Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Auteur/autrice : Laurent Page 144 of 352

Le Tour de l’actualité

1 – Mille merci de tous vos commentaires: 27 vendredi dernier, 21 samedi, 39 avant-hier et 35 hier ! Merci surtout pour la qualité de vos commentaires, ils contribuent à la crédibilité et à la vitalité de ce site, tout en m’enrichissant puisque je les lis tous sans exception. Même si je n’ai aucune visée en terme d’audimat ou de rentabilité, faisant ce site seul, de façon totalement indépendante et par pure passion pour le cyclisme, je me réjouis, pour le bien du vélo, de constater la portée grandissante de ce petit site: pour preuve, le commentaire laissé par Damien Ressiot de L’Équipe (commentaire #39 du texte intitulé « Il n’y a plus de Lance Armstrong« ), que je remercie également au passage. Puisse La Flamme Rouge contribuer à son échelle au bien du cyclisme, un sport extraordinaire par ailleurs! Et notre communauté m’est devenue, au fil du temps, très chère.

2 – En complément à nos solutions au dopage, ajoutons une autre mesure au chapitre de la réforme des institutions: il faut harmoniser les lois sur le dopage d’un pays à l’autre. Il est illogique que le trafic de produits dopants soit criminalisé en France sans l’être en Espagne ou en Grande-Bretagne. Merci à certains lecteurs d’avoir porté à mon attention cet important oubli.

3 – Affaire Bassons. Vous êtes nombreux à me demander mon avis sur la récente suspension de Christophe Bassons pour avoir raté un contrôle anti-dopage début septembre dans le cadre des Championnats de France de marathon de VTT.

Mon avis ? C’est une situation délicate, faisant appel au jugement, à la pondération de deux facteurs: d’une part, celui de traiter M. Bassons comme tous les autres coureurs licenciés, et d’autre part de considérer la bonne foi, les explications et le contexte du coureur.

La FFC a justifié sa décision ainsi: « La commission nationale de discipline saisie du dossier n’a fait qu’appliquer le règlement en vigueur en suspendant cet athlète licencié à la FFC pour ce constat de carence. La sanction initiale pour un tel manquement aux règles de l’antidopage est de deux ans de suspension mais la durée, suite aux explications fournies par Monsieur Christophe Bassons, a été réduite à une année de suspension.« 

Je pense sincèrement que même si la sanction a été réduite, elle demeure beaucoup trop importante et lourde de conséquence pour M. Bassons considérant la gravité mineure de l’infraction.

J’aurais souhaité qu’outre les explications de Bassons quant à l’événement ayant amené à cette sanction, explications qui sont d’ailleurs très claires, la FFC aurait dû considérer:

1 – que si M. Bassons ne s’est pas dopé lorsqu’il était coureur pro, qui plus est à une époque particulièrement gangrénée par ce fléau, les chances qu’il le fasse maintenant, comme athlète amateur ne gagnant plus sa vie avec le vélo mais plutôt pour simplement avoir du plaisir, étaient très, très faibles;

2 – que le préjudice porté à la réputation méritée de « coureur propre » de M. Bassons d’une telle sanction dépassait de très loin les bénéfices pour la FFC de remplir à la lettre son mandat et de véhiculer un sentiment de justice auprès du grand public.

Il ne fait aucun doute que M. Bassons, un homme manifestement posé, modéré et réfléchi, a grandement fait avancer la cause de la lutte contre le dopage au cours des dernières années. Je vois mal en quoi les mesures prises à son endroit par la FFC nous apportent quoi que ce soit. Bref, je crois encore une fois à un grave manque de jugement de la part de la FFC qui est d’ailleurs très critiquée pour cette suspension. C’est dommage car la FFC et M. Lappartient font par ailleurs du bon travail de façon générale.

4 – Je n’ai jamais caché le fait de bien aimer les chroniques sociales de Pierre Foglia dans La Presse, mais je n’ai jamais caché non plus mes réserves quant à sa couverture du cyclisme, souvent déficiente selon moi. Comme pour l’Affaire Jeanson, il tombe une fois de plus dans le panneau en écrivant hier « En le (ndlr: Armstrong) dégrossissant, son cancer lui a donné une morphologie de vainqueur de Tour. La chose est documentée.« 

Ce qui est surtout documenté de sources indépendantes et crédibles, c’est que c’est encore une autre légende construite et visant à faire gober au public que les performances extraterrestres de Lance Armstrong à partir de 1999 pouvaient s’expliquer simplement.

J’invite tout le monde à lire la section « La légende des kilos perdus » du livre L.A. Officiel écrit par Ballester et Walsh, ou à consulter le dossier monté à ce sujet et accessible sur l’intéressant et très complet site cyclisme-dopage.com. Déclarations de Lance Armstrong lui-même et diverses mesures à l’appui, dont celles de l’ex-contrôle médical du Tour la veille du départ, on y démontre que Lance Armstrong aura tout au plus amélioré d’environ un petit kilo son poids de forme après son cancer, par rapport à avant.

Pourquoi ces sources sont-elles crédibles? Parce que les récents événements nous prouvent que Walsh et Ballester, notamment, étaient très près de la réalité concernant Lance Armstrong…

5 – Pour les amateurs de calculs de puissance et de statistiques liées aux performances des coureurs pro, voici un article à caractère scientifique comparant les performances de Lance Armstrong à celles d’autres grands champions du Tour de France. Une des conclusions? « The data are consistent with the assertions made by LeMond regarding doping in cycling« .

6 – Les sponsors secondaires Chipotle (Garmin) et Q8 (Omega Pharma-Quick Step) ont annoncé ces dernières 24h leur retrait du cyclisme, s’ajoutant à Rabobank. S’ils assurent que cela n’a rien à voir avec l’Affaire Armstrong, la coïncidence est plus que troublante. On appelle ca des dommages collatéraux…

7 – Le parcours de la 100e édition du Tour de France sera dévoilé aujourd’hui en banlieue parisienne. Pour une avant-première, un seul site, l’excellent Velowire.com de Thomas Vergouwen.

8 – Le papa des frères Schleck, lui même un ex-coureur pro, a recommandé à ses fils de quitter le cyclisme. Voilà ce qu’on appelle un bon conseil d’une personne digne de confiance pour les deux frères. À leur place, je serais perturbé par un tel avis. Et j’avoue bien franchement que je me poserais bien des questions si j’étais le papa d’un coureur pro en ce moment. Pas facile pour personne.

9 – Affligeant. Les réactions d’Alessandro Valverde et Miguel Indurain en réaction à l’Affaire Armstrong. Je n’ai que peu apprécié non plus celle d’Eddy Merckx qui se demande pourquoi les coureurs ne parlent pas lorsqu’ils sont en activité. Pas difficile à comprendre, Eddy, et tu le sais bien: l’omerta… respectée en raison de l’espoir de revenir dans le peloton. Vous voyez Contador passer aux aveux vous? Il vient de gagner la Vuelta sitôt de retour de suspension…

10 – Je m’en voudrais de passer sous silence la remarquable performance de… Giuseppe Marinoni, nouveau recordman de l’heure (approche classique) chez les 75 ans et plus. M. Marinoni a parcouru 35,728 km sur un vélo fabriqué il y a 30 ans sous ses soins pour Jocelyn Lovell, cet excellent cycliste canadien des années 1970 et maintenant handicapé suite à un accident subi à l’entrainement en 1983. Mes respects, M. Marinoni. Et bravo pour une telle jeunesse!

