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Catégorie : Cyclisme québécois Page 35 of 37

L’Affaire Jeanson portée au grand écran?

"On apprend ce matin que la vie sportive de Geneviève Jeanson pourrait être portée au grand écran":http://veloptimum.net/velonouvelles/8/ART/1jan/P24.html. Le réalisateur Alexis Durand-Brault et le producteur Richard Lalonde, déjà associés dans le film _Ma fille, mon ange_, sont à la tête de ce projet. Pourquoi pas? Il est clair que le grand public en général a besoin de s’ouvrir les yeux sur les performances sportives de nombre d’athlètes adulés. En ce sens, ce film pourrait contribuer à éveiller les consciences de gens encore aujourd’hui beaucoup trop crédules. Ceci étant, nous sommes d’avis que les pièges seront nombreux pour le réalisateur. Le premier d’entre eux serait de poser Mme Jeanson en victime d’un système. Si le système a certainement eu une influence (on ne se dope pas seul), il s’agira de garder un équilibre entre responsabilité individuelle découlant d’une soif de vaincre démesurée et responsabilité collective découlant d’un "star system" navrant et des sommes monétaires en jeu. Espérons aussi que les responsables de ce film sauront faire preuve d’ouverture et aborderont le climat général qui existait (et qui existe toujours) dans le cyclisme durant la carrière de Jeanson. Car nous sommes convaincus qu’à partir de 1998 et l’Affaire Festina, aucun athlète ne pouvait ignorer les risques et les conséquences possibles liés à l’usage de produits sanguins. On ne pouvait, dans ce contexte, jouer les vierges offensées! Enfin, espérons que les responsables du film sauront aborder directement peut-être le plus difficile, c’est-à-dire que Jeanson a soutenu le mensonge durant si longtemps.

Quel avenir pour le cyclisme sur piste au Québec?

La commission d’orientation piste, présidée par le cycliste vétéran sherbrookois Guy Marcotte, de la Fédération Québécoise des Sports Cyclistes "se réunira à Montréal le 27 janvier prochain pour discuter du développement de cette discipline au Québec":http://www.fqsc.net/apropos/PV-Rapport/RP-COP2008.pdf. Par esprit d’ouverture, la commission ouvre ses portes à tous les intervenants susceptibles de participer à ce développement. C’est une bonne initiative, le brasage d’idées pouvant donner de bons résultats. Ceci étant, on peut poser la question: quel avenir pour le cyclisme sur piste au Québec? Rappelons qu’à partir de 1929 et ce, jusque la fin des années 1960 (avec une petite pause autour de la Seconde Guerre Mondiale), des Six-Jours très populaires étaient organisés à Montréal. Ces Six-Jours ont notamment été organisés, pendant près de 20 ans, grâce aux efforts de "Guy Morin":http://veloptimum.net/Encyclo/P/GuyMorin.html et se tenaient au Forum de Montréal. La piste a donc déjà été populaire au Québec. Que s’est-il passé depuis? Il est clair selon nous que le vélodrome olympique n’a pas été bien géré et que le cyclisme sur piste à Montréal a souffert de l’arrivée de certains sports américains comme le baseball dans la métropole (fondation du club de baseball des Expos de Montréal en 1969) ainsi que de l’expansion du cyclisme sur route, notamment grâce à l’arrivée de la télévision qui permettait désormais de suivre les coureurs sur de grandes distances. La conversion du vélodrome olympique en biodôme a été le clou dans le cercueil et depuis, le cyclisme sur piste au Québec est quasi-inexistant. Ce qui donne d’autant plus de mérite à ceux qui y excellent comme les Tanya Dubnicoff, Martin Gilbert, Alexandre Cloutier et autres. Des initiatives ont pourtant vu le jour: celle notamment de la création du Centre National de Cyclisme de Bromont, où un vélodrome extérieur est en place. Nous demeurons convaincus que ce centre est situé trop à l’écart de Montréal, le seul grand centre urbain du Québec disposant d’un bassin de population suffisant pour rentabiliser de telles installations. Une autre initiative récente visait à profiter des Fêtes du 400e anniversaire de la ville de Québec pour construire un vélodrome couvert dans la région de Québec, vélodrome qui aurait pu, en partie, être financé par le gouvernement Français. Cela n’a malheureusement pas fonctionné et "nous avions formulé, à l’époque, des réserves quant au choix du lieu pour construire une telle infrastructure":https://laflammerouge.com/article/3670/cyclisme-au-qubec–un-nouveau-vlodrome-couvert–le-logo-de-la-fqsc-et-lavenir-de-lquipe-rona. Il fut également question, un certain temps, "de construire un vélodrome couvert à London, en Ontario":https://laflammerouge.com/article/3653/des-nouvelles-du-cyclisme-canadien. Là encore, il semble que ce projet soit tombé à l’eau. Il est à souhaiter que de nouvelles initiatives voient le jour dans la région de Montréal. Le cyclisme s’est considérablement développé au Québec depuis 15 ans: des centres d’entrainement spécialisés ont vu le jour partout, les pratiquants sont nombreux et veulent pédaler à l’année. Les compétitions de home-trainer organisées "in-door" en sont la preuve. La technologie et les nouveaux matériaux permettent également de construire des infrastructures à moindres coûts qu’auparavant, installations pouvant souvent être converties pour offrir une polyvalence dans les activités proposées. Le Centre National de Bromont peut-il être rapatrié plus à proximité de la métropole québécoise? Peut-on déménager la piste pour la rendre plus accessible à un bassin de population important? Des alliances avec d’autres fédérations ayant aussi besoin d’infrastructures sont-elles possibles? L’Association Cycliste Canadienne et les autres fédérations de cyclisme du Canada comme celle de l’Ontario peuvent-elles s’allier à celle du Québec pour développer la piste à Montréal, un grand centre urbain situé à seulement 6h de voiture de Toronto et bien desservi par des vols en provenance de partout au Canada? Quoi qu’il en soit, nous sommes convaincus que le développement du cyclisme sur piste au Québec passe par la présence d’un vélodrome couvert utilisable à l’année. L’Australie, un pays qui, avec un peu plus de 20 millions d’habitants, est pourtant moins peuplé que le Canada (33 millions) mais dont le territoire est également très vaste, a prouvé au cours des 15 dernières années qu’avec un programme bien défini et une infrastructure en place, les résultats peuvent être très concluants et peuvent permettre de catapulter le pays parmi l’élite mondiale du cyclisme dans de nombreuses disciplines.

