qu’il avait agi seul.

La stratégie de la brebis égarée, comme toujours.

Or, on apprend hier que son frère Maxim, vainqueur surprise de Liège-Bastogne-Liège 2012, a lui aussi été piqué positif à l’EPO et ce, suite à un contrôle effectué le… 1er août.

Faut-il rappeler que Maxim faisait partie de l’équipe Astana qui a épaulé Vicenzo Nibali sur le récent Tour de France, tout juste avant le contrôle positif?

Faut-il rappeler que l’équipe Astana est sous la férule d’Alexandr Vinokourov, un multi-récidiviste en matière de dopage?

Mon avis?

Tout cela sent mauvais. Très mauvais.

D’une part, Valentin n’a pas agi seul: il merdouillait avec son frère. Voilà qui démontre sans l’ombre d’un doute que les coureurs agissent en fait assez peu souvent tout seul, et que l’entourage sait forcément des choses, voire est complice. Nous faire croire le contraire est une simple stratégie de communication.

Pourtant, l’équipe Astana émettra encore un autre de ces communiqués de presse insipide, affirmant qu’il s’agit de cas isolés. On peut avoir de gros doutes…

Deuxièmement, on pourra s’interroger sur la date du contrôle positif de Maxim, le 1er août. Pourquoi prendre de l’EPO à cette date? S’il était sur le jus à ce moment, il est probable qu’il l’ait été avant…

Enfin, on pourra raisonnablement se poser des questions à savoir ce qui se passe réellement au sein de l’équipe Astana. Clean, le Tour 2014? Possible. Mais l’Affaire Iglinskiy nous prouve que l’EPO via les micro-doses et via les médicaments génériques est encore largement répandue dans le peloton professionnel.

Plus que jamais, notre vigilance est de mise et il convient de ne pas être les dindons de la farce…

Le vélo de Ryder Hesjedal était-il équipé d’un moteur?

Vous êtes nombreux à laisser un commentaire sur le sujet de l’heure, à savoir si le vélo utilisé par Ryder Hesjedal lors de la 7e étape de la Vuelta était équipé d’un moteur. Vous êtes également nombreux à me demander mon avis. Voici une première réaction.

Premièrement, le vidéo d’où est parti la rumeur.

La rotation du vélo une fois au sol est en effet très surprenante et n’apparait pas naturelle. C’est louche.

Rappelons également que le dopage mécanique est plausible. Dans la foulée des soupçons générés par les accélérations de Fabian Cancellera sur le Tour des Flandres et Paris-Roubaix 2010, accélérations fulgurantes le cul sur la selle (et chaque fois après un changement de vélo sans raison apparente), Davide Cassani, l’ex-coureur pro, avait diffusé ce vidéo qui démontre sans l’ombre d’un doute qu’il est possible, depuis 2004, de cacher un petit moteur dans le cadre d’un vélo et qui entraîne le pédalier. L’apport de watts serait très significatif, surtout si le système est utilisé durant les phases clef de la course.

Il n’est donc pas impossible que le dopage mécanique soit en usage dans le peloton.

Dans le cas de Ryder Hesjedal, espérons que devant la polémique, l’équipe Garmin va réagir et donner quelques explications du comportement bizarre du vélo une fois au sol.

La chute elle-même a de quoi surprendre. Hesjedal suivait DeMarchi sur une trajectoire peu tendue, le revêtement était bon et apparemment, sans risque de chute. Or, la roue avant se dérobe.

Enfin, je suis aussi troublé par le manque de constance des résultats d’Hesjedal sur cette Vuelta. C’est pas compliqué, la seule étape où il semblait vraiment bien, c’est justement la 7e où on pensait bien qu’il pouvait jouer la gagne avant sa chute. Car depuis, c’est la cata, il perd des paquets de minutes et a notamment terminé à 13 minutes d’Aru hier. La perf de la 7e étape, pour un coureur de son niveau, a de quoi surprendre. Aurait-il pu utiliser le dopage mécanique sur cette étape et ainsi se glisser dans la bonne échappée, notamment sur les moments clef de l’étape?

