Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : mars 2015

Voir clair dans le cyclisme de 2015

Le rapport de la Commission Indépendante pour la Réforme du Cyclisme (CIRC) est clair: le dopage est encore en vogue dans le peloton.

Jusqu’ici, rien de bien nouveau, on le savait.

Selon certains témoins cités dans le rapport, 20% du peloton serait dopé; pour d’autres, 90%. La marge est énorme.

Comment voir clair?

Pour moi, c’est clair, pour voir clair (!), il faut se référer à des gens n’ayant plus d’intérêts directs dans le cyclisme pro, mais qui connaissent très bien ce milieu pour en avoir fait partie à une époque de leur vie.

Qui n’ont donc rien à cacher, rien à protéger, rien à perdre, et qui aiment encore profondément le cyclisme.

Ces gens sont peu nombreux.

Greg LeMond est assurément un de ceux là.

Antoine Vayer aussi. Ancien entraineur de l’équipe Festina (avant le scandale), il a également entrainé des pointures comme Christophe Bassons, Peter Pouly ou encore Jean-Christophe Péraud, lui permettant d’avoir une excellente idée des capacités de la machine humaine saine.

Plus récemment, il a travaillé, en collaboration avec Frédéric Portoleau, au développement des calculs indirects de puissance qui permettent d’identifier les coureurs offrant des niveaux de performance « mutants », à priori hors de portée de la race humaine. Faute d’avoir accès aux données SRM des coureurs, je défends depuis longtemps sur La Flamme Rouge l’idée que les calculs indirects de puissance devraient être utilisés dans la lutte contre le dopage afin d’identifier les coureurs suspects, et ainsi mieux cibler les contrôles.

J’avais publié, avec mon ami Raphaël de Vélochronique, une longue interview en 2005 avec Antoine. Depuis, nous sommes restés en contact, tout particulièrement lors de la création du mouvement Change Cycling Now dont il a fait partie et qui a contribué à défaire Pat McQuaid lors de la dernière élection pour la présidence de l’UCI.

Récemment, le site ChronosWatts a réalisé une très longue interview avec Antoine, publiée en quatre partie.

Cette entrevue est un bijou.

Je vous invite à prendre le temps de tout lire, si vous voulez vraiment enrichir votre bagage de connaissances sur le cyclisme et sur le fléau du dopage.

Dans la première partie, l’entrevue porte sur le parcours sportif d’Antoine.

Dans la deuxième partie, très intéressante, l’entrevue porte sur l’expérience Festina d’Antoine, et sur ses premières désillusions face au dopage. Il nous livre également « l’Affaire Festina » vu par quelqu’un qui a vécu l’histoire de très près.

Dans la troisième partie, il est question des calculs de puissance, qu’Antoine défend bien entendu. Je suis assez d’accord avec lui, les gains que procurent le matériel, la diététique, la condition des routes, sont bien marginaux…

Enfin, dans la quatrième partie, il est question des performances dans le cyclisme d’aujourd’hui, des doutes que nous devons continuer d’entretenir, des performances hallucinantes de Vicenzo Nibali lors du dernier Tour de France et de l’avenir du cyclisme.

Enfin, je vous parlais récemment du spectacle que nous ont offert Contador et Froome sur le récent Tour d’Andalousie, remporté finalement par Froome deux petites secondes devant Contador.

Les calculs de puissance sont désormais disponibles lors des deux arrivées en altitude.

Conclusion? Froome et Contador évoluent déjà à un niveau proche de leur niveau maximum, en février! Apparemment, dans le nouveau cyclisme post-2011, les grands champions réussissent, peut-être pour la première fois de l’histoire du cyclisme moderne, à rester en très grande condition pendant des mois.

Mieux, plus besoin de courir pour peaufiner sa condition: on s’entraine dans son petit coin et bang! première course on joue la gagne.

Surprenant. Comme le niveau de maigreur, d’affutage de certains si tôt en saison.

Enfin bref, j’invite enfin ceux qui voudront une fois de plus débattre de la précision de ces calculs indirects de puissance à lire ce récent article de Frédéric Portoleau portant sur ce sujet.