Des solutions au dopage

S’il est utile de faire le ménage du passé, question de mieux comprendre le présent, j’estime que la critique ne suffit pas.

Ils sont nombreux, depuis 24h, à réagir au plus grand scandale de dopage de l’histoire du sport.

Peu proposent concrètement des solutions. Pas même David Millar, Michael Barry ou Jonathan Vaughters.

Je vous propose aujourd’hui des solutions concrètes, réalistes, crédibles voire audacieuses. Je vous invite à ne pas hésiter à réagir à mon texte et à me faire part de vos solutions. Alimentons la réflexion! Le lectorat de La Flamme Rouge est important, qui sait, cela suscitera peut-être la réflexion de quelques responsables du cyclisme…

Mes solutions au problème du dopage dans le cyclisme

Elles s’articulent autour de trois grands axes: 1) réforme des institutions 2)prévention 3) répression. Une approche classique, mais habituellement efficace.

1 – RÉFORME DES INSTITUTIONS

Mesure #1: s’assurer que seule l’Agence Mondiale Anti-dopage – et ses organes nationaux affiliés comme le CCES (Canada), l’USADA (États-Unis) ou l’AFLD (France) – est responsable de la lutte contre le dopage dans le sport, y compris bien sûr le cyclisme. Ceci inclut les tests sur et hors-compétition, de même que l’administration du passeport biologique.  

Pour moi, c’est très clair depuis longtemps: l’UCI est en conflit d’intérêt permanent entre deux responsabilités, celle de développer le cyclisme et celle de lutter contre le dopage. Cela va même parfois plus loin: saviez-vous que le frère de Pat McQuaid, Darach, est l’homme d’affaire derrière les Mondiaux de cyclisme en 2015 à Richmond, aux États-Unis? Saviez-vous que deux de ses fils sont très impliqués dans le cyclisme professionnel, l’un (Andrew) comme agent de coureur (dont Nicolas Roche, Richie Porte, Taylor Phinney et Christophe Le Mevel) et l’autre, David, comme directeur de courses pro?

Selon cette première mesure, l’UCI ne serait donc plus responsable que de la promotion du cyclisme et de la gestion de son fonctionnement: octroi des licences, coordination du calendrier, règlements, etc. La lutte contre le dopage relèverait de l’AMA, et seulement de l’AMA, qui aurait donc toute l’indépendance nécessaire pour remplir son mandat.

Mesure #2: négocier un arrangement entre l’AMA et les principaux organisateurs de courses cyclistes, en premier lieu ASO, pour diriger une partie des revenus des droits télé vers la lutte contre le dopage.

Une « win-win » situation. ASO souffre depuis des années de voir ses épreuves ternies par le dopage, en particulier le Tour de France qui voit son palmarès récent ridiculisé. L’AMA aura besoin de ressources financières pour assurer une lutte crédible contre le dopage dans le sport. Un tel accord serait mutuellement bénéfique: les tests anti-dopage seraient administrés par une entité sérieuse et plus efficace, et les épreuves, le sport n’en seraient que plus crédibles.

2 – PRÉVENTION

Mesure #3: imposer une limite aux jours de courses d’un coureur dans une saison

Le problème n’est pas tant la difficulté des grands tours (après tout, Guillaume Prébois et Christophe Bassons ont déjà prouvé qu’on peut faire le Tour à l’eau claire, seulement pas à la même vitesse…), mais plutôt la longueur de la saison cycliste professionnelle qui s’étale de février à octobre. Pourquoi ne pas imposer un plafond de jours de course à tous les coureurs pro (60 jours par exemple)? Chaque coureur, chaque équipe demeureraient maîtres de choisir quelles courses faire, et chaque coureur disposerait du même nombre de jours de course que les autres pour s’illustrer. Cela humaniserait le sport et limiterait l’attrait du dopage pour « tenir le coup », une situation clairement exprimée par Michael Barry récemment.

Mesure #4: assigner à chaque équipe pro World Tour un médecin d’équipe indépendant accrédité par l’AMA et interdire tous les autres médecins et soigneurs d’équipe.

Les équipes ont actuellement tout le loisir de choisir quel médecin ou gourou oeuvrera auprès de leurs coureurs. C’est une porte ouverte aux mauvaises pratiques. Pourquoi ne pas accréditer une flotte de médecins indépendants relevant de l’AMA et les imposer dans les équipes pro, avec rotation chaque année? Pas de médecins indépendants, pas de licence WorldTour, c’est aussi simple que ca. Ces médecins seraient en charge du suivi médical des coureurs, seraient en charge du passeport biologique et de rapports fréquents à l’AMA. Il va de soi que les médecins d’équipe seraient formellement interdits.

Ces médecins indépendants ne seraient pas bien acceptés dans les équipes? Je n’en suis pas si sûr: les coureurs propres y trouveraient rapidement leur compte…

Mesure #5: officialiser le calcul des puissances comme un outil de la lutte contre le dopage. 

Nous connaissons aujourd’hui les limites des capacités humaines sur un vélo. Ces calculs ont été validés à de très nombreuses reprises. Pourquoi se priver d’un tel outil pour identifier les coureurs suspects et ainsi les surveiller de plus près?

Mesure #6: rendre obligatoire, pour obtenir une licence de coureur cycliste, une formation en ligne sur le dopage. 

Pas de formation faite, pas de licence, aussi simple que cela. Cela vaudrait pour toutes les catégories, du coureur pro au coureur junior. Je me surprend chaque année de constater que peu de coureurs Maîtres connaissent les produits dopants et la frontière à respecter. Il m’apparaît utile de rappeler à tous les règles, les produits autorisés et non autorisés, les sanctions encourues, etc. et ce, une fois l’an. Cela s’applique également au cyclosport dont la formation en ligne serait également obligatoire avec chaque inscription. Je serais personnellement heureux de me souscrire à une telle formation chaque année, actualisant mes connaissances sur le dopage et sur ce qui m’est permis et interdit de faire.

CORRECTION DE L’AUTEUR: un lecteur très proche du milieu cycliste professionnel en Europe (que je remercie au passage) porte à mon attention le fait que ce programme d’éducation existe déjà et est appelé « Vrai champion ou tricheur », disponible sur le site de l’UCI. Pourquoi ne pas rendre cette formation obligatoire à toutes les personnes, niveau junior et plus, désirant obtenir une licence de course cycliste, chaque année?

3 – RÉPRESSION

Mesure #7: bannir à vie les ex-dopés de toute activité dans le cyclisme

Comment assurer la crédibilité du cyclisme en acceptant qu’Alexandre Vinokourov devienne le manager de l’équipe Astana? Comment croire en la probité de Bjarne Riis, Jonathan Vaughters, Didier Rous, Mauro Giannetti ou encore Kim Andersen qui savent très bien « ce qu’il faut faire pour gagner » ? Si une telle mesure sera difficile à mettre en place, je pense qu’à moyen et long terme, les sponsors seraient ravis. Il faut parfois du courage pour aller de l’avant.

CORRECTION DE L’AUTEUR: l’UCI a modifié ses règlements pour y ajouter une disposition interdisant aux personnes reconnues coupables d’avoir violé le code antidopage d’occuper un poste de manager, directeur sportif, entraîneur, médecin ou assistant  paramédical, mécanicien, chauffeur, agent de coureurs ou toute autre fonction à préciser sur la licence. Ce règlement est entré en vigueur le 1er juillet 2011. Dans ce contexte, je comprends mal cependant la nouvelle récente à savoir qu’Alexandre Vinokourov devenait le manager de l’équipe Astana pour 2013.

