Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : novembre 2017

Encore possible, le doublé Giro-Tour?

Chris Froome a confirmé hier qu’il sera au départ de la 101e édition du Tour d’Italie, dont le parcours a été dévoilé.

Autrement dit, il tente, en 2018, le doublé Giro-Tour.

Un tel doublé est-il encore possible dans le cyclisme d’aujourd’hui? Le dernier à avoir réalisé pareil exploit est Marco Pantani en 1998, dans des circonstances un peu particulières on le sait aujourd’hui (rappelez-vous, le Tour 1998 a été celui de l’Affaire Festina…).

Avant Pantani, Miguel Indurain avait lui aussi réalisé ce doublé en 1992 et 1993. Au total, dans l’histoire du cyclisme, et outre Indurain et Pantani, seuls cinq autres coureurs ont réalisé ce doublé, soit Stephen Roche une fois (1987), Bernard Hinault deux fois (1982 et 1985), Eddy Merckx trois fois (1970, 1972 et 1974), Jacques Anquetil une fois (1964) et Fausto Coppi deux fois (1949 et 1952). Des monstres!

On peut penser que Froome n’est pas inconscient et que son doublé Tour-Vuelta en 2017 lui aura servi de répétition générale, boostant sa confiance.

Je pense que Froome prend toutefois de gros risques.

D’une part, 2018 sera l’année de sa 5e victoire sur le Tour, ce qui lui assurerait une place unique dans l’histoire du cyclisme, rejoignant les Anquetil, Merckx, Hinault et Indurain comme quintuple vainqueur de la Grande Boucle. En prenant le départ du Giro, il prend le risque d’y laisser beaucoup d’énergie AVANT son grand rendez-vous de la saison en juillet. En 2017, les risques étaient moindres: le Tour d’abord, et on verra bien ce qui reste pour la Vuelta, qui vient APRÈS le Tour… Ca avait bien marché, il avait encore du jus sur la Vuelta, mais les risques étaient moindres.

D’autre part, le parcours annoncé de ce Giro 2018 est très difficile. Un départ d’Israel, donc un long transfert à assurer après trois jours de course, et pas moins de huit arrivées au sommet, dont l’Etna, le Gran Sasso et le Zoncolan! Définitivement de quoi y laisser beaucoup de plumes, surtout si on se bat pour le maillot rose (Aru a déjà annoncé l’impasse sur le Tour, pour se concentrer sur le Giro…).

Le Giro intervient également plus tôt dans la saison, et la météo peut y être compliquée, davantage qu’en Espagne au début septembre. Pour être prêt au départ du Giro, Froome devra consentir à des efforts dès les mois de mars et avril, parfois dans des conditions moins optimales, ce qui coûte aussi de l’énergie.

Dans ce contexte, je me pose la question: que restera-t-il à Froome comme énergie au sortir du Giro le 27 mai prochain? En gros, six semaines le sépareront alors du départ du Tour, prévu le 7 juillet, pour se refaire la cerise. Suffisant?

Rappelons que plusieurs coureurs ces dernières années ont apparu cramé au Tour, après avoir disputé le Giro. Je pense notamment à un coureur ultra-talentueux comme Alberto Contador, qui s’est cassé les dents sur ce défi à plusieurs reprises au cours des dernières années. Just too much compte tenu des cadences de course, de la pression des médias, des sponsors, des enjeux et de la compétition féroce. Un Tom Dumoulin ne voudra pas faire que de la figuration sur ses grands défis en 2018…

Ajoutons à cela que les équipes ne comporteront plus que… huit coureurs sur les grands tours en 2018, rendant la course un peu plus difficile à contrôler pour les grands leaders. Froome devra également composer avec cette nouvelle donne l’an prochain, ce qui lui compliquera la tâche sans aucun doute. Tu perds deux équipiers en début d’épreuve et te voilà réduit à cinq coéquipiers pour assumer le boulot sur les deux dernières semaines… aie!

Chose certaine, s’il devait réussir, Froome prouverait à tout le monde le caractère exceptionnel de son talent, dans la lignée des grands exploits du cyclisme, je pense à ceux de Coppi, Anquetil, Merckx ou Hinault.

Les « marginal gains » seront-ils suffisants?!

Gangréné, le cyclisme colombien?

