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Il n’y a plus de Lance Armstrong

« Lance Armstrong has no place in cycling« .

Ce sont les mots du président de l’UCI aujourd’hui, Pat McQuaid.

L’UCI a déchu Lance Armstrong de tous ses titres acquis depuis le 1er août 1998. L’UCI a donc confirmé les sanctions recommandées par l’USADA. Il est aussi banni à vie de toute compétition sanctionnée.

C’est donc une bonne partie du cyclisme et du Tour de France qu’on vient de ré-écrire aujourd’hui. Les Tours de France 1999, 2000, 2001, 2002, 2003, 2004 et 2005 resteront sans vainqueur.

De quoi également faire très mal paraître de nombreuses personnes de l’entourage d’Armstrong et qui l’ont défendu, en premier lieu Hein Verbruggen bien sûr, mais aussi des gens comme Phil Liggett par exemple, qui perd dans cette situation toute sa crédibilité de journaliste cycliste. Il a récemment déclaré: « I hate the thought that I built these people into superstars in the minds of the public when they cheated » he said. « But if you look deeper down, they all seemed to have been cheating.« 

Ben voyons! Le type vivait dans le peloton 250 jours par année… Liggett est non seulement un très mauvais journaliste, mais il est aussi un menteur.

Il est également peu probable, à la lumière du verdict de l’UCI aujourd’hui, que Johan Bruyneel ait une chance de s’en sortir devant les tribunaux.

Une seule voie de rédemption pour Armstrong

On peut donc dire qu’aujourd’hui, Armstrong a presque tout perdu. Il lui reste bien quelques millions en banque, mais les poursuites qui seront engagées contre lui dans les prochains jours, notamment par SCA et ASO, risquent de le plumer davantage encore. Et un procès aux États-Unis pour parjure risque bien de lui tomber dessus, puisqu’il a déclaré sous serment en 2005 dans le cadre de son litige avec SCA qu’il ne s’était jamais dopé. Il n’est donc pas impossible qu’Armstrong fasse de la prison dans l’avenir.

Armstrong se retrouve donc très isolé, personna non grata non seulement dans le milieu du cyclisme, mais probablement dans beaucoup d’endroits. Qui en effet aux États-Unis voudra se montrer à ses côtés maintenant ?

Il lui reste donc qu’une seule chance pour se réhabiliter aux yeux du public: passer aux aveux.

Pat McQuaid a déclaré aujourd’hui en marge de l’annonce portant sur Armstrong qu’il n’avait aucune intention de démissionner et qu’il estime que l’UCI n’a rien à se reprocher. La vérité est que sans l’USADA, Lance Armstrong, ce dopé, menteur et intimidateur, serait encore la superstar du cyclisme. L’UCI a pourtant la responsabilité de la lutte contre le dopage dans le cyclisme.

Les aveux de Lance Armstrong sont donc d’une importance capitale pour faire le ménage à l’UCI. Je ne vois en effet rien d’autre pour déboulonner les intouchables de l’UCI, en premier lieu Hein Verbruggen qui y occupe encore un poste d’importance.

Lâché par ses amis de l’UCI, pourquoi Armstrong accepterait-il en effet de payer seul le prix fort?

Il pourrait très certainement nous en apprendre beaucoup également sur le travail de Michele Ferrari dans le peloton actuel. Cadel Evans vient par exemple de nous dire qu’il n’avait été testé qu’une fois par Ferrari et qu’il ne l’a plus jamais revu ensuite. Comment le croire, surtout à la lumière de sa progression jusqu’à sa victoire sur le Tour 2011? Lance Armstrong connaît très certainement qui travaille avec Ferrari aujourd’hui, ayant quitté le peloton pro il n’y a pas si longtemps. Des aveux de sa part sont donc d’un très grand intérêt.

L’avenir de l’UCI

On pourra regretter que l’annonce d’aujourd’hui à l’endroit d’Armstrong ne se soit pas accompagnée d’autres annonces visant à faire le ménage dans le cyclisme. Cela témoigne des intérêts premiers de l’UCI qui manifestement gère cette crise comme celle d’un individu seul pris pour dopage. Je l’ai déjà écrit, je le répète encore, Lance Armstrong ne doit pas morflé seul dans tout ce dossier. Ce ne serait pas juste à son égard, et ce serait une grave erreur pour l’avenir du cyclisme.

Une question simple: pourquoi l’UCI n’a-t-elle pas elle-même constitué un dossier comme l’USADA l’a fait à l’endroit de Lance Armstrong? Pourquoi n’a-t-elle jamais pris au sérieux les aveux de Floyd Landis et de Tyler Hamilton, préférant souvent les attaquer en justice plutôt que les écouter? Pourquoi n’a-t-elle pas pris au sérieux les livres de Walsh et Ballester, tout comme le dossier de L’Équipe en 2005?

Pourquoi?

Pat McQuaid a déclaré aujourd’hui « sachez que le cyclisme a un avenir« . Malheureusement Pat, cet avenir nous apparaît à tous bien incertain en ce moment. En fait, nous ne sommes convaincus que d’une chose: si avenir il y a, il est sans toi et ton pote Hein…

Chose certaine, avec la ligne de conduite actuelle de l’UCI, il est fort probable que nous nous retrouverons dans la même situation dans quelques années, soit un enchainement sans fin de gros scandales de dopage dans le cyclisme. On se tire dans le pied, c’est certain. Et on sacrifie des jeunes générations de coureurs qui n’ont aucune chance s’ils ne se dopent pas, ou qui en viendront forcément au dopage pour vivre leur rêve d’être coureur pro.

Je ne vois vraiment que des aveux de Lance Armstrong pour amener l’UCI vers une réforme profonde de son organisation.

