L’Affaire Puerto a été un des plus grands scandales de dopage de l’histoire du sport, et a touché de près le cyclisme.
Ivan Basso, Tyler Hamilton, Alejandro Valverde, Jan Ullrich, Roberto Heras, Jorg Jaksche, Francisco Mancebo, Franck Schleck, pour ne nommer que ceux-là, étaient tous dans le collimateur de cette affaire. Certains, comme Basso ou Valverde, ont été suspendus 2 ans, d’autres ont mis fin à leur carrière sur ce scandale (Ullrich, Jaksche), enfin d’autres ont été blanchis, mais tous ont vu leur nom terni par le mot « dopage ».
La justice espagnole a rendu hier son verdict: un an de prison pour Eufemiano Fuentes, quatre mois pour José Ignacio Labarta un préparateur physique, et le reste des accusés, y compris Manolo Sainz, sont acquittés.
Fuentes est condamné pour avoir porté atteinte à la santé des coureurs, le dopage n’étant pas criminel en Espagne au moment des faits.
Il faut cependant préciser qu’en Espagne, les peines de prison de moins de deux ans ne font pas l’objet d’une détention. Fuentes n’ira donc jamais en prison.
De plus, la juge a décrété que les poches de sang saisies devront être détruites, point final.
Il s’agit bien évidemment d’une parodie de justice qui confirme sans l’ombre d’un doute la position plus que douteuse de l’Espagne dans la lutte contre le dopage actuellement.
D’une part, Fuentes et ses collaborateurs méritaient une sanction plus sévère qu’un an de prison et quatre ans d’interdiction de pratiquer la médecine. Une telle sanction permettra à Fuentes de reprendre son travail auprès de sportifs en… 2017 ou 2018 au plus tard. Scandaleux considérant l’ampleur de l’Affaire.
C’est également une parodie de justice car la juge n’a donné aucun nom des sportifs à qui appartiennent les poches de sang saisies. En clair, cela signifie que le cyclisme aura morflé plus que les autres sports, qu’on vise évidemment à protéger d’un scandale. Il était pourtant évident que les poches de sang saisies n’appartenaient pas toutes à des cyclistes. Des noms? Des sports? Oubliez ça!
À mots voilés, le Comité Olympique International (CIO) a lui aussi exprimé des regrets dans la conduite de ce procès, ré-affirmant que la lutte contre le dopage « nécessite la coopération et l’implication d’un large éventail d’acteurs, y compris les autorités publiques ». L’Espagne étant candidate à l’organisation des JO de 2020, espérons que le message sera reçu clairement.
Seul point positif dans cette parodie, l’Agence antidopage espagnole veut porter en appel la décision de la juge (qu’on s’explique par ailleurs mal autrement qu’une volonté de protéger certains sportifs…) de détruire les poches de sang. Même si les faits remontent à plusieurs années, leur analyse et comparaison avec l’ADN de certains sportifs pourraient nous permettre de mieux mesurer l’ampleur du dopage dans les sports, et pas seulement dans le cyclisme.
Quoi qu’il en soit, il est extrêmement décevant de constater que ceux qui sont supposés être les garants d’une société juste et équitable rendent parfois des décisions qui apparaissent poursuivre d’autres buts que la vérité.
Voilà un procès qui n’aura rien fait pour redorer l’image de l’Espagne qui, plus que jamais, apparait comme un pays où on se traine les pieds à lutter contre le dopage.
Vive Gérone!