C’est pas mal!
C’est pas mal!
Les derniers jours ont été fastes pour les jeunes coureurs français et ça fait franchement plaisir à voir.
Rappelons que les coureurs français sont passés à côté de leur Tour de France cet été. Thibault Pinot s’est effondré, Pierre Rolland a loupé ses objectifs d’une bonne place au général ou d’un maillot à pois, et la France a dû attendre la… 18e étape pour voir l’un des leurs s’imposer grâce à la superbe victoire de Christophe Riblon à l’Alpe d’Huez. Ce fut cependant la seule…
Dernièrement, la France s’est bien reprise et c’est de bonne augure pour les prochains Mondiaux.
Comme quoi il ne faut jamais juger au seul Tour de France…
Thibault Pinot nous fait une excellente Vuelta et était au beau milieu de la bagarre hier pour la victoire d’étape à Formigal. Ses craintes lors des descentes seraient en passe de s’améliorer et force est de constater qu’il n’a probablement pas supporté la pression du Tour de France en juillet dernier.
Le jeune Warren Barguil, 21 ans seulement, se révèle également sur cette Vuelta, ayant signé hier sa 2e victoire d’étape sur l’épreuve, excusez-un-peu.
Ce qui convainc le plus, c’est sa maitrise dans le final face à un coureur à priori plus expérimenté et plus puissant dans les cols que lui, Rigoberto Uran. Barguil a eu la sagesse d’attendre patiemment pour produire son effort au bon moment, malgré les coureurs qui rentraient derrière. Il fallait du cran pour faire ca!
La question qui tue: pourquoi diable Barguil court-il chez Argos-Shimano et non au sein d’une équipe française comme FDJ, Europcar ou AG2R-La Mondiale? Comment les directeurs sportifs français ont pu laisser ce jeune coureur plein de promesses signer à l’étranger?
Autre belle victoire française ces derniers jours, celle d’Alexandre Geniez dans l’étape reine de la Vuelta, au sommet de Peyragudes. Près de 6 heures 20 minutes d’effort pour le coureur de la FDJ, dont les 30 derniers en solo. Chapeau!
Il y a encore eu la victoire de Nacer Bouhanni (FDJ) au Grand Prix de Fourmies dimanche dernier, devant nul autre qu’Andrei Greipel. Là encore, c’est probant et ca démontre que les jeunes coureurs français peuvent être dans le coup partout. Troisième sur l’épreuve, un autre jeune français qui monte, Bryan Coquart chez Europcar.
Ajoutez à ce topo les Arnaud Demare, Arnold Jeannesson, Pierre Rolland, Thomas Voeckler, Jérémy Roy, John Gadret, Romain Bardet, Jean-Christophe Peraud, Sylvain Chavanel, Christophe Riblon, Tony Gallopin, Sébastien Turgot, Jérome Cousin, Maxime Bouet, Johan LeBon et Francis Mourey et vous avez là la meilleure génération de coureurs français depuis la fin des années 1980 selon moi.
Avec un peu de réussite de la part de ces coureurs, la France pourrait de nouveau en gagner des belles en cyclisme dès l’an prochain. Si le prochain vainqueur français du Tour n’y est peut-être pas, vous avez parmi ces coureurs de redoutables coureurs d’un jour capables de s’illustrer autant pour les victoires d’étape sur les grands tours que dans les Classiques.
Allez, il suffit de croire en vous les mecs!
C’est bien connu, y’a des bons jours, et des moins bons jours.
Samedi dernier, c’était sans aucun doute un de ces bons jours de vélo. À tous les égards.
Je participais à la première édition du Gran Fondo Mont Tremblant, la première de quatre cyclosportives à mon programme de septembre, question de me reprendre après un mois d’août en dilettante. Que voulez-vous, on a des objectifs pour 2014 ou pas. Et mon ami Pat Wells, éditeur en chef de Cycle Presse et impliqué dans l’organisation de l’événement, a su jouer le directeur sportif – façon Giancarlo Ferretti – avec moi pour me convaincre que les 125 kilomètres à parcourir seraient bons pour moi…
Bière et merguez
J’arrive donc vendredi soir dernier au Mont Tremblant, que je ne connais pas. Mon expérience Gran Fondo a commencé illico, accueilli par la pétillante Sara (une ex- de Cyclisme Canada) qui me donne mon kit de participant en un temps deux mouvements. Outre la puce de chronométrage, je découvre dans le kit une jolie veste sans manche de couleur noire, sobre, classique et assurément très « classe ». Voilà une bonne idée et surtout une bonne couleur, le noir allant avec tout (en plus, ça amincit…). On est loin de certaines pièces de vêtements de couleurs douteuses parfois offertes, la palme à ce chapitre revenant à la Gatineau Loppet… les habitués comprendront!
Également inclus dans mon inscription, un « deux pour un » à la Microbrasserie La diable, juste à côté. Parlez-moi d’une cyclo qui commence par une dégustation de bonne bière locale! Je vous recommande la « 7e ciel », divin (et, dans mon cas, au diable les 125 bornes à parcourir demain…). J’ai évidemment fait terrasse, le temps de retrouver quelques amis et de faire quelques connaissances, notamment du sympathique Pierre, débordant d’enthousiasme pour le vélo et motivé comme le Contador des grands jours pour l’épreuve du lendemain.
Deux merguez plus loin (on ne se refait pas…), je vise mon auberge, l’Auberge La porte rouge. Excellent accueil là encore, « cycling friendly ». Visiblement dans le coin, les cyclistes, on aime!
Le lendemain, samedi donc, temps incertain au petit lever (6h). Le vélo est prêt, le strict nécessaire aussi pour faire face au mauvais temps, si jamais… Très important l’embrocation, un secret bien gardé que seuls les non-initiés dénigrent encore…
Dossard 151, un numéro de leader!
Ces quelques embrocations, seulement le strict nécessaire…
Je change d’équipe pour la journée…
… mais question style, j’ai été battu très largement! Le côté « glamour » de Tremblant?
Lyne Bessette
Ligne de départ. Belle surprise, Lyne Bessette, que j’aime beaucoup pour sa modestie, sa simplicité, son talent et son absence de langue de bois, nous gratifie de quelques mots juste avant de partir. Quelques instants plus tard, en roulant, j’en profite pour lui faire un brin de jasette, question de prendre de ses nouvelles.
La Flamme Rouge: Lyne, comment vont les préparatifs pour ta nouvelle cyclosportive « Les 100 à B7 » le 12 octobre prochain?
Lyne Bessette: Super bien Laurent! La cyclo partira du Centre national de cyclisme à Bromont pour une distance de 100 km, souvent sur les chemins de terre (bien praticables) que je fais à l’entrainement en vue de la saison de cyclo-cross. Rien de mieux pour s’entrainer en vue de la saison qui débute sous peu!
LFR: On chausse quoi pour participer à ta cyclo?
LB: Tu peux prendre ton vélo de route, mais je recommande des pneus de 28mm. Sinon, un vélo de cyclo-cross est très bien aussi. Le parcours va en surprendre plus d’un, il y a de belles bosses!
