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Mois : juin 2016

Dauphiné: pendant ce temps, Quintana…

68e édition d’une très belle course, le Critérium du Dauphiné Libéré qui s’élance dimanche.

Au menu de Messieurs les coureurs, sept étapes et un prologue, pour un total de 1147 kilomètres à parcourir entre Les Gets (prologue) et Superdévoluy (arrivée dimanche prochain).

On entrera dès mardi dans le vif du sujet avec une arrivée au sommet sur Chalmazel.

Les trois grosses étapes d’intérêt sont toutefois les trois dernières. Vendredi prochain, les coureurs termineront à Vaujany, au terme de cette montée difficile.

Le lendemain sur la route de Méribel, le col de la Madeleine est au programme avant l’ascension finale.

Et dimanche, l’arrivée se juge au terme de la montée vers Superdévoluy, de quoi décanter la course.

Du beau monde

De nombreux protagonistes pour une victoire sur le Tour de France seront présents cette semaine en Rhône-Alpes.

Alberto Contador et Chris Froome d’abord, ce dernier descendant donc de son volcan à Ténérife. Son équipier Mikel Landa est également de la partie après son échec du Giro, ainsi que Wouter Poels. La Sky sera donc très puissante sur l’épreuve.

Richie Porte, discret depuis un moment, est également présent pour BMC. Ca sera intéressant de faire le point sur sa condition.

Etixx débarque avec Daniel Martin et surtout le remuant Julian Alaphilippe, récent vainqueur du Tour de Californie.

Gros intérêt également pour Fabio Aru qui a fait du Tour de France son principal objectif de la saison: il faudra voir s’il peut faire jeu égal avec Contador et Froome.

Joaquim Rodriguez, Tony Gallopin, Bauke Mollema sont d’autres coureurs qui seront intéressants à suivre.

Chez les coureurs français, l’intérêt se porte bien sûr vers Thibault Pinot, Romain Bardet et Pierre Roland qui ont tous une certaine pression de bien faire, car ils sont attendus.

Trois Canadiens sont au départ, soit Ryder Hesjedal, Christian Meier et surtout, Antoine Duchesne pour Direct Énergie. Ca sent bon le Tour pour ce dernier!

Le grand absent

Nairo Quintana, qui a préféré rester en Colombie pour préparer le Tour en altitude. Sa rentrée est plutôt prévue sur la Route du Sud, une épreuve pourtant moins relevée que le Critérium du Dauphiné. Comme quoi aujourd’hui les coureurs n’ont plus peur de se présenter au départ du Tour avec très peu de jours de course dans les jambes. Mieux vaut un sang bien oxygéné que des jambes récemment rodées à la compétition! Si je me rappelle bien, Quintana avait aussi opté pour cette stratégie l’an dernier, avec le succès qu’on sait.

Soirée gâchée au GP de Gatineau

« Lucas, j’avais presque oublié, c’est la course sur route du Grand Prix Cycliste de Gatineau ce soir, tu veux venir avec moi regarder les coureuses faire la course? »

15 minutes plus tard, nous voilà partis à vélo, père et fils, pour voir la course. Le circuit du Boulevard des Allumettières est à moins de deux kilomètres de la maison, et je me fais un devoir d’encourager les événements cyclistes de ma région, ça me paraît normal, solidarité cycliste après tout et respect aux organisateurs qui investissent des efforts importants pour mettre sur pied de tels événements. Et puis, qui sait, c’est parfois ainsi qu’on transmet à la jeune génération le goût d’un sport…

Bretelle du Boul. des Allumettières, je m’engage toujours à vélo.

Sirène de police, la voiture étant garée tout près.

« Oui M. l’agent? ».

« Y’a une course cycliste, vous ne pouvez pas passer. »

« Merci M. l’agent, je sais en effet qu’il y a une course cycliste, c’est justement pour cela que je suis ici  avec mon fils. Nous sommes en route pour aller encourager les coureuses dans leur épreuve, dont certaines que je connais. »

« Vous ne pouvez pas passer. »

« Vous savez M. l’agent, j’ai l’habitude des courses cyclistes, je suis moi-même coureur (à ce stade-ci, je présume que M. l’agent avait remarqué que j’étais habillé en cycliste avec mes vêtements La Flamme Rouge, et que je chevauchais un vélo un peu particulier, de toute évidence un vélo de course ultra-léger), et nous resterons évidemment en dehors de la route. J’ai toujours fait ainsi les dernières années et on m’a toujours laissé passer à cet endroit, j’habite juste un peu plus loin par là, vous voyez? On veut juste s’approcher un peu pour voir la course, car d’ici on ne voit rien. » (la bretelle, qui fait 500m de long en tournant, masque complètement le boul. des Allumettières).

