Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 236 of 352

Un classement volatile… même si le leader demeure le même qu’après le Giro

Sans surprise, c’est Alejandro Valverde qui a marqué le plus de points sur le récent Critérium du Dauphiné Libéré avec 57 points. Suivent dans l’ordre Cadel Evans (34 points), Levi Leipheimer (32), Dmitiy Fofonov (16), Robert Gesink (15), Cyril Dessel et Pierre Rolland (13), Youri Trofimov et Haimar Zubeldia (11) et quelques autres.

Au classement des courses d’un jour, c’est Bertrand Pivert qui mène le bal avec 200 points. C’est cependant très serré puisque le deuxième, Mario Beauregard, ne compte que 7 petits points de retard et le 3e, François-Xavier Beloeil, 11 points de retard sur la première place.

Voici les 10 premiers à ce classement des courses par étape.

1 – Bertrand Pivert 200 points
2 – Mario Beauregard 193
3 – François-Xavier Beloeil 189
Etienne Gagnon 184
Gabrielle Duchesne 174
Charles Halluin 170
Olivier Savaria 168
Frans Neirinck 163
Raphael Watbled 163
David Villeneuve 163

Au classement général du pool de cyclisme, notre leader au sortir du Giro est toujours en tête, mais son avance, confortable alors, a fondu de moitié. Ca se resserre donc en tête et le prochain Tour de France pourrait donc tout chambouller. Mathieu Lapointe, 3e au sortir du Giro, est désormais 2e et nous avons un nouveau 3e en la personne de Michel Gervais qui a fait un beau rapproché grâce à Valverde et… Zubeldia, un des rares à avoir cru en ce coureur espagnol.

Voici le classement général après le Dauphiné:

1 – Éric Tardif 357 points
2 – Mathieu Lapointe 336
3 – Michel Gervais 329
Frans Neirinck 307
François-Xavier Beloeil 303
Gabrielle Duchesne 300
Raphael Watbled 294
Patrick Bernard 291
Éric Rouleau 290
Pascal Leroux 286
Charles Halluin 279
Frederick Gauthier 277
Laurent Martel 270
Ronald Martel 266
Jérémie Durieu 265
Stéphane Cossette 263
Louis Mazerolle 263
Cyclick 262
Sébastien Bismuth 259
Richard Lavoie 259
Louis Dupuis 258
Cédric Bernard 257
Ismael Choesmim 256
Mario Beauregard 256
Marc-Olivier Abel 255
David Villeneuve 254
Bertrand Pivert 253
Sébastien Moquin 253
Xavier Van Roy 252
Daniel Voyer 250
Giusseppe Marinoni 250
Antoine Duchesne 248
S. Bélanger 246
Michael Dalterio 245
Remi Berubé 245
Jean-Paul Jardin 244
Etienne Gagnon 243
Robert Laramée 241
Alexandre Charest 240
Luc Belley 240
Jérôme Gagnon 239
Frédéric Fernandez 237
Stéphane Martel 236
Olivier Savaria 232
Eric Le Page  231
Jean-Louis Marshall 230
Alexandre Aubiès 227
Anne-Claire Bertrand 225
Richard Francoeur 221
Thierry Webanck 221
Claude Taillon 219
André Onillon 219
Eric Wiseman 217
Éric Jean 216
Paul Courtemanche 215
Lucie Rousseau 215
Renaud Saussac 214
Marc Desserrières 213
David Siméon 213
Stéphane N. 212
Patrick Labonté 210
Clifford Marshall 208
Dominique Desjardins 208
Christiane Bouvard 205
Sylvie Gauvreau 204
Bernard Fouquet 204
Pierre Gabaston 201
Christian Nadeau 199
Guillaume Pincon 199
Manu Colette 197
Bruno Cyr 195
Christophe LeBihan 194
Louis-Philippe Leclerc 194
Patrice Beaulieu 192
Jean-Martin Bourque 191
Sébastien Petit 191
Régis Grégoire 191
Eric Lehoux 191
Michel Roth 190
Vincent Veilleux 190
Guillaume Charest 185
Vincent Courcy 184
Marten Dijksman 183
Vincent Meuric 181
Karl Gibson 181
Martin Prudhomme 179
Claire Croteau 178
Bruno C. 176
David Gendron 175
Guillaume Bilodeau 174
Michael Dalterio 167
Jean-Michel Lachance 167
Franck Malchiodi 166
Marie-Claude Grégoire 165
Stéfan de Vichy 164
Michel Jalette 162
Jeff Rivet  161
Any Gagnon 160
Pierre-Alexandre Lenoir 158
Éric Laplante 154
Maxime Maltais 150
Evelyne Gendron 149
Nathan Gagnon 149
Martin Caya 149
Jean-Michel Plantard 146
Jérome Albar 145
Mathieu Giguère 144
Nicolas Jardin 143
Stef Zerti 140
Arnold Jacques 139
Patrick Vankerberghem 138
Natalie Dagenais 134
Marc Beaulieu 132
Jean-François Laroche 129
Dan Simard 128
Yves Bienvenue 126
Alexandre Bérenger 126
Antoine Hinaut 123
Le Stéphanois 123
Paolo Marinoni 123
Simon Garneau 120
Andy Lamarre 119
Pierre Montangon 115
Alexandre Odulinski 114
Jean-François Bourrier 114
Mathieu Fagnan 109
Onsowfilion 106
Michel Onsow 106
Stéphane Cournoyer 91
Christophe Bourrier 69
Jean-Guy Dansereau 67
Luc Ostiguy 58
Sébastien Lucier 56
Patrick Bugni 44

Prochaine mise à jour après le Tour de Suisse.