Une réflexion pour nous tous

Enfin, cette affaire doit être l’occasion d’une grande réflexion de nous tous, coureurs cyclistes et pratiquants, autour du cyclisme professionnel et de notre admiration à l’endroit des coureurs pro. Pendant des années, dans ma propre équipe cycliste, j’ai eu d’âpres discussions pour simplement faire admettre à plusieurs équipiers et amis que leur regard sur Lance Armstrong était probablement très influencé par une majorité de médias qui le glorifiait, dont évidemment Phil Liggett. La machine Armstrong était d’une efficacité redoutable pour véhiculer de faux messages visant à détourner l’attention du public et à leur faire perdre toute rationalité. Pendant combien d’années a-t-on martelé que si Lance Armstrong gagnait, c’est qu’il était plus sérieux que les autres? On a même fait un film, devenu très populaire, Road to Paris, sur le sujet, le montrant s’entrainant sous la pluie et le froid.

Pure manipulation de l’opinion publique.

La vérité, c’est que Lance Armstrong gagnait parce qu’il avait accès à un dopage extrèmement pointu et cher qu’il avait étendu, chaque année, à certains de ses équipiers clef. Et qu’il s’était aussi organisé en coulisse pour ne pas craindre les contrôles.

Je vous invite à revoir, dans le contexte d’aujourd’hui, la célèbre déclaration de Lance Armstrong à l’arrivée du Tour de France 2005, sur les Champs Élysées et à y réfléchir.

Je crois sincèrement que nous les fans serviront mieux le cyclisme si nous faisons notre propre introspection suite à l’Affaire Armstrong et surtout, si nous manifestons davantage de retenue dans l’avenir devant les coureurs pro et leurs exploits.

Ne jamais être crédule.

Cette recommandation va pour moi aussi bien évidemment.

Et faire des lecteurs de La Flamme Rouge des observateurs éclairés du cyclisme restera toujours la raison d’être de ce site.

Lundi, quelle décision de l’UCI?

L’UCI tiendra une conférence de presse lundi prochain à 13h à Genève à propos du dossier de l’USADA à l’encontre de Lance Armstrong, Johan Bruyneel et plusieurs autres personnes. L’UCI en profitera également pour entériner ou non la suspension de 6 mois prononcée par l’USADA à l’endroit des ex-coureurs US Postal qui sont passés aux aveux, dont George Hincapie et Michael Barry.

Trois situations possibles: coupable, non coupable et… coupable mais.

Tout dépendra comment les avocats de l’UCI interpréteront-ils les règlements anti-dopage.

Car il faut bien distinguer les preuves recevables d’un point de vue juridique du reste. L’UCI pourrait s’en tenir à une décision basée sur ses seules chances de succès devant les tribunaux.

Et deux éléments militent pour que l’UCI déclare lundi Lance Armstrong non coupable: il n’a jamais échoué de tests anti-dopage « officiellement » (ce qui est la ligne de conduite de l’UCI puisqu’admettre le contraire serait admettre qu’elle a couvert les contrôles positifs) et il n’a jamais avoué publiquement avoir fait usage de produits dopants. Les récentes déclarations d’Hein Verbruggen, qui continue de tirer les ficelles en coulisse à l’UCI, laissent croire que l’UCI pourrait très bien lundi prochain invalider tout le dossier USADA.

Évidemment, le tollé créé par un tel verdict serait immense et l’UCI y perdrait le peu de crédibilité qu’il lui reste. Une telle décision remettrait certainement en question l’avenir même du cyclisme puisque d’autres sponsors quitteraient probablement le sport, dégoûté de constater que son organisme directeur ne veut pas nettoyer sa maison et rétablir l’image du cyclisme. Un verdict de non-culpabilité serait en effet un sacré encouragement aux coureurs pour qu’ils la « bouclent », renforçant du même fait l’omerta du peloton! Cette voie est donc très risquée pour l’UCI et il est fort probable que l’USADA saisirait immédiatement le Tribunal d’Arbitrage du Sport (TAS), avec l’appui de l’Agence Mondiale Anti-dopage.

Si l’UCI déclare Lance Armstrong coupable, la fédération rend un verdict attendu par la vaste majorité. Pat McQuaid a une grosse pression pour rendre ce verdict, notamment dans le contexte où de nombreux sponsors de Lance Armstrong et du cyclisme se sont retirés ces derniers jours (Trek, Nike, Sram, Rabobank, etc.). D’autres l’ont pris à partie, exigeant de lui qu’il prenne immédiatement les moyens de rétablir la crédibilité du cyclisme ou, dans le cas contraire, de démissionner. Mais une telle décision n’est pas sans conséquence pour l’UCI elle-même: en légitimant les preuves avancées par l’USADA, l’UCI s’expose elle-même à devoir répondre des éléments troublants à son endroit contenu dans le rapport…

Enfin, l’UCI pourrait adopter une position plus floue, soit « coupable mais ». Elle pourrait par exemple refuser de retirer à Lance Armstrong ses victoires acquises dans le passé (en évoquant notamment les délais de prescription), mais le bannir pour une durée de 2 ans des compétitions, invalidant la recommandation de l’USADA de le bannir à vie. Une telle position provoquerait également un tollé au sein de l’opinion publique et l’USADA ferait très probablement appel devant le TAS d’une telle décision.

Bref, la situation n’est pas si simple pour l’UCI et surtout pour Pat McQuaid qui, à travers cette décision, joue assurément son avenir, la présidence de l’UCI étant soumise à une nouvelle élection l’an prochain.

Je vous avoue franchement que je suis inquiet quant à la décision qui sera rendue lundi. Inquiet pour l’avenir du cyclisme.

Rabobank out!

Premier effet concret de l’Affaire Armstrong dans le peloton: le sponsor Rabobank a décidé de se retirer du cyclisme.

Z’en ont marre des « affaires »: « We were shocked at the many details of the USADA report, which was published last week. For us, this has made the glass more than full. Enough is enough. And we are not confident that cycling will improve in the medium term » a déclaré le directeur financier Bert Bruggink.