Mesure #8: autoriser les contrôles rétrospectifs et abolir le « délai de prescription »

Il faut clairement laisser entendre aux coureurs pro que passer les tests antidopage sur le Tour de France de l’année n’est aucunement la garantie qu’ils passeront à travers les mailles du filet. Comme le dopage a souvent une longueur d’avance sur les tests de détection, cette mesure nous permettrait de réduire l’envie de plusieurs d’avoir recours à des produits actuellement indétectables: ils le seront éventuellement dans l’avenir, et nous re-testerons leurs échantillons, une procédure légale pouvant conduire à de lourdes sanctions rétrospectives.

Mesure #9: collaborer davantage avec la police 

Les plus grands scandales de dopage dans le cyclisme sont tous survenus au terme d’enquêtes policières, pas de tests positifs: Affaire Festina (douanes françaises), Affaire Puerto (police espagnole), Affaire Oil for Drugs, Affaire Ferrari, Affaire de Padoue (carabinieri italiens), Affaire Armstrong (FIB puis USADA). etc. De toute évidence, les tests anti-dopage sont un élément nécessaire de la lutte, mais pas forcément l’élément le plus efficace. En cas de doute sur un coureur, par exemple suite à l’examen de ses puissances ascensionnelles ou son passeport biologique, il faudrait rapidement en avertir la police pour éventuellement « surveiller » le dit-coureur de près.

Mesure #10: faire le ménage dans les AUT (Authorisation à Usage Thérapeutiques)

Il y a vraiment trop de grands asthmatiques dans le peloton professionnel aujourd’hui…

4 – AUTRES MESURES

Mesure #11: abolir les oreillettes…

… et retrouver un cyclisme où les petits, les audacieux, pas forcément les plus forts mais peut-être les plus malins, auront une chance de se faire voir et valoir. Si le cyclisme ne peut que se gagner à la pédale, l’attrait du dopage demeurera toujours très fort. Mais le cyclisme, historiquement, c’est aussi la tactique, l’initiative, le flair, le courage d’attaquer de loin, la surprise, etc.

Enfin, je ne crois pas à cette idée d’amnistie générale pour permettre aux coureurs voulant briser l’omerta de le faire sans avoir peur des sanctions. Je vois mal les actuels coureurs en activité commencer à déballer leurs méthodes employées sur le dernier Tour de France, amnistie ou pas.

Pour moi, la balle est clairement du côté de l’AMA et de l’UCI actuellement. Des aveux de Lance Armstrong serait par ailleurs un fort accélérateur des réformes nécessaires. Ces aveux sont à souhaiter dans les prochains jours.

Il n’y a plus de Lance Armstrong

« Lance Armstrong has no place in cycling« .

Ce sont les mots du président de l’UCI aujourd’hui, Pat McQuaid.

L’UCI a déchu Lance Armstrong de tous ses titres acquis depuis le 1er août 1998. L’UCI a donc confirmé les sanctions recommandées par l’USADA. Il est aussi banni à vie de toute compétition sanctionnée.

C’est donc une bonne partie du cyclisme et du Tour de France qu’on vient de ré-écrire aujourd’hui. Les Tours de France 1999, 2000, 2001, 2002, 2003, 2004 et 2005 resteront sans vainqueur.

De quoi également faire très mal paraître de nombreuses personnes de l’entourage d’Armstrong et qui l’ont défendu, en premier lieu Hein Verbruggen bien sûr, mais aussi des gens comme Phil Liggett par exemple, qui perd dans cette situation toute sa crédibilité de journaliste cycliste. Il a récemment déclaré: « I hate the thought that I built these people into superstars in the minds of the public when they cheated » he said. « But if you look deeper down, they all seemed to have been cheating.« 

Ben voyons! Le type vivait dans le peloton 250 jours par année… Liggett est non seulement un très mauvais journaliste, mais il est aussi un menteur.

Il est également peu probable, à la lumière du verdict de l’UCI aujourd’hui, que Johan Bruyneel ait une chance de s’en sortir devant les tribunaux.

Une seule voie de rédemption pour Armstrong

On peut donc dire qu’aujourd’hui, Armstrong a presque tout perdu. Il lui reste bien quelques millions en banque, mais les poursuites qui seront engagées contre lui dans les prochains jours, notamment par SCA et ASO, risquent de le plumer davantage encore. Et un procès aux États-Unis pour parjure risque bien de lui tomber dessus, puisqu’il a déclaré sous serment en 2005 dans le cadre de son litige avec SCA qu’il ne s’était jamais dopé. Il n’est donc pas impossible qu’Armstrong fasse de la prison dans l’avenir.

Armstrong se retrouve donc très isolé, personna non grata non seulement dans le milieu du cyclisme, mais probablement dans beaucoup d’endroits. Qui en effet aux États-Unis voudra se montrer à ses côtés maintenant ?

Il lui reste donc qu’une seule chance pour se réhabiliter aux yeux du public: passer aux aveux.

Pat McQuaid a déclaré aujourd’hui en marge de l’annonce portant sur Armstrong qu’il n’avait aucune intention de démissionner et qu’il estime que l’UCI n’a rien à se reprocher. La vérité est que sans l’USADA, Lance Armstrong, ce dopé, menteur et intimidateur, serait encore la superstar du cyclisme. L’UCI a pourtant la responsabilité de la lutte contre le dopage dans le cyclisme.

Les aveux de Lance Armstrong sont donc d’une importance capitale pour faire le ménage à l’UCI. Je ne vois en effet rien d’autre pour déboulonner les intouchables de l’UCI, en premier lieu Hein Verbruggen qui y occupe encore un poste d’importance.

Lâché par ses amis de l’UCI, pourquoi Armstrong accepterait-il en effet de payer seul le prix fort?

Il pourrait très certainement nous en apprendre beaucoup également sur le travail de Michele Ferrari dans le peloton actuel. Cadel Evans vient par exemple de nous dire qu’il n’avait été testé qu’une fois par Ferrari et qu’il ne l’a plus jamais revu ensuite. Comment le croire, surtout à la lumière de sa progression jusqu’à sa victoire sur le Tour 2011? Lance Armstrong connaît très certainement qui travaille avec Ferrari aujourd’hui, ayant quitté le peloton pro il n’y a pas si longtemps. Des aveux de sa part sont donc d’un très grand intérêt.

L’avenir de l’UCI

On pourra regretter que l’annonce d’aujourd’hui à l’endroit d’Armstrong ne se soit pas accompagnée d’autres annonces visant à faire le ménage dans le cyclisme. Cela témoigne des intérêts premiers de l’UCI qui manifestement gère cette crise comme celle d’un individu seul pris pour dopage. Je l’ai déjà écrit, je le répète encore, Lance Armstrong ne doit pas morflé seul dans tout ce dossier. Ce ne serait pas juste à son égard, et ce serait une grave erreur pour l’avenir du cyclisme.

Une question simple: pourquoi l’UCI n’a-t-elle pas elle-même constitué un dossier comme l’USADA l’a fait à l’endroit de Lance Armstrong? Pourquoi n’a-t-elle jamais pris au sérieux les aveux de Floyd Landis et de Tyler Hamilton, préférant souvent les attaquer en justice plutôt que les écouter? Pourquoi n’a-t-elle pas pris au sérieux les livres de Walsh et Ballester, tout comme le dossier de L’Équipe en 2005?

