L’ex-cycliste pro et populaire commentateur télé Paul Sherwen est mort subitement il y a quelques jours. Depuis, les hommages affluent.

Son premier acolyte, Phil Liggett, lui-aussi devenu un monstre sacré dans le business, a déclaré à son endroit « His legacy is that he entertained« .

C’est vrai. Et c’est à mon avis tout ce qu’on peut retenir de lui comme commentateur.

Je retiens surtout de Sherwen et Liggett que leur popularité a explosé alors qu’ils ont louangé, des années durant, les performances de Lance Armstrong, chantant ses exploits sur toutes les tribunes sans égard aux plus fondamentales règles du journalisme ou du commentaire sportif, par exemple l’indépendance ou la neutralité à l’égard de tous les concurrents.

Pourtant, Liggett et Sherwen étaient aux toutes premières loges pour comprendre ce qu’il se passait alors dans le cyclisme à la fin des années 1990 et durant les années 2000. La moindre rigueur aurait exigé qu’ils nuancent leurs commentaires, surtout que les scandales de dopage s’enchainaient déjà à un rythme effarant à cette époque et depuis l’Affaire Festina, pré-Armstrong rappelons-le.

Depuis ce temps, j’avais définitivement décroché de ces deux-là. D’autres commentateurs, dont Laurent Fignon par exemple, m’avaient prouvé qu’on pouvait faire du commentaire sportif  tout en ne mentant pas aux téléspectateurs.

L’annonce du décès de Sherwen est évidemment infiniment triste. Mais ce n’est à mon avis pas une raison pour l’encenser comme je l’ai lu sur de nombreuses tribunes ces jours derniers. Sherwen a fait partie d’une génération pourrie, et je suis même d’avis que Liggett et Sherwen ont contribué à élever des tricheurs comme Lance Armstrong au rang d’intouchables du sport pendant un bon moment, conduisant aux dérives que l’on sait aujourd’hui.

Y’a pas d’autres mots: Sherwen était aussi un rouage du Système. L’opinion publique est tellement importante de nos jours!