Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : novembre 2012 Page 1 of 2

Le Tour 2013 devrait-il passer par le col de Sarenne?

Pour certains, la réponse est claire: non! Une pétition est en cours d’élaboration et déjà, plus de 2500 personnes l’ont signé avec pour but de préserver ce col alpin encore très sauvage.

J’avoue que cette question de savoir si le Tour de France devrait passer par le col de Sarenne n’est pas si simple que ca.

Je suis passé à vélo à quelques reprises par le col de Sarenne, la dernière fois lors de la Haute Route 2012, au départ de la 4e étape qui amenait les coureurs de l’Alpe d’Huez à Risoul.

Tous les participants conviendront avec moi j’en suis sûr du caractère singulier de ce col méconnu des Alpes.

Le col de Sarenne est en effet très sauvage, très préservé, et très peu visité par les voitures et les touristes. On y trouve presque rien, pas de stations de ski, pas de villages, pas de lieux-dit, rien. Une toute petite route escarpée (pour cette raison la direction de la Haute Route avait neutralisé l’épreuve jusqu’au barrage du Chambon), des prés, quelques bergeries, et c’est tout. C’est donc un petit paradis pour la flore et la faune des Alpes.

Pour la venue du Tour, la route doit être repavée. Outre le dérangement des travaux durant des semaines, on peut penser qu’une route en meilleur état attirera davantage de monde au cours des prochaines années, voire des promoteurs désireux d’y construire des résidences à un jet de pierre de la station de l’Alpe d’Huez.

La venue du Tour dérangera également durant plusieurs jours l’écosystème du col de Sarenne. On peut craindre les dégâts laissés par les spectateurs durant cette période.

Loin d’être contre la venue du Tour de France dans le secteur, les opposants au passage par le col de Sarenne soulèvent la question de savoir pourquoi le Tour n’a-t-il pas privilégié une descente par Villars-Reculas? La question mérite en effet d’être posée. Si des travaux auraient aussi été nécessaires de ce côté-là, notamment pour améliorer la traversée du village de Villars-Reculas, on peut penser qu’ils auraient été plus profitables à cette communauté plutôt qu’au col de Sarenne, un endroit où il n’y a personne de toute façon.

Bref, la question ne m’apparaît pas simple et j’avoue que je suis sensible aux arguments de ceux qui souhaitent que le Tour de France ne passe pas par le col de Sarenne. Après tout, les vrais endroits sauvages des Alpes ne sont plus si nombreux que ça et doivent être préservés.

 

 

 

 

 

 

 

Le col de Sarenne au petit matin pour les participants de la Haute Route 2012.

 

 

 

 

 

 

 

Une bergerie du col de Sarenne.

ChangeCyclingNow: la communauté

Voici la liste des participants à la réunion du week-end à Londres dans le cadre du nouveau projet ChangeCyclingNow lancé à l’initiative de Jaimie Fuller, PDG de la société Skins.

Modérateur:

Paul O’Kelly (consultant)

Présentateurs invités:

Travis Tygart (directeur, USADA)

David Howman (directeur, AMA)

Hajo Seppelt (journaliste indépendant)

Membres du comité:

Jaimie Fuller (pdg, Skins)

Gianni Bugno (président, Association des coureurs professionnels)

Jonathan Vaughters (CEO, Slipstream Sports)

Paul Kimmage (journaliste sportif)

John Hoberman (professeur, U. du Texas)

Michael Ashenden (expert du dopage sanguin)

David Walsh (journaliste et auteur)

Andy Layhe (fondateur, Pure Cycling)

Antoine Vayer (professeur d’éducation physique)

Scott O’Raw (fondateur, Velocast)

Festina Girl (blogueur)

Greg LeMond (triple vainqueur du Tour de France)

Éric Boyer (ex-coureur pro et directeur sportif)

Jorg Jaksche (ex-coureur pro)

La mission de ChangeCyclingNow:

« We believe that cycling must fundamentally shift how the sport is managed including the implementation of independent anti-doping controls. These changes are of paramount importance now. The outcomes from this summit will set out the fundamental building blocks for real and positive change in the management of the sport, especially with regards to anti-doping. At the conclusion of the summit, a clear message shall be delivered to the members of the UCI, the National Federations, licensees, stakeholders and cycling generally that there must be a distinct and fundamental change in the processes, culture and management of cycling. »

Y’a pas à dire, voilà un joli panel regroupant diverses compétences et j’ai très hâte de connaitre les recommandations de ce groupe pour mieux lutter contre le dopage dans le cyclisme et redorer l’image de ce si beau sport.