LFR: Et que fait Lyne Bessette ces jours-ci?
LB: Disons que c’est une année de transition pour moi, ayant arrêté le paracyclisme. Plein de projets à venir, que j’espère concrétiser bientôt. Je partage mon temps entre Boston et Knowlton, mais plus souvent à Boston.
LFR: Pas beaucoup de bosses pour s’entrainer à Boston…
LB: En effet! Je diversifie mon entrainement, je cours, je fais du trail, pas juste du vélo. Je participerai cependant à quelques cyclo-cross cette saison encore, notamment avec Tim dont c’est la dernière saison au niveau pro.
LFR: Tu suis encore le cyclisme féminin?
LB: Oui, surtout les filles du Québec. J’espère d’ailleurs que Robbi et Émilie se remettent bien de leur horrible chute survenue il y a quelques semaines. On pense à elles!
LFR: Si on regarde derrière, que retiens-tu comme moments forts de ta carrière?
LB: Assurément deux moments forts. Le premier, c’est ma victoire en 1998 aux Jeux du Commonwealth à Kuala Lumpur. Le deuxième, ce sont toutes mes victoires des dernières années avec Robbi Weldon en tandem, notamment aux Jeux para-olympiques de Londres. Gagner pour soi est très satisfaisant, gagner avec quelqu’un d’autre qui sans toi n’aurait pu le faire, c’est encore plus satisfaisant.
Première zone chronométrée, la discussion avec Lyne tourne court, ça vient de violemment accélérer en tête. La formule adoptée par le GranFondo est une vitesse rapide (environ 38 km/h sur un parcours casse-pattes) mais contrôlée par des motos, avec deux zones chronométrées de 8 kms ou là, c’est la vraie course. Le temps de m’y mettre, trois jeunes coureurs ont pris 50m au premier peloton dont je fais partie, et on ne les revoit pas malgré les efforts de Lyne qui nous prouve que décidément, elle a de beaux restes.
Après un arrêt obligatoire au ravito, le GranFondo se poursuit à bon rythme jusqu’à la 2e zone chronométrée, LA patate de la journée, la côte de la rue des Quenouilles, bien connue dans le secteur. Une belle bosse en effet, qui monte en paliers, assez longue et pentue pour faire tout exploser. On m’avait averti, mais je découvrais quand même.
Dès le pied, 5 coureurs partent à fond. Ca saute devant moi, le temps de contourner les amis et me voilà en chasse-patate 50m derrière les 5 fuyards. Allez, encore un effort, j’y suis presque. Virage à gauche dans un petit village et merdeuuu…. ca repart de plus belle! Pas de panique, je vais changer de braquet. Et merdeuuu… plus de braquet, 34-23, j’ai pas plus petit.
Du coup, il a fallu gérer, étant au taquet. Tiens, l’écart se stabilise, je suis 100m derrière: devant, ça ne monte pas plus vite. Je termine ainsi, 5 ou 6e en haut de la bosse, seul, 20 secondes devant le petit groupe derrière. Ouf, mon premier gros effort en presque… 6 semaines!
Chute et chevreuil
Après un regroupement général, le GranFondo s’explique une dernière fois dans les 15 derniers kilomètres à la faveur du déroulé sur la rue « Duplessis », la piste-de-course-pour-cyclistes-qui-en-veulent-dans-le-coin. On ne descend plus en dessous de 45 km/h et je note que certains sont bien entamés. Survient alors ce qui survient souvent en ces fins de cyclos, petite chute de trois coureurs dans une relance, en pleine côte, probablement due au recul d’un vélo lorsque le type dessus s’est mis en danseuse (un classique). J’évite la chute, mais je suis bloqué derrière, pied à terre. Quelques instants plus tard, me voilà donc quitte pour une belle petite chasse d’environ un kilomètre pour rentrer devant (2e gros effort du jour, pas simple de rouler à 50km/h!).
Sitôt rentré, un chevreuil sort de nulle part sur la gauche de la route. Panique dans le peloton. On m’avait prévenu, ce genre de truc est fréquent dans le coin. Le chevreuil étant moins bien chaussé que nous, il glisse sur la route, tombe, et repart dans le bois illico. Ouf!
Cinq derniers kms, ça y est je suis crinqué, probablement boosté d’adrénaline suite à ces deux événements survenus en moins de 3 minutes et qui auraient pu faire déraper ma cyclo. Deux coureurs attaquent, encore les mêmes jeunes, pas question de laisser faire cette fois, je pars avec eux et on termine 1-2-3 devant.
À l’arrivée, grosse ambiance, repas chaud servi, bonne humeur, cadre enchanteur dans la station du Mont Tremblant et toujours pas de pluie! Je repartirai de Mont Tremblant à 15h la tête pleine d’un 24h très agréable: un accueil et une organisation hors pair (pour une première édition, ce n’est pas rien!), une ambiance décontractée comme on les aime en fin de saison, un parcours magnifique, bucolique même!, dans les Laurentides, une sécurité des différents pelotons assurée, des rencontres sympathiques, notamment avec l’ex-champion canadien Martin Prudhomme ou avec des amis de Gatineau comme Alain et Gilbert, sans compter quelques KOM sur Strava et une 8e place au final pour moi, question de vous prouver que je suis tout de même sérieux dans tout ca, non mais qu’est ce que vous croyez?
Après l’effort, le réconfort… tout pour un agréable repas, même les nappes blanches!
Ne vous y méprenez pas, cet homme travaille à Cyclisme Canada!
Un autre Rouleur de l’Outaouais sur l’événement, l’ami Gilbert tout juste de retour du… Stelvio
Le GranFondo Mont Tremblant? Un parfait rendez-vous d’automne, après une longue saison de course la tête dans le guidon. Avis aux organisateurs: je signe des deux mains pour l’an prochain!
Prochain rendez-vous: La Québécoise et La Montréalaise à la fin de la semaine. Soyez indulgent avec moi, je suis en reprise…
Si on se fie aux années récentes, les prochains champions du monde du chrono et sur route sont probablement sur la Vuelta actuellement, bien que rien n’est évidemment garanti puisque Sagan atomise actuellement en Amérique du Nord, et notamment sur l’actuel Tour de l’Alberta.
Pour le chrono, Cancellara nous a prouvé avant-hier qu’il est décidément très fort pour se préparer comme il faut pour ses grands objectifs. Se connaissant probablement très bien, Cancellara ne rate en effet que très rarement ses pics de forme, son printemps 2013 nous l’ayant encore prouvé.
Cancellara a ainsi mis une valise à tous ses poursuivants – Tony Martin compris – dans le premier et dernier chrono individuel de cette Vuelta, repoussant le champion du monde de la discipline à 37 secondes et le reste de la troupe à environ 1min30! Le reportage télé de l’étape en quasi-intégral est ici, avec une belle entrevue avec Cancellara au début.
