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Si on était président de l’UCI…

La Flamme Rouge termine son dossier spécial « Antoine Vayer » par 10 suggestions au président de l’UCI Pat McQuaid pour assainir le sport cycliste. Des mesures faciles à adopter immédiatement et qui auraient, nous semble-t-il, un effet non négligeable. Vos commentaires sont les bienvenus!

*Si nous étions président de l’UCI…*

1 – …*nous éliminerions le ProTour sans attendre*. Très contesté par certains organisateurs d’épreuve, notamment ceux des grands tours, voire des coureurs eux-même, le ProTour n’aura servi que les intérêts de l’UCI en 2005. Son but initial, « _les meilleurs coureurs sur les plus grandes courses_ », n’a pas été atteint, loin s’en faut : Armstrong et Ullrich, pour ne nommer qu’eux, n’ont pas participé à davantage d’épreuves en 2005 qu’avant. Le Vélo d’Or mondial est allé à Tom Boonen plutôt qu’au vainqueur du ProTour, Danilo DiLuca, preuve que le prestige historique des épreuves remportées par Boonen (le Ronde, Paris-Roubaix, les Mondiaux) joue bien plus dans les esprits qu’un ProTour qui ne signifie pas grand chose.

Ce ProTour a également alourdi le calendrier des équipes car il comporte trop d’épreuves (rappelons que les équipes sont tenues de disputer toutes les épreuves au calendrier), mettant une pression énorme sur les coureurs pour « tenir » toute la saison.

2 – …*nous éliminerions également le classement UCI qui vient tout fausser*. Le cyclisme professionnel est un sport individuel qui se court en équipe. Comment alors assurer un classement équitable aux « domestiques » qui travaillent pour un leader, un classement qui reflète réellement leur valeur ? Puisque ce classement est souvent utilisé comme barème pour établir les salaires (alors que son but initial était tout autre), cela met une pression énorme sur les coureurs de second plan pour grapiller des points quant ils le peuvent afin de s’assurer d’un contrat l’an suivant.

On reviendrait au système des divisions (1, 2, 3), à notre avis plus sain.

3 – …*nous rendrions les organisateurs des épreuves maîtres d’inviter qui ils veulent pour autant que ce soit raisonnable*. Le cyclisme a toujours bénéficié d’une mixité de niveaux sur les épreuves, les jeunes coureurs apprenant aux côtés des plus aguerris. Le ProTour a en quelque sorte stoppé cela en créant une classe d’élites qui ne courent qu’entre eux. De plus, les jeunes coureurs ou les coureurs moins connus ont souvent le goût de se porter à l’attaque, rendant les courses plus dynamiques, plus vivantes. Tout le monde y gagnerait… et les performances douteuses ne seraient que plus évidentes.

4 – …*nous instaurerions un système « un jour de repos par semaine de course »*. Ainsi, sur les grands tours, le nombre de jours de repos serait porté à trois. Tout le monde jouit de deux jours de repos sur 7. Pourquoi les coureurs n’en auraient-ils pas droit à au moins un ?

5 – …*nous limiterions les distances sur les grands tours*. Étapes de plaine, 200 kms maxi. Étapes de montagne, 150 kms maxi. Étape contre-la-montre, 50 kms maxi. Il faut être réaliste sur les efforts qu’on exige des coureurs, le seul souci ne devant pas d’assurer un quelconque spectacle qui n’a plus rien à voir avec le sport…

6 – …*nous rendrions obligatoire la présence d’un médecin indépendant dans chaque équipe professionnelle de premier plan (division 1), sous peine de ne pas délivrer la licence de course*. Ce médecin indépendant serait mandaté d’effectuer au moins 4 suivis par année auprès des coureurs, instaurant ainsi un suivi longitudinal. Pas de suivi, pas de licence de course pour Messieurs les coureurs, ce serait aussi simple que ca. Le médecin devrait faire un rapport régulier à l’UCI et signaler toutes les anomalies.

7 – …*nous augmenterions les sanctions face au dopage* : première offense, 4 ans de suspension. Deuxième offense, radié à vie. C’est aussi simple que cela. L’engagement doit être ferme et la peur du gendarme fonctionne bien dans la lutte contre le dopage.

8 – …*nous collaborerions pleinement avec l’AMA, notamment pour instaurer des contrôles immédiatement avant les courses*. Le dopage par micro-dose d’EPO étant répandu, c’est la seule façon de piquer les coureurs.

9 – …*nous investirions un certain pourcentage, à déterminer, des recettes annuelles de l’UCI pour le développement de nouvelles méthodes de détection, assurant ainsi un financement régulier de cette activité*. Il devient urgent de trouver une méthode de détection fiable de l’hormone de croissance.

10 – …*nous interdirions tout rôle officiel au sein de l’UCI de toute personne ayant déjà été impliquée dans des affaires de dopage reliées au sport*. Est-il normal que Michele Ferrari ait siégé sur des comités reliés à la lutte au dopage ? Est-il normal que Francesco Moser soit encore aujourd’hui impliqué, lui qui a collaboré de très près avec le Pr. Conconi pour son record de l’heure? Est-il normal qu’Indurain siège lui-aussi à l’UCI ? S’il apparaît important que les coureurs (anciens et en activité) puissent s’exprimer, nous les regrouperions dans un comité à part.