Pool de cyclisme

Une nouvelle mise à jour du pool de cyclisme est disponible dans la page réservée à ce petit jeu.

JO de Pékin: pas de surprise concernant la sélection canadienne

Pas de surprise aujourd’hui concernant la sélection canadienne en prévision de la course sur route des JO de Pékin: l’Association Cycliste Canadienne (ACC) a retenu Ryder Hesjedal, Michael Barry et Sven Tuft.

Que penser de cette sélection ?

Évidemment, certains remarqueront qu’aucun Québécois ne fait partie de cette sélection, malgré les multiples talents de la Belle Province. Personnellement, je ne m’offusque pas trop que le Québec n’en fasse pas partie, n’en faisant pas une affaire de frontières.

Dans le cas de Hesjedal et Tuft, je crois que leur sélection est logique: ces deux coureurs ont donné les garanties, au cours des dernières semaines (Hesjedal au Giro, Tuft en Beauce tout récemment) qu’ils connaissent une bonne saison. De plus, ce sont des coureurs qui peuvent convenir au profil accidenté de la course sur route à Pékin. Il faudra être capable d’encaisser les montées à répétition et quiconque a gagné la Beauce peut forcément le faire. Hesjedal est un bon grimpeur, ses performances dans certaines étapes montagneuses du Giro, un contexte relevé, l’ayant prouvé.

Dans le cas de Barry, je suis plus critique: quelles garanties ce coureur a-t-il donné ces derniers mois ? Inexistant en Europe, invisible au sein de son équipe High Road, c’est l’inconnue totale le concernant. Comment, dans ces conditions, croire que Barry sera dans une forme resplendissante pour affronter l’épreuve de Pékin ? Quel est son programme de préparation au cours des prochaines semaines ? Il serait surprenant de le voir au sein de l’équipe High Road pour le Tour…

C’est dans ce contexte que je pense que Rollin était probablement un meilleur choix, fort de victoires en 2008 et d’une constance course après course cette saison. Jeune, c’eut été un bon investissement pour l’avenir, que ce soit les Mondiaux ou les prochains JO dans 4 ans.

Enfin, pourquoi ne pas avoir obligé les athlètes à se présenter aux Canadiens pour les voir en action et juger de leur condition ? On aurait alors pu attendre une semaine de plus avant d’annoncer la sélection finale, fort des résultats sur cette épreuve sélective.

Le tour de l’actualité

La Flamme Rouge vous propose ce soir le tour de l’actualité, en vrac:

1 – l’équipe Slipstream-Chipotle a été rebaptisée Garmin-Chipotle suite à la venue récente du sponsor Garmin, producteur de GPS pour vélo.

2 – l’équipe High Road a été rebaptisée Columbia suite à la signature d’un accord de 3 ans avec la compagnie américaine de vêtements et d’articles de plein-air dont la volonté est de percer le marché européen. J’espère que la couleur du nouveau maillot sera un peu plus vivante que celles de leurs vêtements!

3 – palmarès intéressant des meilleurs jeunes (nés après 1982) dans le peloton cycliste professionnel.

4 – Tour de Suisse: c’est Fothen qui a gagné aujourd’hui. Échappé dans le final avec Franck Schleck, ce dernier a fait un sacré vol plané (on peut le voir ici) dans une descente. Fort heureusement, Schleck s’en tire très bien, que des égratignures. Un miracle!

Le leader est toujours l’Espagnol Igor Anton, mais il n’a que 6 secondes d’avance sur le Luxembourgeois Kim Kirchen. Les 10 premiers sont à une minute ou moins, dont Kloden, dont Andy Schleck. Quelque chose me dit que ce n’est pas fini…

5 – La Route du Sud s’élance demain. Présentation de la course qui sert de peaufinage pour de nombreux coureurs, notamment Français, en vue des Championnats nationaux et du Tour de France.

6 – Au Québec, la course de la Paix s’élance demain depuis Laval. Une autre belle course !

7 – Mardis cyclistes de Lachine: la première étape est allée à Zach Bell de chez Symmetrics, décidemment l’équipe canadienne de l’heure après la victoire de Svein Tuft en Beauce la semaine dernière. Attention à eux aux Championnats Canadiens dans 10 jours, ils vont être difficile à contenir!

8 – Les organisateurs du Tour de Beauce rêvent d’attirer dans la ville de Québec les Championnats du monde de cyclisme dans les prochaines années. Rappelons que deux Championnats du monde ont jusqu’ici eu lieu au Canada, soit Montréal en 1974 (victoire d’Eddy Merckx sur le difficile parcours du Mont Royal) et Hamilton en 2003 (victoire d’Igor Astarloa).

Autant j’ai toujours été très critique quant à la possibilité d’un départ du Tour de France au Québec pour des raisons évidentes de logistique, autant j’estime que le rêve d’avoir les Mondiaux de cyclisme à Québec est tout à fait réaliste. Ce ne sont pas les parcours sélectifs qui manquent dans la vieille Capitale et le public serait, selon moi, au rendez-vous, pourvu qu’on fasse correctement la promotion de l’événement. J’encourage vivement les dirigeants du Tour de Beauce à oeuvrer afin de faire venir les Mondiaux à Québec au milieu des années 2010.

