On y est presque, départ vendredi de la 101e édition du « Giro« , le Tour d’Italie.
Au menu de Messieurs les coureurs, une belle sortie de 3 563 kilomètres entre… Jérusalem – une première – et Rome, le 27 mai prochain. C’est la première fois qu’un grand tour cycliste s’élance hors d’Europe. Ça va compliquer les choses côté logistique et fatigue pour les coureurs dès la première semaine. Gageons qu’ils seront nombreux à regarder comment ça se passe, notamment… Serge Arsenault et son groupe organisateurs des GP de Québec et Montréal, un départ du Tour de France depuis le Québec ayant déjà été évoqué par le passé…
Parmi les 21 étapes, deux chronos individuels et huit arrivées en altitude, dont trois concentrées en dernière semaine. Ouch!
Le premier chrono surviendra lors de la première étape ce vendredi, et sur 10 bornes. Le parcours est annoncé assez technique, plein de relances, ça sera intéressant à suivre et de petits écarts pourraient déjà survenir, la chaleur étant aussi un facteur non négligeable. C’est l’occasion pour Tom Dumoulin de marquer les esprits!
Chose certaine, les coureurs sortiront plus marqués qu’on pense de ces trois étapes en Israel. Les étapes en Sicile, où il pourrait aussi faire chaud, seront difficiles.
Le 2e chrono, plus important, interviendra lors de la 16e étape, et sur 34 kms. C’est là qu’il ne faudra pas se louper, et qu’on connaitra qui peut gagner ce Giro, pas avant. Pour les grimpeurs, il faudra rester au contact; pour les rouleurs, créer des écarts avant la dernière semaine et ses étapes montagneuses.
Le parcours de ce Giro entretiendra le suspense puisque des étapes « clés » interviennent dès la première semaine. Je pense ici à la 6e étape en Sicile et son arrivée en haut de l’Etna, après 25 bornes d’ascension. Les leaders devront vite se dévoiler!
Je pense aussi à la 9e étape vers le GranSasso, longue de 225 kms excusez un peu.
Et à la fin de la 2e semaine, cette redoutable 14e étape et son arrivée en haut du Monte Zoncolan, l’ascension la plus difficile d’Italie, même plus difficile que le Mortirolo. On arrivera au Zoncolan après 176kms de course sur un parcours accidenté, et les jambes seront déjà lourdes. C’est là que les purs grimpeurs auront leur chance: Pinot, Aru et… le Canadien Woods qui, s’il gagnait en ce lieu, entrerait dans la légende du cyclisme!
Restera alors trois étapes difficiles en dernière semaine, lors des 18e, 19e et 20e étape. Trois étapes, trois arrivées en altitude encore! (Pratonevoso, Jafferau et Cervinia). Trois étapes longues aussi (196, 184 et 214 kms!), de quoi éprouver les organismes déjà fatigués.
Les favoris
Sur le papier, selon moi, et compte tenu du profil de ce Giro, ils sont deux archi-favoris: Chris Froome et Thibault Pinot.
Je suis certain que Froome veut en découdre compte tenu de ce scandale de dopage qui lui pourrit la vie; il s’agit pour lui d’une forme de réponse à ses détracteurs. Il a prouvé sur le récent Tour des Alpes que sa condition était en hausse. Suffisamment en hausse? Nous le saurons bien assez tôt!
Thibault Pinot me semble également à point, prêt pile poil pour ce Giro, surtout au niveau de sa confiance en lui, de sa sérénité. Ce Giro montagneux devrait l’avantager.
Les outsiders
En premier lieu, Tom Dumoulin. Si nous n’avons pas de grandes garanties à son égard, le champion sortant a une sacré caisse et peut se débrouiller partout. C’est le joker de ce Giro!
En deuxième lieu, Fabio Aru. Là encore pas de garantie sur sa condition physique, mais je pense qu’il a progressé. C’est l’inconnu de ce Giro. Aura-t-il encore (et toujours?!) un jour sans sur un grand tour?
En troisième lieu, Esteban Chaves bien sûr. Lui non plus n’a pas donné de garantie cette saison. L’ancien vainqueur du Tour de l’Avenir en 2011 a terminé 2e du Giro et 3e de la Vuelta en 2016, ce qui en fait logiquement un coureur capable de tenir sur trois semaines et de s’améliorer au fil des étapes.
Ensuite Miguel Angel Lopez, le jeune colombien de 24 ans chez Astana. Meilleur jeune de la Vuelta 2017, vainqueur du Tour de l’Avenir en 2016, récent 2e du Tour des Alpes, il sera intéressant à suivre… mais aura-t-il la caisse pour tenir trois semaines durant? Personnellement, je ne pense pas. Trop jeune.
On peut ajouter à cette liste deux autres coureurs: Louis Meintjes et le Canadien Mike Woods. Woods n’a aucune pression, et donc une belle carte à jouer. Récent 2e de la Doyenne, il est en grande condition et le nombre d’arrivées en altitude lui offre de belles occasions de se distinguer. Son défi sera évidemment les chronos, mais la distance à parcourir dans cet exercice est limitée cette année, ce qui joue en sa faveur.
Les Canadiens
Outre Mike Woods, deux autres Canadiens sont au départ de ce Giro: Guillaume Boivin chez Israel Academy ainsi que l’inusable Svein Tuft chez Michelson-Scott. Je crois que Guillaume Boivin, excellent sprinter, a ses chances dans les arrivées au sprint, les grands sprinters actuels du peloton étant plutôt absents de ce Giro. Il faut y croire!
À la télé
Pas de Giro sur RDS d’après ce que je peux comprendre. On pourra le suivre sur Sportsnet pour ceux qui sont abonnés, selon cet horaire.