Le verdict est sans appel: nous n’avons pas d’espoir de voir le cyclisme s’améliorer à moyen terme.

Rabobank était sponsor d’une équipe pro depuis… 17 ans. Je souhaite presque qu’il y ait d’autres sponsors qui emboitent le pas, mettant la pression sur l’UCI.

Et l’ex-pro australien Stephen Hodge (Once, Festina) est lui aussi passé aux aveux et a démissionné de son poste de vice-président de la Fédé australienne de cyclisme.

Il est pas beau, le cyclisme?

Je rejoins totalement Christophe Bassons: qu’est ce qu’on fait maintenant? Pour moi, c’est clair: on commence d’abord par faire le ménage à l’UCI et dans les équipes pros. Je lancerai d’ailleurs très prochainement sur ce site un débat pour proposer des solutions concrètes et réalistes pour mieux lutter contre le dopage dans le cyclisme en vous invitant à partager vos idées.

Vers une Affaire de Padoue?

Selon la Gazzetta Dello Sport et son journaliste d’expérience Luigi Perna, la justice italienne serait sur le point de rendre public un nouveau scandale de dopage dans le milieu du cyclisme et dont l’acteur central serait le sulfureux Michele Ferrari.

On ne sait pas encore grand chose de cette nouvelle enquête supervisée par le parquet de Padoue, d’où le nom « Affaire de Padoue ».

Des journalistes ayant accès à certaines informations n’ont cependant pas hésité à qualifier ce scandale comme potentiellement plus gros encore (« molto piu grande« ) que celui de l’Affaire Puerto en Espagne en 2006.

En somme, on dévoilerait un vaste réseau de dopage organisé par Ferrari dont les activités principales ne se limiteraient pas qu’au dopage, mais aussi à la contrebande, à l’évasion fiscale et au blanchiment d’argent. Rien que ça! On évoque jusque 30 millions d’euros (!!!) qui auraient circulé sur divers comptes bancaires en Suisse dans le but de se souscrire à l’impôt et de financer des activités illicites.

Les preuves auraient été rassemblées au moyen de saisies de documents, de perquisitions menées en Suisse, dans la principauté de Monaco et en Espagne, ainsi que d’écoutes téléphoniques: « Migliaia di pagine di documenti, verbali, intercettazioni telefoniche e ambientali, perquisizioni e rogatorie internazionali in Svizzera, nel Principato di Monaco e in Spagna. » Le spécialiste italien de la marche olympique Alex Schwazer, piqué positif à l’EPO peu avant les Jeux Olympiques de Londres, aurait également contribué à renseigner l’existence d’un tel réseau.

Michele Ferrari et son fils Stefano auraient ainsi usé de leur société 53×12 comme une parure pour monter un vaste système de dopage « clef en main » incluant de l’évasion fiscale dont ils bénéficiaient directement puisque les cyclistes impliqués pouvaient ainsi plus aisément les payer pour leurs « services ». Le système aurait également garanti aux coureurs l’accès à des avocats en cas de contrôles positifs. On avait tout prévu!

Parmi les noms de coureurs qui circulent jusqu’à maintenant, ceux de Michele Scarponi, Denis Menchov, Alexandr Kolobnev, Vladimir Gusev, Vladimir Karpets, Mikhail Ignatiev et Evgueni Petrov.

Parmi les personnes visées par l’enquête, Michele Ferrari et son fils bien sûr, mais aussi des directeurs de banque en Suisse, ainsi que des avocats.

L’enquête serait bouclée d’ici la fin du mois et plus de détails seront donc connus par la suite. Restons donc prudents pour le moment sur cette nouvelle affaire et son interprétation, car nous n’en savons que très peu. Ce qui me rassure, c’est qu’elle émane de la justice italienne, et non du milieu cycliste: c’est le gage qu’elle ira probablement au fond des choses!

Voilà donc une nouvelle histoire à suivre et qui ne sera pas moins intéressante que l’Affaire Armstrong puisqu’elle concerne des pratiques récentes, voire encore en cours, au sein du peloton professionnel.

Lance Armstrong ne doit pas tomber seul

La descente aux enfers de Lance Armstrong est bien amorcée. Comme prévu, le rapport de l’USADA a précipité les choses et Armstrong avait très certainement raison de vouloir éviter sa publication.

Au cours des 24 dernières heures, de nombreux sponsors importants et de longue date de Lance Armstrong ont annoncé qu’ils mettent fin à leur partenariat: Nike, Trek, Radio Shack, Anheuser-Busch (un brasseur belge, propriétaire de la bière Budweiser), Honey Stinger et FRS (produits énergétiques). La compagnie Oakley, présente aux côtés d’Armstrong depuis le début de sa carrière, attend pour sa part l’avis de l’UCI (attendu d’ici la fin du mois) pour se prononcer.

Lance Armstrong a aussi annoncé qu’il quittait son poste de président de sa fondation LiveStrong. Sa déclaration évoque son souci de ne pas associer sa fondation avec ses déboires reliés à sa carrière cycliste.

Enfin, Lance Armstrong ne « twitte » plus depuis 48h, lui qui, en temps normal, publie de nombreux « twits » chaque jour. La preuve que l’homme vit des moments très difficiles.

Je suis convaincu que plus que jamais, Lance Armstrong évalue les avantages et inconvénients d’un passage aux aveux. Je l’ai écrit, il vient un moment où nier seul, en dépit de la cohérence des autres aveux, tourne au ridicule. La situation de Lance Armstrong tourne actuellement au ridicule et l’homme est de plus en plus isolé, lâché de tous. Très bientôt, il réalisera peut-être qu’il n’a lui-aussi plus rien à perdre, surtout que ses amis du côté de l’UCI le lâcheront très probablement d’ici la fin du mois, confirmant la perte de tous ses titres sportifs.