Il sera probablement très difficile d’avoir des certitudes dans ce dossier qui prouve cependant qu’il convient de demeurer vigilant, le recours au dopage mécanique, du reste presque pire que le dopage classique, étant tout à fait possible aujourd’hui.

Propre, le Tour 2014?

La réponse, c’est qu’on ne sait pas!

De nombreux articles sont désormais disponibles pour décortiquer les performances sportives des Nibali, Peraud, Pinot, Valverde, Bardet et les autres.

Tous concluent la même chose: les chiffres sont plausibles, possibles, mais on flirte avec les limites de la performance humaine. Et dans certains cas, les chiffres du Tour 2014 sont comparables avec ceux qu’on a observé au début des années 2000, l’époque « noire » du cyclisme.

Bref, il convient de se garder une petite gêne et en toute honnêteté intellectuelle, personne ne peut affirmer actuellement que les premiers du Tour 2014 étaient dopés. Personne ne peut affirmer qu’ils ne l’étaient pas non plus, même si il faut ajouter que la présence de Jean-Christophe Péraud et Thibault Pinot sur le podium est quelque peu rassurant, ces deux coureurs jouissant d’une excellente réputation du côté de leur éthique de travail. Et pour Péraud, il est bien connu aujourd’hui que ce type possède des capacités physiques tout à fait uniques, donc ses performances sont tout à fait possibles à l’état naturel.

Pour ceux voulant en savoir plus sur les VO2max, le rapport poids-puissance, les seuils anaérobiques et les performances des coureurs du Tour 2014, voici quelques liens très intéressants:

1 – le billet final d’Antoine Vayer, expert du dopage et des calculs de puissance, au terme du Tour 2014. Antoine exprime certains doutes quant aux performances du requin de Messine.

2 – les temps d’ascension d’Hautacam, ou on peut voir que le temps de Nibali cette année, le 27e au classement, est très loin de la performance mutante de M. 60% – Bjarne Riis – lors du Tour 1996. On était alors dans le paranormal!

3 – cet article de Charles Dauwe, intitulé « Was de TDF 2014 clean« , qui tente notamment d’estimer plusieurs paramètres de la performance des coureurs du Tour 2014. Très intéressant!

4 – cet article très nuancé publié récemment dans « The science of sport » qui montre à quel point de légères variations dans certains paramètres de la performance peuvent faire passer les acteurs du Tour 2014 de la zone « propre » à la zone « suspect », montrant à quel point il est parfois difficile de trancher sans l’ombre d’un doute.

5 – cet article de Charles Dauwe sur les capacités physiques des récents vainqueurs de grands tours, incluant le Canadien Rider Hesjedal lors du Giro 2012.

6 – cette entrevue proposée par VéloChrono avec Mark Kluszczynski, expert du dopage, qui estime « qu’il n’y a plus d’exploits surhumains » sur le Tour.

Vous voulez estimer vous-aussi vos watts lors de grandes ascensions mythiques? C’est possible via le site Chronoswatts.com en cliquant ici!

Lyne Bessette a raison

D’entrée, je ne cacherai pas une certaine affection pour Lyne Bessette que je connais un peu, cette fille tellement sympathique et qui aime profondément, c’est évident, le sport, surtout le cyclisme. Et dont la probité n’a jamais été questionnée par quiconque durant et après sa carrière professionnelle.

Lyne a lancé un certain « cri du coeur » ces dernières heures, notamment dans Le Devoir, affirmant que les athlètes dopés ne payent pas leur dû. Ses déclarations sont évidemment dans le contexte de la sortie, demain vendredi, du film « La petite reine » inspiré librement de la vie de Geneviève Jeanson.

Lyne se questionne notamment sur les sommes de Cyclisme Canada qu’a reçues Jeanson au temps de sa carrière: les a-t-elles remboursées? Pire encore, elle a privé d’autres athlètes – propres – d’une place sur l’équipe nationale et d’un soutien financier.

