Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 145 of 352

Le piège du procès Armstrong

On y est. Le grand déballage vient de débuter dans le cadre du procès Armstrong.

L’USADA a donc rendu public hier la preuve à l’endroit de Lance Armstrong, Johan Bruyneel et trois autres personnes. J’ai commencé la lecture du document original, mais cela me prendra quelques jours tant le dossier est volumineux! Il couvre la période de 1998 à 2012, détaillant pour chacune de ces années, des éléments concrets du système de dopage utilisé par Lance Armstrong et ses proches.

Cinq éléments m’ont paru particulièrement intéressants jusqu’ici.

Le premier, ce sont les aveux de trois coureurs ex-équipiers de Lance Armstrong: George Hincapie, Levi Leipheimer et le Canadien Michael Barry. Ils n’avaient évidemment plus le choix puisque témoins à charge dans le dossier de l’USADA. Ils ont avoué leur dopage, mais aussi le fonctionnement à cet égard de l’équipe US Postal puis Discovery. En conséquence, ils sont tous suspendus, tout comme Christian Vande Velde, Tom Danielson et David Zabriskie. Pour Hincapie et Barry, c’est une bien triste fin de carrière… surtout que leurs victoires antérieures leur seront probablement retirées, comme les primes les accompagnant.

Le deuxième, c’est la publication des preuves de collaboration et de versements monétaires (pour un million de dollars!!!) entre Lance Armstrong et Michele Ferrari à une époque où Lance Armstrong affirmait pourtant ne plus avoir aucun lien « professionnel » avec le gourou italien du dopage. Sa collaboration s’est même poursuivie en 2009, année de son deuxième come-back. Les publications des courriels échangés entre Armstrong et Ferrari dans le mois précédent le Tour 2009 sont particulièrement intéressants.

Le troisième, ce sont des preuves scientifiques d’un dopage sanguin de Lance Armstrong entre 2009 et 2012, les années de son deuxième come-back. Des taux de réticulocytes (jeunes globules rouges) et de plasma sanguin anormalement bas et… le refus de l’UCI à l’endroit de l’USADA d’acheminer davantage de données de laboratoires sur le profil sanguin de M. Armstrong, sous prétexte que ce dernier refusait (bien évidemment) de donner son accord.

Le quatrième, c’est la façon dont Lance Armstrong pouvait facilement déjouer les contrôles. Son entourage proche (surtout Johan Bruyneel) était en mesure de le prévenir d’avance de l’imminence d’un contrôle, et donc de le planifier. Il fallait donc d’autres personnes à l’autre bout pour les prévenir, mais qui ? Le rôle de l’UCI n’est d’ailleurs pas très clair à ce niveau puisqu’en 2009, elle était conjointement responsable des contrôles avec l’AFLD. Or, il est prouvé que cette année-là, l’équipe Astana de Lance Armstrong (et Alberto Contador, le vainqueur…) a bénéficié d’un traitement de faveur à l’égard des contrôles anti-dopage. Douteux quant on connaît les liens qu’entretenaient Armstrong et l’UCI dès 2001.

Le cinquième, c’est l’usage par Lance Armstrong d’intimidation et de menaces à l’encontre de ceux qui osaient se dresser contre lui à l’égard du dopage, en particulier lorsque ces derniers brisaient la loi de l’omerta. Il est d’ailleurs intéressant de constater à ce chapitre que Hincapie, Barry et Leipheimer auront attendus hier, soit le tout dernier moment possible, pour passer aux aveux… tous étaient en activité en 2012… Le rapport prouve également que Lance Armstrong a menti alors qu’il était sous serment dans le cadre du procès avec sa compagnie d’assurance et qu’il a tenté de produire de faux affidavit.

Seuls les trois premiers éléments constituent selon moi des preuves recevables d’un dopage organisé dans le cadre d’un jury ou d’un procès. Les deux derniers sont plutôt des éléments de contexte pouvant nous convaincre de la culpabilité de Lance Armstrong.

Il est possible que les prochains jours nous apportent d’autres éléments à mesure que le rapport est décortiqué plus en détails.

Quoi qu’il en soit, une question se pose à partir de maintenant: combien de temps Lance Armstrong va-t-il pouvoir tenir sa position de deni?

