Mois : mars 2010 Page 1 of 2

ASO a publié hier la liste des 22 équipes retenues pour le prochain Tour de France qui s’élancera de Rotterdam aux Pays-Bas. L’UCI avait déjà manifesté, la semaine dernière, son mécontentement de voir ainsi les groupes professionnels à la "merci" des organisateurs des trois grands tours, estimant injuste pour des sponsors qui investissent des millions d’euros dans le cyclisme de ne pas pouvoir savoir avec plus de transparence les réels critères de sélection des équipes.

Depuis la publication de la liste, les commentaires fusent, certains exprimant leur satisfaction, d’autres leur dégoût de la situation actuelle.

Que penser de tout cela ?

D’une part, mon avis est clair: c’est aux organisateurs des courses que revient la sélection des équipes qui participeront à leurs épreuves. Depuis une décennie, l’UCI ne nous a pas habitué à faire de la lutte contre le dopage une priorité. Dans ce contexte, il est important que les organisateurs des grands tours puissent user de liberté dans la sélection des équipes, ceci afin de préserver leurs courses de candidats sportivement indésirables. L’abandon de ce pouvoir de sélection des organisateurs permettrait à l’UCI de garantir un bon de participation aux plus grandes courses pour les équipes les plus riches du peloton, posant l’argent comme assise de ce sport. Je suis contre.

Ceci étant dit, la sélection d’ASO m’a surpris pour trois équipes: Lampre, Footon-Servetto et Katusha. 

À la Lampre, qui fera en effet la course sur le prochain Tour de France ? Les deux leaders de l’équipe, Cunego et Petacchi, ont déjà montré être bien davantage intéressés par le Giro plutôt que par le Tour. Dans ce contexte, que vient faire cette équipe sur le prochain Tour ? Sa présence en 2009 n’avait déjà pas été très visible, je m’explique mal ce choix.

Chez Footon-Servetto, pouvez-vous seulement me nommer un coureur de premier plan susceptible de jouer une place au général voire même des victoires d’étape? Là, il faut m’expliquer.

Enfin, chez Katusha, l’effectif est plus intéressant mais davantage tourné vers les Classiques voire les petites courses par étape. Je pense que le choix est de nature politique ici, ASO voulant peut-être "internationnaliser" son épreuve (Katusha est une équipe russe) et l’équipe présentant du beau monde très cosmopolite et varié, avec notamment les Ignatiev, Ivanov, Karpets, Kirchen, Kolobnev, McEwen, Rodriguez et Pozzato. Aucun d’eux, sauf peut-être McEwen, n’ont cependant de grands faits d’armes sur le Tour.

Bref, je pense qu’ASO aurait pu jouer un peu plus la carte nationale et sélectionner l’équipe Saur-Sojasun de Stéphane Heulot à la place de Footon-Servetto. Le cyclisme français avait bien besoin de ce coup de pouce selon moi et si le Tour de France n’est pas là pour le donner, qui d’autre ? 

ASO aurait également pu sélectionner l’équipe Vacansoleil à la place de la Lampre, ne serait-ce que pour les espoirs que Brice et Romain Feillu représentent pour le cyclisme français et pour permettre à des jeunes motivés comme Borut Bozic, Johnny Hoogerland, Bjorn Leukemans ou encore Lieuwe Westra de découvrir (et d’enflammer ?) le Tour.

Quoi qu’il en soit, à ne pas manquer le petit texte de nos collègues de Cyclismag sur la sélection des équipes. C’est rigolo, humoristique et rudement bien fait !

Beaucoup de courses ce week-end en Europe et beaucoup de choses à dire ce soir en guise de petit retour.

Tour de Catalogne

Un petit retour à la semaine dernière pour dire que c’est Joachin Rodriguez qui s’est imposé au général du Tour de Catalogne devant Tondo et… Rein Taaramae, le jeune coureur de Cofidis. Attention à ce dernier, je pense qu’il pourrait nous surprendre dans les prochaines années.

