Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : août 2013

La Flamme Rouge: 10 ans déjà!

La Flamme Rouge naissait il y a 10 ans, soit le 27 août 2003.

Le premier texte traitant de l’actualité cycliste (la signature de Tom Danielson chez Fassa Bortolo) est disponible ici.

Depuis, que de chemin parcouru avec vous!

Aujourd’hui, La Flamme Rouge a su trouver sa niche parmi les sites web cyclistes, et sa popularité a été sans cesse croissante, peut-être parce que ce site est exempt de la langue de bois, souvent en vigueur ailleurs.

Il n’est pas rare, durant les grandes épreuves cyclistes ou lors de dossiers chauds sur le dopage, que La Flamme Rouge attire entre 2 500 et 3 000 lecteurs par jour, parfois même un peu plus!

Surtout, La Flamme Rouge fut pour moi une formidable occasion de rencontrer des gens, dont certains sont devenus des amis. Je pense par exemple à Patrick et Pascal que je salue au passage. Il y en a bien d’autres aussi, au Québec comme en France, en Suisse ou en Belgique.

Alors en ce jour forcément un peu spécial, c’est donc vers vous tous que je me tourne pour vous remercier de fréquenter ce site d’abord, pour vous remercier ensuite de votre fidélité, et enfin pour vous remercier de tous vos commentaires (mention spéciale à Alain39!) qui font de ce site un forum unique et de grande qualité où nous pouvons débattre de l’actualité cycliste.

Je ne vous cacherai cependant pas que ce 10e anniversaire survient alors que je suis plongé dans une grande réflexion sur l’avenir de ce site. Cette réflexion a été amorcée il y a environ un mois alors que j’étais en vacances et suite à la publication du texte « Non, je ne parlerai plus jamais de dopage » par Guillaume Prébois. Ce texte m’a fortement ébranlé pour tout vous dire!

Pour rajouter au contexte, j’étais alors plongé dans la lecture du livre-choc de Pierre Ballester, Fin de cycle – Autopsie d’un système corrompu, passionnant mais aussi assez décourageant quant aux chances que le cyclisme – voire le sport professionnel tout entier – soit un jour plus propre et surtout, exempt de corruption.

Pour Guillaume, le constat est clair: « La guerre (ndlr: contre le dopage) est perdue les amis. (…). A l’heure où j’écris ces lignes, de nouvelles molécules sont testées dans le peloton. Les laboratoires antidopage ont dix ans de retard. »

Comme Guillaume, j’ai toujours dénoncé sans relâche sur ce site les dérives du sport cycliste, tant en ce qui concerne le dopage que sa gouvernance.

Aujourd’hui, je me pose la question: à quoi bon continuer de dénoncer les tricheurs et les dérives de ce sport puisque très peu de choses changent? Soyons réalistes: à bien des égards, nous pissons dans un violon.

Après tout, réjouissons-nous: ne vient-on pas d’annoncer qu’aucun coureur n’a été testé positif sur le dernier Tour de France durant lequel la foule a été nombreuse sur le bord des routes? Et Lance Armstrong continue de se taire, privé d’un cadre dans lequel il pourrait faire de vrais aveux afin de couler ceux qui l’ont aidé à se doper durant sa carrière.

Il existe pourtant de vraies raisons de se réjouir. Jalabert, Zabel et Blijlevens ont par exemple été virés de leurs responsabilités respectives dans le cyclisme suite aux révélations du rapport publié par le Sénat français, ou suite à leurs aveux.

Pat McQuaid fait également face à de sérieux problèmes pour se faire ré-élire à la présidence de l’UCI, la Fédération suisse venant de le lâcher.

Et on peut espérer qu’avec un possible renouvellement à la tête de l’UCI fin septembre, certains dossiers débloqueront, notamment celui d’Armstrong, car les nouvelles personnes en place ne seront pas visées personnellement par les aveux des coureurs, ni n’auront à coeur de protéger la réputation de leurs prédécesseurs.