Il a réagi hier par la voie de ses avocats qui n’ont pas été chercher bien loin leurs arguments de défense. C’est assez pathétique, voire cela suscite la pitié: « Ignoring the 500-600 tests Lance Armstrong passed, ignoring all exculpatory evidence, and trying to justify the millions of dollars USADA has spent pursuing one, single athlete for years, USADA has continued its government funded witch hunt of only Mr. Armstrong, a retired cyclist, in violation of its own rules and due process, in spite of USADA’s lack of jurisdiction, in blatant violation of the statute of limitations, and without honoring UCI’s demand to produce the entire USADA « file » for an independent review and decision as mandated by national and international rules. »

Chose certaine, avec chaque élément de preuve rendu public, Lance Armstrong perd davantage de sa crédibilité déjà sérieusement atteinte. Il vient toujours un moment où le mensonge ridiculise le menteur lorsque ce mensonge devient trop évident. Bref, ca va vite devenir intenable pour lui et s’il persiste, son mensonge pourrait miner complètement son avenir, par exemple ses ambitions politiques.

On peut aussi voir la situation différemment: Lance Armstrong a aujourd’hui une vraie opportunité de poser un acte de courage et d’amour du sport cycliste, en déballant lui-aussi sur une période trouble du cyclisme. Ce qui permettrait à la lutte contre le dopage de faire un grand pas en avant.

La situation risque aussi d’être difficile pour l’UCI au cours des prochains jours car elle devra expliquer comment elle a pu passer à côté, durant plusieurs années, d’autant d’éléments du dossier Armstrong alors qu’elle est la principale instance en charge du cyclisme et qu’elle affirme depuis longtemps que la lutte contre le dopage est une de ses priorités. Son inaction ne serait-ce qu’à enquêter autour des agissements de Lance Armstrong soulèvera forcément des questions et minera aussi sa crédibilité.

Mais surtout, il y a un risque énorme que tout ce déballage occulte le plus important: ce qui se passe aujourd’hui dans le peloton. Car si le procès Armstrong est nécessaire à mes yeux, ce n’est que pour nous faire comprendre ce qui peut se passer aujourd’hui dans le peloton. Et à ce chapitre, les récents calculs de Frédéric Portoleau tendent à nous montrer que les puissances sur le Tour et la Vuelta ont de nouveau fleurtées avec des seuils surhumains. S’il est probable qu’une accalmie ait eu lieu sur la scène du dopage en 2010 et 2011, il y a des doutes raisonnables quant à la saison 2012 et il n’est pas impossible que de nouveaux produits aient fait leur apparition dans le peloton, comme l’AICAR ou le GW1516 et leurs dérivés. La domination de certaines équipes en 2012, en particulier sur les grands tours, ne fait-elle pas trop penser à la grande époque US Postal?

Le piège Armstrong, c’est donc le fait que les acteurs actuels du cyclisme vont tenter de nous faire croire que tous ces scandales, toutes ces pratiques appartiennent à une époque révolue, au passé. Que le cyclisme d’aujourd’hui est beaucoup plus propre. Ca a d’ailleurs déjà commencé, par exemple les propos de Dave Brailsford, manager chez Sky, qui joue la carte de la surprise. Je crois qu’il n’en est rien, les systèmes de dopage ont simplement évolué vers d’autres produits, d’autres techniques, d’autres réseaux, d’autres passeurs. Je vous rappelle, pour preuve, que le rythme des scandales n’a rien perdu de sa vigueur avec, depuis deux ans, les contrôles positifs de Contador, Franck Schleck, Remi Di Gregorio, Ivailo Gabrovsky, et l’Affaire Pozzatto. Plus encore, Michele Ferrari continue de pratiquer auprès de coureurs pros aujourd’hui, comme Kreuziger, Pellizotti, Gasparotto, Chichi. Il convient d’être vigilants et d’user de jugement dans les performances qui nous sont offertes.

Bref, espérons que Lance Armstrong fera prochainement acte de courage en passant aux aveux pour nous permettre de bien comprendre ce qui peut se passer aujourd’hui dans le peloton, à la lumière de ce qui se passait hier dans ce peloton professionnel. Espérons que ce dossier assemblé par l’USADA soit pris au sérieux par toutes les instances du cyclisme professionnel et débouche sur des actions concrètes mises en oeuvre au sein du peloton actuel. Car si tout ce déballage ne reste qu’un exercice portant sur le passé plutôt que sur le présent, il n’y aura que des perdants dans toute cette histoire…

Cool stuff!

Avec un Dogma en plus!

Le Tour de l’Alberta, nouvelle course UCI au Canada

Il semble qu’une nouvelle course cycliste UCI, de catégorie 2.1 (même catégorie que le Tour du Qatar, le Tour de Grande-Bretagne ou encore le Tour de l’Avenir), verrait le jour en 2013 en… Alberta! 

