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Les chiffres fous

On peut ou non croire dans les calculs de puissance. Notre avis est qu’ils sont suffisamment fiables aujourd’hui pour permettre d’identifier – on dit bien identifier, pas condamner – les coureurs qui livrent des performances suspectes. En ce sens, ces calculs sont utiles dans la lutte contre le dopage pour identifier les coureurs qui doivent faire l’objet de contrôles plus stricts. Pour preuve, les récents scandales dans l’équipe Astana qui, après les calculs de puissance sur la Vuelta 2006, était fortement soupçonnée d’utiliser des produits interdits. Voici quelques chiffres qui donnent à réfléchir "quant aux performances offertes sur le récent Tour de France":http://www.liberation.fr/actualite/sports/269312.FR.php et sur certaines courses Maîtres A au Québec en 2007. Ces chiffrent ont été calculés par Antoine Vayer et Frédéric Porteleau, des experts reconnus en ce domaine, pour le Tour ainsi que par La Flamme Rouge et certains collaborateurs pour certaines courses Maîtres A au Québec en 2007: 1 – On estime à 410 watts la limite de la capacité humaine sur un effort d’une durée d’environ 20 minutes lors d’un final d’étape sur une course professionnelle. 26 coureurs ont fait mieux que 410 watts dans le premier col du Tour cette année, la Colombière. Un seul Français a tenu, Moreau. 2 – Contador a monté l’Aubisque 1min20sec plus rapidement que le recordman de l’ascension, Richard Virenque, à la belle époque de l’équipe Festina. Antoine Vayer écrit: _Sastre, Mayo et Soler (surnommé «440 watts») ont également effacé des tablettes la sinistre performance de Riis et des Festina quand ils avaient lâché Indurain dans le Tour 96. Celui de la curée, où certains affichaient des hématocrites à 60 %. Avec 20 watts de mieux sous la semelle._ Évidemment, Contador est propre, c’est lui qui l’a récemment dit. 3 – Mieux encore: _Contador, au plateau de Beille, a développé 433 watts de moyenne. Mieux que les honnis Basso et Armstrong au même endroit, trois ans avant. Avec la longue quinzième étape de montagne censée épuiser les organismes après plus de cinq heures d’effort, il a réussi d’incroyables accélérations à 465 watts de moyenne pendant 4 min 55 s dans le col de Peyresourde. Rasmussen peinait dans sa roue. Quatre démarrages sur une pente à 8 % en moins de 2 km, alors qu’à peine 500m à 410 watts auraient dû le faire zigzaguer jusqu’à le mettre à l’arrêt. Normalement, un champion parfaitement entraîné aurait produit de l’acide lactique qui brûle les jambes. Lui, rien._ Sans commentaires. 4 – À propos de Rasmussen: _Cette année, Rasmussen était leader (ndlr: des chaudières) avec une moyenne de 430 watts, dont 428 pour l’Aubisque, 436 pour Peyresourde, 433 pour Beille et 425 pour la Colombière. Il a cédé sa place à Contador, qui tourne à 427 watts de moyenne (respectivement 419, 436, 433 et 419). Quant aux Français, ils s’en sont pris plein la gueule. Partis avec le plus gros contingent (34 coureurs), les trois meilleurs, Goubert, Halgand, Moreau (380 watts), terminent tuméfiés à plus d’une heure du vainqueur. Ce sont pourtant trois ex-Festina de la grande époque. Des durs._ 5 – Selon des lectures de plusieurs pédaliers SRM (les versions pros, les plus précises qui soient) et nos calculs, certains coureurs québécois dans la catégorie Maîtres A ont été capables, en course cette saison, de développer 380 watts sur des durées proches de 20 minutes. Les courses au Québec dans la catégorie Maîtres A n’ont cependant rien en commun avec des étapes sur les grands tours en Europe, étant plus courtes et moins rapides. Ces valeurs nous paraissent toutefois élevées pour des coureurs régionaux ou provinciaux et signifient que ceux pouvant gagner chez les 30-39 ans diposent de PAM nettement supérieures à 400 watts, pour des rapports poids-puissance proches de 6 watts par kilo de masse corporelle. Ouch! Vous savez désormais à quelle intensité vous devez travailler sur votre home-trainer l’hiver prochain si vous avez des ambitions!