Une conférence de presse aura lieu dimanche pour annoncer les avancées réalisées au cours du week-end. Cette conférence de presse regroupera la plupart des participants, ainsi qu’Emma O’Reilly et Christophe Bassons.

Ils se mobilisent pour l’avenir du cyclisme

Il faut saluer la création d’un groupe de pression international qui vise à réformer les instances dirigeantes du cyclisme mondial: ChangeCyclingNow.

Le groupe, composé de quelques experts reconnus en matière de dopage dans le cyclisme, se réunira pour une première fois à Londres au début décembre avec pour but d’arriver à proposer un plan d’action incluant des solutions concrètes afin de revigorer le cyclisme qui a été si malmené par les récentes affaires de dopage, en premier lieu l’Affaire Armstrong.

Dans le viseur, l’UCI bien évidemment que le groupe tient responsable pour le ternissement de l’image du cyclisme.

Parmi les experts présents à Londres, on retrouvera notamment Travis Tygart, directeur de l’USADA, mais aussi Michael Ashenden, Paul Kimmage, Antoine Vayer, David Walsh et Jaimie Fuller, l’entrepreneur australien PDG de la société Skins (vêtements de compression) et qui a récemment intenté une poursuite à l’encontre de l’UCI, estimant que son inaction avait ternie l’image de sa société sponsorisant le cyclisme.

Selon Fuller, « La création de Change Cycling Now reflète la frustration et la colère que je ressens et que de nombreuses personnes directement impliquées dans le cyclisme partagent envers l’UCI et leur gestion. Je crois que nous avons mis en place un groupe très solide qui représente les sentiments de milliers de personnes au sein du cyclisme, qui souhaitent voir un changement définitif. Il serait plus simple de se réunir pour critiquer et accuser, mais nous devons discuter d’actions concrètes pour renouveler ce sport, le rendre propre, crédible et intègre. Je suis persuadé que ce groupe représente également les millions de fans qui partagent l’opinion de ceux qui seront autour de la table. Nous allons également explorer des voies pour nous assurer que ces fans pourront nous rejoindre afin d’envoyer un message sans équivoque à l’UCI et ses dirigeants pour qu’ils comprennent que leur approche actuelle n’est tout simplement pas suffisante. »

ChangeCyclingNow tiendra une conférence de presse dans la foulée de cette première réunion, toujours dans le but d’envoyer un message clair à l’UCI, aux fédérations nationales et au cyclisme en général. De plus, le groupe communiquera ainsi rapidement avec les millions de fans du cyclisme le fruit de leurs travaux.

L’initiative m’apparaît intéressante puisqu’elle est indépendante des instances dirigeantes actuelles du cyclisme, donc crédible. Plusieurs des experts qui seront présents ont été au coeur de vastes enquêtes sur le dopage dans le cyclisme et leur connaissance et leur compétence à ce sujet ne sauraient être remis en doute.

Greg LeMond, un ancien coureur pro, aurait également mérité de faire partie d’un tel groupe selon moi, auquel il manque peut-être actuellement un coureur pro encore en activité, comme Jérémy Roy par exemple.

Il serait également intéressant de créer un site Internet permettant aux fans de cyclisme voire au grand public souhaitant proposer des solutions de les soumettre au jugement de ces experts. Ainsi, les solutions dégagées seraient renforcées par le poids du nombre, rendant plus difficile leur ignorance par les instances dirigeantes du sport.

Il sera également intéressant de voir si certaines de nos propositions récentes pour mieux lutter contre le dopage dans le cyclisme seront retenues par ce groupe d’experts au terme de leur rencontre prochaine.

Enfin, espérons surtout que l’UCI et les fédérations nationales sauront accorder une attention toute particulière à ces travaux. Il en va de l’avenir du cyclisme et force est de reconnaître qu’actuellement, nous sommes nombreux à trouver que les choses ne changent pas très vite.

Et l’idée qu’Alexandre Vinokourov soit actuellement au camp d’entrainement de l’équipe Astana en tant que manager général m’est carrément insupportable. C’est un affront à tous les fans de cyclisme. De qui se moque-t-on? Ces gens aiment le vélo? Vraiment?

Le communiqué de presse Change Cycling Now est disponible ici.

