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Mois : juillet 2016 Page 1 of 2

Rio: l’Équipe de France sans Gallopin?

Bauke Mollema a confirmé hier son bon Tour de France en remportant la Classica San Sebastian détaché, un joli numéro de sa part.

Il a aussi confirmé que l’équipe néerlandaise pour la course sur route samedi prochain à Rio dans le cadre des Jeux Olympiques sera à surveiller de près, Wout Poels venant lui aussi de gagner une course, la RaboRonde.

Deuxième samedi sur la Classica, le Français Tony Gallopin. Pas très en vue sur le récent Tour de France où il s’est montré un poil court dans le final de nombreuses étapes, voici que la forme arrive à point sur cet excellent coureur français.

Du coup, on se demande si les choix de Bernard Bourreau pour la course sur route sont les bons: Bardet, Barguil, Alaphilippe et Vuillermoz (ce dernier en remplacement de Thibaut Pinot, d’abord prévu).

Si les trois premiers sont une évidence, personnellement j’aurais choisi Gallopin avant Vuillermoz pour Rio. Le parcours de la course sur route est peut-être un poil trop difficile pour Gallopin, mais un Bardet aura besoin d’un tel coureur pour l’amener jusque dans le final…

Tony Gallopin avait également affirmé en décembre dernier faire de Rio 2016 un objectif de sa saison. La déception doit être grande pour ce coureur de talent.

Avec Gallopin plutôt que Vuillermoz, Bourreau aurait également amené avec lui des coureurs appartenant tous à des équipes différentes, un heureux mélange selon moi.

L’équipe canadienne

Rappelons que l’équipe canadienne pour l’épreuve sur route à Rio sera composée de Mike Woods, Antoine Duchesne et Hugo Houle, avec l’idée de protéger Woods jusque dans le final, compte tenu des difficultés.

Woods vient de compléter la Classica San Sébastian à la 61e place, à presque 4 minutes du vainqueur Mollema.

Cranks and Coffee Saison 2: excellent!

Nos lecteurs européens apprécieront les vastes espaces sauvages du haut de la Gatineau! (et toujours, l’accent!).

Un petit Tour

La Flamme Rouge sera perturbée au cours de la prochaine semaine en raison de vacances familiales à l’extérieur du Canada, avec des connections Internet parfois limitée.

Aujourd’hui, bilan d’un « petit Tour » à mes yeux.

Petit Tour parce que les phases d’action liées à la lutte au maillot jaune auront été très limitées, se résumant à une accélération en haut d’un col puis une descente à fond par Chris Froome, outre les chronos.

Le reste du temps, on aura surtout vu les Sky parfaitement gérer les étapes de montagne, appliquant la méthode du rouleau compresseur. On a souvent eu l’impression que Poels, Nieve ou Henao auraient eux-mêmes pu gagner ce Tour tant ils étaient forts!

Pour moi, l’étape la plus intéressante aura été celle où Romain Bardet gagne sous l’orage, entre Albertville et Saint-Gervais-Mont-Blanc. En l’espace de 30 bornes, on a eu davantage d’action qu’au cours des trois autres semaines de course…

Ils ont réussi leur Tour

Chris Froome, forcément.

Mark Cavendish (carton rouge toutefois pour son abandon dans la dernière semaine).

Romain Bardet (2e du général, c’est une victoire pour lui, outre son étape).

Adam Yates (on ne le voit plus pareil aujourd’hui).

Peter Sagan (il a assuré).

Alejandro Valverde (le vieux briscard a montré qu’il a de beaux restes).

Rafal Majka (le maillot à pois).

Tom Dumoulin (de beaux exploits avant sa chute).

Greg Van Avermaet (maillot jaune, une étape, carton plein!).

Richie Porte (on a beaucoup parlé de lui).

Louis Meintjes (il assure).

Andrei Greipel (se rattrape sur les Champs-Élysées le dernier jour, montrant qu’il sait gérer la pression).

Daniel Martin (inconstant, mais capable de dynamiter une étape).

Antoine Duchesne (2e Québécois de l’histoire à l’arrivée du Tour).

Ils se sont manqués sur le Tour

Thibault Pinot (cramé de sa saison).

Alberto Contador (se loupe encore sur le Tour, sur chute cette fois).