Le point sur les cyclistes canadiens et québécois

Plusieurs commentaires récents laissés sur La Flamme Rouge, parfois peu nuancés, nous ont incité à produire ce texte faisant état des cyclistes canadiens et québécois sur la scène internationale. *Michael Barry*: Le moins qu’on puisse dire, c’est que sa saison 2007 fut catastrophique. Inexistant cette année, Michael Barry a cependant de bonnes raisons: ce fut d’abord une pneumonie tôt dans la saison, puis des complications (amygdalite) qui l’ont empêché de courir depuis juillet dernier. Seule bonne nouvelle pour Barry, son contrat chez T-Mobile perdure et il sera rejoint en 2008 par George Hincapie, qu’il a cotoyé chez US Postal puis Discovery. *Ryder Hesjedal*: Le coureur de Health Net a lui aussi été inexistant cette saison. Il change d’équipe en 2008, rejoignant l’ambitieuse formation américaine Slipstream. Cela sera-t-il suffisant pour le relancer? *Dominique Rollin*: À notre humble avis, de loin le coureur canadien (et québécois) avec le plus de potentiel pour les années à venir. Formé à l’excellente école française de Roubaix sous la supervision de Cyrille Guimard, le coureur dispose à la fois du moteur comme de la tactique de course. Ne craignant ni la pluie, ni le vent, ni le froid, le registre du coureur est sans conteste les courses d’un jour. Cette année chez Kodak Gallery, "il serait en voie de signer un contrat dans l’équipe américaine Toyota-United pour l’an prochain":http://veloptimum.net/velonouvelles/7/ART/10oct/P12.html. Il s’agit évidemment d’une promotion, cette dernière formation étant l’une des meilleures aux États-Unis. Espérons que Rollin pourra continuer son emancipation afin de pouvoir rejoindre, un jour, une équipe française ou belge du circuit européen. Car nous sommes convaincus qu’un coureur avec un tel moteur offrirait de bonnes performances sur des courses comme Paris-Roubaix, l’Amstel Gold Race ou le Het Volk. *Christian Meier*: Le coureur de chez Symmetrics, assez inconnu au Québec, est pourtant impressionnant: champion canadien cette année, il a également bien fait pendant les premiers jours de course sur le Tour de l’Avenir. Âgé de 22 ans seulement et originaire du Nouveau-Brunswick, il est un authentique espoir canadien en cyclisme. Et un véritable adversaire à David Veilleux sur la scène nationale. *Sven Tuft*: Âgé de 30 ans, on serait porté à croire que Tuft est sur la pente descendante, bien que sa victoire au classement général du Tour de Cuba 2007 nous ait prouvé que le coureur originaire de la Colombie-Britannique avait de beaux restes. Nous le reverrons probablement chez Symmetrics en 2008 ou il pourra probablement apporter son expérience aux plus jeunes, notamment Meier. *Dominique Perras*: Le coureur de 33 ans chez Kelly Benefit changera d’équipe en 2008. Pour l’instant, on ne connaît pas sa destination. Selon nous, Perras demeure un des tous meilleurs coureurs canadiens et québécois des dernières années: toujours constant, toujours là, bien que discret. On regrettera longtemps sa 2e place au Herald Sun Tour en 2005, une victoire ayant pu changer le cours de sa carrière selon nous. Excellent grimpeur, dur au mal, c’est dans le dernier clm que Perras dû abandonner son maillot jaune au profit de… Simon Gerrans, qui n’est pas un manche dans le milieu, ce qui en dit long sur la perf de Dominique cette année-là. *Charles Dionne*: Après une saison 2006 très difficile chez les Européens de Saunier-Duval en raison d’une endofibrose de l’artère iliaque qui a necessité une intervention à la fin de l’année, Dionne s’est relancé en 2007 chez les Américains de Colavita. Champion canadien du critérium après une perf impressionnante dans les rues de St-George de Beauce, Dionne n’a pourtant pas été transcendant cette année sur la scène américaine. Il fera partie de la petite équipe californienne Successful Living en 2008, mais avec un rôle très clair, celui de capitaine de route protégé. Avec une équipe en partie à son service, l’année 2008 pourrait être sa meilleure pour ce coureur à l’éclosion précoce, mais qui tarde aujourd’hui à exprimer tout son potentiel selon nous. L’omniprésent dopage en Europe est-il la vraie raison derrière sa présence aux États-Unis en 2008 comme le déclare le principal intéressé? On en doute fort. La vérité, c’est que Dionne n’aura probablement pas reçu d’offres intéressantes de formations européennes pour 2008, ayant obtenu trop peu de résultats convaincants en 2007. Le coureur est encore jeune, rien n’est cependant encore perdu et on espère qu’il pourra vraiment se relancer chez Successful Living en 2008. *Ryan Roth*: Le coureur de chez Kelly Benefit a terminé 2e du Univest Grand Prix il y a quelques semaines seulement, une belle performance qui s’ajoute à sa victoire, en 2006, sur la Classique Louis Garneau alors qu’il faisait partie de l’équipe Jet Fuel. Mine de rien, ce coureur est en train de se forger un sacré palmarès! Agé de bientôt 25 ans, Roth devrait offrir de belles performances dans les années à venir, atteignant doucement la maturité. *François Parisien*: Soyons honnête: le coureur de Slipstream en 2007 n’a pas su convaincre ses employeurs de le garder dans l’effectif 2008, ses résultats n’ayant pas été transcendants en 2007. Il est vrai que l’équipe Slipstream a récemment franchi un pallier et nourrit des ambitions élevées pour 2008, pour preuve les recrutements de David Millar, David Zabriskie ou encore Tom Danielson et Magnus Backstedt. Du coup, Parisien sera chez Symmetrics, une formation canadienne, en 2008. Doit-on y voir une régression? Pas du tout selon nous. Il s’agit de ne pas brûler les étapes: avec un programme de courses plus adéquat, Parisien pourrait faire parler de lui en 2008 et ainsi s’octroyer une place au sein d’une formation américaine de premier plan pour 2009. *Martin Gilbert*: Le coureur de Kelly Benefit fera de nouveau partie de l’alignement de cette formation en 2008. Ses résultats en 2007, tant sur le plan national qu’international, montrent selon nous une claire progression: rappelons par exemple sa belle victoire au U.S. National Criterium Championships en Illinois le 19 août dernier. C’est aussi le coureur le plus polyvalent qui soit actuellement, ses résultats sur piste étant également très intéressants. Bref, Gilbert ne cesse de nous surprendre et voilà un coureur qui mérite qu’on lui fasse davantage confiance chez Kelly Benefit. *David Veilleux*: Le jeune prodige il y a deux ans chez les juniors semble trouver sa transition chez les séniors difficile. Si ses résultats sur la scène canadienne demeurent excellents (rappelons qu’il est champion canadien du clm chez les moins de 23 ans), ses résultats internationaux marquent le pas… pour le moment. Sa jeunesse milite en sa faveur mais il doit l’an prochain confirmer, sous peine de se voir étiquetter comme coureur sans grande marge de progression. On ignore pour l’instant dans quelle équipe Veilleux évoluera en 2008, bien qu’un retour chez Jittery Joe nous apparaît aujourd’hui la chose la plus probable. *Mathieu Toulouse*: Ne connaissant pas le VTT, il est difficile pour nous de commenter la saison voire la carrière de ce coureur. Ceci étant, sa fin de saison 2007 dans les épreuves sur route fut très impressionnante: 3e de la Classique Louis-Garneau (Montréal-Québec), il remportait non seulement le clm mais aussi l’épreuve sur route des Championnats québécois et terminait 2e de la difficile Green Mountain Stage Race quelques jours plus tard, excusez un peu. À la vue de ces résultats, on aurait presque le goût de lui conseiller de se consacrer à plein temps à la route en 2008! Âgé de 31 ans, la route, ou l’endurance prime sur l’explosivité, convient peut-être davantage à ses capacités actuelles. *Keven Lacombe*: Le dernier de nos internationaux courra en 2008 chez Kelly Benefit, comme c’est le cas depuis la fin juillet cette année. Après une grave chute à l’entrainement en avril 2006 ou on l’a relevé avec une fracture du fémur, force est d’admettre que la récupération de ce coureur force l’admiration et prouve qu’on est en face d’un authentique talent. Après un début de saison 2007 sans relief, les choses se sont améliorées en mai et juin dernier, notamment lors de la Coupe de la paix disputée dans la région de Montréal. La saison 2008 devrait lui permettre de confirmer son retour en tant qu’espoir du cyclisme canadien. *Les autres coureurs*: De nombreux autres coureurs canadiens et québécois font partie du peloton "seniors 1-2". Plusieurs d’entre eux offrent des performances tout à fait intéressantes, comme *Alexandre Nadeau* qui a remporté cette année la Classique Louis-Garneau, ou *Andrew Randall*, *Cam Evans* et *Brandon Crichton*, que nous connaissons moins. Tous ces coureurs font actuellement partie d’équipes semi-professionnelles au Canada. Chez les plus jeunes, les espoirs québécois les plus prometteurs nous semblent être *Eric Boily*, *Joel Dion-Poitras* ainsi que *Simon Lambert-Lemay*. Mais qui sommes-nous pour juger? Coureur régional modeste, cet article ne se veut qu’un éclairage subjectif et non-exhaustif – mais néanmoins réfléchi selon nous – sur l’état du peloton élite canadien et québécois.