Pourquoi?

Pat McQuaid a déclaré aujourd’hui « sachez que le cyclisme a un avenir« . Malheureusement Pat, cet avenir nous apparaît à tous bien incertain en ce moment. En fait, nous ne sommes convaincus que d’une chose: si avenir il y a, il est sans toi et ton pote Hein…

Chose certaine, avec la ligne de conduite actuelle de l’UCI, il est fort probable que nous nous retrouverons dans la même situation dans quelques années, soit un enchainement sans fin de gros scandales de dopage dans le cyclisme. On se tire dans le pied, c’est certain. Et on sacrifie des jeunes générations de coureurs qui n’ont aucune chance s’ils ne se dopent pas, ou qui en viendront forcément au dopage pour vivre leur rêve d’être coureur pro.

Je ne vois vraiment que des aveux de Lance Armstrong pour amener l’UCI vers une réforme profonde de son organisation.

Une réflexion pour nous tous

Enfin, cette affaire doit être l’occasion d’une grande réflexion de nous tous, coureurs cyclistes et pratiquants, autour du cyclisme professionnel et de notre admiration à l’endroit des coureurs pro. Pendant des années, dans ma propre équipe cycliste, j’ai eu d’âpres discussions pour simplement faire admettre à plusieurs équipiers et amis que leur regard sur Lance Armstrong était probablement très influencé par une majorité de médias qui le glorifiait, dont évidemment Phil Liggett. La machine Armstrong était d’une efficacité redoutable pour véhiculer de faux messages visant à détourner l’attention du public et à leur faire perdre toute rationalité. Pendant combien d’années a-t-on martelé que si Lance Armstrong gagnait, c’est qu’il était plus sérieux que les autres? On a même fait un film, devenu très populaire, Road to Paris, sur le sujet, le montrant s’entrainant sous la pluie et le froid.

Pure manipulation de l’opinion publique.

La vérité, c’est que Lance Armstrong gagnait parce qu’il avait accès à un dopage extrèmement pointu et cher qu’il avait étendu, chaque année, à certains de ses équipiers clef. Et qu’il s’était aussi organisé en coulisse pour ne pas craindre les contrôles.

Je vous invite à revoir, dans le contexte d’aujourd’hui, la célèbre déclaration de Lance Armstrong à l’arrivée du Tour de France 2005, sur les Champs Élysées et à y réfléchir.

Je crois sincèrement que nous les fans serviront mieux le cyclisme si nous faisons notre propre introspection suite à l’Affaire Armstrong et surtout, si nous manifestons davantage de retenue dans l’avenir devant les coureurs pro et leurs exploits.

Ne jamais être crédule.

Cette recommandation va pour moi aussi bien évidemment.

Et faire des lecteurs de La Flamme Rouge des observateurs éclairés du cyclisme restera toujours la raison d’être de ce site.

Lundi, quelle décision de l’UCI?

L’UCI tiendra une conférence de presse lundi prochain à 13h à Genève à propos du dossier de l’USADA à l’encontre de Lance Armstrong, Johan Bruyneel et plusieurs autres personnes. L’UCI en profitera également pour entériner ou non la suspension de 6 mois prononcée par l’USADA à l’endroit des ex-coureurs US Postal qui sont passés aux aveux, dont George Hincapie et Michael Barry.

Trois situations possibles: coupable, non coupable et… coupable mais.

Tout dépendra comment les avocats de l’UCI interpréteront-ils les règlements anti-dopage.

Car il faut bien distinguer les preuves recevables d’un point de vue juridique du reste. L’UCI pourrait s’en tenir à une décision basée sur ses seules chances de succès devant les tribunaux.

Et deux éléments militent pour que l’UCI déclare lundi Lance Armstrong non coupable: il n’a jamais échoué de tests anti-dopage « officiellement » (ce qui est la ligne de conduite de l’UCI puisqu’admettre le contraire serait admettre qu’elle a couvert les contrôles positifs) et il n’a jamais avoué publiquement avoir fait usage de produits dopants. Les récentes déclarations d’Hein Verbruggen, qui continue de tirer les ficelles en coulisse à l’UCI, laissent croire que l’UCI pourrait très bien lundi prochain invalider tout le dossier USADA.

Évidemment, le tollé créé par un tel verdict serait immense et l’UCI y perdrait le peu de crédibilité qu’il lui reste. Une telle décision remettrait certainement en question l’avenir même du cyclisme puisque d’autres sponsors quitteraient probablement le sport, dégoûté de constater que son organisme directeur ne veut pas nettoyer sa maison et rétablir l’image du cyclisme. Un verdict de non-culpabilité serait en effet un sacré encouragement aux coureurs pour qu’ils la « bouclent », renforçant du même fait l’omerta du peloton! Cette voie est donc très risquée pour l’UCI et il est fort probable que l’USADA saisirait immédiatement le Tribunal d’Arbitrage du Sport (TAS), avec l’appui de l’Agence Mondiale Anti-dopage.

Si l’UCI déclare Lance Armstrong coupable, la fédération rend un verdict attendu par la vaste majorité. Pat McQuaid a une grosse pression pour rendre ce verdict, notamment dans le contexte où de nombreux sponsors de Lance Armstrong et du cyclisme se sont retirés ces derniers jours (Trek, Nike, Sram, Rabobank, etc.). D’autres l’ont pris à partie, exigeant de lui qu’il prenne immédiatement les moyens de rétablir la crédibilité du cyclisme ou, dans le cas contraire, de démissionner. Mais une telle décision n’est pas sans conséquence pour l’UCI elle-même: en légitimant les preuves avancées par l’USADA, l’UCI s’expose elle-même à devoir répondre des éléments troublants à son endroit contenu dans le rapport…

Enfin, l’UCI pourrait adopter une position plus floue, soit « coupable mais ». Elle pourrait par exemple refuser de retirer à Lance Armstrong ses victoires acquises dans le passé (en évoquant notamment les délais de prescription), mais le bannir pour une durée de 2 ans des compétitions, invalidant la recommandation de l’USADA de le bannir à vie. Une telle position provoquerait également un tollé au sein de l’opinion publique et l’USADA ferait très probablement appel devant le TAS d’une telle décision.

Bref, la situation n’est pas si simple pour l’UCI et surtout pour Pat McQuaid qui, à travers cette décision, joue assurément son avenir, la présidence de l’UCI étant soumise à une nouvelle élection l’an prochain.

Je vous avoue franchement que je suis inquiet quant à la décision qui sera rendue lundi. Inquiet pour l’avenir du cyclisme.

Rabobank out!

Premier effet concret de l’Affaire Armstrong dans le peloton: le sponsor Rabobank a décidé de se retirer du cyclisme.

Z’en ont marre des « affaires »: « We were shocked at the many details of the USADA report, which was published last week. For us, this has made the glass more than full. Enough is enough. And we are not confident that cycling will improve in the medium term » a déclaré le directeur financier Bert Bruggink.

Le verdict est sans appel: nous n’avons pas d’espoir de voir le cyclisme s’améliorer à moyen terme.

Rabobank était sponsor d’une équipe pro depuis… 17 ans. Je souhaite presque qu’il y ait d’autres sponsors qui emboitent le pas, mettant la pression sur l’UCI.

Et l’ex-pro australien Stephen Hodge (Once, Festina) est lui aussi passé aux aveux et a démissionné de son poste de vice-président de la Fédé australienne de cyclisme.