Sous la direction d’Alex Stieda, l’ex-coureur pro premier Canadien à revêtir le maillot jaune du Tour (en 1986), la course se déroulerait fin-août début-septembre, soit entre le US Pro Challenge et les GP de Québec et Montréal. Cette course comporterait 6 étapes entre Calgary et Edmonton, en passant probablement par Red Deer. Le parcours serait dévoilé en conférence de presse le 15 octobre prochain. Si la course se dirige vers Banff, il y a quelques cols qui pourraient durcir la course!

Quoi qu’il en soit, le moment choisi dans le calendrier semble très bon puisqu’il permettrait d’offrir aux coureurs européens faisant le déplacement en Amérique du Nord un beau programme de course pendant deux semaines. Voilà de quoi rentabiliser l’investissement que représente un tel déplacement.

Si la course voit bel et bien le jour, elle viendrait directement concurrencer le Tour de Beauce au chapitre du titre de course par étapes la plus importante au Canada. Par contre, sur le plan du prestige, l’histoire du Tour de Beauce place la course québécoise hors-concours!

Dans le bus Argos-Shimano avec David Deroo

Sympathique petit vidéo nous donnant une meilleure idée de la vie au quotidien du personnel des équipes cyclistes professionnelles, ici David Deroo, ex-coureur pro et désormais soigneur chez Argos-Shimano. Merci à Jean-Michel Guidez pour le vidéo et pour l’avoir porté à mon attention.


BUS DAVID DEROO par JMGUIDEZ

Le Tour de l’actualité

1 – Une des sensations de l’année, le Britannique Jonathan Tiernan-Locke (Endura Racing), a signé pour deux saisons chez Sky, quelle surprise… Voilà qui vient renforcer la garde de l’équipe de Bradley Wiggins en haute montagne, comme s’il y avait besoin… Rappelons que Tiernan-Locke a gagné cette saison le Tour du Haut-Var, le Tour d’Alsace, le Tour Méditerranéen ainsi que le Tour de Grande-Bretagne, rien que ça!

Rappelons aussi qu’après des débuts prometteurs en amateur, Tiernan-Locke a dû arrêter sa carrière pendant trois ans entre 2005 et 2008 en raison du virus d’Epstein-Barr (mononucléose infectieuse). Revenu à la compétition en 2008, il est percuté par un cheval lors d’un entrainement, retardant encore son retour. Voilà pourquoi on a réellement entendu parler de lui qu’à partir de l’année 2011.

Pur grimpeur, il faudra le surveiller de près sur les grands tours, lorsque les pourcentages seront à leur maximum. Les arrivées en altitude sont pour lui.

2 – Autre transfert, celui de José Rujano qui quitte l’équipe italienne Androni-Giocattoli pour rejoindre Vacansoleil-DCM. Il faut rappeler que Rujano et son directeur sportif, le coloré Gianni Savio, étaient en froid depuis l’abandon du Vénézuélien lors de la 19e étape du Giro cette année. Rujano avait présenté l’argument d’une mononucléose, argument immédiatement remis en cause par Savio.

Quoi qu’il en soit, je doute que Rujano trouve chez les Hollandais de Vacansoleil un milieu propice à son épanouissement. Le choc des cultures risque d’être très grand pour le petit coureur vénézuélien âgé de 30 ans. Faut-il y voir par ailleurs une volonté chez Vacansoleil de mieux épauler De Gendt en montagne lors des grands tours?

3 – 12 équipes sont assurées d’avoir une licence World Tour en 2013, dont une seule française, soit FDJ. Les licences d’AG2R La Mondiale, de Saxo Bank, de Euskaltel-Euskadi, de Garmin, de Rabobank et de Lotto-Belisol doivent être reconduites et la décision surviendra bientôt. Une 19e équipe tente de se frayer un chemin parmi l’élite mondiale, soit Argos-Shimano. Si elle accède au World Tour, c’est qu’une des équipes de 2012 sera rétrogradée en Continentale Pro. Inquiétant pour AG2R – La Mondiale qui a connu une saison très moyenne et qui a été vue à la chasse de points UCI ces derniers temps.

Il existe donc un risque non-négligeable de ne voir qu’une seule équipe française en World Tour l’an prochain, ce qui ne serait par ailleurs pas un drame, pour preuve Europcar.

4 – Florian Vachon (Bretagne-Schuller) a remporté hier Paris-Bourges, une course qui jouit d’un certain prestige en France de par son histoire (première édition en… 1913). Voilà qui clôt une belle saison de ce coureur peu connu puisqu’il avait remporté, au printemps, la Classique Loire-Atlantique. Il a également terminé 9 fois 2e en 2012!

Sur Paris-Bourges, Vachon s’est imposé en faisant le coup du kilomètre, soufflant la politesse aux sprinters Nacer Bouhanni, champion de France, et John Degenkolb. Attention cependant à ce dernier sur Paris-Tours en fin de semaine!