Bref, je me pose quelques questions en ce moment, et j’estime qu’il s’agit d’un processus sain afin que La Flamme Rouge existe toujours pour les bonnes raisons, et question de ne jamais « tourner à vide ».

Au fond, la question de l’avenir de ce site renvoie à quelques éléments très simples, soit ma passion du cyclisme, mon désir de la partager avec vous, et la satisfaction que je tire d’essayer de donner l’heure juste, de faire – toujours modestement – de tous les lecteurs de ce site des observateurs éclairés de ce si beau sport.

Une Vuelta spectaculaire

Capture d’écran 2013-08-23 à 09.29.52C’est pas compliqué, on comprend l’esprit de la Vuelta 2013 à une seule statistique: sur les 21 étapes de la course, pas moins de… 11 comportent une arrivée en altitude!

Bref, festival de cols cette année sur la Vuelta, question d’entretenir l’intérêt du public.

Au menu donc de Messieurs les coureurs, 3 360 kilomètres de course comportant 27 kms de chrono par équipe, 39 de chrono individuel et… 39 cols. Beaucoup de plaisir en perspective!

L’entrée en la matière sera immédiate avec le chrono par équipe demain samedi. Et on enchaînera tout de suite dimanche, lors de la deuxième étape, avec une étape piégeuse qui se terminera au sommet du « Alto Do Monte Da Groba » au terme d’une courte mais pentue ascension d’une dizaine de kilomètres. Les prétendants à la victoire finale n’auront d’autres choix que d’être déjà dans le coup!

La 8e étape (arrivée en altitude à Alto Penas Blancas – 14,5 kms à 6,6% de moyenne, arrivée inédite), la 10e étape (arrivée en altitude à Alto Hazallanas, avec ses passages à 20%), la 11e étape (chrono individuel), la 14e étape (arrivée en altitude à Collada de la Gallina), la 15e étape (arrivée à Peyragudes, en France), la 16e étape (arrivée en altitude à Aramon Formigal) puis surtout la 20e étape (arrivée en altitude au sommet du terrible Angliru) seront les autres temps forts de la course.

Avec un tel parcours, on peut écrire avec certitude « rebondissements garantis »!

Les favoris

Le vainqueur facile du Giro en premier lieu, Vicenzo Nibali. Un doublé Giro-Vuelta, rare dans le cyclisme, le ferait entrer droit dans la légende de ce sport. Seuls Eddy Merckx (1973), Giovanni Battaglin (1981) et plus récemment Alberto Contador (2008) ont réussi ce doublé à ce jour.

Alejandro Valverde. Le vainqueur de la Vuelta 2009 est motivé après un très bon Tour de France. Il dispose d’une bonne équipe autour de lui, et bénéficiera de l’appui du public.

Joaquim Rodriguez. 3e du récent Tour de France, il court toujours après une victoire sur un grand tour. La Vuelta 2013 semble avoir été taillée pour lui, avec de nombreuses arrivées en altitude lui permettant de faire parler sa giclette dans les deux derniers kilomètres.

Les outsiders

Samuel Sanchez. On n’a cependant aucun repère de forme considérant le coureur espagnol. Il est bien entouré au sein de son équipe, avec notamment Mikel Nieve et Igor Anton. Tous ces coureurs seront très motivés pour se montrer puisque l’équipe arrête en fin de saison et qu’ils sont tous à la recherche d’une place au sein d’une autre formation en vue de la saison prochaine.

Ivan Basso. On ignore totalement ce qui lui reste ainsi que sa condition actuelle. On sera vite fixé avec un tel parcours!

Dan Martin. Le vainqueur de Liège-Bastogne-Liège est capable de bien figurer, mais n’a jamais tenu 3 semaines au plus haut niveau.

Roman Kreuziger. Peut créer la surprise, pour preuve son récent Tour de France. Il est mûr.

