Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : septembre 2016

Sagan: « Je suis surpris »!

À la surprise générale, Peter Sagan a remporté le GP de Québec aujourd’hui. Lors de la conférence de presse, il a confié « je suis surpris », preuve qu’il n’était pas très confiant en ses chances avant et durant la course. C’est un classique en cyclisme: il ne faut jamais enterrer un sprinter comme lui, encore moins un champion!

Davantage sur la course sur La Flamme Rouge très bientôt…

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Suivre en direct le GP de Québec

Vous pouvez suivre en direct le GP de Québec sur Internet sur la page suivante, incluant la télémétrie.

Ce matin avant le départ, Hugo Houle, un des favoris de la foule.
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Son co-équipier Romain Bardet était quant à lui plus relax, occupé au téléphone. Ca devait pas  être tout à fait pareil en juillet dernier!
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L’équipe canadienne était quant à elle tôt à l’extérieur.

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En entrevue, Alex Cataford de la région d’Ottawa-Gatineau me laissait entendre la stratégie des Canadiens aujourd’hui: se glisser tôt dans une échappée, et garder deux coureurs, dont Guillaume Boivin, pour le sprint à l’arrivée. Le collectif canadien était motivé, c’était évident.

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Parmi les beaux vélos vus ce matin, le Canyon de l’équipe Katusha. La classe!

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Les stars étaient présentes, race face on…

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Sur la ligne, Gianni Moscon à l’arrière, avec un équipier à ses côtés. Le récent vainqueur de l’Artic Race of Norway est assurément protégé chez Sky aujourd’hui.

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Sagan, quant à lui, était plutôt préoccupé dans les derniers instants avant le départ avec sa distance selle-potence. Aurait-il regardé le film « A Sunday in Hell » hier soir à l’hôtel?!

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Le peloton prêt au départ…

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GP de Québec: les favoris

On y est, le GP de Québec sera disputé plus tard aujourd’hui (départ à 11h).

Au menu des coureurs, un peu plus de 200 bornes dans les rues du Vieux-Québec, soit 16 tours d’un circuit urbain empruntant les côtes de la montagne et des glacis. Dénivelé total, près de 3000 mètres!

C’est donc usant à la longue. Et il y a cette fameuse longue ligne droite en faux plat ascendant pour aller chercher l’arrivée, portion du parcours où nombre de coureurs se sont cassés les dents dans le sprint final au fil des années.

Les favoris

Quelques coureurs se dégagent du lot selon moi.

Par exemple Bauke Mollema chez Trek-Segafredo. Auteur d’un bon Tour de France, il a récemment terminé 2e du Tour de l’Alberta. Le parcours de Québec peut convenir à ses qualités de bon grimpeur-puncheur, et il aura son équipe à son service.

Ensuite Bryan Coquard chez Direct Énergie. Excellent sprinter, la dernière ligne droite lui convient bien. Son équipe voudra ramener les échappées dans le final pour favoriser une arrivée groupée.

Rigoberto Uran, Tom-Jette Slagter, Ramunas Navardaukas et Alberto Bettiol chez Cannondale-Drapac sont tous des coureurs dangereux sur cette course, et la Cannondale-Drapac est donc une des équipes à battre. Navardaukas vient de terminer 12e du GP de Plouay, et Bettiol… 2e de la même épreuve. Attention à cette équipe!

La réplique viendra possiblement des Etixx, qui alignent Julian Alaphilippe, Tom Boonen et Petr Vakoc. Boonen et Vakoc voudront probablement favoriser le sprint, et Alaphilippe possède les qualités idéales sur le parcours de Québec. Chose certaine, un sprint pour la victoire avec Boonen, Uran, Vakoc, Matthews et Coquard serait intéressant!

Attention également aux Sky avec Gianno Moscon, un coureur moins connu mais récent vainqueur du Artic Race of Norway, Geraint Thomas, Luke Rowe voire Sebastian Henao, récent 6e en Norvège.

Enfin, les Orica-Green Edge avec Michael Albasini, Adam Yates, Michael Matthews et Matthew Hayman ont aussi plusieurs cartes à jouer, avec tous ces coureurs en forme. Matthews vient de terminer 4e du GP de Plouay!