Et rappelons que de nombreuses sociétés n’attendent que le verdict de l’UCI pour le poursuivre financièrement, notamment la FFC et ASO pour récupérer les primes de victoires du Tour et la compagnie d’assurance SCA qui lui a versé des millions de dollars prévus en cas de victoire à répétition sur le Tour. Lance Armstrong risque donc de perdre de nombreux millions de dollars au cours des prochains mois, ce qui s’ajoutera aux nombreux autres qu’il a probablement déjà perdu en frais d’avocats de toute sorte.

Nous faisons donc bel et bien face au plus important scandale de dopage de l’histoire du sport.

Mais Lance Armstrong ne doit pas tomber seul.

Si je n’ai jamais adhéré à l’argument fallacieux d’une « chasse aux sorcières » évoqué jusqu’ici par les avocats d’Armstrong, il serait scandaleux qu’il soit le seul à tomber au cours des prochains jours. Si tel était le cas, nous serions tous perdants et il serait légitime d’être frustrés qu’une seule personne ait morflé.

Plus encore, ce ne serait pas juste à l’endroit de Lance Armstrong.

J’estime que Johan Bruyneel doit tomber, que Michele Ferrari, dont les propos sont insupportables et méprisants, doit tomber, que des têtes doivent aussi tomber dans le personnel actuel des équipes World Tour et surtout, à l’UCI. Et que la lumière doit être faite sur le rôle de la compagnie Nike dans la couverture de contrôles positifs de Lance Armstrong par l’UCI. Les propos, confiés sous serment, de Kathy LeMond sont troublants à cet égard.

Le plus difficile sera de faire tomber des têtes du côté de l’UCI. À qui cet organisme rend-t-il en effet des comptes? Devant qui, outre son comité directeur et son congrès, Pat McQuaid est-il redevable? Qui peut l’inviter à démissionner, outre les membres du congrès? Rappelons que les membres du congrès de l’UCI sont des personnes, au maximum trois, nommées par les fédérations dont l’affiliation est à jour.

Bref, les prochains jours seront intéressants.

Il est à souhaiter que Lance Armstrong deviendra raisonnable et passera aux aveux rapidement. Il pourra évoquer comme circonstances atténuantes une époque trouble du cyclisme, où une majorité de coureurs se dopaient. Comment lui reprocher alors d’avoir fait comme tous les autres?

Les circonstances seront vraiment atténuantes à son égard s’il fait la lumière sur ses relations avec l’UCI, avec Michele Ferrari et Johan Bruyneel. C’est la dernière pièce manquante du puzzle pour que le vrai grand ménage dans le cyclisme se fasse enfin. Car ca va prendre plus qu’une petite signature au bas d’un papier… Cela passe par une profonde remise en cause des rôles et responsabilités actuels de l’UCI, notamment à l’égard de la lutte contre le dopage. Il m’est insupportable de savoir que M. Ferrari « entraine » encore des coureurs pro en activité, dont certains sont tous jeunes.

Lance Armstrong fait donc face une nouvelle fois à l’histoire: s’il continue de nier, c’est un suicide public. S’il passe aux aveux, il a une chance de réhabiliter sa réputation et surtout, de nous prouver tout son amour pour le sport cycliste qui ne peut manifestement pas continuer sur la voie actuelle. En ce sens, Lance Armstrong a aujourd’hui de nouveau l’opportunité d’être un moteur du changement vers un monde meilleur, au bénéfice des générations futures… et donc de ses propres enfants.

N’ajustez pas votre appareil…

On croit rêver: le président de l’UCI, Pat McQuaid, a déclaré samedi dernier que « le cyclisme se porte très bien« .

Une sacré chance! Qu’est ce que ca serait s’il se portait mal?

McQuaid affirme aussi que le peloton « est complètement différent ». Une autre affirmation à mettre dans la même catégorie que celle de Verbruggen à l’égard d’Armstrong il y a peu (« il ne s’est jamais, jamais, jamais dopé »).

La vérité, c’est que nous avons les preuves que Michele Ferrari continue de pratiquer auprès de nombreux coureurs professionnels (affaire Pozzato, aveux récents de Bertagnolli). La vérité, c’est que nous avons encore de nombreux cas de dopage, notamment de Contador et Franck Schleck récemment.

La vérité, c’est que les calculs de puissance nous montrent que ces puissances sont récemment reparties à la hausse, notamment sur le Tour et la Vuelta.

Et il y a Andy Schleck qui nous affirme que le cyclisme « doit se tourner vers l’avenir« . Une façon de botter en touche l’Affaire Armstrong et d’éviter les questions qui fâchent, notamment envers son propre frère.

Tout se passe donc exactement comme d’habitude: dans le milieu, on se dissocie vigoureusement et avec aplomb du passé, des accusés, tout en essayant de laisser entendre qu’aujourd’hui, les choses ont bien changé et que le dopage, c’est désormais l’affaire de quelques cas « problème » seulement.

Je demeure convaincu du contraire. Et je déteste qu’on me prenne pour un imbécile. Je préfère de loin les propos difficiles mais lucides de Dick Pound, l’ex-président de l’AMA, qui ont le mérite d’être probablement beaucoup plus près de la réalité.

Il y a de quoi être très inquiet pour l’avenir du cyclisme: Pat McQuaid sera candidat à sa succession à la présidence de l’UCI en 2013…

Affaire Armstrong: beaucoup de réactions affligeantes

Il faut se délecter, ces jours-ci, des diverses réactions d’acteurs importants du cyclisme tant ces réactions sont soit loufoques, soit ridicules, soit nous prennent vraiment pour des imbéciles.

Il y a eu celle de Lance Armstrong via ses avocats, pathétique.

