Le rapport de la Commission Indépendante pour la Réforme du Cyclisme (CIRC) est clair: le dopage est encore en vogue dans le peloton.
Jusqu’ici, rien de bien nouveau, on le savait.
Selon certains témoins cités dans le rapport, 20% du peloton serait dopé; pour d’autres, 90%. La marge est énorme.
Comment voir clair?
Pour moi, c’est clair, pour voir clair (!), il faut se référer à des gens n’ayant plus d’intérêts directs dans le cyclisme pro, mais qui connaissent très bien ce milieu pour en avoir fait partie à une époque de leur vie.
Qui n’ont donc rien à cacher, rien à protéger, rien à perdre, et qui aiment encore profondément le cyclisme.
Ces gens sont peu nombreux.
Greg LeMond est assurément un de ceux là.
Antoine Vayer aussi. Ancien entraineur de l’équipe Festina (avant le scandale), il a également entrainé des pointures comme Christophe Bassons, Peter Pouly ou encore Jean-Christophe Péraud, lui permettant d’avoir une excellente idée des capacités de la machine humaine saine.
Plus récemment, il a travaillé, en collaboration avec Frédéric Portoleau, au développement des calculs indirects de puissance qui permettent d’identifier les coureurs offrant des niveaux de performance « mutants », à priori hors de portée de la race humaine. Faute d’avoir accès aux données SRM des coureurs, je défends depuis longtemps sur La Flamme Rouge l’idée que les calculs indirects de puissance devraient être utilisés dans la lutte contre le dopage afin d’identifier les coureurs suspects, et ainsi mieux cibler les contrôles.
J’avais publié, avec mon ami Raphaël de Vélochronique, une longue interview en 2005 avec Antoine. Depuis, nous sommes restés en contact, tout particulièrement lors de la création du mouvement Change Cycling Now dont il a fait partie et qui a contribué à défaire Pat McQuaid lors de la dernière élection pour la présidence de l’UCI.
Récemment, le site ChronosWatts a réalisé une très longue interview avec Antoine, publiée en quatre partie.
Cette entrevue est un bijou.
Je vous invite à prendre le temps de tout lire, si vous voulez vraiment enrichir votre bagage de connaissances sur le cyclisme et sur le fléau du dopage.
Dans la première partie, l’entrevue porte sur le parcours sportif d’Antoine.
Dans la deuxième partie, très intéressante, l’entrevue porte sur l’expérience Festina d’Antoine, et sur ses premières désillusions face au dopage. Il nous livre également « l’Affaire Festina » vu par quelqu’un qui a vécu l’histoire de très près.
Dans la troisième partie, il est question des calculs de puissance, qu’Antoine défend bien entendu. Je suis assez d’accord avec lui, les gains que procurent le matériel, la diététique, la condition des routes, sont bien marginaux…
Enfin, dans la quatrième partie, il est question des performances dans le cyclisme d’aujourd’hui, des doutes que nous devons continuer d’entretenir, des performances hallucinantes de Vicenzo Nibali lors du dernier Tour de France et de l’avenir du cyclisme.
Enfin, je vous parlais récemment du spectacle que nous ont offert Contador et Froome sur le récent Tour d’Andalousie, remporté finalement par Froome deux petites secondes devant Contador.
Les calculs de puissance sont désormais disponibles lors des deux arrivées en altitude.
Conclusion? Froome et Contador évoluent déjà à un niveau proche de leur niveau maximum, en février! Apparemment, dans le nouveau cyclisme post-2011, les grands champions réussissent, peut-être pour la première fois de l’histoire du cyclisme moderne, à rester en très grande condition pendant des mois.
Mieux, plus besoin de courir pour peaufiner sa condition: on s’entraine dans son petit coin et bang! première course on joue la gagne.
Surprenant. Comme le niveau de maigreur, d’affutage de certains si tôt en saison.
Merci à l’auteur du site ChronosWatts pour tous ces articles très intéressants et hautement pertinents compte tenu de l’actualité récente dans le monde du cyclisme professionnel sur route.