Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Catégorie : Cyclisme québécois Page 33 of 37

Entrevue avec Dominique Perras

Récemment retraité des pelotons, Dominique Perras a accepté, pour le bénéfice de La Flamme Rouge, de répondre à quelques unes de nos questions portant essentiellement sur ses projets d’avenir, notamment ce nouveau site d’entraînement qu’il a lancé avec Mathieu Toulouse, lui-aussi récent retraité du cyclisme. On revient également sur ses méthodes d’entraînement et sa longue carrière cycliste.

La Flamme Rouge: Dominique, te voilà désormais retraité du sport de haut niveau. La pratique sportive te manque-t-elle ? As-tu maintenu l’entraînement ces dernières semaines ou la coupure est totale ?
 
Dominique Perras: Jusqu’à maintenant je suis très occupé donc je n’ai pas le temps de m’ennuyer. J’ai roulé une à deux fois par semaine de septembre à novembre, depuis je fais un peu de jogging et je joue au hockey à l’occasion. J’ai aussi apporté mon vélo avec moi en vacances en Californie et ai fait quelques sorties de 2h. Mais dans l’ensemble disons que j’ai observé une grosse réduction de mon temps d’entraînement.
 
La Flamme Rouge: En collaboration avec Mathieu Toulouse, tu viens de te lancer dans le métier d’entraîneur professionnel via ton site avelocoaching.com. Le désir de rester impliqué de près dans le milieu cycliste ?
 
Dominique Perras: Je pense que les gens qui m’ont côtoyé peuvent témoigner de toute ma passion pour ce sport donc oui, bien sûr, c’est une façon de rester impliqué dans le cyclisme et de transmettre certaines de mes connaissances acquises en 20 ans de compétition. Notre projet s’adresse autant aux coureurs qu’aux cyclosportifs de tous les niveaux, ce qui a l’avantage de me remettre en contact avec toutes les catégories de pratiquants du sport cycliste.
 
La Flamme Rouge: Le domaine du coaching en cyclisme s’est beaucoup développé ces dernières années, nombreux étant les centres à Montréal ou ailleurs offrant de planifier et de superviser l’entraînement d’athlètes. En quoi avelocoaching se distingue-t-il des autres centres du même genre ?
 
Dominique Perras: Nous tenons à nous positionner de façon distincte et non en opposition par rapport aux autres centres d’entraînement. A mon avis, nous nous distinguons à plusieurs égards. D’une part, nous offrons d’aller rouler, en privé, avec nos clients, ceci afin de prodiguer des conseils sur le terrain et non pas uniquement via internet. Nous croyons que certains éléments techniques peuvent améliorer un cycliste presque tout autant que le meilleur des plans d’entraînement.
 
Ensuite, nous croyons à une approche à moitié scientifique et à moitié intuitive, c’est à dire que nous reconnaissons que la science de l’entraînement est loin d’une science exacte ! Nous visons donc de bâtir des plans d’entraînement qui évoluent avec les progrès d’un client. Par ailleurs, nous visons un volume de clients moindre que nos concurrents, ceci afin d’être en mesure d’offrir un service entièrement personnalisé.
 
Enfin, je crois que notre avantage concurrentiel provient de notre contact récent, et toujours présent, avec le milieu cycliste de compétition et les récentes évolutions de l’entraînement. Humblement, je pense qu’après 16 ans passés comme membre de l’équipe nationale, 9 ans comme professionnel et avec mon niveau 3 de certification nationale des entraîneurs, j’ai un bon bagage à offrir à mes clients.
 
La Flamme Rouge: Tu laisses l’image d’un coureur cycliste très régulier, aux résultats constants années après années. Quels étaient les fondements de ton entraînement ?
 
Dominique Perras: Merci du compliment. C’est vrai qu’hormis quelques ennuis de santé, et peut-être exception faites de mes deux dernières saisons où, pour différentes raisons, j’ai été plus irrégulier dans mon entraînement, j’étais généralement très régulier. J’ai misé, à presque tous les débuts de saison, sur un bon volume de base qui, je crois, est la base de la régularité et des performances dans les épreuves aérobiques et d’endurance. J’ai certes dû faire certains compromis sur ma vitesse, ce qui sur le circuit américain est assez important, mais j’ai toujours visé les compétitions longues et difficiles tout comme les courses par étapes. Je sais qu’au Québec et aux USA, plusieurs coureurs valorisent beaucoup les victoires dans les critériums, mais moi j’ai toujours voulu me démarquer dans ce que je considère comme les vraies épreuves cyclistes, c’est-à-dire celles les plus reconnues sur la scène mondiale en tout les cas, soit les courses par étapes et les courses d’un jour difficiles tels que les championnats nationaux et du monde.
 
La Flamme Rouge: Comment abordais-tu la période hivernale au Québec ? Consentais-tu aux interminables séances de home-trainer dans ton sous-sol ou privilégiais-tu le ski de fond à l’extérieur ?
 
Dominique Perras : L’idéal, bien sûr, c’est de pouvoir profiter de l’hiver pour faire du volume en vélo. Pour cela toutefois, il faut quitter le Québec pour des cieux plus cléments. Mais quand j’ai passé mes hivers au Québec, je tentais de rouler dehors dès que la météo le permettait. Je me souviens, entre autres, de ma seconde année junior où, motivé à l’idée de me faire sélectionner pour les championnats du monde junior, Daniel Belleville et moi avions roulé pratiquement à tous les jours ! Mais sinon, je roulais en vélo de montagne, et optais pour un combo ski de fond, musculation et exercices brefs mais intenses sur le home-trainer.
 
La Flamme Rouge: Utilisais-tu un système de mesure de la puissance comme un capteur de type SRM, un cardiofréquencemètre ou faisais-tu plutôt tout "aux sensations" ?
 
Dominique Perras: J’ai longtemps résisté à la technologie et n’utilisait qu’un cardiofréquencemètre. Ce fut peut-être une erreur car j’ai utilisé un appareil de mesure des watts ces dernières années et j’en ai compris toute l’utilité, notamment pour les contre-la-montre et afin de bien gérer son effort dans les longues montées.
 
La Flamme Rouge: Adepte de l’entraînement classique basé sur le foncier ou plutôt adepte de l’entraînement moderne basé sur de courtes séances, mais meublées d’intervalles ?
 
Dominique Perras: Tout dépend du temps disponible pour une personne, de ses objectifs et de la météo. Quelqu’un qui passe l’hiver au Québec peut difficilement miser sur le volume, alors l’approche de l’entraînement par intervalles est idéale. Par contre, pour un coureur qui veut passer pro, il faut passer par une période hivernale axée sur le volume sur le vélo (et pas sur un home-trainer) et essayer d’augmenter progressivement ses charges d’entraînement pour un jour, peut-être, pouvoir passer au travers de courses par étapes de 25 à 30 heures de course par semaine.
 
La Flamme Rouge: Durant ta carrière, consentais-tu à des entraînements spécifiques sur ton vélo de contre-la-montre afin de te préparer à ce type d’épreuve ?
 
Dominique Perras: Je n’ai jamais été un spécialiste des contre-la-montre ! Toutefois, de temps en temps, oui, je roulais avec mon vélo de contre la montre. Des spécialistes comme Eric Wohlberg ou Roland Green, par exemple, roulaient sur leur machine de contre-la-montre environ 1 fois par semaine. A l’approche des grandes épreuves, je l’utilisais plus fréquemment, c’est vrai.
 
La Flamme Rouge: Tu as fait partie de l’équipe EVA-DeVinci pour ta dernière saison de coureur élite. Quels sont les jeunes coureurs qui t’ont le plus impressionné en 2008, chez EVA comme ailleurs ?
 
Dominique Perras : Au sein de mon équipe, plusieurs coureurs ont démontré l’étendue de leur talent. Guillaume Boivin et Jean Sébastien Perron, entre autres, m’ont impressionné, de même que Simon Brassard qui nous a tous surpris au championnat québécois. Arnaud Papillon aussi a très bien fait pour un coureur de 19 ans et Eric Boily a été solide tout au long de la saison. J’ai aussi été impressionné par la classe de David Boily.
 
La Flamme Rouge: Désignerais-tu un successeur à Dominique Perras au sein du peloton québécois ?!
 
Dominique Perras: En 2003, alors en Europe, le magazine cycliste « Cyclisme international », m’avait demandé une question similaire ! J’avais alors suggéré Dominique Rollin et François Parisien. Cinq ans plus tard, force est d’admettre que je ne m’étais guère trompé et je suis bien content pour eux !
 
Il se trouve que plusieurs jeunes coureurs québécois sont voués à un bel avenir selon moi, tels que David Veilleux, Eric Boily, Arnaud Papillon, Guillaume Boivin ou Simon Lambert-Lemay. J’observe toutefois qu’aux cours des dernières années, les jeunes canadiens sont encore un peu juste – Christian Meier étant la seule exception – dans les épreuves par étapes montagneuses ou dans des courses plus relevées, pour preuve leurs récentes difficultés au Tour de l’Avenir qui, pourtant, n’est ouvert qu’aux moins de 23 ans et non plus aux jeunes professionnels. Idem dans la course sur route des mondiaux U23. Je m’interroge à savoir si c’est en raison du fait que les jeunes se concentrent sur le type d’épreuves que l’on trouve aux USA et au Canada (i.e. beaucoup de critériums) ou si c’est parce qu’ils privilégient essentiellement des entraînements courts et intenses au détriment du volume et de l’endurance aérobique, tous deux nécessaires pour performer à l’échelle mondiale.
 