À noter que le Canadien Ryder Hesjedal a terminé 6e du général sur cette course, de bonne augure pour les Ardennaises. Une Flèche Wallonne ou un Liège-Bastogne-Liège doivent lui convenir je pense.

E3 – Prijs Harelbeke

Alors là, il faut absolument regarder ces deux vidéos. Acte 1, la mine de Tom Boonen à 42 km de l’arrivée. C’est tout simplement impressionnant. De bas en haut, avec la pression. Boonen fait le virage du bas ou il vire en tête, se lève et c’est parti mon kiki. Qui m’aime me suive !

Acte 2, l’attaque de Cancellara à 1200m de l’arrivée. Il savait qu’il ne devait pas arriver avec Boonen dans sa roue. Belle présence d’esprit et surtout, quelle puissance ! Derrière, Boonen se met littéralement au sprint pour essayer de rentrer, sans succès. Boonen – Cancellara, attention à eux sur les Flandriennes et en particulier sur le Ronde dimanche prochain !

Critérium international

L’étape de samedi a été riche en enseignement. Très beau vainqueur d’abord en Pierrick Fédrigo qui s’est imposé en costaud car la dernière montée s’est fait à un rythme très soutenu. Ce coureur français a de quoi surprendre, on a parfois l’impression qu’il est capable de tout… quand la tête suit. C’était visiblement le cas samedi et dimanche aussi puisqu’il a su résister notamment à David Millar pour s’imposer au général.

Comme prévu dans l’étape de samedi, les Astana ont fait le forcing dans la dernière ascension, Vinokourov en particulier prenant un long relais appuyé sur le haut afin de préparer le terrain pour Contador qui n’était pas là pour faire de la figuration. Il n’en fut rien, Contador et toute l’équipe Astana sont disparus de l’avant-scène dans les 3 derniers kms, Contador étant notamment victime d’allergies apparemment. Le champion espagnol s’est toutefois repris dimanche dans le clm, terminant 2e à 2 petites secondes d’un excellent Millar.

On aura aussi vu un Lance Armstrong à la peine samedi, étant lâché assez tôt dans l’ascension finale et montant visiblement à son rythme. Je me questionnais récemment sur les choix d’Armstrong côté programme de course s’il veut être au top en juillet prochain. Il s’entraine en effet beaucoup seul, voyage beaucoup mais fait peu de compétition. Voilà que c’est aussi l’avis de son directeur sportif Bruyneel qu’on sent agacé devant le manque de compétition d’Armstrong. Car je suis d’accord avec Bruyneel : c’est en faisant des courses qu’Armstrong passera un autre cap, pas en s’entrainant seul de son côté…

Gand – Wevelgem

Victoire au sprint de Bernard Eisel, sprint disputé en petit comité. Pour Eisel, on a quasiment envie de dire "enfin!" tant ce coureur a semblé tarder à en accrocher une belle.

Le sprint s’est disputé à six et ce sont les Omega-Pharma-Lotto qui peuvent probablement nourrir le plus de regrets, étant à deux devant, Gilbert et Roelandts. Ce dernier a amené mais Gilbert semblait cuit pour faire un bon sprint.

Mauvaise manoeuvre (c’est une habitude) selon moi de George Hincapie qui est une fois de plus parti trop tôt. La bonne roue était celle d’Eisel sans l’ombre d’un doute et Hincapie, autrefois pas mauvais au sprint, aurait mieux fait selon moi de prendre cette roue pour espérer au moins une place sur le podium. Sa place de 4e, une de plus, confirme qu’Hincapie a vraiment un problème pour gagner lorsqu’il est en position de le faire. C’est l’histoire de sa carrière.

Un autre qui pourra certainement nourrir quelques regrets est Oscar Freire. Il est passé à deux doigts de revenir sur la bonne échappée dans le final mais une panne de jambes a semblé l’en priver. S’il avait fait la jonction, il aurait été très dangereux au sprint selon moi.

