Je me passionne pour le ski de fond depuis quelques années déjà et je continue d’avoir bien du mal à saisir ce sport au plus haut niveau.

Les enjeux semblent en effet s’accumuler depuis des mois voire des années, plombant cette discipline merveilleuse.

Audience en chute libre

D’après ce que je peux lire, les audiences télé du ski de fond sont en chute libre, même en Norvège. Selon une récente étude de la télé norvégienne NRK, raportée par l’excellent site engagé ski-nordique.net, c’est -41% (presque la moitié!) du public télé du ski de fond qui a été perdu depuis six ans.

Ouch!

Évidemment, l’exclusion des fondeurs russes, et donc de l’intérêt du public de ce pays, explique en partie la dégringolade, mais pas que. Ca dérape de partout, et le public ne s’y retrouve plus, même dans les pays scandinaves, ou les sponsors lâchent l’équipe nationale et force à des choix difficiles. Klaebo lui-même s’entraine désormais hors équipe nationale, faute d’un budget conséquent pour accueillir tout le monde comme l’an dernier.

Distances harmonisées

La FIS a harmonisé les distances hommes-femmes en Coupe du Monde cette année, mais en s’alignant sur le standard… féminin. Ainsi, le mythique skiathlon masculin, traditionnellement de 30 km, n’en comporte désormais plus que 20. Idem pour les épreuves de relais, ou encore les 15km hommes, désormais des 10kms. Chez les hommes, 10km c’est à peine plus de 25min d’effort… un peu léger je trouve.

Il fallait selon moi faire l’inverse: aligner les femmes sur les distances des hommes. Elles en sont largement capables, et cela aurait eu le mérite de préserver une certaine tradition en ski de fond, c’est à dire les références au passé glorieux de la discipline. En WorldLoppet, les femmes font bien les 50km comme les hommes…

Sur ce coup-là, je n’ai pas compris la FIS.

Absence des fondeurs russes

Tout le monde est contre la guerre en Ukraine, il ne va sans dire.

Ceci étant, que les sportifs russes soient admis dans un vaste spectre de disciplines sportives mais pas en ski de fond nuit considérablement au sport lui-même depuis deux ans.

Seuls les fondeurs russes, Bolshunov en tête, ont actuellement la puissance pour rivaliser avec les Norvégiens, de loin supérieurs au reste du peloton. Sans Russes au départ, quel intérêt pour le sport? Les 12 premières places de chaque épreuve sont dominées par les fondeurs norvégiens, à quelques exceptions près… qui cette année s’appelle surtout Andrew Musgrave.

Chez les femmes, on se prive également d’un beau spectacle avec les Nepryaeva, Stepanova et la jeune prodige Faleeva.

On pourrait admettre les fondeurs russes à mon sens, en les obligeant par exemple à courir avec des vêtements d’une équipe neutre, en blanc par exemple, symbole de paix.

Compliqué de suivre les Coupes du monde sur Internet

Lueur d’espoir au Canada fin novembre dernier, avec la retransmission de la 1ere et de la 2e épreuve de Coupe du Monde en direct sur YouTube (Ruka et Gallivare). Les deux suivantes, rien, à la surprise de tout le monde (Trondheim par exemple, qu’on trouve depuis sur YouTube).

Par chance, c’est de retour pour le Tour de Ski, et je ne rate aucune épreuve, me permettant notamment de suivre les progrès de notre skieur local, Antoine Cyr.

Il serait vraiment génial que les amateurs canadiens de ski de fond puissent suivre plus régulièrement les Coupes du Monde voire les autres événements majeurs de la saison en direct, et pouvoir ainsi soutenir nos athlètes présents, les Antoine Cyr, Olivier Léveillé et Katherine Steward-Jones en premier lieu.

Le bordel du fluor

Pour ajouter de la complexité, première année sans fluor en ski de fond: un joyeux bordel selon moi, et pas nécessaire du tout!

Il faut désormais tester les skis pour le plus haut niveau, et mettre en place des protocoles de fartage contrôlés pour les épreuves nationales au niveau inférieur, compléxifiant le sport à outrance. Ceux qui ont préparé cette transition ont un avantage, et les différences de glisse sont parfois frappantes. Dommage, car cela nuit encore à l’attractivité du ski de fond pour le public qui ne s’y retrouve plus.