9 – Les paris sont ouverts, qui ira représenter le Canada dans la course sur route des JO de Pékin ? Selon moi, trois coureurs méritent plus que les autres d’y aller: premièrement, Ryder Hesjedal, fort d’un excellent Giro récemment. Deuxièmement, Dominique Rollin, pour l’ensemble de son oeuvre cette saison, parce qu’il est jeune et costaud et que c’est donc un bon investissement pour l’avenir. Troisièmement, Svein Tuft, pour sa victoire en Beauce.

Il est évident que d’autres candidats pourraient également bien représenter le Canada. Il y en a de nombreux chez Symmetrics, notamment Christian Meier, mais aussi François Parisien et Martin Gilbert. Le choix sera difficile et la réponse devrait nous être communiquée rapidement maintenant. Espérons que l’ACC tiendra également compte du profil de la course sur route à Varese cette année, un profil qui conviendra bien à un coureur costaud du style puncheur (profil Rebellin par exemple, ou Bettini), capable de bien enchainer la succession des deux belles bosses du parcours.

10 – Pool de cyclisme: la mise à jour sera en ligne demain.  

Campagnolo 2009

Attention, ca devient intéressant. Campagnolo a dévoilé son tout nouveau groupe Super-Record 11 vitesses, groupe qui sera commercialisé en 2009. Les premières photos de ce groupe sont disponibles ici, notamment du dérailleur arrière, de la cassette 11 vitesses et des manettes ErgoPower.

De plus, on pourra voir ici et ici les nouvelles Campagnolo Bora Ultra Two, elles-aussi commercialisées en 2009. Peu de changements visibles pour l’instant, il faudra voir ce qu’il en est pour les caractéristiques intrinsèques de ces roues mythiques que j’ai le plaisir d’utiliser. Les Bora sont de loin les meilleures roues qu’il m’aie été donné d’utiliser.

Si on revient au groupe Super-Record, on annonce le poids total à moins de 2000 grammes, ce qui démontre une évidente volonté de rivaliser avec la concurence et notamment le petit nouveau-venu dans le milieu, le groupe SRAM Red. Le groupe Super-Record sera doté d’une cassette entièrement titane, de roulements céramique, de poignées ErgoPower redessinées ainsi que d’un… prix revu à la hausse, 2300 euros environ, soit environ 3500$CAN, excusez un peu. Chéro, mais quant on aime…

Ce que j’en pense ? J’aime beaucoup le nouveau dérailleur arrière qui fait une part plus belle encore au carbone. Par contre, les manettes ErgoPower me semblent d’un style un peu louche, du moins heurté, moins fluide. Faudra voir comment se présente la prise de main et l’efficacité, le problème no1 avec les actuelles manettes ErgoPower étant la fragilité du petit ressort qui indexe les vitesses. Campagnolo a d’ailleurs sorti en 2008 un modèle de manettes avec lettrage rouge destiné aux professionnels et monté avec un ressort beaucoup plus ferme.

Rappelons que Shimano sort aussi pour 2009 un nouveau groupe Dura Ace entièrement relooké. Pas de 11 vitesses pour le moment, mais quelques avancées technologiques tout de même.

Une chose est sûre, la réaction de Campagnolo et de Shimano par rapport au nouveau venu SRAM et son groupe Red aura été rapide. Une guerre commerciale sans merci se dessine l’an prochain et ce sont les utilisateurs qui devraient en profiter, du moins espérons-le. Les prix devraient bénéficier de cette compétition féroce en principe.

Pas mal de nouvelles…

Pas mal de nouvelles ce soir à commenter:

1 – La Flamme Rouge fait le métier. 165 bornes couverts ce week-end en un peu plus de 5h, en solo, en guise de préparation à mon prochain grand objectif, la Marmotte. Et mes premières vraies bonnes sensations au-delà du 140e kilomètre, en dépit d’un parcours musclé, très usant, et la chaleur. Moyenne de la sortie effectué au rythme "tempo" (endurance haute), 31 km/h. Je renaîs doucement à l’ambition ! Mais il y a encore du boulôt…

2 – pool de cyclisme: ca sera disponible d’ici peu, cette semaine, avec les résultats du récent Dauphiné.

3 – Dauphiné justement: belle victoire de Valverde qui s’inscrit ainsi comme un des favoris du prochain Tour de France. L’Espagnol a pris les choses en main lors du clm qu’il a remporté, puis a contrôlé ses adversaires – les plus coriaces étant Evans et Leipheimer – dans la montagne. Bien épaulé par son équipe Caisse d’Épargne, Valverde semble avoir franchi un pallier cette saison après sa victoire dans Liège-Bastogne-Liège.

On notera la belle prestation de Cadel Evans, régulier comme un métronome, mais toujours incapable de se mettre dans la peau d’un gagnant selon moi. L’Australien sera toutefois un sérieux prétendant au titre sur le Tour. Sa régularité finira bien par payer, même s’il n’est pas le plus excitant à regarder en course…

On aura aussi vu deux Français à leur avantage selon moi, d’une part Cyril Dessel, d’autre part Sandy Casar. Les deux terminent dans les 15 premiers du général, c’est bien. Rémi Di Gregario, excellent grimpeur, semble aussi monter en puissance. En revanche, déception du côté de Carlos Sastre, seulement 20e du général à plus de 20 minutes. On attendait franchement mieux de ce coureur par étape, bien que sa préparation est peut-être bien programmée pour atteindre son maximum lors du Tour, dans 3 semaines seulement. 

On retiendra aussi de ce Dauphiné deux révélations, celle de Youri Trofimov d’abord, vainqueur d’une étape et animateur de plusieurs autres. Ce jeune coureur russe (24 ans) semble excellent et accumulait les victoires chez les amateurs il y a peu.

