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Haute Route 2012: entrevue avec Christian Haettich, athlète handisport

Tous les concurrents de la Haute Route 2012 auront été marqués par un participant: Christian Haettich, qui a eu le mérite de compléter l’épreuve alors qu’il est amputé d’un bras et d’une jambe.

Vous avez bien lu. Le voici en action dans le col des Saisies, lors de la 2e étape, alors que j’allais le doubler. Il m’a donné la chair de poule! Un type incroyable nom de Dieu!

Christian n’a donc laissé personne indifférent sur cette Haute Route: dans les moments plus difficiles, sa seule présence sur l’épreuve nous aura permis de relativiser, de nous dépasser. S’il était capable de le faire, nous étions tous capables nous aussi.

Il y a des hommes au courage immense, des hommes qui, face à l’adversité, nous donnent des leçons. Christian est de ceux là.

Court entretien avec cet homme unique et inspirant. L’entretien a été réalisé par Nicolas Raybaud, lui aussi participant à la Haute Route 2012 et qui a terminé 16e du général, excusez un peu. Nicolas et moi avons sympathisé sur cette Haute Route et je le remercie de partager ainsi cet entretien sur La Flamme Rouge.

Nicolas Raybaud: Quels sont les raisons qui t’ont poussé à participer à la Haute Route ?

Christian Haettich: Le défi, le challenge de cette épreuve : partir à l’assaut de tous ces cols mythiques qui ont marqué le Tour de France, et voir jusqu’où on peut aller.

En tant que coureur handisport, je voulais montrer mon handicap à 33 pays représentés (mieux que les JO!) ainsi que montrer une toute autre image du cyclisme handisport (je crois avoir réussi).

J’ai également voulu montrer que malgré un handicap lourd, tout est possible. C’est juste une question de volonté. J’ai aussi voulu me faire plaisir, j’aime voire j’adore la montagne.

La Haute Route, c’est l’épreuve où j’en ai surpris et impressionné plus d’un je pense! C’est ainsi que je peux montrer une image des plus positives du cyclisme handisport. Tu ne peux pas oublier, l’épreuve dure sept jours, tu me vois chaque jour.

NR: Avais-tu participé à d’autres défis de ce genre ?

CH: Oui. J’ai participé à la Haute Route 2011. J’ai déjà fait une traversée des Alpes en 2003 et les Pyrénées en 2008.

J’ai également fait la traversée des Dolomites ainsi qu’un brevet Catalan.

En fait, je fais pas mal de choses sur le vélo. Comme cette année où je suis allé faire la Nove Colli en Italie ou la Lyon-Mont Blanc-Lyon (500km en 2 jours). J’aime les défis !

NR: Quel est ton meilleur et pire souvenir sur cette Haute Route 2012 ?

CH: La Haute Route est une épreuve spéciale, aucune étape n’est simple. Chacune présente son lot de difficultés.

La pire pour moi fut l’étape N°3. Le col du Glandon fut mon chemin de croix. Mais quelle satisfaction de passer la ligne d’arrivée à l’Alpe d’Huez! Aussi dure que fut cette étape, autant j’ai eu plaisir à la faire et à la finir. Il ne faut pas oublier qu’un certain nombre de participants ont purement et simplement abandonné durant cette étape. Pas moi.

Mon meilleur souvenir… il me faut mettre cela au pluriel! Il y a eu les encouragements de vous les premiers chaque jour, ceux des motards, du service kiné et de toute l’organisation. L’étape N°5 fut grandiose, la haie d’honneur de tous les motards au col de Sarrenne fut un moment vraiment spécial. La petite tape de la main de Rémi Duchemin (CEO OC SPORT), la haie d’honneur dans la montée d’Auron de tous les motards, là encore de très grands moments pour moi.

L’étape N°7 fut une des plus magnifiques, des décors de rêves, le col de la Couillole fut grandiose. J’ai pris beaucoup de plaisir à le grimper. Malheureusement, cette étape nous a tous marqué par la mort tragique de Pontus. Il nous a rappelé que nous ne sommes pas à l’abri d’une faute technique, d’une défaillance non plus. Mais au combien nous aimons ce sport, et les dangers en font partie.

NR: Comment prépares-tu tes Haute Route ?

CH: Je suis venu avec quasiment 17 000km au compteur et 142 800m de dénivelé dans la jambe. Pour certains cela paraitra beaucoup, mais pas pour moi.

La Haute Route doit se préparer sérieusement. Pas le droit à l’erreur sur ce genre d’épreuve. Mes entrainements sont toujours axés sur la qualité. Je roule souvent en Autriche et en Italie, là les pentes sont bien raides.

Je travaille la force et la puissance chez moi dans un de mes cols que j’affectionne tout particulièrement. Il fait 12 km et il est entre 8% et 15%. Et une fois par semaine, je fais ce col avec des séries de fractionnés. En moyenne, je me fais des semaines de 4 jours d’effort, puis un jour de repos, lorsque je travaille en montagne.

Au printemps, je me fais des sorties de 150 à 200 km par jour sur 5 jours et 2 jours de repos. Il va de soi que je me fais suivre par un kiné ainsi que par un ostéopathe.