La nouvelle a de quoi surprendre et je la juge suffisamment importante pour y consacrer un court article: pas moins de 8 coureurs colombiens ont récemment été pris pour dopage, dont 7 sur le récent Tour de Colombie!

De ces 7 coureurs piqués sur le Tour de Colombie, 6 l’ont été à la CERA, pourtant détectable depuis des années (parlez en à Ricardo Ricco, Davide Rebellin, Emanuele Sella, Stefan Schumacher ou encore Danilo DiLuca!). La CERA est une EPO de synthèse de troisième génération, utilisée depuis 2004 dans le peloton professionnel.

Avant eux, c’est le récent champion de Colombie U23 qui avait été piqué à la CERA.

Aie.

Un tel nombre, une seule substance, ca pointe dans une direction, non? Dopage organisé? À vaste échelle? Il me semble, en tout cas, qu’il y a matière à enquêter un peu plus loin, notamment par les autorités (UCI?).

Comment, face à cette nouvelle, faire désormais confiance aux coureurs colombiens qui viendraient par exemple disputer l’an prochain le Tour de l’Avenir?

S’il ne faut pas généraliser bien sûr, cela m’apparait suffisamment grave pour chercher à mieux comprendre ce qui se passe. Car ne soyons pas naïfs non plus et rappelons-nous qu’il existe un rapport McLaren qui a dénoncé le dopage institutionnalisé qui a prévalu il y a quelques années en Russie…

Le cyclisme colombien vit une période faste actuellement, avec les Nairo Quintana, Rigoberto Uran, Esteban Chaves, Jarlinson Pantano, Fernando Gaviria, Sergio Henao, Winner Anacona, Darwin Atapuma, Carlos Betancur ou encore Miguel Lopez. On se prend à avoir des doutes sur tout le cyclisme colombien avec cette annonce, et notamment la façon dont les plus jeunes sont hissés au plus haut niveau…

Des cadeaux pour le(la) cycliste sur la coche

Fidèle à ma tradition débutée en… 2004, voici quelques idées pour le ou la cycliste qui veut être « sur la coche » en 2018…

1 – T-Shirt Squadra di ciclismo, de la marque Après-Vélo. De façon générale, j’aime bien les T-Shirts originaux de cette marque… originale.

2 – Compteur GPS Wahoo Element Bolt. Moins cher que son rival Garmin, chargé de fonctionnalités intéressantes, et notamment des entrainements de l’équipe Sky. Sans compter la connectivité à votre téléphone, et aux segments Strava en direct. Du beau matos!

3 – Livre Le coureur et son ombre de Olivier Haralambon. Parce que c’est ce qui s’est fait de mieux depuis Antoine Blondin, point barre.

4 – Pour vous les filles, la crème chamois Assos spécial femme. Parce que ca faisait trop longtemps que cette crème, indispensable, était disponible pour les hommes, et non pour les femmes. Assos a corrigé cette injustice et c’est tant mieux. À abuser à volonté!

5 – Livre Dans la musette – Le cyclisme à la sauce ketchup-mayo jaune. L’actualité cycliste depuis 2012 revisitée… façon déjantée! Rafraichissant, pour se changer les idées durant la période des Fêtes!

6 – Lampe frontale Ay Up. Tout simplement la meilleure lampe frontale pour la pratique du vélo sur route, du mountain bike, ou du ski de fond. Trois options d’achat possible, route, mtb ou course. Parce que si comme moi vous devenez cycliste nocturne aussi, ça vous prend ça!

7 – Selle Italia SLR Tekno. 90 grammes pour une selle full carbone, un condensé de technologie, le confort en plus. Un bel objet! Et il y a mieux, la SLR C59… mais à 63 grammes et plus de 700$ (500 euros!), je n’ai pas osé…

8 – Top Peak Nano Torqbar Dx. Là encore, un bel objet, utile aussi… et très portatif quant on part en voyage loin avec le vélo et qu’il faudra le remonter une fois arrivé à destination.

9 – Sac Race Rain de Scicon. Un beau sac technique, pour les jours de course afin de vous permettre d’avoir l’air (!!!) professionnel, tout en n’oubliant rien à la maison puisqu’il y a un emplacement pour chaque chose (et c’est comme le Port-Salut, c’est écrit dessus…). Ben oui, t’es rendu là.