L’autre révélation, c’est Pierre Roland, 21 ans, qui sort de ce Dauphiné avec le titre de meilleur grimpeur. Pas mal du tout. Faudra le surveiller dans les prochaines courses par étape auxquelles il participera.

4 – Tour de Beauce. Victoire finale du Canadien Sven Tuft chez Symmetrics, la première victoire d’un Canadien depuis celle d’Éric Wolberg en 1995. Tuft avait déjà terminé 2e de l’épreuve en 2005 et 2007. Bien épaulé par son équipe, Tuft se sera imposé en Beauce comme Valverde au Dauphiné: en gagnant d’abord dans le clm puis en contrôlant la course par après, bien aidé de ses équipiers, notamment dans la dernière étape de Québec remportée par Matt Wilson. Du beau boulôt pour l’équipe Symmetrics et qui devrait aider ses dirigeants à retrouver un sponsor pour l’an prochain.

Le premier Québécois au général, François Parisien, termine 8e. Ce coureur aura été très actif durant toute l’épreuve, multipliant les initiatives sans pouvoir en gagner une. L’Association Cycliste Canadienne doit maintenant décider qui de Parisien ou de Tuft ira à Pékin pour représenter le Canada aux JO. Je ne voudrais pas devoir trancher!

Notons enfin le retour d’un Charles Dionne au premier plan, malgré les séquelles de sa blessure au coude plus tôt dans la saison. L’équipe EVA-DeVinci aura également offert une belle tenue avec notamment les Jean-Sébastien Perron, Dominique Perras, Mathieu Toulouse et George-Édouard Duquette.

5 – Cyclisme québécois toujours, David Veilleux a remporté la dernière étape du Nature Valley Grand Prix aux États-Unis et termine l’épreuve avec le maillot du meilleur jeune. Pour Veilleux, ce résultat est important puisqu’il a été relativement privé de succès ces derniers mois. Et cette victoire tombe à point dans la perspective des prochains Championnats Canadiens disputés en Beauce dans 2 semaines…

6 – Matos: intéressant nouveau cadre TIME que les coureurs de Cofidis utiliseront sur le prochain Tour de France.

7 – Matos encore: intéressant cadre Ridley de clm vu avec Cadel Evans sur le récent Dauphiné. Vous croyez vraiment que c’est un Ridley vous ?

8 – Matos toujours: le nouveau vélo route Felt des Slipstream, juste à temps pour le prochain Tour de France.

9 – Matos (ca finit plus!): les nouvelles poignées Ergopower des groupes Campagnolo 2009. Je sais pas vous mais moi, c’est "bof".

10 – Intéressant reportage de nos collègues de Cyclismag sur une épreuve cycliste peu connue, le demi-fond, couru sur piste derrière derny. Le récent champion de France est Mickael Buffaz qui a bouclé certains tours de piste à… 85 km/h.

Affaire Boonen: le point

Les commentaires sont nombreux quant à la récente affaire Boonen, contrôlé positif à la cocaine lors d’un récent contrôle hors-compétition. 

Restons calme, mais lucide.

D’une part, rien n’indique pour le moment que Boonen cherchait à améliorer ses performances sportives. La prise de cocaine pourrait être un incident isolé, celui d’un jeune play-boy riche ayant envie de s’amuser un soir. C’est arrivé à Ullrich en 2002 et à d’autres aussi. Si tel est le cas, tout au plus pourrons-nous condamner Boonen pour son manque de jugement, sachant qu’il est une figure sportive de premier plan dans le monde et qu’il est régulièrement contrôlé. 

Cette prise de cocaine pourrait cependant masquer une dépendance plus profonde aux produits dopants. Si tel était le cas, ce serait plus grave car signe que Boonen a également pris autre chose et ce, régulièrement depuis des années. S’il convient donc d’être vigilant, attention avant d’enterrer ce coureur. 

Quant à sa possible suspension, les règles sont claires: le test ayant été fait hors-compétition et la substance étant de la cocaine et non de l’EPO par exemple, Boonen ne s’expose à aucune suspension de la part de l’UCI. Le cas relève donc de la justice belge. On applique les règlements, point final. Seule nuance, Ullrich en 2002 avait été suspendu par sa Fédération pour prise d’une drogue de "party". Il avait aussi été licencié de son équipe T-Mobile. Autre coureur, autre époque, autres sanctions ?

Enfin, l’équipe Quick Step est déjà en pourparlers avec ASO concernant sa prochaine participation au Tour de France. S’il semble acquis que Boonen en soit exclu pour ne pas porter atteinte à la réputation de l’épreuve, ca reste à voir pour la Quick Step. Mais disons que Prudhomme ne doit pas la trouver drôle en ce moment puisqu’on a l’impression que ca recommence… Ne manquerait plus un contrôle positif d’Evans, de Valverde, de Cunego ou d’un des frères Schleck au Dauphiné ou en Suisse et ce serait la grosse catastrophe.

Pour terminer sur une note d’humour, on aime beaucoup ce titre d’un journaliste belge: "Boonen franchit la ligne blanche…".

Cyclisme québécois: le point

La Flamme Rouge a du rattrapage à faire concernant le cyclisme québécois, les épreuves s’étant multipliées récemment, tant sur la scène du cyclisme féminin que masculin. La période actuelle est en effet riche en épreuves cyclistes au Québec et au Canada. Voyez un peu: après la Coupe du monde des femmes sur le Mont Royal, on a enchaîné avec le Tour du Grand Montréal puis le Tour de l’île du Prince Édouard, toujours chez les femmes. Chez les hommes, on a récemment eu droit à la Coupe des Nations au Saguenay, une épreuve pour les moins de 23 ans, au GP de Charlevoix et c’est maintenant le Tour de Beauce qui est parti. Si on ajoute à cela la tenue prochaine des Championnats Canadiens en Beauce, la période est faste pour les amateurs de vélo du Québec!