J’ai bien aimé également celle de Fabian Cancellara: « une vieille histoire » a-t-il déclaré. Comique pour quelqu’un qui est encore aujourd’hui préparé par le sulfureux médecin italien Luigi Cecchini… Il déclare aussi « Now I understand how US Postal was able to put eight or nine riders in the front on a mountain stage and drop all the others. » Hey! Fabian! l’équipe Sky a fait exactement la même chose sur les routes du Tour en juillet dernier… Enfin, il conclut: « Nowadays, we work differently, more professionally, with more attention to detail. That’s the cycling I believe in, not ‘training and loading’. It’s changed. » Je n’en crois pas un mot, ou plutôt si, ironiquement: les coureurs pros travaillent en effet « différemment » (comprendre avec d’autres produits et d’autres réseaux) et de façon plus « professionnelle » (comprendre dans leurs relations avec les médecins-dopeurs, puisque la prudence est de mise depuis que l’on sait que les policiers utilisent les écoutes téléphoniques, débusquent les courriels, etc.).

L’ex-directeur sportif de Telekom, Rudy Pavenage, se déclare quant à lui « choqué ». Ben voyons!

Il y a surtout eu celle de l’ex-président de l’UCI, Hein Verbruggen, qui se contredit publiquement lui-même. Affligeant. Un homme aux abois qui se couvre de ridicule à chaque entrevue.

Je n’aime pas du tout non plus le communiqué de presse émis par Canada Cyclisme (l’ex-ACC), qui ne ressemble qu’à un mauvais exercice de relation publique et de « damage control ». Son président, John Tolkamp, y affirme que  «Le cyclisme sur route a beaucoup progressé ces cinq à sept dernières années dans le but de se débarrasser de la drogue. Le lancement du programme de Passeport biologique a eu des effets rapides, contribuant à façonner un cyclisme beaucoup plus sain, tel que nous le connaissons aujourd’hui.  Nous pouvons en effet constater aujourd’hui que la culture du cyclisme sur route s’oriente rapidement vers celle d’un sport sans drogue.»

La vérité, c’est qu’en sait-il vraiment? Que sait-il vraiment de ce qui se passe dans les équipes professionnelles, le soir une fois que les portes des chambres des hôtels sont fermées? Où sont les arguments lui permettant de soutenir une telle position? Le cyclisme canadien a lui-même été secoué par des affaires de dopage récemment, notamment celles de Benjamin Martel et Arnaud Papillon l’an dernier, sans parler des récents aveux de Michael Barry. D’autres scandales de dopage dans le cyclisme canadien pourraient survenir… Et en matière de passeport biologique, on a trop souvent l’impression que la montagne a accouché d’une souris tant son usage, pour confondre les tricheurs, semble compliqué voire limité.

Ce genre de déclaration me paraît donc irresponsable car elle est une insulte à l’intelligence du public qui continue de constater, année après année, que le cyclisme reste profondément gangrené par le dopage. Comment pourrait-il en être autrement tant que les ex-dopés continuent d’occuper des postes importants dans le cyclisme, comme directeurs sportifs?

Mon opinion est qu’il y a actuellement très peu d’éléments concrets nous permettant de croire que le cyclisme de 2012 est très différent à l’égard du dopage de celui du début des années 2000. Les calculs de puissance nous le démontrent, comme les scandales de dopage qui continuent de se multiplier. Sans oublier que c’est à travers des enquêtes policières ou de certains organismes comme l’USADA que les chances d’attraper les tricheurs sont les meilleures, pas à travers les contrôles antidopage.

Le piège du procès Armstrong

On y est. Le grand déballage vient de débuter dans le cadre du procès Armstrong.

L’USADA a donc rendu public hier la preuve à l’endroit de Lance Armstrong, Johan Bruyneel et trois autres personnes. J’ai commencé la lecture du document original, mais cela me prendra quelques jours tant le dossier est volumineux! Il couvre la période de 1998 à 2012, détaillant pour chacune de ces années, des éléments concrets du système de dopage utilisé par Lance Armstrong et ses proches.

Cinq éléments m’ont paru particulièrement intéressants jusqu’ici.

Le premier, ce sont les aveux de trois coureurs ex-équipiers de Lance Armstrong: George Hincapie, Levi Leipheimer et le Canadien Michael Barry. Ils n’avaient évidemment plus le choix puisque témoins à charge dans le dossier de l’USADA. Ils ont avoué leur dopage, mais aussi le fonctionnement à cet égard de l’équipe US Postal puis Discovery. En conséquence, ils sont tous suspendus, tout comme Christian Vande Velde, Tom Danielson et David Zabriskie. Pour Hincapie et Barry, c’est une bien triste fin de carrière… surtout que leurs victoires antérieures leur seront probablement retirées, comme les primes les accompagnant.

Le deuxième, c’est la publication des preuves de collaboration et de versements monétaires (pour un million de dollars!!!) entre Lance Armstrong et Michele Ferrari à une époque où Lance Armstrong affirmait pourtant ne plus avoir aucun lien « professionnel » avec le gourou italien du dopage. Sa collaboration s’est même poursuivie en 2009, année de son deuxième come-back. Les publications des courriels échangés entre Armstrong et Ferrari dans le mois précédent le Tour 2009 sont particulièrement intéressants.

Le troisième, ce sont des preuves scientifiques d’un dopage sanguin de Lance Armstrong entre 2009 et 2012, les années de son deuxième come-back. Des taux de réticulocytes (jeunes globules rouges) et de plasma sanguin anormalement bas et… le refus de l’UCI à l’endroit de l’USADA d’acheminer davantage de données de laboratoires sur le profil sanguin de M. Armstrong, sous prétexte que ce dernier refusait (bien évidemment) de donner son accord.