Parmi les autres favoris de l’épreuve, notons Oscar Gatto (Tinkoff), en forme puisque 3e de la récente Artic Rae of Norway, Tim Wellens et Tiesj Benoot chez Lotto, Jon Izaguirre (Movistar), le champion olympique Greg Van Avermaet (BMC) dont le parcours de Québec réussit toujours bien, Ilnur Zakarin (Katusha), Diego Rosa (Astana), Alexis Vuillermoz (AG2R – La Mondiale), Rui Costa et Diego Ulissi (Lampre) et Sam Bennett (Bora – Argon18).

Par contre, je ne vois pas trop les Peter Sagan, Rafal Majka, Jurgen Roelandts, Fabio Aru, Ryder Hesjedal, Jarlinson Pantano, ou encore Wilco Kelderman bien faire demain. Je peux évidemment me tromper!

Chez les Canadiens, Hugo Houle est évidemment à surveiller car en forme et motivé. Un autre coureur canadien est à surveiller selon moi, le jeune Alex Cataford, auteur d’un excellent Tour de l’Alberta qu’il termine à la 5e place du général. C’est un excellent rouleur, capable de bien passer les bosses comme celles de Québec. On le sait depuis son excellent chrono dans le Parc de la Gatineau en juin dernier lors des Championnats canadiens!

Enfin, le tout jeune coureur David Drouin, un gros talent apparemment, et qui n’a pas froid aux yeux, sera aussi intéressant à surveiller!

Entrevue avec Mike Woods

Toujours en marge des Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal, ainsi que de la Classique des Appalaches samedi 17 septembre prochain, entrevue aujourd’hui avec Mike Woods (Cannondale Drapac Pro Cycling), question de prendre de ses nouvelles après sa saison compliquée… et de parler de l’an prochain.

La Flamme Rouge : Merci Mike de cette rapide entrevue sur La Flamme Rouge.

Mike Woods : Cool Laurent, toujours le fun de te parler !

LFR : Comment ca va, comment est ta condition physique en ce moment au sortir du Tour de l’Alberta?

MW : Ca s’est bien passé pour moi au Tour de l’Alberta, j’en sors en bonne condition, je me sens assez bien. Je voulais vraiment participer au Tour de l’Alberta, j’y voyais une belle opportunité de reprendre le rythme de la compétition, et de me préparer pour deux rendez-vous important, les Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal. Je pense que c’est mission réussie !

LFR : Tu fais partie de l’équipe Cannondale-Drapac pour les Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal. Des ambitions ?

MW : Mon rôle pour ces deux courses sera d’apporter mon soutien à mes équipiers Rigoberto Uran, qui a gagné à Québec l’an dernier, mais aussi à Tom-Jelte Slagter et Ramunas Navardaukas qui peuvent bien faire sur ces courses, ainsi qu’à un autre coureur de notre équipe, Alberto Bettiol, qui va vraiment bien en ce moment. Je vais donc travailler pour ces quatre coureurs, avec comme objectif secondaire de bien me préparer pour mes prochaines courses, les classiques de fin de saison en Europe.

LFR : Tu retrouveras sur ces courses plusieurs coureurs de la région d’Ottawa-Gatineau, dont Matteo Dal-Cin et Alex Cataford. C’est l’fun de voir la profondeur des coureurs de la région!

MW : Sans l’ombre d’un doute. Le cyclisme dans notre région est tellement fort, et c’est vraiment cool pour moi d’avoir deux autres coureurs de mon coin sur ces épreuves. On va courir contre les tous meilleurs au monde, on est là, à ce niveau. À quelque part, à travers nous, c’est aussi toute la communauté cycliste d’Ottawa-Gatineau qui est sur ces grands prix!

LFR : As-tu une idée précise de ton programme de fin de saison ?

MW : Ce n’est pas complètement finalisé avec l’équipe mais il y a des fortes chances que je sois engagé sur les classiques italiennes de fin de saison, et ce jusqu’au Tour de Lombardie qui est une classique importante du calendrier. Je serai donc de retour en Europe très bientôt.

LFR : A-t-on des chances de te voir défendre ton titre sur la Classique des Appalaches la semaine prochaine ?