C’est l’Allemande Judith Arndt (High Road) qui s’est d’abord imposé sur le Mont Royal dans l’épreuve de Coupe du monde, battant au sprint la championne en titre, l’Italienne Luperini, naguère surnommée la "Pantani" féminine pour ses prouesses en montagne. La course fut caractérisée par des conditions météo difficile, surtout en début d’épreuve. La meilleure Canadienne fut Leigh Hobson, 3e, qui décrochait ainsi son billet d’avion pour les JO de Pékin. À notre connaissance, la meilleure performance québécoise fut la 41e place de Johanne Cyr de l’équipe Cascades.

Arndt a confirmé très rapidement son excellente condition, remportant pas moins de 3 étapes sur les 5 que comportait le Tour du Grand Montréal. Elle s’imposait au général devant deux autres européennes, soit Suzanne De Goede (Nurnberger) et son équipière Oenone Wood. La meilleure Canadienne fut Erinne Willock avec une 6e place et la meilleure performance québécoise la 28e place de Joelle Numainville.

Au Tour de l’Île du Prince Édouard, c’est actuellement l’équipe Menikini qui fait sa loi, occupant les deux premières places du général avec Kori Kelley Seehafer et Nathalie Bates. À noter un plateau nettement moins relevé que lors des deux autres épreuves pour la simple raison que beaucoup d’équipes sont déjà reparties courir d’autres épreuves aux États-Unis ou en Europe. La Québécoise Johanne Cyr, actuellement 6e au général, confirme les performances offertes la semaine dernière en offrant d’excellentes performances dans l’épreuve.

Du côté des hommes, le GP de Charlevoix a confirmé son statut d’une des courses les plus difficiles de la saison, la pluie et le froid étant cette année au programme. Près du tiers des coureurs y participant (toutes catégories confondues) n’ont pu compléter l’épreuve! C’est le vétéran Alexandre Cloutier qui a remporté l’épreuve chez les Séniors 1-2 après avoir longtemps tourné autour durant les dernières éditions. S’emparant de la tête du général dès le clm d’ouverture, son épreuve de prédilection, il devait assurer lors du critérium et de la course sur route, bien épaulé par ses équipiers.  À noter l’excellente 2e place d’un coureur de notre région l’Outaouais, Jean-Sébastien Perron, un homme qui nous donne bien du mal lorsqu’il se pointe à nos courses régionales! Éric Boily, équipier de Cloutier chez Volkswagen, complétait le podium et annonçait ainsi une belle condition qu’il allait mettre à profit au Saguenay.

La Coupe des Nations, nouvelle épreuve U23 disputée en 5 étapes au Saguenay, présentait un plateau relevé, avec des équipes de France, d’Italie, du Danemark et d’ailleurs. C’est le Danois Thomas Kvist qui s’est imposé au classement général, devançant un Portugais Rui Costa et l’Italien Alfredo Balloni. Éric Boily a été le meilleur Canadien et Québécois, se battant comme un lion, remportant une étape et terminant à une belle 6e place au général à l’issue de l’épreuve. Les autres Canadiens ayant terminé l’épreuve sont Ryan Anderson (11e), André Tremblay (32e), David Veilleux (33e), Dave Vuckets (35e), Charly Vives (36e), Zach Garland (49e) et Joel Dion-Poitras (57e). 

Le prestigieux Tour de Beauce est quant à lui parti aujourd’hui pour 6 étapes, 130 coureurs et 19 équipes. On pourra compter sur le retour de certains grands classiques, comme cette ascension du Mont Mégantic, pour moi juge de paix de cette course. Mon impression est que le plateau de coureurs a déjà été plus relevé et la cancellation de dernière minute de l’équipe Slipstream, qui annoncait la présence de notamment David Zabriskie, est en ce sens une réelle déception. Il faudra quand même surveiller quelques étrangers, notamment Valeriy Kobzarenko, vainqueur de l’épreuve en 2006 et évoluant au sein de la puissante équipe composite Team Type 1. Chez les Canadiens, l’équipe Symmetrics, avec les Svein Tuft, Christian Meier, Cameron Evans, Andrew Pinfold, Andrew Randell et Zach Bell nous apparait très forte, tout comme Team RACE avec François Parisien, l’expérimenté Mark Walters, ainsi que Ryan Roth. Il sera aussi très intéressant de suivre la progression de l’équipe du Québec avec notamment le revenant Charles Dionne, mais aussi le récent vainqueur du GP de Charlevoix, Alexandre Cloutier. Enfin, EVA-DeVinci, Volkswagen et 2peer.com sont les équipes québécoises joker de l’épreuve, avec notamment les vétérans Dominique Perras, qui voudra peut-être s’imposer au sommet du Mont Mégantic, et Mathieu Toulouse de même que les Jean-Sébastien Perron, Éric Boily et Bruno Langlois. 

L’absent de marque est évidemment Dominique Rollin, engagé par son équipe Toyota-United au Nature Valley Grand Prix aux États-Unis. Et où est donc passée l’équipe professionnelle Calyon ?

