À la surprise générale, l’Équatorien Richard Carapaz, 26 ans, a remporté hier le Tour d’Italie.

Pour moi, c’est avant tout la victoire d’un collectif, celui de la Movistar qui a complètement contrôlé la course dans les étapes clé en haute montagne, notamment sur le Mortirolo, le Menghen ou encore le Croce d’Aune dans la dernière semaine.

J’ai regardé toutes ces étapes attentivement, ils étaient parfois cinq Movistar aux avant-postes, imprimant le tempo ou allant chercher au train tous ceux qui tentaient de s’échapper, Nibali compris. Les Landa, Amador, Pedrero et Rojas, en particulier, ont su abattre un travail colossal pour Carapaz, et je dois avouer que j’ai pris du plaisir à voir l’équipe espagnole aussi cohérente.

À côté de ca, vous avez l’antithèse: Primoz Roglic complètement seul dans les phases cruciales de course, sans aucun équipier pour l’aider en montagne. Il a souvent eu à réagir en solitaire, et au niveau professionnel, ca ne pardonne pas. S’il a assurément baissé de régime en dernière semaine, je pense que la défaillance de son équipe lui a coûté très cher sur ce Giro.

Nibali s’est bien battu en dernière semaine, souvent flanqué de Caruso. Mais devant l’armada Movistar, c’était trop peu. Nibali a également usé de tactique, préférant parfois rouler avec les Movistar pour éloigner d’autres rivaux comme Roglic ou Angel Lopez. Il faut parfois choisir ses batailles… mais Nibali a assurément roulé pour préserver sa 2e place plutôt que pour gagner ce Giro…

Mine de rien tout de même, Nibali est un sacré coureur: sa 2e place sur ce Giro est son… 11e podium sur un grand tour, soit l’égal de Chris Froome, seul autre coureur en activité avec un tel palmarès. Le recordman de podiums sur un grand tour est Jacques Anquetil, avec 13, suivi de Gimondi et Hinault (12) puis Merckx (11). Le Requin de Messine se tourne maintenant sur le Tour de France, son prochain grand objectif… et je suis prêt à parier qu’il pourrait y briller.

Pour le reste, Richard Carapaz devient le 3e vainqueur sud-américain d’un grand tour cycliste, après Luis Herrera dans les années 1980 ainsi que Nairo Quintana plus récemment. Voilà qui confirme que ce cyclisme sud-américain présente actuellement une génération exceptionnelle de coureurs, mais parfois entachée de scandales de dopage. Wait and see.

Valentin Madouas, la révélation

Je me suis par ailleurs passionné pour le jeune coureur français Valentin Madouas, 22 ans, qui termine 13e de son premier grand tour, excusez-un-peu. Fils de Laurent Madouas, coureur pro dans les années 1990, et passé pro en 2018, 8e de l’Amstel plus tôt cette saison, j’ai été très impressionné de le voir échappé dans le final samedi de la dernière grosse étape de montagne. Il ose, il a un sacré moteur, Marc Madiot et Groupama tiennent là un coureur d’avenir, cela me parait évident. De quoi épauler efficacement Thibault Pinot en montagne. Mine de rien, le collectif de Groupama-FDJ tient de plus en plus la route, et ca devient une bien belle équipe, capable de briller sur plusieurs fronts durant la saison.

La même chose pourrait être dit du coureur italien Giulio Ciccone qui ramène le maillot de meilleur grimpeur à l’arrivée de ce Giro, avec une belle victoire d’étape en prime du côté de Ponte di Legno, après avoir passé le Mortirolo en tête. Il sera intéressant de suivre la progression de ce jeune coureur dans les prochaines années.

Les déceptions

Outre Primoz Roglic, abandonné de ses forces et par son équipe en dernière semaine, l’anglais Simon Yates a également déçu selon moi, ne terminant « que » 8e de ce Giro, en nette baisse dans les dernières étapes.

Dans une moindre mesure, Rafal Majka a également déçu, ne parvenant pas à décrocher une victoire d’étape en montagne, ce qui aurait sauvé son Giro. Il termine 6e, certes une place respectable, mais que tout le monde aura très vite oublié.

Les autres sont à leur place selon moi.

La suite

On entre dans la préparation finale en vue du Tour de France. Pour plusieurs, ce sera bientôt le Dauphiné-Libéré à partir de dimanche prochain. Pour d’autres, ce sera le Tour de Suisse, quelques jours plus tard. Enfin, quelques uns peaufineront leur préparation sur la Route du Sud, aujourd’hui appelée la Route d’Occitanie, entre les 20 et 23 juin prochain. Avant bien sûr les Championnats nationaux, le 30 juin prochain.