MW : En fait, je pensais ne pas pouvoir y participer cette année, mais au final il y a de bonnes chances que j’y sois comme préparation finale à mes courses européennes de fin de saison, mon retour en Europe étant possiblement sitôt après le 17 septembre prochain. J’attends des confirmations à ce sujet mais je devrais y être. Ce qui est sûr, c’est que j’aimerais y participer, que la course me motive et que j’y retrouverais avec plaisir Hugo Houle et Antoine Duchesne.

LFR : En fait Mike, Hugo me disait hier qu’Antoine ne sera pas de la partie cette fois-ci, mais Hugo y sera toutefois.

MW : Merci de l’info! Dommage, Antoine est un excellent coureur et c’est toujours l’fun de rouler avec lui.

LFR : Revenons un peu sur ta saison Mike. Ca été compliqué pour toi cette saison, notamment en raison de blessures subies sur Liège-Bastogne-Liège fin avril et au Tour de Pologne en août?

MW : Exact Laurent, ca été une saison en dents de scie pour moi, vraiment. J’ai eu un excellent début de saison au Tour Down Under, puis de belles performances qui m’ont satisfait sur le Tour de Catalogne, le Tour du Pays Basque puis la Flèche Wallonne que je termine bien pour l’équipe. Après, il y a eu cette mauvaise chute sur Liège-Bastogne-Liège et cette fracture à la main. Depuis ce moment, ca été un peu une spirale infernale, avec cette nouvelle chute au Tour de Pologne ou j’ai subi un trait de fracture au fémur. Depuis, j’essaie de me relancer de ces mésaventures, et ca s’est mis à mieux aller sur le Tour de l’Alberta. Je retrouve enfin et progressivement le Mike Woods que je suis, les sensations reviennent.

LFR : Seras-tu de retour chez Cannondale-Drapac l’an prochain? Je sais que tu avais signé pour un an seulement l’année dernière…

MW : Oui Laurent, j’ai re-signé chez Cannondale pour la saison prochaine, et j’en suis très heureux. Je me sens bien au sein de cette équipe, et j’ai hâte de courir pour eux en 2017. En dépit de mes chutes cette saison, ca été vraiment agréable et intéressant de courir avec Cannondale-Drapac en 2016, je m’entends vraiment bien avec tous les autres coureurs au sein de l’équipe, alors l’aventure va se poursuivre en 2017.

LFR : Dernière chose Mike, s’il te plait fait attention aux trous sur le Boulevard Champlain…

MW : Ha ha Laurent ! Oui, sois en assuré, je vais ouvrir l’œil ! J’ai pas besoin d’une autre chute…

LFR : Merci Mike, bonne chance vendredi et dimanche…

MW : Super Laurent, et le bonjour à tout le monde à Ottawa-Gatineau!

En marge des grands prix…

La liste des engagés est ici. Demain sur La Flamme Rouge, les favoris pour Québec et Montréal…

Également, l’organisation des grands prix a annoncé une collaboration avec le groupe Velon pour retransmettre par télémétrie les paramètres biométriques des coureurs – vitesse, fréquence cardiaque, puissance, cadence et position – en temps réel durant la course. Ainsi, plus d’une centaine de coureurs seront équipés de dispositifs nous permettant de connaître ce que leur compteur leur donne en temps réel. Ca sera intéressant de voir les watts dans la Côte de la Montagne par exemple! Ca devrait être un réel plus pour les téléspectateurs de ces deux épreuves.

La diffusion des courses avec les données biométriques pourra être suivie au Québec en direct sur le réseau TVA Sports et sur le site web www.gpcqm.ca ailleurs au Canada. Pour les spectateurs qui seront sur place lors des deux Grands Prix cyclistes, c’est mon cas!, ils pourront se rendre sur www.gpcqm.ca afin de voir ces biométries.

La télédiffusion mondiale – donc en France – des grands prix sera assurée par Eurosport.

Le groupe Velon regroupe onze équipes WorldTour: BMC Racing Team, Etixx – Quick-Step, Lampre-Merida, Lotto-Soudal, Orica BikeExchange, Cannondale Drapac Pro Cycling Team, Team Giant-Alpecin, Team LottoNL – Jumbo Pro Cycling Team, Team Sky, Tinkoff, Trek-Segafredo.