J’y vois la preuve irréfutable que Cancellara s’est fixé un grand objectif pour sa fin de carrière, devenir champion du monde sur route (il a déjà 4 titres dans le chrono…). Le circuit de Florence étant difficile et sélectif, Cancellara sait qu’il doit s’y présenter au sommet de sa condition, et il se prépare silencieusement sur cette Vuelta, tout en se fixant des petits tests. C’en était assurément un avant-hier, et ses adversaires sont désormais prévenus!
Philippe Gilbert lui-aussi très certainement se prépare en vue de la défense de son titre à Florence à la fin du mois. Gilbert a probablement un autre objectif en tête ces jours-ci, soit celui de se rattraper un peu après une saison 2013 difficile qui, forcément, nous fait penser à la « malédiction du maillot arc-en-ciel« . Gilbert a levé les bras pour la… première fois de la saison hier en remportant la 12e étape de la Vuelta, ca doit être un sacré soulagement pour lui, ainsi qu’une libération.
Je vous invite à regarder le dernier km de la course hier, qui est particulièrement intéressant puisque Gilbert gagne dans un exercice qui n’est pas forcément le sien, le sprint. Il se paye au passage Edvald Boasson Hagen excusez-un-peu, dans un sprint très long nous prouvant sans aucun doute possible que le Belge a de très bonnes jambes en ce moment.
Les Mondiaux de Florence s’annoncent donc palpitants, et les archi-favoris seront vraisemblablement les Cancellara, Gilbert, Nibali et Sagan. Attention à ce dernier lors des GP de Québec et Montréal la semaine prochaine, surtout à Québec, il pourrait bien s’y imposer assez facilement.
Voilà une nouvelle qui me fait rudement, mais rudement plaisir et qui vient de rehausser ma fierté de détenir une licence sous l’égide de Cyclisme Canada, ainsi que ma motivation envers la pratique du vélo ainsi qu’envers La Flamme Rouge!
En effet, le président de Cyclisme Canada, John Tolkamp, vient de publier hier un communiqué ici disponible annonçant clairement que la fédération canadienne soutiendra Brian Cookson lors de la prochaine élection pour le poste de président de l’UCI, le 27 septembre prochain à Florence.
Deux mots me viennent immédiatement: bravo! et merci!
Cyclisme Canada justifie sa décision de belle façon, affirmant avoir reçu beaucoup de commentaires de « cyclistes canadiens » et « d’intervenants clés » ayant exprimé le souhait de voir davantage de transparence et d’imputabilité dans la gouvernance de l’UCI.
Cyclisme Canada écrit notamment « Malgré ces réussites, les révélations omniprésentes de dopage nous ont fait réaliser que cette croissance du cyclisme se faisait sur le dos de la tricherie et de la fraude. (…) Il y a donc actuellement dans le cyclisme un appel et un besoin de changement de leadership, non seulement pour améliorer la perception du notre sport, mais aussi pour en améliorer la gouvernance et les relations avec les partenaires, et pour intensifier la lutte contre le dopage, entre autres priorités. »
Je ne saurais être davantage en accord!
Et John Tolkamp lui-même écrit « «Nous avons écouté les Canadiens. Nous avons entendu leur appel au changement, et Cyclisme Canada partage leur point de vue, si bien que nous sommes prêts à appuyer publiquement Brian Cookson dans le but de provoquer ce changement. Peu importe la situation actuelle entourant l’élection du mois de septembre, nous pensons aussi qu’il est important que le vote du congrès soit démocratique et juste, et qu’il engage tout le monde. Nous sommes persuadés que le cyclisme a un brillant avenir.»
À Cyclisme Canada et à M. Tolkamp, je salue votre respect des règles démocratiques, je salue votre sens de l’écoute de vos membres, je salue également votre courage d’affirmer publiquement et dès maintenant votre soutien à M. Cookson, sachant que cette initiative pourrait – qui sait – faire boule de neige auprès d’autres fédérations dans les prochaines semaines. Mais surtout, je salue votre engagement envers le bien et l’avenir du cyclisme. Et comme vous, je demeure convaincu, malgré les 15 dernières années, que le cyclisme a un brillant avenir, à la condition que nous osions fouiller dans le passé parfois moins glorieux, ceci afin de comprendre les dérives et ses mécanismes et ainsi définir des moyens de les éviter dans l’avenir.
Vraiment, merci.
Parce que c’est aussi ca le cyclisme, celui des amateurs juste en dessous des professionnels et dont le niveau est vraiment excellent. Superbe petit vidéo tourné par Jean-Michel Guidez sur le récent GP des Marbriers (20 août dernier), un vidéo qui nous fait vivre la course comme si on y était, moments les plus intenses inclus. Jean-Michel nous fait aussi vivre les à-côtés de la course, toujours aussi sympathiques et qui nous renvoient aux racines profondes du cyclisme de village, tellement important dans l’histoire de ce sport. Ca attaque, ca relance, ca envoie du gros, ca discute et ca s’envoie aussi des steaks sur le bord de la route, et tout cela nous inspire et nous réconcilie avec le cyclisme qu’on aime vraiment!
Merci à Jean-Michel pour le tuyau.
Ca fait un bail que je n’ai pas couvert l’actualité cycliste, il y aurait tant à dire! Reprenons cependant avec ce qui se passe actuellement dans le vélo, quitte à revenir sur d’autres éléments des dernières semaines un peu plus tard.
1 – Vuelta: on est à mi-parcours et c’est l’occasion de faire le point, alors que les coureurs profitent d’une première journée de repos.
La grande histoire de cette Vuelta est pour le moment celle de l’Américain Chris Horner, vainqueur de deux étapes dont celle d’hier, et leader de l’épreuve avec 43 secondes de priorité sur Le Requin de Messine, Vicenzo Nibali. Horner épate par sa force en haute montagne, et plus particulièrement par sa capacité de faire les derniers kms des étapes quasiment tout en danseuse! À bientôt 42 ans, Horner fait également tomber les records de longévité et apparaît aujourd’hui comme un vainqueur possible et crédible de cette Vuelta.
Il reste cependant beaucoup d’étapes redoutables, et rien n’est donc encore joué sur la course. Mercredi, Horner perdra possiblement un peu de temps sur Nibali dans le chrono de 39 bornes où Cancellara et Martin devraient se disputer âprement la victoire, question de prendre l’ascendant psychologique sur l’autre à quelques semaines seulement des Mondiaux de Florence.
Outre Horner et Nibali, rien n’est encore perdu pour d’autres coureurs comme Valverde, qui attend son heure je pense, Rodriguez, peut-être un peu juste jusqu’ici mais qui finit généralement assez fort, Basso, surprenant, Roche, nouveau leader de SaxoBank après la faillite de Kreuziger, Moreno, lui aussi surprenant, sans oublier Thibault Pinot, apparemment retrouvé et qui ne pointe qu’à un peu plus de 3 minutes du leader. Bref, de quoi nous garantir encore pas mal de rebondissements d’ici la fin de la course, et c’est tant mieux. Il est bien possible, et en fait probable, que cette Vuelta 2013 soit bien plus passionnante que le Tour cet été, ce qui voudrait dire « pari réussi » pour les organisateurs qui osent proposer des parcours difficiles, originaux, et sans conformisme avec le passé.