Bauke Mollema. Lui-aussi, peut créer la surprise.

Michele Scarponi. Sur un tel parcours, le grimpeur italien est capable de se distinguer. Moins explosif que Rodriguez, un podium est certainement possible.

Thibault Pinot. Saura-t-il vaincre son appréhension dans les descentes? Il aura en tout cas moins de pression que sur le Tour de France et pourra espérons-le se « lâcher » un peu!

Les Canadiens

Guillaume Boivin. Objectif sprint pour le coureur québécois qui arrive assez frais sur l’épreuve, son premier grand tour. Le parcours ne convient cependant pas du tout aux qualités de Boivin, et ca sera très dur pour lui de terminer dans les délais sur les étapes de montagne à la fin de l’épreuve. Il trouvera également le jeune Warren Barguil sur sa route dans les sprints.

Christian Meier. Le Canadien est rompu à ce type d’effort et sera de service pour les sprints chez Orica-Green Edge.

Ils préparent les Mondiaux

Tony Martin. Fabian Cancellara. Tous deux sont là pour s’affuter, Martin pour le chrono des Mondiaux et  Cancellara pour la course sur route, son dernier grand objectif de carrière avant la retraite.

Philippe Gilbert. Edvald Boasson Hagen. Simon Gerrans. Ils préparent tous la course sur route.

Tous les coureurs au départ sont ici.

À la télé

À priori, pas de retransmission de la Vuelta à la télé au Québec et c’est bien dommage.

Grande entrevue avec David Veilleux

Mercredi 14 août. Dernier jour de vacances pour moi. Je termine en beauté: sortie d’entrainement prévue avec David Veilleux (Europcar) du côté de Lévis, question de faire une petite interview avec lui. La sortie sera finalement annulée, fraicheur (12 degrés), pluie et vent étant de la partie, mais David et moi nous sommes tout de même rencontrés pour l’entrevue, alors qu’il se rendait au 3e chrono d’une série régionale qui porte son nom.DV_1

Bref, pour le retour de La Flamme Rouge au service normal, grande entrevue avec David, que voici. J’aime bien David, un coureur généreux dans l’effort comme envers les autres, qui fait du vélo comme moi La Flamme Rouge pour les bonnes raisons et qui a su garder toute sa tête, sa modestie, malgré ses succès pourtant géants.

La Flamme Rouge: Salut David, merci de nous accorder une entrevue.

David Veilleux: Ca me fait plaisir.

Thème 1: Matos

LFR: On devait aller rouler ensemble, le froid et la pluie ont modifié nos plans mais je vois que ton vélo équipé d’un groupe Super Record électrique. Content?

DV: Oui, content, je n’ai eu aucun problème avec mon groupe. J’en suis très satisfait.

LFR: J’ai l’impression que ce n’est pas tous les coureurs Europcar qui utilisent le groupe électrique.

DV: Tu as raison, certains, comme Pierre Rolland ou Thomas Voeckler, préfèrent encore le groupe mécanique, d’une fiabilité absolue. Les coureurs pro mettent à rude épreuve le matériel et je sais que le groupe électrique a parfois manqué de fiabilité, mais de mon côté je n’ai eu aucun problème à ce jour.

LFR: L’équipe Europcar utilisez aussi les roues Campagnolo Bora, dans toutes les conditions. Je les aime aussi beaucoup, mais je trouve le freinage sous la pluie délicat, notamment dans les cols.

DV: J’aime moi-aussi beaucoup les Bora et je les utilise quasiment tout le temps. Pour le freinage, le secret réside dans les patins de freins. On utilise des patins de freins Campagnolo rouges, de type BR-BO500.

LFR: Tu les chausses même en montagne?

DV: Oui, même en montagne. Sur des accélérations en côte, elles sont un peu moins réactives que les Hyperon, mais elles sont plus polyvalentes. J’avais les Bora sur l’étape du Ventoux lors du Tour, car on avait 200 bornes de plat juste avant d’entamer l’ascension.