« Vous ne pouvez pas passer, l’organisation est formelle. »

« Je vous rassure M. l’agent, je ne veux pas aller faire du vélo sur le boulevard des Allumettières, je veux juste voir la course, prendre quelques photos et encourager les coureuses, dont certaines sont des amies. Nous resterons bien en retrait, j’ai l’habitude des courses cyclistes, l’endroit n’est pas dangereux, on voit arriver les coureuses de loin, la route est trois voies de large, en plus la bretelle est séparée de la route par un petit terre-plein. »

« Vous ne pouvez pas passer. »

« Ha bon! Dans ce cas, où puis-je voir la course, M. l’agent? »

« Vous pouvez toujours monter plus haut et rester sur le viaduc, la course sera en contrebas. »

« Ha bon! Pas top pour les photos avec mon petit appareil. Rien d’autre? »

« Non. »

À ce moment de la discussion, j’ai cru utile de pousser le bouchon un peu plus loin, question de sonder jusqu’où irait le manque de jugement.

« Et le site départ-arrivée? »

« Pas sûr d’où c’est. »

« Ha bon! Donc vous me dites que je ne peux aller sur le bord de la route encourager les coureuses même si je suis moi-même cycliste de toute évidence, et que ma seule option pour voir la course est le viaduc St-Raymond 200m plus haut. »

« C’est ca. Je pense qu’il y a une piste cyclable juste ici qui longe des Allumettières mais si vous la prenez, vous devez rester dessus et ne pas vous approcher de la route. »

« Je vous confirme, M. l’agent, qu’il y a bel et bien une piste cyclable qui longe des Allumettières et oui, nous allons la prendre pour aller voir la course. Merci, M. l’agent. Bonne soirée, M. l’agent. Vous faites bien votre travail, M. l’agent. »

Comment ne pas penser, après pareille conversation, que si on accueille ainsi les rares spectateurs du GP Cycliste de Gatineau qui font l’effort de se déplacer pour simplement VOIR la course et encourager les cyclistes, ils ne reviendront plus?

Comprenez-moi bien: je suis le premier à déplorer ces inconscients qui mettent en danger la vie des coureurs en courant à leurs côtés, en pratiquant eux-même le vélo sur le parcours de la course, en prenant des photos dangereuses, en y amenant des chiens sans laisse, voire en traversant la route au mauvais moment.

Ca ne prenait pourtant pas la tête à Papineau pour voir, ce soir, que j’étais moi-même coureur, que je n’avais pas de chien, que je connaissais la course cycliste et que je présentais donc, dans ce contexte, peu de risque pour les coureuses, pour moi-même et pour mon fils. On appelle ça du jugement et notre société en fait cruellement défaut.

Chose certaine, M. l’agent n’a jamais vu des images de la montée de l’Alpe d’Huez sur le Tour, où des dizaines de milliers de spectateurs en transe se massent au contact des coureurs! Ni du Vieux Quaremont!

Anyway, je ne reviendrai plus dans mon cas, terminé. C’est aussi mon dernier reportage sur cette course, après quelques uns au cours des dernières années.

La course a par ailleurs été belle, nos Canadiennes ont bien faits (deux Canadiennes terminent en 2e et 3e places, soit Joelle Numainville et Leah Kirchmann), Lucas et moi les avons encouragé comme nous avons aussi encouragé les coureuses attardées, mais j’ai été triste de voir l’affluence ce soir: trois pelés et un tondu (ils n’étaient guère plus à l’arrivée, mais il est vrai que c’est un soir de semaine). Le sympathique Fred Gates, manager de l’équipe Apogée-Lowest Rates qui prépare actuellement le GP de Saguenay puis le Tour de Beauce, m’aura toutefois permis d’avoir un agréable moment à discuter avec lui.

J’espère de tout coeur que le chrono demain et que les événements du week-end connaitront une participation populaire plus importante, sinon y’a de quoi être inquiet pour la suite. Déjà que le caractère international du peloton n’est pas à la hausse, que les courses séniors et maitres chez les hommes ont disparu (vraiment dommage) et qu’on a à peu près rien entendu dans les médias sur l’événement au cours des derniers jours ici à Gatineau…

Les photos

Le fameux viaduc St-Raymond qui, selon M. l’agent, était ma seule option. Notez la largeur de la route à cet endroit et la présence d’un terre-plein offrant d’autres espaces pour les spectateurs sur le côté de la route.