2 – GP de Plouay (ou Championnat du monde des coureurs bretons!): victoire d’un revenant, Fillipo Pozzato, après son début de saison décevant en raison d’un virus (lequel? pas la moindre idée…). Ca s’est joué au sprint après que Van Avermaet ait tenté de sortir avec 3 kms à faire dans la course. Plus tôt, l’échappée matinale avait pris quelques 15 minutes au peloton, ce qui lui a valu les insultes du public massé le long du parcours. Petit carton rouge donc aux fans de vélo en Bretagne, et Steve Chainel nous propose ici son « top-5 » des meilleures insultes entendues durant la course. Pour le reste, on trouvera ici un intéressant petit vidéo d’une interview de Marc Madiot sur ce qu’est devenu le GP de Plouay depuis qu’il est passé en World Tour.
3 – Tour de l’Alberta: ca débute aujourd’hui à Edmonton par un prologue de 7.3 kilomètres. Ca sera suivi de 5 autres étapes, la plus longue faisant 175 bornes. Aucune n’est très difficile, si ce n’est la 4e étape, plus casse-pattes que les autres. La victoire ira donc aux coureurs qui voudront faire la course et prendre des risques.
L’épouvantail de la course est évidemment le slovaque Peter Sagan, en forme actuellement. Le parcours lui convient bien, il peut gagner au sprint, il grimpe bien les bosses, bref, c’est l’homme à battre.
Cadel Evans et Robert Gesink sont également présents, question d’accumuler les kms en vue de la fin de saison, Mondiaux et Lombardie surtout.
Le Canadien Ryder Hesjedal est également de la partie afin de se préparer lui aussi à quelques objectifs de fin de saison, notamment les GP de Québec et Montréal qui approchent vite maintenant. De nombreux autres Canadiens sont engagés sur la course, notamment Hugo Houle (équipe Canada), Zach Bell, Ryan Roth et l’équipe Garneau avec Mike Woods, Bruno Langlois et Pierrick Naud.
Il y a aussi des Canadiens absents de marque comme David Veilleux, François Parisien, Dominique Rollin ou encore Svein Tuft. Dans certains cas, leurs équipes ont fait l’impasse.
En tout, 6 équipes World Tour sont présentes, soit Belkin, Cannondale, Garmin-Sharp, BMC, Argos-Shimano ainsi que Orica-Green Edge.
La liste des coureurs au départ doit cependant encore être confirmée plus tard aujourd’hui.
Cyclingnews a publié ce preview assez complet de la course.
4 – Élections à la présidence de l’UCI. Bonne nouvelle, plusieurs fédérations, dont la fédération canadienne, ont écrit à Pat McQuaid pour lui demander de s’assurer que le Tribunal d’Arbitrage du Sport (TAS) valide bien sa candidature à l’élection fin septembre, question de donner les garanties qu’elle est conforme aux règles actuellement en vigueur.
Rappelons en effet que McQuaid a essuyé deux revers embarrassants au cours des dernières semaines puisque ni sa fédération nationale (irlandaise), ni la fédération suisse de cyclisme (McQuaid réside en Suisse depuis quelques années) n’ont voulu soutenir sa candidature à l’élection prochaine.
Du coup, un projet de modification des règles de l’UCI entourant la candidature au poste de président a vu le jour, apparemment à l’initiative de certaines fédérations comme celles de la Malaysie ou du Maroc. L’idée serait de permettre à un candidat d’être soutenu non pas par sa fédération nationale ou de son pays de résidence, mais bien par plusieurs fédérations, même si elles n’ont « pas rapport » avec le candidat.
De sérieux doutes existent quant à l’origine de ce projet de modification qui aurait dû venir des fédérations elles-mêmes. Or, des journalistes ont révélé des courriels de l’UCI proposant des modifications, prouvant ainsi que l’UCI elle-même est probablement mêlée à ce jeu peu démocratique…
Pourquoi McQuaid veut-il tant être président de l’UCI? J’ai acquis l’intime conviction que c’est pour empêcher des aveux complets de Lance Armstrong, qui couleraient l’UCI et enverraient probablement devant les tribunaux ses deux derniers présidents, Verbruggen et lui-même…
Wait and see donc, mais autre bonne nouvelle, Jean Pitallier, le président de la Fédération française de cyclisme, ainsi que Greg LeMond ont apporté leur soutien à Brian Cockson, qui brigue la présidence contre éventuellement McQuaid. Espérons que ca tienne et que McQuaid ne puisse se représenter!
5 – Matos. L’Eurobike 2013 a débuté depuis quelques jours en Allemagne, et on peut trouver ici des reportages sur les produits 2014. Je vous parlerai prochainement de ceux qui ont attiré mon attention tout particulièrement. Mais déjà, une première réaction à la nouvelle mode des vélos de course avec freins à disque: utile? Vraiment?
La Flamme Rouge naissait il y a 10 ans, soit le 27 août 2003.
Le premier texte traitant de l’actualité cycliste (la signature de Tom Danielson chez Fassa Bortolo) est disponible ici.
Depuis, que de chemin parcouru avec vous!
Aujourd’hui, La Flamme Rouge a su trouver sa niche parmi les sites web cyclistes, et sa popularité a été sans cesse croissante, peut-être parce que ce site est exempt de la langue de bois, souvent en vigueur ailleurs.
Il n’est pas rare, durant les grandes épreuves cyclistes ou lors de dossiers chauds sur le dopage, que La Flamme Rouge attire entre 2 500 et 3 000 lecteurs par jour, parfois même un peu plus!
Surtout, La Flamme Rouge fut pour moi une formidable occasion de rencontrer des gens, dont certains sont devenus des amis. Je pense par exemple à Patrick et Pascal que je salue au passage. Il y en a bien d’autres aussi, au Québec comme en France, en Suisse ou en Belgique.
Alors en ce jour forcément un peu spécial, c’est donc vers vous tous que je me tourne pour vous remercier de fréquenter ce site d’abord, pour vous remercier ensuite de votre fidélité, et enfin pour vous remercier de tous vos commentaires (mention spéciale à Alain39!) qui font de ce site un forum unique et de grande qualité où nous pouvons débattre de l’actualité cycliste.
Je ne vous cacherai cependant pas que ce 10e anniversaire survient alors que je suis plongé dans une grande réflexion sur l’avenir de ce site. Cette réflexion a été amorcée il y a environ un mois alors que j’étais en vacances et suite à la publication du texte « Non, je ne parlerai plus jamais de dopage » par Guillaume Prébois. Ce texte m’a fortement ébranlé pour tout vous dire!
Pour rajouter au contexte, j’étais alors plongé dans la lecture du livre-choc de Pierre Ballester, Fin de cycle – Autopsie d’un système corrompu, passionnant mais aussi assez décourageant quant aux chances que le cyclisme – voire le sport professionnel tout entier – soit un jour plus propre et surtout, exempt de corruption.
