Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : septembre 2020

Une étape bidon (titre inspiré de « noirvélo »)

Les membres du jury du GP de la combativité a dû se creuser la tête hier pour trouver un coureur pour le dossard rouge, c’est dire l’ennui de cette 5e étape vers Privas.

En fait, comme l’a souligné Steph, la combativité aurait dû être décernée hier au téléspectateur qui a eu le courage de regarder l’intégralité de l’étape!!

12 ans. Douze ans que ce n’était pas arrivé sur le Tour: une étape sans échappée. Rien. Gruppo compacto, le peloton a musardé toute la journée, c’était à crever d’ennui. Yohann Offredo en studio a risqué la crise cardiaque, et pas sur son vélo… Y’a juste les Ineos qui l’ont réanimé en tentant une bordure à 9km de l’arrivée, mais le vent n’était pas assez violent pour que ça casse.

On a cependant eu droit à un beau sprint classique, avec un train SunWeb bien organisé dans le dernier kilomètre pour lancer Cees Bol. Van Aert était surpuissant derrière, tout seul sans équipier, ça se sentait déjà aux 500m qu’il avait de la réserve. Ça a tout de même été serré sur la ligne, preuve que ce Cees Bol, 25 ans, est tout un sprinter aussi.

Bref, une étape pour rien.

Et pourtant… jamais une étape aussi nulle n’aura fait couler autant d’encre.

Pour un bidon…

Le maillot vert a changé d’épaule: exit Sagan, bienvenue Sam Bennett. La Deceuninck n’a pas tout perdu…

Évidemment, la surprise du jour est venue après l’arrivée: Julian Alaphilippe dépossédé du jaune pour ravito illégal, soit à l’intérieur des 20 derniers kms de l’étape, ce que le règlement interdit. 20 secondes de pénalité.

Aie. C’est le soigneur chez Deceuninck qui a dû mal dormir la nuit dernière… une grosse erreur qui fait très amateur pour une équipe qui se dit et qui se vend comme très professionnelle (The Wolfpack).

Du coup, voici Yates en jaune. Comme l’a écrit Mica, quelqu’un a-t-il pensé à vérifier la hauteur de ses chaussettes hier à l’arrivée de l’étape?!

Les règlements sont là, les commissaires les appliquent, point barre.

Sauf que.

Sauf que je juge la pénalité pour ravito illégal trop sévère. 20 secondes c’est énorme!

Pourquoi?

Parce que pour moi, la seule matrice de comparaison, c’est les bonifs. Aujourd’hui en haut de la Lusette, ce sera 8 secondes pour le premier. Sur la ligne, le premier empoche 10 sec de bonification. Dix secondes pour un tel effort.

Les 20 secondes pour ravito illégal apparaissent dans ce contexte excessives. 5 ou 8 secondes maximum apparaitrait plus raisonnable, moins apte à fausser la course. Surtout que de prendre un bidon à 17km de l’arrivée n’est susceptible en rien de fausser la course; au pire, c’est le coureur lui-même qui se nuit, prenant un bidon plein, donc ajoutant du poids en vue de l’arrivée.

Alaphilippe, avec cette pénalité, se retrouve d’un coup rétrogradé à la… 16e place du général. Une sacré valise. Il a certainement pris un coup au moral, il faudra voir s’il aura une réaction d’orgueil aujourd’hui.

Le Mont Aigoual

191 kms aujourd’hui, rien à signaler sur les 155 premiers kms, mais installez-vous confortablement pour la dernière heure de course, ca devrait être intéressant.

Je pense que des costauds partis tôt dans l’étape et qui sont loin au général pourraient résister au retour du paquet dans le final, s’ils ont suffisamment d’avance au pied de la Lusette. Ça, c’est pour la victoire d’étape.

Pour les favoris du Tour, ça se jouera probablement dans la Lusette, il y a deux kilomètres à plus de 10% sur le haut du col. Les Jumbo et/ou les Ineos imprimeront probablement un gros tempo dès le pied, pour préparer les attaques qui surviendront sur les pentes les plus abruptes.

Après, il faudra tenir sur les 8 derniers kms, assez roulants. Les écarts créés en haut de la Lusette pourraient bien se figer jusqu’à la ligne d’arrivée. Yates, Roglic, Alaphilippe, Dumoulin sont d’excellents candidats pour prendre du temps sur les autres.

Autour du Tour

L’état des troupes du côté de la FDJ:

Humour. Dans le registre, on fait difficilement mieux que Dans la musette. Excellent!

La caravane publicitaire du Tour 2020. Mon Dieu! que de souvenirs d’enfance… et les meilleurs, c’est Cochonou!