En complément d’information

Suite à notre texte d’hier portant sur la présence des coureurs québécois Perras, Prémont et Bessette sur une liste "Groupe cible" de l’UCI, un lecteur nous informe des critères d’admission sur cette liste, ce qui vient expliquer l’absence des Dionne, Barry et Hesjedal. Figurent sur cette liste, édition 2007, les coureurs qui ont terminé parmi les 100 premiers du classement ProTour fin 2006, tous les médaillés des Mondiaux 2006 , les 10 premiers de chaque classement continentaux fin septembre 2006, les 10 premiers du classement mondial VTT, les 10 premiers du classement mondial cyclo-cross, etc. Perras, Prémont et Bessette ayant obtenu des performances répondant à ces critères, ils figurent tous sur la liste. Ce n’est donc pas parce qu’ils sont des coureurs "suspects" d’utiliser des produits dopants mais bien parce qu’ils ont objectivement répondu à certains critères bien définis.

Perras, Prémont et Bessette des coureurs surveillés par l’UCI?

Sur la route en revenant de Toronto, nous avons entendu un drôle de reportage à la première chaîne de la radio de Radio-Canada mélangeant dopage et coureurs québécois. Selon la lectrice de nouvelles, les noms de Dominique Perras, de Marie-Hélène Prémont ainsi que de Lyne Bessette feraient partie d’une "liste noire" de coureurs suspects, liste établie par nul autre que l’UCI. Notre surprise était de taille. Le reportage de Robert Frosi (malheureusement pas encore disponible sur le site web de Radio-Canada) qui suivit a fort heureusement éclairé le débat, suffisamment du moins pour nous donner les premières pistes d’explication. Nous sommes toutefois d’avis que le reportage de M. Frosi manquait de clarté. Voici l’heure juste. L’UCI a effectivement établi "une liste de coureurs":http://www.uci.ch/templates/UCI/UCI2/layout.asp?MenuId=MTUyMjA, mais pas forcément suspects. Cette liste intitulée "Groupe Cible" mélange en effet des coureurs appartenant à deux catégories distinctes: les coureurs "à risque" de pratiques dopantes d’une part et, d’autre part, les coureurs dont les résultats, classements et performances internationales justifient qu’ils soient disponibles pour des contrôles inopinés hors compétition. Ces coureurs doivent fournir à l’UCI des formulaires de localisation tous les trois mois. Il est évident que les coureurs québécois Dominique Perras, Marie-Hélène Prémont et Lyne Bessette sont à classer dans la seconde catégorie. L’erreur de l’UCI à l’origine du reportage de Radio-Canada tient au fait qu’elle ne divulgue pas deux listes différentes, ce qui serait de loin préférable. Louis Barbeau et Dominique Perras, tous deux interviéwés, n’ont pas manqué de le faire valoir, très justement d’ailleurs. L’amalgame de coureurs suspects et de coureurs ayant simplement obtenu dans le passé de bons résultats internationaux est inacceptable. Une question reste cependant inexpliquée selon nous: pourquoi les noms de Michael Barry, Ryder Hesjedal et Charles Dionne ne figurent pas aussi sur cette liste? Leurs performances internationales ne justifieraient-elles pas qu’ils appartiennent à l’élite mondiale avec, malheureusement parfois comme c’est le cas ici, les contraintes qui en découlent?