5 – Mario Cipollini était ces derniers jours de passage à… Niagara-on-the-Lake, au coeur des vignobles de la péninsule ontarienne au Canada, pour faire la promotion de ses vélos. Que voulez-vous, il faut créer l’événement et il y a toujours des « tifosis » pour combler les rangs de la foule curieuse de voir le bellâtre italien. Il y a quelques années c’était les vélos Cervélo qui étaient à la mode, c’est aujourd’hui Cipollini et ca sera encore autre chose dans les prochaines années. Le packaging, le packaging, tout le reste n’est pas important!

Je ne suis pas un fan de Mario Cipollini, notamment parce qu’il n’a jamais daigner terminer le Tour de France sur lequel il a par ailleurs remporté plusieurs étapes. S’il dit le regretter aujourd’hui, cela entache cependant son palmarès de façon très significative puisque le Tour, ca se respecte selon moi. Je respecte toutefois Cipollini pour sa victoire au Championnat du Monde de 2002, acquise alors qu’il avait une pression énorme pour gagner. Cipollini savait aussi être sérieux dans sa préparation (sans jeux de mots!) et on l’a notamment vu gagner de très belle manière Gand-Wevelgem en 2002. Il fallait le boucher, le trou, pour revenir sur l’échappée devant! Les images sont d’ailleurs intéressantes puisque dans les derniers 1500m, on voit en quelques secondes toute la carrière de George Hincapie qui reste là, en 5e position (pourtant la position idéale pour attaquer au kilomètre), sans rien faire jusqu’aux 200m. À quoi pensait-il nom de Dieu? Qu’il allait se taper au sprint un Cipollini en grande condition? Il est évident qu’il fallait partir au kilomètre et miser sur la neutralisation de Cipollini et Rodriguez (le champion des USA) par après… Anyway, passons, car je suis encore moins un fan de George Hincapie!

Pour revenir à Cipollini, mentionnons aussi que ses prises de position récentes à l’égard des coureurs actuels sont franchement discutables car souvent teintées de dénigrement et de nostalgie de « son » époque, la dernière grande du cyclisme selon lui.

Allez, j’arrête ici, c’est déjà suffisamment d’honneur pour Mario!

6 – Très belle photo! Merci à Pat Wells pour m’avoir permis de la découvrir.

Les godasses de 2013

La compétition est très forte dans le domaine des chaussures de cyclisme. L’an prochain, les compagnies Specialized, Sidi, Gaerne, Diadora, Bont, Lake, Vittoria, Mavic et Louis Garneau, qui occupent une très large part du marché, se livreront une chaude lutte pour séduire le consommateur. Beaucoup d’entre elles misent sur le système de laçage Boa. Petit tour d’horizon avec des avis personnels qui n’engagent évidemment que moi.

Specialized

La populaire S-Works a été entièrement revue. Je dois dire que le produit final est impressionnant, réussi tant du côté de l’esthétisme (et c’est important pour les coureurs sur route!) que du côté de la technique. Semelle asymétrique (décidément, c’est une manie en ce moment dans le vélo!) et très travaillée, double laçage Boa, look résolument moderne, très aérien voire minimaliste et les  couleurs sont réussies. Et à ma connaissance, il n’ y a que les chaussures Bont qui sont plus légères que les S-Works. Prix raisonnable: environ 320 euros, ou 400$CAN.

Sidi

Chez Sidi, on a lançé la nouvelle Wire, d’apparence plus fluide, plus légère, pour concurrencer Specialized très certainement. Pas de système Boa, mais son propre système de laçage développé « maison » (Techno 3). On demeure fidèle à la courroie de support sur le haut du pied, ce qui alourdit par ailleurs à la fois l’apparence, mais aussi la chaussure dans son ensemble par rapport aux Specialized. On demeure cependant dans le domaine de la grande classe italienne avec ces Wire au look réussi. Chéro : environ 390 euros, ou 500$CAN.

Gaerne

Je ne suis pas un fan, mais je dois dire qu’on s’est sérieusement renouvelé du côté des Italiens de Gaerne ces derniers temps. Leur chaussure G.Chrono est plutôt réussie et intègre les dernières technologies, dont le laçage Boa. Pas les plus légères cependant, mais le look est efficace, même si ce n’est pas aussi aérien que d’autres modèles. Environ 320 euros, ou 400$CAN.

Diadora

Les chaussures de Cadel Evans. Je ne suis pas un fan non plus de Diadora, qui ont souvent été à la traine en matière de développement technologique depuis 20 ans. Si les Vortex Racer intègrent un laçage Boa, peu d’autres intérêts digne de mention, si ce n’est l’apparence d’aération du soulier, ainsi que le prix: on peut les trouver pour moins de 300$CAN, ou environ 240 euros. Pas spécialement légères non plus.