Merci à l’auteur du site ChronosWatts pour tous ces articles très intéressants et hautement pertinents compte tenu de l’actualité récente dans le monde du cyclisme professionnel sur route.

Le Tour de l’actualité

L’actualité cycliste tourne évidemment beaucoup autour du rapport de la CICR, rendu public hier. On en oublie presque les résultats sportifs.

1 – Strade Bianche. Comme moi, vous étiez probablement plusieurs à penser, en voyant Valverde, Stybar et Van Avermaet dans les derniers kilomètres de la course, que l’Espagnol allait l’emporter facilement au profit de la dernière ascension située après la flamme rouge.

Et bien, il n’en fut rien, l’Espagnol étant le premier coureur décroché sur une accélération de Van Avermaet. Victime de crampes, Valverde payait ses efforts et avait probablement présumé de trop ses forces.

J’ai alors pensé, comme vous, que Van Avermaet en tenait enfin une belle: il n’en fut rien encore une fois. Y’a pas à dire, mais le Belge me fait de plus en plus penser à George Hincapie: éternel abonné aux places d’honneur, rarement vainqueur!

C’est donc le Tchèque Stybar qui a gagné à la pédale, à la régulière. Un nouveau succès pour l’équipe Etixx-Quick Step qui gagne beaucoup ces temps-ci (mais qui en perd aussi des belles, rappelez-vous sur le Het Nieuswblad).

Parmi les autres enseignements de l’épreuve, la condition à la hausse de Fabian Cancellara, encore un peu juste mais qui était visiblement alimenté par l’envie de progresser lorsqu’il a mené une chasse vigoureuse dans le final de la course.

Sep Vanmarcke a également rassuré sur sa condition, terminant 4e après avoir chassé solo dans le final derrière les trois fuyards. Celui-là sera un sacré client sur les Flandriennes, c’est certain.

La déception vient évidemment de Peter Sagan, présent à l’approche du final puis plus rien, et terminant à plus de 5 minutes. Si vous avez des explications…

2 – Etixx-Quick Step. Coup dur pour l’équipe belge aujourd’hui sur Paris-Nice puisque Tom Boonen a abandonné sur chute, touché à une épaule. Le champion belge manquera probablement les Flandriennes dans un mois. Dommage, mais l’équipe a des leaders de rechange avec Stybar, Kwiatkowski, Terpstra voire Vandenbergh…

3 – Prologue de Paris-Nice. Victoire d’un autre Etixx-Quick Step, Michal Kwiatkowski, au forceps celle-là: à peine 0,4 seconde devant Rohan Dennis, actuel détenteur du record de l’heure rappelons-le. Tony Martin a terminé 3e, mais la vraie surprise est venu de Bradley Wiggins, qui est passé complètement au travers de son prologue: seulement 12e à 15 secondes. Compte-tenu de son palmarès dans les chronos, on s’attendait à beaucoup mieux du champion britannique qui se sert de Paris-Nice pour peaufiner sa condition à l’approche de Paris-Roubaix, son grand objectif en début de saison.

Un prologue étant souvent – mais pas toujours – révélateur des coureurs en bonne condition, à noter les belles prestations des Tom Dumoulin, Geraint Thomas, Tony Galopin, Tejay Van Garderen (attention à lui pour la gagne au général), Richie Porte et un certain… Philippe Gilbert, manifestement en bien meilleure condition que l’an dernier.

4 – 1ere étape de Paris-Nice. Victoire au sprint d’Alexandr Kristoff, là encore à la pédale: il était sans conteste le plus puissant dans les 200 derniers mètres. Nader Bouhanni, qui a fait des sprints de ce Paris-Nice son premier grand objectif de sa saison, termine 2e, de quoi nourrir des regrets à peine voilés puisqu’il a déclaré à l’arrivée: «Je suis déçu, mais voilà, le plus fort (Alexander Kristoff) a gagné… J’ai viré en 20e position et j’ai dû faire deux sprints pour revenir au contact. J’avais déjà donné beaucoup avant le sprint. Mais dans les prochains jours, si je ne fais aucun effort superflu, il y a la possibilité de gagner

Espérons que sa garde rapprochée, incluant le Québécois Dominique Rollin, aura compris le message car j’ai bien l’impression qu’il s’impatiente, le Nacer! (avec raison). Il lui reste deux belles étapes pour espérer s’imposer au sprint.