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13 Commentaires

  1. thierry mtl

    J’avais demander il y a qqs mois, sur ce site, les pratiques et habitudes “ dopantes et pseudo-dopante” des lecteurs et cyclistes. Personne n’y avait rapporté la moindre substances illicites. Et maintenant ces chiffres sur les catégories régionnales… La même omerta que chez les pros !

    Regardé la performance de Voigt, hier, en Allemagne. RIDICULE pour un amateur de cyclisme le moindrement éclairé.

  2. Mitch

    J’aimerais savoir Laurent si ton ratio poids-puissance inclut le poid du vélo ou il est généralement entendu de considérer uniquement le poid du cycliste?

    Si c’est uniquement le poid du cycliste, à for priori, je considère une valeur de 6 très réaliste pour des maîtres s’entrainant spécifiquement plus de 10 heures semaines.

  3. Gaz naturel

    Ben voyons donc, les coureurs maîtres A dopés!
    Je ne dis pas qu’il n’y a pas des marginaux qui en consomment. Cette consommation est sans doute plus liée à une dépendance qu‘à un besoin d’augmenter des watts. Je cours maître à l’occasion et j’ai fais la course à Sutton (où vous avez calculé le wattages). Avec deux semaines d’entraînement et 5 kilos de trop, je n’ai même pas perdu plus d’une trentaine de secondes dans le Hill climb et j‘étais surement à 60% de ma meilleure forme (sans dope). Donc, affirmer que les performances des maîtres sont hors norme, ce n’est pas sérieux!

  4. alexandre_o

    Ouin, je suis loin d‘être convaincu des conclusions suggérées par rapport aux Maîtres au Québec.

    Je connais personellement deux coureurs qui arrievent à se classer dans le top 10 voire gagner les courses les plus difficiles et aucun des deux n’a les moyens de se procurer des produits qui les aideraient à augmenter leur capacité au niveau que le suggère LFR. Si on considère le niveau d’entraînement de ces deux individus ainsi leur talent, on peut facilement voir qu’il s’agit d’athlètes exceptionnels et non de grosses-têtes qui se chargent la gueule pour gagner à tout prix!

    Si les statistiques pour le Tour me paraîssent en effet réalistes, je ne crois pas qu’on puisse tirer les mêmes conclusions sur notre circuit local. N’oublions pas que les courses au Québec sont bien espacées (1 fois par semaine) et qu’il est peut-être possible de développer un tel wattage sur une course si on s’y prépare convenablement (avec le repos nécessaire au préalable etc). Sur le Tour, on développe de telles puissances un jour après l’autre avec déjà plusieures centaines de km dans les jambes des jours précédants: c’est là qu’on peut conclure qu’ils se dopent.

    En réponse à la question des pratiques dopantes d’un des intervenants, il est normal que personne n’en parle, la grande majorité des lecteurs de ce site étant contre ces pratiques! Déjà que la population cycliste au Québec n’est pas énorme, il faudrait vraiment être chanceux de trouver un cycliste québécois qui se dope, lecteur de LFR, qui prend le temps de lire les commentaires de lecteurs, qui a soudain un examen de conscience et qui décide de livrer un témoignage sur son utilisation de produits. Allo?

  5. Olivier Savaria

    “On estime à 410 watts la limite de la capacité humaine sur un effort d’une durée d’environ 20 minutes”

    Cela ne veut rien dire sans la masse du cycliste. Une donnée pertinente serait beaucoup plus le rapport puissance/masse. 380 watts pour un coureur maitre A pesant autour de 70kg, dans un CLM, me semble très réaliste. Je connais des jeunes munis de SRM qui en sont capables.

    Finalement, 6watts/kg à PAM, c’est bien mais pas exceptionnel du tout. C’est ce que je fais (360watts de PAM et 60kg) et je suis loin de faire jeu égal avec les meilleurs senior 1-2, même en côte.

