Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : juin 2008

Cyclisme québécois: le point

La Flamme Rouge a du rattrapage à faire concernant le cyclisme québécois, les épreuves s’étant multipliées récemment, tant sur la scène du cyclisme féminin que masculin. La période actuelle est en effet riche en épreuves cyclistes au Québec et au Canada. Voyez un peu: après la Coupe du monde des femmes sur le Mont Royal, on a enchaîné avec le Tour du Grand Montréal puis le Tour de l’île du Prince Édouard, toujours chez les femmes. Chez les hommes, on a récemment eu droit à la Coupe des Nations au Saguenay, une épreuve pour les moins de 23 ans, au GP de Charlevoix et c’est maintenant le Tour de Beauce qui est parti. Si on ajoute à cela la tenue prochaine des Championnats Canadiens en Beauce, la période est faste pour les amateurs de vélo du Québec!

C’est l’Allemande Judith Arndt (High Road) qui s’est d’abord imposé sur le Mont Royal dans l’épreuve de Coupe du monde, battant au sprint la championne en titre, l’Italienne Luperini, naguère surnommée la "Pantani" féminine pour ses prouesses en montagne. La course fut caractérisée par des conditions météo difficile, surtout en début d’épreuve. La meilleure Canadienne fut Leigh Hobson, 3e, qui décrochait ainsi son billet d’avion pour les JO de Pékin. À notre connaissance, la meilleure performance québécoise fut la 41e place de Johanne Cyr de l’équipe Cascades.

Arndt a confirmé très rapidement son excellente condition, remportant pas moins de 3 étapes sur les 5 que comportait le Tour du Grand Montréal. Elle s’imposait au général devant deux autres européennes, soit Suzanne De Goede (Nurnberger) et son équipière Oenone Wood. La meilleure Canadienne fut Erinne Willock avec une 6e place et la meilleure performance québécoise la 28e place de Joelle Numainville.

Au Tour de l’Île du Prince Édouard, c’est actuellement l’équipe Menikini qui fait sa loi, occupant les deux premières places du général avec Kori Kelley Seehafer et Nathalie Bates. À noter un plateau nettement moins relevé que lors des deux autres épreuves pour la simple raison que beaucoup d’équipes sont déjà reparties courir d’autres épreuves aux États-Unis ou en Europe. La Québécoise Johanne Cyr, actuellement 6e au général, confirme les performances offertes la semaine dernière en offrant d’excellentes performances dans l’épreuve.

Du côté des hommes, le GP de Charlevoix a confirmé son statut d’une des courses les plus difficiles de la saison, la pluie et le froid étant cette année au programme. Près du tiers des coureurs y participant (toutes catégories confondues) n’ont pu compléter l’épreuve! C’est le vétéran Alexandre Cloutier qui a remporté l’épreuve chez les Séniors 1-2 après avoir longtemps tourné autour durant les dernières éditions. S’emparant de la tête du général dès le clm d’ouverture, son épreuve de prédilection, il devait assurer lors du critérium et de la course sur route, bien épaulé par ses équipiers.  À noter l’excellente 2e place d’un coureur de notre région l’Outaouais, Jean-Sébastien Perron, un homme qui nous donne bien du mal lorsqu’il se pointe à nos courses régionales! Éric Boily, équipier de Cloutier chez Volkswagen, complétait le podium et annonçait ainsi une belle condition qu’il allait mettre à profit au Saguenay.

La Coupe des Nations, nouvelle épreuve U23 disputée en 5 étapes au Saguenay, présentait un plateau relevé, avec des équipes de France, d’Italie, du Danemark et d’ailleurs. C’est le Danois Thomas Kvist qui s’est imposé au classement général, devançant un Portugais Rui Costa et l’Italien Alfredo Balloni. Éric Boily a été le meilleur Canadien et Québécois, se battant comme un lion, remportant une étape et terminant à une belle 6e place au général à l’issue de l’épreuve. Les autres Canadiens ayant terminé l’épreuve sont Ryan Anderson (11e), André Tremblay (32e), David Veilleux (33e), Dave Vuckets (35e), Charly Vives (36e), Zach Garland (49e) et Joel Dion-Poitras (57e). 