5 – Cookson. À lire absolument, cette interview publiée au journal Le Monde avec Brian Cookson suite à la parution du rapport de la CICR. Très intéressant!

Cookson a notamment appelé Hein Verbruggen à démissionner de son poste de président honoraire de l’UCI, estimant que le rapport soulevait trop d’éléments quant à son intégrité. À l’image de l’USADA, Cookson n’a pas non plus exclut des poursuites judiciaires à l’endroit de Verbruggen et McQuaid, fort des révélations contenues dans le rapport de la CICR.

J’ai par ailleurs bien aimé sa franchise: « L’UCI a ouvert, et a toujours, une ligne téléphonique d’assistance contre le dopage, qui n’est pas utilisée. » Rappelons qu’il y a une paire d’années, McQuaid avait fait l’annonce en grande pompe de la mise en place de cette ligne téléphonique, y voyant un moyen de lutter efficacement contre le dopage (j’en avais parlé sur La Flamme Rouge, voir ici). Ben voyons!!! McQuaid se foutait carrément de notre gueule, c’est clair…

J’aime bien Cookson quant il déclare encore: « Je ne sais pas si endémique est le mot juste (ndlr: à propos du dopage dans le cyclisme, à tous les niveaux) mais c’est tout aussi inquiétant. Et je pense qu’il est vrai que des cyclistes amateurs, des « hommes d’affaires d’une cinquantaine d’années » comme le dit le rapport, se dopent pour disputer des cyclosportives. J’ai un message à leur faire passer : mais vous croyez tromper qui ? Achetez-vous une vie ! Vous vous dopez pour battre vos copains dans une course amateur, les gars. »

Il y a là certes matière à réflexion pour certains d’entre nous, même au Québec au sein des pelotons amateurs et cyclosportifs!

6 – 18e dimension. Ou la dimension dans laquelle vit Hein Verbruggen. Je vous laisse seuls juges de ses propos. Lamentable! Ce type se prend pour le roi du monde, méprise tous ses semblables et demeure une immense insulte à l’intelligence humaine. Fort heureusement, il ne dupe plus personne.

7 – Straight to the point. Ou les propos du Canadien Dick Pound, un homme sans détour qui dit les choses telles qu’elles le sont, sans langue de bois. Avec des mecs comme lui ou Tygaart de l’USADA, je peux vous dire que les choses changeraient, et vite! Lueur d’espoir: comme nous, il estime qu’avec Brian Cookson à l’UCI, les choses évoluent dans la bonne direction en ce moment.

8 – Astana. On devrait être fixés d’ici la mi-mars sur l’avenir de cette formation au sein du WorldTour. La lutte est désormais du côté légal de l’affaire, entre avocats. Mettons que la pression est cependant forte actuellement avec la sortie du rapport de la CICR pour des mesures fermes à l’endroit des tricheurs.

9 – Apple Watch. Le géant californien Apple a donc sorti sa Apple Watch lundi. La société Strava n’a pas tardé pour annoncer une application spécialement conçue pour la nouvelle montre. Avant de vous « garocher » cependant, je vous invite à la réflexion! Des produits comme le Polar V800 ou, encore mieux, le Garmin Forerunner 920xt sont de meilleurs achats selon moi du point de vue cycliste.

CICR de l’UCI: les conclusions/recommandations

Je mets en sourdine pour 24h les résultats sportifs du week-end – Strade Bianche et prologue de Paris-Nice – pour commenter la parution du rapport final de la Commission Indépendante pour la Réforme du Cyclisme (CICR) mandaté par l’UCI il y a environ un an.