Pour Guillaume, le constat est clair: « La guerre (ndlr: contre le dopage) est perdue les amis. (…). A l’heure où j’écris ces lignes, de nouvelles molécules sont testées dans le peloton. Les laboratoires antidopage ont dix ans de retard. »
Comme Guillaume, j’ai toujours dénoncé sans relâche sur ce site les dérives du sport cycliste, tant en ce qui concerne le dopage que sa gouvernance.
Aujourd’hui, je me pose la question: à quoi bon continuer de dénoncer les tricheurs et les dérives de ce sport puisque très peu de choses changent? Soyons réalistes: à bien des égards, nous pissons dans un violon.
Après tout, réjouissons-nous: ne vient-on pas d’annoncer qu’aucun coureur n’a été testé positif sur le dernier Tour de France durant lequel la foule a été nombreuse sur le bord des routes? Et Lance Armstrong continue de se taire, privé d’un cadre dans lequel il pourrait faire de vrais aveux afin de couler ceux qui l’ont aidé à se doper durant sa carrière.
Il existe pourtant de vraies raisons de se réjouir. Jalabert, Zabel et Blijlevens ont par exemple été virés de leurs responsabilités respectives dans le cyclisme suite aux révélations du rapport publié par le Sénat français, ou suite à leurs aveux.
Et on peut espérer qu’avec un possible renouvellement à la tête de l’UCI fin septembre, certains dossiers débloqueront, notamment celui d’Armstrong, car les nouvelles personnes en place ne seront pas visées personnellement par les aveux des coureurs, ni n’auront à coeur de protéger la réputation de leurs prédécesseurs.
Bref, je me pose quelques questions en ce moment, et j’estime qu’il s’agit d’un processus sain afin que La Flamme Rouge existe toujours pour les bonnes raisons, et question de ne jamais « tourner à vide ».
Au fond, la question de l’avenir de ce site renvoie à quelques éléments très simples, soit ma passion du cyclisme, mon désir de la partager avec vous, et la satisfaction que je tire d’essayer de donner l’heure juste, de faire – toujours modestement – de tous les lecteurs de ce site des observateurs éclairés de ce si beau sport.
C’est pas compliqué, on comprend l’esprit de la Vuelta 2013 à une seule statistique: sur les 21 étapes de la course, pas moins de… 11 comportent une arrivée en altitude!
Bref, festival de cols cette année sur la Vuelta, question d’entretenir l’intérêt du public.
Au menu donc de Messieurs les coureurs, 3 360 kilomètres de course comportant 27 kms de chrono par équipe, 39 de chrono individuel et… 39 cols. Beaucoup de plaisir en perspective!
L’entrée en la matière sera immédiate avec le chrono par équipe demain samedi. Et on enchaînera tout de suite dimanche, lors de la deuxième étape, avec une étape piégeuse qui se terminera au sommet du « Alto Do Monte Da Groba » au terme d’une courte mais pentue ascension d’une dizaine de kilomètres. Les prétendants à la victoire finale n’auront d’autres choix que d’être déjà dans le coup!
La 8e étape (arrivée en altitude à Alto Penas Blancas – 14,5 kms à 6,6% de moyenne, arrivée inédite), la 10e étape (arrivée en altitude à Alto Hazallanas, avec ses passages à 20%), la 11e étape (chrono individuel), la 14e étape (arrivée en altitude à Collada de la Gallina), la 15e étape (arrivée à Peyragudes, en France), la 16e étape (arrivée en altitude à Aramon Formigal) puis surtout la 20e étape (arrivée en altitude au sommet du terrible Angliru) seront les autres temps forts de la course.
Avec un tel parcours, on peut écrire avec certitude « rebondissements garantis »!
Les favoris
Le vainqueur facile du Giro en premier lieu, Vicenzo Nibali. Un doublé Giro-Vuelta, rare dans le cyclisme, le ferait entrer droit dans la légende de ce sport. Seuls Eddy Merckx (1973), Giovanni Battaglin (1981) et plus récemment Alberto Contador (2008) ont réussi ce doublé à ce jour.
Alejandro Valverde. Le vainqueur de la Vuelta 2009 est motivé après un très bon Tour de France. Il dispose d’une bonne équipe autour de lui, et bénéficiera de l’appui du public.
Joaquim Rodriguez. 3e du récent Tour de France, il court toujours après une victoire sur un grand tour. La Vuelta 2013 semble avoir été taillée pour lui, avec de nombreuses arrivées en altitude lui permettant de faire parler sa giclette dans les deux derniers kilomètres.
Les outsiders
Samuel Sanchez. On n’a cependant aucun repère de forme considérant le coureur espagnol. Il est bien entouré au sein de son équipe, avec notamment Mikel Nieve et Igor Anton. Tous ces coureurs seront très motivés pour se montrer puisque l’équipe arrête en fin de saison et qu’ils sont tous à la recherche d’une place au sein d’une autre formation en vue de la saison prochaine.
Ivan Basso. On ignore totalement ce qui lui reste ainsi que sa condition actuelle. On sera vite fixé avec un tel parcours!
Dan Martin. Le vainqueur de Liège-Bastogne-Liège est capable de bien figurer, mais n’a jamais tenu 3 semaines au plus haut niveau.
Roman Kreuziger. Peut créer la surprise, pour preuve son récent Tour de France. Il est mûr.
Bauke Mollema. Lui-aussi, peut créer la surprise.
Michele Scarponi. Sur un tel parcours, le grimpeur italien est capable de se distinguer. Moins explosif que Rodriguez, un podium est certainement possible.
Thibault Pinot. Saura-t-il vaincre son appréhension dans les descentes? Il aura en tout cas moins de pression que sur le Tour de France et pourra espérons-le se « lâcher » un peu!
Les Canadiens
Guillaume Boivin. Objectif sprint pour le coureur québécois qui arrive assez frais sur l’épreuve, son premier grand tour. Le parcours ne convient cependant pas du tout aux qualités de Boivin, et ca sera très dur pour lui de terminer dans les délais sur les étapes de montagne à la fin de l’épreuve. Il trouvera également le jeune Warren Barguil sur sa route dans les sprints.
Christian Meier. Le Canadien est rompu à ce type d’effort et sera de service pour les sprints chez Orica-Green Edge.
Ils préparent les Mondiaux
Tony Martin. Fabian Cancellara. Tous deux sont là pour s’affuter, Martin pour le chrono des Mondiaux et Cancellara pour la course sur route, son dernier grand objectif de carrière avant la retraite.
Philippe Gilbert. Edvald Boasson Hagen. Simon Gerrans. Ils préparent tous la course sur route.
Tous les coureurs au départ sont ici.
À la télé
À priori, pas de retransmission de la Vuelta à la télé au Québec et c’est bien dommage.
Mercredi 14 août. Dernier jour de vacances pour moi. Je termine en beauté: sortie d’entrainement prévue avec David Veilleux (Europcar) du côté de Lévis, question de faire une petite interview avec lui. La sortie sera finalement annulée, fraicheur (12 degrés), pluie et vent étant de la partie, mais David et moi nous sommes tout de même rencontrés pour l’entrevue, alors qu’il se rendait au 3e chrono d’une série régionale qui porte son nom.