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Après deux boucles dans le Parc de la Gatineau, une échappée avait pris le large et déjà, Joelle Numainville devant (en rouge).

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Toujours bien placée ce soir, Carol-Ann Canuel, une fille de la région que je croise parfois à l’entrainement dans le Parc de la Gatineau. Une belle pointure face au chronomètre, et elle a un bon coup à jouer aujourd’hui sur le contre-la-montre, ayant terminé 2e l’an dernier de l’épreuve.

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Le peloton derrière chassait ferme, c’était bien étiré. Trois voies de large à cet endroit, avec le viaduc St-Raymond en toile de fond. Mais pour M. l’agent les consignes étaient claires, « vous ne pouvez pas passer. »

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Plus tard dans la course et une fois l’échappée reprise, petite bosse du Parc, Joelle Numainville (en rouge) ne quitte pas les avant-postes.

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Canuel non plus!

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L’équipe Colavita-Bianchi était aussi attentive…

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Lucas et moi avons encouragé les attardées également, certaines n’ont jamais lâché prise.

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Canuel toujours bien placée.

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… tout comme l’équipe canadienne.

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Certaines coureuses de l’équipe du Québec ont bien fait durant la course.

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Ca relançait bien pour passer sur le viaduc Parc-Allumettières, une relance pas si facile que ça pour l’avoir déjà faite en course du temps où le GP de Gatineau présentait des courses pour les hommes.

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Encore Canuel et Numainville aux avant-postes!

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Et les Colavita-Bianchi pas loin non plus.

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Visages marqués en fin de course… l’ajout d’une boucle du Parc aura fait mal aux jambes!

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Victoire au sprint de l’Australienne Kimberly Wells, une belle pointure du peloton féminin, championne d’Australie en titre sur le critérium.

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Canyon, Argon18, la guerre des manufacturiers de vélo

Ne vous y méprenez pas: ça joue dur, ça joue très dur en coulisses entre les grands manufacturiers de vélo de ce monde pour conquérir, ou simplement garder, des parts de marché dans un marché justement qui continue à prendre de l’expansion.

Il y a plusieurs indices de cela.

D’une part, la multiplication, ces dernières années, des équipes World Tour portant comme nom celui d’un fabriquant: BMC, Trek-Segafredo, Giant-Alpecin, Lampre-Merida, Cannondale… sans parler de la présence sentie d’autres manufacturiers de vélo au sein d’équipes, comme Pinarello avec Sky (à fond le marketing!), Canyon avec Katusha et Movistar, Specialized avec pas moins de trois équipes, soit Etixx, Tinkoff et Astana.

Les enjeux économiques sont évidemment énormes.

On apprenait récemment que Canyon, spécialiste de la vente « en direct » de vélos sans passer par un détaillant, allait investir, en 2017, le marché américain. Les vélos Canyon seront donc bientôt disponibles de ce côté-ci de l’Atlantique, ouvrant un immense marché à la compagnie qui use d’un argument de vente très, très convaincant: le prix, plus faible que pour tous ses concurrents, pour des cadres acclamés par la critique, y compris indépendante.

Je suis en effet de ceux qui croient que les cadres carbone sont très nettement sur-évalués en ce moment, les cadres se détaillant plus de 6000$CAN étant nombreux parmi les grands manufacturiers. Proprement scandaleux, ça ne vaut tout simplement pas ces prix exorbitants. Mais ces grands manufacturiers jouent à fond la carte du marketing agressif, forts des performances… des meilleurs cyclistes WorldTour qui roulent sur leurs produits. On refile la facture aux consommateurs, qui ne demandent pas mieux que de rouler sur le vélo qu’on retrouve fréquemment dans les revues cyclistes voire dans sur des posters dans des magasins de cycles…

Autre preuve de la guerre des manufacturiers, les démarches en coulisse de la compagnie québécoise Argon18 dans le dossier de la création d’une équipe World Tour associée au… Bahreïn, et pour laquelle on annonce Vicenzo Nibali comme le seul leader.

Argon18 serait en bonne position pour devenir le fournisseur officiel des vélos de l’équipe en 2017, malgré une compétition d’autres manufacturiers comme Bianchi ou Merida. Que voulez-vous, c’est à ce prix qu’Argon18 pourra continuer à conquérir des parts de marché en Europe, les performances actuelles de l’équipe Bora n’offrant certainement pas une grande satisfaction ni une grande visibilité en ce moment au fabriquant québécois.