Nairo Quintana (rien dans les jambes).

Wilco Kelderman (pas vu du Tour!).

Tony Gallopin (on avait de grandes attentes, il avait fait le métier avant l’épreuve).

Simon Gerrans (abonné absent aux premières loges).

Rui Costa (a tenté mais sans succès. On attend plus d’un coureur de sa classe).

Tejay Van Garderen (années après années, déceptions après déceptions).

Warren Barguil (a clairement montré des limites).

Pierre Rolland (mieux, les méthodes d’entrainement américaines?)

Fabian Cancellara (dommage pour son dernier Tour, on l’a pas vu).

Fabio Aru (des pétards mouillés).

Tom-Jelte Slagter (jamais vu).

Alexandr Kristoff (en manque de puissance, clairement).

Mi-figue, mi-raisin

Joaquim Rodriguez (présent sans être présent dans le final des étapes accidentées).

Romain Sicard (beau chrono, trop juste ailleurs).

Thomas Voeckler (quelques tentatives sympathiques, sur un malentendu ça aurait pu marcher…).

Marcel Kittel (moins dans le coup cette année).

Tony Martin (a essayé, on attendait une étape pour ce coureur de train).

Daniel Navarro (beaux efforts, du coeur au ventre, mais pas de réussite au bout).

Bryan Coquard (beau sprinter mais non, il n’est pas au niveau des autres).

Arthur Vichot (on a peu vu le maillot de champion de France, sauf sur une étape).

Bauke Mollema (Tour inspirant, malgré un effondrement en dernière semaine).

Roman Kreuziger (comme d’hab, montre de belles dispositions sans plus).

Julian Alaphilippe (à l’énergie, comme d’hab, mais sans succès d’étape).

Un orage sauve le Tour!

C’était l’ennui hier sur la route de St-Gervais Mont Blanc.

Comme d’hab, une échappée matinale. Comme d’hab, le rouleau compresseur Sky derrière. On attendait le dernier kilomètre pour – peut-être – s’enthousiasmer un peu.

Et puis il y a eu un orage.

Et à partir de ce moment, quelle étape mes amis!

En l’espace de 10 bornes, ce fut rebondissements sur rebondissements.

D’abord en raison des chutes causées par une chaussée détrempée: d’abord Tom Dumoulin, out du Tour en raison d’une bonne chute.

Ensuite deux FJD, dont Sébastien Reichenbach.

Puis Bauke Mollema, 2e du général au départ.

Puis Pierre Rolland qui était devant à possiblement briguer une victoire d’étape.

Et enfin, Chris Froome, le maillot jaune, qui a entrainé dans sa chute Vicenzo Nibali. Une chute un peu bête, en passant sur la ligne blanche: erreur de débutant! Peut-être n’avait-il pas le choix dû à l’inertie, étant alors dans un virage.

Du coup, le Tour a pris soudainement une nouvelle tournure. À la faveur de tous ces événements, Romain Bardet en profitait lui pour s’échapper à la poursuite de Rui Costa devant.

Et puis ce fut un grand spectacle.

Froome sur le vélo de son équipier Geraint Thomas, à essayer de se tirer de ce mauvais pas durant la dernière ascension. Il n’en menait pas très large!

Bardet et Costa étaient visiblement à l’effort devant, soutenu par un public qu’on sentait davantage exalté que d’habitude. Peut-être parce que les Français tenaient là possiblement leur première victoire sur ce Tour de France.

Peut-être aussi en raisons des conditions climatiques, qui ont tout changé.

Enfin, à quelques kilomètres de l’arrivée, on voyait d’abord un Fabio Aru à la peine, notamment en raison du tempo assuré par les BMC devant pour Richie Porte qui ne manquait pas de se lancer dans une attaque bien sentie. Froome, toujours sur le vélo de son équipier Geraint Thomas, n’avait pas l’air à la fête. Il a cependant bien maitrisé ce moment très délicat pour lui, sachons le reconnaître.

Quelques minutes plus tard, c’était l’inverse! Fabio Aru se portait à l’attaque et décrochait… Richie Porte! Ce dernier a d’ailleurs lâché une poignée de secondes dans l’affaire.