Bref, pour le retour de La Flamme Rouge au service normal, grande entrevue avec David, que voici. J’aime bien David, un coureur généreux dans l’effort comme envers les autres, qui fait du vélo comme moi La Flamme Rouge pour les bonnes raisons et qui a su garder toute sa tête, sa modestie, malgré ses succès pourtant géants.
La Flamme Rouge: Salut David, merci de nous accorder une entrevue.
David Veilleux: Ca me fait plaisir.
Thème 1: Matos
LFR: On devait aller rouler ensemble, le froid et la pluie ont modifié nos plans mais je vois que ton vélo équipé d’un groupe Super Record électrique. Content?
DV: Oui, content, je n’ai eu aucun problème avec mon groupe. J’en suis très satisfait.
LFR: J’ai l’impression que ce n’est pas tous les coureurs Europcar qui utilisent le groupe électrique.
DV: Tu as raison, certains, comme Pierre Rolland ou Thomas Voeckler, préfèrent encore le groupe mécanique, d’une fiabilité absolue. Les coureurs pro mettent à rude épreuve le matériel et je sais que le groupe électrique a parfois manqué de fiabilité, mais de mon côté je n’ai eu aucun problème à ce jour.
LFR: L’équipe Europcar utilisez aussi les roues Campagnolo Bora, dans toutes les conditions. Je les aime aussi beaucoup, mais je trouve le freinage sous la pluie délicat, notamment dans les cols.
DV: J’aime moi-aussi beaucoup les Bora et je les utilise quasiment tout le temps. Pour le freinage, le secret réside dans les patins de freins. On utilise des patins de freins Campagnolo rouges, de type BR-BO500.
LFR: Tu les chausses même en montagne?
DV: Oui, même en montagne. Sur des accélérations en côte, elles sont un peu moins réactives que les Hyperon, mais elles sont plus polyvalentes. J’avais les Bora sur l’étape du Ventoux lors du Tour, car on avait 200 bornes de plat juste avant d’entamer l’ascension.
LFR: Et tu collabores aussi avec Louis Garneau au développement des produits?
DV: Exact, j’étais même avec eux ce midi pour en parler. Chez Europcar, chaque coureur est libre concernant les périphériques (lunettes, souliers, etc.) et les miens sont des Garneau. Je teste actuellement une nouvelle paire de chaussures par exemple. Garneau me fait essayer pas mal de produits et ca fait partie de notre collaboration.
Thème 2 : Tour de France 2013
LFR: Revenons un peu sur ton récent Tour de France. Avant le départ, tu avais des doutes sur tes capacités d’arriver à Paris?
DV: Sur trois semaines de course, il y a beaucoup de choses que tu ne contrôles pas. Alors oui, forcément, je me posais la question. Je savais que j’étais capable, mais il fallait aussi que tout aille bien.
LFR: Ton meilleur moment?
DV: L’arrivée sur les Champs Élysées remplis de spectateurs, sur les pavés, au soleil couchant et où m’attendait ma famille. C’est assez spécial, et rempli de signification après 3 semaines de course.
LFR: Ton pire moment?
DV: La 19e étape entre Bourg d’Oisans et Le Grand Bornand. Cétait long, c’était dur, le lendemain de l’étape de l’Alpe d’Huez. J’ai tenu jusqu’au moment ou Sagan s’est relevé avec 2 de ses équipiers. Comme je savais qu’ils rentreraient dans les délais, je me suis relevé aussi, question de bien gérer pour la suite du Tour.
LFR: Un regret?
DV: Oui et non. C’est difficile de s’échapper sur le Tour, c’est tellement dur! Je n’ai pas de regret dans le sens d’avoir manqué une échappée. Mais on veut toujours faire mieux!
LFR: As-tu constaté certaines adaptations physiologiques sur trois semaines de course?
DV: Pas vraiment, je n’ai pas perdu de poids sur le Tour! J’ai cependant été surpris d’avoir parfois, le soir des étapes, les jambes très lourdes mais elles repartaient efficacement le lendemain. Les jambes tournaient bien, même si elles étaient raides.
LFR: À ton avis, les Europcar ont-ils été victimes d’une vandetta des Movistar suite à l’étape où Valverde crève alors que vous rouliez devant?
DV: Non, pas du tout. C’est une simple coïncidence que nous roulions devant alors que Valverde crève. Pierre était devant pour simplement se tenir en sécurité et faire sa course, point. Cette histoire, c’est n’importe quoi car il est déplacé de croire que Pierre voulait faire la différence sur une étape de plat!
Thème 3 : Une nouvelle popularité
LFR: David, ta popularité a beaucoup augmenté depuis l’annonce de ta sélection sur l’équipe Europcar du Tour de France. Comment vis-tu cela?
DV: Bien. Je me fais parfois reconnaître désormais, mais ce n’est jamais achalant, comme l’autre jour en achetant des draps! J’ai plus de sollicitations lors d’événements cyclistes comme la récente cyclo Louis Garneau. Je ne recherche pas la popularité, mais ca me fait plaisir de voir que les gens ont suivi mes récentes performances.
LFR: Mardis cyclistes de Lachine, cyclo Louis Garneau, Solidarité Lac Mégantic, tu réponds aussi beaucoup aux sollicitations.
DV: Oui. Je pourrais les ignorer, mais j’estime que c’est un peu mon devoir. Il y a tellement de gens qui m’ont aidé pour que j’arrive là où je suis, alors si je peux aider d’autres gens, peut-être d’une autre façon, je le fais.
Thème 4 : Saison 2013
LFR: David, tu es rentré au Québec sitôt le Tour de France terminé, il y a trois semaines. Quels sont tes prochains objectifs?
DV: En fait, mes deux prochains objectifs sont les GP de Québec et Montréal. Après le Tour, j’avais besoin de repos, ca fait du bien d’être un peu à la maison car c’est usant d’en être souvent loin. Je suis très satisfait de ma saison 2013.
LFR: Pas de David Veilleux dans l’équipe canadienne pour les Mondiaux de Florence?
DV: Non, pas cette fois-ci, le parcours est très exigeant et il faudra être au top pour y briller.
Thème 5 : Saison 2014
LFR: Je t’ai récemment entendu lors d’autres entrevues être évasif sur ta saison 2014. Tu poursuis d’ailleurs toujours des études d’ingénieur.
DV: Je n’ai pas encore trop pensé à ma saison 2014. J’ai plusieurs options devant moi. Je n’ai actuellement pas de plans bien établis, j’ai toujours pris le vélo une saison à la fois et je ne me mets pas de pression pour la suite. Je ne me force pas à faire une carrière de coureur pro jusque 35 ans, et j’ai la chance de ne pas avoir que le vélo dans la vie. Je suis actuellement coureur pro par plaisir et par passion, une année à la fois!
LFR: Que souhaite-t-on à David Veilleux en 2014 maintenant que tu as gagné une étape du Dauphiné et terminé le Tour ? Une victoire sur une Classique?