Il est pas beau, le cyclisme?

Je rejoins totalement Christophe Bassons: qu’est ce qu’on fait maintenant? Pour moi, c’est clair: on commence d’abord par faire le ménage à l’UCI et dans les équipes pros. Je lancerai d’ailleurs très prochainement sur ce site un débat pour proposer des solutions concrètes et réalistes pour mieux lutter contre le dopage dans le cyclisme en vous invitant à partager vos idées.

Vers une Affaire de Padoue?

Selon la Gazzetta Dello Sport et son journaliste d’expérience Luigi Perna, la justice italienne serait sur le point de rendre public un nouveau scandale de dopage dans le milieu du cyclisme et dont l’acteur central serait le sulfureux Michele Ferrari.

On ne sait pas encore grand chose de cette nouvelle enquête supervisée par le parquet de Padoue, d’où le nom « Affaire de Padoue ».

Des journalistes ayant accès à certaines informations n’ont cependant pas hésité à qualifier ce scandale comme potentiellement plus gros encore (« molto piu grande« ) que celui de l’Affaire Puerto en Espagne en 2006.

En somme, on dévoilerait un vaste réseau de dopage organisé par Ferrari dont les activités principales ne se limiteraient pas qu’au dopage, mais aussi à la contrebande, à l’évasion fiscale et au blanchiment d’argent. Rien que ça! On évoque jusque 30 millions d’euros (!!!) qui auraient circulé sur divers comptes bancaires en Suisse dans le but de se souscrire à l’impôt et de financer des activités illicites.

Les preuves auraient été rassemblées au moyen de saisies de documents, de perquisitions menées en Suisse, dans la principauté de Monaco et en Espagne, ainsi que d’écoutes téléphoniques: « Migliaia di pagine di documenti, verbali, intercettazioni telefoniche e ambientali, perquisizioni e rogatorie internazionali in Svizzera, nel Principato di Monaco e in Spagna. » Le spécialiste italien de la marche olympique Alex Schwazer, piqué positif à l’EPO peu avant les Jeux Olympiques de Londres, aurait également contribué à renseigner l’existence d’un tel réseau.

Michele Ferrari et son fils Stefano auraient ainsi usé de leur société 53×12 comme une parure pour monter un vaste système de dopage « clef en main » incluant de l’évasion fiscale dont ils bénéficiaient directement puisque les cyclistes impliqués pouvaient ainsi plus aisément les payer pour leurs « services ». Le système aurait également garanti aux coureurs l’accès à des avocats en cas de contrôles positifs. On avait tout prévu!

Parmi les noms de coureurs qui circulent jusqu’à maintenant, ceux de Michele Scarponi, Denis Menchov, Alexandr Kolobnev, Vladimir Gusev, Vladimir Karpets, Mikhail Ignatiev et Evgueni Petrov.

Parmi les personnes visées par l’enquête, Michele Ferrari et son fils bien sûr, mais aussi des directeurs de banque en Suisse, ainsi que des avocats.

L’enquête serait bouclée d’ici la fin du mois et plus de détails seront donc connus par la suite. Restons donc prudents pour le moment sur cette nouvelle affaire et son interprétation, car nous n’en savons que très peu. Ce qui me rassure, c’est qu’elle émane de la justice italienne, et non du milieu cycliste: c’est le gage qu’elle ira probablement au fond des choses!

Voilà donc une nouvelle histoire à suivre et qui ne sera pas moins intéressante que l’Affaire Armstrong puisqu’elle concerne des pratiques récentes, voire encore en cours, au sein du peloton professionnel.

Lance Armstrong ne doit pas tomber seul

La descente aux enfers de Lance Armstrong est bien amorcée. Comme prévu, le rapport de l’USADA a précipité les choses et Armstrong avait très certainement raison de vouloir éviter sa publication.

Au cours des 24 dernières heures, de nombreux sponsors importants et de longue date de Lance Armstrong ont annoncé qu’ils mettent fin à leur partenariat: Nike, Trek, Radio Shack, Anheuser-Busch (un brasseur belge, propriétaire de la bière Budweiser), Honey Stinger et FRS (produits énergétiques). La compagnie Oakley, présente aux côtés d’Armstrong depuis le début de sa carrière, attend pour sa part l’avis de l’UCI (attendu d’ici la fin du mois) pour se prononcer.

Lance Armstrong a aussi annoncé qu’il quittait son poste de président de sa fondation LiveStrong. Sa déclaration évoque son souci de ne pas associer sa fondation avec ses déboires reliés à sa carrière cycliste.

Enfin, Lance Armstrong ne « twitte » plus depuis 48h, lui qui, en temps normal, publie de nombreux « twits » chaque jour. La preuve que l’homme vit des moments très difficiles.

Je suis convaincu que plus que jamais, Lance Armstrong évalue les avantages et inconvénients d’un passage aux aveux. Je l’ai écrit, il vient un moment où nier seul, en dépit de la cohérence des autres aveux, tourne au ridicule. La situation de Lance Armstrong tourne actuellement au ridicule et l’homme est de plus en plus isolé, lâché de tous. Très bientôt, il réalisera peut-être qu’il n’a lui-aussi plus rien à perdre, surtout que ses amis du côté de l’UCI le lâcheront très probablement d’ici la fin du mois, confirmant la perte de tous ses titres sportifs.

Et rappelons que de nombreuses sociétés n’attendent que le verdict de l’UCI pour le poursuivre financièrement, notamment la FFC et ASO pour récupérer les primes de victoires du Tour et la compagnie d’assurance SCA qui lui a versé des millions de dollars prévus en cas de victoire à répétition sur le Tour. Lance Armstrong risque donc de perdre de nombreux millions de dollars au cours des prochains mois, ce qui s’ajoutera aux nombreux autres qu’il a probablement déjà perdu en frais d’avocats de toute sorte.

Nous faisons donc bel et bien face au plus important scandale de dopage de l’histoire du sport.

Mais Lance Armstrong ne doit pas tomber seul.

Si je n’ai jamais adhéré à l’argument fallacieux d’une « chasse aux sorcières » évoqué jusqu’ici par les avocats d’Armstrong, il serait scandaleux qu’il soit le seul à tomber au cours des prochains jours. Si tel était le cas, nous serions tous perdants et il serait légitime d’être frustrés qu’une seule personne ait morflé.

Plus encore, ce ne serait pas juste à l’endroit de Lance Armstrong.

J’estime que Johan Bruyneel doit tomber, que Michele Ferrari, dont les propos sont insupportables et méprisants, doit tomber, que des têtes doivent aussi tomber dans le personnel actuel des équipes World Tour et surtout, à l’UCI. Et que la lumière doit être faite sur le rôle de la compagnie Nike dans la couverture de contrôles positifs de Lance Armstrong par l’UCI. Les propos, confiés sous serment, de Kathy LeMond sont troublants à cet égard.

Le plus difficile sera de faire tomber des têtes du côté de l’UCI. À qui cet organisme rend-t-il en effet des comptes? Devant qui, outre son comité directeur et son congrès, Pat McQuaid est-il redevable? Qui peut l’inviter à démissionner, outre les membres du congrès? Rappelons que les membres du congrès de l’UCI sont des personnes, au maximum trois, nommées par les fédérations dont l’affiliation est à jour.

Bref, les prochains jours seront intéressants.