10 – Chaine Ceramic Speed UFO. Parce qu’une chaine qui réduit la friction, ben c’est des watts de gagnés lorsqu’on part sur un gros objectif, comme des Championnats canadiens ou une cyclo qu’on prépare depuis des mois… C’est évidemment de l’exclusif, à n’installer que pour les grands rendez-vous… lorsqu’il ne pleut pas.

11 – Les tasses cyclistes du site Rouleur. Un classique, mais chaque année l’offre semble augmenter. C’est l’fun, surtout lorsque vos potes débarquent le matin, pour le café, avant une sortie… l’occasion de marquer des points!

12 – Toiles de France Malo. J’aime beaucoup les tableaux cyclistes peints par l’artiste québécoise, qui marient mouvements et couleurs. Voilà qui décore admirablement bien un intérieur… parce que le vélo, c’est aussi un art!

3-2-1 Go!

Après un silence d’environ deux semaines dû non seulement à une panne d’inspiration mais surtout une actualité cycliste déprimante (fin de la saison des courses pro, Mabuse en garde à vue, Ferrari condamné…), je reprends aujourd’hui en venant vous parler d’une nouvelle application intéressante pour l’entrainement cet hiver, 3-2-1 Go!

Disponible sur App Store ou Google Play, cette application interactive vous propose 17 séances d’entrainement par intervalles, pour meubler vos soirées cet hiver sur le home-trainer.

Surtout, résultats garantis, croyez-en ma parole!

En gros, vous n’avez qu’à télécharger, choisir une séance, monter sur votre home-trainer et appuyer sur go! L’application vous donne ensuite la démarche complète, en gérant minutage, séances d’intensité et de récupération. C’est ludique, c’est simple, c’est visuel (car en plein effort, on ne veut rien de compliqué!) et c’est ce que j’aime!

Développées par Guy Thibault, directeur des Sciences du sport de l’Institut national du sport du Québec et professeur associé au Département de kinésiologie de l’Université de Montréal, en collaboration avec Bruno Langlois, le champion canadien sur route 2016, les séances proposées vous permettront de travailler tour-à-tour l’endurance, la VO2max et la capacité anaérobique.

Un aperçu des 17 séances proposées est disponible ici.

C’est pas compliqué: faites cet hiver trois cycles complets de ces 17 séances et vous serez un(e) autre homme/femme sur le vélo à la reprise. Surtout si vous y juxtaposez, comme moi, des séances de musculation-gainage en salle, question d’aussi travailler la force.

Guy est par ailleurs l’auteur principal du site Nature-Humaine.ca, un excellent site où je tire une foule d’information utile sur l’entrainement depuis quelques mois.

L’article portant sur l’immersion dans l’eau comme moyen de récupération après l’effort m’est par exemple apparu d’un grand intérêt, connaissant par ailleurs les principes de pressothérapie. La récupération est-elle meilleure dans l’eau froide, tiède ou chaude? Réponse dans l’article!

Et pour ceux qui auraient pris un peu de poids durant la récente coupure, pas de panique non plus! N’hésitez pas à reprendre par des séances d’intervalles, surtout si vous avez plusieurs années de pratique assidue derrière vous. Les plus récentes recherches prouvent que l’entrainement en intensité fait bruler davantage de gras que les longues sorties d’endurance en continu. En adoptant cette méthode d’entrainement, vous retrouverez rapidement de bonnes sensations tout en perdant du poids.

La bombe Gaimon à propos de Cancellara

« … mais dans le cyclisme pro, tout le monde dit oui, Cancellara avait probablement un moteur à certains moments« .

C’est à peu de choses près ce qui est écrit dans le livre de l’ex coureur pro Phil Gaimon, et ce qui fait le buzz actuellement dans la planète vélo.

Une nouvelle? Ben non! Pour moi il est évident que Cancellara avait un moteur caché dans son vélo lors de ses victoires sur le Tour des Flandres et Paris-Roubaix 2010. Son aisance à décrocher un Tom Boonen en grande condition, ses changements de vélo tout juste avant sans raison apparente (pas de crevaison, pas d’incident mécanique), ses petits gestes de la main pour actionner quelque chose avant ses accélérations foudroyantes, tout cela ne me laisse que peu de doutes.