  6. Mitch

    Je fais les marathons de MTB, je m’entrane 5-7 heures/semaine spécifiquement, maitre sport, 5.5 Watt/kg approx. Je suis dans le 2/3 des maitres expert. Beaucoup de place à l’amélioration. Vos conclusions sont à revoir je pense.

  7. J’suis content d‘être en année de transition parentale puisque j’en ai tiré des pelotons A en côtes au québec ces dernières années ! Rien à voir avec la pharmacie. Gabarit. Spécificité. Mental. Gestion/planification. Expérience. Génétique. Training ! Faut pas penser que tous les A roulent plus de 12 hrs en moyenne ! Quand on le fait ça ressort aussitôt !

    Y a bien eu des performances dans certaines épreuves provinciales (et encore maintenant..) que je considère bizzaroïdes mais bon, ça passe et c’est temporaire.

    On peut vraiment avoir du fun en se la bourrant et courir A ???? Mayby. Qu’est ce qu’on attend alors pour sortir les noms associé à l’affaire Duquette, on débanderait peut-être et ça répondrait peut-être à des questions?!

    Souvent, n’est-ce pas simplement une méchante bonne journée sur deux roues ?!

  8. Bark

    Jaime Lissavetsky, le ministre des sports Espagnol, a remis à Alberto Contador la médaille d’or du ‘Mérite Sportif’.

  9. ALX

    Dans tous ces calculs, je me demande s’il n’y a pas confusion entre le seuil anaérobie (qu’on peut tenir au moins 30 minutes) et la PAM (pour laquelle on dépasse rarement 5 minutes). En 20 minutes, on se situe entre les deux : aucune comparaison n’est possible, ni avec l’un, ni avec l’autre.
    De plus, les calculs sur le Tour et sur les coureurs du Québec sont-ils effectués de la même manière : sont-ils vraiment comparables ?

  10. Trudo

    Mon coach a fait passer des tests de PAM au printemps à certains jeunes coureurs du club. Il utilise la méthode à Guy Thibault (il parait que c’est lui qui a mis au point la méthode que l’UCI utilise). Moi je n’ai pas fait le test de PAM mais en comparant mes performances à celles de coureurs et coureuses de mon calibre, je dois avoir 350 watts de PAM. Je suis un gars qui fini au mieux dans le 1e tier du peloton maitre-sport 30-39 en crosscountry. Sur une course de 2 heures je suis lappé par les sénior élites (donc 20 minutes d’avance sur moi). Sur un raid de 4 heures, je termine à 30-40 minutes du vainqueur. Les séniors élites doivent développer des watts en maudit car les coureurs de mon calibre sont autour de 350 watts de PAM. Moi j’ai bien des doutes sur les chiffres de Vayer et de ces supposé limites théoriques. J’aimerais bien que LFR interview Guy Thibault sur cette question. On aurait un point de vue très éclairé.

  11. Mitch

    Un élite peut avoir un ratio poid/puissance équivalent au tient Trudo en début de course, mais avec un seuil anaérobique et une endurance supérieure qui lui permet de tenir un tempo plus élevé et plus longtemps.

  12. Danton

    De Vayer, Portoleau et Grappe aux intervenants de ce site, on disserte sur les puissances développées par les coureurs de tous niveaux. A priori, excellente nouvelle. Malheureusement, le calcul tout comme la mesure de puissance souffrent d’une fiabilité encore insuffisante pour tirer des enseignements. Pourquoi nos chers scientifiques ne produisent pas leurs marges d’erreurs, pourquoi n‘évoquent-ils jamais l’influence du vent et rarement celles des abris et irrégularités des pentes? Parce leurs grandes importances rendent caduques leurs conclusion!
    PS: je m’amuse à essayer de calculer ma puissance et celles de mes amis depuis que je fais du vélo, en 1983.

  13. Trudo

    Danton a sans doute raison. Il y a plein d’impondérable qui faussent les évaluations. J’aimerais bien voir les données des SRM par contre.

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