Si j’avais à choisir un coureur qui a le potentiel de se distinguer à moyen ou long terme (4-7 ans), en particulier en montagne et dans les courses par étapes, je crois que je choisirais David Boily. C’est un jeune de la région de Québec qui a connu un Tour de l’Abitibi phénoménal, qui a remporté le Championnat canadien de la course aux points et madison et qui a de très belles qualités aérobiques.. S’il continue de travailler fort et est discipliné, je crois qu’il atteindra un bon niveau dans 4 ou 5 ans.
 
La Flamme Rouge: Tu as couru une saison chez Post Swiss en 1999 et chez Phonak en 2000, et ensuite chez Flanders-Iteamnova en Belgique,  faisant donc plusieurs courses en Europe. Dominique Rollin s’apprête lui-aussi à intégrer la scène des courses professionnelles en Europe. Basé sur ton expérience, quel conseil lui donnerais-tu afin qu’il réussisse son passage chez les pros en Europe ?
 
Dominique Perras : Je connais assez bien Dominique pour lui transmettre mes conseils directement ! Mais pour jouer le jeu et pour le bénéfice des lecteurs de ce site, disons que je lui suggérerais de faire une base énorme cet hiver et d’arriver en pleine forme au camp d’entraînement très bientôt. Dans ce contexte, il ne faut pas qu’il songe à sa forme plus tard durant la saison. Les courses par étapes sont si difficiles en Europe qu’il faut être à 100% pour y performer, faute de quoi elles peuvent vous détruire rapidement. Enfin, je lui suggérerais de signer une entente de 2 ou 3 ans si possible car, dans la plupart des cas, les premières années peuvent être difficiles et on a tendance à être moins patient envers un coureur canadien qu’un coureur "local", c’est-à-dire un coureur français ou italien par exemple.
 
La Flamme Rouge: Tu as eu une carrière bien remplie, ponctuée de beaux succès. L’année 2003 demeure à mon avis ta meilleure saison en carrière avec ce titre de Champion canadien acquis à Hamilton et, à la clef, ta participation aux Mondiaux dans cette même ville quelques mois plus tard. C’est ton avis aussi ?
 
Dominique Perras: Ce sont de très beaux souvenirs et 2003 fut peut-être ma meilleure année en terme de résultats, avec le Championnat canadien, une victoire d’étape dans une arrivée au sommet au Sun Tour en Australie, une 3ème place au Tour de Qinghai Lake en Chine et une 8e place au classement final du Tour de Beauce. Mais je dirais toutefois que ma meilleure saison fut ma saison 2005 ou j’ai bien marché durant toute l’année et ou je suis passé bien près de remporter le Sun Tour. Je n’ai perdu le maillot jaune que la veille de l’arrivée aux mains de Simon Gerrans, vainqueur d’étape cette année sur le Tour. En 2005, j’ai eu une saison solide aux USA également, perdant le maillot de leader dans un criterium, via le jeu des bonifications, lors de la Fitchburg Longsjo. Bref, je crois que 2005 fut ma meilleure année au plan physiologique. Ceci dit, je ne crois pas en l’utilité d’être nostalgique!
 
La Flamme Rouge: Que conserves-tu comme souvenir de ton expérience aux Mondiaux d’Hamilton ? Comment s’était déroulée ta course ?
 
Dominique Perras: Ma course comportait 2 objectifs : essayer de m’intégrer à un gros groupe d’échappée s’il y avait lieu dans les premières heures de course et aider Michael Barry, qui venait de terminer en force la Vuelta, à se positionner dans le final. La course se déroula à une allure rapide mais constante et il n’y eu jamais plus de 2 ou 3 coureurs devant. Il était donc inutile, dans ce contexe, de chercher à s’échapper et je suis donc resté aux avant-postes une bonne partie de la course. J’ai réussi à aider Mike de façon significative en ce sens et à deux tours de la fin je me suis retrouvé dans une cassure au sommet de la première montée. J’ai terminé dans un petit groupe, en 100e place environ.
 
J’ai aussi fait trois championnats du monde pro (Plouay 68e, Hamilton 104e et Madrid DNF) et un junior (92 à Athènes) mais ceux d’Hamilton resteront toujours les plus spéciaux en raison de ma famille, de ma femme et de nombreux amis sur place.
 
La Flamme Rouge: Quel a été le plus bel exploit qu’il t’aie été donné de voir sur une course cycliste au cours de ta carrière ?
 
Dominique Perras : Bonne question ! J’en ai vu tellement que c’est dur d’en pointer un seul, et je ne suis pas tout à fait du type groupie mais… Je me souviens d’une victoire de Francesco Casagrande à la Coppa Placci il y a quelques années. Après un forcing phénoménal de Massimo Donati au terme duquel il ne restait pas plus de 20 coureurs en course, Casagrande s’était détaché dans l’ascension de San Marino et avait résisté à un groupe derrière comportant entre autre Danilo DiLuca, Marco Pantani  Davide Rebellin, Michele Bartoli, Paolo Bettini et autres. Je faisais partie de ce groupe jusqu’au paroxysme du forcing de Donati ; je m’étais alors fait décroché et j’ai abandonné la course. J’ai donc pu assister à son terme sur le circuit final.  C’est peut-être une victoire parmi d’autres, mais j’ai vu ce duo Donati-Casagrande faire ce type de sélection, au train, pratiquement en faisant exploser tout le monde un à un, dans plusieurs autres classiques italiennes (Tre Valle Varesine, etc.) et c’était, disons, très spécial.
 
Je me souviens aussi d’un coureur de MROZ à la Course de la Paix en 2003 qui s’était échappé au tout début d’une étape de 200km,  dans un vent de face épouvantable et sous la pluie. Il avait eu une avance maximale de 25 minutes et avait résisté au peloton où pourtant Telekom et Gerolsteiner avaient mis en route, avec à peine quelques minutes à l’arrivée. Cette étape avait pris plus de 5h30 de selle et il avait tout fait tout seul, dans un vent de face atroce. Derrière, on s’emmerdait dans le peloton, imaginez vous lui!
 
La Flamme Rouge: Tu t’es imposé dans Montréal-Québec une fois et tu as terminé sur le podium à plusieurs autres reprises. Consentais-tu à une préparation spécifique pour cette course ?
 
Dominique Perras: L’année que je l’ai remporté, en 2004, je me souviens avoir fait 2 longues sorties consécutive, dont une longue sortie de 4 h30 seul que j’ai enchaîné (sans arrêt) avec deux heures de derrière moto (derny) pour une sortie de plus de 6h30, sortie effectuée dans les plaines de la Montérégie avec mon fidèle "motard" Jacques Barriault.
 
La Flamme Rouge : Je te pose la même question qu’à Alexandre Lavallée récemment: devrait-on s’inquiéter du dopage dans le cyclisme au Québec ?
 
Dominique Perras: Non, je ne crois pas. Il y a certes quelques rares exceptions, mais il faut savoir que le CCES procède à beaucoup, beaucoup de tests de dépistage chez les athlètes d’élite et de la relève canadienne, ce qui a un effet dissuasif et de conscientisation selon moi. Mais surtout, je crois que la culture cycliste ici est un peu différente de celle prévalant en Europe. Ceci dit, il convient d’être vigileant.
 

Le Tour de France au Québec: une utopie ?

Avec l’abandon récent du GP de Formule Un de Montréal en raison des exigences démesurées de Bernie Ecclestone, on dirait que le Québec se cherche un nouveau projet d’envergure pour "relancer la fête". Quelques personnalités ont été invitées à proposer, pour le plaisir, des projets et Marcel Aubut, ex-manager de l’équipe de hockey de la LNH les Nordiques de Québec et homme d’affaires, a évoqué la venue du Tour de France au Québec.

Comment ne pas réagir, même si ce projet a un air de déjà vu ?

Ce n’est en effet pas la première fois que des gens de la ville de Québec fleurte avec cette idée: récemment, un projet très sérieux visant la venue du Tour au Québec avait été mis sur pied dans le cadre des festivités entourant le 400e anniversaire de la ville de Québec. Le premier ministre du Québec, Jean Charest, avait même évoqué cette idée avec l’ancien président français Jacques Chirac. Des équipes avaient de part et d’autre fait le déplacement en France et au Québec pour envisager sérieusement la possibilité. Au final, le projet avait été abandonné par les organisateurs du Tour pour des raisons de contraintes logistiques essentiellement.

Alors, la relance d’un tel projet aurait-elle des chances de succès ? Après tout, il y a eu pas mal de changements à la direction du Tour et d’ASO: nouveau pdg, nouveau directeur du Tour en Christian Prudhomme… et une volonté farouche de la part de l’UCI de "mondialiser" le cyclisme…

Avant toute chose et afin de ne pas diviser la communauté cycliste du Québec, il faut dire qu’aucun passionné de cyclisme ici ne peut s’opposer à un tel projet. La venue du Tour de France au Québec représenterait une occasion unique de promotion du cyclisme dans la province et gageons que son effet durerait des années, notamment auprès de la jeune génération. Le cyclisme québécois s’est beaucoup développé et se développe encore, notamment du côté des cyclosportives. Nul doute que le succès populaire serait au rendez-vous du Tour de France au Québec et qu’un effet se ferait sentir l’année suivante dans le nombre de licenciés à la FQSC… La Flamme Rouge ne s’oppose donc pas à un tel projet, bien au contraire !

Ceci étant et au risque de passer pour autre chose qu’un "rêveur", il faut regarder les choses avec réalisme et se poser la question: un tel projet est-il possible ? Voici quelques éléments à considérer.