Le prestigieux Tour de Beauce est quant à lui parti aujourd’hui pour 6 étapes, 130 coureurs et 19 équipes. On pourra compter sur le retour de certains grands classiques, comme cette ascension du Mont Mégantic, pour moi juge de paix de cette course. Mon impression est que le plateau de coureurs a déjà été plus relevé et la cancellation de dernière minute de l’équipe Slipstream, qui annoncait la présence de notamment David Zabriskie, est en ce sens une réelle déception. Il faudra quand même surveiller quelques étrangers, notamment Valeriy Kobzarenko, vainqueur de l’épreuve en 2006 et évoluant au sein de la puissante équipe composite Team Type 1. Chez les Canadiens, l’équipe Symmetrics, avec les Svein Tuft, Christian Meier, Cameron Evans, Andrew Pinfold, Andrew Randell et Zach Bell nous apparait très forte, tout comme Team RACE avec François Parisien, l’expérimenté Mark Walters, ainsi que Ryan Roth. Il sera aussi très intéressant de suivre la progression de l’équipe du Québec avec notamment le revenant Charles Dionne, mais aussi le récent vainqueur du GP de Charlevoix, Alexandre Cloutier. Enfin, EVA-DeVinci, Volkswagen et 2peer.com sont les équipes québécoises joker de l’épreuve, avec notamment les vétérans Dominique Perras, qui voudra peut-être s’imposer au sommet du Mont Mégantic, et Mathieu Toulouse de même que les Jean-Sébastien Perron, Éric Boily et Bruno Langlois. 

L’absent de marque est évidemment Dominique Rollin, engagé par son équipe Toyota-United au Nature Valley Grand Prix aux États-Unis. Et où est donc passée l’équipe professionnelle Calyon ?

Complétons ce tour d’horizon en mentionnant les excellents résultats récents des autres Québécois Dominique Rollin, François Parisien et Charles Dionne. Rollin s’est classé 2e de la CSC Classic en Virginie début juin, manquait de peu le podium quelques jours plus tard à la Commerce Bank Lehigh Valley Classic pour terminer 8e de la Commerce Bank Triple Crown à Philadelphie le week-end dernier. Parisien cumulait quant à lui quelques top-10 dans des courses américaines et Dionne renaissait à l’ambition, ses sensations sur le vélo allant en s’améliorant. Nous pourrions également parler de vélo de montagne avec la récente victoire de Marie-Hélène Prémont en Coupe du monde et de Raphael Gagné en Coupe du Québec comme sa 2e place récente en Coupe du Canada pour compléter ce portrait déjà impressionnant.

Rappelons que les Championnats canadiens se profilent déjà à l’horizon et auront lieu en Beauce cette année, comme l’an dernier. Si tout ce beau monde s’y aligne, la compétition devrait être forte ! Avec la récente annonce de la création du Tour du Québec, prévu en septembre prochain dans la belle région de la Capitale nationale, Québec, une belle initiative du coureur Jean-Michel Lachance, on peut définitivement affirmé que la période est faste pour le cyclisme de compétition au Québec. Bravo ! et voilà qui doit tenir très occupé les gens de la FQSC! Si on pouvait parler un peu plus de toutes ces épreuves et de tous ces coureurs dans les journaux, nous serions comblé. 

Boonen junkie ?

Premier gros scandale de dopage de l’année 2008 et cela touche un des coureurs les plus en vue du peloton, si ce n’est LE plus en vue: Tom Boonen a été testé positif à la cocaine le 26 mai dernier, lors d’un contrôle hors-compétition trois jours avant le Tour de Belgique, où il a remporté une étape.

Depuis, des perquisitions supplémentaires ont déjà eu lieu au domicile de ses parents ainsi que de sa petite amie. C’est reparti…

La nature des sanctions à l’encontre de Boonen est à ce jour incertaine, seuls les contrôles positifs à la cocaine lors des compétitions étant sanctionnés d’une suspension. Boonen aura cependant affaire à la justice belge, l’usage de cocaine étant bien sûr interdite en Belgique. L’UCI, saisi de l’affaire, pourrait cependant suspendre Boonen pour une durée de deux ans. Elle en aurait les moyens.

Que penser de ce nouveau scandale ?

C’est évidemment un nouveau coup dur pour le cyclisme. Tom Boonen, récent vainqueur de Paris-Roubaix, est immensement populaire. Son aura sera nécessairement ternie par cette révélation qui, même si elle ne porte pas sur un produit dopant classique comme l’EPO, les anabolisants ou les amphétamines, révèle quant même un possible problème de Boonen avec la drogue.

Comment également ne pas penser que les informations données par le coureur belge de cyclocross Tom Vanoppen en décembre dernier suite à son contrôle positif à la même substance n’était pas fondées ? Vanoppen avait alors impliqué Boonen comme client de son dealer. Rappelons que Boonen et surtout Lefevere, son directeur sportif, avaient vivement réagi en condamnant une tentative publique de déstabilisation du champion belge.

Enfin, comment ne pas faire un parallèle avec Marco Pantani qui a lui aussi sombré dans la cocaine avant de succomber à une overdose en février 2004 ? Pantani cherchait dans la cocaine une fuite pour oublier les injustices dont il s’estimait être victime. Il avait sombré dans la cocaine après avoir créé une dépendance à la drogue au cours de ses années de coureur où il s’était dopé à de nombreuses substances pour améliorer ses performances, les variations extrèmes de son taux d’hématocrite ne faisant aucun doute à ce sujet.