Complétons ce tour d’horizon en mentionnant les excellents résultats récents des autres Québécois Dominique Rollin, François Parisien et Charles Dionne. Rollin s’est classé 2e de la CSC Classic en Virginie début juin, manquait de peu le podium quelques jours plus tard à la Commerce Bank Lehigh Valley Classic pour terminer 8e de la Commerce Bank Triple Crown à Philadelphie le week-end dernier. Parisien cumulait quant à lui quelques top-10 dans des courses américaines et Dionne renaissait à l’ambition, ses sensations sur le vélo allant en s’améliorant. Nous pourrions également parler de vélo de montagne avec la récente victoire de Marie-Hélène Prémont en Coupe du monde et de Raphael Gagné en Coupe du Québec comme sa 2e place récente en Coupe du Canada pour compléter ce portrait déjà impressionnant.

Rappelons que les Championnats canadiens se profilent déjà à l’horizon et auront lieu en Beauce cette année, comme l’an dernier. Si tout ce beau monde s’y aligne, la compétition devrait être forte ! Avec la récente annonce de la création du Tour du Québec, prévu en septembre prochain dans la belle région de la Capitale nationale, Québec, une belle initiative du coureur Jean-Michel Lachance, on peut définitivement affirmé que la période est faste pour le cyclisme de compétition au Québec. Bravo ! et voilà qui doit tenir très occupé les gens de la FQSC! Si on pouvait parler un peu plus de toutes ces épreuves et de tous ces coureurs dans les journaux, nous serions comblé. 

Boonen junkie ?

Premier gros scandale de dopage de l’année 2008 et cela touche un des coureurs les plus en vue du peloton, si ce n’est LE plus en vue: Tom Boonen a été testé positif à la cocaine le 26 mai dernier, lors d’un contrôle hors-compétition trois jours avant le Tour de Belgique, où il a remporté une étape.

Depuis, des perquisitions supplémentaires ont déjà eu lieu au domicile de ses parents ainsi que de sa petite amie. C’est reparti…

La nature des sanctions à l’encontre de Boonen est à ce jour incertaine, seuls les contrôles positifs à la cocaine lors des compétitions étant sanctionnés d’une suspension. Boonen aura cependant affaire à la justice belge, l’usage de cocaine étant bien sûr interdite en Belgique. L’UCI, saisi de l’affaire, pourrait cependant suspendre Boonen pour une durée de deux ans. Elle en aurait les moyens.

Que penser de ce nouveau scandale ?

C’est évidemment un nouveau coup dur pour le cyclisme. Tom Boonen, récent vainqueur de Paris-Roubaix, est immensement populaire. Son aura sera nécessairement ternie par cette révélation qui, même si elle ne porte pas sur un produit dopant classique comme l’EPO, les anabolisants ou les amphétamines, révèle quant même un possible problème de Boonen avec la drogue.

Comment également ne pas penser que les informations données par le coureur belge de cyclocross Tom Vanoppen en décembre dernier suite à son contrôle positif à la même substance n’était pas fondées ? Vanoppen avait alors impliqué Boonen comme client de son dealer. Rappelons que Boonen et surtout Lefevere, son directeur sportif, avaient vivement réagi en condamnant une tentative publique de déstabilisation du champion belge.

Enfin, comment ne pas faire un parallèle avec Marco Pantani qui a lui aussi sombré dans la cocaine avant de succomber à une overdose en février 2004 ? Pantani cherchait dans la cocaine une fuite pour oublier les injustices dont il s’estimait être victime. Il avait sombré dans la cocaine après avoir créé une dépendance à la drogue au cours de ses années de coureur où il s’était dopé à de nombreuses substances pour améliorer ses performances, les variations extrèmes de son taux d’hématocrite ne faisant aucun doute à ce sujet.

Dans ce contexte, l’usage de cocaine par Tom Boonen pourrait-elle être le signe d’une dépendance aux substances dopantes dont certaines seraient prises dans le but unique d’améliorer les performances ? C’est une hypothèse qu’on ne peut pas rejeter à ce stade-ci. Le Dr. italien Sandro Donati l’a souvent martelé, tout comme d’ex-coureurs repentis comme Erwan Mantheour: les coureurs cyclistes sont souvent des junkies, trop habitués aux états euphorisants créés par l’usage de toutes sortes de substances améliorant les performances physiques. Il est bien connu que les substances dopantes étaient aussi d’usage lors des fêtes de fin de saison au sein de l’équipe Festina il y a 10 ans… preuve que les coureurs ne pouvaient plus se passer des effets euphorisants des drogues.

Chose certaine, à moins d’un mois du départ du prochain Tour de France, voilà un nouveau scandale qui va mettre tout le monde du cyclisme sur le qui-vive… 

De la défaillance du cycliste…

Le corps humain est vraiment fascinant: capable de performances sportives extraordinaires comme capable du pire. Et pour moi ce week-end, ce fut le pire, pour une rare fois dans ma carrière de cycliste.

Je participais, en guise de préparation à ma prochaine Marmotte, au Rideau Lakes Cycling Tour, une épreuve cyclo organisée chaque année par le Ottawa Bicycle Club et qui consiste à se rendre d’Ottawa à Kingston (180 bornes) le samedi, et d’en revenir le dimanche. Une belle cyclo, bien organisée et attirant chaque année plus de 2000 cyclistes de tous âges.

Samedi matin, ca s’annonçait déjà coton: chaleur accablante (32 degrés), soleil de plomb, vent de face soutenu. Comble de malchance, après avoir tergiversé toute la semaine à savoir laquelle de ma paire de roues Bora ou Shamal Ultra j’allais utiliser, je crève en me rendant au départ avec ma Bora (boyau) arrière. Le boyau étant solidement collé, impossible de procéder au remplacement. Un rapide appel à la maison et Madame La Flamme Rouge dépannait son coureur en lui apportant sa paire de Shamal Ultra, version pneu. Merci.