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6 Commentaires

  1. JBW

    J’ai espoir qu’un jour toutes ces mesures soient adoptées ! Le talent et le travail (re)deviendraient alors le facteur discriminant entre les coureurs.
    Cependant, Mr Vayer ne parle que de l’elite et il faudrait que certaines de ces mesures soient aussi appliquées aux niveaux inférieurs car il y en a marre des usurpateurs qui passent entre les mailles du filet et n’ont aucun scrupule à “voler” des victoires (et tout ce qui va avec…)

  2. Pierre

    En effet, il faudrait aussi parler des disparités avec le cyclisme amateur, le cyclisme féminin et le cyclisme dans les pays défavorisés. La lutte contre le dopage est certes l’enjeu prioritaire du vélo, pas pas le seul et unique.
    Trois remarques au passage :

    1. La suppression du Pro-Tour, c’est pas un peu démago ? D’accord, c’est trop rigide, d’accord la formule ne tient pas toutes ses promesses. Mais, par exemple, a-t-il un jour été question que tous les meilleurs coureurs du monde participent à toutes les belles courses ?
    Pour moi, l’inconvénient du Pro-Tour est double. D’abord on a abandonné la clause visant à imposer que les cyclistes les mieux classés du moment participent aux épreuves du moment (Vino à Paris-Roubaix, c’était possible). Ensuite, le fossé s’est creusé définitivement entre les courses Pro-Tour OU très bien renommées et les autres, qui font partie du patrimoine et sont utiles… mais voient leur plateau baisser. Avant, les organisateurs étaient soumis à un plancher (on ne pouvait pas inviter d’équipe trop bas classées : cf Auber au GP de Plouay 2004) ; maintenant, ils ont en plus un plafond à respecter (plus de T-Mobile à la Route du Sud, c’est trop beau pour vous…)

    Donc, plus de marge de manoeuvre aux organisateurs, OK, mais attention à ce que ce soit une fédération commune qui continue d’édicter les règles (le sens commun prime le sens particulier).

    2. La recherche de produits comme l’hormone de croissance est-elle du ressort de l’UCI ou bien d’autres instances ? D’ailleurs, en lui confiant cette tâche, on fait oublier que ce genre de substance est en vogue dans d’autres disciplines, dont les fédérations sont au moins tout autant hypocrites que l’UCI et ne prononcent jamais le mot “dopage”, elles. L’UCI peut beaucoup, mais elle ne peut quand même pas tout.

    3. La réduction des kilométrages, c’est une non-proposition puisqu’on s’y est déjà acheminé. D’ailleurs, on ne résoud rien ainsi : ce qu’on perd en kilomètre, on le gagne en hausse de la vitesse…

    Rien à redire sur les autres propositions (le jour de repos par semaine, la présence d’un médecin indépendant, l’alourdissement des sanctions, l’indépendance de l’UCI avec les ex-coureurs).

    Belle initiative que ces 10 propositions (au fait, sont-elles d’A. Vayer ou aussi de Laurent et Raphaël?). Gonflée, mais belle initiative.

    PC

  3. Deffense

    Bonjour,

    J’approuve la majorité des changements proposés. J’en ajouterais toutefois un autre qui, a mon sens, serait profitable au spectacle et à l’équité sportive: l’abandon de l’oreillette !

    BD.

  4. Raf

    Propositions sensées sauf la dernière qui est comique. Si les coureurs, les entraîneurs et les dirigeants ayant été impliqués dans des affaires de dopage ou faisant l’objet de suspicion n’ont plus accès aux instances internationales alors qui restera-t-il ? Parce qu’on pourrait continuer la liste. Est-il normal que Bjarne Riis soit autorisé à manager une équipe du pro-tour ? Est-il normal qu’un ancien dopé comme Éric Boyer (amphétamines et corticoïdes !) donne sans sourciller des leçons de morale à Lance Armstrong? Est-il normal que l’ancien entraîneur des Festina (Antoine Vayer) soit sur ce site considéré comme un homme intègre et que celui des Gewiss (Michele Ferrari) ne recueille que l’opprobre ? Est-il normal que les deux favoris du prochain Tour de France, Jan Ullrich et Ivan Basso puissent encore être entraînés par Luigi Cecchini ? Est-il normal que La Flamme rouge évoque “la condition exceptionnelle” de Di Luca au printemps dernier sans y voir la patte du Dr Santuccione ? Est-il normal que l’équipe Euskaltel garde sa licence pro-tour ? Est-il normal que les séjours aux Canaries ou au Mexique ne choquent plus personne ? Est-il normal que pour La Flamme rouge les dopés d’hier soient des héros (Gaul ! ) mais ceux d’aujourd’hui (Heras), des tricheurs ?

  5. oui c’est normal! non je rigole!!!

  6. vincent F

    Propositions marquées du sceau de l’utopie.
    Supprimer le Pro Tour, le (feu) classement UCI et pourquoi ne pas supprimer tous les classements pendant qu’on y est !!
    Proposer aux organisateurs de prendre les équipes qu’ils désirent c’est aussi le début de l’anarchie; Vous n’avaez pas l’air de vous rendre compte qu’il y avait en 2005 plus de …150 équipes répertoriées à l’UCI.
    Avec des effectifs de 27 + coureurs les équipes Pro Tour peuvent parfaitement effectuer l’intégralité de la saison.

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