Dans ce contexte, l’usage de cocaine par Tom Boonen pourrait-elle être le signe d’une dépendance aux substances dopantes dont certaines seraient prises dans le but unique d’améliorer les performances ? C’est une hypothèse qu’on ne peut pas rejeter à ce stade-ci. Le Dr. italien Sandro Donati l’a souvent martelé, tout comme d’ex-coureurs repentis comme Erwan Mantheour: les coureurs cyclistes sont souvent des junkies, trop habitués aux états euphorisants créés par l’usage de toutes sortes de substances améliorant les performances physiques. Il est bien connu que les substances dopantes étaient aussi d’usage lors des fêtes de fin de saison au sein de l’équipe Festina il y a 10 ans… preuve que les coureurs ne pouvaient plus se passer des effets euphorisants des drogues.

Chose certaine, à moins d’un mois du départ du prochain Tour de France, voilà un nouveau scandale qui va mettre tout le monde du cyclisme sur le qui-vive… 

De la défaillance du cycliste…

Le corps humain est vraiment fascinant: capable de performances sportives extraordinaires comme capable du pire. Et pour moi ce week-end, ce fut le pire, pour une rare fois dans ma carrière de cycliste.

Je participais, en guise de préparation à ma prochaine Marmotte, au Rideau Lakes Cycling Tour, une épreuve cyclo organisée chaque année par le Ottawa Bicycle Club et qui consiste à se rendre d’Ottawa à Kingston (180 bornes) le samedi, et d’en revenir le dimanche. Une belle cyclo, bien organisée et attirant chaque année plus de 2000 cyclistes de tous âges.

Samedi matin, ca s’annonçait déjà coton: chaleur accablante (32 degrés), soleil de plomb, vent de face soutenu. Comble de malchance, après avoir tergiversé toute la semaine à savoir laquelle de ma paire de roues Bora ou Shamal Ultra j’allais utiliser, je crève en me rendant au départ avec ma Bora (boyau) arrière. Le boyau étant solidement collé, impossible de procéder au remplacement. Un rapide appel à la maison et Madame La Flamme Rouge dépannait son coureur en lui apportant sa paire de Shamal Ultra, version pneu. Merci.

Sur les 150 premiers kms, aucun problème malgré la chaleur et le vent. La quinzaine de coureurs des Rouleurs de l’Outaouais en ont vu d’autres. L’échelon fonctionnait bien, les relais étaient rapides en tête, tout le monde passait bien, la vitesse moyenne était de 36-37-38 km/h, malgré le vent violent soufflant de face. Je croyais également bien m’hydrater et m’alimenter, n’en étant pas à mes premières armes sur de telles distances.

Et puis ce fut le mur. Km 150, final baton. Terminé. Rideau. En l’espace de 10 bornes, j’ai reçu la visite de l’homme au marteau. Plus d’énergie. Panne sèche. Rapidement décroché de mon groupe, me voilà coureur en perdition, isolé des autres, seul face au vent. Maintenir une vitesse de 25 km/h m’était très difficile. Il restait 30 bornes à couvrir. Tout mon corps me faisait mal: la tête, le cou, les épaules, le dos, les cuisses, les mollets. Victime également de crampes dans les cuisses, les quelques bosses restantes ont représenté des Everests. L’enfer. J’ai fini à l’agonie en devant m’arrêter tous les 5 kms pour me coucher dans l’herbe et récupérer un peu.

Ma dernière grosse défaillance de la sorte remonte à 1998 et l’épreuve alors appelée La Galibier où, accompagnant les meilleurs jusque dans l’Izoard, j’avais explosé du groupe de tête dans la remontée du Lautaret, vent de face depuis Briançon, et avait dû m’arrêter au sommet du col pour prendre une grosse demi-heure de repos, livide. La voiture étant stationnée à Valloire et étant seul sur l’épreuve, je n’avais eu d’autres choix que de remonter en selle pour en finir avec le Galibier et basculer dans la descente semi-conscient. Une belle journée de galère que ce samedi m’a rappelé.

Je n’ai évidemment pas pris part au retour aujourd’hui dimanche, ayant déjà convenu de rentrer samedi en voiture avec Madame. Chapeau à tous les participants qui sont rentrés à vélo aujourd’hui, la chaleur étant également très lourde, bien que le vent était alors de dos.

À moins d’un mois de la Marmotte, cette grosse défaillance n’est pas pour me rassurer en vue de l’épreuve ultime. Ceci étant, elle est à mettre sur le compte d’une sévère déshydratation due à ma préparation lacunaire dans la semaine précédent la cyclo. Très occupé et stressé au travail, je n’ai tout simplement pas assez bu durant la semaine et j’ai abordé l’épreuve samedi déjà en déficit hydrique. Malgré les bidons bus régulièrement, cela n’a pas suffit à combler le déficit du départ.