Après Jeanson, les aveux de Foglia

_C’est sur que j’te parle comme si j’étais pas journaliste. Mais évidemment que là, j’ai une faute… parce que je suis journaliste, j’aurai dû faire une job… comme journaliste, j’ai fait une très mauvaise job._ C’est un extrait d’une discussion qu’il ne faut surtout pas manquer entre Robert Frosi, journaliste sportif de Radio-Canada, et Pierre Foglia, qu’on ne sait pas comment décrire, lui-même ne sachant apparemment plus comment il doit se définir. La discussion a été diffusée à l’émission de radio Desautels ce soir à la première chaine de Radio-Canada "et est disponible à tous les internautes ici":http://www.radio-canada.ca/audio-video/pop.shtml#idMedia=0&urlMedia=/Medianet/2007/CBF/Desautels200710040000_m.asx. Ne manquez pas l’extrait autour de la 22e minute, c’est éloquent. La discussion est accablante pour Foglia qui, à notre avis, a définitivement perdu toute crédibilité lorsqu’il parle vélo. Ses arguments sont en effet très peu convaincants: _Mais j’t’étais pas vraiment journaliste, j’étais pas mal groupie là dedans. C’est sur que c’est l’vélo, c’est mon sport de passion, c’est… j’suis là-dedans à fond moi, j’embarque, j’vois une course j’capote tsé, j’suis au Tour de France pis j’sacre parce que je peux pas voir la course comme j’voudrais la voir… c’est un sport de passion, j’suis là dedans, j’ai toujours vécu ca et dans le cas de Jeanson… cette fille sur un vélo… elle m’a fait tripper fort et j’ai complètement oublié que j’étais journaliste._ M. Foglia, que vous vous disiez _groupie_ plutôt que journaliste dans cette histoire n’arrange rien. Est-ce à dire que tous les amateurs de vélo sont des cons ou, du moins, des gens dépourvus de tout sens critique? On peut être _groupie_ ou passionné de cyclisme (on préfère cette expression), c’est notre cas et celui de beaucoup de lecteurs de ce site, et néanmoins clairvoyant, nuancé et réfléchi quant à ce qui se passe dans le vélo. Avec Mme Jeanson, vous ne l’avez jamais été. Qu’est ce qui pourrait nous faire croire que vous le serez la prochaine fois que vous parlerez cyclisme? _Tu (ndlr: Robert Frosi) connais pas le milieu du vélo. Moi, j’le connais depuis Marinoni_. C’est convaincant M. Foglia, vous connaissez le vélo: il y a d’abord l’affaire Duquette, puis le taux d’hématocrite stratosphérique à Hamilton et son explication légère par la simple utilisation d’une tente hypoxique, puis la fuite d’un contrôle en Belgique, puis le test positif à Toona et son explication foireuse avec un scientifique belge et c’est pas encore suffisant? Un petit commentaire sur Stefan Schumacher, récemment 3e des Mondiaux mais aussi piqué deux fois avant l’épreuve avec des paramètres sanguins anormaux? Nous pourrions poursuivre, mais on pense que tout le monde aura compris. Comme nous, vous n’aviez pas de preuves. Mais vous pouviez, comme nous, émettre des doutes. Décliner les faits et les contextualiser afin de permettre aux lecteurs de se faire une idée lucide et réaliste de la situation. C’est ce que nous faisons à La Flamme Rouge tous les jours, même si ce n’est pas tous les jours drôle étant donné le climat ambiant dans ce cyclisme qui nous passionne. Mais si on croit encore au vélo, à son avenir, n’est-ce pas là la seule voie possible? Robert Frosi: _Vous avez été un fantastique alibi pour Jeanson_. Pierre Foglia: _Plus qu’un alibi, elle m’a carrément utilisé_. Que nos lecteurs comprennent maintenant tout le sens du travail des Phil Liggett, Paul Sherwen, Bob Roll et autres du sport cycliste. Lance est mort de rire, et rappelez-vous: il gagnait, notamment contre Ullrich, parce que selon lui, il s’entraînait plus que les autres, notamment sous la pluie et dans le froid. Des propos bien relayés par ces petits journalistes et animateurs télé qui ont, en ce sens, une responsabilité dans le fait que le dopage perdure dans le cyclisme depuis l’affaire Festina. Plus que jamais, il convient d’être vigilant. Comptez sur nous pour toujours vous donner l’heure juste, sans verser dans les excès d’un côté comme de l’autre, la chasse aux sorcières n’étant pas la solution non plus.

Pierre Foglia: de la responsabilité du journaliste

"Pierre Foglia signe ce matin dans La Presse un article intitulé _Jeanson et moi_":http://www.cyberpresse.ca/article/20070929/CPOPINIONS/709290808/6750/CPOPINIONS05. En gros, il revient sur ses quelques interventions personnelles dans la carrière de Mme Jeanson tout en avouant avoir été, parfois, _tellement con_. Effectivement M. Foglia, tellement con. Mais ce n’est pas le plus grave. Le plus grave, c’est que vous ayiez été tellement con _publiquement_. M. Foglia ne peut ignorer qu’en tant que journaliste-vedette d’un grand quotidien au Québec, ses propos ont un grand impact sur l’opinion publique. S’il est avant tout un excellent chroniqueur social, le public le perçoit également comme un connaisseur du cyclisme. Dans ce contexte, ses propos sur Geneviève Jeanson au cours des dernières années auront très certainement contribué à forger l’opinion publique sur cette athlète: "si Foglia le dit, c’est que c’est vrai, il connaît ca lui". Comment ne pas croire que le clan Jeanson a ainsi profité des positions de M. Foglia au cours des dernières années, le journaliste se portant souvent à sa défense? Le premier devoir de tout journaliste est de vérifier ses sources, de consulter des experts lorsque le terrain qu’on veut couvrir n’est pas le nôtre. "Il nous apparaît évident que M. Foglia a été souvent négligeant à ce niveau":http://veloptimum.net/velonouvelles/7/ART/9sept/Velop29.html. Qu’il a manqué de jugement et de recul à bien des occasions. Qu’il s’est laissé bêtement aveugler par le clan Jeanson. Qu’il aurait dû, plus souvent, nuancer ses propos en alertant le public que oui, il y avait une possibilité qu’elle soit dopée, vu certains faits plutôt surprenants. Il existait des sites, notamment celui-ci, qui aurait pu mieux l’informer sur les événements de la carrière de Mme Jeanson. Qui auraient pu lui permettre de mieux estimer si Mme Jeanson lui mentait ou non sans, bien sûr, en être absolument sûr. Il en va de même pour d’autres individus, comme "Éric Goulet":http://www.geocities.com/velonouvelles/articles/04/jan/P22.html ou Ivan Simoneau, qui ont produit tous deux des rapports scientifiques (!!!) expliquant qu’il était possible d’atteindre des taux d’hématocrite élevés en utilisant une tente hypoxique. Seul hic dans l’affaire, les chercheurs n’avaient pas jugé bon de vérifier la valeur de ce taux d’hématocrite de Hamilton, se fiant sur celui donné par… le clan Jeanson! Scientifique, vous dites? "Nos lecteurs pourront se rappeler ici notre réaction aux propos de M. Goulet":http://www.geocities.com/velonouvelles/articles/04/jan/FR22.html. Les cyclistes professionnels ne manquent pas d’exploiter certains médias voire certains scientifiques souvent plus victimes que complices de ces sportifs. L’affaire Landis nous l’a récemment prouvé: l’homme est allé jusqu’à solliciter le grand public via certains médias pour assurer les coûts de sa défense au moyen d’une fondation! Allucinant. Et il a trouvé un soit-disant scientifique pour expliquer son taux élevé de testostérone. La véritable crédibilité, il faut la chercher du côté de l’AMA et de Mme Ayotte, du côté du labo de Chatenay-Malabry et des autres labos accrédités. Probablement aussi de Dick Pound, malgré son style flamboyant. Et toujours se rappeler que les cyclistes professionnels utiliseront n’importe quel moyen pour tenter de déstabiliser ces institutions en jouant le plus souvent sur l’ignorance et la crédulité du grand public. Le journaliste d’Enquête, Alain Gravel, évoquait à la fin de son reportage jeudi soir dernier les responsabilités de tous et chacun dans cette triste histoire. Il aurait pu commencer par celles – indirectes il est toutefois important de souligner – de ses collègues journalistes, et notamment de M. Foglia qui a, des années durant, contribué au phénomène Jeanson en forgeant l’opinion publique. "Comme nous l’avions déjà fait":https://laflammerouge.com/archives/002520.php en 2005 suite à la publication d’un de ses articles sur Lance Armstrong carrément intitulé _Le plus grand_ (on serait curieux de savoir ce qu’il en pense aujourd’hui!), on invite de nouveau ce journaliste populaire à faire preuve de plus de nuance, de plus de mesure, lorsqu’il s’exprime sur le monde du cyclisme. Il convient de terminer cet article en soulignant l’excellent travail et surtout l’excellent jugement dont a fait preuve la Fédération Québécoise des Sports Cyclistes et son président, M. Louis Barbeau, dans le dossier Jeanson. La Fédé a eu notamment le courage de prendre ses responsabilités "en refusant de délivrer une licence de course à Mme Jeanson en 2004":http://www.radio-canada.ca/sports/cyclisme/nouvelles/200402/23/002-Jeanson.shtml?prov=uneautres, estimant, avec raison, que sa santé était réellement menacée. À l’époque très critiquée pour ce geste compte tenu de la notoriété de Mme Jeanson, une notoriété notamment acquise grâce aux écrits de M. Foglia, il apparaît évident aujourd’hui que c’était là une très bonne décision. Bravo à la Fédé et à M. Barbeau, en espérant qu’ils sauront continuer d’être vigilants sur les performances de leurs athlètes licenciés de toutes les catégories.