Bont

Le nouveau venu sur le marché depuis quelques années et qui a su viser le top dès son entrée en sponsorisant Bradley Wiggins, rien de moins! Sa chaussure haut de gamme, appelée « Zero », est résolument différente des autres, mais il faut aimer (ce qui n’est pas mon cas). Le look est particulier, on dirait une pantoufle en plastique! Laçage de style Boa, masqué par une languette qui recouvre le tout, question d’aérodynamisme (vraiment?). Très légère (on annonce à 170 grammes!) et thermoformage. Hors de prix: 600 euros! (environ 750$CAN!). Que voulez-vous, ce sont les chaussures de Wiggins!

Lake

J’ai toujours aimé cette compagnie américaine qui a été, à ma connaissance, parmi les premières à utiliser le système de laçage Boa il y a quelques années. Les CX401, qui étaient technologiquement en avance il y a 4 ans, sont très réussies, même si la concurrence leur fait mal plus récemment. J’aime bien l’idée de placer l’attache velcro plus haut sur le pied, par-dessus le laçage Boa. Thermoformable comme les Bont, la semelle carbone monte également assez haut, une bonne idée. Rapport qualité-prix imbattable selon moi: on trouve des CX401 pour moins de 300$ en ce moment sur le marché.

Vittoria

Une marque italienne mythique, mais dont les produits ont pris un peu de retard depuis une quinzaine d’années selon moi. La Hora EVO veut remettre la marque « dans le coup » et le modèle est assez réussi dans l’ensemble, bien que dégageant cette même impression de lourdeur, comme chez Gaerne ou Diadora. Le laçage Boa a été placé sur le dessus du pied, peut-être un endroit moins facile à atteindre lorsqu’on roule à vélo. Sinon, rien de bien particulier à dire, pas spécialement légères. Prix annoncé, autour de 290 euros (370 $CAN).

Mavic

Vous aimez le jaune? Pour des godasses, pas moi! Mais question d’être remarqué, c’est réussi! Pas de laçage Boa pour ces Zxellium Ultimate, mais plutôt une courroie sur le dessus du pied et deux languettes velcro plus bas. Pas très légères, d’un look moyen et d’une qualité de cuir d’apparence discutable, je n’aime personnellement pas trop. Mais bon, la réputation de Mavic est excellente, ils font habituellement du matos sérieux. Prix 350 euros, ou environ 450$CAN. Attention cependant avant d’investir, cette chaussure pourrait « vieillir » rapidement.

Louis Garneau

Louis Garneau passe à l’attaque en 2013 avec sa nouvelle gamme « Course » qui comporte une chaussure radicalement différente de ce que la compagnie québécoise nous offrait jusqu’ici. Compétition oblige, on intègre un laçage Boa, une semelle carbone travaillée, un choix de semelles intérieures (une bonne idée) et un look plus épuré, plus aérien. De toutes les chaussures présentées ici, c’est probablement la belle surprise du lot. Un court vidéo présente la chaussure ici. Seule critique, le cuir de la chaussure semble avoir peu d’aération par endroit, en particulier sur le côté extérieur du pied. Prix à préciser au cours des prochains mois.

Pédale! un magazine complètement déjanté

Question à Jérome Pineau: « à ton avis, on a trop ou pas assez de dents dans la bouche? »

Question à Geoffroy Lequatre: « donne-moi un argument en faveur du sac-banane« .

Titre de l’entrevue avec Mario Cipollini: « Contador et Schleck, on dirait deux gays« .

Ou du texte, très intéressant par ailleurs, sur l’arrivée des Colombiens en Europe au milieu des années 1980: « Forts de café« . Et celui sur David Moncoutié: « Le mec qui sortait du Lot« …

Toute le magazine est comme ca, à naviguer entre satire et ironie.

J’ai récemment mis la main sur le magazine cycliste Pédale! que je ne connaissais pas.

Intrigué par un texte radicalement différent, j’ai vite réalisé qu’il s’agit en fait d’un magazine hors série publié par So Foot, un magazine de football qui publie, une fois l’an jusqu’ici, un numéro « hors série » sur le cyclisme. Le numéro actuel, avec Mark Cavendish en page couverture, serait leur no2, publié à l’occasion du Tour cette année. Le no1, avec Andy Schleck en couverture, avait été publié durant l’été 2011.