Sur les 150 premiers kms, aucun problème malgré la chaleur et le vent. La quinzaine de coureurs des Rouleurs de l’Outaouais en ont vu d’autres. L’échelon fonctionnait bien, les relais étaient rapides en tête, tout le monde passait bien, la vitesse moyenne était de 36-37-38 km/h, malgré le vent violent soufflant de face. Je croyais également bien m’hydrater et m’alimenter, n’en étant pas à mes premières armes sur de telles distances.

Et puis ce fut le mur. Km 150, final baton. Terminé. Rideau. En l’espace de 10 bornes, j’ai reçu la visite de l’homme au marteau. Plus d’énergie. Panne sèche. Rapidement décroché de mon groupe, me voilà coureur en perdition, isolé des autres, seul face au vent. Maintenir une vitesse de 25 km/h m’était très difficile. Il restait 30 bornes à couvrir. Tout mon corps me faisait mal: la tête, le cou, les épaules, le dos, les cuisses, les mollets. Victime également de crampes dans les cuisses, les quelques bosses restantes ont représenté des Everests. L’enfer. J’ai fini à l’agonie en devant m’arrêter tous les 5 kms pour me coucher dans l’herbe et récupérer un peu.

Ma dernière grosse défaillance de la sorte remonte à 1998 et l’épreuve alors appelée La Galibier où, accompagnant les meilleurs jusque dans l’Izoard, j’avais explosé du groupe de tête dans la remontée du Lautaret, vent de face depuis Briançon, et avait dû m’arrêter au sommet du col pour prendre une grosse demi-heure de repos, livide. La voiture étant stationnée à Valloire et étant seul sur l’épreuve, je n’avais eu d’autres choix que de remonter en selle pour en finir avec le Galibier et basculer dans la descente semi-conscient. Une belle journée de galère que ce samedi m’a rappelé.

Je n’ai évidemment pas pris part au retour aujourd’hui dimanche, ayant déjà convenu de rentrer samedi en voiture avec Madame. Chapeau à tous les participants qui sont rentrés à vélo aujourd’hui, la chaleur étant également très lourde, bien que le vent était alors de dos.

À moins d’un mois de la Marmotte, cette grosse défaillance n’est pas pour me rassurer en vue de l’épreuve ultime. Ceci étant, elle est à mettre sur le compte d’une sévère déshydratation due à ma préparation lacunaire dans la semaine précédent la cyclo. Très occupé et stressé au travail, je n’ai tout simplement pas assez bu durant la semaine et j’ai abordé l’épreuve samedi déjà en déficit hydrique. Malgré les bidons bus régulièrement, cela n’a pas suffit à combler le déficit du départ.

Le corps humain est vraiment fascinant. L’espace de deux heures samedi, j’ai été réduit par ce dernier à une loque humaine que des personnes de 60 ans n’avaient pas de mal à laisser sur place. Seule consolation: valait mieux que ca arrive samedi que dans 4 semaines, alors que je m’attaquerai à plus difficile…

Coupe des Nations – Ville de Saguenay

Incroyable mais vrai: ca m’a presque échappé.

La seule tranche de la Coupe des Nations U23 de l’UCI en dehors de l’Europe se déroule actuellement à ville de Saguenay, une compétition qui regroupe les meilleurs cyclistes âgés entre 19 et 22 ans. L’épreuve se déroule sur 5 étapes et on y retrouve des équipes de France, d’Italie, des Pays-Bas, des États-Unis, du Luxembourg, du Portugal, du Brésil et évidemment du Canada. Sept coureurs du Québec y participent, soit Éric Boily, Joël Dion-Poitras, David Veilleux, Guillaume Boivin, Jean-Michel Lachance, André Tremblay et Charly Vivès.

C’est l’Italien Alessandro Mazzi qui a remporté aujourd’hui la première étape. Le Québécois Éric Boily, qui sort du difficile GP de Charlevoix, a terminé au troisième rang, une perf remarquable selon moi compte tenu des efforts consentis ce week-end dans la région montagneuse de Charlevoix.

Comment se fait-il qu’une telle épreuve soit ainsi passée sous silence dans la plupart des grands médias québécois ? La couverture de presse de la récente Coupe du Monde des femmes sur le circuit du Mont Royal m’est également apparue lacunaire ces derniers jours, tout comme celle concernant le Tour du Grand Montréal actuellement en cours. Et que dire du Tour de Beauce qui débute la semaine prochaine, lui aussi largement absent des grands médias du Québec et du Canada ? Si on ajoute à cela les difficultés majeures de financement du GP de Charlevoix et du Tour de l’Abitibi dont les éditions 2009 demeurent à ce stade-ci incertaines, il y a de quoi être inquiet pour l’avenir de telles épreuves cyclistes au Québec, épreuves pourtant phares dans le calendrier international dans leur catégorie respective.

Tour – UCI: pour y voir clair

Les commentaires sont nombreux sur La Flamme Rouge ces derniers jours. Le point de départ de ces échanges nourris est l’annonce, par ASO, société responsable du Tour de France comme d’autres épreuves du calendrier cycliste professionnel, que le prochain Tour sera disputé sous l’égide de la Fédération Française de Cyclisme (FFC) et non l’Union Cycliste Internationale (UCI), cette dernière étant en charge de l’administration du cyclisme à l’échelle internationale. Autrement dit, ASO a placé le Tour de France au calendrier national et non à celui de l’UCI qui gère le calendrier dit international.

