1 – 5e victoire d’étape allemande hier avec Kittel qui a mouché Cavendish sur le fil, excusez-un-peu.
Kittel signe là sa 3e victoire d’étape sur ce Tour, il est clairement dans la forme de sa vie. Kittel meilleur sprinter du monde? Peut-être en ce moment certes, mais Cavendish demeure encore pour moi le plus talentueux.
Quoi qu’il en soit, la victoire de Kittel redonnera-t-elle le goût du Tour aux Allemands? Rappelons que suite à de nombreux scandales de dopage vers 2005-2007, notamment au sein de l’ex-équipe Gerolsteiner, le Tour n’est plus présenté en direct en Allemagne.
2 – Beaucoup de commentaires suite à mon texte sur les calculs de puissance et je vous en remercie chaudement. Cela témoigne de la vitalité de la communauté de passionnés du cyclisme qui existe sur ce site.
Merci surtout pour le ton de vos critiques, vraiment très bien formulées. La qualité de ce site n’en est que rehaussée, et c’est une grande, grande source de satisfaction pour moi. Il y va de notre crédibilité!
3 – Calculs de puissance, justement. Je tiens à préciser quelques points suite à la lecture de vos commentaires. Le plus important est selon moi de bien nuancer notre jugement.
Peut-on conclure que Tony Martin est dopé parce qu’il établi la 3e moyenne la plus rapide de l’histoire d’un chrono sur le Tour mercredi dernier? Bien sûr que non!
Peut-on affirmer que Martin est dopé parce qu’il a enroulé un braquet de 55, 56 voire 58×11? Bien sûr que non!
Peut-on affirmer que Froome est dopé parce qu’on estime à peut-être 470 watts sa puissance sur ce chrono? Bien sûr que non!
Peut-on affirmer que Greg LeMond était dopé parce qu’il détient toujours le chrono le plus rapide de l’histoire du Tour? Bien sûr que non!
Peut-on affirmer que tous les coureurs pro sont dopés? Bien sûr que non!
Peut-on affirmer que parmi les coureurs qui se dopent, tous se dopent égal donc c’est quand même le meilleur qui gagne en fin de compte? Bien sûr que non!
Je lis tout et n’importe quoi en ce moment sur les calculs de puissance, notamment de purs exercices de désinformation par le manager de Sky, David Brailsford, qui parle de « pseudo-science » en évoquant la puissance de Froome lors du chrono.
Effectivement, la puissance de Froome lors du chrono ne peut être interprétée: trop court, tout simplement. Vayer et Portoleau ne calculent les puissances que sur certaines étapes de montagne comportant plusieurs cols, c’est très différent.
La logique?
Toute simple! Si vous développez plus de 410 watts (seuil fixé en considérant une marge d’erreur) sur une dernière ascension après 180, 200 ou 220 bornes et plusieurs autres cols, c’est que vos muscles n’ont pas fatigué au fil des heures de course.
C’est que vos muscles sont tellement bien oxygénés qu’ils ne toxinent pas, et vous vous présentez au pied de la dernière ascension comme si vous veniez de partir.
Du coup, vous pouvez générer plus de 410 watts sur 20, 25 ou 30 minutes.
Ce n’est pas humain car avec l’effort et la durée, l’organisme humain fatigue. Accumule des lactates à l’effort. Perd son efficacité. C’est précisement ce qu’implicitement les calculs de puissance de Vayer et Portoleau visent à démontrer: chez certains, la fatigue ne s’intalle pas.
Je monte l’Alpe d’Huez du pied au village en 53 minutes lorsque je fais la montée sèche. Sur la Marmotte, après Croix de Fer et Galibier, je n’ai jamais fait mieux qu’1h13. C’est simple: après 6h30 de vélo, je me présente au pied de la montée mythique déjà sérieusement entamé: le corps est lessivé, les muscles sont toxinés. Bref, je monte au courage, comme je peux, avec nettement moins de puissance disponible.
Les grands dopés y montent comme s’ils venaient de partir.
Froome a lui-aussi réagi aux calculs de puissance, mais avec des mots vides de sens.
Hey! Chris! C’est pas compliqué, tu peux faire taire toutes les critiques demain matin, très rapidement: publie tes données SRM, et c’est réglé!