Affaire Jeanson : La fin des illusions au Québec?

La Flamme Rouge reprend le service normal après une semaine d’entrainement à Bourg d’Oisans. Évidemment, nous revenons d’abord sur "les aveux de l’ex-cycliste Geneviève Jeanson":http://www.radio-canada.ca/sports/cyclisme/2007/09/20/008-jeanson22h.shtml pour vous donner notre avis. Pour le grand public québécois mais aussi pour nombre d’athlètes et en particulier de cyclistes amateurs de la province, les aveux d’utilisation de l’EPO depuis l’âge de 16 ans par Mme Jeanson sont un véritable *électrochoc*. Un *électrochoc* parce qu’ils prouvent aux yeux de tous que si une petite fille de 16 ans de Lachine pouvait se doper à l’EPO et déjouer des années durant les contrôles, tous les cyclistes amateurs du Québec le peuvent. Tous. Jusqu’ici, notre expérience, nos discussions nous permettaient de croire que le public et les amateurs de cyclisme du Québec – même proches du milieu cycliste – n’étaient que trop crédules face à la présence du dopage ici, chez nous, dans le cyclisme de compétition. Jusqu’ici pour beaucoup d’amateurs, le dopage dans le vélo, c’était chez les pros européens ou dans le Tour de France. Et bien non. Pourquoi le peloton québécois, les cyclistes québécois, seraient-ils différents de tous les autres? Pourquoi n’y aurait-il qu’une seule Jeanson? Est-il possible que chaque peloton – Maîtres A, Maîtres B, Juniors, Séniors, Cadets – aient sa ou ses Geneviève Jeanson aujourd’hui? Tous les cyclistes amateurs du Québec ne sont pas dopés bien sûr: la majorité ne le sont en fait probablement pas. Pour les autres, peu ont probablement recours au dopage sanguin, qui exige de savoir se piquer et qui exige aussi beaucoup d’argent pour se procurer des produits souvent très chers. La majorité de ceux ayant recours aux produits interdits utilisent probablement le dopage classique à base de corticoides, de stéroides et d’amphétamines. À l’instar de ce qui se fait ailleurs, les cas de coureurs positifs dans les catégories même cadets n’étant pas rares en Europe. Dans ce contexte, La Flamme Rouge espère que le cas Jeanson incitera l’ACC et la FQSC à non pas se gausser d’avoir pris une brebis galeuse dans le troupeau grâce à un travail il est vrai de qualité dans ce dossier, mais plutôt à se retrousser les manches, l’événement prouvant que le dopage, ca se passe aussi au Québec, dans des courses mineures. Sans moyens renforcés de lutte contre le dopage, une évidence en 2007, pourquoi diable continuer d’organiser des courses cyclistes au Canada et au Québec? Combien d’athlètes de toutes les catégories sont peut être régulièrement floués par des coureurs dopés, "à l’instar d’une Lyne Bessette qui a totalement raison d’en avoir gros sur la patate dans cette histoire":http://veloptimum.net/velonouvelles/7/ART/9sept/J22E.html, elle qui a certainement perdu des titres canadiens et beaucoup de temps, d’énergie, à cause de Mme Jeanson ? Il est vrai que les contrôles coûtent chers et que les Fédérations n’ont que peu de moyens. Mais nous sommes d’avis qu’il est cependant facile d’être vigilant et d’identifier les performances suspectes lors de compétitions afin de procéder à des contrôles inopinés et ponctuels auprès d’athlètes montrant des progressions surprenantes. Si La Flamme Rouge gagne un jour le contre-la-montre individuel du Défi Gaston Langlois devant les spécialistes établis chez les Maîtres A, on invite la FQSC à procéder à un contrôle! Les aveux de Mme Jeanson sont également un *électrochoc* parce qu’ils prouvent que les athlètes de haut niveau n’hésitent pas à mentir impunément et de façon convaincante (rappelez-vous les larmes de Mme Jeanson à plusieurs reprises…) s’ils doivent se défendre. Mme Jeanson a fini par craquer comme Ivan Basso, comme David Millar, comme Erik Zabel, comme Johan Musseuw, comme Richard Virenque… et d’autres encore. Et Lance Armstrong lui ? Sa situation est pourtant très similaire à celle de Mme Jeanson avant qu’elle ne passe aux aveux… Et Floyd Landis ? Et Tyler Hamilton ? Et Roberto Heras ? Et Alexandre Vinokourov ? Et Iban Mayo ? Et Jan Ullrich ? En ce sens, il convient de saluer le courage de Mme Jeanson: passer aux aveux n’est certes pas facile. Elle a brisé l’omerta du milieu. Son courage ne la rend pas moins coupable et moins responsable, mais c’est un début de réhabilitation, du moins à nos yeux. En ce sens, Geneviève Jeanson est aujourd’hui infiniment plus respectable que Lance Armstrong, que Floyd Landis, que Tyler Hamilton, que Roberto Heras, que Alexandre Vinokourov, que Franck Vandenbroucke, que Jan Ullrich (bien que dans son cas, la situation pourrait changer prochainement) et que bien d’autres encore qui ont toujours nié les évidences, quitte à prendre les gens du public pour des cons. La Flamme Rouge espère également que Jeanson ne sera pas la seule à morfler. Si elle savait très certainement ce qu’elle faisait, le dopage à l’EPO à l’âge de 16 ans ne peut être l’affaire d’une seule personne. Le prochain reportage, jeudi, nous en apprendra certainement plus. Mais il apparaît d’ors et déjà qu’André Aubut et le Dr. Duquette doivent être lourdement sanctionné. Mme Jeanson ne doit pas porter seule l’odieux de l’histoire, ce serait une injustice énorme. Enfin, la triste histoire de Mme Jeanson vient s’ajouter à celle aussi triste du cyclisme depuis maintenant bientôt 10 ans et l’affaire Festina. Plus que jamais, c’est le bordel complet dans le vélo. Landis vient d’être sanctionné, exigeant du Tour de France de revoir 16 mois plus tard le palmarès 2006 de l’épreuve. Entre temps, le vainqueur 1996 a été rayé des tablettes et le vainqueur 2007 est très suspect et aura profité de l’exclusion d’un autre coureur en court de route. Les vainqueurs de 1991 à 1995, de 1997, de 1998 et de 1999 à 2005 sont également très soupçonnés de dopage (pour Pantani, c’est avéré). À peu près tous les vainqueurs des autres grands tours ou de multiples classiques se sont faits épinglés pour dopage au cours de la dernière décennie. L’UCI ne pense qu’à protéger le ProTour dont l’échec se confirme tous les jours, les équipes relevant de pays ou le cyclisme n’est pas bien ancré ne parvenant plus à retenir les sponsors (bonjour la mondialisation!). Le cas Discovery est éloquent à cet égard. Malgré le resserement des contrôles et des méthodes de détection de plus en plus sophystiquées, l’année 2007 aura prouvé que les cyclistes professionnels continuent toujours à avoir recours au dopage sanguin quotidiennement. L’UCI se limite à faire passer de ridicules "chartes anti-dopage" aussi inefficaces que risibles, n’osant pas prendre le taureau par les cornes et poser des exigences claires à quiconque veut désormais se déclarer coureur professionnel. Et continue de mettre des bâtons dans les roues de ceux – organisateurs de courses cyclistes notamment comme ASO – qui veulent au moins essayer de mettre un peu d’ordre dans tout ca, conscient que la survie et la crédibilité de leurs épreuves sont en jeu. Vraiment, La Flamme Rouge en a parfois marre de toutes ces conneries. Mais une chose est sûre: nous ne serons jamais crédules. Nous ne l’étions pas, depuis 2003 et les événements d’Hamilton, dans le cas de Mme Jeanson. Vous trouverez toujours à La Flamme Rouge une analyse lucide de la situation.