Il est à souhaiter que Lance Armstrong deviendra raisonnable et passera aux aveux rapidement. Il pourra évoquer comme circonstances atténuantes une époque trouble du cyclisme, où une majorité de coureurs se dopaient. Comment lui reprocher alors d’avoir fait comme tous les autres?

Les circonstances seront vraiment atténuantes à son égard s’il fait la lumière sur ses relations avec l’UCI, avec Michele Ferrari et Johan Bruyneel. C’est la dernière pièce manquante du puzzle pour que le vrai grand ménage dans le cyclisme se fasse enfin. Car ca va prendre plus qu’une petite signature au bas d’un papier… Cela passe par une profonde remise en cause des rôles et responsabilités actuels de l’UCI, notamment à l’égard de la lutte contre le dopage. Il m’est insupportable de savoir que M. Ferrari « entraine » encore des coureurs pro en activité, dont certains sont tous jeunes.

Lance Armstrong fait donc face une nouvelle fois à l’histoire: s’il continue de nier, c’est un suicide public. S’il passe aux aveux, il a une chance de réhabiliter sa réputation et surtout, de nous prouver tout son amour pour le sport cycliste qui ne peut manifestement pas continuer sur la voie actuelle. En ce sens, Lance Armstrong a aujourd’hui de nouveau l’opportunité d’être un moteur du changement vers un monde meilleur, au bénéfice des générations futures… et donc de ses propres enfants.

Haute Route 2012: entrevue avec Christian Haettich, athlète handisport

Tous les concurrents de la Haute Route 2012 auront été marqués par un participant: Christian Haettich, qui a eu le mérite de compléter l’épreuve alors qu’il est amputé d’un bras et d’une jambe.

Vous avez bien lu. Le voici en action dans le col des Saisies, lors de la 2e étape, alors que j’allais le doubler. Il m’a donné la chair de poule! Un type incroyable nom de Dieu!

Christian n’a donc laissé personne indifférent sur cette Haute Route: dans les moments plus difficiles, sa seule présence sur l’épreuve nous aura permis de relativiser, de nous dépasser. S’il était capable de le faire, nous étions tous capables nous aussi.

Il y a des hommes au courage immense, des hommes qui, face à l’adversité, nous donnent des leçons. Christian est de ceux là.

Court entretien avec cet homme unique et inspirant. L’entretien a été réalisé par Nicolas Raybaud, lui aussi participant à la Haute Route 2012 et qui a terminé 16e du général, excusez un peu. Nicolas et moi avons sympathisé sur cette Haute Route et je le remercie de partager ainsi cet entretien sur La Flamme Rouge.

Nicolas Raybaud: Quels sont les raisons qui t’ont poussé à participer à la Haute Route ?

Christian Haettich: Le défi, le challenge de cette épreuve : partir à l’assaut de tous ces cols mythiques qui ont marqué le Tour de France, et voir jusqu’où on peut aller.

En tant que coureur handisport, je voulais montrer mon handicap à 33 pays représentés (mieux que les JO!) ainsi que montrer une toute autre image du cyclisme handisport (je crois avoir réussi).

J’ai également voulu montrer que malgré un handicap lourd, tout est possible. C’est juste une question de volonté. J’ai aussi voulu me faire plaisir, j’aime voire j’adore la montagne.

La Haute Route, c’est l’épreuve où j’en ai surpris et impressionné plus d’un je pense! C’est ainsi que je peux montrer une image des plus positives du cyclisme handisport. Tu ne peux pas oublier, l’épreuve dure sept jours, tu me vois chaque jour.

NR: Avais-tu participé à d’autres défis de ce genre ?

CH: Oui. J’ai participé à la Haute Route 2011. J’ai déjà fait une traversée des Alpes en 2003 et les Pyrénées en 2008.

J’ai également fait la traversée des Dolomites ainsi qu’un brevet Catalan.

En fait, je fais pas mal de choses sur le vélo. Comme cette année où je suis allé faire la Nove Colli en Italie ou la Lyon-Mont Blanc-Lyon (500km en 2 jours). J’aime les défis !

NR: Quel est ton meilleur et pire souvenir sur cette Haute Route 2012 ?

CH: La Haute Route est une épreuve spéciale, aucune étape n’est simple. Chacune présente son lot de difficultés.

La pire pour moi fut l’étape N°3. Le col du Glandon fut mon chemin de croix. Mais quelle satisfaction de passer la ligne d’arrivée à l’Alpe d’Huez! Aussi dure que fut cette étape, autant j’ai eu plaisir à la faire et à la finir. Il ne faut pas oublier qu’un certain nombre de participants ont purement et simplement abandonné durant cette étape. Pas moi.

Mon meilleur souvenir… il me faut mettre cela au pluriel! Il y a eu les encouragements de vous les premiers chaque jour, ceux des motards, du service kiné et de toute l’organisation. L’étape N°5 fut grandiose, la haie d’honneur de tous les motards au col de Sarrenne fut un moment vraiment spécial. La petite tape de la main de Rémi Duchemin (CEO OC SPORT), la haie d’honneur dans la montée d’Auron de tous les motards, là encore de très grands moments pour moi.

L’étape N°7 fut une des plus magnifiques, des décors de rêves, le col de la Couillole fut grandiose. J’ai pris beaucoup de plaisir à le grimper. Malheureusement, cette étape nous a tous marqué par la mort tragique de Pontus. Il nous a rappelé que nous ne sommes pas à l’abri d’une faute technique, d’une défaillance non plus. Mais au combien nous aimons ce sport, et les dangers en font partie.

NR: Comment prépares-tu tes Haute Route ?

CH: Je suis venu avec quasiment 17 000km au compteur et 142 800m de dénivelé dans la jambe. Pour certains cela paraitra beaucoup, mais pas pour moi.

La Haute Route doit se préparer sérieusement. Pas le droit à l’erreur sur ce genre d’épreuve. Mes entrainements sont toujours axés sur la qualité. Je roule souvent en Autriche et en Italie, là les pentes sont bien raides.

Je travaille la force et la puissance chez moi dans un de mes cols que j’affectionne tout particulièrement. Il fait 12 km et il est entre 8% et 15%. Et une fois par semaine, je fais ce col avec des séries de fractionnés. En moyenne, je me fais des semaines de 4 jours d’effort, puis un jour de repos, lorsque je travaille en montagne.

Au printemps, je me fais des sorties de 150 à 200 km par jour sur 5 jours et 2 jours de repos. Il va de soi que je me fais suivre par un kiné ainsi que par un ostéopathe.

Cela peut être paraitre beaucoup de km sur les sorties, mais je sais seulement une chose: si on veut progresser dans le vélo et être en forme, il n’y a pas de photo ! Il faut rouler encore et encore.

Quand je suis en Autriche, je me fais souvent une moyenne de 745km sur 4 jours avec 14 000m de dénivelé. Ensuite, c’est 5 jours de repos, puis je repars comme une fusée. Je me sens en pleine forme !

Sans compter que la Haute Route se prépare déjà en hiver. Participer à une telle épreuve est quelque chose d’important et de grandiose pour nous cyclistes. Il faut à tous se donner les moyens de finir. D’être « finisher ». C’est le plus important. Ne jamais abandonner.

NR: Comment parviens-tu à maîtriser le vélo malgré ton handicap, particulièrement sur un parcours montagneux ?

CH: Bonne question! Je n’ai pas de réponse facile.

Je pense que je maitrise bien le vélo. La montagne, c’est mon truc ! J’aime ça ! J’en demande !