L’équipe canadienne sera également équipée de dispositifs, ainsi que plusieurs autres formations WorldTour.

Entrevue avec Hugo Houle

Après quelques jours d’absence dus à ma participation au Green Mountain Stage Race, une excellente course très bien organisée, La Flamme Rouge revient au service normal.

Les deux prochaines semaines seront particulièrement intéressantes sur la scène du cyclisme au Québec avec les Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal vendredi et dimanche prochain, le Critérium national samedi entre ces deux épreuves, ainsi que la Classique des Appalaches le samedi 17 septembre prochain.

La Flamme Rouge commence sa couverture de ces deux semaines palpitantes par une entrevue avec Hugo Houle (AG2R – La Mondiale), qui sera non seulement sur les Grands Prix cyclistes bien sûr – avec certaines ambitions – mais aussi sur la Classique des Appalaches dans 10 jours. J’ai rejoint Hugo ce matin, alors qu’il préparait son départ pour Québec.

La Flamme Rouge : bienvenue Hugo sur La Flamme Rouge !

Hugo Houle : merci Laurent, ca me fait plaisir.

LFR : Tu seras dans 10 jours sur la Classique des Appalaches, comment décrirais-tu son parcours toi qui connaît les plus grandes courses cyclistes du calendrier ?

HH : C’est sûr que c’est un parcours très difficile de par son dénivelé, et ca commence tôt dans la course. C’est le genre de parcours qui enchaine des montées courtes, raides, et donc un parcours qui rentre dans les jambes tranquillement mais surement. Tu peux te retrouver à mi-parcours avec des crampes et faut pas te demander pourquoi ! C’est très usant, en plus avec les sections en terre battue, qui ajoute un petit côté technique. Les sections en terre battue sont cependant très belles, tapées, pour les sections que j’ai pu faire la semaine dernière à l’entrainement. Ca roulait super-bien.

LFR : As-tu des conseils à donner aux participants pour bien se préparer en vue de la Classique des Appalaches ?

HH : C’est sûr qu’il faut avoir fait des parcours difficiles à l’entrainement dans les semaines et les mois précédents, afin que notre corps s’adapte à ce genre de dénivelé. Il faut également bien s’alimenter durant la course, afin d’éviter la fringale. Je recommande de manger des petites bouchées de solide, style une demie barre énergétique, à toutes les 30 minutes et ce, dès le début de la course. Ainsi, ton corps commence tout de suite à utiliser ce que tu lui donnes, et ca facilite la digestion. Faut surtout pas s’enflammer avec l’événement dans les deux premières heures, et vraiment penser à manger dès le départ car c’est au moins 4h de vélo, sinon plus. Si tu commences à manger après 2h de vélo, ca sera trop tard.

LFR : Et quels sont tes objectifs sur cette Classique ? Succéder à Mike Woods au palmarès?

HH : Pas d’objectifs particuliers autre que de m’amuser sur le parcours, découvrir ca en compétition, car si ce sont mes secteurs d’entrainement, faire ce parcours en compétition ne sera pas pareil. C’est vraiment un beau parcours que j’utilise souvent pour préparer mes objectifs, car il comporte de très belles montées, difficiles. Le Mont Arthabaska dans le final par exemple, c’est pour moi un quatre minutes complètement à bloc. Ca fait de très bons entrainements. Je cours donc « à la maison » et je serai compétitif, donc le but c’est vraiment de prendre du plaisir. Et puis, je serai aussi là aussi pour les à-côtés après la course, notamment en haut du Mont Arthabaska avec la poutine, pour rendre ca festif et conclure ce bloc de ma saison en beauté.

LFR : Côté opposition, est-ce que tu sais si Antoine Duchesne, ton co-loc en France, sera au départ ainsi que Mike Woods ?

HH : Antoine ne sera pas de la partie, Mike Woods a eu de récents changements de programme donc je ne suis pas sûr du tout de sa présence. Il ne faut jamais sous-estimer les autres coureurs non plus, on a toujours des surprises et sur un tel parcours, personne n’est à l’abri de fringales, de crampes, donc ca peut vite tourner moins bien !

LFR : As-tu d’autres objectifs de fin de saison avec ton équipe AG2R – La Mondiale ?