Cela peut être paraitre beaucoup de km sur les sorties, mais je sais seulement une chose: si on veut progresser dans le vélo et être en forme, il n’y a pas de photo ! Il faut rouler encore et encore.

Quand je suis en Autriche, je me fais souvent une moyenne de 745km sur 4 jours avec 14 000m de dénivelé. Ensuite, c’est 5 jours de repos, puis je repars comme une fusée. Je me sens en pleine forme !

Sans compter que la Haute Route se prépare déjà en hiver. Participer à une telle épreuve est quelque chose d’important et de grandiose pour nous cyclistes. Il faut à tous se donner les moyens de finir. D’être « finisher ». C’est le plus important. Ne jamais abandonner.

NR: Comment parviens-tu à maîtriser le vélo malgré ton handicap, particulièrement sur un parcours montagneux ?

CH: Bonne question! Je n’ai pas de réponse facile.

Je pense que je maitrise bien le vélo. La montagne, c’est mon truc ! J’aime ça ! J’en demande !

Monter un col, c’est quelque chose de grandiose, certes je ne monte pas aussi vite que vous les valides, mais je monte ! La preuve t’a été donnée, j’ai terminé la même Haute Route que toi. J’aime grimper et j’aime descendre.

Dans les deux cas, je ne me pose jamais de questions.

Peu importe si le col est difficile par sa longueur ou par ses pourcentages, je sais que j’arriverai à le monter. Point final. Peu importe si je dois souffrir ! J’aurai toute la satisfaction une fois au sommet.

Et en montagne, je me sens à l’aise, je fais la même chose que vous les valides. Juste du vélo. Certes avec deux bouts en moins, mais ça n’empêche pas. Je fais le même nombre de km et de dénivelé que tous.

NR: Comment gérais-tu la récupération entre les étapes ?

CH: Après avoir franchi la ligne d’arrivée, je prenais le temps d’aller au service kiné. Je reconnais que j’ai eu de la chance, vu que j’avais droit à un massage d’au moins 45 mn chaque soir.

Ensuite, à l’hôtel, je prenais des bains d’eau froide. C’est ainsi que je maximisais ma récupération musculaire. J’essayais d’avoir une bonne nuit de sommeil, et pour les repas, je cherchais toujours de bonnes protéines et des glucides variés ainsi que des légumes.

Le plus important pour bien récupérer, c’est à mon avis de ne pas stresser sur l’épreuve du lendemain.

NR: Quel est ton prochain objectif pour 2013 ?

CH: C’est déjà imprimé dans ma tête!

Cela peut paraitre quelque chose d’irréalisable pour certains. Les difficultés seront plus que présentes. Un challenge hors norme, avec près de 1600 km et au minimum 40 cols, et pas moins de 40 000m d’ascension positive, à la force d’une jambe et d’un bras (rire). Faut plus qu’en vouloir ! Mon objectif principal est d’être « finisher » sur les deux Haute Route Alpes et Pyrénées. Peu m’importe le classement. « Finisher » serait une très grande satisfaction pour moi et mon handicap.

Merci Nicolas pour avoir réalisé cet interview et surtout, félicitations à Christian qui est une inspiration pour nous tous. Et si vous participez à la Haute Route Alpes ou Pyrénées 2013, n’hésitez pas à donner pour moi une petite tape dans le dos de Christian lors de l’ascension d’un col. Il le mérite…

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11 Commentaires

  1. sylvain

    Que dire et penser aprés un truc pareil.
    j’aurais aimer avoir son avis sur les descentes de cols, ça doit être incroyables.Grand respect.

  2. MartinWB

    Chapeau! Mais vraiment, Wow!

  3. schwartz patrick

    çà doit tous nous remettre en place un type pareil,oui
    respect .

  4. cantley

    Oui effectivement, tous mes respects pour cet homme exemplaire.

  5. psabelle

    Je ne lis pas spécialement l’équipe car je ne m’intéresse pas au foot, très peu au rugby… et j’ai la chance de trouver dans ton blog une multitude de sujets passionnants concernant le cyclisme.

  6. Batrickp

    Physiquement, évidemment, c’est plus dur. Il faut le faire!

  7. FloDew

    C’est génial !! Je suis fier c’est mon parrain!

  8. jean luc

    christian
    content de t’avoir connu et accompagné tout au long de cette course en temps que motards de l’encadrement et
    j’espère te retrouver sur l’edition 2013

  9. lacrampe

    J ‘ai eu l ‘occasion de le voir tous les jours sur la haute route 2013 , c ‘est la grande classe !!!!
    Gilles

  10. bracelli

    une grande réussite que beaucoup d’entre nous ne feraient .

  11. robocopfp

    se que Christian ne dis pas ,c est que quand il rentre chez lui après un bon entrainement,
    son chemin n est pas en descente ni du plat ,il faut encore qu il grimpe une partie de son col préféré en Alsace ,
    j ai vu des coureurs du tour d Alsace abandonner bien avant son domicile.
    salut Christian ,
    j espère que ses messages et ton courage seront récompensé par les sponsorts
    Francis

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