Car c’est très important.

Soulignons d’entrée de jeu que rares sont les sports ayant osé ce genre d’exercice d’introspection, les dommages potentiels ou collatéraux étant bien évidemment importants. C’est tout à l’honneur du cyclisme et de Brian Cookson qui avait fait du CICR une promesse lors de son élection à la présidence de l’UCI.

Les conclusions

Elles sont parfois accablantes. Allons-y dans un certain ordre:

1 – Le dopage persiste « de façon évidente » dans le milieu cycliste professionnel. Il persiste pour diverses raisons: présence dans le sport de personnes au lourd passé en la matière dont certains médecins (Ferrari et Fuentes continueraient d’être actifs dans le peloton), instabilité financière et exigence d’attirer et de retenir les sponsors (donc besoin de résultats) et structure des équipes qui parfois favorise l’éloignement des coureurs qui peuvent donc « merdouiller » dans leur coin, voire développer leur équipe de soutien en parallèle à l’encadrement officiel de leur équipe. Le dopage serait aujourd’hui passé à l’ère du micro-dosage permettant une régularité dans les paramètres sanguins, régularité évidemment souhaitée à l’égard du passeport sanguin. Les gains en performance ne seraient plus aussi spectaculaires qu’à la belle époque de l’EPO (+10 à 15%), mais sensibles et suffisants (+2 à 5%).

2 – Le dopage d’aujourd’hui vise aussi la perte de poids, permettant une amélioration du rapport poids-puissance non-négligeable. Dans ce domaine, les corticoïdes seraient particulièrement en usage (on se rappellera les soupçons d’usage de ces produits au sein de l’équipe Europcar en 2011…).

3 – Parmi les nouvelles substances « à la mode », on retrouverait l’AICAR, le HGH, le GW1516, l’ozonothérapie (Greg Van Avermaet en a récemment été soupçonné…), les formes artificielles de testostérone, voire des mélanges tranquillisants-antidépresseurs dont une des conséquences serait des chutes plus fréquentes au sein du peloton.

4 – 90% des autorisations pour usage thérapeutique (AUT) seraient liées à une pratique dopante. 90%!

5 – Dopage technique, une possible réalité: «La commission croit qu’en réponse aux améliorations dans l’antidopage, la tricherie technique a augmenté, (…) y compris en utilisant des moteurs dans les cadres.» Les auteurs ont certainement d’excellentes informations et certitudes pour écrire cela.

6 – L’UCI a jadis informé les équipes des nouvelles méthodes de détection des produits dopants, comme les a informé des fenêtres de détection. Aie. Peu importe ce qu’en disent Messieurs Verbruggen et McQuaid, celle-là fait mal…

7 – Le CICR soulève des « soucis d’ordre général » à l’égard de la conduite de la lutte contre le dopage dans le cyclisme.

8 – Corruption à l’UCI: si cette partie du rapport est restée confidentielle, les auteurs ont néanmoins jugé bon de recommander à l’UCI de procéder à une commission d’enquête à ce sujet, ou de mandater un comité indépendant pour se pencher sur la question. C’est donc que la CICR a de sérieux doutes à cet égard là encore.

9 – Lance Armstrong a bel et bien bénéficié d’un traitement de faveur de la part de l’UCI alors qu’il était un coureur actif.

10 – Le rapport conclut que Pat McQuaid a constitué un président « faible » de l’UCI, ne parvenant jamais à se distancer d’Hein Verbruggen. Pat McQuaid s’est également mis en situation de conflit d’intérêt par ses relations avec Lance Armstrong.

Les recommandations clés maintenant:

1 – La lutte contre le dopage devrait être plus qualitative que quantitative. À quand la reconnaissance des calculs de puissance pour identifier les coureurs suspects qui devraient faire l’objet d’un suivi plus serré?

2 – Les tests anti-dopage menés devraient être plus imprévisibles, et certains devraient être réalisés la nuit pour pallier au micro-dopage dont la fenêtre de détection est très limitée.