Le corps humain est vraiment fascinant. L’espace de deux heures samedi, j’ai été réduit par ce dernier à une loque humaine que des personnes de 60 ans n’avaient pas de mal à laisser sur place. Seule consolation: valait mieux que ca arrive samedi que dans 4 semaines, alors que je m’attaquerai à plus difficile…

Coupe des Nations – Ville de Saguenay

Incroyable mais vrai: ca m’a presque échappé.

La seule tranche de la Coupe des Nations U23 de l’UCI en dehors de l’Europe se déroule actuellement à ville de Saguenay, une compétition qui regroupe les meilleurs cyclistes âgés entre 19 et 22 ans. L’épreuve se déroule sur 5 étapes et on y retrouve des équipes de France, d’Italie, des Pays-Bas, des États-Unis, du Luxembourg, du Portugal, du Brésil et évidemment du Canada. Sept coureurs du Québec y participent, soit Éric Boily, Joël Dion-Poitras, David Veilleux, Guillaume Boivin, Jean-Michel Lachance, André Tremblay et Charly Vivès.

C’est l’Italien Alessandro Mazzi qui a remporté aujourd’hui la première étape. Le Québécois Éric Boily, qui sort du difficile GP de Charlevoix, a terminé au troisième rang, une perf remarquable selon moi compte tenu des efforts consentis ce week-end dans la région montagneuse de Charlevoix.

Comment se fait-il qu’une telle épreuve soit ainsi passée sous silence dans la plupart des grands médias québécois ? La couverture de presse de la récente Coupe du Monde des femmes sur le circuit du Mont Royal m’est également apparue lacunaire ces derniers jours, tout comme celle concernant le Tour du Grand Montréal actuellement en cours. Et que dire du Tour de Beauce qui débute la semaine prochaine, lui aussi largement absent des grands médias du Québec et du Canada ? Si on ajoute à cela les difficultés majeures de financement du GP de Charlevoix et du Tour de l’Abitibi dont les éditions 2009 demeurent à ce stade-ci incertaines, il y a de quoi être inquiet pour l’avenir de telles épreuves cyclistes au Québec, épreuves pourtant phares dans le calendrier international dans leur catégorie respective.

Tour – UCI: pour y voir clair

Les commentaires sont nombreux sur La Flamme Rouge ces derniers jours. Le point de départ de ces échanges nourris est l’annonce, par ASO, société responsable du Tour de France comme d’autres épreuves du calendrier cycliste professionnel, que le prochain Tour sera disputé sous l’égide de la Fédération Française de Cyclisme (FFC) et non l’Union Cycliste Internationale (UCI), cette dernière étant en charge de l’administration du cyclisme à l’échelle internationale. Autrement dit, ASO a placé le Tour de France au calendrier national et non à celui de l’UCI qui gère le calendrier dit international.

Évidemment, si le Tour de France est au calendrier national français et est placé sous la responsabilité de la FFC, cela veut aussi dire que les contrôles antidopages relèveront de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) et non de l’UCI.

Il s’agit évidemment d’un rude coup porté à l’UCI qui y voit une contestation ouverte de son leadership. ASO a pris cette décision dans le contexte où elle est en conflit ouvert avec l’UCI depuis environ 4 ans sur des questions comme le ProTour et ses règles d’admissibilité aux épreuves tout comme la lutte contre le dopage.

L’UCI a évidemment vivement réagi à la nouvelle, estimant que la décision d’ASO est "mauvaise pour le cyclisme". L’UCI a également refusé de mettre à disposition d’ASO les informations du passeport biologique des coureurs, passeport en place depuis le début de l’année. ASO se tourne donc vers le contrat qu’elle a exigé des équipes qui veulent participer au Tour et qui comporte des obligations de localisation des coureurs. L’AFLD pourra donc, au cours des prochaines semaines,effectuer des contrôles innopinés sur les coureurs dont le Tour figure à leur programme. ASO annonce également que des contrôles capillaires seront ajoutés cette année à l’arsenal dont disposent les autorités pour lutter contre le dopage sur le Tour de France.

Que faut-il penser de tout ca ?

Ma première réaction est que tout ce merdier expose encore une fois les problèmes profonds du cyclisme sur la place publique. Les polémiques n’en finissent plus dans ce sport ! Quand ce ne sont pas des scandales de dopage (l’année 2008 nous a épargné jusqu’ici…), ce sont des guerres ouvertes sur la place publique entre les instances dirigeantes. Quel bordel! Je déplore grandement cette situation parce que j’aime profondément ce magnifique sport. Personne ne peut nier que le cyclisme doit s’attaquer à de nombreux défis pour retrouver une crédibilité auprès du public et des éventuels sponsors. Ces défis sont suffisemment importants et difficiles qu’il me semble que tout le monde devrait travailler dans le même sens. Or, ce n’est pas le cas et cela me désole.