Et ô sublime, on avait les deux vieux briscards de Valverde et Rodriguez pour aussi assurer le spectacle. Valverde a durci la dernière montée juste au bon moment pour Quintana, faisant mal à de nombreux coureurs du premier groupe (davantage que Quintana d’ailleurs!).

Et puis Purito qui nous fait le coup du dernier kilomètre, comme à ses grands jours, et décramponnant légèrement nul autre que Froome!

Franchement, je n’en demandais pas tant.

Devant, Bardet tenait sa victoire d’étape avec, à la clef, une superbe 2e place au classement général, inespérée. Les AG2R – La Mondiale qui gagne dans leur fief des Alpes, c’était le scénario rêvé pour la troupe de Vincent Lavenu. Ca a dû sabrer le champagne du côté de la Motte Servolex…

Le classement général a changé ailleurs aussi, et désormais trois coureurs se retrouvent dans une fourchette de 30 secondes pour la 2e place (Bardet, Quintana, Yates). Porte, Aru et Valverde sont en embuscade tout juste derrière.

Tout ça grâce à un orage.

La bonne nouvelle, c’est qu’ils en annoncent d’autres pour l’étape d’aujourd’hui, du moins des averses passagères.

Ca nous aurait pris davantage d’orages du temps d’Armstrong!!!

Porte, le client

L’étape d’hier vers Emosson a été claire: Richie Porte, c’est le principal client de Chris Froome en cette dernière semaine.

Lorsque Porte est parti dans le final, personne n’a pu le suivre, sauf Froome.

Quintana a cédé, même par rapport à des coureurs comme Bardet ou Yates.

Mollema était dans un jour très moyen, et devait courir pour limiter la casse.

Aru fait rouler ses lieutenants, mais semble incapable ensuite de terminer le travail. À ce rythme, Nibali et Rosa vont vite perdre confiance, et commencer à courir pour leur pomme (c’est à dire chasser une victoire d’étape).

Porte accuse maintenant un peu plus d’une minute 30 secondes de retard sur la 3e marche du podium, que Yates occupe. Je pense que le chrono d’aujourd’hui convient parfaitement à Porte, et qu’il devrait faire un grand bon en avant vers cet objectif.

Froome, quant à lui, passe un agréable moment en jaune sur ce Tour, jamais inquiété par quiconque et disposant d’une équipe au moins une jambe plus forte que toutes les autres sur l’épreuve. Sauf incident, il a déjà gagné ce Tour et l’intérêt de la course réside ailleurs maintenant.

Mieux connaître le blaireau

Je n’aime pas l’homme, mais j’ai toujours beaucoup respecté et aimé le coureur que fut Bernard Hinault. Un sacré teigneux, un exemple d’un mental de gagnant sur un vélo, et une classe folle.

L’Équipe propose ce vidé0-photo-radio reportage d’un nouveau genre sur le champion breton. C’est très bien fait et intéressant. À ne pas manquer si vous voulez mieux connaître la carrière de Bernard Hinault et le champion derrière.

Rappelons enfin que Bernard Hinault officie sur le Tour de France pour une dernière fois, prenant sa « retraite » très bientôt. Je l’ai entendu affirmé qu’après être passé à côté de l’éducation de ses enfants, il ne voulait pas passer à côté de celle de ses petits-enfants. On conviendra que c’est une bonne raison!

Tour de France: le chrono de la dernière chance jeudi?

Deuxième jour de repos sur le Tour aujourd’hui.

On entame donc le dernier droit demain, avec quatre étapes de montagne dans le secteur des Alpes pour sceller ce Tour de France.

Pour les adversaires de Chris Froome, bien en selle, il reste donc quatre occasions pour le renverser. Ca ne sera pas facile tant l’équipe Sky domine, et tant Chris Froome semble intouchable. Une défaillance de sa part est peu probable.

Pour moi, le test ultime demeure le chrono en côte jeudi prochain entre Sallanches et Mégève. Ca sera du un contre un à cette occasion, personne ne pourra se cacher et ce sont donc les jambes qui parleront. Je pense que nous aurons une confirmation que sur ce Tour, quatre hommes sont au dessus du lot: Froome bien sûr, mais aussi Mollema, Yates et Porte. L’inconnu demeure Quintana mais sur ce qu’on a vu jusqu’ici, il semble limite dans tous les cols.