3 – Les autorités anti-dopage doivent établir des liens plus étroits avec les grandes compagnies pharmaceutiques. Cela pourrait en effet permettre de placer des traceurs dans les produits mis en marché, ceci afin de facilement pouvoir les retracer dans les organismes où ils ne devraient pas s’y trouver.

4 – L’UCI devrait revoir, clarifier et être plus transparente sur ses règles d’élection de son président.

5 – L’UCI devrait revoir sa commission d’éthique.

6 – L’UCI devrait systématiquement faire une enquête sur les coureurs soupçonnés de dopage dans le passé, ceci dans le but de pouvoir les écarter du peloton ou de son entourage.

7 – L’UCI devrait être plus vigilante dans l’octroi des AUT.

8 – L’UCI devrait s’attaquer au problème du manque de stabilité dans le financement des équipes cyclistes professionnelles.

En conclusion

Je n’ai pas encore eu le temps de tout lire le rapport final et je pourrais donc vous reparler de cette CICR dans les prochains jours.

Ceci étant dit, la montagne a-t-elle accouchée d’une souris?

Je crois que non.

Ce rapport sera utile ne serait-ce que pour justifier les prochaines actions à entreprendre. Il constitue donc une base solide sur laquelle construire l’avenir. Notamment pour Cookson, qui a désormais du pain sur la planche et une feuille de route plus précise.

Si on pourra déplorer l’absence de noms, de révélations-choc (il aurait pu y en avoir), le sérieux des conclusions a de quoi identifier une période sombre de notre sport, ceci afin de travailler afin qu’une telle période ne soit jamais revécue (tout en étant réaliste sur la période actuelle, loin d’être rose…). Plus encore, l’aspect public du rapport permet aujourd’hui à tous de mieux comprendre les rouages d’un sport professionnel, et ainsi prendre un peu plus de recul sur la situation probable dans les autres sports.

De quoi changer définitivement notre vision du sport professionnel…

Magnifique Strade Bianche!

Ne manquez pas samedi une superbe classique italienne, la Strade Bianche. Disputée au coeur de la Toscane, entre San Gimignano et Sienne, cette course, créée en 2007, a rapidement su se forger une incroyable réputation sur la base à la fois des magnifiques routes empruntées comportant ces fameux tronçons en terre battue (une terre blanche comme de la craie), de la difficulté du parcours (200 bornes très casse-pattes) et de son palmarès (la course n’a été remportée que par d’excellents coureurs comme Cancellara deux fois, Sagan, Kwiatkowski, Gilbert, Moreno Moser…).

La météo annoncée samedi en Toscane sera bonne, avec du soleil. Voilà qui fera d’excellentes images. Les sections sur terre battue seront toutefois poussiéreuses!

Au départ, un plateau très relevé: Cancellara, deux fois vainqueur, y fait sa rentrée. Ce sera un vrai bon test pour voir où le champion suisse en est dans sa préparation, à trois semaines de ses grands rendez-vous que sont les Flandriennes.

L’équipe Tinkoff-Saxo sera également à surveiller, avec Sagan (2e l’an dernier sur ces routes) et Kreuziger. Sagan sera possiblement revanchard.

Qui d’autre chez Sky que Ian Stannard, vainqueur superbe samedi dernier du Het Nieuswblad? La succession des bosses sera néanmoins un défi pour le rouleur anglais. Si c’est le cas, attention, la Sky a une arme secrète en Peter Kennaugh, très en vue lors des étapes difficiles du récent Tour d’Andalousie remporté par son leader Chris Froome. Si on lui permet de jouer sa carte personnelle, je pense qu’il peut être dans le coup.

Attention aussi à Sep Vanmarcke chez LottoNL-Jumbo, très à son aise le week-end dernier en Belgique. Idem pour Greg Van Avermaet, Niki Terpstra et Zdenek Stybar.

Alejandro Valverde, déjà vainqueur cette saison, sera aussi un sérieux client pour la gagne. Il connaît les routes toscanes.