Le quatrième, c’est la façon dont Lance Armstrong pouvait facilement déjouer les contrôles. Son entourage proche (surtout Johan Bruyneel) était en mesure de le prévenir d’avance de l’imminence d’un contrôle, et donc de le planifier. Il fallait donc d’autres personnes à l’autre bout pour les prévenir, mais qui ? Le rôle de l’UCI n’est d’ailleurs pas très clair à ce niveau puisqu’en 2009, elle était conjointement responsable des contrôles avec l’AFLD. Or, il est prouvé que cette année-là, l’équipe Astana de Lance Armstrong (et Alberto Contador, le vainqueur…) a bénéficié d’un traitement de faveur à l’égard des contrôles anti-dopage. Douteux quant on connaît les liens qu’entretenaient Armstrong et l’UCI dès 2001.

Le cinquième, c’est l’usage par Lance Armstrong d’intimidation et de menaces à l’encontre de ceux qui osaient se dresser contre lui à l’égard du dopage, en particulier lorsque ces derniers brisaient la loi de l’omerta. Il est d’ailleurs intéressant de constater à ce chapitre que Hincapie, Barry et Leipheimer auront attendus hier, soit le tout dernier moment possible, pour passer aux aveux… tous étaient en activité en 2012… Le rapport prouve également que Lance Armstrong a menti alors qu’il était sous serment dans le cadre du procès avec sa compagnie d’assurance et qu’il a tenté de produire de faux affidavit.

Seuls les trois premiers éléments constituent selon moi des preuves recevables d’un dopage organisé dans le cadre d’un jury ou d’un procès. Les deux derniers sont plutôt des éléments de contexte pouvant nous convaincre de la culpabilité de Lance Armstrong.

Il est possible que les prochains jours nous apportent d’autres éléments à mesure que le rapport est décortiqué plus en détails.

Quoi qu’il en soit, une question se pose à partir de maintenant: combien de temps Lance Armstrong va-t-il pouvoir tenir sa position de deni?

Il a réagi hier par la voie de ses avocats qui n’ont pas été chercher bien loin leurs arguments de défense. C’est assez pathétique, voire cela suscite la pitié: « Ignoring the 500-600 tests Lance Armstrong passed, ignoring all exculpatory evidence, and trying to justify the millions of dollars USADA has spent pursuing one, single athlete for years, USADA has continued its government funded witch hunt of only Mr. Armstrong, a retired cyclist, in violation of its own rules and due process, in spite of USADA’s lack of jurisdiction, in blatant violation of the statute of limitations, and without honoring UCI’s demand to produce the entire USADA « file » for an independent review and decision as mandated by national and international rules. »

Chose certaine, avec chaque élément de preuve rendu public, Lance Armstrong perd davantage de sa crédibilité déjà sérieusement atteinte. Il vient toujours un moment où le mensonge ridiculise le menteur lorsque ce mensonge devient trop évident. Bref, ca va vite devenir intenable pour lui et s’il persiste, son mensonge pourrait miner complètement son avenir, par exemple ses ambitions politiques.

On peut aussi voir la situation différemment: Lance Armstrong a aujourd’hui une vraie opportunité de poser un acte de courage et d’amour du sport cycliste, en déballant lui-aussi sur une période trouble du cyclisme. Ce qui permettrait à la lutte contre le dopage de faire un grand pas en avant.

La situation risque aussi d’être difficile pour l’UCI au cours des prochains jours car elle devra expliquer comment elle a pu passer à côté, durant plusieurs années, d’autant d’éléments du dossier Armstrong alors qu’elle est la principale instance en charge du cyclisme et qu’elle affirme depuis longtemps que la lutte contre le dopage est une de ses priorités. Son inaction ne serait-ce qu’à enquêter autour des agissements de Lance Armstrong soulèvera forcément des questions et minera aussi sa crédibilité.

Mais surtout, il y a un risque énorme que tout ce déballage occulte le plus important: ce qui se passe aujourd’hui dans le peloton. Car si le procès Armstrong est nécessaire à mes yeux, ce n’est que pour nous faire comprendre ce qui peut se passer aujourd’hui dans le peloton. Et à ce chapitre, les récents calculs de Frédéric Portoleau tendent à nous montrer que les puissances sur le Tour et la Vuelta ont de nouveau fleurtées avec des seuils surhumains. S’il est probable qu’une accalmie ait eu lieu sur la scène du dopage en 2010 et 2011, il y a des doutes raisonnables quant à la saison 2012 et il n’est pas impossible que de nouveaux produits aient fait leur apparition dans le peloton, comme l’AICAR ou le GW1516 et leurs dérivés. La domination de certaines équipes en 2012, en particulier sur les grands tours, ne fait-elle pas trop penser à la grande époque US Postal?

Le piège Armstrong, c’est donc le fait que les acteurs actuels du cyclisme vont tenter de nous faire croire que tous ces scandales, toutes ces pratiques appartiennent à une époque révolue, au passé. Que le cyclisme d’aujourd’hui est beaucoup plus propre. Ca a d’ailleurs déjà commencé, par exemple les propos de Dave Brailsford, manager chez Sky, qui joue la carte de la surprise. Je crois qu’il n’en est rien, les systèmes de dopage ont simplement évolué vers d’autres produits, d’autres techniques, d’autres réseaux, d’autres passeurs. Je vous rappelle, pour preuve, que le rythme des scandales n’a rien perdu de sa vigueur avec, depuis deux ans, les contrôles positifs de Contador, Franck Schleck, Remi Di Gregorio, Ivailo Gabrovsky, et l’Affaire Pozzatto. Plus encore, Michele Ferrari continue de pratiquer auprès de coureurs pros aujourd’hui, comme Kreuziger, Pellizotti, Gasparotto, Chichi. Il convient d’être vigilants et d’user de jugement dans les performances qui nous sont offertes.