Je suis parfaitement d’accord avec Lyne: les athlètes dopés n’ont pas encore de sanctions assez lourdes et il faut le dénoncer avec vigueur. François Parisien l’a également fait au cours des derniers mois, à plusieurs reprises, et lui aussi a raison. Il s’était notamment dit frustré par les aveux de dopage de Rider Hesjedal, ce coureur qui, au fond, l’a parfois privé d’une sélection sur l’équipe nationale, voire de commandites si importantes dans le développement d’un athlète.

Guillaume Prébois, dans un cri du coeur annonçant qu’il ne parlerait plus jamais dopage il y a quelques mois, avait lui-aussi dénoncé ces ex-dopés qui demeurent des commentateurs populaires sur France Télévision ou Eurosport, ou encore des égéries de grandes marques comme Richard Virenque pour… Festina Watches (n’ajustez pas votre appareil).

Plus encore, Georges Hincapie continue de manoeuvrer pour se poser en victime d’une époque et ainsi préserver son capital sympathie aux États-Unis, notamment pour des raisons commerciales puisqu’il a lancé, au cours des dernières années, sa ligne de vêtements cyclistes. Son livre autobiographique vient d’être sévèrement critiqué – avec justesse! – sur le site VeloNews (merci à Thierry Mtl pour le lien). Une chance! Et faites-moi confiance, vous ne me verrez jamais porter de vêtements Hincapie…

Actuellement, Lance Armstrong continue de tenter de toutes les façons possibles et imaginables d’éviter des procès du Gouvernement des États Unis et de la firme SCA Promotions qui tentent de récupérer les sommes qui lui ont été versées, évidemment injustement car l’athlète était dopé. Par chance, les démarches juridiques d’Armstrong et son armée d’avocats n’ont pas encore donné les résultats escomptés.

Sur le plan sportif, certaines avancées sont encourageantes, notamment la décision, prise lors de la Conférence sur le dopage à Johannesbourg en 2013, de faire passer la suspension de 2 à 4 ans pour une première offense.

Il est maintenant temps que les autorités du sport et juridiques se penchent sur les autres sanctions, essentiellement financières, qui demeurent largement insuffisantes. Lance Armstrong a engrengé des millions de dollars de revenus lors de ses années victorieuses, mais en trichant. N’est-il pas normal qu’il soit forcé de rembourser tout cet argent injustement gagné?

Et si on ne pourra probablement jamais compenser les athlètes propres (cela suggererait qu’on dispose d’une liste d’athlètes propres à 100% qu’on pourrait dédomager… comment savoir?), les recouvrements de sommes pourraient servir à financer directement la lutte contre le dopage. Dans le cas d’Armstrong, cela ferait un joli magot investi contre le dopage!

Quoi qu’il en soit, je salue aujourd’hui le courage de Lyne de manifester ainsi publiquement son dégoût, elle a tout à fait raison. La société fait encore une trop large place aux ex-dopés une fois leur carrière terminée.

Lyne, je comprends ta frustration et la partage. Je t’offre ces vers, qui dictent ma vie depuis fort longtemps déjà:

“Travailler sans souci de gloire ou de fortune,
A tel voyage, auquel on pense, dans la lune!
N’écrire jamais rien qui de soi ne sortît
Et modeste d’ailleurs, se dire: mon petit,
Soit satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,
Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles!
Puis, s’il advient d’un peu triompher, par hasard,
Ne pas être obligé d’en rien rendre à César,
Vis à vis de soi-même en garder le mérite,
Bref, dédaignant d’être le lierre parasite,
Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul!”

Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac

Ricco: je suis sans voix…

… devant la bêtise humaine.

L’ex coureur-pro italien Riccardo Ricco, multi-récidiviste en matière de dopage, actuellement suspendu pour 12 ans, a été piqué hier sur le fait, soit en train d’acheter des produits dopants dans le stationnement d’un McDonald près de Livourne, en Toscane.

L’information a été diffusée par CyclingNews.

Si la nouvelle est confirmée par d’autres sources, que faire avec pareil individu?