Premièrement, le projet n’est viable que si le Tour se déplace au Québec pour non pas une mais bien plusieurs étapes, la logistique étant très lourde. Seul un Grand Départ au Québec est donc envisageable et rentable selon moi. Il faut envisager au minimum 4 étapes, les distances étant grandes au Québec: un prologue, deux courses en ligne et un contre-la-montre par équipe par exemple. Pourquoi ne pas imaginer un prologue dans le Vieux Québec par delà quelques belles bosses comme la Côte de la montagne, puis une étape en ligne Québec-Montréal via le Chemin du Roy, étape qui tisserait un pont avec l’histoire du vélo au Québec, ce parcours étant celui de la plus vieille et plus prestigieuse classique en Amérique du Nord, Montréal-Québec ? Une fois à Montréal, nouvelle étape sur le circuit des Championnats du monde de 1974 et des JO de 1976 par delà la voie Camilien Houde, une parcours sélectif permettant de créer les premiers écarts. Enfin, la 4e étape en sol québécois pourrait être un clm par équipe dans la région de Montréal, question d’assurer un succès populaire pour cette épreuve très spectaculaire autant par la vitesse que par le matos employé. 

Un Grand Départ au Québec aurait l’avantage de permettre aux coureurs et au personnel d’équipe d’arriver au Québec plusieurs jours voire une semaine avant le départ, question de bien digérer le décalage horaire et de bien se préparer aux 4 jours de course ici. Les équipes, la caravane, le display général du Tour pourrait donc se mettre en place tranquillement.

Mais un Grand Départ au Québec suppose aussi plusieurs difficultés de taille: d’une part, il faudrait faire traverser l’Atlantique à beaucoup de personnes (on parle de 4000 personnes oeuvrant directement dans la caravane, coureurs, personnel d’équipe, personnel de course, caravane publicitaire, journalistes télé, radio, presse écrite, personnel technique) et à beaucoup de matos, un Grand Départ supposant non seulement l’usage de vélos de route mais aussi de vélos de contre-la-montre, avec tout le matos que ca suppose (roues pleines, home-trainers pour les réchauffements, etc.). Sans compter l’autre matos technique pour les reportages télé avec hélicoptères webcam, etc.

D’autre part, comment envisager le Tour de France dans l’état actuel de nos routes ? Il faudrait prévoir un repavage complet de toutes les routes empruntées par le peloton, ce qui peut représenter un coût important. Additionné à celui à prévoir pour faire traverser matos et personnel, la facture pourrait augmenter très vite. Remarquez qu’en comparaison aux millions du GP de Formule Un, le calcul est peut-être avantageux pour le cyclisme…

Autre problème de taille (et probablement le plus important), le transfert une fois les 4 étapes québécoises terminées. Les risques de retard dans les vols posent problème, tout comme l’arrimage au reste de la course… Même en collant deux jours de repos après le voyage, en organisant quelques étapes de transition sur le plat par la suite pour ne pas trop durcir rapidement la course et en écourtant la totalité de l’épreuve, on voit mal comment les coureurs et les équipes pourraient accepter de telles contraintes. Les coureurs se sont d’ailleurs plaints à de nombreuses reprises dans le passé des transferts jugés trop nombreux et ils n’étaient jamais de l’envergure de celui nécessaire à la venue du Tour au Québec…

Plus encore, un tel projet ne pourrait se réaliser sans l’aval des coureurs, de leurs équipes participant à l’épreuve. Dans cette optique, on peut penser qu’une grosse campagne de lobbying serait nécessaire afin de convaincre coureurs, directeurs sportifs et sponsors de l’intérêt de venir rouler au Québec. Ce n’est pas évident, les sponsors d’équipes étant très souvent européens donc intéressés au marché européen, sauf quelques exceptions. Qui plus est, on peut penser que beaucoup de coureurs ne verraient pas l’intérêt de venir rouler au Québec pour quelques jours, le creuset du cyclisme étant plutôt en Europe… et la fatigue du voyage difficile à encaisser.

Enfin, il faut penser aux sponsors: quel intérêt pour les voitures Skoda, pour les supermarchés Champion, le Crédit Lyonnais ou pour Aquarel de Nestlé de venir faire un petit tour au Québec ? Leur marché n’est pas ici. Le problème pourrait être contourné en trouvant des sponsors nord-américains intéressés à financer la venue du Tour l’espace de 4 jours au Québec. Cela suppose une grosse recherche de nombreux sponsors et la création d’une flotte de véhicules (les chiffres annoncés vont jusque… 1600 véhicules!) d’équipe et de la caravane publicitaire maquillés aux noms de ces sponsors… tout cela pour seulement 4 jours. Grosse logistique !

Alors, le Tour de France au Québec, une utopie ? Peut-être pas, surtout si le Tour se déplace pour plusieurs étapes et si le reste de la compétition en France est aménagé. Mais les défis logistiques sont colossaux. ASO vient d’envisager sérieusement ce projet l’an dernier et l’a écarté pour ces raisons logistiques. Quelles sont les chances que l’exercice soit repris après si peu de temps ? Poser la question est-il y répondre ?

Quoi qu’il en soit, c’est peut-être le changement de garde chez ASO et à la direction du Tour que se nichent les meilleurs espoirs de relance d’un tel projet, si un promotteur québécois est motivé !

Le visage statistique du cyclisme sur route au Québec

Qui pratique la compétition en cyclisme sur route au Québec ? Combien sommes-nous de coureurs ? Quelles sont les catégories les plus populaires ? Le cyclisme sur route au Québec est-il en croissance ou, au contraire, en déclin ?

Ce sont toutes des questions intéressantes pour lesquelles on peut trouver dans le récent rapport annuel (2007-2008) de la Fédération Québécoise des Sports Cyclistes (FQSC) certains éléments de réponse.

La Flamme Rouge vous propose ce soir un bref portrait démographique (ma spécialité) du cyclisme sur route au Québec ainsi que des coureurs qui l’animent.

Commençons par le plus important: le portrait sera forcément incomplet. Je suis en effet totalement tributaire des données incluses dans le récent rapport annuel de la FQSC. Dans certains cas, on ne pourra pas aller bien loin dans les commentaires. Le petit portrait se veut également le plus objectif possible et n’est d’aucune façon une tentative quelconque, consciente ou inconsciente, de diviser la communauté cycliste au Québec. Ce petit portrait n’a pas non plus été fait avec un prisme "pro-régions" ou "pro-Montréal" pas plus qu’avec un prisme "pro-cyclisme sur route" versus "pro-vélo de montagne" mais plutôt avec le simple désir de refléter le plus justement possible l’état de la situation. S’il ne sera question que de cyclisme sur route, c’est que La Flamme Rouge porte exclusivement sur cette discipline du cyclisme.

Certaines comparaisons seront également faites avec des données de la Fédération Française de Cyclisme (FFC). Bien sûr, c’est une comparaison boiteuse: il aurait été préférable d’opposer aux données de la FFC celles de l’Association Cycliste Canadienne (ACC), son pendant au Canada. Je n’ai malheureusement pu trouver de données sur le site de l’ACC, son dernier rapport annuel publié remontant à… 2005. J’aurais également aimé comparer les chiffres de la FQSC avec les données de la Royale Ligue Vélocipédique Belge, mais aucune donnée n’était disponible sur leur site. Enfin, il m’apparaît intéressant de comparer le Québec à la situation française simplement pour donner un point de comparaison, rien de plus.

J’ajoute enfin qu’il ne faut pas voir dans cet article une quelconque critique du travail effectué par la FQSC. Il ne faut pas voir non plus dans les comparaisons effectuées avec la FFC une quelconque critique des efforts fournis par chaque fédération.

Le cyclisme sur route en progression, le vélo de montagne diminue légèrement

La FQSC comptait 8657 membres individuels en 2007-2008. Si on rapporte ce nombre à la population moyenne au cours de la période afin d’établir un taux, mesure classique en démographie, cela donne un taux brut de "licenciés FQSC" de 1,124 pour mille personnes dans la population. Si on considère que les 101 079 licenciés en France correspondent à la définition de la FQSC de "membres individuels", cela porterait le taux brut en France à 1,634 pour mille. On peut y voir une sorte de mesure du taux de "pénétration" de la compétition cycliste licenciée dans la population générale. Nul doute qu’à travers ce prime imparfait (il ne tient également pas compte des différences de structure par âge de la population des deux régions), la FFC disposerait d’un bassin de licenciés proportionnellement plus large que la FQSC, héritage possible de l’histoire beaucoup plus longue du cyclisme en France, et donc d’une "popularité du sport" probablement plus importante.

Si on s’intéresse maintenant au volet "route et piste" du sport cycliste, les adhérents FQSC de ce secteur étaient au nombre de 3115 en 2007-2008, soit 36% de tous les licenciés FQSC. En France, le volet "route et piste" comptait, en 2007, 70 400 adhérents, représentant 69,7% de tous les licenciés FFC. C’est donc une proportion nettement plus importante qu’au Québec, témoignant des différences de clientèle des deux fédérations. Le volet "vélo de montagne" conserve une grande place à la FQSC, peut-être en raison du développement plus récent du cyclisme au Québec qui surferait donc davantage sur la mode "vélo de montagne" que la France. Dans ce pays, le sport cycliste s’est d’abord et avant tout développé sur piste et sur route au début du siècle dernier… Les traditions sont donc différentes. Un possible effet "Marie-Hélène Prémont" n’est également pas à exclure!