HH : Oui, l’équipe me garde occupée. Québec et Montréal sont mes deux gros objectifs à court terme, c’est ce qui m’a permis de garder le focus sur garder un excellent niveau de forme. Ensuite, je quitte dès le soir de la Classique des Appalaches pour rejoindre l’ENECO Tour en Europe, puis ce sera les Mondiaux. Il me reste donc encore un bon mois de compétition devant moi, avec un focus particulier sur les Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal ce week-end.

LFR : Québec doit d’ailleurs mieux te convenir ?

HH : Oui, je trouve la bosse à Montréal un peu longue dans les derniers tours, sur 4 minutes. Dans ce genre de bosse, c’est un peu plus les bons grimpeurs qui peuvent se démarquer. Mais bon, ma condition est bonne en ce moment, on verra bien.

LFR : Tu joueras ta carte personnelle sur ces épreuves, ou l’équipe aura d’autres leaders désignés ?

HH : Il est probable qu’on joue la carte de Romain Bardet à Montréal, il a déjà annoncé la couleur à ce que j’ai pu lire. Alexis Vuillermoz est aussi très bien en ce moment, donc l’équipe a plusieurs belles cartes à jouer et il faudra voir sur place qui veut prendre le leadership. Après, ce sont surtout les jambes qui parlent sur ce genre de parcours ! J’espère définitivement que je ne serai pas le premier à faire le travail sur ces courses, d’ordinaire on me donne beaucoup de liberté puisque je cours à la maison.

LFR : Tu n’étais pas au récent Tour de l’Alberta ?

HH : Oui, après les Jeux Olympiques de Rio je suis allé courir à Hambourg puis le Tour de Poitou-Charente, alors je préférais me reposer à la maison ces derniers jours, surtout compte tenu du fait que je repars à l’ENECO Tour bientôt. Le Tour de l’Alberta aurait été trop de compétition. Dommage, le Tour de l’Alberta est une super-belle course.

LFR : Retour sur ta saison : selon toi, ta plus belle performance de la saison ?

HH : Bonne question ! J’ai beaucoup aimé ma prestation au Giro dans la dernière semaine, qui m’a convaincu de ma progression par rapport à l’an dernier. J’avais également un bon niveau au Tour de Beauce en sortant du Giro. Et puis, il y a le chrono des Jeux Olympiques, une satisfaction personnelle puisque j’y ai atteint un nouveau record personnel de performance. J’ai pas un seul fait d’arme qui me vient en tête cette saison, je suis plutôt content de ma constance et de ma progression par rapport à la saison précédente, je suis plus efficace lors des courses WorldTour et je sens que je peux y jouer un rôle plus important qu’avant pour l’équipe.

LFR : Parlons du Tour de Beauce, où tu termines 2e du général derrière Gregory Daniel, à 22 petites secondes. Ca s’est joué sur les bonifications, non ?

HH : Oui, les bonifications ont été importantes en effet. Daniel a pris du temps dès le premier jour, j’ai comblé une partie du retard sur le Mont Mégantic, mais j’ai aussi fait une petite erreur lors de la 4e étape l’avant dernier jour, en pensant que l’arrivée était située au sommet de la bosse alors qu’elle était au milieu de la bosse. Quand j’ai vu les gars embrayer, je me suis dit qu’ils ne pourraient pas monter ainsi jusqu’en haut, donc j’ai temporisé un peu, mais l’arrivée était plus proche que je ne le croyais. L’équipe de Daniel (Axeon Hagens Berman) a également très bien couru en Beauce, je ne pouvais pas faire grand chose et je n’ai jamais pu le sortir de ma roue dans les montées sur les dernières étapes. Comme m’a dit Svein Tuft, « ca m’a pris trois fois avant que ce soit la bonne », donc espérons que la prochaine fois sera la bonne !

LFR : Revenons brièvement sur le chrono des Canadiens disputé dans le Parc de la Gatineau, près de chez moi. J’ai entendu que tu y avais poussé plus de 400 watts pendant 50 minutes sur ce chrono, une performance qui t’a valu la 4e place. Ton analyse ?