Je dois vous dire que c’est assez bien réalisé: les textes sont à la fois bien documentés, mais aussi versent dans l’humour, parfois assez « raide ». On découvre souvent une autre facette de la personnalité des cyclistes pro qui jouent le jeu. Dans le numéro 2, c’est ainsi que les textes sur Joaquim Agostinho, sur Manolo Saiz, sur David Moncoutié et sur Michael Rasmussen m’ont paru particulièrement intéressants car originaux. Et le gros bonus, c’est que les journalistes du magazine osent poser les questions qui fâchent, mais avec humour, ce qui fait toute la différence!

La présentation du magazine est également soignée, avec des photos originales, souvent différentes de celles qu’on retrouve partout ailleurs.

À l’heure de la convergence, même dans les magazines cyclistes (bien souvent, on retrouve les mêmes reportages d’un magazine à l’autre, mais simplement traduits, une pratique exécrable selon moi), Pédale! a le mérite de faire différent, de faire unique.

Pour 8.50$ (6 euros) une fois l’an, c’est un excellent investissement pour se garantir quelques heures agréables et pour… la diversité de presse!

Ambiance Giro di Lombardia

Les coureurs en ont bavé samedi dernier sur le Tour de Lombardie, couru sous la grande flotte. Plus de 6h30 d’effort pour le vainqueur, Joaquim Rodriguez, qui signe là la plus belle perf de sa carrière sur les courses d’un jour. Il devient le premier Espagnol à s’imposer sur cette course, après 106 éditions! Il décroche également Bradley Wiggins de la tête du classement WorldTour et s’inscrit donc comme le meilleur coureur mondial en 2012.

Ce premier vidéo vous donne une bonne idée du déluge sur la course samedi. Impressionnant!

Ce deuxième vidéo, amateur, vous permet d’apprécier l’effort des coureurs et la passion des tifosis dans le Mur de Sormano, avec ses passages à 25%.

Pareil pour ce vidéo, d’une meilleure qualité.

Enfin, pour découvrir le « Muro di Sormano », à ne pas manquer ce très beau vidéo de la montée, superbement tourné.

Muro di Sormano from Jered Gruber on Vimeo.

Giro di Lombardia: le match Gilbert-Contador

J’aime le Tour de Lombardie.

Et c’est tout un spectacle que nous promet la « Course aux feuilles mortes » samedi! La 106e édition (première édition en 1905!) devrait en effet voir deux grands champions s’affronter dans les bosses du final, soit Philippe Gilbert, nouveau champion du monde, et Alberto Contador, récent vainqueur de la Vuelta et de Milan-Turin. Avec Valverde et Rodriguez comme arbitres!

Bref, à ne pas manquer. Espérons que ces coureurs sauront montrer du panache!

Au menu des coureurs, 251 kms de course entre Bergamo et Lecco. Il y a 5 grosses difficultés sur le parcours, soit le Valico di Valcava (11kms à 8%, sommet au km 90), le Colle Brianza (4kms à 7%, sommet au km 135), le difficile Colma di Sormano (10kms à 7%, mais les deux derniers kms sont à 15%, passages à 25% – le sommet est au km 168), la mythique Madonna Del Ghisallo (10kms à 5%, sommet au km 205) et le Villa Vergano dans le final (3kms à 7%, sommet au km 242).

Difficile de prévoir comment la course se jouera, les échappées au long court ayant souvent connu du succès dans cette épreuve. Il est possible qu’un Contador, par exemple, profite des forts pourcentages du Mur de Sormano pour tenter de partir de loin. Gilbert, de son côté, attendra probablement l’ascension finale pour essayer de faire la différence.

Les outsiders seront évidemment les Italiens, Nibali et Moser en tête. Attention aussi à des coureurs comme Basso, DiLuca ou Pellizotti ! Outre ces coureurs, les hommes en forme des récents Mondiaux pourraient eux-aussi jouer les trouble-fête, par exemple Boasson Hagen, Kolobnev, Van Avermaet, Sanchez (souvent sur le podium en Lombardie ces dernières années), Rui Costa, Gerrans, Nordhaug, Voeckler (attention à lui!), Martin voire – pourquoi pas! – le Canadien Hesjedal.

Pour suivre la course sur internet, cyclingfans.com vous offre des liens vers des live! stream. Pratique au lever samedi matin pour bien commencer la journée en prenant un café!

Le point sur les transferts

En cette fin de saison, il est utile de faire le point sur les transferts qui changeront le visage du peloton pro en 2013.

On peut déjà dire que les équipes les plus actives sur la scène des transferts depuis quelques semaines ont été Saxo Bank, Astana, RadioShack, Rabobank et Sky.