Malgré la popularité du volet "vélo de montagne" à la FQSC, il est intéressant de noter que c’est pour le secteur "route et piste" que la progression est la plus forte. Le nombre de licenciés de ce secteur était en effet en progression de 7,8% entre 2006-2007 et 2007-2008. En comparaison, le volet "vélo de montagne" a connu, durant la même période, une baisse de 3% de ses effectifs au sein de la FQSC.

La hausse observée pour la route et la piste s’explique en grande partie par une forte progression du nombre de "licenciés d’un jour", aussi appelés "licences d’événements". Cette formule permet à des cyclistes d’obtenir une licence "d’un jour" pour une course spécifique. Il est possible qu’elle attire également des cyclistes amateurs désirant "essayer" la course cycliste l’espace d’un jour.

Quoi qu’il en soit, la récente variation à la hausse du secteur route et piste est encourageante. Tendance lourde ou phénomène passager ? La hausse observée étant en grande partie attribuable aux licences d’événements, une catégorie volatile par définition, et n’ayant malheureusement pu trouver sur le site de la FQSC des rapports annuels antérieurs, difficile d’aller plus loin dans l’analyse et de la contextualiser. Sous l’hypothèse que le vélo de montagne serait plus populaire chez les jeunes et la route chez les plus vieux, pourrait-on voir dans l’évolution récente des deux volets une conséquence du vieillissement progressif de la population ?

Un coureur licencié FQSC sur trois appartient aux catégories Maitre

Fait intéressant, environ un coureur sur trois possédant une licence de course FQSC en cyclisme sur route appartient aux catégories Maître et a donc 30 ans ou plus. En comparaison, les Séniors 1-2, catégorie dans laquelle se concentre généralement l’élite, ne représentaient qu’environ 17% du total. Considérant que certains Séniors 1-2 ont 30 ans ou plus, la réelle proportion de Séniors 1-2 de moins de 30 ans est probablement inférieure à ce chiffre. Les cadets et juniors représentaient environ 18% du total et les jeunes coureurs (Bibittes, Pee-Wee, Minimes) 29%, ce qui est intéressant puisqu’ils incarnent la relève de la discipline.

En vélo de montagne, c’est très similaire, les coureurs des catégories Maître représentant environ le tiers des effectifs. Pas de doute donc, les coureurs de 30 ans et plus constituent une importante clientèle de la FQSC, même si ces derniers n’iront plus aux Jeux Olympiques ni au Tour de France!

La route attire davantage de femmes que le vélo de montagne

Côté rapport hommes/femmes, ces dernières (319) représentaient environ 22% de tous les licenciés "route et piste" de la FQSC en 2007-2008. Fait intéressant, le pourcentage équivalent en vélo de montagne était de 15% seulement, malgré le fait que la discipline soit plus jeune. Il faut croire que le cyclisme sur route et piste est plus attrayant pour les femmes que le vélo de montagne, probablement au grand bonheur de Messieurs les cyclistes sur route!

Il faut cependant nuancer ce portrait: on retrouve chez les Maîtres du secteur route et piste seulement… 6% de femmes. Pour l’agence de rencontre, il faudra attendre encore un peu… Cette proportion passe cependant à… 37% – soit plus d’un coureur sur trois – pour les catégories Pee-Wee, Minimes ou Cadets en route et piste (il n’est que de 21% en vélo de montagne pour les mêmes catégories). Effet Jeanson, Bessette ou Lemieux ? Difficile à dire… Ces jeunes filles pratiquant la compétition sur route poursuivront-elles dans les catégories supérieures ? Espérons le, cela voudrait peut-être dire que le cyclisme féminin au Québec – très populaire ces 10 dernières années – aurait une bonne relève potentielle. On peut aussi rappeler que c’est une femme qui a remporté l’édition 2008 du pool de cyclisme La Flamme Rouge!

Un volet "élite" important au Québec

Côté athlètes excellence, élite et relève, on comptait environ 82 athlètes ayant ce statut à la FQSC en 2007-2008, soit environ 1% de tous les licenciés. Ils étaient environ 650 à la FFC, soit 0,6% de tous les licenciés. Parle-t-on des mêmes coureurs ? Ce n’est pas évident, chaque pays pouvant classer ou définir son élite de façon différente. Considérant que l’élite constitue le sommet de la pyramide, la proportion ne surprendra toutefois pas.

Surprenant Saguenay-Lac St-Jean!

Parmi les membres FQSC (il faut ici ajouter aux coureurs les commissaires, entraineurs, organisateurs, dirigeants, mécanos, chauffeurs, soigneurs, etc.), plus du tiers proviennent de la grande région de Montréal (Laval, rive-sud, Bourassa, Lac St-Louis inclus). Considérant le bassin de population de cette région, ce n’est pas une surprise. En tout, c’est près de 700 licenciés qui vivent dans cette région, dont près de 300 simplement sur la rive-sud, véritable fourmilière du cyclisme au Québec.

Avec près de 250 licenciés représentant 13% de tous les membres FQSC, la région de Québec possède également un beau bassin de cyclistes prenant part à des compétitions sur route. La région du Saguenay Lac St-Jean, très au nord de la ville de Québec et donc une région plus difficile pour la pratique du cyclisme, l’hiver étant long, se distingue à mon avis avec près de 200 licenciés, pour près de 10% du total. Impressionnant pour une région éloignée et dont le bassin de population est proportionnellement plus faible ! En comparaison, l’Estrie (86), l’Outaouais (72) ou encore les Laurentides (122) font moins bonne figure à ce chapitre.  

Proportionnellement plus d’équipes cyclistes en France

Côté clubs et équipes affiliés, on comptait 161 clubs cyclistes au Québec en 2007-2008. C’est 9 de plus que l’année précédente, là encore un bon signe. En France, le nombre de clubs était de 2476, soit nettement plus qu’au Québec. En supposant que ces données sont comparables, on peut dire qu’on comptait environ 54 membres FQSC pour chaque équipe au Québec contre environ 40 licenciés FFC pour chaque équipe en France. Autrement dit, on retrouve en France davantage d’équipes pour chaque licencié. Héritage là encore du passé pour les cyclistes français, certains clubs français ayant une longue tradition (ACBB, Paris Cycliste Olympique, etc.) ? C’est possible.

Près de la moitié des courses FQSC étaient, en 2007-2008, des courses sur route ou piste

Côté épreuves, la FQSC a chapeauté 291 événements en 2007-2008, dont un peu moins de la moitié (141) étaient des événements relevant du secteur "route et piste". La FFC a chapeauté environ 12 000 événements en 2007 et je ne peux préciser combien d’entre eux relevait du secteur "route et piste". C’est peut-être là que les différences sont les plus grandes, le nombre d’événements (tous secteurs confondus) étant plus nombreux en France qu’au Québec. Une simple mesure serait le nombre d’événements par 100 licenciés: ce ratio est de 11,9 en France comparé à 3,4 au Québec. Loin d’y voir une mesure des efforts de chaque fédération, il faut plutôt y voir là encore un reflet probable de l’histoire du cyclisme, de son degré d’ancrage dans la culture respective de chaque région.

Affaire Jeanson: condamner tous les coupables

Le cyclisme est au coeur de l’actualité au Québec aujourd’hui avec la nouvelle de la parution, le 6 novembre prochain, d’un livre, d’un récit journalistique plutôt, sur Geneviève Jeanson. C’est à la une du quotidien La Presse, c’est l’objet du premier invité de l’émission radiophonique de Christiane Charette, c’est partout.

Le récit journalistique totalement indépendant sur l’histoire de Mme Jeanson est signé Alain Gravel, ce journaliste d’enquête de Radio-Canada et qui a été à l’origine des aveux de dopage de l’athlète en septembre 2007.

C’est au coeur de l’actualité parce qu’après le scandale de dopage à l’EPO aujourd’hui archi-connu, le livre va plus loin: de nouvelles révélations sont faites à propos des relations malsaines entre l’athlète et son entraineur, André Aubut, relations allant même jusqu’au niveau sexuel. De nouvelles révélations sont faites également concernant le père de l’athlète qui, selon Geneviève Jeanson, savait et cautionnait le dopage de sa fille. M. Jeanson l’a pourtant nié très longtemps.

Déjà, les réactions sont nombreuses. Lyne Bessette, que j’ai toujours bien aimé pour son franc parler à des années lumières de la langue de bois répandue dans le milieu, dit avoir été très en colère contre Mme Jeanson, cette dernière l’ayant volé d’une carrière cycliste autrement plus glorieuse. Je suis entièrement d’accord avec Lyne Bessette et c’est là qu’on mesure tous les ravages du dopage qui continue de me révolter toujours autant. Rappelons que Bjarne Riis, que Lance Armstrong et qu’Alberto Contador volent probablement en ce moment même la carrière de nombreux cyclistes propres dont un grand nombre sont probablement français…

D’autres formulent des commentaires moins pertinents, versant dans l’incompréhension du sport de haut niveau.

Difficile donc de ne pas commenter sur La Flamme Rouge devant l’ampleur de la nouvelle. Ma première réaction sera humaine, celle de penser qu’au fond, toute cette histoire est d’une tristesse infinie.

Une fois cela dit, ma deuxième réaction est celle de contenir mon commentaire sur La Flamme Rouge, un site qui s’intéresse au sport cycliste, point à la ligne. Pourquoi ? Parce que les nouvelles révélations font, selon moi, basculer l’Affaire Jeanson du domaine sportif au domaine social.

L’Affaire Jeanson n’est plus une affaire de dopage, c’est une affaire sociale portant sur la relation entre un athlète et son entraineur. L’Affaire sportive s’est en effet terminée avec les sanctions infligées à Mme Jeanson suite à ses aveux de dopage à l’EPO et ce, depuis l’âge de 16 ans.