Ma deuxième réaction est d’être plutôt sympathique à la position adoptée par ASO. Je doute fortement qu’ASO ait de quelconques ambitions de prendre le contrôle de quoi que ce soit. ASO défend tout simplement ce pour quoi elle existe: des épreuves cyclistes. Société à but lucratif, ses revenus dépendent en grande partie de la crédibilité de ses épreuves. Or, le dopage menace directement cette crédibilité (qu’en reste-t-il aujourd’hui ?) depuis toujours, mais particulièrement depuis l’Affaire Festina il y a 10 ans. ASO a d’abord fait confiance à l’UCI pour réagir vigoureusement au cancer qui ronge le cyclisme. Or, depuis l’Affaire Festina, les scandales se sont enchainés à un rythme effarant, une situation en partie liée au peu de mesures antidopage adoptées depuis par l’UCI qui a longtemps défendu la position que le dopage était le cas de coureurs isolés dans le peloton, donc un problème mineur. Lassée de cette situation et échaudée par les scandales majeurs des deux derniers Tours de France, ASO a décidé de désormais entreprendre elle-même la lutte et, pour ce faire, s’en donne les moyens, quitte à ruer dans les brancards. Peut-on leur en vouloir de défendre ainsi le Tour et les épreuves connexes qu’elle organise, surtout dans la mesure où c’est le Tour qui "tire" toutes les autres épreuves du calendrier et qui donne au cyclisme une grande partie de sa popularité ?

Ma troisième réaction est que l’UCI doit encore faire son examen de conscience, en commençant par faire le ménage parmi ses hauts dirigeants. Hein Verbruggen, ex-président, tire encore de nombreuses ficelles par exemple. En imposant sans consultation le ProTour, un système tout de même lucratif pour l’UCI et qui a déjà entrainé de nombreuses difficultés pour les petites épreuves cyclistes délaissées de ce label, ne peut-on pas y voir la volonté de l’UCI d’étendre son influence sur le cyclisme international, au détriment de ceux qui, concrètement sur le terrain, organisent des épreuves cyclistes en démarchant les sponsors et en négociant avec les autorités locales ? La création du ProTour était-elle vraiment une priorité à poursuivre ces dernières années alors que le sport lui même est menacé par le cancer du dopage ? L’organisme responsable du cyclisme international n’aurait-il pas dû réagir plus vigoureusement et mettre en place plus tôt le passeport biologique ?

Enfin, je pense que dans le contexte actuel du cyclisme, tout le monde essaie un peu de sauver sa peau. Le récent volte-face des organisateurs du Giro, qui ont invité à la dernière minute l’équipe Astana, pourtant d’abord exclue, ne peut-il pas être interprété comme une tentative d’augmenter l’intérêt de l’épreuve, et donc les cotes d’écoute ? ASO essaie aussi de sauver la crédibilité de son épreuve et, n’ayant pour le moment pas trop de problème de cotes d’écoute, tente de limiter les risques d’un scandale de dopage qui serait dévastateur pour le Tour comme pour le cyclisme en général. La Vuelta, quant à elle, envisage une autre solution encore, celle de proposer une épreuve originale en deux temps où seules quelques équipes qualifiées sur la base des résultats des premiers 10 jours de course seraient invitées à poursuivre l’épreuve.

Chose certaine, la situation manque de cohérence et n’est pas simple. Malheureusement, c’est encore et toujours le cyclisme qui trinque…

Pool de cyclisme 2008

Une nouvelle mise à jour du pool de cyclisme est disponible suite au récent Giro. Un nouveau leader s’est installé confortablement en tête!

Un nouveau leader!

Comme c’est souvent le cas, les grands tours viennent chambouller le classement général du pool de cyclisme, de nombreux points étant à prendre sur de telles épreuves. Le récent Tour d’Italie n’a pas fait mentir cette règle puisque nous avons, au final, un nouveau leader du pool en Éric Tardif. Ce dernier pointait en 4e position après le Tour de Romandie et au sortir des Classiques. On pourrait donc dire qu’il était en embuscade, attendant son moment pour sortir de l’ombre. Sa prise de position est d’autant plus remarquable qu’il possède une priorité de 49 points (!!!) sur le 2e, l’ancien meneur François-Xavier Beloeil. Autant dire que l’avance est assez confortable et que M. Tardif pourrait être en tête du pool pour un petit moment, possiblement jusqu’au Tour de France.

Derrière, c’est assez serré ce qui permet d’affirmer que rien n’est encore joué. Nous avons un nouveau troisième en Mathieu Lapointe. Votre humble serviteur a connu un bon Giro et pointe désormais à la 7e place de son petit jeu.