Il reste également deux arrivées en altitude, qui représentent toujours une occasion d’avoir des écarts sur la ligne. La plus dure est demain vers Finhaut-Émosson, quelques pentes bien raides proches de la ligne d’arrivée étant au programme. L’autre c’est vendredi sur la route vers St-Gervais Mont Blanc.

Les autres batailles

D’abord, les victoires d’étape. Ils sont plusieurs à vouloir, à devoir, faire quelque chose. Je pense par exemple à Romain Bardet. À Nairo Quintana, qui a la pression. À Daniel Martin ou encore Fabio Aru, qui doivent aussi gagner au moins une étape pour justifier les attentes placées en eux. Ou encore à Pierre Rolland ou Warren Barguil.

Pour le maillot vert, ça semble plié pour Peter Sagan qui possède désormais une confortable avance sur Mark Cavendish et Marcel Kittel. Passant mieux la montagne que ces deux-là, il pourra encore aller grapiller des points sur les sprints intermédiaires au cours des prochains jours.

Pour le maillot à pois, c’est peut-être pas encore gagné pour Rafal Majka, actuellement en tête avec 37 points d’avance sur Thomas DeGendt. Ce dernier est un teigneux, et je pense qu’il peut refaire une grande partie de son retard avec une belle chevauchée sur une étape. Il risque d’y avoir encore de la bagarre pour ce maillot!

Pour le maillot blanc, je pense que c’est plié pour Adam Yates, à voir comment il grimpe en ce moment. Le deuxième du classement, Louis Meintjes, est à plus de trois minutes déjà.

Le dopage en Russie

Rapport accablant hier sur le dopage en Russie, un dopage étatisé qui remontait jusqu’au plus haut niveau politique. Si on s’en doutait un peu, cela reste une sacré tuile pour la crédibilité du sport, en particulier pour ces athlètes russes.

Il faut maintenant que l’AMA et le mouvement olympique aille au bout du raisonnement, et prennent la seule décision qui s’impose: suspendre toute la délégation russe des prochains JO.

La crédibilité du sport dans son ensemble est à ce prix.

Le peloton 2017

Outre Alberto Contador qui a confirmé sa venue chez Trek-Segafredo, les nouvelles tombent ces jours-ci à propos du peloton 2017. AG2R – La Mondiale a renouvelé son partenariat avec l’équipe jusqu’en 2020, une excellente nouvelle pour cette équipe de Chambéry et pour Hugo Houle.

Pinarello a également annoncé le renouvellement de son partenariat avec l’équipe Sky pour les quatre prochaines années. Par contre B-Twin, fournisseur des vêtements de l’équipe de la FDJ, arrêtera sa collaboration en fin d’année.

Tour de France: ca ne bouge pas!

Je sais pas vous, mais le comportement de plusieurs coureurs bien placés au général actuellement me frustre!

En effet, rien ne bouge. Rien n’a bougé hier sur les pentes du Grand Colombier.

On a vu un travail de l’équipe Astana pour préparer une attaque de Fabio Aru, qui a assumé et qui est parti à un moment donné. Or, personne placé comme lui à 5 minutes au général n’a bougé… Pourquoi les Martin, Porte, Kreuziger ne se sont-ils pas joints à lui?

Idem sur l’attaque, plus tard dans l’étape, de Romain Bardet, qui pointe à 4 minutes au général: pourquoi personne n’y est allé avec lui? Bardet a bien joué le jeu, restant un moment juste devant le peloton, comme pour dire « allez, venez, on y va! ». Or, rien.

C’est un peu désespérant.

Il est vrai que le train Sky est en fait un rouleau-compresseur et que des Poels, Nieve ou encore Landa sont archi-forts et capables de maintenir un rythme prévenant la plupart des attaques.

Mais je demeure convaincu qu’une succession d’attaques, même de courtes durées, userait les Sky et les rendraient nerveux. Ce n’est pas avec un coureur isolé qui attaque à 5 bornes de l’arrivée qu’ils vont déstabiliser l’équipe Sky qui l’a, jusqu’ici, assez facile si vous voulez mon avis.

Du coup, le Tour de France est-il déjà plié, avant les grosses étapes des Alpes? J’en ai bien peur.