Guillaume Prébois grimpe le Mauna Kea

C’est assurément une des montées les plus difficiles au monde: le Mauna Kea, sur l’ile de Kona à Hawaii. 4205 mètres d’altitude, et de longs passages à plus de 20%.

Guillaume Prébois vient récemment de se hisser tout là-haut, dans le cadre de son projet « Les toits du monde ».

J’ai eu la chance de rencontrer Guillaume sur les 4 premières étapes de la Haute Route cet été et il m’a impressionné par son niveau, qui lui permettait de jouer la gagne sur les étapes, devant. Certaines images de son ascension du Mauna Kea deviennent, dans ce contexte, tout à fait impressionnantes et on peut aisément deviner toute la difficulté de cette ascension.

Merci Guillaume de ce vidéo, tu nous fais rêver un peu en cette période où nous en avons bien besoin!

 

De la haute connerie…

Je vous invite à lire cet article portant sur l’équipe Astana et de récentes déclarations de son directeur sportif, Giuseppe Martinelli.

De la très haute connerie. On nous prend vraiment, mais alors vraiment pour des imbéciles.

Martinelli déclare que l’équipe Astana songe à rejoindre le Mouvement pour un cyclisme crédible, ce mouvement amorcé par des équipes françaises et visant à imposer aux équipes qui y adhèrent certaines règles en matière d’éthique et d’anti-dopage.

C’est du grand n’importe quoi.

Rappelons d’une part que Martinelli est l’ancien directeur sportif de la Mercatone Uno, l’équipe de Marco Pantani. Archi-dopé, Pantani est même devenu un junkie et s’est enlevé la vie dans les circonstances que l’on connait. Sur certains grands tours, il était évident que toute l’équipe Mercatone Uno était dopée et son directeur sportif ne pouvait l’ignorer.

Bref, Martinelli n’a pas sa place dans le cyclisme.

Secondo, Martinelli nous affirme que l’équipe Astana possède un « système interne » permettant de contrôler les coureurs quotidiennement à l’égard du dopage et que l’équipe a beaucoup changé depuis 2 ans.

On nous prend vraiment pour des imbéciles. Quelle crédibilité à ce système qui vient de l’équipe même? L’équipe a beaucoup changé depuis 2 ans? On apprenait cet été que Roman Kreuziger travaillait avec Ferrari…

Le clou? Alexandre Vinokourov est désormais le manager général de l’équipe et était présent au plus récent camp d’entrainement de l’équipe.

Je dis bien Alexandre Vinokourov. Un ancien coureur Telekom. Soupçonné très sérieusement dans l’Affaire Puerto. Contrôlé positif aux transfusions sanguines. Soupçonné également à de multiples reprises lors de sa carrière de s’être copieusement dopé.

Du très grand n’importe quoi.

Comment est-ce encore possible aujourd’hui? Pourquoi diable l’UCI a-t-elle accordé une licence World Tour à une telle équipe? Ne représente-t-elle pas un risque élevé que d’autres histoires de dopage surviennent en 2013, nuisant encore davantage à l’image du cyclisme?

Il aurait été si simple de dire « Vinokourov manager? » = pas de licence WorldTour.

L’équipe Astana? N’y accordez aucune crédibilité et méfiez-vous constamment des performances offertes par ses coureurs. Les victoires inattendues d’Enrico Gasparotto sur l’Amstel 2012 et de Maxim Iglinsky sur Liège-Bastogne-Liège, quelques jours plus tard, deux coureurs ne nous ayant pas habitué d’avoir la pointure pour ce genre de victoires, en sont selon moi la preuve.

Un très beau film

Rentrant de Ouagadougou via Paris, je prolonge un peu le voyage…

Le business de l’EPO

Il ne faut pas manquer cet article sur la société Amgen, principal sponsor du Tour de Californie rappelons-le, et son produit vedette il y a quelques années, l’EPO (Epogen, Aranesp).

On y présente l’implacable réalité d’un business pur et simple, avec comme clients les personnes souffrant de maladies graves bien sûr, mais aussi les cyclistes professionnels. Bien souvent, on a joué avec la vie des gens.

Amgen a maintenant des procès pour fraudes, notamment financières, sur les bras aux États-Unis et on attend prochainement de la compagnie qu’elle paie un milliard (vous avez bien lu, un milliard…) de dollars pour mettre un terme à ces affaires.