LFR: Et tu collabores aussi avec Louis Garneau au développement des produits?

DV: Exact, j’étais même avec eux ce midi pour en parler. Chez Europcar, chaque coureur est libre concernant les périphériques (lunettes, souliers, etc.) et les miens sont des Garneau. Je teste actuellement une nouvelle paire de chaussures par exemple. Garneau me fait essayer pas mal de produits et ca fait partie de notre collaboration.

Thème 2 : Tour de France 2013

LFR: Revenons un peu sur ton récent Tour de France. Avant le départ, tu avais des doutes sur tes capacités d’arriver à Paris?

DV: Sur trois semaines de course, il y a beaucoup de choses que tu ne contrôles pas. Alors oui, forcément, je me posais la question. Je savais que j’étais capable, mais il fallait aussi que tout aille bien.

LFR: Ton meilleur moment?

DV: L’arrivée sur les Champs Élysées remplis de spectateurs, sur les pavés, au soleil couchant et où m’attendait ma famille. C’est assez spécial, et rempli de signification après 3 semaines de course.

LFR: Ton pire moment?

DV: La 19e étape entre Bourg d’Oisans et Le Grand Bornand. Cétait long, c’était dur, le lendemain de l’étape de l’Alpe d’Huez. J’ai tenu jusqu’au moment ou Sagan s’est relevé avec 2 de ses équipiers. Comme je savais qu’ils rentreraient dans les délais, je me suis relevé aussi, question de bien gérer pour la suite du Tour.

LFR: Un regret?

DV: Oui et non. C’est difficile de s’échapper sur le Tour, c’est tellement dur! Je n’ai pas de regret dans le sens d’avoir manqué une échappée. Mais on veut toujours faire mieux!

LFR: As-tu constaté certaines adaptations physiologiques sur trois semaines de course?

DV: Pas vraiment, je n’ai pas perdu de poids sur le Tour! J’ai cependant été surpris d’avoir parfois, le soir des étapes, les jambes très lourdes mais elles repartaient efficacement le lendemain. Les jambes tournaient bien, même si elles étaient raides.

LFR: À ton avis, les Europcar ont-ils été victimes d’une vandetta des Movistar suite à l’étape où Valverde crève alors que vous rouliez devant?

DV: Non, pas du tout. C’est une simple coïncidence que nous roulions devant alors que Valverde crève. Pierre était devant pour simplement se tenir en sécurité et faire sa course, point. Cette histoire, c’est n’importe quoi car il est déplacé de croire que Pierre voulait faire la différence sur une étape de plat!

Thème 3 : Une nouvelle popularité

LFR: David, ta popularité a beaucoup augmenté depuis l’annonce de ta sélection sur l’équipe Europcar du Tour de France. Comment vis-tu cela?

DV: Bien. Je me fais parfois reconnaître désormais, mais ce n’est jamais achalant, comme l’autre jour en achetant des draps! J’ai plus de sollicitations lors d’événements cyclistes comme la récente cyclo Louis Garneau. Je ne recherche pas la popularité, mais ca me fait plaisir de voir que les gens ont suivi mes récentes performances.

LFR: Mardis cyclistes de Lachine, cyclo Louis Garneau, Solidarité Lac Mégantic, tu réponds aussi beaucoup aux sollicitations.

DV: Oui. Je pourrais les ignorer, mais j’estime que c’est un peu mon devoir. Il y a tellement de gens qui m’ont aidé pour que j’arrive là où je suis, alors si je peux aider d’autres gens, peut-être d’une autre façon, je le fais.

Thème 4 : Saison 2013

LFR: David, tu es rentré au Québec sitôt le Tour de France terminé, il y a trois semaines. Quels sont tes prochains objectifs?

DV: En fait, mes deux prochains objectifs sont les GP de Québec et Montréal. Après le Tour, j’avais besoin de repos, ca fait du bien d’être un peu à la maison car c’est usant d’en être souvent loin. Je suis très satisfait de ma saison 2013.