DV: Je suis davantage un coureur pour les courses par étapes que les classiques, ca c’est certain. Même si je me place bien, les efforts sur les classiques sont très différents de ceux qu’on fait sur les courses par étapes. Alors j’aimerais encore briller sur des courses par étapes en allant chercher des victoires d’étapes, voire de bonnes places au général.
Thème 6 : La vie d’un coureur pro
LFR: Parlons un peu de ta vie de coureur pro. En Europe, tu es basé en Vendée?
DV: En fait, je suis itinérant! Cet hiver, j’ai par exemple passé deux mois avec ma conjointe à Gérone, que je connais bien. J’y vais pour bénéficier d’une bonne météo durant l’inter-saison. Je me suis ensuite un peu promené, notamment à l’occasion des stages de préparation de l’équipe Europcar, mais ma « maison » est effectivement le service course de l’équipe Europcar en Vendée, ou j’ai ma chambre.
LFR: Comment vis-tu l’éloignement lorsque tu es en Europe?
DV: Ce n’est pas toujours facile, mais je suis capable de mettre cela de côté, de faire de travail de coureur pro. Dans mon cas, ca se passe quand même bien.
Thème 7 : Entrainement
LFR: Ton rythme cardiaque au repos?
DV: Environ 38-40 pulsations/minute.
LFR: À combien de séances d’entrainement te soumets-tu par semaine?
DV: 6 ou 7.
LFR: Parfois deux la même journée?
DV: C’est plutôt rare, mais ca peut arriver.
LFR: Et tu suis une diète spéciale?
DV: Oui, tout à fait, je fais très attention. Je bois par exemple peu d’alcool, et j’ai banni le bacon de mes déjeuners depuis fort longtemps! Chez Europcar, c’est cependant plus facile, car nous avons le camion Fleury-Michon pour nos repas, donc ils nous suivent de près côté diététique. Tu sais, le vélo c’est beaucoup une affaire de rapport poids-puissance et depuis mon arrivée en Europe, j’ai réalisé l’importance qu’un bon rapport avait. J’ai globalement maigri depuis 3 ans.
LFR: Côté récupération, vous êtes massés tous les soirs en compétition, mais hormis cela, tu utilises d’autres moyens comme l’électrostimulation?
DV: Oui, je pratique l’électrostimulation, juste pour des cycles de récupération cependant. On utilise aussi Veino Plus, qui est un commanditaire de l’équipe, pour la récupération. Évidemment on utilise les bas de compression et après les étapes, Fleury-Michon nous prépare un repas à consommer tout de suite après en avoir terminé. Beaucoup de glucides!
LFR: Et durant la course, tu consommes quoi?
DV: Je mange en fait beaucoup de barres énergétiques, et je garde les gels pour le final des étapes. Si tu commences les gels trop tôt dans l’étape, tu satures au niveau du goût du sucre, et tu peux manquer d’énergie plus tard car des gels, c’est de l’énergie très rapide. Une fois qu’on commence les gels, il faut les poursuivre car sinon, c’est facile de manquer d’énergie.
LFR: Comment as-tu modifié ton entrainement pour encaisser la distance des courses pro en Europe?
DV: En fait, on fait beaucoup de volume à l’entrainement, car on court beaucoup et les intensités, c’est en course qu’on les fait. Je fais quand même du spécifique à l’entrainement, mais pas tant que ca, c’est vraiment axé sur le volume, pour ne pas qu’on se brule non plus.
LFR: Donc tu peux faire des sorties de 5-6 heures?
DV: Oui, tout à fait, mais pas en ce moment, je n’en ai pas besoin après le Tour! Les 5-6 heures, je fais plutôt ca durant l’inter-saison, pour me préparer aux compétitions.
LFR: Ton entraineur de longue date est Pierre Hutsebault. Pas d’entraineur chez Europcar?
DV: Non, en fait l’équipe Europcar n’impose pas d’entraineur à ses coureurs. Comme je suis un des seuls à utiliser un capteur SRM à l’entrainement. Certains ont une approche plus traditionnelle du cyclisme, il existe des différences dans les méthodes d’entrainement des coureurs. Pierre Rolland est très pointu à l’entrainement, Thomas Voeckler gère davantage aux sensations, et ca lui réussit aussi très bien.
Thème 8 : Dopage
LFR: Pour terminer, évoquons un peu les contrôles anti-dopage. Combien de fois as-tu été testé cette année?
DV: En 2013, environ une dizaine de fois peut-être. Le CCES sont d’ailleurs venus chez moi près de Québec la semaine dernière pour me tester!
LFR: Tu as un passeport biologique bien sûr?
DV: Oui, mais j’ignore beaucoup de choses sur ce passeport biologique. J’ignore par exemple sur combien de tests sanguins ce passeport repose, 5 ou 6 peut-être? Je n’ai en tout cas jamais eu 5 ou 6 tests sanguins durant une année pour le passeport! Mais j’ai eu des tests sanguins avant et pendant le Tour. Mon intuition est qu’ils ciblent beaucoup les coureurs et que pour certains, le nombre de tests est plus élevé que pour d’autres coureurs.
LFR: Tu dois te conformer aux exigences du système Adams de localisation. Beaucoup de coureurs s’en plaignent, estimant qu’il s’agit d’une contrainte importante, voire d’une atteinte à leur vie privée. Est-ce vraiment contraignant?
DV: Je dois en effet leur dire où précisément je suis et ce, tous les jours durant une fenêtre d’une heure. Tous les jours. Mais je peux remplir le calendrier pour les trois prochains mois, et le mettre à jour régulièrement. Et il est simple de leur trouver une heure: moi, je leur donne souvent entre 7h30 et 8h30 le matin. Je peux me faire réveiller, c’est sûr, mais t’es sûr que tu es là où tu leur as dit que tu étais. Oui c’est une contrainte, mais pour moi, cela fait partie intégrante de la vie d’un coureur professionnel. Parfois, je trouve que certains coureurs en rajoutent, car ce n’est pas si contraignant que ça. Et je crois qu’en fait, ca aide tout le monde.
LFR: Merci David, bonne fin de saison, et j’invite tous les lecteurs de LFR à ne pas hésiter à t’encourager lors des GP de Québec et Montréal très prochainement.
Demain dimanche, c’est le grand départ de l’édition 2013 de la Haute Route, version Alpes.
Au menu des participants, 7 étapes entre Genève et Nice, pour une distance totale de presque 900 bornes à avaler.
La 3e étape entre Val d’Isère et Serre Chevalier, sur 164 bornes, sera assurément un moment difficile de par la longueur, même si les cols du jour ne sont pas trop difficiles.
La 5e étape propose aux coureurs un chrono dans la Bonnette, sur une distance de 23 bornes. Là encore, de quoi se faire mal!
La météo
Belle semaine annoncée pour les participants, avec du beau au moins jusque samedi prochain!
Pour la gagne
Le vainqueur des deux premières éditions de la Haute Route, l’extraterrestre Peter Pouly, est de retour cette année et il est, selon moi, dans une autre catégorie. Je vois mal comment il pourrait être battu!