Revoyez ces vidéos « Cancellara n’a pas tout dit » ou « Bike with engine and Cancellara » pour en apprendre plus.

Non, pour moi la nouvelle est ailleurs: tout le peloton sait…

C’est ca qui est dérangeant. Faute de preuves formelles, Cancellara n’a jamais pu être inquiété. Ceci étant, si des gens du milieu savent des choses, il faut qu’ils parlent! Que les gens déballent, pour que les autorités puissent recueillir des témoignages, et augmenter la pression sur Fabian Cancellara…

Je vous rappelle que Lance Armstrong n’a jamais échoué de tests antidopage ; c’est la pression populaire devant l’ampleur des témoignages qui l’a fait craquer, à l’usure. Ce fut aussi cette recette gagnante avec le Dr. Mabuse… pourquoi pas Cancellara?

Pour ca, il faut que les gens parlent.

Il manque probablement dans cette histoire de bons journalistes d’enquête comme Walsh et Ballester pour poser les bonnes questions, aux bonnes personnes…

La Flamme Rouge en mouvement

L’article d’hier sur la « reverse periodization » a suscité beaucoup d’intérêt, notamment en coulisse, et j’espère vous revenir bientôt avec plus d’information et d’avis sur cette méthode d’entrainement.

En attendant, je tenais à vous informer qu’une nouvelle page La Flamme Rouge est disponible sur Facebook. Le site est actuellement en restructuration, question de le moderniser et d’y apporter une plus grande valeur ajoutée. Les orientations générales font également l’objet de réflexion: devrais-je encore couvrir aussi intensément le cyclisme professionnel européen? Faire davantage de reportages sur mes expériences, jouer davantage vers l’événementiel?

Je vous invite en tout cas à « aimer » la page Facebook de ce site. La nouvelle interface devrait permettre une présence accrue sur ce média social.

Et oui, la nouvelle interface devra avoir une fonctionnalité vous permettant de recevoir un avis par courriel chaque fois qu’un nouvel article sera disponible. Vous êtes nombreux à me le demander depuis des mois!

« Reverse Periodization »: un secret bien gardé?

La fin de saison est le moment propice pour tirer un bilan des réalisations des derniers mois, d’apprendre de ses erreurs et de planifier la suite, et surtout la saison prochaine. Quels objectifs? Comment les atteindre? Quelle motivation?

Je m’intéresse ces jours-ci à une « nouvelle » méthode d’entrainement apparemment utilisée par l’équipe Sky: « reverse periodization« .

En gros, c’est l’inverse de l’approche traditionnelle, qui consiste à faire d’abord du volume à faible intensité pour construire une « base », puis ensuite d’enquiller des séances d’intervalles spécifiques à mesure que les objectifs se rapprochent, sans oublier bien sûr la période d’affutage.

Avec le « reverse periodization », vous faites l’inverse: les intervalles d’abord, la force, la vitesse, puis un peu plus tard l’augmentation du travail aérobique.

L’idée est que l’organisme est mieux en mesure de supporter les charges d’intensité s’il est frais, après une période de break. On reprend donc l’entrainement par des séances courtes, ponctuées d’intervalles courts, et on fait de la force aussi. À mesure que la condition s’élève, on intègre ensuite progressivement des séances plus longues, essentiellement d’aérobie, pour augmenter la résistance à l’effort et le « réservoir ».

Évidemment, cette méthode serait surtout efficace chez les athlètes accomplis ayant cumulé de nombreuses années d’entrainement. À déconseiller si vous commencez le sport, au risque de vous blesser ou de vous épuiser rapidement!

Tim Kerrison, entraineur de la Sky, serait un adepte de cette méthode, utilisée depuis des années au sein de l’équipe britannique.

Je vous avoue être très tenté de l’approche, moi qui bénéficie d’années d’entrainement derrière moi. De plus, devant me méfier de « l’effet diesel », je trouve cette méthode particulièrement attirante puisque les intervalles reprennent vite, brisant la monotonie de la reprise en se « trainant » dans des faibles intensités. J’ai un peu coupé ces dernières semaines, et ma reprise pourrait donc être faite d’intensité tout de suite. À mesure que ma condition augmente, je pourrai m’attaquer à des distances plus longues en modérant l’intensité lors de ces sorties…

Albert Einstein aurait dit « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent« . Je pense que cette année, je tente le coup!