LFR: Pas de David Veilleux dans l’équipe canadienne pour les Mondiaux de Florence?

DV: Non, pas cette fois-ci, le parcours est très exigeant et il faudra être au top pour y briller.

Thème 5 : Saison 2014

LFR: Je t’ai récemment entendu lors d’autres entrevues être évasif sur ta saison 2014. Tu poursuis d’ailleurs toujours des études d’ingénieur.

DV: Je n’ai pas encore trop pensé à ma saison 2014. J’ai plusieurs options devant moi. Je n’ai actuellement pas de plans bien établis, j’ai toujours pris le vélo une saison à la fois et je ne me mets pas de pression pour la suite. Je ne me force pas à faire une carrière de coureur pro jusque 35 ans, et j’ai la chance de ne pas avoir que le vélo dans la vie. Je suis actuellement coureur pro par plaisir et par passion, une année à la fois!

LFR: Que souhaite-t-on à David Veilleux en 2014 maintenant que tu as gagné une étape du Dauphiné et terminé le Tour ? Une victoire sur une Classique?

DV: Je suis davantage un coureur pour les courses par étapes que les classiques, ca c’est certain. Même si je me place bien, les efforts sur les classiques sont très différents de ceux qu’on fait sur les courses par étapes. Alors j’aimerais encore briller sur des courses par étapes en allant chercher des victoires d’étapes, voire de bonnes places au général.

Thème 6 : La vie d’un coureur pro

LFR: Parlons un peu de ta vie de coureur pro. En Europe, tu es basé en Vendée?

DV: En fait, je suis itinérant! Cet hiver, j’ai par exemple passé deux mois avec ma conjointe à Gérone, que je connais bien. J’y vais pour bénéficier d’une bonne météo durant l’inter-saison. Je me suis ensuite un peu promené, notamment à l’occasion des stages de préparation de l’équipe Europcar, mais ma « maison » est effectivement le service course de l’équipe Europcar en Vendée, ou j’ai ma chambre.

LFR: Comment vis-tu l’éloignement lorsque tu es en Europe?

DV: Ce n’est pas toujours facile, mais je suis capable de mettre cela de côté, de faire de travail de coureur pro. Dans mon cas, ca se passe quand même bien.

Thème 7 : Entrainement

LFR: Ton rythme cardiaque au repos?

DV: Environ 38-40 pulsations/minute.

LFR: À combien de séances d’entrainement te soumets-tu par semaine?

DV: 6 ou 7.

LFR: Parfois deux la même journée?

DV: C’est plutôt rare, mais ca peut arriver.

LFR: Et tu suis une diète spéciale?

DV: Oui, tout à fait, je fais très attention. Je bois par exemple peu d’alcool, et j’ai banni le bacon de mes déjeuners depuis fort longtemps! Chez Europcar, c’est cependant plus facile, car nous avons le camion Fleury-Michon pour nos repas, donc ils nous suivent de près côté diététique. Tu sais, le vélo c’est beaucoup une affaire de rapport poids-puissance et depuis mon arrivée en Europe, j’ai réalisé l’importance qu’un bon rapport avait. J’ai globalement maigri depuis 3 ans.

LFR: Côté récupération, vous êtes massés tous les soirs en compétition, mais hormis cela, tu utilises d’autres moyens comme l’électrostimulation?

DV: Oui, je pratique l’électrostimulation, juste pour des cycles de récupération cependant. On utilise aussi Veino Plus, qui est un commanditaire de l’équipe, pour la récupération. Évidemment on utilise les bas de compression et après les étapes, Fleury-Michon nous prépare un repas à consommer tout de suite après en avoir terminé. Beaucoup de glucides!

LFR: Et durant la course, tu consommes quoi?