Chez Saxo Bank, Bjarne Riis a été très actif pour mieux entourer Alberto Contador qui a re-signé en début de saison. Voilà qui laisse croire que Contador aurait posé ses conditions! Ainsi, depuis quelques semaines, Riis a déjà sécurisé les transferts de Nicolas Roche (AG2R-La Mondiale), Roman Kreuziger (Astana), Alexandr Kolobnev (Katusha), Matti Breschel (Rabobank), Olivier Zaugg et Daniele Bennati (RadioShack) et il serait en cours de faire venir Ignatiev (Katusha) et Rogers (Sky). Manifestement, on veut donner des lieutenants à Contador en montagne et aussi de bons rouleurs en vue des clm par équipe.

Ca bouge aussi chez Astana qui perd Alexandr Vinokourov, le champion olympique, pour cause de retraite. En remplacement, ils ont mis la main sur Vicenzo Nibali, qui quitte donc Liguigas. Jakob Fuglsang vient aussi renforcer l’effectif. Et des rumeurs persistantes envoyaient les frères Schleck dans cette équipe également, bien qu’on attend toujours une confirmation. La signature de Nibali laisse cependant croire que les Schleck iront ailleurs, possiblement chez… Liquigas! D’autres rumeurs laissent croire que les Schleck pourraient finalement rester chez RadioShack ou carrément être dans une nouvelle équipe en 2013, équipe avec un sponsor de l’Allemagne ou du… Qatar. Ces dernières rumeurs d’une nouvelle équipe me semblent moins fiables, je crois que nous en aurions déjà entendu parler à ce stade-ci de la saison. Enfin peu importe, wait and see…

Chez RadioShack, objectif Classiques avec le retour de Devolder (Vacansoleil) et Kiserlovski (Astana). Il est possible que Jos Posthuma (Rabobank) se joigne aussi à l’équipe. Chez RadioShack, on a cependant beaucoup de départs: les frères Schleck (prochaine équipe à confirmer), Zubeldia (Basque Cycling Team, le nouveau nom d’Euskaltel-Euskadi), Monfort (Omega Pharma-Lotto?) et Fulgsang (Astana). Fabian Cancellara a également cherché à quitter le navire, mais la compensation pour bris prématuré de contrat (il est sous contrat jusque 2014) aurait été trop importante: il restera vraisemblablement un an de plus dans l’équipe.

Chez Rabobank, on a recruté Lars Peter Nordhaug (Sky) et Jack Bodridge (GreenEdge). On travaille surtout à attirer Mark Cavendish, qui arriverait avec Eisel aussi. On perd cependant Posthuma, Matthews et possiblement Barredo.

Enfin, chez Sky, Mark Cavendish et Bernhard Eisel seraient en négociation avec Rabobank, les objectifs de l’équipe sur les grands tours avec Wiggins, Froome et Uran étant incompatibles avec ceux de Cavendish. Sky attirerait aussi Vassili Kyrienka (Movistar) qui viendrait renforcer l’équipe pour les grands tours. Sky verrait aussi partir Nordhaug (Rabobank), Lovkvist (IAM Cycling) et Flecha (Vacansoleil).

Parmi les autres grands transferts, ceux d’Heinrich Haussler (Garmin vers IAM Cycling, la nouvelle équipe continentale suisse), Yaureni Hutarovich (FDJ vers AG2R La Mondiale), Jérome Coppel (Saur vers Cofidis), Christophe Le Mevel (Garmin vers Cofidis), Danilo Hondo (Lampre vers RadioShack), Daniel Oss (Liquigas vers BMC), Johann LeBon (Bretagne-Schuller vers FDJ), Nick Nuyens (Saxo Bank vers Garmin) et Sylvester Szmyd (Liquigas vers Movistar).

Les grands retraités de l’année sont Alexandr Vinokourov, George Hincapie, Oscar Freire, David Moncoutié et Michael Barry.

Enfin, le contrat de Dominique Rollin à la FDJ serait à renouveler en cette fin d’année. Je n’ai cependant aucune information pour le moment sur le statut de Dominique Rollin en 2013. Si la FDJ ne renouvelait pas son contrat, pourrait-il se retrouver chez SpiderTech en 2013?

Affaire Armstrong: vers un séisme « 30 fois plus important » que tous les autres scandales de dopage à ce jour?

Plusieurs événements sont survenus au cours des derniers jours dans le dossier de l’Affaire Armstrong-USADA. Il est utile de faire le point, question d’anticiper la suite des choses.

Dans un premier temps, le contexte des Mondiaux de cyclisme à Valkenburg a conduit l’UCI à donner quelques conférences de presse, la plupart malheureuses. Il y a d’abord eu les déclarations de l’ex-président de l’UCI, Hein Verbruggen, qui se passent de commentaires.

