1 – Tour du Pays Basque. C’est le coureur américain de 23 ans Brandon McNulty qui a pris la tête du général hier, 23 secondes devant Primoz Roglic.
C’est une surprise, bien que sa 2e place dans le chrono du premier jour nous permettait de croire qu’il est en grande condition.
Ce fut surtout une 4e étape où les erreurs tactiques ont été monstrueuses, à peine croyable pour des pros.
L’accélération de McNulty pour rejoindre Landa et Chaves au sommet de la dernière bosse était certainement bien joué par UAE Team Emirates qui plaçait ainsi Tadej Pogacar en position de force dans le final. McNulty est allé au bout avec l’échappée, a pris plus de temps que prévu, du coup UAE se retrouve avec de belles options pour les deux prochaines étapes.
Chez Jumbo-Visma, ça ne s’améliore pas. Après avoir bien contrôlé les attaques de Landa et Chaves dans la dernière ascension, Jonas Vingegaard a laissé son leader qui défendait le maillot jaune rappelons-le pour se glisser dans l’échappée devant, avec une vingtaine de kilomètres de descente et de plat à faire.
Faut qu’on m’explique là! Qu’espérait-il au juste?
Vingegaard aurait bien sûr dû rester avec Roglic pour continuer à assurer la chasse derrière l’échappée. Il y avait un maillot à défendre!
Pire, deux équipiers de Roglic, soit Antwan Tolhoek et Sam Oomen, étaient encore avec lui dans le final; on ne les a pas vu assurer la chasse pour défendre le maillot! L’un d’eux a commencé à travailler à 5km de la ligne environ, pour ensuite porter des accélérations inutiles qui foutaient le bordel dans le groupe de chasse.
Faudra aussi qu’on m’explique celle-là.
Je pense que Roglic aurait pu facilement garder le maillot, si Vingegaard, Tolhoek et Oomen s’étaient coordonnés et mis au service de la chasse derrière l’échappée sur ces 20 derniers kms.
Est-ce un calcul des Jumbo-Visma à l’approche des deux prochaines étapes? Faut voir, mais ca ne sera pas simple pour Roglic de se débarrasser de Pogacar qui a désormais bien des atouts dans son jeu. Pogacar voudra certainement aider McNulty à remporter la course, mais si ce dernier flanche sur une accélération de Roglic, Pogacar pourra en profiter et le contrer à la fin.
Bref, le Tour du Pays Basque est loin d’être fini, avec deux étapes compliquées aujourd’hui et surtout demain. Ca monte, ca descend, il faut être vigilant tout le temps, et la dernière ascension samedi sera l’occasion pour plusieurs de jouer leur va-tout. Ils sont encore cinq à moins d’une minute du maillot jaune!
Rappelons également que McNulty, sans grand résultat chez les pros jusqu’ici, a remporté le… Tour de l’Abitibi chez nous au Québec en 2016, soit il n’y a pas si longtemps que ca.
Mike Woods a dû abandonner la course espagnole, étant victime d’une chute avant-hier durant la 3e étape et au pied d’une montée spectaculaire que je ne connaissais pas, Ermualde et ses rampes à 22%. Payez-vous les images, très intéressant.
Pour Mike, c’est un nouveau coup dur après une bronchite plus tôt cette saison. Mais il nous assure qu’il sera de retour à temps pour la campagne des Ardennaises, ouf.
2 – Bidons. L’interdiction nouvelle de l’UCI de jeter les bidons à d’autres endroits que des endroits désignés fait couler beaucoup d’encre, et avec raison selon moi.
À quelque part, cette mesure va à l’encontre de l’histoire populaire du cyclisme: qui n’a jamais rêvé d’obtenir un bidon d’un coureur, alors que nous sommes sur le bord de la route à les encourager? Les yeux des enfants brillent à cette simple perspective. Ca fait également un souvenir de qualité pour les adultes, et un objet de culte pour les passionnés!
Il y a des mesures plus importantes à prendre selon moi pour la sécurité des coureurs et le respect de l’environnement, et espérons que l’UCI pourra ajuster un peu les nouveaux règlements.
3 – Cofidis. La société de crédit française, présente dans le cyclisme professionnel depuis… 1996 (rappelez-vous la victoire de Frank Vandenbroucke sur Liège-Bastogne-Liège en 1999 sous les couleurs Cofidis de l’époque!), annonce qu’elle poursuit son engagement jusqu’en 2025, avec une révision à la hausse du budget, question de se donner des moyens de plus.