Mécano sur le Tour, c’est du boulot aussi:

Tour: on sait qui sera dans le coup!

L’étape vers Orcières-Merlette s’est résumée à une course de côte, c’était sans surprise. Les « guêpes jaunes » (l’équipe Jumbo-Visma) a mené un train d’enfer sur le gros de la montée finale, les autres ne pouvaient pas faire grand chose à ce rythme infernal.

Ça a le mérite de nous renseigner sur qui peut viser un podium à Paris!

Roglic et Dumoulin d’abord et avant tout. Jumbo-Visma avait manifestement coché cette étape, avec un excellent Van Aert qui a durci le rythme sur la première moitié de la montée. Impressionnant! Relayé par Sepp Kuss plus haut, ça a fait d’énormes dégâts derrière. Roglic a fini le travail. Propre.

Je pense que Roglic voulait se rassurer, nous rassurer, impressionner ses adversaires et surtout, surtout, montrer à sa propre équipe qui était le plus fort entre Dumoulin et lui. Dumoulin n’a pas démérité, mais il était un peu juste de son propre aveux et Roglic avait plus de puissance sur les derniers mètres de l’étape. 50 km/h sur la ligne selon le radar pour Roglic, après un sprint à Orcières-Merlette! Je suppose que c’est ça, le cyclisme moderne…

Sinon, pour moi la révélation du jour c’est Tadej Pogacar, car un slovène peut en cacher un autre! 21 ans, il termine 2e de l’étape (doublé slovène sur le Tour, une première) en battant en puissance tous les autres, puncheurs comme Alaphilippe compris, excusez un peu.

Plus tôt dans l’ascension, il avait fait rouler Davide Formolo, preuve qu’il avait donné des indications claires qu’il jouait la victoire hier.

Trop jeune pour tenir la distance? Rappelons que Pogacar a terminé 3e l’an dernier de la Vuelta, 3 victoires d’étape en chemin et le maillot de meilleur jeune. Ça donne des garanties sur sa caisse, malgré son jeune âge.

Pour le podium à Paris, on connait désormais la « short list » (dans le désordre): Roglic bien sûr, Dumoulin, Pogacar, Alaphilippe, Pinot, Bardet, Bernal, Quintana, Lopez, Landa, Uran.

Malgré qu’ils n’ont rien perdu encore, je vois mal les Guillaume Martin, Adam Yates, Esteban Chaves, Bauke Mollema ou Richie Porte sur le podium à Paris. Je peux évidemment me tromper! Mais tous ces coureurs ont plutôt coché des étapes.

Du lot pour le podium, Egan Bernal ne me semble pas au mieux. Sur l’accélération finale hier, il a semblé être au taquet. Je suis sûr à 100% qu’il s’est beaucoup ennuyé de Pavel Sivakov dans la dernière ascension…

Thibault Pinot a de bien meilleures sensations, ultra-positif pour la suite. Il demeure très isolé quand ca grimpe fort.

Romain Bardet semble se redécouvrir.

Et c’est encore le mystère sur la réelle condition des Quintana, Uran, Lopez et Landa. Mais on saura vite maintenant!

Perso, je mise Roglic, Pinot et Pogacar, dans cet ordre sur le podium à Paris. Mais la course est encore jeune!

Le prochain rendez-vous

5e étape aujourd’hui vers Privas, une étape de transition pour les grands leaders qui feront une récupération active en vue du lendemain. Pour les autres, l’étape semble promise aux sprinters. La dernière ligne droite est en faux-plat ascendant, une belle occasion pour Peter Sagan. Les SunWeb (Bol), les Deceuninck (Bennett), les CCC (Trentin) et les Cofidis (Viviani) voudront aussi aller chercher leur première victoire d’étape.

La 6e étape et l’arrivée au Mont Aigoual nous apportera de nouvelles informations, et je suis sûr qu’elle fera quelques dégâts pour le général. Il faudra faire la différence sur le haut du col de la Lusette, sur les deux kilomètres à plus de 10%. Le reste est roulant, les 6 derniers kms pour le sommet du Mont Aigoual ne dépassant pas 5%. Ca ne sera pas facile de revenir pour les lâchés au sommet de la Lusette!