C’est une histoire sociale parce que désormais, elle touche à une situation malheureusement déjà vue de relations malsaines entre un athlète et son entraineur qui s’érige progressivement en gourou, exercant non seulement son emprise sur le corps mais surtout sur l’esprit de l’athlète. Ca s’est passé en cyclisme avec Mme Jeanson, ca s’est déjà vu à maintes reprises dans le passé non seulement dans le sport mais aussi dans les arts ou n’importe quel autre domaine. Mozart est peut-être le premier cas documenté !

Ma troisième réaction est plus violente et se cantonne au côté "sportif" de l’Affaire Jeanson : je crois que ce qu’il faut surtout dire dans toute cette histoire, c’est qu’il est insupportable que Mme Jeanson soit la seule à payer pour les fautes commises. Insupportable. 

Sans l’absoudre de ses fautes, car elle était consciente qu’en se dopant, elle trichait, sans l’absoudre d’avoir menti éhonteusement devant ses supporters, devant le public, il m’apparait en effet scandaleux – s-c-a-n-d-a-l-e-u-x – qu’elle soit aujourd’hui celle qu’on pestifère, celle qu’on rejette. Car Mme Jeanson paye le prix fort de tout ce scandale: carrière terminée, exil aux États-Unis presque forcé, la vie au Québec étant difficile pour elle, réputation anéantie, sans parler des dommages psychologiques forcément présents.

Putain, et Aubut dans tout ca ? Et son père ? Ces deux là partagent tout l’odieux de la situation. Ils en sont même peut-être davantage responsables, une adolescente de 16 ans n’ayant assurément pas la maturité ni la force de caractère de s’imposer face à deux adultes de cette trempe.

Il est évident que M. Aubut ne doit pas en mener large en ce moment. Mais au delà de ca ? M. Aubut doit être traduit en justice selon moi. Ce type doit répondre de ses actes et en subir les conséquences autre qu’un simple inconfort. Ce type doit être interdit d’exercer un métier en relation de près ou de loin avec des enfants ou des adolescents. Ce type ne doit pas être laissé tranquille comme c’est actuellement le cas. En ce sens, la prochaine étape de Mme Jeanson serait de porter plainte contre son ex-entraineur de façon à saisir la justice. J’ajoute enfin que cet homme ne mérite aucune compassion, niant tout en bloc malgré les témoignages concordant qui s’accumulent. Ca me dégoute profondément.

Idem pour son père. Je suis indigné, moi même père d’une jeune fille, de constater le sort qu’il a réservé à sa propre fille. La relation malsaine entre un athlète et son entraneur est terrible. Qu’elle se déroule sous les yeux d’un père qui ne réagit pas est plus terrible encore à mes yeux. Il devrait y avoir des sanctions concrètes envers ce père dont l’absence d’intervention est terrible, la non assistance à enfant maltraité physiquement et mentalement étant condamnable. Et je félicite Mme Jeanson d’avoir coupé les ponts avec son père, cela est sain et la preuve qu’elle est désormais en contrôle de sa thérapie.

Idem pour le Dr. Duquette. Fort heureusement, ce dernier a été rattrapé par la justice et il devrait trinquer très prochainement.

On peut également souligner la conduite irréprochable selon moi de la FQSC dans ce dossier. La FQSC a toujours émis des doutes concernant l’entraineur André Aubut. Que pouvait-elle faire lorsque Mme Jeanson était mineure si ses parents étaient consentants ? Une fois adulte, que pouvait-elle faire si Mme Jeanson niait les allégations ? La FQSC a selon moi entrepris tout ce qu’il était possible de faire: dès la première alerte, soit l’exclusion pour taux d’hématocrite à Hamilton lors des Mondiaux de 2003, la FQSC a osé poser les questions qui fachaient. La FQSC aura été jusqu’à refuser de délivrer une licence de course à Mme Jeanson. Je dis bravo. La FQSC sort indemne de ce merdier, ce qui est très bien pour le sport cycliste au Québec et ce qui est d’autant plus remarquable que ce n’est pas le lot de certaines fédérations confrontées à de tels scandales…

Pour conclure sur la parution de ce livre, ce dernier aura probablement cela de bon pour Geneviève Jeanson qu’il permettra au public de mieux comprendre sa situation et le contexte autour d’elle du temps où elle était athlète. Parce qu’à la lumière de ces nouvelles révélations Mme Jeanson mérite manifestement la considération de circonstances atténuantes, ce livre est certainement un premier pas vers sa réhabilitation dans la société québécoise.

Morale de l’histoire ? Outre que toute cette histoire soit, encore une fois, d’une infinie tristesse à mes yeux, on doit retenir de tout cela que la lutte contre le dopage ne peut se faire sans une lutte contre TOUS les acteurs de ce fléau: les athlètes certes, l’histoire Schumacher et Kohl nous rappelant qu’ils ont une responsabilité, mais aussi et surtout les entraineurs, les médecins, les soigneurs, les pharmacies qui vendent les produits aux athlètes et enfin les industries pharmaceutiques qui cautionnent le tout. Jamais je n’avalerai que Patrick Lefevere, Bjarne Riis ou Johan Bruyneel ne savent pas ce qui se passe dans leur propre équipe… Il faut rapidement en venir à un système prévoyant non seulement des sanctions pour les athlètes, mais également pour l’entourage. Si nous sommes tous cohérents par exemple, Bjarne Riis doit quitter le cyclisme.

Deux vendredi, dans le Parc de la Gatineau

Clin d’oeil aujourd’hui aux cyclistes de l’Outaouais avec un petit reportage sur le magnifique Parc de la Gatineau, un haut-lieu du cyclisme dans la région pour le circuit exigeant qu’il offre aux amoureux de la Petite reine (une carte interactive du Parc est disponible ici).

D’une part, ca y est, le Parc est fermé aux automobilistes depuis le 22 octobre dernier. Il fait donc bon rouler sur les 42 kms du circuit puisque les voitures en sont absentes. Vous pouvez rouler 4 de large !

D’autre part, voici un petit vidéo présentant des extraits de l’entrainement que j’y ai fait il y a une semaine avec les habitués de ce site Paul, Bikelarue et Dan, confrères de la soquette légère. Un petit vidéo simplement pour le plaisir et les couleurs du Parc, tout simplement magnifiques en ce moment. Merci à Dan pour le tournage et le montage! On a remis ca aujourd’hui avec Dan, Lyman et Francis. Ca s’est évidemment terminé au sprint et question de piquer l’orgueil de M. Lyman, La Flamme Rouge a franchi la ligne en premier…

La Commission de la Capitale Nationale a par ailleurs annoncé qu’un… cougar avait été aperçu dans le Parc récemment ! Rare au Québec (les scientifiques parlent de 8 individus environ sur tout le territoire), il semble que l’un d’entre eux ai décidé d’élire son domicile dans le Parc. Il convient donc d’être prudent en cas de rencontre avec l’animal en question.

Rappelons que le Parc compte également deux meutes de loups de même que beaucoup d’ours, qu’on croise régulièrement et qui ne sont pas dangereux pour l’homme. Dans le cas des loups, ces derniers sont à la frontière nord du Parc, soit bien plus haut que les promenades sur lesquelles nous pouvons pratiquer le cyclisme. Il convient toutefois d’être toujours prudent en ski de fond l’hiver, certaines pistes comme celle menant à la Tour à feu étant plus près du secteur où vivent les loups. 

Vélodrome au Québec: l’occasion ratée d’un vrai débat?

Devant les réactions qu’ont suscitées au Québec mes récents textes concernant la possible construction d’un vélodrome à St-Georges de Beauce, je dois avouer être tout simplement médusé de l’impact que peut avoir La Flamme Rouge. Mon lectorat est peut-être plus étendu que je ne le croyais jusqu’ici… Dois-je m’en réjouir et y voir une mesure d’un certain succès ? Je m’y refuse catégoriquement, étant trop peiné de me voir ainsi pris à partie.

Créé sans prétention aucune par un petit coureur bien modeste qui se passionne depuis 25 ans pour le cyclisme professionnel européen, La Flamme Rouge est en effet un site totalement indépendant dont les buts sont de partager la passion du cyclisme et de faire des lecteurs de ce site des observateurs éclairés de ce sport. La valeur ajoutée de La Flamme Rouge consiste dans le fait d’essayer de toujours procurer aux lecteurs de ce site la garantie d’y trouver un point de vue éclairé et crédible sur l’actualité cycliste dans le monde. Si j’y dénonce vigoureusement le dopage et les dopés, ayant horreur des tricheurs, si j’y dénonce fermement les mensonges, l’hypocrisie et les manipulations de l’opinion publique, le but de La Flamme Rouge n’a jamais été de dénigrer ni de porter préjudice à quiconque, au Québec comme ailleurs, ni de faire de l’audience, ni même d’être populaire.

C’est dans ce contexte de toujours chercher à être pertinent pour les lecteurs sans me soucier de faire "de la cote d’écoute" que j’ai émis une opinion basée sur certains doutes légitimes autour de la viabilité d’un vélodrome à St-Georges de Beauce. Pourquoi légitimes ? Évidemment pas parce que j’ai décidé que ces doutes l’étaient : je n’ai pas cette prétention !

Légitimes tout simplement parce que ces doutes risquent fort d’être soulevés par les décideurs publics que les promoteurs de ce projet devront convaincre s’ils veulent aller de l’avant avec ce projet évalué à 43 millions de dollars. Si ces décideurs publics ne manqueront pas de soulever ces points avant d’accorder de l’argent public, pourquoi ne pourrais-je pas le faire sur cette tribune pour le bénéfice des lecteurs de ce site qui cherchent à se poser, s’ils le fréquentent, les bonnes questions ?