Des athlètes capricieux

Venant du monde du cyclisme, habitué de voir des coureurs pros repartir ensanglantés après les pires chutes car en vélo, on n’abandonne tout simplement jamais, je trouve les fondeurs de la Coupe du Monde un peu capricieux voire irrespectueux envers leur sport, en particulier les Norvégiens.

Fait un peu trop froid, comme à Ruka en 2022? Les Norvégiens déclarent forfaits pour « préserver leur santé ». Bon, d’accord. Séance de manucure pour tous alors?

On a un petit rhume? Forfait. 10 des 15 fondeurs mondiaux sont absents du Tour de Ski cette année, Klaebo, Krueger, Nyskanen et Jouve en tête. On abandonne à gogo, la dernière en date Ebba Andersson après les trois premières étapes du Tour de ski. Vraiment dommage. Pourtant, z’ont pas 6h à passer sur un vélo pendant trois semaines, les épreuves sont habituellement moins d’une heure tous les deux jours à tout casser…

Je trouve ca un peu léger, pour tout vous dire.

Les traditions non respectées

On apprend hier que le mythique Holmenkollen 50km serait retiré du calendrier FIS en 2025. Impensable!

Imaginez une saison cycliste sans un Tour des Flandres… n’importe quoi!

Ben en ski de fond depuis quelques années, c’est un peu n’importe quoi. On fait fi des traditions, on bafoue le calendrier et la compétitivité du sport, et tout dégringole, les sponsors et les audiences en point d’orgue. Désolant de voir ce si beau sport péricliter.

Les stars du peloton sont elles-mêmes outrées. Andrew Musgrave a déclaré « Ne pas faire le 50km d’Oslo est la chose la plus idiote qui soit jamais arrivée dans l’histoire du ski de fond. » (rapporté par ski-nordique.net). Frida Karlson ainsi que son petit copain, chanceux celui-là, ont également exprimé leur frustration en public face à la décision concernant l’Holmenkollen, grande fête populaire du ski de fond norvégien.

Une situation déplorable.

Compliqué le ski de fond, même au Québec!

Le ski de fond, je trouve ca compliqué même au Québec. Quel défi que les inscriptions aux courses!

En cyclisme, très simple: tu achètes en début d’année une licence FQSC, option UCI, et basta. Les inscriptions aux courses se terminent habituellement 48h avant l’épreuve, tu peux souvent t’inscrire sur place, tu présentes la-dite licence FQSC, on te remet ton dossard et tu prends le départ. Simple.

En ski de fond, c’est le merdier.

Tu as besoin d’une licence Nordiq Canada, pour laquelle tu dois obligatoirement donner le nom d’un entraineur affilé, ainsi que d’un club/équipe affilié(e). Recommandé, une licence FIS. Tu peux alors courir? Non! Au Québec, tu as aussi besoin d’une licence Ski de Fond Québec… flute.

Et les inscriptions se terminent souvent des plombes avant l’épreuve, faut quasiment prendre un(e) adjoint(e) administratif pour gérer ce bordel si tu cours souvent… pas l’fun.

Je ne vous parle même pas du protocole de fartage sans fluor cette année. Juste pour comprendre ce que tu dois faire, ca prend trois doctorats d’État.

Me semble qu’on pourrait simplifier, rendre ce merveilleux sport plus accessible.

Une seule licence, tu présentes le truc le matin, on te remet un dossard et basta. Pas plus compliqué que ca. Surtout pour les mass start. Mais même pour les poursuites.

Le fluor ? Pour 98% du peloton amateur, ca ne changera strictement rien d’être ou non sur du fluor. En Coupe du Monde je comprends, mais pour le reste… L’environnement? Oui, très toxique le fluor. Je comprends. Mais j’ai cherché, je n’ai trouvé aucune étude crédible pour le moment sur les effets des fondeurs sur les pistes de ski, à cause des skis fartés au fluor.

Bref, c’est parfois compliqué le ski de fond je trouve. Mais je persiste et signe, un très beau sport que j’adore pratiquer… de plus en plus vite.

J’oubliais: inscrivez-vous à la Gatineau Loppet! Ca sera génial cette année encore.