Et l’équation demeure la même pour le maillot jaune Alaphilippe: où diable grapiller du temps? Il a loupé les bonifs hier, les prochaines sont au sommet de la Lusette, compliqué ça. Et les Jumbo-Visma voudront probablement récupérer le maillot parce que tant qu’à rouler devant dans les cols, autant avoir une motivation supplémentaire dans l’équipe…

Autour du Tour

Tous les jours, vivre la course de l’intérieur avec le Team Total Direct Énergie:

Pour ceux qui ne connaissent pas, les bus des équipes du Tour; ça fait partie du gigantisme:

Peut-être plus intéressant, les vélos du Tour:

Sans oublier Marion, avec Claire Bricogne (L’Equipe TV) les rares femmes à commenter les épreuves masculines:

Diffusion du Tour au Québec

Vous êtes plusieurs à me contacter en privé sur ce sujet. À mon avis, les solutions sont:

Tiz-Cycling: gratuit, un stream qui fonctionne souvent bien, parfois mal, la pub en plus mais ca se contrôle.

FloBikes: payant, pas toujours clair sur le paiement (soyez attentif si vous ne voulez pas payer un abonnement annuel!), avec Randy Furgusson et Audrey Lemieux. C’est à vous de voir.

FilmOn et France Télévision: abonnement pour un mois, et vous avez France2 et France3 pour suivre le Tour en direct, en intégrale, avec toute l’équipe qui inclut Laurent Jalabert et Thomas Voeckler (ce dernier sur la moto). Vous avez aussi tout le reste, Vélo Club, etc. Perso, c’est ce que je préfère, et vous avez accès à de l’exclusif. Oui vous pouvez utiliser FilmOn en rediffusion, moyennant un petit supplément d’une dizaine de $ pour acheter de l’espace Cloud et en enregistrant l’étape. Utile (je m’en sers) et pratique car vous pouvez regarder l’étape n’importe où, n’importe quand sur un portable, y compris depuis votre plage préférée…

Bien sûr, vous pouvez aussi utiliser un VPN et d’autres télés. Le plus souvent, ces VPN sont payants aussi.

Les couilles de Caleb

Il en fallait, des couilles, dans le sprint final hier, un sprint décousu qu’aucune équipe n’a vraiment réussi à bien contrôler, sauf peut-être les SunWeb qui étaient bien partis après la flamme rouge.

Payez-vous les images aériennes du sprint, Caleb Ewan, le vainqueur, est impressionnant: 6e aux 150m, alors que Sagan est parti bien trop tôt dans ce vent de face, il double ce dernier sur le bord des balustrades avec nettement plus de vitesse, et met tout le monde – sauf Bennett – à trois longueurs de vélo sur la ligne.

Rien à ajouter: Ewan était de loin le plus fort hier dans le sprint final, et celui qui a pris le plus de risque aussi.

Impressionnant! Mais ça aurait aussi pu mal tourner…

Clair que d’autres ont loupé leur sprint: hormis Sagan, je pense à Coquard, « seulement » 9e. Ou Kristoff, qui ne portera plus le maillot vert, retourné sur les épaules familières de Sagan.

Pour le reste, une étape de transition sans histoire ou presque, avec les leaders qui ont fait une séance de récupération active bien au chaud dans le peloton.

Quatrième étape

Première arrivée en altitude: Orcières-Merlette, ville d’arrivée d’un chrono désormais célèbre sur le Tour 1989 – une édition mythique! – gagné par Steven Rooks mais où un certain Greg LeMond était allé reconquérir le maillot jaune sur les épaules de Laurent Fignon. Pour les nostalgiques de la Grande Époque selon moi, c’est ici et ça fait du bien: partie1 , partie2partie3 et partie4. Ca, c’était du commentaire télé!!!

Petite pensée au passage pour Laurent Fignon justement, qui nous quittait hier (31 août) il y a 10 ans. Quoi de mieux pour se souvenir de lui que de revoir ce moment d’anthologie partagé entre lui et Greg LeMond en 2007 au micro du Vélo Club, un moment où tu réalises que ces deux hommes étaient(sont) décidément bien plus que des champions cyclistes…

Et bien sûr, le Tour 1971 et Luis Ocana qui a infligé à Orcières-Merlette la première défaite d’un certain Eddy Merckx.

L’étape aujourd’hui est assez courte, 160km. Pour les protagonistes du général, ça se résumera probablement à une course de côte dans la dernière ascension, avec des équipes comme Jumbo-Visma ou Ineos qui rouleront sur le pied pour lancer leur leader dans les deux derniers kilomètres. Si les écarts ne devraient pas être énormes, l’étape sera révélatrice des forces en présence pour le général sur ce Tour. Une première indication!

Et Alaphilippe ne devrait pas être facile à décrocher sur une telle ascension assez roulante. Les écarts étant très faibles cependant, pas impossible que le maillot change d’épaules, ne serait-ce qu’au jeu des bonifs.

Page 3 of 3