Au chapitre des coureurs ayant marqué le plus de points sur le Giro, on note en première position Contador, évidemment, avec 70 points. Suivent dans l’ordre Ricco (58), Bennati (42), Pellizotti (40), Bruseghin (38), Cavendish (21) ainsi que Menchov et Visconti (18). Sella ne fait pas partie de notre jeu, relevant d’une équipe continentale qui n’avait pas été retenue.

Voici donc le classement général au terme du Giro:

1 – Éric Tardif 352 points
2 – François-Xavier Beloeil 303
3 – Mathieu Lapointe 302
Éric Rouleau 290
Charles Halluin 279
Patrick Bernard 276
Laurent Martel 270
Frans Neirinck 270
Michel Gervais 261
Louis Dupuis 258
Mario Beauregard 256
Pascal Leroux 252
Ronald Martel 251
Sébastien Bismuth 251
Bertrand Pivert 248
Gabrielle Duchesne 243
Etienne Gagnon 243
Frederick Gauthier 243
Michael Dalterio 240
Jérôme Gagnon 239
Alexandre Charest 239
Cédric Bernard 234
Eric Le Page  231
Louis Mazerolle 228
Jean-Paul Jardin 223
Marc-Olivier Abel 221
Luc Belley 219
Éric Jean 216
Daniel Voyer 216
Giusseppe Marinoni 216
Paul Courtemanche 215
Xavier Van Roy 214
Antoine Duchesne 213
S. Bélanger 212
Remi Berubé 211
Anne-Claire Bertrand 210
Patrick Labonté 210
Richard Francoeur 209
Richard Lavoie 208
Ismael Choesmim 207
Stéphane Cossette 206
Cyclick 205
Jérémie Durieu 204
Sébastien Moquin 204
Bernard Fouquet 204
Raphael Watbled 203
Robert Laramée 202
Olivier Savaria 198
David Villeneuve 197
Sylvie Gauvreau 196
Louis-Philippe Leclerc 194
Régis Grégoire 191
Clifford Marshall 190
Vincent Veilleux 190
Jean-Louis Marshall 188
Thierry Webanck 187
Michel Roth 186
Christophe LeBihan 186
André Onillon 185
Guillaume Charest 184
Eric Wiseman 183
Lucie Rousseau 181
Marc Desserrières 179
Stéphane N. 178
Claude Taillon 174
Bruno C. 174
Claire Croteau 173
Martin Prudhomme 173
Stéphane Martel 168
Alexandre Aubiès 167
David Gendron 167
David Siméon 164
Manu Colette 163
Franck Malchiodi 163
Renaud Saussac 161
Bruno Cyr 161
Jeff Rivet  160
Any Gagnon 159
Patrice Beaulieu 158
Sébastien Petit 157
Eric Lehoux 152
Maxime Maltais 150
Dominique Desjardins 150
Nathan Gagnon 149
Marten Dijksman 149
Martin Caya 149
Christiane Bouvard 148
Michael Dalterio 147
Jean-Martin Bourque 146
Jérome Albar 145
Frédéric Fernandez 145
Vincent Meuric 144
Karl Gibson 144
Pierre Gabaston 144
Pierre-Alexandre Lenoir 142
Guillaume Bilodeau 140
Patrick Vankerberghem 138
Arnold Jacques 135
Guillaume Pincon 133
Marie-Claude Grégoire 131
Natalie Dagenais 129
Michel Jalette 128
Stéfan de Vichy 124
Marc Beaulieu 123
Le Stéphanois 122
Yves Bienvenue 120
Jean-Michel Lachance 119
Vincent Courcy 119
Evelyne Gendron 117
Andy Lamarre 114
Alexandre Odulinski 113
Jean-François Bourrier 113
Jean-Michel Plantard 112
Mathieu Giguère 110
Simon Garneau 109
Christian Nadeau 108
Stef Zerti 106
Nicolas Jardin 106
Éric Laplante 97
Jean-François Laroche 95
Stéphane Cournoyer 91
Onsowfilion 90
Michel Onsow 90
Alexandre Bérenger 88
Antoine Hinaut 86
Paolo Marinoni 84
Dan Simard 82
Pierre Montangon 81
Mathieu Fagnan 70
Jean-Guy Dansereau 59
Christophe Bourrier 59
Luc Ostiguy 58
Sébastien Lucier 55
Patrick Bugni 25

 

Éric Tardif fait coup double puisqu’il est aussi l’actuel leader de notre classement des courses par étapes, dont voici les 25 premiers:

Éric Tardif 201 points
Éric Rouleau 168
Mathieu Lapointe 163
Louis Dupuis 161
Sébastien Bismuth 148
Patrick Bernard 146
Frederick Gauthier 143
Ronald Martel 141
Michael Dalterio 139
Robert Laramée 139
Patrick Labonté 138
Pascal Leroux 137
Laurent Martel 133
Jean-Louis Marshall 130
Sébastien Moquin 127
Daniel Voyer 125
Clifford Marshall 123
Cédric Bernard 120
Michel Roth 118
François-Xavier Beloeil 114
Marc-Olivier Abel 114
Thierry Webanck 113
Jérôme Gagnon 112
Giusseppe Marinoni 112
David Gendron 111

Prochaine mise à jour au terme du Critérium du Dauphiné Libéré, le 15 juin prochain.