Il sera enfin intéressant de suivre la progression des Moreno Moser, Filippo Pozzato (que je vois gros comme ça, il semble revenu à son tout meilleur niveau), des Canadiens Ryder Hesjedal et Svein Tuft, de Simon Gerrans et de… Vicenzo Nibali, qui connait bien la région pour y avoir évolué lorsqu’il était jeune coureur amateur.

À quelques jours de Paris-Nice et de Tirreno-Adriatico, et avec comme toile de fond Milan SanRemo qui se profile à l’horizon, la course de samedi ne manque pas d’intérêt!

Etixx-Quick Step sauve son week-end!

C’était le début de la saison des Classiques belges ce week-end avec la tenue, samedi, du Het Nieuswblad et dimanche, de Kuurne-Bruxelles-Kuurne. Et quel week-end de course! Ca faisait du bien de retrouver des noms mythiques comme le Oude Kwaremont, le Kruisberg, le Mur de Grammont ou encore le Taaienberg (ou côte « Tom Boonen »!).

Et on n’a pas été déçu du week-end!

Samedi, on a eu droit à un final incroyable avec un Ian Stannard chez Sky pris en souricière avec pas moins de trois Etixx-Quick Step, soit Vandenbergh, Terpstra et Boonen, rien que ca.

À 20 kilomètres de l’arrivée, nous étions probablement nombreux à penser que la course était pliée. Il était cependant surprenant de voir les trois coureurs Etixx relayer, la prudence ayant plutôt recommandé qu’un d’entre eux – Boonen évidemment – se réserve pour les derniers hectomètres. Première erreur.

À 4 km de la ligne, accélération de Boonen. Stannard semble réagir avec un gros temps de retard, mais hausse son rythme et revient doucement, au train. Premier gros doute chez les Etixx: ça sera pas facile de se débarrasser du rouleur anglais, visiblement surpuissant.

Au contact avec Boonen, c’est Terpstra qui a démarré, logiquement. Stannard réagit cette fois plus rapidement, amenant avec lui Vandenbergh. Boonen, à ce moment, a visiblement du mal à suivre.

À la reprise de Terpstra, coup de génie de Stannard: c’est lui qui accélère en tête! Là, fallait être très costaud. Vandenbergh essaie d’entamer la poursuite, et explose très rapidement, laissant à Terpstra le soin de boucher le trou, un trou que Boonen, visiblement cuit, ne parviendra jamais à boucher.

Aux 500m, Terpstra et Stannard, le tenant du titre, vont de toute évidence se disputer la victoire au sprint. Et là, gourde monumentale de Terpstra qui passe! Deuxième grave erreur. Il avait Boonen juste derrière à quelques secondes à peine! Ce fut la chance de Stannard, qui était visiblement fatigué: il a pu prendre la roue – de justesse – de Terpstra et l’ajuster dans les tous derniers mètres.

Y’en a qui ont dû se faire remonter les bretelles le soir à l’hôtel chez les Etixx-Quick Step.

La formation belge a eu un sursaut d’orgueil hier sur Kuurne en plaçant Cavendish pour la victoire finale. Ouf… la Belgique peut respirer, même si c’est encore un… anglais qui a gagné…

On a assisté hier à un beau sprint, avec outre Cavendish, les Kristoff, Viviani et… Bouhanni qui étaient tous présents pour l’emballage final. Je pense que Dominique Rollin, 61e de la course à tout juste 4 secondes du vainqueur et de Bouhanni, a pu bien faire son travail pour son sprinter, prouvant aussi au passage qu’il a la condition après un an d’absence du peloton. De bonne augure pour la suite et notamment Paris-Nice qui pointe doucement son nez.

À noter le bel effort de Philippe Gilbert dans les derniers hectomètres, parti seul pour la gagne. Il fallait de la force pour résister aussi longtemps au paquet en pleine préparation pour le sprint. Attention au champion belge sur le prochain Milan San Remo s’il continue comme ça.

Bref, un bien beau week-end d’ouverture des Classiques de la saison. Il ne manquait que les Trek Factory Racing!

Sports Life Stories – Chris Froome

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