Bauke Mollema se satisfera d’une 2e place, tout comme Adam Yates d’un podium. Quintana semble trop juste actuellement, usé par une première semaine où il a dû composer avec le vent, les bordures, et une course nerveuse. Les autres sont loin au général.

J’ai bien peur que les étapes des Alpes se résument à des coureurs qui tenteront leur coup sur une seule étape simplement pour « sauver » leur Tour.

Aujourd’hui, sur la route de Berne, un seul homme à surveiller: Fabian Cancellara, qui arrive chez lui.

Ventoux: la bonne décision?

Le maillot jaune Chris Froome a été victime d’une chute hier à environ 3 kilomètres de l’arrivée, chute causée par une moto télé juste devant le groupe Froome-Porte-Mollema et qui aurait été stoppée en raison de la densité de la foule présente. L’organisation n’aurait pas eu le temps d’installer les deux kilomètres de barrières prévues avant la ligne d’arrivée étant donné la décision tardive de déplacer cette ligne d’arrivée au chalet Reynard plutôt qu’au sommet du Ventoux en raison des forts vents prévus.

La scène a donné lieu à des images surréaliste d’un maillot jaune en footing, courant sur la route sans son vélo, ce dernier ayant été brisé par une autre moto n’ayant pu l’éviter. La scène m’a fait immédiatement penser à Lance Armstrong, lui aussi maillot jaune, traversant à vélo un champs après avoir évité la chute de Joseba Beloki dans le col de la Rochette sur le Tour 2003. Depuis, on n’avait pas fait plus cocasse!

Froome sera dépanné par sa voiture d’équipe plus loin, et lâche près de deux minutes sur la ligne par rapport aux coureurs qui, au moment de l’incident, étaient derrière lui.

Décision du collège des commissaires UCI (indépendants de la direction de course): on donne à Chris Froome le temps de Bauke Mollema qui était avec lui au moment de la chute. Il conserve donc son maillot jaune.

Personnellement, je trouve cette décision excellente, car elle respecte des critères sportifs. Cette chute n’appartient pas à la catégorie « incidents de course » dûs à toutes sortes de circonstances (inattention des coureurs, accrochages au sein du peloton, les causes sont nombreuses) mais est bien d’une cause externe à la course. Dans ce contexte, Froome n’a pas à être pénalisé d’un incident dont il est totalement étranger.

La plupart des coureurs étaient d’ailleurs d’accord avec la décision des commissaires, en premier lieu Adam Yates qui a déclaré ne pas vouloir le maillot jaune de cette façon. Comme je le comprends! À une autre époque, Merckx avait lui aussi refusé d’endosser le maillot jaune suite à la chute d’Ocana dans le col de Mente sur le Tour 1971.

Rappelons au passage que la règle des trois kilomètres ne s’applique pas lors d’arrivées au sommet comme hier. La décision des commissaires est donc de nature exceptionnelle.

Chose certaine, c’est à un drôle de Tour de France que l’on assiste cette année: la bannière de la flamme rouge qui se dégonfle soudainement il y a quelques jours, une arrivée relocalisée en raison de vents violents, maintenant une chute due à une moto-télé, où la série s’arrêtera-t-elle? Une avalanche sur le peloton dans le prochain col de la Colombière? La série devient embarrassante pour ASO…

Le Tour des beaufs…

D’après ce qu’on comprend, la moto-télé aurait été stoppée net par une foule trop importante ayant réduit la route à rien du tout, obligeant le motard à mettre soudainement les freins.

On peut se poser la question: qui sont ces gens sur le bord des routes qui font tout et n’importe quoi? L’ami Patrick pose la question dans un commentaire laissé hier sur ce site.

J’ai eu quelques discussions familiales à l’occasion de mon récent séjour en France, sur la base d’une simple question: qui, aujourd’hui, se déplace sur les routes du Tour? Le Tour et le cyclisme, après des années d’affaires de dopage, est-ce ringard?

Sans pouvoir le prouver, la foule du bord des routes en 2016 n’est peut-être plus exactement la même que celle qu’on voyait dans les années 1950, 60, 70, 80 et 90.

Les passionnés de vélo ont été refroidis par des années de dopage, et ne se font plus d’illusion. Ils pratiquent certes le vélo plus que jamais – la popularité des cyclosportives l’atteste – mais pour eux, à leur rythme – en gardant un oeil détaché sur le cyclisme pro. On peut croire qu’ils sont moins nombreux à se déplacer pour voir passer des coureurs auxquels ils ne croient plus vraiment.