Monter un col, c’est quelque chose de grandiose, certes je ne monte pas aussi vite que vous les valides, mais je monte ! La preuve t’a été donnée, j’ai terminé la même Haute Route que toi. J’aime grimper et j’aime descendre.

Dans les deux cas, je ne me pose jamais de questions.

Peu importe si le col est difficile par sa longueur ou par ses pourcentages, je sais que j’arriverai à le monter. Point final. Peu importe si je dois souffrir ! J’aurai toute la satisfaction une fois au sommet.

Et en montagne, je me sens à l’aise, je fais la même chose que vous les valides. Juste du vélo. Certes avec deux bouts en moins, mais ça n’empêche pas. Je fais le même nombre de km et de dénivelé que tous.

NR: Comment gérais-tu la récupération entre les étapes ?

CH: Après avoir franchi la ligne d’arrivée, je prenais le temps d’aller au service kiné. Je reconnais que j’ai eu de la chance, vu que j’avais droit à un massage d’au moins 45 mn chaque soir.

Ensuite, à l’hôtel, je prenais des bains d’eau froide. C’est ainsi que je maximisais ma récupération musculaire. J’essayais d’avoir une bonne nuit de sommeil, et pour les repas, je cherchais toujours de bonnes protéines et des glucides variés ainsi que des légumes.

Le plus important pour bien récupérer, c’est à mon avis de ne pas stresser sur l’épreuve du lendemain.

NR: Quel est ton prochain objectif pour 2013 ?

CH: C’est déjà imprimé dans ma tête!

Cela peut paraitre quelque chose d’irréalisable pour certains. Les difficultés seront plus que présentes. Un challenge hors norme, avec près de 1600 km et au minimum 40 cols, et pas moins de 40 000m d’ascension positive, à la force d’une jambe et d’un bras (rire). Faut plus qu’en vouloir ! Mon objectif principal est d’être « finisher » sur les deux Haute Route Alpes et Pyrénées. Peu m’importe le classement. « Finisher » serait une très grande satisfaction pour moi et mon handicap.

Merci Nicolas pour avoir réalisé cet interview et surtout, félicitations à Christian qui est une inspiration pour nous tous. Et si vous participez à la Haute Route Alpes ou Pyrénées 2013, n’hésitez pas à donner pour moi une petite tape dans le dos de Christian lors de l’ascension d’un col. Il le mérite…

À quoi ressemblera le 100e Tour de France?

Le parcours du prochain Tour de France, dont ce sera la 100e édition, sera dévoilé à Paris le 24 octobre prochain. On sait déjà qu’il s’élancera de Corse le samedi 29 juin avec une étape en ligne de 200 bornes entre Porto-Vecchio et Bastia, soit la première de trois étapes sur l’île de beauté.

Mais après?

Pour déjà découvrir ce que pourrait être le Tour 2013, il faut consulter le travail remarquable de Thomas Vergouwen publié sur son site velowire.com. Chaque année, c’est à un travail de moine que se livre Thomas, épluchant une multitude de journaux locaux afin de mettre la main sur tous les articles pouvant lui donner un indice des villes étapes. Son site est très bien documenté et de loin le plus crédible quant à la précision des prédictions concernant le profil de la course.

En gros, le Tour 2013 comporterait un clm par équipe d’environ 20 bornes lors de la 4e étape autour de Nice. On aurait deux autres clm, individuels ceux-là, le premier autour du Mont Saint-Michel, le second dans les Alpes, près d’Embrun.

Le Tour commencerait par la Provence puis les Pyrénées (arrivées possibles à Ax-3 Domaines et Bagnères de Bigorre), remonterait ensuite via un transfert en avion vers la Loire puis effleurerait la Bretagne pour ensuite piquer vers Tours, le Massif central (mais pas de Puy de Dôme malheureusement…), puis les Alpes où plusieurs étapes seraient proposées. L’une d’elles se terminerait au Mont Ventoux, une autre proposerait une double ascension de l’Alpe d’Huez, avec descente de la première ascension via le col de Sarenne qui a été repavé, cet automne, pour l’occasion. Enfin, une autre se conclurait vers Le Grand Bornand avec peut-être une dernière étape alpestre du côté d’Annecy la veille de l’arrivée.

Enfin, la dernière étape pourrait être nocture et se terminer par un feu d’artifice pour souligner cette 100e édition du Tour. Les coureurs feraient également le tour de la place de l’Étoile, autour de l’Arc de Triomphe, et ne tourneraient donc pas juste devant.

Voici donc la carte provisoire du Tour 2013, telle que fondée sur le travail de Thomas qui m’a gentiment donné l’autorisation de la reproduire sur La Flamme Rouge. Merci de ne pas la copier, étant protégée par un copyright. Pour davantage d’information sur les rumeurs concernant le parcours du Tour 2013, je vous recommande fortement le site de Thomas, velowire.com. Très bien documenté!

N’ajustez pas votre appareil…

On croit rêver: le président de l’UCI, Pat McQuaid, a déclaré samedi dernier que « le cyclisme se porte très bien« .

Une sacré chance! Qu’est ce que ca serait s’il se portait mal?

McQuaid affirme aussi que le peloton « est complètement différent ». Une autre affirmation à mettre dans la même catégorie que celle de Verbruggen à l’égard d’Armstrong il y a peu (« il ne s’est jamais, jamais, jamais dopé »).

La vérité, c’est que nous avons les preuves que Michele Ferrari continue de pratiquer auprès de nombreux coureurs professionnels (affaire Pozzato, aveux récents de Bertagnolli). La vérité, c’est que nous avons encore de nombreux cas de dopage, notamment de Contador et Franck Schleck récemment.

La vérité, c’est que les calculs de puissance nous montrent que ces puissances sont récemment reparties à la hausse, notamment sur le Tour et la Vuelta.

Et il y a Andy Schleck qui nous affirme que le cyclisme « doit se tourner vers l’avenir« . Une façon de botter en touche l’Affaire Armstrong et d’éviter les questions qui fâchent, notamment envers son propre frère.

Tout se passe donc exactement comme d’habitude: dans le milieu, on se dissocie vigoureusement et avec aplomb du passé, des accusés, tout en essayant de laisser entendre qu’aujourd’hui, les choses ont bien changé et que le dopage, c’est désormais l’affaire de quelques cas « problème » seulement.

Je demeure convaincu du contraire. Et je déteste qu’on me prenne pour un imbécile. Je préfère de loin les propos difficiles mais lucides de Dick Pound, l’ex-président de l’AMA, qui ont le mérite d’être probablement beaucoup plus près de la réalité.

Il y a de quoi être très inquiet pour l’avenir du cyclisme: Pat McQuaid sera candidat à sa succession à la présidence de l’UCI en 2013…

SpiderTech, au fond victime de l’UCI?

Des rumeurs circulaient ces derniers jours, la nouvelle est sortie hier: le manager général de l’équipe canadienne continentale pro SpiderTech, Steve Bauer, arrête l’équipe pour 2013. 19 coureurs se retrouvent donc sans employeur l’an prochain.

Raison évoquée par Bauer: il désire prendre un an pour démarcher suffisamment de sponsors pour être capable de passer en World Tour en 2014. Son sponsor principal jusqu’ici, SpiderTech, s’impatienterait de passer au niveau supérieur, tout comme lui. Bauer n’a pas réussi, jusqu’ici, à augmenter significativement son budget pour espérer passer en World Tour.

Deux réactions.

