Je vous le répète depuis plusieurs mois déjà: l’industrie du vélo ne va pas bien.
Les exemples se multiplient autour de nous. Dans ma région, des boutiques qui ferment, après des années d’existence. D’autres souffrent en silence, ca se sait.
Des compagnies internationales comme Canyon éprouvent des difficultés également, étant déficitaires depuis quelques mois.
Les géants de l’industrie souffrent aussi, mais résistent mieux étant donné leurs parts énormes du marché.
C’est au tour de Campagnolo, une des compagnies les plus mythiques du cyclisme, d’annoncer supprimer 40% de ses emplois, n’ayant plus le choix compte tenu des revenus en chute libre.
Ca me désole de voir un fleuron du cyclisme, une compagnie ayant innové depuis sa création en… 1933 et offrant des produits d’une qualité irréprochable, péricliter ainsi. Encore dans les années 1990 la compagnie dominait le cyclisme mondial, équipant les meilleures équipes de son groupe Record, et par la suite Super Record.
Des générations de coureurs professionnels se sont forgés leur palmarès à l’aide de Campagnolo, l’unique référence pendant des décennies.
On doit cependant reconnaître que Campagnolo n’a probablement pas fait les bons choix marketing depuis trois décennies.
Prenez le lancement récent du groupe Super Record 13 vitesses, qui ressemble vu d’aujourd’hui à un chant du cygne: premier groupe route 13 vitesses, retour du « thumb shifter » signature, groupe visuellement réussi, efficacité redoutable, prix en légère baisse (6800$CAN)… mais qui demeure largement au dessus de la concurrence (autour de 5000$CAN pour les autres groupes haut de gamme Shimano et Sram).
À priori un bon coup certes, mais comment vivre en ne lançant qu’un seul groupe très haut de gamme?
Une erreur majeure de Campagnolo est probablement d’avoir « abandonné », en quelque sorte, les groupes inférieurs comme le Chorus, Athena, Veloce, etc. Cela fait des années que ces groupes plus accessibles n’ont pas fait l’objet d’une mise à jour.
Après tout, les compagnies Shimano et Sram dominent aujourd’hui l’industrie parce qu’au delà de leurs groupes Dura-Ace et Red, c’est surtout du Ultegra, du 105, du Tiagra, du Force, du Rival et tant d’autres groupes bas de gamme qu’ils vendent et équipent les vélos de M. et Mme tout le monde.
Campagnolo a aussi fait l’erreur de quitter, pour ainsi dire, le monde du cyclisme professionnel. Car un fait demeure, je le constate tous les jours: les cyclistes amateurs « sérieux » s’identifient aux coureurs pro, et veulent le même matériel que ces derniers. Si Campagnolo voulait jouer dans la gamme de l’orfèvrerie avec volume de ventes intéressant, il fallait rester dans le cyclisme mondial d’élite, car quand Verstappen porte telle marque, beaucoup de fans veulent aussi porter telle marque.
Absent du World Tour depuis de nombreuses années (malgré un timide retour en 2025 avec Cofidis), Campagnolo est tombé dans l’oubli des cyclistes amateurs. Nombre de jeunes cyclistes amateurs appartenant à la nouvelle génération ici au Québec ne connaissent même pas la compagnie de Vicenza.
Petit à petit, les chaines de distribution se sont faits plus minces, car Campagnolo équipe de moins en moins de vélos. Du coup, c’est un défi aujourd’hui que de faire réparer ou de changer une pièce Campagnolo même en France! La disponibilité d’items de rechange Shimano ou Sram est largement plus grande, facilitant la vie des consommateurs que je comprends d’acheter la concurrence.
Quelle relance pour Campagnolo? Difficile à dire! Le rachat par un grand groupe international qui lui permettrait de ré-injecter des capitaux, notamment du côté de la recherche/développement? L’examen du modèle Sram, une compagnie inconnue dans les années 1990 et aujourd’hui leader mondial avec Shimano, pourrait également apporter des idées. Et quoi qu’il en soit, la diversification de la gamme de produits est probablement un incontournable, par exemple du côté du VTT ou des moteurs électriques, tout en n’oubliant pas les groupes route plus bas de gamme. La timide incursion dans le gravel avec le groupe Ekar n’est manifestement pas suffisant.
Des prix exagérés
Je termine en me répétant, l’industrie cycliste exagère avec les prix depuis plusieurs années, et en subit les conséquences aujourd’hui selon moi.
Je suis désolé mais un vélo haut de gamme ne vaut pas 18,000$, soit le prix d’une moto. Les coûts de production sont une fraction infime de ce montant. Les marges de profit sont stratosphériques, contribuant d’ailleurs de façon générale à la montée des inégalités entre ceux qui détiennent le capital, et ceux qui assurent la production.
Fort heureusement, des compagnies, des fabricants demeurent les pieds sur terre, et il y a des exemples bien connus ici au Québec. Il faut se tourner vers eux, et rejeter l’hégémonie des grands fabricants, parce que le jour où on roulera tous sur un vélo de la même marque, nous aurons tous perdus.
Thierry Mtl
Bon article. Le marché s’est élargit depuis 20 ans : gravel, mtb, commuter de toutes sortes, multiplication des e-bike . Campy n’a pas suivi. Ils se retrouvent avec un produit très niché, à faible volume, comparativement à SRAM et Shimano. Ils sont devenus inutiles et trop chers. Bientôt destinés aux vélos vintage, chromés, à moins d’être racheté par LVMH.
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