À surveiller de près également, le jeune et prometteur David Polveroni, dossard 245. Il sera assurément devant, mais de là à titiller Pouly… Allez David, je te souhaite la meilleure des chances!
À surveiller aussi, Nicolas Raybaud, 16e l’an dernier et équipier de Pouly. Un mec très sympathique par ailleurs. Allez, bonne chance Nicolas!
Chez les femmes, Emma Pooley est de retour et devrait également s’imposer sans difficulté.
Le site de la Haute Route offre cette année un « Live Tracker » permettant de suivre la progression des coureurs en direct. Et les résultats des étapes seront disponibles ici.
Les participants
Ils sont environ 600, beaucoup d’Américains, d’Anglais, de Suisses mais curieusement, assez peu de Français. On retrouve près de 35 nationalités différentes sur cette édition de la Haute Route, comme l’an dernier: il y a des Israéliens, des Russes, des Japonais, des Brésiliens, des Australiens, des Irlandais, des Sud-africains, des Norvégiens, des Suédois!
Je tiens également à souhaiter bonne chance et bon courage à Christian Haettich, ce cycliste handisport pour lequel j’ai le plus grand respect.
Les Canadiens
Ils sont un peu plus de 25 au départ. Deux équipes sont à forte dominance canadienne, soit Magic Places et TCR Canada. On remarque la présence d’environ 5 Québécois, soit Luc Pressault, Guillaume Perrault, Alain Lambert et mes amis Yves Lefebvre et Pascale Legrand, déjà présents l’an dernier.
Je souhaite bien évidemment bonne chance et bon courage à Yves et Pascale, en leur rappelant également la prudence en particulier dans les descentes de cols! Profitez-en bien chanceux, et souffrez un peu en pensant à moi comme moi je penserai à vous cette semaine!
Malgré les vacances, c’est plus fort que moi: je suis scandalisé par ce que j’apprends dans l’excellent ouvrage « Fin de cycle » écrit par le journaliste d’enquête Pierre Ballester. Et je n’en suis qu’à la moitié!
Je vous recommande ce livre sans réserve aucune si vous voulez comprendre les rouages de la gouvernance non seulement du cyclisme, mais aussi du sport mondial.
Ce qu’on y apprend est terrifiant!
Le pouvoir, les relations et les manoeuvres d’Hein Verbruggen, ex- et président de facto (dans l’ombre de McQuaid) de l’UCI, y sont bien expliquées, et elles font frémir. Ballester y révèle les origines plus que douteuses de sa fortune personnelle, ses manoeuvres durant les années Armstrong ainsi que son influence actuelle, toujours bien présente sur non seulement l’UCI, mais aussi le CIO.
Le plus choquant dans ce livre? C’est qu’à sa lecture, on réalise que le sport mondial est régenté par un petit groupe, un tout petit groupe de personnes très influentes et qui s’assurent en premier lieu que leurs intérêts personnels sont préservés. Ce petit groupe inclut évidemment Verbruggen, mais aussi Jacques Rogge, président actuel du CIO, les propriétaires d’Amaury International, Jean-Claude Killy et quelques autres encore, dont Pat McQuaid évidemment. Par exemple, on y comprend très bien les raisons pour lesquelles la France a perdu toutes ses tentatives, depuis 15 ans, d’obtenir des Jeux Olympiques d’hiver ou d’été…
Devant le faisceau de casseroles et de soupçons révélés par l’enquête de Pierre Ballester, je comprends mieux aujourd’hui pourquoi Pat McQuaid (lire Hein Verbruggen par derrière) s’accroche tant à son poste de président de l’UCI: il protège ses acquis et surtout, il évite d’éventuels gros problèmes.
S’il est réélu, j’ai acquis la conviction que McQuaid ne donnera pas à Lance Armstrong les conditions légales pour qu’il déballe. Trop risqué pour l’UCI, pour lui, et surtout pour Verbruggen dont la fortune personnelle a été gérée, durant les années 2000, par Thom Weisel (un sacré loustic celui-là…), proprio avec d’autres de Tailwind Sports, et donc de l’US Postal…
Et les récentes manoeuvres de McQuaid pour apporter un amendement à la procédure d’élection du président de l’UCI ne me surprennent pas dans ce contexte. Sa propre candidature n’étant pas soutenue par sa fédération (irlandaise), une première, McQuaid a réussi à la faire soutenir par la fédération suisse, qui n’a pas posé là son geste le plus glorieux. Ceci étant, ce procédé est actuellement contesté en cour, et McQuaid ne veut certainement pas perdre son élection dans un tribunal. Du coup, il n’hésite pas à changer les règles à quelques semaines seulement de l’élection, question de contourner le problème. Là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir…
Et il est clair qu’Hein Verbruggen est là-dessous lorsqu’on réalise que l’amendement proposé vient de fédérations de pays « émergents », soit la Malaysie soutenue par la fédération asiatique. Verbruggen se serait assuré, tôt dans sa carrière « olympique », de détenir l’appui d’un nombre très important de pays émergents, capables de contrecarrer sur sa demande les pays plus « centraux » du cyclisme ou de l’olympisme. Verbruggen, #2 du CIO selon plusieurs, détiendrait donc les clefs de l’olympisme mondial, capable via son influence d’à peu près n’importe quoi. Tellement que Rogge aurait pris ses distances au cours des dernières années, trouvant son ami trop influent à ses côtés…
Fort heureusement, la manoeuvre d’amendement aux règles de la présidence de l’UCI est dénoncée par plusieurs, notamment l’Association Internationale des Groupes Cyclistes Professionnels (AIGCP) ainsi que par son ex-président, Jonathan Vaughters.
À la lumière de tout ce merdier, on peut vraiment se demander comment Pat McQuaid pourrait gouverner l’UCI et le cyclisme avec autant de contestations autour de sa candidature… même de sa propre fédération. Réélu, comment McQuaid serait-il en mesure de s’assurer d’une bonne collaboration avec les partenaires du cyclisme, notamment ceux liés à la lutte contre le dopage comme l’Agence Mondiale Anti-dopage?
Je l’ai déjà écrit, je le répète, si Pat McQuaid est réélu à la tête de l’UCI en septembre prochain, c’est la grosse catastrophe pour l’avenir du cyclisme, et la garantie que le sport continuera d’être plombé par les scandales de dopage de toute sorte.
Et je vous recommande très fortement l’ouvrage de Pierre Ballester, Fin de cycle, pour vous faire une opinion juste et réaliste de la gouvernance du sport mondial. C’est édifiant et… décourageant. Je vous rappelle que Ballester est un des deux auteurs de plusieurs ouvrages ayant porté sur Lance Armstrong (LA Confidential, LA Official, Le Sale Tour, Tempêtes sur le Tour, etc.) et dont les informations présentées se sont révélées tout à fait exactes une fois le rapport de l’USADA sorti. Si Armstrong a avoué sur toute la ligne, lui donnant entièrement raison, Ballester s’attaque peut-être maintenant, avec Verbruggen, McQuaid, Killy, Rogge ou le groupe Amaury, à un défi plus important…