Il y a ensuite eu Pat McQuaid affirmant que « L’UCI n’a rien à se reprocher » dans le contexte des affaires et de la lutte contre le dopage jusqu’à aujourd’hui. Simplement l’affirmer en dit déjà long, selon moi, sur les sentiments que véhicule l’UCI auprès de la plupart des observateurs éclairés du cyclisme, de même que sur les sentiments de culpabilité au sein même de l’UCI. Et la publication, imminente, du dossier Armstrong devrait nous permettre de bien mesurer si l’UCI n’a réellement rien à se reprocher au cours des dernières années… Chose certaine, l’affaire des « dons » monétaires de Lance Armstrong à l’UCI était source d’embarras pour l’UCI! Et le président de la Fédération du sport cycliste luxembourgeois, Jean Regenwetter, n’y va pas, lui, de main morte dans ses critiques de l’UCI sur le sujet, comparant cette dernière à une « république bananière »!

Dans la foulée, Pat McQuaid a aussi affirmé que l’UCI « veut éradiquer le dopage« . J’ai été surtout intéressé par une déclaration de McQuaid: «Il existait une vraie culture du dopage que nous sommes en train d’éradiquer mais il faut du temps». Il s’agit, à ma connaissance, de la première fois que l’UCI admet que le cyclisme était (est) gangréné par une « vraie culture du dopage » (les mots sont forts). Voilà qui est un pas dans la bonne direction, tout en restant réaliste sur les moyens que l’UCI compte employer dans cette lutte, son mandat principal étant le développement du sport cycliste, mandat pour lequel la diffusion d’une image positive du sport est capital…

Plus récemment encore, le directeur de l’USADA Travis Tygart a donné une très intéressante interview dans le journal français L’Équipe (dont le texte intégral est ici, mais cependant traduit librement en anglais), mentionnant notamment qu’il avait été victime de menaces de mort au cours des derniers mois. Enquêter sur le passé de Lance Armstrong et de ses proches collaborateurs n’est donc pas exempt de tout danger. Mais surtout, il est écrit dans l’entrevue que l’impact de la publication auprès du grand public de la preuve à l’endroit de Lance Armstrong, Johan Bruyneel et les trois autres personnes sous enquête pour un dopage « institutionnalisé » pourrait être « 30 fois plus important » que tout ce qui a été vu jusqu’ici dans le cyclisme. Cette preuve devrait être transmise à l’UCI d’ici la fin du mois et pourrait être rendue publique d’ici la fin de l’année dans le cadre de la contestation par Johan Bruyneel des accusations qui pèsent contre lui. Les choses bougeront donc rapidement désormais.

Il faut avouer que ça promet et que c’est un peu inquiétant pour la suite des choses. J’ai toujours dit que l’Affaire Armstrong  dépassait de très loin ce simple individu et qu’elle était en fait l’occasion d’un très grand ménage dans le sport cycliste, ménage qui apparaît évidemment nécessaire à la vue des affaires de dopage qui ont encore affligé le cyclisme en 2012. Si cette preuve pouvait amener nombre de coureurs cyclistes professionnels à la retraite et encore en activité à parler, ce serait un immense gain pour le cyclisme.

Enfin, l’événement le plus récent est cette déclaration de la ministre des sports français, Mme Valérie Fourneyon, qui met la pression sur l’UCI pour déchoir Lance Armstrong de ses titres sur le Tour de France. J’estime, comme beaucoup d’autres dont l’UCI, qu’il s’agit d’une déclaration prématurée puisque l’UCI doit d’abord examiner la preuve de l’USADA. S’il est en effet souhaitable que l’UCI agisse avec transparence et sérieux dans l’affaire, le gouvernement français n’avait pas à intervenir à ce stade-ci dans le dossier, mais plutôt une fois l’avis de l’UCI rendu. Les réactions françaises pourraient également se limiter à celles de la Fédération Française de Cyclisme ainsi que d’Amaury Sport Organisation, propriétaire du Tour de France.

Bref, il est fort possible que nous soyons actuellement à l’aube d’un grand choc dans le cyclisme professionnel. S’il est raisonnable pour tous les passionnés de ce sport de nourrir certaines inquiétudes, ceux qui ont des choses à se reprocher en nourrissent probablement bien davantage. Espérons que le cyclisme et l’UCI ne passeront pas à côté de cette occasion unique de franchir un pas significatif dans la lutte contre le dopage et de repartir sur des bases plus saines. Des positions fermes sur la validité et les sanctions prévues lors de tests rétrospectifs pourraient être un de ces pas significatifs, de même que l’exclusion de tout rôle au sein d’équipes professionnelles d’anciens acteurs déterminants dans le dopage.

Giro d’Italia: Il Grande Ciclismo

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