Aujourd’hui, il est probable que la vaste majorité des gens qui sont sur le bord des routes du Tour soient des gens qui ne connaissent que très peu le cyclisme ou les coureurs, mais qui désirent participer à une fête dont ils entendent de plus en plus parler grâce à l’omniprésence des médias.

En d’autres mots, il faut aller voir le Tour comme il faut aller un jour dans sa vie voir la Tour Eiffel, Time Square ou Ronaldo.

Du coup, le beauf, le jeune du lycée, le nouveau retraité se disent: allons voir le Tour! Ils ne se sont évidemment jamais déplacés sur une course cycliste auparavant.

C’est ainsi que les accidents avec la foule sont en augmentation: les gens font tout et n’importe quoi sur le bord des routes car n’ont aucune idée de la vitesse à laquelle les coureurs peuvent arriver, n’étant jamais eux-mêmes montés sur un vélo.

C’est donc une foule différente, peu connaissante des choses du vélo, qui est aujourd’hui sur le bord des routes selon moi. Il n’en a pas toujours été ainsi. Je suis toujours surpris de voir la surprise dans le visage des coureurs lors des GP de Québec ou Montréal lorsque je leur donne le temps de retard sur les coureurs devant, un réflexe pour moi! Ces choses se perdent.

Les enseignements du jour

Outre l’incident d’hier, l’étape a été riche en enseignements.

D’abord, superbe DeGendt qui confirme en quelque sorte sa victoire, il y a quelques années, au Stelvio sur le Giro: c’est un sacré teigneux, et un sacré coureur aussi car il a su parfaitement gérer son final, sans s’affoler devant les attaques et parfois le retour de ses deux adversaires, Pauwels et Navarro. Et du coup, il se relance dans la course au maillot à pois qu’il domine maintenant de 9 points sur Thibault Pinot! De Gendt faisait partie de mes favoris pour l’emporter hier.

Ensuite, Thibault Pinot justement: ce dernier a été inexistant hier, et on apprend qu’il souffrirait d’une bronchite. Il faudra voir s’il pourra s’en remettre à temps pour pouvoir être dans le coup dans les Alpes. Ce n’est jamais simple de guérir d’un tel truc sur un Tour de France où vous tapez dedans tous les jours. Chose certaine, il y a aussi un mal plus profond, qui s’appelle peut-être « grosse fatigue » (plusieurs d’entre vous l’avez écrit en commentaires au cours des derniers jours). C’est du moins ce qu’on apprend dans cet article.

On a aussi vu les limites de Nairo Quintana hier selon moi. S’il n’a pas bronché dans les Pyrénées, c’est qu’il ne pouvait probablement pas faire plus. S’il a essayé d’attaquer hier dans le Ventoux, il a rapidement été repris puis lâché par notamment un Bauke Mollema que je n’attendais pas à ce niveau. Hier, Mollema a été la surprise du jour, c’est clair. Son retour sur le duo Froome-Porte quelques instants avant l’incident ne peut mentir sur les jambes qu’il a en ce moment.

Fabio Aru semble aussi plafonner. Si j’avais à prédire aujourd’hui le podium de ce Tour, je dirais probablement Froome, Porte et Mollema!

Sagan aurait-il dû laisser gagner Bodnar avant-hier?

Vous êtes nombreux à avoir évoqué la question: ayant déjà remporté une étape, Sagan aurait-il dû offrir la victoire d’étape à son équipier Bodnar lors de l’étape avant-hier?

On a souvent vu ce geste de la part de leaders d’équipe dans certaines circonstances en effet.

Le problème hier, c’est que Froome a sprinté et que dans ce contexte, Sagan ne pouvait pas prendre le risque de voir la victoire échapper à l’équipe. Meilleur sprinter que Bodnar, il ne pouvait donc pas prendre le risque de faire passer Bodnar, car Froome aurait pu en profiter. Pas de faute à mon avis!

Nice

Petite pensée aujourd’hui pour les victimes de l’attentat de Nice hier, ainsi que pour leur famille. Quand cela s’arrêtera-t-il? Vous le savez, mais je le redis aujourd’hui: je suis français autant que québécois!