Montréal-Québec raconté…

La Flamme Rouge est très heureux de vous proposer ce soir un résumé de la récente course Montréal-Québec (Classique Louis Garneau) telle que vécue par Olivier Savaria, un jeune coureur prometteur qui en est à sa première année chez les séniors. Maniant la plume aussi bien que le dérailleur et ayant pris le départ, plus tôt cet été, de la prestigieuse et difficile cyclosportive La Marmotte dans les Alpes françaises, c’est tout naturellement que La Flamme Rouge se retrouve à bien des égards chez ce jeune homme passionné de cyclisme. Aussi, on tient à remercier Olivier, en notre nom mais aussi au nom de tous nos lecteurs, pour sa contribution à notre petit site. *La Classique Louis-Garneau (Montréal-Québec), par Olivier Savaria* Tout d’abord, il faut préciser que le temps du vainqueur, 5h11min29sec, n’inclut pas les vingt kilomètres contrôlés, marqués par un nombre impressionnant d’arrêts pipi, reliant l’aréna Maurice Richard à Repentigny. La vitesse moyenne d’Alexandre Nadeau est donc de 45,2 km/h. Le vent soufflait du nord-ouest, c’est-à-dire qu’on l’avait légèrement dans le dos et que la bordure se faisait sur le côté droit de la route. Et de la bordure, il y en a eu dimanche! Étant première année senior, j’en étais à ma première participation alors il m’est impossible de comparer cette édition aux éditions précédentes. On m’a toutefois dit qu’on avait davantage de vent de côté que l’an dernier, ce qui a rendu l’abri pas mal moins évident. Le nombre ahurissant d’abandons (35% du peloton) témoigne de cet état quasi continuel de bordure, particulièrement à l’arrière du peloton, où il valait mieux ne pas trop traîner! Je m’y suis personnellement retrouvé qu’une seule fois à l’arrière du peloton, à trente kilomètres de la fin, pour aller prendre des bidons dans la caravane. Remonter cette longue file de coureurs qui ne tiennent qu’à un fil n’était pas chose facile. Le vent et la vitesse du peloton n’expliquent cependant pas tous les abandons. Deux grosses chutes sont également venues pimenter, si on peut utiliser ce mot (!), les premiers cent kilomètres de l’épreuve. La première a eu lieu alors que le peloton dormait au gaz, à 35km/h, prenant toute la largeur de la chaussée. La seconde s’est produite à une vitesse plutôt appréciable, alors que la roue avant d’un coureur a fait connaissance avec un nid-de-poule très accueillant. Vive les routes du Québec… Ensemble, ces deux chutes ont jeté à terre certainement une cinquantaine de coureurs, presque tous dans le premier tiers du peloton. En me retournant immédiatement après la deuxième hécatombe, j’ai vu un coureur de la formation CIBC, accroupi dans le champ, à au moins dix mètres de la chaussée. Je ne sais pas comment il est arrivé là… souhaitons que ce soit sans blessures. En gros la course se résume à deux choses : une échappée précoce, et le troçon reliant Donnacona et l’arrivée, soit les derniers 40 kms. Près de vingt coureurs se sont échappés très tôt dans la course. Ce groupe comprenait à peu près toutes les équipes d’importance : deux EVA, deux Volks, deux Jittery’s Joes, deux Sleeman, un Blueberi, deux Garneau, deux Calyon, deux Jet Fuel, et il m’en manque quelques-uns. Regardez les résultats, et vous verrez que le premier coureur ne faisant pas partie de cette échappée, Mathieu Roy, pointe à la 14e position… L’allure du peloton était donc modérée et l’avance de l’échappée culmina a près de cinq minutes. Passé Trois-Rivières, l’équipe Garneau avait perdu un gars dans l’échappée suite à une chute et on a donc eu droit à un joli train rose à l’avant du peloton. Pour ma part, je portais un maillot Bluberi pour l’occasion (j’ai couru indépendant toute la saison) alors pas question de me joindre à la chasse, David Bergeron étant encore dans le groupe de tête. Je me suis tenu près de la tête presque toute la course, bien caché du vent. C’est vers Grondines, environ au 200e kilomètre, que les signes de fatigue commencèrent à se faire sentir pour moi, des débuts de crampes notamment. Le rythme dans le peloton était assuré par l’équipe Garneau, et c’est près de Donnacona qu’on a rejoint certains coureurs lâchés de l’échappée, où ça commençait à se flinguer assez sérieusement. Avec 25 kilomètres à parcourir, alors que la route devenait de plus en plus vallonnée et que le petit plateau de 39 dents commençait sa journée de travail, l’intensité augmenta dramatiquement. À ce moment, je n’avais plus d’eau et il était impossible d’aller en chercher compte tenu de la vitesse du peloton. À cinq kilomètres de la fin, j’ai réalisé que j’avais fait une erreur monumentale avant la course : ma cassette 11-21 se révéla particulièrement inadaptée pour la dernière bosse (dont les premiers 200-300 mètres sont à 15%), la plupart des coureurs montant avec des braquets de 39×23 ou 39×25. J’ai même vu l’infatigable Czeslaw Lukaszewicz utiliser sa 27, et pourtant il n’avait pas l’air d’un cyclotouriste! J’étais encore à l’avant du peloton au pied de la dernière bosse, mais dans le faux plat suivant le petit mur à 15%, je me suis fait éjecter et j’ai fini avec ce qui me restait, c’est-à-dire à peu près rien. Bilan: pour une première participation, mon résultat me déçoit (51e à 6min27sec du vainqueur Alexandre Nadeau) tout comme la façon dont ma course s’est déroulée. J’aurais dû tout tenter pour être dans l’échappée, quitte à être largué avec trente kilomètres à faire. Autrement, je me devais de passer la dernière bosse avec les meilleurs du peloton. Après tout je suis plutôt léger et j’ai passé pas moins de sept semaines dans les Alpes françaises cet été! Mais bon, avec une 11-21, je n’avais pas mis toutes les chances de mon bord… Pour moi, cette course arrive première au niveau de la distance et seconde au niveau du temps passé sur le vélo. Voici donc une petite comparaison avec mon autre grande épreuve en 2007, la Marmotte, une épreuve chère à La Flamme Rouge: *Temps* La Marmotte : 7h56min55sec Mtl-Qc : 5h59 (incluant le départ contrôlé) *Distance* La Marmotte : 174,5km Mtl-Qc : 252km *Dénivellé* La Marmotte : 5000m Mtl-Qc : mettons 400m… *Paysage* La Marmotte : la vallée de la Romanche, le défilé de Maupass, le col du Glandon, la vallée de la Maurienne, le col du Galibier, le massif des Écrins, la Meije, La Grave, l’Alpe d’Huez… Mtl-Qc : le Boulevard Notre-Dame, des champs, Trois-Rivières, encore des champs, le fleuve, encore des champs, l’usine Louis Garneau *Braquet le plus utilisé* La Marmotte : 38×26 Mtl-Qc : 53×15 *Vitesse moyenne* La Marmotte : 22km/h Mtl-Qc : 44,4km/h *Nombre de coureurs au départ* La Marmotte : près de 6000, 4003 finissants Mtl-Qc : 146, 95 finissants *Ma position* La Marmotte : 458e Mtl-Qc : 51e *Nombre de bidons consommés* La Marmotte : 11 Mtl-Qc : pas assez… En terminant, quelle course était la plus souffrante? La Marmotte avait une dénivellation plus importante et a duré plus longtemps, mais le paysage et la route compensaient… Mtl-Qc était beaucoup plus rapide et la distance bien supérieure, par contre c’était quasi tout plat et le peloton était relativement calme. Alors la course la plus dure? Ste-Marie de Beauce la semaine dernière!