Bref, espérons que Lance Armstrong fera prochainement acte de courage en passant aux aveux pour nous permettre de bien comprendre ce qui peut se passer aujourd’hui dans le peloton, à la lumière de ce qui se passait hier dans ce peloton professionnel. Espérons que ce dossier assemblé par l’USADA soit pris au sérieux par toutes les instances du cyclisme professionnel et débouche sur des actions concrètes mises en oeuvre au sein du peloton actuel. Car si tout ce déballage ne reste qu’un exercice portant sur le passé plutôt que sur le présent, il n’y aura que des perdants dans toute cette histoire…

Affaire Armstrong: vers un séisme « 30 fois plus important » que tous les autres scandales de dopage à ce jour?

Plusieurs événements sont survenus au cours des derniers jours dans le dossier de l’Affaire Armstrong-USADA. Il est utile de faire le point, question d’anticiper la suite des choses.

Dans un premier temps, le contexte des Mondiaux de cyclisme à Valkenburg a conduit l’UCI à donner quelques conférences de presse, la plupart malheureuses. Il y a d’abord eu les déclarations de l’ex-président de l’UCI, Hein Verbruggen, qui se passent de commentaires.

Il y a ensuite eu Pat McQuaid affirmant que « L’UCI n’a rien à se reprocher » dans le contexte des affaires et de la lutte contre le dopage jusqu’à aujourd’hui. Simplement l’affirmer en dit déjà long, selon moi, sur les sentiments que véhicule l’UCI auprès de la plupart des observateurs éclairés du cyclisme, de même que sur les sentiments de culpabilité au sein même de l’UCI. Et la publication, imminente, du dossier Armstrong devrait nous permettre de bien mesurer si l’UCI n’a réellement rien à se reprocher au cours des dernières années… Chose certaine, l’affaire des « dons » monétaires de Lance Armstrong à l’UCI était source d’embarras pour l’UCI! Et le président de la Fédération du sport cycliste luxembourgeois, Jean Regenwetter, n’y va pas, lui, de main morte dans ses critiques de l’UCI sur le sujet, comparant cette dernière à une « république bananière »!

Dans la foulée, Pat McQuaid a aussi affirmé que l’UCI « veut éradiquer le dopage« . J’ai été surtout intéressé par une déclaration de McQuaid: «Il existait une vraie culture du dopage que nous sommes en train d’éradiquer mais il faut du temps». Il s’agit, à ma connaissance, de la première fois que l’UCI admet que le cyclisme était (est) gangréné par une « vraie culture du dopage » (les mots sont forts). Voilà qui est un pas dans la bonne direction, tout en restant réaliste sur les moyens que l’UCI compte employer dans cette lutte, son mandat principal étant le développement du sport cycliste, mandat pour lequel la diffusion d’une image positive du sport est capital…

Plus récemment encore, le directeur de l’USADA Travis Tygart a donné une très intéressante interview dans le journal français L’Équipe (dont le texte intégral est ici, mais cependant traduit librement en anglais), mentionnant notamment qu’il avait été victime de menaces de mort au cours des derniers mois. Enquêter sur le passé de Lance Armstrong et de ses proches collaborateurs n’est donc pas exempt de tout danger. Mais surtout, il est écrit dans l’entrevue que l’impact de la publication auprès du grand public de la preuve à l’endroit de Lance Armstrong, Johan Bruyneel et les trois autres personnes sous enquête pour un dopage « institutionnalisé » pourrait être « 30 fois plus important » que tout ce qui a été vu jusqu’ici dans le cyclisme. Cette preuve devrait être transmise à l’UCI d’ici la fin du mois et pourrait être rendue publique d’ici la fin de l’année dans le cadre de la contestation par Johan Bruyneel des accusations qui pèsent contre lui. Les choses bougeront donc rapidement désormais.

Il faut avouer que ça promet et que c’est un peu inquiétant pour la suite des choses. J’ai toujours dit que l’Affaire Armstrong  dépassait de très loin ce simple individu et qu’elle était en fait l’occasion d’un très grand ménage dans le sport cycliste, ménage qui apparaît évidemment nécessaire à la vue des affaires de dopage qui ont encore affligé le cyclisme en 2012. Si cette preuve pouvait amener nombre de coureurs cyclistes professionnels à la retraite et encore en activité à parler, ce serait un immense gain pour le cyclisme.

Enfin, l’événement le plus récent est cette déclaration de la ministre des sports français, Mme Valérie Fourneyon, qui met la pression sur l’UCI pour déchoir Lance Armstrong de ses titres sur le Tour de France. J’estime, comme beaucoup d’autres dont l’UCI, qu’il s’agit d’une déclaration prématurée puisque l’UCI doit d’abord examiner la preuve de l’USADA. S’il est en effet souhaitable que l’UCI agisse avec transparence et sérieux dans l’affaire, le gouvernement français n’avait pas à intervenir à ce stade-ci dans le dossier, mais plutôt une fois l’avis de l’UCI rendu. Les réactions françaises pourraient également se limiter à celles de la Fédération Française de Cyclisme ainsi que d’Amaury Sport Organisation, propriétaire du Tour de France.

Bref, il est fort possible que nous soyons actuellement à l’aube d’un grand choc dans le cyclisme professionnel. S’il est raisonnable pour tous les passionnés de ce sport de nourrir certaines inquiétudes, ceux qui ont des choses à se reprocher en nourrissent probablement bien davantage. Espérons que le cyclisme et l’UCI ne passeront pas à côté de cette occasion unique de franchir un pas significatif dans la lutte contre le dopage et de repartir sur des bases plus saines. Des positions fermes sur la validité et les sanctions prévues lors de tests rétrospectifs pourraient être un de ces pas significatifs, de même que l’exclusion de tout rôle au sein d’équipes professionnelles d’anciens acteurs déterminants dans le dopage.

Hein Verbruggen

Voilà qui se passe de commentaires. Je vous laisse juger par vous-même.

The Secret Race

Vous n’avez pas le choix: il faut lire le livre de Tyler Hamilton, The Secret Race, si vous voulez comprendre le cyclisme professionnel.