Le Ventoux, un 14 juillet…

L’étape promet demain d’être animée par les coureurs français en ce jour de la fête nationale, le 14 juillet.

Ca risque de se résumer à une vraie course de côte, l’arrivée ayant été devancée au chalet Reynard aux deux tiers de l’ascension en raison des vents violents attendus en après-midi près du sommet: 100 km/h! Ca décoiffe!

Les coureurs français ne l’auront cependant pas facile considérant le prestige d’une victoire sur les pentes du Mont Ventoux: beaucoup de coureurs en rêvent!

Les meilleurs espoirs français résident probablement avec Thibault Pinot, qui a déjà affirmé que c’était son prochain objectif sur ce Tour de France, maintenant qu’il est loin au général.

Je pense que Romain Bardet visera plutôt à continuer de jouer le général, et éventuellement de s’imposer à domicile pour son équipe AG2R La Mondiale, soit dans les Alpes.

Une échappée partira de loin c’est sûr, des coureurs français comme Julian Alaphilippe, Thomas Voeckler, Alexis Vuillermoz ou encore Romain Sicard, désormais loin au général, pourraient tirer leur épingle du jeu.

Pour Warren Barguil et Pierre Rolland, ce sera plus compliqué car ils sont encore à seulement 3 et 5 minutes au général.

Outre les coureurs français, des coureurs comme Thomas de Gendt ou Rui Costa pourraient refaire un numéro, ou encore Wilco Kelderman. Jurgen Van Den Broeck, Vicenzo Nibali, Daniel Navarro, Ilnur Zakarin, Peter Stetina, ou encore Jakob Fulgsang ne rateraient pas l’occasion non plus si elle devait se présenter.

Nairo Quintana? Je pense qu’il continuera de calquer sa course sur celle de Chris Froome et continuera d’attendre la dernière semaine pour abattre ses cartes… s’il en a.

Terminons enfin en soulignant que le Québécois Antoine Duchesne joue un peu à domicile lui aussi, vivant en France pas très loin du Mont Ventoux et connaissant donc bien le secteur qu’il emprunte sur ses routes d’entrainement. S’il pouvait se glisser dans une échappée tôt dans la course, il a peut-être des chances de bien faire!

La 10e étape (Matthews)

Très très belle victoire d’équipe mardi sur la 10e étape du Tour avec Michael Matthews, superbement épaulé dans le final par son équipier Daryl Impey qui a cuisiné à la perfection Peter Sagan, un sacré client tout de même. Payez-vous les images du dernier kilomètre, c’est mené parfaitement par l’équipe Orica qui connait manifestement son cyclisme 101.

La 11e étape (Sagan)

Probablement insatisfait de sa 2e place la veille, Peter Sagan s’est bien repris hier dans un final également très intéressant, où le vent – donc les bordures – a durci considérablement la course. Par moment, ça pétait de partout! Je dois dire que Chris Froome m’a surpris dans le final, n’hésitant pas à embrayer derrière Sagan et Bodnar qui avaient décidé de jouer la bordure jusqu’à la fin. Geraint Thomas a réagi avec un petit temps de retard, mais a pu accompagner pour créer une échappée de quatre, mais composée de seulement deux équipes. Dans ce contexte, il était clair que ça n’allait pas se regarder longtemps! Bodnar a roulé pour la victoire d’étape de Sagan, Thomas pour le gain (modeste) en temps de Chris Froome.

La question toutefois: Chris Froome en fait-il trop en ce moment sur le Tour? Paiera-t-il tous ces petits efforts dans le final des étapes une fois qu’il sera dans la dernière semaine? C’est à voir, Quintana est plutôt dans un mode économie…

Confirmé: Contador chez Trek-Segafredo

En marge du Tour de France, les transferts vont bon train, notamment dans le contexte où l’équipe Tinkoff arrête en fin d’année.

Le premier très gros transfert de l’année vient d’être confirmé par les médias: Alberto Contador sera chez Trek-Segafredo l’an prochain.

La confirmation finale interviendra après le 1er août, date imposée par l’UCI pour le début « officiel » de la saison des transferts.

Évidemment, l’arrivée de Contador n’est pas étranger au fait que Fabian Cancellara arrête sa carrière fin 2016, et libère donc une grosse masse salariale.