C’est l’Espagnol (un autre!) Oscar Freire qui s’est imposé samedi dans la 101e édition de Milan SanRemo. Le coureur de l’équipe Rabobank signait là un… troisième succès sur la Primavera après ceux de 2004 et 2007. Jamais deux sans trois en quelque sorte, un peu comme son histoire sur les Championnats du monde…

Un winner

J’aime Oscar Freire parce que c’est un vrai winner. À la flamme rouge, alors rivé sur mon écran d’ordinateur, j’étais sûr que c’est lui qui allait gagner. Il était déjà bien placé, 3e en file derrière Benneti qu’un équipier amenait. Il devançait déjà Boonen (dans sa roue), Petacchi et tous les autres.

Oui, Oscar Freire est un winner parce qu’en vue d’une ligne d’arrivée, il devient alors terriblement dangereux. Parce qu’il n’a besoin de personne pour préparer son sprint. Parce qu’une fois placé, vous ne pouvez plus le déloger d’une roue. Parce qu’il a eu aussi son lot d’ennuis physiques et blessures, notamment au dos. Chaque fois, il est revenu, créant la surprise, notamment grâce à une formidable capacité de retrouver très vite une excellente condition. Quel coureur !!!

Ce que je ne comprends pas

Plusieurs choses m’ont échappé dans ce final de Milan San Remo.

Pourquoi diable Stefano Garzelli s’est-il mis à la planche pendant l’essentiel du Poggio ? Ok, il avait fait rouler son équipe Aqua&Sapone plus tôt mais croyait-il vraiment lâcher tout le monde au train ? Je n’ai pas compris sa tactique qui, pour moi, ne faisait que servir tout le monde sauf lui !

Plus tard, je ne comprends pas pourquoi Pozzato, visiblement une jambe au-dessus de tout le monde dans ce final de Milan SanRemo, n’est pas resté avec Nibali à 3km de la ligne, alors qu’il venait de le rejoindre sur un contre. Il a passé Nibali comme une moto, pour s’éteindre 900m plus loin. S’il avait conjugué ses efforts avec Nibali, les Liquigas derrière n’auraient plus rouler pour Bennati et cela aurait condamné la seule équipe avec 3 représentants. Du coup, tout le monde se serait regardé, permettant peut-être aux deux hommes devant d’aller au bout. Freire aurait-il roulé ? Boonen ? Flecha ? Vraiment, je crois que Pozzato aurait mieux fait d’attendre Nibali sur ce coup-là, quitte à assumer l’essentiel du travail. Nibali était de toute façon cuit, Pozzato n’aurait eu aucun mal à le déposer à 100m de la ligne…

Les autres dont la tactique m’a échappé : Hushovd, certes isolé, mais incapable de se placer en vue du sprint. Cancellara, pourtant présent, qui n’a absolument rien tenté, pas même le kilomètre.  

Les bons coups

L’attaque de Philippe Gilbert dans le Poggio. Il a bien joué sa carte, il a essayé, mais sa condition n’est probablement pas aussi au point qu’en septembre et octobre dernier. Il fallait tenter, il a joué son coup de la bonne façon selon moi.

La préparation du sprint par Boonen m’a également semblé bonne. Il a choisi la roue de Freire, c’était la bonne selon moi. Il a simplement été battu par plus fort que lui.

Ceux qui ne pouvaient en faire plus

Petacchi, probablement, très isolé dans le final et prouvant une fois de plus que sans préparation de sprint par son équipe, il est réduit au silence, comme Cipollini l’était aussi à une autre époque.

Philippe Gilbert, qui avait tenté dans le Poggio.

Edvald Boassom Hagen, encore très jeune, qui a dû trouver ca long, 300 bornes… et qui termine à plus de 6 minutes.