Évidemment, Froome ne les publiera pas…
Bref, je vous invite à vraiment bien comprendre les calculs de puissance avant de les critiquer. Lorsqu’on comprend leur méthodologie et le sens qu’il faut donner à leur interprétation, pour moi il n’y a pas photo: il s’agit d’un instrument désormais incontournable pour identifier avec une quasi-certitude les tricheurs.
4 – Ils se dopent comment aujourd’hui, les coureurs? Les micro-doses d’EPO sont probablement encore très à la mode, car la fenêtre de détection est très, très courte. Les auto-transfusions sont également probablement encore très pratiquées, car indétectables. Pour ce qui est de l’AICAR ou du GW1516, il est probable que ces produits soient utilisés, mais on sait aussi que l’AMA a peut-être déjà trouvé et homologué leur méthode de détection. Je pense que les coureurs sont prudents avec ces produits.
À voir certaines cadences de pédalage en montagne, je demeure convaincu que le dopage sanguin est encore très présent au sein du peloton.
5 – Contador et Valverde. De toute évidence, et les calculs de puissance de Vayer et Portoleau le confirment, les deux Espagnols n’ont jamais vraiment retrouvé leur niveau d’avant-suspension pour dopage.
Contador n’a jamais retrouvé son niveau lui ayant permis de générer 490 watts sur 25 minutes dans la montée de Verbier sur le Tour 2009. Ou de taper Cancellara à Annecy lors du dernier chrono, aussi sur ce Tour 2009.
La raison? Je suis absolument convaincu qu’après une première suspension de 2 ans, les coureurs dopés sont nettement plus prudents par la suite, une fois de retour dans le peloton. Pourquoi? Parce qu’ils savent qu’un nouveau contrôle positif signifie 4 ans de suspension, donc carrière terminée. Je pense donc qu’ils prennent nettement moins de risques, et se dopent seulement pour les « grandes » occasions, et encore très prudemment.
Froome, lui, n’a pas peur de la patrouille. Que risque-t-il? Deux ans de suspension? Pensez-y: je risque deux ans de suspension si je me dope, mais si je me dope je gagne le Tour. Considérant les retombées d’une victoire sur le Tour, le calcul est vite fait selon moi!
6 – Greg Lemond. Beaucoup continuent de croire qu’il était dopé, notamment lorsqu’il a établi le chrono le plus rapide de l’histoire du Tour. Je suis absolument convaincu que LeMond n’a jamais, jamais touché à un produit dopant, quel qu’il soit.
D’une part, les calculs de puissance sur une épreuve aussi courte (le dernier chrono du Tour 1989) ne veulent rien dire.
D’autre part, le dopage sanguin était, en 1989, qu’à ses tout premiers balbutiements. Greg LeMond n’a certainement pas usé de ce dopage, ni en 1989 ni après, ses performances n’ayant jamais été « boostées » subitement comme celles d’un Indurain, d’un Bugno ou d’un Chiappucci par exemple. LeMond n’a d’ailleurs jamais échoué un contrôle au cours de sa carrière, contrairement à de nombreux autres grands champions comme Merckx ou Fignon.
Enfin, le plus convaincant est la carrière ultra-linéaire de LeMond, probablement l’athlète le plus doué (92 de VO2max!) de l’ère post-Hinault. Déjà champion du monde junior en Argentine à 18 ans, il a de suite signé de belles victoires dès son arrivée au niveau pro, par exemple en gagnant, à 23 ans, le Dauphiné et en devenant champion du monde. Il terminait 3e de son premier Tour de France en 1984, et même après son accident de chasse il est revenu très fort, preuve qu’il avait la génétique pour lui.
Froome? Personne ne le connaissait dans les rangs juniors ou au début de sa carrière pro. Mieux, avant le Tour de Suisse 2011, il n’avait jamais terminé dans les 10 premiers d’un chrono d’une épreuve WorldTour… et voilà qu’en deux ans, il augmente son niveau jusqu’à presque taper le multiple champion du monde du chrono, un spécialiste, sur le chrono du Tour.
La progression a de quoi surprendre un tantinet!
7 – Intéressant petit reportage photo sur ce qui se passe « after the finish line ».
8 – Mieux connaître Svein Tuft, un mec au parcours de vie assez particulier merci!