Matos: le Dura-Ace 2009

Ca y est, grâce au populaire site CyclingNews, nous pouvons dès maintenant découvrir le Shimano Dura-Ace 2009, entièrement relooké. Ce n’est pas un scoop pour autant, le matos étant déjà en test au sein de certaines équipes professionnelles alignées sur le récent Giro d’Italia.

En un mot: le relookage est plutôt réussi et ce, à plusieurs niveaux. J’aime beaucoup, malgré mon affection bien connue pour Campagnolo. 

Premier gros travail, le pédalier. Ce dernier adopte une ligne résolument plus fluide et plus moderne. J’aime, surtout que Shimano réussi le tour de force de faire disparaitre les vis de fixation des plateaux, désormais cachées par derrière. Il magnifico. Le pédalier est annoncé 20% plus rigide que la version actuelle, tout en présentant 50 grammes de moins sur la balance. On annonce enfin la disponibilité de pédaliers compacts, en version 50-34. À moins que vous ne préfériez le 56-44?

Deuxième belle innovation, les cables de dérailleurs, apparents jusqu’ici sur le devant du guidon, sont désormais cachés près de ce dernier comme sur les groupes Campagnolo. Les leviers de freins ont donc été redessinés et ont perdu 50 grammes dans l’affaire. J’aime beaucoup. Enfin, Shimano se soucie un peu de l’esthétisme! Pour compléter, on annonce un compteur FlightDeck qui intégrera fréquence cardiaque et altimètre, de même que des fonctions de téléchargements sur ordinateur. Pas mal.

Troisièmement, on a inclu du carbone là où on le pouvait, notamment sur le dérailleur arrière, à l’image de ce qui se fait déjà chez Campagnolo et SRAM. Le gain de poids est appréciable.

Quatrièmement, la cassette a aussi été revisitée et on pourrait penser qu’on reprend un peu le concept SRAM, n’hésitant pas à travailler de l’intérieur pour ajourner davantage l’ensemble dans le but de perdre du poids. On étend aussi la gamme de cassettes disponibles, présentant désormais des assemblages originaux comme le 11-28 ou le 11-25, indisponibles chez Campagnolo pour le moment. Pas de 11 vitesses annoncé cependant, ce qui pourrait bien être le cas chez Campagnolo en 2009, avec possiblement l’arrivée d’un pignon de 10 dents.

Notons enfin un travail sur les freins et la chaine qui ont eux-aussi subi une cure d’amaigrissement. Dans l’ensemble, c’est donc un groupe Dura-Ace qui passe sous la barre mythique des 2000 grammes qu’on annonce chez Shimano en 2009.

Bref, sachons reconnaître que Shimano propose pour 2009 du sacré beau matos, même si je demeure vendu à Campagnolo, notamment pour des questions de tradition cycliste auquelle je suis sensible. Si Shimano Dura Ace est le Hugo Boss de la mode, Campagnolo Record – et bientôt Super-Record ? – reste, pour moi, le Yves Saint Laurent de la haute couture cycliste! 

Beaucoup de nouvelles

Retour au service normal ce soir sur La Flamme Rouge après une semaine de perturbation. Et il y a beaucoup de nouvelles à couvrir!

1 – Giro d’Italie: victoire finale d’Alberto Contador, la 2e victoire seulement d’un Espagnol sur le Tour d’Italie après celles de Miguel Indurain en 1992 et 1993. Victoire impressionnante aussi puisqu’acquise avec apparemment un minimum de préparation, l’équipe Astana ne devant pas disputer le Giro. Ce n’est que deux semaines avant l’épreuve que Contador aura appris qu’il partait courir le Giro!

Giro passionnant également puisque jusque la toute fin, le général fut très serré entre Contador et Ricco. Seulement 4 secondes les séparaient! On regrettera toutefois l’étape de samedi par delà le Mortirolo, probablement situé trop loin de l’arrivée pour réellement peser sur la course. Ricco et les autres n’ont pas su jouer leur va-tout et se lancer dans une grande offensive. Sur conseil de son directeur sportif, Ricco aura probablement préféré assurer sa 2e place au général plutôt que tout tenter pour essayer de ravir la première à un Contador tout de même très solide. 2e du Giro, ce n’est pas si mal…

Les révélations de ce Giro se nomment évidemment Sella, trois victoires d’étape en montagne excusez un peu, mais aussi Pozzovivo et Cavendish. Pozzovivo, 9e au général, aura été dans la course du début à la fin, filant même parfois un précieux coup de main à un Sella intenable en haute montagne. Cavendish, quant à lui, a réussi à émerger comme un sprinter de premier plan: il faudra désormais compter avec lui.