Culture vélo!

Voici d’excellents exemples du peu de culture cycliste au Québec. La plupart des journalistes qui ont couvert la classique Montréal-Québec courue dimanche dernier donnent le temps du vainqueur, soit 5h11min29sec (n’oubliez pas les 29 secondes!). Aucun ne donne la vitesse moyenne, pourtant un indicateur beaucoup plus pertinent pour apprécier la vitesse voire la difficulté d’une course… "Et en parlant du final de la classique Montréal-Québec courue dimanche dernier, le journaliste Gilles Vachet du Journal de Montréal écrit":http://veloptimum.net/velonouvelles/7/ART/8aout/J20B.html _Toulouse et Veilleux s’étaient pourtant échangé la première place à quelques reprises vers la fin de la course, avant que Nadeau ne les dépasse à la dernière seconde._ En cyclisme, M. Vachet, ca s’appelle des relais et ca n’a rien à voir avec la première place…

59e édition de la Classique Montréal-Québec

On disputera dimanche entre Montréal et Québec, via le magnifique Chemin du Roy longeant le fleuve St-Laurent, la 59e édition de la "Classique Louis Garneau":http://www.louisgarneau.com/fra/classique.asp. Il s’agit de la plus longue (plus de 250 kms), de la plus ancienne (première édition en… 1931!) et de la plus prestigieuse course au Canada voire en Amérique du Nord. Voici ce qu’il faut savoir sur cette course: *Le parcours*: plat dans ses premiers 180 kms. Les dernières 70 bornes de l’épreuve comportent quelques petites bosses qu’on peut généralement passer sur la plaque. Le juge de paix de l’épreuve se situe à quelques hectomètres de la ligne et se matérialise par une montée sèche d’environ 150 mètres avec un fort pourcentage, suivie d’un faux plat ascendant. Parfait pour casser les jambes des coureurs qui doivent alors passer sur le petit plateau pour la première fois en plus de 4h30 de course! Mais le réel juge de paix de l’épreuve est, chaque année, le vent. Vent de dos, la sélection se fera par l’avant et à n’importe quel moment de la course, mais surtout dans les bosses du final. Vent de face, la sélection se fera par l’arrière dans les bordures entre Repentigny et Trois-Rivières. *La météo*: beau temps en perspective, 23 degrés, une température idéale pour l’épreuve en somme. Le vent devrait être de dos comme c’est habituellement le cas lorsqu’il fait beau. Un festival de la plaque est à prévoir! *L’organisateur*: Louis Garneau. Quelle bonne idée! Il faut être fier de voir une société québécoise défendre un des joyaux du patrimoine cycliste québécois. *Les recordmen de victoires*: Douglas Perron (vainqueur en 1938, 1940 et 1943) et Aurelio Batello (1963, 1964 et 1965) *Deux victoires sur cette épreuve*: Zénon St-Laurent (1931 et 1932), Georges Grave (1936 et 1946), Frank Brilando (1949 et 1950), Giuseppe Marinoni (1966 et 1968), Vincenzo Mecco (1971 et 1972) et Yannick Cojan (1992 et 1994). *Les 5 derniers vainqueurs*: Ryan Roth (2006), Dominique Rollin (2005), Dominique Perras (2004), Tim Johnson (2003) et Peter Mazur (2002). Que du beau monde! *La petite histoire*: Giuseppe Marinoni s’imposait avec plus de… 14 minutes d’avance sur cette épreuve en 1968, alors appelée Québec-Anjou et comportant 162 milles. Marinoni avait complété l’épreuve en près de 8h. Il participait encore à cette course en… 1994, soit 26 ans plus tard et alors âgé de 57 ans (!!!), s’y classant à la 40e place, à un peu plus de 10 minutes du vainqueur, Yannick Cojan. La même année, l’ancien double vainqueur (1971 et 1972) Vincenzo Meco complétait également l’épreuve juste derrière Marinoni. Allucinant! *La liste des engagés*: "disponible ici":http://veloptimum.net/velonouvelles/7/COMM/8aout/ClassiqueLouisGarneau17.html. Toutes les meilleures équipes du Québec sont présentes: Louis Garneau-Crocs, Volkswagen-Trek, Calyon-Litespeed, Sleeman Clear, Vallée de l’Aluminium (EVA). L’équipe canadienne Jet Fuel ainsi que l’équipe américaine AEG-Toshiba sont également de la partie, de même qu’un coureur québécois courant pour l’équipe américaine Jittery Joe’s, David Veilleux. Malheureusement, "les quatre derniers vainqueurs de l’épreuve ne sont pas au départ":http://veloptimum.net/velonouvelles/7/ART/8aout/MediaMatinQc17.html, ce qui est bien dommage. *Les favoris*: c’est toujours difficile à dire, la liste des engagés n’étant pas disponible. Mais il faudra assurément se méfier de la sensation brésilienne Kleber Ramos Da Silva qui a gagné trois Mardis cyclistes de Lachine récemment et qui court pour Garneau-Crocs, une équipe qui sera particulièrement motivée dimanche. D’autres coureurs seront à surveiller: Charles Dionne s’il est présent ainsi que David Veilleux, qui voudra accrocher cette course à son jeune palmarès, mais aussi Jean-François Laroche, actuel leader du cumulatif es Mardis cyclistes de Lachine ou certains sprinters comme Erik Lyman, 3e l’an dernier. *Les grands absents*: ils sont nombreux: Charles Dionne, Dominique Rollin, Dominique