D’une part, il ne sera pas facile pour Steve Bauer de rassembler les sponsors nécessaires au financement d’une équipe World Tour, surtout si l’objectif est que ces sponsors soient entièrement canadiens. Le budget minimum d’une équipe WorldTour est d’environ 7 millions de dollars canadiens, les plus nanties, comme Sky, disposant de plus de 17 millions de dollars annuellement. Une somme.

Ca ne sera pas facile car au delà de convaincre, Bauer évolue dans un contexte difficile car le cyclisme véhicule une image peu positive en ce moment. Pourquoi un sponsor canadien, donc loin du cyclisme européen, prendrait-il le risque d’investir dans le vélo considérant tout ce qui s’y passe côté dopage? Il existe d’autres véhicules de promotion probablement moins risqués.

Chose certaine, Bauer, qui a évolué aux côtés d’Armstrong chez Motorola, n’avait surement pas besoin du rapport de l’USADA et des aveux de Michael Barry.

C’est en ce sens que j’estime que l’UCI nuit davantage au développement du cyclisme qu’il ne l’encourage. Le rapport de l’USADA comporte de nombreux passages accablants pour l’UCI dont l’inaction dans le dossier US Postal est affligeant. Ses refus multiples d’entendre des coureurs voulant parler est particulièrement désespérant. Ils sont nombreux aujourd’hui à appeler à une démission de Pat McQuaid et à une éviction de Hein Verbruggen des fonctions qu’il occupe toujours auprès de l’UCI. Chose certaine, une refonte de l’UCI semble aujourd’hui plus que jamais souhaitable car son approche, au cours des 15 dernières années, a probablement davantage nuit au cyclisme qu’autre chose.

Malheureusement, d’autant que je sache, l’UCI n’a de comptes à rendre à personne…

Si l’UCI ne bouge pas, elle court probablement à sa perte de toute façon. On sait que Jonathan Vaughters, soutenu par d’importants capitaux anglais, travaille actuellement au développement d’une ligue privée de cyclisme au sein de laquelle les revenus des droits télé seraient mieux redistribués entre organisateurs de courses et équipes pro. Cette initiative découle du fait que de nombreux managers d’équipe sont actuellement très frustrés de ne pouvoir mettre la main sur une partie suffisante de ces droits télé, partie qui  leur permettrait de stabiliser le financement de leur équipe et de les rendre moins vulnérables aux aléas du renouvellement des sponsors. Dans un tel environnement, Bauer aurait la vie plus facile.

Quoi qu’il en soit, je tiens à dire que j’espère de tout coeur que Steve Bauer réussira dans son entreprise et qu’il saura monter un projet crédible car cela contribuerait très significativement au développement du cyclisme au Canada. Pourquoi ne pas proposer une équipe radicalement différente sur la scène de la lutte contre le dopage, en proposant par exemple des rapports médicaux publics des coureurs et ce, à intervalles réguliers, ainsi qu’un suivi médical totalement indépendant de l’équipe?

D’autre part, on ne peut s’empêcher de penser que l’arrêt de SpiderTech est un sacré coup dur pour de nombreux coureurs de l’équipe qui avaient probablement trouvé là leur seule chance de courir à ce niveau en Europe. Si Bauer s’emploie à relocaliser du mieux possible ses coureurs, et c’est tout à son honneur, on peut penser que ce sera difficile pour certains, surtout à cette époque de la saison. Je ne me fais pas trop de soucis pour les Boivin, Boily et Houle, mais les autres?

Chose certaine, l’équipe Garneau se renforcera probablement en vue de la saison prochaine et ca va faire mal sur la scène des courses au Québec!

Affaire Armstrong: beaucoup de réactions affligeantes

Il faut se délecter, ces jours-ci, des diverses réactions d’acteurs importants du cyclisme tant ces réactions sont soit loufoques, soit ridicules, soit nous prennent vraiment pour des imbéciles.

Il y a eu celle de Lance Armstrong via ses avocats, pathétique.

J’ai bien aimé également celle de Fabian Cancellara: « une vieille histoire » a-t-il déclaré. Comique pour quelqu’un qui est encore aujourd’hui préparé par le sulfureux médecin italien Luigi Cecchini… Il déclare aussi « Now I understand how US Postal was able to put eight or nine riders in the front on a mountain stage and drop all the others. » Hey! Fabian! l’équipe Sky a fait exactement la même chose sur les routes du Tour en juillet dernier… Enfin, il conclut: « Nowadays, we work differently, more professionally, with more attention to detail. That’s the cycling I believe in, not ‘training and loading’. It’s changed. » Je n’en crois pas un mot, ou plutôt si, ironiquement: les coureurs pros travaillent en effet « différemment » (comprendre avec d’autres produits et d’autres réseaux) et de façon plus « professionnelle » (comprendre dans leurs relations avec les médecins-dopeurs, puisque la prudence est de mise depuis que l’on sait que les policiers utilisent les écoutes téléphoniques, débusquent les courriels, etc.).

L’ex-directeur sportif de Telekom, Rudy Pavenage, se déclare quant à lui « choqué ». Ben voyons!

Il y a surtout eu celle de l’ex-président de l’UCI, Hein Verbruggen, qui se contredit publiquement lui-même. Affligeant. Un homme aux abois qui se couvre de ridicule à chaque entrevue.

Je n’aime pas du tout non plus le communiqué de presse émis par Canada Cyclisme (l’ex-ACC), qui ne ressemble qu’à un mauvais exercice de relation publique et de « damage control ». Son président, John Tolkamp, y affirme que  «Le cyclisme sur route a beaucoup progressé ces cinq à sept dernières années dans le but de se débarrasser de la drogue. Le lancement du programme de Passeport biologique a eu des effets rapides, contribuant à façonner un cyclisme beaucoup plus sain, tel que nous le connaissons aujourd’hui.  Nous pouvons en effet constater aujourd’hui que la culture du cyclisme sur route s’oriente rapidement vers celle d’un sport sans drogue.»

La vérité, c’est qu’en sait-il vraiment? Que sait-il vraiment de ce qui se passe dans les équipes professionnelles, le soir une fois que les portes des chambres des hôtels sont fermées? Où sont les arguments lui permettant de soutenir une telle position? Le cyclisme canadien a lui-même été secoué par des affaires de dopage récemment, notamment celles de Benjamin Martel et Arnaud Papillon l’an dernier, sans parler des récents aveux de Michael Barry. D’autres scandales de dopage dans le cyclisme canadien pourraient survenir… Et en matière de passeport biologique, on a trop souvent l’impression que la montagne a accouché d’une souris tant son usage, pour confondre les tricheurs, semble compliqué voire limité.

Ce genre de déclaration me paraît donc irresponsable car elle est une insulte à l’intelligence du public qui continue de constater, année après année, que le cyclisme reste profondément gangrené par le dopage. Comment pourrait-il en être autrement tant que les ex-dopés continuent d’occuper des postes importants dans le cyclisme, comme directeurs sportifs?

Mon opinion est qu’il y a actuellement très peu d’éléments concrets nous permettant de croire que le cyclisme de 2012 est très différent à l’égard du dopage de celui du début des années 2000. Les calculs de puissance nous le démontrent, comme les scandales de dopage qui continuent de se multiplier. Sans oublier que c’est à travers des enquêtes policières ou de certains organismes comme l’USADA que les chances d’attraper les tricheurs sont les meilleures, pas à travers les contrôles antidopage.

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