Bref, plus que la qualité du produit, c’est la présence en WorldTour qui garantit aujourd’hui le succès populaire d’un fabriquant de cycles: omniprésent dans les années 1990 et 2000, qui a aujourd’hui le goût de rouler sur un Colnago? Plus encore, sur un Cervélo qui a connu une ascension fulgurante dans la seconde moitié des années 2000, pour retomber depuis quelques années dans un certain anonymat, du moins chez les cyclistes sur route?

Il existe pourtant de nombreux fabricants plus modestes mais offrant d’excellents produits, tout à fait comparables à ceux qui sont présents dans le WorldTour et qui jouent la carte marketing à fond. Je suis de ceux qui, aujourd’hui, font plutôt confiance à ces autres fabricants peut-être moins « main stream » mais qui me permettent aussi de rouler sur… un secret bien gardé! (et pour le tiers du prix).

Défi Gatineau-Mont Tremblant 2016: épilogue

Capture d’écran 2016-05-06 à 07.53.07Je participais le week-end dernier au 6e Défi Gatineau Mont Tremblant à titre d’ambassadeur, une fonction que je partageais cette année avec David Maltais que j’ai donc eu le plaisir de rencontrer, comme de subir ses redoutables attaques dans le final samedi. Ca s’est expliqué à la pédale sur la Montée Ryan, mais en toute amitié!

De l’avis de tous, et vous êtes nombreux à m’avoir témoigné de cette impression, l’édition 2016 a été particulièrement réussie.

D’abord par la météo, impeccable durant tout le week-end, avec chaleur et beau temps.

Ensuite par l’encadrement offert, tant sur le vélo qu’en dehors du vélo. En particulier, la qualité de l’hébergement, du site et du souper ont fait la différence à la station du Mont Tremblant samedi soir. Quel cadre agréable!

Mais surtout, la présence de véhicules et de motos de la Sureté du Québec qui ont permis aux divers pelotons d’évoluer en toute sécurité sur un parcours magnifique.

Pour preuve, payez-vous les images prises par ce drone lors de l’événement. L’Outaouais à son meilleur! Avis à nos amis européens, si jamais ça vous donne envie de venir rouler de ce côté-ci de l’Atlantique…

Ca a très bien roulé au sein de mon peloton des 35 km/h et plus, tant à l’aller samedi (plus de 35 de moyenne) qu’au retour (plus de 37 de moyenne). N’étant pas une course, le groupe a très bien travaillé ensemble pour maintenir une vitesse élevée tout en préservant la cohésion d’ensemble sur un parcours souvent casse-pattes. Je n’ai pas regretté mon choix du week-end sachant que le parcours offert au GP Val David était plutôt dangereux, pour preuve divers accidents ayant eu lieu dont une fracture du fémur. Je souhaite d’ailleurs un prompt rétablissement à ce coureur victime de cette blessure, un très bon coureur d’ailleurs.

Et toujours, la bonne cause du Défi Gatineau-Mont Tremblant, celle de permettre à une équipe du Casino du Lac Leamy de participer au Grand Défi Pierre Lavoie qui s’est donné comme mission d’inculquer de saines habitudes de vie aux jeunes enfants du Québec, en les faisant notamment bouger le plus possible. Et à travers cette mission, c’est aussi l’apprentissage de l’effort, de la persévérance, de la discipline…

Je souhaite donc bonne chance à l’équipe du Casino pour ce Grand Défi très bientôt, et invite tout le monde à nous rejoindre en 2017 pour la 7e édition du Défi Gatineau Mont Tremblant, un événement vous permettant une expérience unique car sur deux jours. Rien de tel pour expérimenter votre capacité à « encaisser » deux jours d’effort de suite, si jamais vous préparez des défis ou des stages intenses. Rien de tel non plus pour « s’affuter » en vue d’objectifs proches comme la participation à certaines grandes cyclosportives européennes dans les massifs montagneux…

Les expériences positives de 2016 seront répétées l’an prochain, et l’équipe d’organisation veillera également à simplifier les formules d’inscription et de réservation de l’hébergement pour améliorer davantage encore la formule.

Un merci tout particulier à Martin, Fred, Denis, Catherine, et les nombreux autres bénévoles ayant rendu mon expérience sur et en dehors du vélo si agréable durant un week-end où j’avais besoin de me changer les idées.

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