Point final.

J’en suis à un peu plus de la moitié et ce livre est passionnant. Disponible sur Amazon.ca ou sur ITunes, c’est un 15$ très bien investi dans votre culture cycliste et dans votre capacité à être un observateur éclairé du cyclisme.

La crédibilité? Très bonne, aucun doute là-dessus. Le degré de détails que donne Tyler Hamilton ne laisse absolument aucun doute. Le ton aussi: calme, posé, sans rancoeur. Qui plus est, le co-auteur, Daniel Coyle, avait mis quelques conditions à sa collaboration, dont celle de pouvoir corroborer chaque fait rapporté par Hamilton au moyen d’une source indépendante.

Le président de l’AMA, David Howman, a également lu avec un grand intérêt le livre et estime qu’il sera utile dans la lutte contre le dopage.

Mais attention, ce livre est aussi explosif. On y apprend surtout le côté sombre du cyclisme, comment les coureurs jonglent avec le dopage. Dans la première partie, on y apprend aussi la personnalité de Lance Armstrong, peu recommandable. Et on y apprend, faits à l’appui, que le dopage était bien institutionnalisé chez US Postal et ce, dès 1998, année du retour d’Armstrong au premier plan.

Je vous proposerai une critique plus complète de ce livre d’ici quelques jours. Mais d’ors et déjà, je peux vous affirmer que tous ceux qui veulent comprendre le milieu cycliste professionnel et cesser d’être manipulés par les déclarations loufoques des cyclistes pro à la presse quant au dopage doivent lire ce livre.

Le cyclisme pro, une véritable mafia

É-C-O-E-U-R-É.

Je suis écoeuré du cyclisme professionnel aujourd’hui.

Profondément écoeuré. Tellement que je n’irai pas sur les GP de Québec et Montréal au cours des prochains jours. Je ne désire plus cautionner de quelque façon que ce soit un tel milieu.

Tous ceux qui veulent être des observateurs éclairés du cyclisme n’ont d’autres choix que de lire les déclarations de l’ex-coureur Jorg Jaksche, pris dans l’Affaire Puerto et depuis exclut du peloton pro parce qu’il a osé raconter ce qui se passe vraiment dans le milieu du cyclisme pro. Aujourd’hui, Jorg Jaksche n’a plus de liens avec le cyclisme professionnel, étant étudiant universitaire en économie, et en est donc totalement indépendant, rendant ses déclarations éminemment crédibles.

Les propos de Jaksche sont accablants pour Bjarne Riis, pour l’UCI et pour une grande partie de ceux qui oeuvrent dans le milieu des courses cyclistes professionnelles.

En gros, on y apprend que:

le dopage est bien institutionnalisé au sein des grandes équipes. C’était notamment le cas chez CSC, qui envoyait ses coureurs à Madrid chez le Dr. Fuentes. Les propos de Jaksche sont corroborés par ceux de Johnny Weltz, ancien directeur sportif dans cette équipe et qui avait eu le malheur de poser quelques questions à Bjarne Riis sur les fréquentations madrilènes des coureurs. Et vous avez Bjarne Riis qui, le 1er septembre dernier, déclarait ne pas connaître le Dr. Fuentes! Cela en dit long sur le mépris que porte Bjarne Riis à tous les amateurs de cyclisme et cela en dit long sur son estime des fans qu’il méprise de toute évidence. Pendant combien de temps continuerons-nous de nous faire prendre pour des imbéciles par de tels individus?

– que Jaksche a été exclu de tout le milieu cycliste pro pour avoir trop parlé à la police et à l’UCI. Contrairement à Ivan Basso par exemple, qui « la ferme », Jaksche n’a jamais retrouvé de contrat pro après avoir purgé sa suspension. Cela en dit long sur ceux qui régentent le cyclisme pro.

– que l’UCI n’a strictement rien fait une fois avoir entendu ce qu’avait à dire Jaksche sur les pratiques dopantes dans le milieu. Pour moi, c’est le plus grave et cela témoigne à quel point la priorité de l’UCI est d’abord et avant tout l’image du cyclisme, et non la lutte pour un cyclisme propre. Selon Jaksche, l’UCI est composée de nombreuses personnes à la morale assez douteuse et dont les intérêts premiers sont loin d’être ceux du cyclisme lui-même. Dans ce contexte, le cyclisme n’est qu’un show, rien qu’un show. On est à des années-lumières du premier principe du sport, « que le meilleur gagne ».

– que la neutralité voire la moralité d’un Phil Liggett est douteuse. Ce type jouit pourtant d’une certaine réputation dans le milieu du cyclisme. Il ne faut plus écouter les sornettes de ce triste personnage, tout comme celles de ses acolytes. Il ne s’agit pas de journalisme sportif, il s’agit de propagande visant d’autres buts que celui d’informer le public à propos du déroulement d’une course cycliste.

Enfin, j’aime la conclusion de Jaksche: « demandez-moi qui ne fait pas partie du problème plutôt que ceux qui en font partie. La liste est beaucoup plus courte. » (traduction libre).

Cela confirme ce que j’ai toujours écrit: le cyclisme n’a aucune chance si des gens comme Pat McQuaid (et donc Hein Verbruggen), Bjarne Riis, Johan Bruyneel, Giusseppe Martinelli, Patrick Lefevere, Lance Armstrong, Phil Liggett, et bien d’autres encore, continuent d’oeuvrer de près ou de loin dans le milieu cycliste professionnel.

Je trouve cela terriblement décevant et triste pour des gens comme David Veilleux et d’autres encore qui poursuivent leur rêve de devenir des coureurs pros accomplis, ou de gagner de grandes courses. Décevant, triste et… très inquiétant pour la suite de leur carrière. Il leur faudra être très fort pour résister à ce milieu qui n’est rien d’autre qu’une véritable mafia.

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