Légitimes aussi peut-être parce que malheureusement, le maire de la ville de St-Georges a pour l’instant refusé d’endosser ce projet. Je veux croire que cet élu a des justifications raisonnables pour soutenir cette position.

Quoi qu’il en soit, des bonnes questions, il y a en plusieurs qui demeurent toujours sans réponse, je le signale non sans regrets, les récentes critiques à mon égard ayant porté, pour l’essentiel, sur d’autres aspects que le simple souci de répondre constructivement à ces interrogations (j’y reviendrai). En effet, outre les nécéssaires leçons à tirer du passé, outre le bassin de population, outre la position géographique, outre les capacités des transports publics, outre le potentiel d’attirer un nombre suffisant d’étudiants dans des programmes de sport-étude, outre la couverture des frais annuels d’exploitation, il y en a d’autres, peut-être plus fondamentales: dans la mesure où l’aide des divers palliers gouvernementaux est sollicitée pour la construction du vélodrome à St-Georges, dans quelle mesure un tel projet est-il susceptible de mettre en péril d’autres projets visant, ailleurs au Québec, le même but ? Autrement dit, pourquoi ne pourrait-on pas se poser la question suivante: si les finances publiques ne peuvent permettre la construction que d’un seul vélodrome couvert au Québec compte tenu qu’elles sont limitées et qu’elles contribuent déjà au financement de celui, en plein air, de Bromont, la ville de St-Georges est-elle le meilleur endroit pour cela ? Le Québec pourrait-il raisonnablement soutenir trois vélodromes dont deux couverts ? La mise de l’avant du projet à St-Georges signifierait-il la mort du vélodrome de Bromont ?

Je regrette amèrement que certaines personnes m’ayant récemment critiqué publiquement n’aient pas vu dans mon opinion l’occasion d’un choc des idées voire, plus encore, l’occasion de promouvoir leur projet auprès des lecteurs de La Flamme Rouge et de la communauté cycliste. Un exemple: une approche constructive aurait été de publier une réponse argumentée à mon opinion sur le sujet. Autrement dit, de me confronter sur les doutes évoquées, de déconstruire mon argumentation. Nous aurions alors pu mieux comprendre pourquoi un tel projet est mis de l’avant en Beauce, cette région n’étant pas forcément la première venant à l’esprit pour la construction de telles infrastructures. Ce choc des idées aurait été utile à mon sens: utile pour notre compréhension commune entre gens de bonne foi partageant tous une passion pour le cyclisme, utile pour les promoteurs du projet afin d’en faire la promotion vu la visibilité de ces échanges, utile enfin pour les gens de la FQSC qui, s’ils connaissent l’existence de ce modeste site, y auraient peut-être vu l’occasion de prendre le pouls d’une partie du monde du cyclisme au Québec sur ce sujet récurrent.

Au lieu de ca, pourquoi immédiatement porter le débat sur le plan personnel en me qualifiant de dénigreur, de négatif, de réducteur voire de peureux ? Quelle est la nécessité aujourd’hui de porter le débat sur le plan émotif en évoquant le nécessaire besoin de "rêver" ou de "prendre des risques" ? Mes rêves ou les vôtres n’intéressent personne. Au contraire, je demeure convaincu que les lecteurs de ce site auraient été davantage intéressés à mieux connaître les justifications avancées concernant la viabilité d’un tel projet à St-Georges. Et que les promoteurs du projet y auraient aussi trouvé leur compte en s’offrant une belle tribune pour en faire la promotion.

Quoi qu’il en soit, je regrette amèrement que ceux qui m’ont récemment publiquement critiqué m’aient prêté tant de mauvaise foi, de mauvaises intentions. N’ayant aucune raison de remettre en question les leurs et dans l’espoir qu’ils verront dans cette réponse l’expression de mes réelles intentions, je laisse les lecteurs de ce site juger des récentes critiques qui ont été formulées à mon égard ainsi que, plus important, de la viabilité d’un vélodrome à St-Georges, ceci en invitant tout le monde à ne jamais mélanger l’expression d’une opinion argumentée et la tentative de diviser une communauté, ce qui n’a jamais été mon intention. Je souhaite sincèrement bonne chance aux gens de St-Georges de Beauce pour la réalisation de ce projet et promet d’aller rouler le plus souvent possible sur le vélodrome dès sa réalisation… s’ils me laissent y entrer !

Terminons par une note d’humour, prochain débat sur La Flamme Rouge: le dopage chez les Maîtres au Québec, marginal ou non ? La bande passante de ce site va être mise à rude épreuve…

La saga d’un vélodrome au Québec

Deux commentaires m’ont interpellé ces dernières heures, commentaires en réaction à mon texte d’hier soir portant sur la viabilité d’un nouveau vélodrome qui pourrait être construit à St-Georges de Beauce prochainement. Pour certains, mon commentaire reflète une étroitesse d’esprit ; pour d’autres, c’est l’occasion de refaire l’historique complet du vélodrome de Bromont, comme pour présenter une ultime tentative d’en justifier l’existence.

Je persiste et signe: un vélodrome à St-Georges de Beauce ne m’apparaît pas viable. Celui de Montréal il y a deux décennies n’était pas viable. Celui de St-Augustin de Desmaures, près de la ville de Québec, n’était pas viable et a été malheureusement démoli il y a quelques mois. Celui de Bromont, non couvert, est sur respirateur artificiel depuis des années: éloigné géographiquement (75 kms de voiture depuis Montréal pour aller rouler entre 1h et 2h sur une piste, oui, c’est loin, trop loin pour que les gens le fassent régulièrement, notamment les soirs de semaine) et par conséquent sous exploité, non rentable, ses responsables peinent chaque année pour trouver les fonds nécessaires afin de réparer les dégradations causées par l’hiver québécois.

Un vélodrome doit-il, peut-il, être rentable ? Probablement que non. Même ceux de Paris ont éprouvé de nombreuses difficultés depuis des décennies, l’Open des Nations ayant disparu il y a quelques années déjà de Bercy. Et que dire du vélodrome de la Cipale qui se dégrade doucement, faute d’investissements pour le retaper ! Mais compte tenu que l’argent nécessaire à la construction et l’exploitation d’une telle infrastructure ne peut venir que de sources publiques, il m’apparaît important de pouvoir justifier, devant les décideurs publics, que les promoteurs du projet ainsi que la communauté cycliste tentent de faire sa part et maximise ses chances d’en faire un certain succès. Comment convaincre les décideurs publics si le projet présente un nouveau vélodrome construit dans une ville éloignée et disposant d’un faible bassin de population ? Quels cyclistes viendront rouler au vélodrome un mardi soir 19 février pour justifier l’existence d’une telle infrastructure ? Quelle espérance de revenus d’appoint ? Quel public autre que l’encadrement des coureurs pour venir assister aux compétitions ?

Je persiste et signe: je regrette amèrement que le Québec n’ait pas de vélodrome couvert pour développer le cyclisme de haut niveau. Je serai le premier à soutenir une initiative raisonnable en ce sens.

Je persiste et signe: la Beauce est un bastion du cyclisme au Québec et l’entrepreneurship légendaire de sa population s’incarne aussi au niveau du vélo, avec l’organisation du Tour de Beauce, des Championnats nationaux et provinciaux ainsi que de Montréal-Québec. Peu de communautés font autant et sont aussi engagées pour le cyclisme que ne l’est la communauté beauceronne. 

Je persiste et signe: si un vélodrome a un avenir au Québec, c’est à Montréal qu’il doit être construit. Pas parce que je suis pro-Montréalais. Je n’y suis pas né, je n’y habite pas et je fuis même cette ville et ses embouteillages comme la peste. Mais avec plus de 3,5 millions d’habitants (contre 31 000 pour St-Georges…50 000 pour toute la Beauce, à peine 800 000 si on compte la RMR de Québec également, incluant Lévis et Charlesbourg), Montréal et ses environs présentent un bassin de population suffisant selon moi pour justifier un tel investissement et pour garantir qu’une masse critique de cyclistes pourront utiliser cette infrastructure à l’année. 

Je persiste et signe: le cyclisme s’est quelque peu développé au Québec depuis une quinzaine d’années, créant peut-être une opportunité pour remettre ce projet d’un vélodrome couvert de l’avant auprès des divers palliers gouvernementaux. De plus, il existe une certaine histoire de la piste à Montréal qui a connu de glorieux Six-Jours dans les années 1950 et 1960. Pourquoi ne pas penser relancer ces Six-Jours si populaires à l’époque ? Pour une somme beaucoup moins élevée que celle nécessaire à l’organisation d’un grand prix de Formule 1, on peut peut-être proposer à la population de Montréal et du Québec un événement vraiment sportif et excitant, des Six-Jours.

Je persiste et signe: pour qu’une telle aventure aie une chance d’être acceptée des pouvoirs publics, les seuls à vraiment pouvoir financer un tel projet, c’est à Montréal qu’elle doit voir le jour. Pas par étroitesse d’esprit. Pas par un désir de rentabilité financière. Par simple bon sens. Parce que la population du Québec est une petite population de 7,5 millions d’habitants et qu’il faut, par conséquent, tenter d’en rejoindre le plus grand nombre. Ce n’est à mon sens qu’à Montréal ou dans sa banlieue proche qu’on pourra le faire.

Un vélodrome couvert au Québec ? Formidable ! Mais il faut se donner une chance, que diable !