DV: Je mange en fait beaucoup de barres énergétiques, et je garde les gels pour le final des étapes. Si tu commences les gels trop tôt dans l’étape, tu satures au niveau du goût du sucre, et tu peux manquer d’énergie plus tard car des gels, c’est de l’énergie très rapide. Une fois qu’on commence les gels, il faut les poursuivre car sinon, c’est facile de manquer d’énergie.

LFR: Comment as-tu modifié ton entrainement pour encaisser la distance des courses pro en Europe?

DV: En fait, on fait beaucoup de volume à l’entrainement, car on court beaucoup et les intensités, c’est en course qu’on les fait. Je fais quand même du spécifique à l’entrainement, mais pas tant que ca, c’est vraiment axé sur le volume, pour ne pas qu’on se brule non plus.

LFR: Donc tu peux faire des sorties de 5-6 heures?

DV: Oui, tout à fait, mais pas en ce moment, je n’en ai pas besoin après le Tour! Les 5-6 heures, je fais plutôt ca durant l’inter-saison, pour me préparer aux compétitions.

LFR: Ton entraineur de longue date est Pierre Hutsebault. Pas d’entraineur chez Europcar?

DV: Non, en fait l’équipe Europcar n’impose pas d’entraineur à ses coureurs. Comme je suis un des seuls à utiliser un capteur SRM à l’entrainement. Certains ont une approche plus traditionnelle du cyclisme, il existe des différences dans les méthodes d’entrainement des coureurs. Pierre Rolland est très pointu à l’entrainement, Thomas Voeckler gère davantage aux sensations, et ca lui réussit aussi très bien.

Thème 8 : Dopage

LFR: Pour terminer, évoquons un peu les contrôles anti-dopage. Combien de fois as-tu été testé cette année?

DV: En 2013, environ une dizaine de fois peut-être. Le CCES sont d’ailleurs venus chez moi près de Québec la semaine dernière pour me tester!

LFR: Tu as un passeport biologique bien sûr?

DV: Oui, mais j’ignore beaucoup de choses sur ce passeport biologique. J’ignore par exemple sur combien de tests sanguins ce passeport repose, 5 ou 6 peut-être? Je n’ai en tout cas jamais eu 5 ou 6 tests sanguins durant une année pour le passeport! Mais j’ai eu des tests sanguins avant et pendant le Tour. Mon intuition est qu’ils ciblent beaucoup les coureurs et que pour certains, le nombre de tests est plus élevé que pour d’autres coureurs.

LFR: Tu dois te conformer aux exigences du système Adams de localisation. Beaucoup de coureurs s’en plaignent, estimant qu’il s’agit d’une contrainte importante, voire d’une atteinte à leur vie privée. Est-ce vraiment contraignant?

DV: Je dois en effet leur dire où précisément je suis et ce, tous les jours durant une fenêtre d’une heure. Tous les jours. Mais je peux remplir le calendrier pour les trois prochains mois, et le mettre à jour régulièrement. Et il est simple de leur trouver une heure: moi, je leur donne souvent entre 7h30 et 8h30 le matin. Je peux me faire réveiller, c’est sûr, mais t’es sûr que tu es là où tu leur as dit que tu étais. Oui c’est une contrainte, mais pour moi, cela fait partie intégrante de la vie d’un coureur professionnel. Parfois, je trouve que certains coureurs en rajoutent, car ce n’est pas si contraignant que ça. Et je crois qu’en fait, ca aide tout le monde.

LFR: Merci David, bonne fin de saison, et j’invite tous les lecteurs de LFR à ne pas hésiter à t’encourager lors des GP de Québec et Montréal très prochainement.

Départ de la Haute Route Alpes 2013

Capture d’écran 2013-08-17 à 09.30.24Demain dimanche, c’est le grand départ de l’édition 2013 de la Haute Route, version Alpes.

Au menu des participants, 7 étapes entre Genève et Nice, pour une distance totale de presque 900 bornes à avaler.