Les Canadiens

Michael Barry est 54e à un peu plus d’une minute 30 secondes, c’est bien. Dominique Rollin a finalement pris le départ pour Cervelo mais a abandonné au 230e kilomètre, victime d’ennuis gastriques qui l’avaient gêné dans les jours avant l’épreuve. Dans les circonstances, 230 bornes est un excellent entrainement. Rollin pourra se faire plaisir sur les prochaines Classiques, y’a de quoi faire, surtout qu’Hushovd a prouvé être en condition acceptable en ce moment.

Première grande messe des Classiques demain samedi avec la tenue de la… 101e édition de Milan SanRemo, surnommée la "Primavera" puisque c’est la première classique de la saison. J’aime cette référence à l’histoire: 101e édition !

Bref, place au "grande ciclismo" sauce italienne. J’adore !

Record de victoires: Eddy Merckx bien sûr, avec… 7 succès sur la Via Roma, Le premier de ses succès a été acquis en 1966, à l’âge de 20 ans, et le dernier en 1976, 10 ans plus tard. Merckx, quel type tout de même ! Comme il disait dans une récente interview publiée dans Vélo Magazine "après 290 bornes, j’étais le meilleur!". Sans l’ombre d’un doute, Eddy. Respect.

Au menu des coureurs samedi, 298 kilomètres à couvrir, ce qui fait évidemment de Milan SanRemo la plus longue des Classiques. Le départ sera donné à 9h20 sur la Piazza del Duomo de Milan, direction San Remo sur la Riviera en passant par les fameux capis : Turchino d’abord avant la mi-course (km 142) suivi de La Manie (km 204), le Capo Mele (km 245), le Capo Cervo (km 250), le Capo Berta (km 258), la Cipressa (km 275) et le Poggio (km 291,8), souvent juge de paix de cette course mythique.

La stratégie: pas compliqué. Si vous n’êtes pas sprinter, deux solutions: ou bien vous partez de loin avec un petit groupe, ou bien vous jouez votre va-tout dans les derniers capis de la course afin de tenter d’éviter le sprint. Si vous êtes sprinter, vous faites donner votre équipe pour contrôler la course puis vous réservez vos forces pour le sprint final.

Les favoris: Edvald Boasson Hagen (NOR), Tom Boonen (BEL), Filippo Pozzato (ITA), Oscar Freire (ESP), Daniele Bennati (ITA), Alessandro Petacchi (ITA), Thor Hushovd (NOR), Tyler Farrar (USA).

Les outsiders: Mark Cavendish (vainqueur sortant), Stefano Garzelli (récent vainqueur de Tirreno-Adriatico), Michele Scarponi, Philippe Gilbert, Juan Antonio Flecha, Fabian Cancellara, George Hincapie.

Les grands absents: Lance Armstrong (indigestion), Alejandro Valverde (suspendu de courir en Italie par le CONI), Samuel Sanchez, Luis Leon Sanchez, Alberto Contador (j’ignore pourquoi ?), Cadel Evans, Frank Schleck, Peter Sagan.

Les anciens vainqueurs: ils sont au nombre de 5 au départ demain, soit Oscar Freire, Alessandro Petacchi, Fillipo Pozzato, Fabian Cancellara et Mark Cavendish.

Les Canadiens: Michael Barry est annoncé au départ pour l’équipe Sky. Dominique Rollin était annoncé plus tôt cette semaine dans la formation de Cervélo mais son nom n’y apparaît plus. J’avoue que je ne comprends pas, Rollin étant selon moi un coureur bien adapté à cette course et pouvant sans l’ombre d’un doute épauler Hushovd efficacement dans les derniers kms. 

La liste des engagés est disponible ici.

Pour découvrir cette classique, je vous invite à visiter ce site anglais consacré à l’histoire de la course. Bien fait.

Pour les Nord-Américains qui veulent suivre la course sur internet, branchez-vous vite demain matin sur Cyclingfans.com pour connaître les Live Video Streaming en opération.