Quelques brèves sur le cyclisme québécois

Deux nouvelles, l’une positive, l’autre négative, ont retenu mon attention ces derniers jours sur la scène du cyclisme canadien :

1 – la positive, c’est évidemment la signature de Dominique Rollin dans l’équipe Cervelo Test Team pour 2009. J’espérais que Rollin franchisse rapidement une nouvelle étape après celle de Toyota-United en 2008, c’est maintenant fait et ce nouveau contrat lui permettra – c’est du moins à souhaiter – de courir quelques grandes épreuves, des Classiques d’avril surtout, en Europe, un terrain qui m’apparaît propice à la pleine expression de ses qualités intrinsèques.

Une signature dans une équipe française, Cofidis ou la Française des Jeux par exemple, aurait également été très intéressant, l’adaptation y étant plus facile pour un Québécois et les tentations du dopage moins présentes. Une équipe nord-américaine avec des bases européennes comme Garmin-Chipotle ou Cervelo TestTeam est très bien aussi, surtout dans la mesure ou Rollin aura accès à Carlos Sastre, lui aussi recruté par Cervelo pour la saison 2009. Espérons que Sastre pourra lui transmettre son expérience du plus haut niveau.

2 –  la négative, c’est évidemment l’arrêt de l’équipe canadienne Symmetrics en 2009. Symmetrics était en effet la meilleure formation canadienne, accumulant les succès non seulement au pays (Tour de Beauce cette année par exemple) mais également aux États-Unis. Les dirigeants de l’équipe n’ont pu convaincre de nouveaux sponsors à tenter l’aventure, signe des temps dans le cyclisme actuel…

Les coureurs Andrew Pinfold et Cameron Evans ont déjà annoncé rejoindre l’an prochain la "nouvelle" équipe Health Net qui sera dirigée par le Canadien d’Ottawa Gord Fraser, lui-même un ancien coureur de cette équipe. C’est une bonne nouvelle, d’autant que l’équipe pourra compter sur le repenti Floyd Landis dans ses rangs… une nouvelle qui me fait cependant moins plaisir!

Autre bonne nouvelle dans ce désastre, les coureurs Svein Tuft et l’excellent Christian Meier rejoindront l’équipe Garmin-Chipotle qui compte déjà le Canadien Ryder Hesjedal dans ses rangs. Cela portera donc à 3 le nombre de coureurs canadiens dans l’équipe et espérons que Hesjedal pourra communiquer son expérience aux deux autres.

Bref, pour conclure, l’année 2009 devrait être intéressante avec plusieurs coureurs canadiens ayant une chance de s’exprimer en Europe: outre les Barry et Hesjedal qui sont déjà sur la scène européenne depuis quelques années, s’ajouteront les Rollin, Tuft et Meier en 2009.

3 – les "pros" de l’équipe québécoise Calyon organisent une petite sortie de fin de saison le samedi 4 octobre prochain. C’est très sympathique de pouvoir rouler en compagnie de bons coureurs dans une ambiance décontractée. On passe l’info pour cette raison, avis aux cyclistes de Montréal !

Cyclisme sur route à Pékin: le bilan canadien

Les épreuves en cyclisme sur route aux JO de Pékin sont terminées et c’est pour moi l’occasion de dresser un bilan de la performance canadienne.

En un mot: très acceptable!

Dans la course sur route des hommes, Michael Barry a offert une belle prestation, terminant 9e de l’épreuve, 16 petites secondes derrière le vainqueur Samuel Sanchez. Autrement dit, Barry a été dans le coup jusque dans le final. J’étais sceptique quant à la condition possible de Barry cet été, ayant eu des hauts et des bas au cours des 12 derniers mois. Barry m’a fait mentir et je dois reconnaître qu’il a offert au Canada une performance décente. Hesjedal et Tuft, ses deux équipiers, ont également fini la course en 56 et 59e position.

Il convient aussi de souligner l’excellente prestation de Tuft dans le contre-la-montre qu’il termine à la 7e place, moins de 2min30sec derrière le dragster Cancellara. Je n’attendais pas Tuft à cette position, aussi peut-on dire qu’il a dépassé les attentes. Une autre solide performance qui a offert au Canada une place inespérée. Le deuxième Canadien, Hesjedal, n’a pas démérité non plus, terminant 16e à 3min30sec du vainqueur. Il bat ainsi des pointures comme Denis Menchov, Mario Bruseghin, Kim Kirchen, Santiago Botero ou encore Lazlo Bodrogi. Rien à redire.

Aucun Québécois ne figuraient dans l’équipe canadienne sélectionnée pour les deux épreuves sur route. Pourtant, l’équipe du Québec présente de grosses pointures (Rollin, Parisien, Perras, Lacombe, Dionne, etc.) depuis des années sur le circuit canadien. Dans ce contexte, il est intéressant de remarquer que les coureurs s’étant le plus illustrés dans les grandes épreuves internationales sur route sont des Canadiens hors-Québec comme les Steve Bauer, Alex Stieda, Michael Barry et Ryder Hesjedal. Je suis cependant convaincu que Rollin présente toutes les aptitudes nécessaires à devenir un excellent coureur de Classiques en Europe.

Chez les femmes, on pourra aussi trouver matière à satisfaction, notamment la 17e place dans la course en ligne de Leigh Hobson et la 39e place, quelques secondes plus loin, de Erinne Willock qui ont toutes deux été dans la course jusqu’au bout. La 3e Canadienne, Alex Wrubleski, termine beaucoup plus loin, victime d’une chute sous la pluie.

C’est probablement dans le contre-la-montre féminin que les performances ont été le moins satisfaisantes. Visiblement mal rétablie de sa chute dans l’épreuve sur route, Wrubleski termine 24e et avant-dernière, à plus de 4 minutes de la vainqueure Kristin Armstrong.

Chez les femmes aussi, aucune Québécoise n’a pu faire l’équipe nationale de Pékin. Le trou laissé par les Lyne Bessette, Audrey Lemieux et Geneviève Jeanson (quoi qu’on en dise!) est encore béant.

Bref, bilan de Pékin en cyclisme sur route pour le Canada: note de B+. Peut mieux faire, mais tout le monde aura justifié sa sélection, offrant peu de prise aux critiques. Bravo !

On annonce par ailleurs la nomination de l’ex-coureur canadien Jacques Landry, de la ville de Québec, au poste de chef des sports haute performance de l’Association Cycliste Canadienne. Landry, qui entrera en fonction en novembre prochain, souhaitait rentrer au pays après quelques années passées au service de la Fédération cycliste de Nouvelle-Zélande. C’est un bon ajout à l’ACC selon moi et espérons que cela portera fruit à moyen et long terme, le temps pour Landry de trouver ses marques dans ce nouvel environnement.

Des drapeaux ou des médailles ?

L’histoire de Martin Gilbert aux Jeux Olympiques de Pékin est regrettable voire embarrassante pour le Canada, surtout que ce n’est pas la première fois que cela se produit. Au cours des années récentes, l’équipe canadienne de cyclisme a déjà dû être dépannée comme ca au dernier moment par une autre nation, je crois que c’était lors de Championnats du monde ou d’une épreuve de Coupe du monde sur piste.

Rappelons que Martin Gilbert a dû demander la charité à d’autres équipes présentes à Pékin pour obtenir un vélo sur lequel il pourra disputer l’épreuve de Madison après que le sien ait rendu l’âme sur bris mécanique. Gilbert avait contacté des fabriquants canadiens (dont peut-être Cervelo et Argon18) pour obtenir un (ou des…) vélo en vue de Pékin, mais la meilleure proposition de ces fabriquants a été d’en acheter un au prix coutant. Quant on connaît les efforts financiers que les athlètes canadiens de haut niveau doivent consentir pour se hisser au top, c’est tout simplement scandaleux de la part de fabriquants qui engrangent des profits importants à grand coup de publicité dans les grandes revues cyclistes de ce monde, notamment ProCycling, Cycle Sport ou encore Velo Magasine. Oublions ici la solidarité nationale…

À côté de cela, d’autres équipes bénéficient de vélos ultra-performants élaborés par des constructeurs prestigieux à grands coups d’études en soufflerie et en technologie des matériaux. C’est notamment le cas des Australiens, des Français et des Anglais. Ces vélos sont utilisés non seulement aux JO mais aussi dans les Coupes du monde et sur les défis comme le record de l’heure.

Doit-on blâmer l’Association Cycliste Canadienne (ACC) pour l’embarrassante situation dans laquelle se retrouve Martin Gilbert à Pékin ? Je n’en suis pas sûr. Assurément sous-financée par le gouvernement canadien, l’ACC fait probablement ce qu’elle peut dans les circonstances. Du moins, on ose le croire.

Le problème est plus fondamental à mon avis: il vient d’un sous-financement chronique du sport de haut niveau au Canada depuis plusieurs décennies maintenant. Le Canada a sabré dans le sport à une période ou le déficit, important il est vrai, était une véritable obsession. Maintenant que la situation économique du pays va mieux (elle est la meilleure des pays appartenant au groupe du G8), le financement du sport n’a pas été rétabli. Si les coupes ont surtout eu lieu sous un gouvernement libéral, l’actuel gouvernement conservateur n’arrange rien, bien au contraire.

La bonne nouvelle dans tout ca ? C’est qu’à mon avis, les Canadiens commencent à réaliser qu’il y a un problème: l’absence de médailles aux JO de Pékin après une semaine de compétition commence à faire jaser. Partout, d’un océan à l’autre, les Canadiens commencent à se demander pourquoi les athlètes canadiens qui portent nos couleurs échouent dans leur quète de médailles. C’est d’autant plus embarrassant que les prochains Jeux Olympiques auront lieu à Vancouver car cela pose la question: le Canada est-il encore une grande nation olympique ?