Rappelons que Ricco avait exprimé le souhait, ces derniers mois, de se recycler vers un nouveau défi, celui d’établir le record d’ascension de plusieurs montées mythiques du cyclisme, en premier lieu le Ventoux.

Ceci explique probablement cela.

Je suggère qu’on vérifie aussi le vélo, y’a probablement un moteur dedans…

Je suis sans voix devant la bêtise humaine, insondable.

Roulez gagnant au naturel!

Excellente initiative de la FQSC qu’il convient de saluer haut et fort.

Je ne monte pour ma part jamais sur un podium, mais j’ai toujours la satisfaction de savoir, une fois la ligne franchie, que je me suis battu avec mes moyens, et seulement mes moyens. Et je peux aller féliciter ceux qui ont gagné en les regardant droit dans les yeux: de ma part, ils n’ont eu droit qu’à une lutte légale, mano à mano, sans autre assistance.

« Ne pas monter bien haut peut-être… mais tout seul ».

Le Xénon, produit miracle en 2014?

Intéressant article disponible sur PRNewswire à propos de soupçons de dopage à Sotchi, notamment concernant les fondeurs russes, qui pourraient avoir utilisé un gaz, le xénon, pour stimuler la production d’EPO, et donc d’améliorer les capacités d’oxygénation de leur sang. (merci à mon ami Éric pour le tuyau!)

Le magazine The Economist avait également éveillé les consciences le 8 février dernier quant à l’usage possible du xénon pour des fins de dopage sportif.

Le xénon inhalé aurait également une autre propriété intéressante, celle de stimuler la production de testostérone, produit hautement prisé dans l’arsenal du dopé puisqu’elle permet d’améliorer notamment la masse musculaire, et donc la puissance, ainsi que la résistance à la fatigue.

Chose certaine, il est clair que le dopage existe encore massivement chez les athlètes de haut niveau et que nous sommes résolument entré dans l’ère post-EPO!

Le dopage en 2014: attendons un peu avant de trancher!

C’est une question de crédibilité!

Vous avez été plusieurs à réagir à mon texte publié hier sur le match 2014 Froome-Contador. Certains ont souligné avec justesse le retour d’un cyclisme apparemment à deux vitesses, où certains sont bien rapides à reprendre là où ils l’avaient laissé en 2013 (Contador, Froome, Valverde, Porte, etc.) et où les autres semblent peiner davantage que lors des saisons 2011 et 2012.

Je nous invite cependant tous à la prudence avant de tirer des conclusions. C’est une question de crédibilité, notamment sur ce site!

Nous aurons bien l’occasion, cette saison, de vérifier si les moyennes horaire augmentent de nouveau, si certains coureurs « baromètres » comme les coureurs français – dont la jeune génération est très talentueuse, mais qui sont également très surveillés et dont la majorité des équipes font partie du « Mouvement pour un cyclisme crédible » – ne gagnent plus, et si les calculs de puissance s’affolent de nouveau. Tous ces indices nous permettront, plus tard en saison, de mieux estimer ce qui se passe vraiment derrière les portes closes du cyclisme en 2014.

Comme plusieurs d’entre vous, je demeure personnellement très vigilant, estimant que de nouveaux produits complexes sont probablement en usage au sein du peloton pro, et surtout au sein de certaines équipes dont la puissante Sky qui nous refait le coup des US Postal, mais à 10 ou 12 ans d’intervalle. Les récents propos de Danilo DiLuca n’ont rien de rassurants à cet égard.

Comme plusieurs d’entre vous, je demeure personnellement sceptique de ceux qui nous annoncent « travailler plus fort que les autres » ou encore « ne rien laisser au hasard », des arguments trop souvent utilisés par ceux qui ont recours à la potion magique. Le programme « Marginal Gains » de M. Brailsford je veux bien, mais qu’on ne nous prennent pas pour des imbéciles!

Mais pour le moment, nous n’avons rien de concret cette saison. Un premier constat clair ne pourra être fait qu’après le Giro selon moi. D’ici là, soyons des spectateurs attentifs et intelligents du cyclisme, mais ne perdons pas non plus notre enthousiasme pour le plus beau sport du monde!

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