HH : L’analyse est assez simple, les autres étaient plus forts que moi ! J’ai été surpris cependant, car l’an dernier je gagne l’épreuve avec 375 watts de moyenne en étant deux kilos plus lourd. Je pensais avoir fait un bon chrono dans le Parc de la Gatineau mais ce n’était pas assez. J’ai donné tout ce que j’avais, les autres ont progressé, et j’ai été impressionné par la performance de Ryan Roth et Alex Cataford. Rien à dire, chapeau à eux deux ! C’était mérité pour Ryan, il court depuis longtemps, c’est une belle victoire pour lui et j’en étais content. Je vais toutefois continuer à travailler fort et je me reprendrai l’an prochain.

LFR : La connaissance du parcours a pu être un avantage ?

HH : Possible oui, notamment pour Alex Cataford.

LFR : Parlons du Tour de France. Déçu de ne pas y avoir participé cette saison ?

HH : Non, pas du tout car il n’était pas à mon programme cette année, j’étais plutôt prévu au Giro et j’avais aussi fixé l’objectif des Jeux Olympiques de Rio. Je n’ai jamais revendiqué de participer au Tour cette saison, et c’est aussi un gros objectif pour l’équipe AG2R – La Mondiale qui y déploie une grosse équipe. Romain termine 2e cette année, on a beaucoup de profondeur chez nous sur les grands tours, donc une place sur l’équipe du Tour n’est pas facile à obtenir. L’an prochain on verra, j’ai l’intention de signaler à l’équipe mon intérêt pour le Tour et après, c’est à moi de prouver que j’ai ma place sur l’équipe qui y sera envoyée.

LFR : Parlons justement de la saison prochaine. Tu es toujours sous contrat avec AG2R – La Mondiale ?

HH : Exact oui, j’avais signé pour deux ans donc il me reste un an à mon contrat. Ca va bien, je me suis très bien intégré au sein de l’équipe, un point important. L’environnement me convient bien, je progresse chaque saison, donc j’espère que le meilleur reste à venir dans mon cas. Ca me garde en tout cas très motivé pour la suite, notamment pour faire l’équipe du Tour un jour prochain.

LFR : As-tu déjà réfléchis à tes objectifs pour la prochaine saison ?

HH : Un des objectifs sera très certainement de continuer d’hausser mon niveau sur les grands tours, pour devenir un équipier important dans l’équipe sur ce genre d’épreuve. J’ai vu au Giro que je récupérais bien des efforts, donc je peux être efficace en 2e et 3e semaine d’un grand tour. Les Classiques on verra, pas sûr que c’est sur ces épreuves que j’irai chercher les meilleurs résultats. J’aimerais aussi focusser sur les petites courses par étape qui comportent des chronos, comme par exemple le Tour Med, le Tour de Pologne, le Tour de Poitou-Charente, ceci afin d’y être vraiment compétitif et jouer le top-10.

LFR : Merci Hugo, bonne chance sur les Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal, et sur la Classique des Appalaches après !

HH : Au plaisir de t’y rencontrer Laurent, à bientôt tout le monde !

Eurobike 2016: quelques développements intéressants…

Capture d’écran 2016-09-01 à 22.04.10Pendant que le fondeur canadien Alex Harvey montait le Stelvio côté Prato en ski à roulettes hier, moitié skate, moitié classique (ouf!!!!!), le salon Eurobike 2016 battait son plein du côté de Friedrichshafen.

Quelques nouveautés et développements ont attiré mon attention.

Notamment ces chaussures Luck qui intègrent un… capteur de puissance dans la semelle. Je trouve l’idée intéressante, puisque la force exercée sur les pédales passe nécessairement par l’interface semelle-pédale. Le système est polyvalent car non lié au vélo lui-même, et la mesure du différentiel de puissance entre les deux jambes peut se faire de façon précise si un capteur est installé dans chacune des deux semelles. Brillant!  Le système est annoncé compatible avec ANT+. Reste à tester la fiabilité et le degré de précision de cet outil comparé à ceux existant notamment du côté des pédaliers.

J’ai aussi remarqué un renouveau chez Colnago, après quelques années qui m’ont apparues en demi-teinte. Colnago a lancé un aéro bike bien réussi appelé « Concept ». La compagnie italienne est également en phase de relancer sa gamme en prévision de 2017.