Comment ne pas enfin dire un mot de la perf des High Road dans le dernier clm aujourd’hui ? Cette équipe place en effet 3 coureurs parmi les… 5 premiers, excusez un peu! Marco Pinotti remporte l’étape, 2e Tony Martin (mais d’où sort ce coureur?) et 4e Bradley Wiggins. Pas mal du tout. Impressionnant.

Terminons par mentionner que le Canadien Ryder Hesjedal termine ce Giro à la 60e place, à un peu plus de 2h de Contador. Voilà une belle performance qui situe le niveau de ce coureur. Il aura terminé quelques étapes à une belle place, notamment l’étape de ce samedi vers Tirano où il termine 17e à seulement un peu plus de 10 minutes du vainqueur, Sella. Remarquable. 

2 – Pool de cyclisme: ca sera en ligne cette semaine, avec les résultats du Giro. Des surprises en perspective!

3 – Scandaleux: l’épreuve de Coupe du monde des femmes disputée ce week-end sur le Mont Royal, un circuit légendaire puisque théâtre des Mondiaux de 1974 qui ont couronné le roi Eddy, n’a bénéficié que d’une couverture médiatique symbolique au Québec. Samedi, le cahier sport du quotidien La Presse n’en parlait même pas! Même s’il n’y a plus de coureuses québécoises de premier plan comme Geneviève Jeanson, Lyne Bessette ou encore Audrey Lemieux, on notait tout de même la présence de quelques pointures de la scène internationale, notamment les LuperiniArndt (vainqueure samedi) ou encore Kristin Armstrong.

Dans ce contexte, comment penser que les organisateurs pourront maintenir encore longtemps cette course au Canada ? Rappelons ici les difficultés rencontrées par le GP des Amériques au milieu des années 1990 qui, faute d’attirer des sponsors suffisants, a dû fermer boutique. Comment penser que cette épreuve survivra encore longtemps à ce manque d’intérêt des médias locaux et à ce faible nombre de spectateurs le long du parcours ?

Voilà en tout cas qui prouve que l’internationalisation du cyclisme est une belle utopie et que le sport est souvent avant tout une affaire de culture, surtout locale.

4 – Tour de Belgique: victoire finale de Stin Devolder, le récent vainqueur du Ronde. Vainqueur de la dernière étape, Tom Boonen. On monte aussi en puissance du côté des Quick Step en vue du prochain Tour de France. On remarquera également la présence de trois coureurs Astana dans les 20 premiers du général, soit Ivanov, Muravyev et de Kort. Forts, ces Astana.

5 – GP de Charlevoix ce week-end au Québec: chapeau bien bas à tous les coureurs, dont certains de notre équipe, qui ont terminé l’épreuve. La météo fut loin d’être facile, avec pluie, froid et brouillard au programme. Jamais facile quant on s’élance sur un parcours de 125 bornes dans les talus qu’on connaît, de loin les pires du Québec. Chez les Séniors 1-2, c’est le vétéran Alexandre Cloutier, chez Volkswagen, qui s’est imposé devant un coureur de notre région, Jean-Sébastien Perron.

6 – Un mot en terminant sur l’Affaire Maurice Duquette, qui a connu quelques rebondissements la semaine dernière au Québec. Rappelons que Duquette est ce médecin soupçonné d’avoir prescrit et même administré de l’EPO à Geneviève Jeanson et ce, dès ses 13 ans. Il était particulièrement intéressant de lire que Duquette n’oeuvrait pas seulement que dans le milieu du cyclisme, le milieu du hockey, et du Canadien de Montréal, étant également évoqué.

Le Québec avait donc son Dr. Mabuse, de toute évidence. Combien en reste-t-il aujourd’hui toujours en activité ?

Et que penser de sa déclaration « tous les athlètes d’élite prennent des produits adjuvants en passant par la testostérone, l’HCG, les stéroïdes de chevaux, l’Eprex, l’Hémosol (hémoglobine injectable) et tout récemment le Perflubron ».

C’est malheureusement probablement vrai et pas seulement en Europe parmi l’élite professionnelle…

7 – Bon anniversaire, 10 ans, à Véloptimum, le site d’information cycliste au Québec et tenu par le très assidu et sympatique Guy Maguire, dont le mérite lui revient entièrement.

Page 2 of 2