Perras, Ryan Roth (vainqueur sortant), François Parisien. *Le vétéran*: l’innusable Czeslaw Lukaszewicz. On a abandonné de compter le nombre de ses participations à cette course, mais il terminait déjà 6e de l’épreuve courue en 1992. N’oublions pas non plus que c’est un ancien vainqueur, s’étant imposé en solitaire sur l’épreuve de 1998. *Les autres épreuves*: en marge de la Classique, "Louis Garneau a eu la bonne idée de mettre sur pied d’autres épreuves répondant à d’autres besoins, tout le monde n’étant pas coureur cycliste chevronné capable de parcourir 250 bornes en 5h":http://veloptimum.net/velonouvelles/7/ART/8aout/Canoe16.html. C’est ainsi qu’un Challenge Québec-Trois Rivières sera disputé samedi, une course destinée aux jeunes coureurs, question de préparer la relève. Dimanche, la cyclosportive Louis Garneau – Cascades sera également courue avec comme intention d’amasser des fonds pour l’organisme les petits frères des Pauvres. C’est donc à un week-end d’événements cyclistes que Louis Garneau convie tous les passionnés de ce sport ce week-end. Il convient d’encourager, en participant nombreux, ces initiatives afin qu’elles perdurent. *La Flamme Rouge*: faute d’une équipe des Rouleurs de l’Outaouais, c’est la mort dans l’âme que La Flamme Rouge ne prendra pas le départ de cette édition. Nous reportons toutes nos ambitions sur 2008 ou nous planifions enchaîner la Marmotte en France en juillet et la Classique Louis Garneau en août au Québec. Ce week-end, nous continuerons notre préparation en vue de ces objectifs. À cet effet et pour poursuivre notre petit jeu, nos plus récentes données sont J-325, poids (128 livres), cumul km (920kms), puls repos (49), puls maxi (182). Y’a encore du boulôt!

Le Tour de Beauce

La "22e édition du Tour de Beauce":http://www.tourdebeauce.com/fr/ débute demain de Lac Etchemin, au sud de la ville de Québec. Il s’agit de l’épreuve par étape la plus prestigieuse au Canada. À son palmarès, on compte en effet des coureurs comme Marty Jemison (1993), Jonathan Vaughters (1997), Levi Leipheimer (1997 et 1998), Henk Vogels (2001) voire Micheal Rogers (2002), tous devenus par la suite de bons voire d’excellents coureurs professionnels en Europe. L’épreuve compte cette année 7 étapes, dont 4 étapes en ligne, un contre-la-montre, un critérium et une arrivée au sommet, la fameuse étape du Mont Mégantic. Le premier rendez-vous est justement "cette arrivée au sommet du Mont Mégantic":http://www.tourdebeauce.com/fr/site.asp?page=element&nIDElement=945, après 6 kms d’ascension, lors de la 3e étape. Les 2 premiers kms sont redoutables et il y a toujours des écarts au sommet. Il faudra bien récupérer pour "le contre-la-montre le lendemain matin":http://www.tourdebeauce.com/fr/site.asp?page=element&nIDElement=951. La distance est cependant assez courte à ce niveau de compétition (20 kms). La 6e étape, "dans les rues de Québec":http://www.tourdebeauce.com/fr/site.asp?page=element&nIDElement=947, sera enfin à surveiller avec l’ascension à répétition de la côte de la Montagne, dans le Vieux-Québec. Spectacle garanti au coeur d’une des plus belles villes d’Amérique du Nord, patrimoine mondial de l’humanité selon l’UNESCO. L’édition 2007 bénéficiera d’un "intéressant plateau de coureurs":http://www.tourdebeauce.com/fr/site.asp?page=element&nIDElement=954, notamment du Québec. Des 10 équipes canadiennes inscrites, pas moins de 5 émanent en effet du Québec: Volkswagen-Trek, Calyon-Litespeed, "équipe du Québec":http://www.fqsc.net/07/Nouvelle/0611-1.htm, Eva-Devinci et Garneau-Crocs. Il faudra tout particulièrement surveiller Dominique Rollin, en excellente condition actuellement, de même que "Charles Dionne":http://veloptimum.net/velonouvelles/7/ART/6juin/Soleil10.html. Dominique Perras, François Parisien, Martin Gilbert et David Veilleux sont les autres Québécois qui, selon nous, ont le plus de chance de s’illustrer durant la semaine de course. L’occasion est excellente cette année de voir un coureur du Québec sur le podium au terme des 6 jours de course. Les épouvantails sont évidemment les Américains de chez Navigators, notamment Serguei Lagutin, déjà 2e l’an dernier. L’Ouzbek, champion du monde des moins de 23 ans à Hamilton en 2003, a toujours connu beaucoup de succès au Canada et il sera selon nous l’homme à battre. Il pourra notamment compter sur Valery Kobzarenko et Ben Day pour l’épauler. Toute la semaine, ca devrait être une belle lutte entre les Navigators et les Kodak Gallery. La surprise pourrait venir de cette équipe danoise dont on ignore tout. En marge de l’événement, "vous pouvez participer à un sympathique pool de cyclisme portant spécifiquement sur le Tour de Beauce":http://www.tourdebeauce.com/fr/site.asp?page=element&nIDElement=939. Les lecteurs de La Flamme Rouge ont une certaine expérience dans le domaine!

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