La 3e étape entre Val d’Isère et Serre Chevalier, sur 164 bornes, sera assurément un moment difficile de par la longueur, même si les cols du jour ne sont pas trop difficiles.

La 5e étape propose aux coureurs un chrono dans la Bonnette, sur une distance de 23 bornes. Là encore, de quoi se faire mal!

La météo

Belle semaine annoncée pour les participants, avec du beau au moins jusque samedi prochain!

Pour la gagne

Le vainqueur des deux premières éditions de la Haute Route, l’extraterrestre Peter Pouly, est de retour cette année et il est, selon moi, dans une autre catégorie. Je vois mal comment il pourrait être battu!

À surveiller de près également, le jeune et prometteur David Polveroni, dossard 245. Il sera assurément devant, mais de là à titiller Pouly… Allez David, je te souhaite la meilleure des chances!

À surveiller aussi, Nicolas Raybaud, 16e l’an dernier et équipier de Pouly. Un mec très sympathique par ailleurs. Allez, bonne chance Nicolas!

Chez les femmes, Emma Pooley est de retour et devrait également s’imposer sans difficulté.

Le site de la Haute Route offre cette année un « Live Tracker » permettant de suivre la progression des coureurs en direct. Et les résultats des étapes seront disponibles ici.

Les participants

Ils sont environ 600, beaucoup d’Américains, d’Anglais, de Suisses mais curieusement, assez peu de Français. On retrouve près de 35 nationalités différentes sur cette édition de la Haute Route, comme l’an dernier: il y a des Israéliens, des Russes, des Japonais, des Brésiliens, des Australiens, des Irlandais, des Sud-africains, des Norvégiens, des Suédois!

Je tiens également à souhaiter bonne chance et bon courage à Christian Haettich, ce cycliste handisport pour lequel j’ai le plus grand respect.

Les Canadiens

Ils sont un peu plus de 25 au départ. Deux équipes sont à forte dominance canadienne, soit Magic Places et TCR Canada. On remarque la présence d’environ 5 Québécois, soit Luc Pressault, Guillaume Perrault, Alain Lambert et mes amis Yves Lefebvre et Pascale Legrand, déjà présents l’an dernier.

Je souhaite bien évidemment bonne chance et bon courage à Yves et Pascale, en leur rappelant également la prudence en particulier dans les descentes de cols! Profitez-en bien chanceux, et souffrez un peu en pensant à moi comme moi je penserai à vous cette semaine!

Digne de confiance, Pat McQuaid?

Malgré les vacances, c’est plus fort que moi: je suis scandalisé par ce que j’apprends dans l’excellent ouvrage « Fin de cycle » écrit par le journaliste d’enquête Pierre Ballester. Et je n’en suis qu’à la moitié!

Je vous recommande ce livre sans réserve aucune si vous voulez comprendre les rouages de la gouvernance non seulement du cyclisme, mais aussi du sport mondial.

Ce qu’on y apprend est terrifiant!

Le pouvoir, les relations et les manoeuvres d’Hein Verbruggen, ex- et président de facto (dans l’ombre de McQuaid) de l’UCI,  y sont bien expliquées, et elles font frémir. Ballester y révèle les origines plus que douteuses de sa fortune personnelle, ses manoeuvres durant les années Armstrong ainsi que son influence actuelle, toujours bien présente sur non seulement l’UCI, mais aussi le CIO.

Le plus choquant dans ce livre? C’est qu’à sa lecture, on réalise que le sport mondial est régenté par un petit groupe, un tout petit groupe de personnes très influentes et qui s’assurent en premier lieu que leurs intérêts personnels sont préservés. Ce petit groupe inclut évidemment Verbruggen, mais aussi Jacques Rogge, président actuel du CIO, les propriétaires d’Amaury International, Jean-Claude Killy et quelques autres encore, dont Pat McQuaid évidemment. Par exemple, on y comprend très bien les raisons pour lesquelles la France a perdu toutes ses tentatives, depuis 15 ans, d’obtenir des Jeux Olympiques d’hiver ou d’été…

Devant le faisceau de casseroles et de soupçons révélés par l’enquête de Pierre Ballester, je comprends mieux aujourd’hui pourquoi Pat McQuaid (lire Hein Verbruggen par derrière) s’accroche tant à son poste de président de l’UCI: il protège ses acquis et surtout, il évite d’éventuels gros problèmes.