Je déplore personnellement que le gouvernement canadien n’a pas compris que la valeur des médailles olympiques dépasse de beaucoup le simple accomplissement personnel d’un individu. À ce niveau (les JO), une médaille est une source formidable et puissante de cohésion sociale et de cohésion nationale. Les États-Unis, la Chine, la Russie, la France l’ont compris depuis longtemps. En plus de fournir des modèles à des millions de jeunes qui puiseront dans leurs performances inspiration, passion et motivation, les athlètes médaillés font en ce sens bien davantage pour la cohésion sociale, communautaire et nationale que n’importe quel programme des commandites…

Et à choisir, je préfère des médailles aux JO à des drapeaux financés à grands coups de scandales financiers sur fond de favoritisme…

Retour sur Montréal-Québec

C’est le cycliste québécois Arnaud Papillon, membre de l’équipe Volkswagen, qui a remporté dimanche dernier la course Montréal-Québec, la plus ancienne et la plus longue classique cycliste en Amérique du Nord. Papillon a coiffé sur le fil Dominique Perras, 2e comme en 2002, et Bruno Langlois complétait le podium, terminant une trentaine de secondes plus tard.

Le temps du vainqueur, 5h51 minutes, n’est pas très rapide. Un fort vent défavorable aura durci considérablement cette édition.

Le plateau était cette année très québéco-québécois. On pourra regretter l’absence de certaines formations canadiennes de premier plan comme Symmetrics ou RACE, des équipes actuellement occupées à courir aux États-Unis.

On pourra également regretter l’absence de nombreux coureurs québécois de premier plan: Dominique Rollin (ancien vainqueur), mais aussi David Veilleux, François Parisien, Charles Dionne ou encore Kevin Lacombe.

Selon moi, cette course prestigieuse ne peut souffrir trop longtemps de ne pas voir à son départ les meilleurs coureurs canadiens et quelques équipes étrangères. Un repositionnement dans le calendrier de la saison est peut-être nécessaire dans ce contexte ? Pourquoi ne pas déplacer cette course une semaine après les Championnats canadiens, soit le 1er ou 2e dimanche de juillet ? De nombreux coureurs de premier plan serait alors au Canada… et faire de Montréal-Québec la première course où le nouveau champion canadien pourrait étrenner son maillot de champion national aurait de la gueule…

Enfin, on regrettera l’étroitesse d’esprit et le manque de culture cycliste des autorités de la ville de Québec qui ont refusé que la course se termine dans le Vieux-Québec afin de souligner le 400e anniversaire de la fondation de cette ville. Pourtant, l’arrivée de la plus ancienne classique cycliste en Amérique du Nord dans le centre-ville de Québec aurait certainement tissé un nouveau lien symbolique l’année du 400e entre la France et le Québec, le cyclisme étant très populaire de l’autre côté de l’Atlantique. Il est surprenant de constater que chaque année, Paris fait place à une arrivée du Tour de France sur les Champs Élysées, ce qui ne va certainement pas sans difficultés logistiques et de circulation en plein mois de juillet au coeur de la capitale française. Que la ville de Québec ne soit pas capable d’en faire autant est tout simple sidérant selon moi. Quel manque de vision et de panache !

Autour de cet événement qu’est la course cycliste Montréal-Québec, il faut enfin mentionner que l’équipe Calyon pourrait perdre son sponsor principal la saison prochaine. Rappelons que le Crédit Agricole a lui-aussi annoncé son retrait du cyclisme et que Roger Legeay, le manager, n’a pu retrouver de repreneur. Calyon étant une filière du Crédit Agricole, c’était la suite logique des choses. L’aventure des Vives, puisque c’est de cela qu’il s’agit, pourrait donc être perturbée l’an prochain et le cyclisme québécois voir, malheureusement, une équipe de moins au départ des courses en 2009.

Dominique Perras: salut l’artiste!

La nouvelle passe presque sous silence, du moins beaucoup trop à mon goût: Dominique Perras a pris sa retraite sportive au terme de la Classique Montréal-Québec, disputée dimanche dernier. C’est une immense perte pour le cyclisme québécois et canadien.

Cette retraite discrète est probablement à l’image du coureur, somme toute assez discret. Je pense que Perras aura été un athlète largement sous-estimé par le grand public en raison de cela. Pourtant, ses capacités physiques et ses performances auraient justifié un autre statut. Dominique Perras laisse en effet dans le cyclisme un beau palmarès dont il peut être fier puisque ponctué de victoires et de places d’honneur non seulement sur la scène nationale mais, plus difficile, sur la scène internationale. Rappel sommaire d’une carrière bien remplie…

Dominique Perras s’est selon moi révélé au grand public lors du Tour Trans-Canada en 1999, dans l’étape du Mont Royal qui comportait 8 ascensions de Camilien Houde. Sous la pluie, handicapé par une chute la veille, Perras s’était maintenu dans le groupe de tête au moral et au seuil de la rupture durant toute la course. Les images télé que j’avais vu m’avaient convaincu que j’avais affaire là à un sacré teigneux, les images étant saisissantes quant à la volonté de ce garçon de rester au contact des meilleurs. Cette performance lui valu la place de premier Canadien sur l’épreuve remportée par l’Italien Guido Trentin devant le Français Jean-Cyril Robin… et peut-être, un peu, un contrat pro dans l’équipe suisse Phonak l’année suivante.

Perras aura donc eu la chance de courir de grandes épreuves cyclistes européennes en 2000 chez Phonak et aussi plus tard dans sa carrière: en 2000, je songe au Tour de Romandie, ou il porta durant quelques étapes le maillot de meilleur grimpeur, à la Classique des Alpes ou encore au Tour de Suisse. C’est également en 2000 que Perras aura pris part à son premier championnat du monde professionnel, à Plouay, en Bretagne, ou il avait comme équipier un certain Michael Barry. Perras participera à deux autres championnats du monde pro, soit en 2003 (Hamilton) et 2005 (Madrid).

On pourrait dire que Perras était un coureur à classer dans la catégorie des "toujours placé, rarement gagnant". S’il a multiplié les places d’honneur et démontré une constante rassurante dans ses résultats, il compte à son palmarès somme toute assez peu de victoires: le GP de Charlevoix (2000), deux étapes du Herald Sun Tour (2003 et 2004), une étape du Hokkaido Tour (2002) ou encore Montréal-Québec (2004), une de ses belles victoires en carrière.

Mais c’est surtout la course sur route des Championnats canadiens qui restera la course marquante de la carrière de Perras selon moi. Seulement une fois champion canadien, en 2003 à Hamilton, victoire qui lui assura une sélection pour les Mondiaux dans la même ville quelques mois plus tard, Perras a souvent joué bien placé dans cette course difficile: entre 2002 et 2007, il ne manqua qu’une seule fois le podium, soit en 2004 ou il fut contraint à l’abandon ! 2e en 2002, il terminait aussi 3e durant 3 années consécutives, soit 2005, 2006 et 2007. C’est le plus beau palmarès dans cette course depuis fort longtemps, surtout qu’il avait aussi terminé 3e des Championnats canadiens junior en 1992.

Notons enfin ses autres belles places d’honneur: 2e de Montréal-Québec 2002 et 2008, 2e (2005) et 3e (2007) du GP de Charlevoix et surtout, 2e du Jayco Herald Sun Tour en 2005, peut-être l’occasion ou Perras passa le plus près d’une grande victoire internationale qui aurait, possiblement, changé le cours de sa carrière. Leader jusqu’au dernier clm, Perras s’inclina face à Simon Gerrans, vainqueur d’étape cette année sur le Tour, pour… 14 petites secondes.

Excellent grimpeur, à son meilleur dans des courses longues, difficiles et accidentées, Dominique Perras avait la classe sur un vélo selon moi. Coureur longiligne, donnant une impression à prime abord de fragilité (on est loin de la carrure d’un Rollin dont il partage le prénom…), Perras était selon moi un sacré moteur, ne s’imposant pas en puissance mais plutôt par ses capacités aérobiques exceptionnelles. Bref, Perras avait la classe, celle de ceux qui n’ont l’air de rien mais qui sont en réalité des athlètes nés, faits différemment de vous et moi. Comment d’ailleurs ne pas penser au Campionnissimo Fausto Coppi en voyant Perras sur son vélo, tous deux présentant de longs fémurs et un torse rablé et rond ?

On peut probablement conclure en affirmant qu’il aura manqué à Dominique Perras durant sa carrière cette petite pointe de vitesse qui lui aurait permis de conclure à son avantage les innombrables courses ou il s’est présenté en vue de l’arrivée échappé avec d’autres coureurs. Malgré de nombreuses sélections sur l’équipe canadienne, on pourra également regretter le fait qu’il n’ait jamais pu obtenir une sélection olympique, la chance se présentant pourtant à trois reprises au cours de sa carrière professionnelle (Athènes, Sydney et Pékin).

Quoi qu’il en soit, Dominique Perras est selon moi à classer au même rang que les Gervais Rioux, Yvan Waddell, Alex Stieda, Jacques Landry ou encore Gordon Fraser au panthéon du cyclisme canadien.

Salut l’artiste!

Signé : un "enfant" admiratif

Les équipes professionnelles de Dominique Perras: Phonak (2000), Ficonseils (2001), iteamNova (2002), Flanders-iteamNova (2003), Ofoto (2004), Kodak Gallery/Sierra Nevada (2005 et 2006), Kelly Benefit Strategies (2007), EVA – DeVinci (2008). 

Page 33 of 37