Évidemment, si le Tour de France est au calendrier national français et est placé sous la responsabilité de la FFC, cela veut aussi dire que les contrôles antidopages relèveront de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) et non de l’UCI.

Il s’agit évidemment d’un rude coup porté à l’UCI qui y voit une contestation ouverte de son leadership. ASO a pris cette décision dans le contexte où elle est en conflit ouvert avec l’UCI depuis environ 4 ans sur des questions comme le ProTour et ses règles d’admissibilité aux épreuves tout comme la lutte contre le dopage.

L’UCI a évidemment vivement réagi à la nouvelle, estimant que la décision d’ASO est "mauvaise pour le cyclisme". L’UCI a également refusé de mettre à disposition d’ASO les informations du passeport biologique des coureurs, passeport en place depuis le début de l’année. ASO se tourne donc vers le contrat qu’elle a exigé des équipes qui veulent participer au Tour et qui comporte des obligations de localisation des coureurs. L’AFLD pourra donc, au cours des prochaines semaines,effectuer des contrôles innopinés sur les coureurs dont le Tour figure à leur programme. ASO annonce également que des contrôles capillaires seront ajoutés cette année à l’arsenal dont disposent les autorités pour lutter contre le dopage sur le Tour de France.

Que faut-il penser de tout ca ?

Ma première réaction est que tout ce merdier expose encore une fois les problèmes profonds du cyclisme sur la place publique. Les polémiques n’en finissent plus dans ce sport ! Quand ce ne sont pas des scandales de dopage (l’année 2008 nous a épargné jusqu’ici…), ce sont des guerres ouvertes sur la place publique entre les instances dirigeantes. Quel bordel! Je déplore grandement cette situation parce que j’aime profondément ce magnifique sport. Personne ne peut nier que le cyclisme doit s’attaquer à de nombreux défis pour retrouver une crédibilité auprès du public et des éventuels sponsors. Ces défis sont suffisemment importants et difficiles qu’il me semble que tout le monde devrait travailler dans le même sens. Or, ce n’est pas le cas et cela me désole.

Ma deuxième réaction est d’être plutôt sympathique à la position adoptée par ASO. Je doute fortement qu’ASO ait de quelconques ambitions de prendre le contrôle de quoi que ce soit. ASO défend tout simplement ce pour quoi elle existe: des épreuves cyclistes. Société à but lucratif, ses revenus dépendent en grande partie de la crédibilité de ses épreuves. Or, le dopage menace directement cette crédibilité (qu’en reste-t-il aujourd’hui ?) depuis toujours, mais particulièrement depuis l’Affaire Festina il y a 10 ans. ASO a d’abord fait confiance à l’UCI pour réagir vigoureusement au cancer qui ronge le cyclisme. Or, depuis l’Affaire Festina, les scandales se sont enchainés à un rythme effarant, une situation en partie liée au peu de mesures antidopage adoptées depuis par l’UCI qui a longtemps défendu la position que le dopage était le cas de coureurs isolés dans le peloton, donc un problème mineur. Lassée de cette situation et échaudée par les scandales majeurs des deux derniers Tours de France, ASO a décidé de désormais entreprendre elle-même la lutte et, pour ce faire, s’en donne les moyens, quitte à ruer dans les brancards. Peut-on leur en vouloir de défendre ainsi le Tour et les épreuves connexes qu’elle organise, surtout dans la mesure où c’est le Tour qui "tire" toutes les autres épreuves du calendrier et qui donne au cyclisme une grande partie de sa popularité ?

Ma troisième réaction est que l’UCI doit encore faire son examen de conscience, en commençant par faire le ménage parmi ses hauts dirigeants. Hein Verbruggen, ex-président, tire encore de nombreuses ficelles par exemple. En imposant sans consultation le ProTour, un système tout de même lucratif pour l’UCI et qui a déjà entrainé de nombreuses difficultés pour les petites épreuves cyclistes délaissées de ce label, ne peut-on pas y voir la volonté de l’UCI d’étendre son influence sur le cyclisme international, au détriment de ceux qui, concrètement sur le terrain, organisent des épreuves cyclistes en démarchant les sponsors et en négociant avec les autorités locales ? La création du ProTour était-elle vraiment une priorité à poursuivre ces dernières années alors que le sport lui même est menacé par le cancer du dopage ? L’organisme responsable du cyclisme international n’aurait-il pas dû réagir plus vigoureusement et mettre en place plus tôt le passeport biologique ?

Enfin, je pense que dans le contexte actuel du cyclisme, tout le monde essaie un peu de sauver sa peau. Le récent volte-face des organisateurs du Giro, qui ont invité à la dernière minute l’équipe Astana, pourtant d’abord exclue, ne peut-il pas être interprété comme une tentative d’augmenter l’intérêt de l’épreuve, et donc les cotes d’écoute ? ASO essaie aussi de sauver la crédibilité de son épreuve et, n’ayant pour le moment pas trop de problème de cotes d’écoute, tente de limiter les risques d’un scandale de dopage qui serait dévastateur pour le Tour comme pour le cyclisme en général. La Vuelta, quant à elle, envisage une autre solution encore, celle de proposer une épreuve originale en deux temps où seules quelques équipes qualifiées sur la base des résultats des premiers 10 jours de course seraient invitées à poursuivre l’épreuve.

Chose certaine, la situation manque de cohérence et n’est pas simple. Malheureusement, c’est encore et toujours le cyclisme qui trinque…

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