La dernière victoire d’étape sur le Tour de France de l’équipe Cofidis remonte à… 2008. Présente de nouveau au sein du World Tour depuis deux ans, elle a obtenu de bonnes places ces 24 derniers mois, mais pas de grandes victoires. Elle compte notamment en ses rangs Guillaume Martin, Nicolas Edet, Christophe Laporte et Elia Viviani pour monter sur les podiums.
L’excellente nouvelle, c’est la création d’une équipe féminine de DN2 dans un premier temps, avec un bon budget de départ (on parle d’un million d’euros). C’est très, très bien et Cofidis rejoint ainsi certaines autres équipes qui ont une présence à la fois dans le cyclisme masculin et féminin. Je pense à Movistar, à Jumbo-Visma, à DSM, à Trek-Segafredo, à la FDJ, ainsi qu’à BikeExchange.
4 – Le retour du pneu? Intéressant, les coureurs de Elegant-Quick Step ont fait le récent Tour des Flandres sur des roues montées de pneus, avec chambres à air à l’intérieur.
Les pneus étaient évidemment de marque Specialized, et en cotton. On avait monté à l’intérieur des chambres à air en latex, plus souples et plus légères. Ca fait effectivement une différence, mais mon expérience avec les chambres latex est qu’elles percent beaucoup plus facilement. Le pneu doit donc d’être irréprochable à ce niveau.
Le boyau, si populaire chez les pros en course, serait-il en perte de vitesse? À voir! Mais le tubuless gruge un peu, malgré des expériences moins positives sur la scène des Classiques ces 24 derniers mois.
Dans l’histoire, les avancées majeures des dernières années, ce sont surtout sur les sections, étant passé d’un standard 23mm à du 25 voire du 28mm en courses professionnelles. Le monde du boyau s’est-il ajusté rapidement? Pas sûr.
Côté aérodynamique, les études récentes tentent à montrer qu’il ne faut surtout pas négliger l’interface jante-pneu. On a aussi beaucoup gagné à ce niveau au sein des nouvelles générations de roues.
5 – Peter Sagan. Les dirigeants de son équipe Bora-Hansgrohe semblent perdre patience devant les insuccès de la star au cours des deux dernières années. On a même vu un Sagan quelque peu nonchalant sur les routes du Tour en septembre dernier face au défi du maillot vert.
Du coup, y’a du sable dans l’engrenage, Sagan n’ayant pas apprécié les derniers propos de ses managers, rendus publics.
On lie actuellement Sagan à la Deceuninck-Quick Step pour 2022.
Une bonne nouvelle? Pour Sagan, peut-être!
Mais pas pour le vélo selon moi.
La Deceuninck présente déjà dans ses rangs Alaphilippe, Evenepoel (qui vient de re-signer chez eux jusqu’en 2026), Bennett, Almeida, Asgreen, Ballerini, Cavagna, Lampaerts, Sénéchal, Stybar… ouf! Peter Sagan en plus? D’une part, on comprend mieux les ambitions budgétaires de Patrick Lefevere qui est actuellement à la recherche de nouveaux partenaires pour rallonger son budget, et on s’inquiète de voir cette « super-puissance » du cyclisme émerger.
À un moment donné, si Deceuninck gagne 60% des courses d’un jour, et on en est pas si loin, ca sera forcément moins intéressant.
Jusqu’ici le cyclisme était quelque peu protégé de ces super-équipes, par la nature même du travail d’équipe nécessaire à la victoire au niveau professionnel. Tu ne peux pas avoir 8 leaders différents au sein de la même équipe, sous peine de conflits internes.
Cette dimension a changé avec le cyclisme d’aujourd’hui, les enjeux sont tels que les managers ne veulent plus miser sur un seul leader pour gagner des courses. On a bien sûr des exceptions (Fenix-Alpecin de Mathieu Van Der Poel par exemple, quoique d’autres peuvent gagner de temps en temps aussi, comme Merlier, Philipsen, Dillier ou encore Vakoc), mais la majorité des équipes présentent aujourd’hui deux ou trois coureurs de premier plan oeuvrant sur la même scène.
Mais y’a une limite à se packter une équipe selon moi!!!
6 – Mathieu Van Der Poel. C’est le running gag en ce moment: apparemment, lorsqu’il roule avec son cuissard blanc, il gagne. Avec le cuissard noir, il perd… La Strade Bianche étant bien évidemment l’exception qui confirme la règle!