L’équipe Trek désire se repositionner sur la scène des grandes épreuves par étapes. Avec Mollema et Hesjedal, l’équipe pouvait assurer une certaine présence sur ces courses, mais n’avait pas sous contrat un coureur capable sur papier de s’imposer par sa force (Mollema et Hesjedal pouvaient s’imposer selon les circonstances de course, ce que Hesjedal a fait au Giro il y a quelques années).

Avec Contador, qui n’est plus très jeune, l’équipe Trek-Segafredo se paie donc un coureur capable de bien faire sur la scène des grands tours dès la saison prochaine, et pour deux ans, la durée de son contrat (la 2e année est optionnel). Voilà qui laissera à l’équipe le temps de chercher une autre pépite, qui pourrait bien être… Adam Yates par exemple, car il sera peut-être désormais trop à l’étroit chez Orica avec la présence de Esteban Chaves qui joue dans le même registre. La cohabitation de deux grands leaders au sein d’une même équipe demeure difficile, on le voit cette année avec Nibali et Aru.

Contador change donc d’équipementier, de Specialized à Trek. Ce changement sera facile, Contador ayant déjà couru avec le matériel Trek lorsqu’il était chez Astana à la fin des années 2000.

Personnellement, je pense que c’est un excellent transfert à la fois pour Trek-Segafredo et pour Contador qui n’a jamais eu le soutien qu’il méritait chez Tinkoff. Chez Trek, Contador retrouvera Mollema (qui vient de re-signer dans l’équipe pour deux autres saisons), Stetina et Frank Schleck dans un premier temps. Je pense que dans un deuxième temps, l’équipe se renouvellera passablement, car elle compte beaucoup de coureurs âgés de 35 ans ou plus. Elle a récemment mis sous contrat John Degenkolb justement dans l’optique d’aussi préparer ce renouvellement et l’avenir.

Enfin, je pense qu’Alberto Contador ne sera plus le coureur le mieux payé du peloton l’an prochain. Son contrat a probablement été revu légèrement à la baisse, compte tenu notamment de ses récents échecs sur le Tour de France et de la montée en puissance d’autres coureurs comme Peter Sagan.

Pourquoi le buzz autour de la position de Froome en descente?

Les médias ont beaucoup parlé de la position de Chris Froome dans la descente de Peyresourde durant l’étape de samedi.

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Je ne vois pas pourquoi!

Cette position est souvent vue dans le peloton depuis des années déjà, notamment chez Peter Sagan. Cette position lui a permis de faire quelques jolies et très rapides descentes qui tendent à prouver que la position couchée sur le tube horizontal, une partie du torse en appui sur le guidon, est bel et bien efficace.

Ceci étant, et pour l’avoir essayé, je trouve cette position dangereuse pour le coureur qui l’adopte et pour les autres cyclistes qui peuvent l’entourer.

Dans une telle position, une partie importante du poids corporel repose sur l’avant du vélo. Du coup, le vélo devient très réactif aux changements de direction et il est facile d’aller à la faute, bien sûr cette position étant faite pour les grandes vitesses.

D’autre part, dans une telle position, difficile de tourner rapidement le guidon pour réagir à un éventuel obstacle sur la route. La position est peut-être relativement tenable en ligne droite, mais il ne faut pas qu’il y ait d’imprévus.

Enfin, dans une telle position, on a parfois l’impression que l’arrière du vélo « flotte », pouvant entrainer une perte d’adhérence.

Bref, n’essayez pas cette position sauf si vous êtes déjà un bon équilibriste sur le vélo!

Cette position serait-elle plus dangereuse que celle adoptée, il y a 20 ans déjà, par Marco Pantani, le ventre reposant sur la selle, et le corps tout à l’arrière du vélo? Je ne crois pas, les deux sont dangereuses: dans un cas il y a trop de poids sur l’avant du vélo, dans l’autre pas assez!

Bref, je préfère une bonne position traditionnelle en descente: mains en bas du guidon, bien penché, le poids du corps bien réparti sur l’avant et l’arrière du vélo, les jambes qui serrent le tube horizontal pour absorber les vibrations, deux doigts sur les freins au cas où. Ca m’a évité bien des soucis!

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