S’il est réélu, j’ai acquis la conviction que McQuaid ne donnera pas à Lance Armstrong les conditions légales pour qu’il déballe. Trop risqué pour l’UCI, pour lui, et surtout pour Verbruggen dont la fortune personnelle a été gérée, durant les années 2000, par Thom Weisel (un sacré loustic celui-là…), proprio avec d’autres de Tailwind Sports, et donc de l’US Postal…

Et les récentes manoeuvres de McQuaid pour apporter un amendement à la procédure d’élection du président de l’UCI ne me surprennent pas dans ce contexte. Sa propre candidature n’étant pas soutenue par sa fédération (irlandaise), une première, McQuaid a réussi à la faire soutenir par la fédération suisse, qui n’a pas posé là son geste le plus glorieux. Ceci étant, ce procédé est actuellement contesté en cour, et McQuaid ne veut certainement pas perdre son élection dans un tribunal. Du coup, il n’hésite pas à changer les règles à quelques semaines seulement de l’élection, question de contourner le problème. Là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir…

Et il est clair qu’Hein Verbruggen est là-dessous lorsqu’on réalise que l’amendement proposé vient de fédérations de pays « émergents », soit la Malaysie soutenue par la fédération asiatique. Verbruggen se serait assuré, tôt dans sa carrière « olympique », de détenir l’appui d’un nombre très important de pays émergents, capables de contrecarrer sur sa demande les pays plus « centraux » du cyclisme ou de l’olympisme. Verbruggen, #2 du CIO selon plusieurs, détiendrait donc les clefs de l’olympisme mondial, capable via son influence d’à peu près n’importe quoi. Tellement que Rogge aurait pris ses distances au cours des dernières années, trouvant son ami trop influent à ses côtés…

Fort heureusement, la manoeuvre d’amendement aux règles de la présidence de l’UCI est dénoncée par plusieurs, notamment l’Association Internationale des Groupes Cyclistes Professionnels (AIGCP) ainsi que par son ex-président, Jonathan Vaughters.

À la lumière de tout ce merdier, on peut vraiment se demander comment Pat McQuaid pourrait gouverner l’UCI et le cyclisme avec autant de contestations autour de sa candidature… même de sa propre fédération. Réélu, comment McQuaid serait-il en mesure de s’assurer d’une bonne collaboration avec les partenaires du cyclisme, notamment ceux liés à la lutte contre le dopage comme l’Agence Mondiale Anti-dopage?

Je l’ai déjà écrit, je le répète, si Pat McQuaid est réélu à la tête de l’UCI en septembre prochain, c’est la grosse catastrophe pour l’avenir du cyclisme, et la garantie que le sport continuera d’être plombé par les scandales de dopage de toute sorte.

Et je vous recommande très fortement l’ouvrage de Pierre Ballester, Fin de cycle, pour vous faire une opinion juste et réaliste de la gouvernance du sport mondial. C’est édifiant et… décourageant. Je vous rappelle que Ballester est un des deux auteurs de plusieurs ouvrages ayant porté sur Lance Armstrong (LA Confidential, LA Official, Le Sale Tour, Tempêtes sur le Tour, etc.) et dont les informations présentées se sont révélées tout à fait exactes une fois le rapport de l’USADA sorti. Si Armstrong a avoué sur toute la ligne, lui donnant entièrement raison, Ballester s’attaque peut-être maintenant, avec Verbruggen, McQuaid, Killy, Rogge ou le groupe Amaury, à un défi plus important…