L’autre nouvelle de ce salon est le nouveau groupe électrique sans fil FSA qui viendra donc concurrencer le groupe déjà lancé par SRAM (gageons que les autres grandes compagnies Shimano et Campagnolo suivront sous peu). Je trouve déjà l’esthétique de ce groupe FSA moins réussie que celle du groupe SRAM, car plus grossière.

Plusieurs sites Internet couvrent chacun à leur manière ce salon du vélo, notamment Bike Radar, Matos Vélo ainsi que Pez Cycling.

Introduire des périodes d’apnée lors de vos entrainements?

Le sujet est original, du moins pour moi: l’introduction de phases d’apnée (retenir sa respiration) lors d’entrainements serait bénéfique à la performance dans les sports d’endurance, augmentant par exemple (légèrement) la sécrétion d’EPO endogène au corps humain et améliorant le transport d’oxygène.

C’est une technique apparemment bien connue des entraineurs professionnels et pratiquée depuis fort longtemps. Je l’ignorais jusqu’à maintenant. Et c’est grâce à Marc Kluszczynski, pharmacien et expert sur le dopage, que j’ai pu en savoir plus puisqu’il m’a fait parvenir récemment cette critique du livre intitulé « The Oxygen Advantage » écrit par Patrick McKeown et publié en avril dernier. C’est assez intéressant, et peut-être la preuve que la natation est très bénéfique en préparation hivernale pour les cyclistes sur route! Je remercie Marc au passage de m’avoir envoyé ce résumé-critique pertinent.

Une méthode de dopage naturelle, par Marc Kluszczynski

Le titre du livre de Patrick Mc Keown est trompeur, et on lui préférerait « le paradoxe de l’oxygène ». Car la manière dont nous respirons détermine en fait la teneur du sang en gaz carbonique (CO₂). Or, l’effet Bohr, connu dès les années 1900, nous apprend que l’hémoglobine délivre plus facilement son oxygène aux tissus quand le pH du sang s’abaisse en présence du CO₂. C’est donc le gaz carbonique qui règle la respiration.

Mc Keown nous explique qu’il est inutile de trop respirer, si l’on veut favoriser la dissociation de l’oxyhémoglobine. Pour diminuer sa respiration, ou plutôt pour réduire sa sur-respiration, la 1ère méthode est d’adopter une respiration nasale, rejoignant en cela la théorie du médecin russe Konstantinovich Buteyko (1923-2003). Buteyko pensait que l’hyperventilation abaisse le CO₂, comme lors d’une crise d’asthme à son début, et le médecin proposait sa méthode dans l’asthme léger. Buteyko recommandait aussi d’introduire dans la journée, au repos, des petites pauses où l’on retient son souffle. Il s’agit donc de lutter contre l’hyperventilation, et d’augmenter la teneur du sang en gaz carbonique (hypercapnie). C’est une rééducation de la respiration que propose l’auteur.

Mais de nombreuses personnes dorment la bouche ouverte ! Que faire ? Car on ne peut négliger la rééducation de la respiration nocturne. Mc Keown propose une solution radicale pour adopter une respiration nasale la nuit : se scotcher la bouche avec du Micropore de largeur 2,5 cm ! Ce qui paraît un véritable supplice est en fait bien accepté par l’organisme, à en croire ceux ou celles qui ont essayé. Respirer par le nez augmenterait en plus la teneur sanguine en oxyde nitrique (NO) vasodilatateur.

Les progrès du passage à une respiration nasale peuvent être appréciés par le BOLT (Body Oxygen Level Test) : après une petite expiration normale (mais pas de grande inspiration), la personne s’arrête de respirer le plus longtemps possible. Le but est d’atteindre les 30 à 40 s, pour passer à la phase suivante. Le BOLT, qui n’est pas un exercice en lui-même, est à faire une fois par jour, 3 fois par semaine pendant trois mois. Des spasmes du diaphragme peuvent survenir, et aident ainsi à renforcer ce muscle essentiel dans la respiration.

Le BOLT sert à mesurer les progrès réalisés par les exercices de réduction du souffle (breathe right to breathe light), qui consistent au début à adopter une respiration nasale et abdominale imperceptible au cours de la journée et sur plusieurs mois. C’est ce qu’enseignent d’ailleurs les maîtres du Tai Chi, art martial chinois, qui recommandent de respirer de telle manière que l’on ne se sente pas le faire. On pourra ensuite pratiquer des pauses respiratoires au repos, puis pendant un exercice ; on augmentera l’intensité de l’exercice en respirant uniquement par le nez.

Cette phase suivante, Emil Zatopek (champion olympique du 10 000m en 1948 et 1952) l’appliquait déjà dans les années 50. Lorsqu’il se rendait à son travail, Zatopek s’amusait à retenir sa respiration en marchant, prenant les arbres d’une allée comme repères. Puis il utilisa cet exercice en courant, sauf bien sûr, en compétition, où il est nécessaire à plein régime de respirer aussi par la bouche. La méthode est donc connue de tous les entraîneurs.

Valerio Luiz De Oliveira, entraîneur de Joaquim Cruz, champion olympique du 800m en 1984, recommandait au brésilien de retenir sa respiration sur les 15 derniers mètres d’un 200m répété sur trois séries de quatre efforts. Et on peut penser que Chris Froome et Mo Farah pratiquent aussi ce genre d’entraînement. Et qu’Alberto Salazar l’impose aussi à ses coureurs: on se souvient que Galen Rupp s’est évanoui lors d’un entraînement! Avait-il oublié de respirer, attendant vainement le signal de son entraîneur?

Prudence toutefois: avec un oxymètre, il ne faut pas descendre sous le seuil de 80% en saturation d’oxygène, sous peine de mettre l’organisme en grand danger. Mc Keown cite plusieurs études montrant que retenir sa respiration quelques secondes 8 à 10 fois durant un exercice d’endurance permet d’augmenter le taux d’EPO endogène, alors que les meilleurs sportifs passent plusieurs mois par an à plus de 2500m d’altitude! Il ne s’agit alors que de gains marginaux.

La confirmation est apportée par une étude coréenne publiée en 2006 montrant une augmentation de 20% du taux d’EPO endogène chez les malades victimes de l’apnée du sommeil. Ces malades s’arrêtent de respirer la nuit de 20s à 1 min 20, et de 5 à 70 fois par heure.

Mais un autre mécanisme semble être en cause et intervenir dans une plus grande proportion encore: une meilleure tolérance à l’acidité sanguine, et une amélioration du métabolisme anaérobie lactique. Car Mc Keown n’hésite pas à écrire dans son livre que les bicarbonates augmentent le score du BOLT jusqu’à 8,6%. Or on sait qu’une autre substance, la béta-alanine, est dorénavant utilisée en course à pied et en cyclisme. On sait depuis longtemps que les bicarbonates, utilisés en pâtisserie et dans les sodas, permettent d’améliorer de plusieurs secondes les performances des efforts lactiques, tel un 800m. Mais en tamponnant l’acidité sanguine, les bicarbonates (s’ils améliorent le BOLT) réduisent le relarguage de l’oxygène par l’hémoglobine. A partir de ce moment, l’auteur aurait mieux fait d’écrire que pratiquer des exercices de retenue de la respiration améliorent en fait principalement la résistance à l’acidité, la sécrétion d’EPO endogène si elle est démontrée, restant accessoire et fugace.

La preuve en est donnée par l’auteur qui cite une meilleure efficacité à l’effort en haute altitude chez les sportifs ayant un BOLT élevé (plus de 40 s), de même qu’un effet sur la perte d’appétit, connu en altitude. On sait que le traitement du mal aigu des montagnes (MAM) consiste à administrer du DIAMOX (acétazolamide), inhibiteur de l’anhydrase carbonique, qui inhibe la transformation du CO₂ en HCO₃⁻. Le Diamox réacidifie l’organisme, ce qui constitue une preuve de l’effet principal du BOLT dans le registre anaérobie lactique. L’augmentation de VO₂ max constatée n’étant due qu’à la composante anaérobie qui se rajoute à la composante aérobie.

Le livre de Mc Keown a au moins le mérite de divulguer au grand public une ancienne méthode d’entraînement paradoxale : s’entraîner à l’apnée dans les sports d’endurance ! Est-elle responsable de certaines grandes performances récentes en natation et en demi-fond ?

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