C’est assurément un article nous permettant de mieux comprendre l’intérêt qu’ont les compagnies pharmaceutiques à vendre leurs produits puisque des sommes colossales sont en jeu.

Le Tour de l’actualité

Quelques nouvelles qui ont retenu mon attention des derniers temps dans le monde du cyclisme:

1 – l’UCI a décidé de créer une commission indépendante qui sera chargée d’examiner de près les allégations contenues dans le rapport USADA à son endroit. Rappelons que l’UCI est soupçonnée d’avoir été complice du système de dopage mis en place par Lance Armstrong et quelques autres personnes chez US Postal puis Discovery. L’UCI aurait notamment masqué un contrôle positif d’Armstrong et agit pour s’assurer que des adversaires d’Armstrong étaient, eux, piqués au contrôle.

On rigolera un grand coup en sachant que la création d’une telle commission a été confiée à John Coates, Coates est notamment le président du comité olympique australien, donc membre du CIO dont fait partie Pat McQuaid ainsi que Hein Verbruugen. La position de Coates est donc trop proche de celle de McQuaid pour qu’il puisse créer une telle commission avec crédibilité. Dick Pound s’est d’ailleurs déjà exprimé à ce sujet.

2 – UCI toujours. L’instance a engagé une agence de relations publiques pour l’aider à gérer ses communications. Voilà qui en dit long sur les efforts investis pour continuer à sauver les apparences, et trouver les justes mots pour semer la confusion dans l’esprit du public. À l’UCI, on est visiblement en mode « damage control »…

3 – UCI encore. Elle prend la lutte contre le dopage très au sérieux. Première mesure, créer un « doping hotline », c’est à dire une ligne téléphonique pour permettre aux coureurs qui veulent parler dopage où rapporter des faits de le faire facilement.

Non, vous ne rêvez pas.

McQuaid ajoute: «Nous sommes conscients que certains coureurs se sont plaints publiquement de n’avoir pas vu le suivi escompté après avoir partagé certaines informations avec l’UCI. Je peux vous assurer que par le passé l’UCI a agi à la suite d’informations qui lui ont été fournies et qu’elle le fera toujours à l’avenir dans la limite de ce qui est possible juridiquement».

Manifestement, le contrat avec la société de gestion des communications livre déjà ses premiers résultats…

La vérité, c’est que l’UCI n’a pas écouté, ces dernières années, les coureurs qui lui rapportaient les pratiques du milieu. Pire, elle les a présenté comme des parias et détruit publiquement leur crédibilité.

4 – On s’en doutait, on en est maintenant certain, Lance Armstrong n’était pas ami avec Nicolas Sarkozy pour rien… Cette amitié expliquerait le licenciement abusif de Pierre Bordy, ex-patron de l’Agence Française Anti-Dopage (AFLD) ainsi que l’abandon de certaines enquêtes, notamment sur la découverte de produits médicaux et kits de perfusion dans des poubelles par la police française.

On appelle ca de la complicité. C’est grave.

5 – Le coureur québécois Hugo Houle a signé chez AG2R La Mondiale, l’équipe de Chambéry. Voilà une excellente nouvelle pour ce coureur qui dispose de beaucoup de puissance et qui a réalisé une belle saison 2012. Je suis convaincu que Houle pourra rapidement s’adapter à l’équipe AG2R, culturellement proche de lui: même langue, vols faciles sur Lyon, ville à taille humaine, etc. De plus, Houle pourra probablement trouver sa place au sein de l’équipe, qui ne compte actuellement que peu de coureurs qui ont le même profil que lui. Et avec 4 petites victoires en 2012, une seule victoire de Houle en 2013 et sa saison est réussie!

6 – La fondation LiveStrong prend manifestement le plus de distance possible avec son fondateur, Lance Armstrong, puisqu’elle vient de changer son nom précis. C’est en effet très probablement une question de survie à ce stade-ci.

7 – Il sera très intéressant de savoir si Johan Bruyneel va continuer de contester les sanctions à son endroit suite au rapport de l’USADA. On devrait bientôt être fixé à ce sujet. S’il persiste, un procès aura lieu et des témoins seront appelés à témoigner sous serment, dont possiblement Lance Armstrong. Le délit de parjure est passible d’une peine de prison aux États-Unis, donc ce serait une éventuelle occasion d’obliger Armstrong de passer aux aveux.

Gageons que ces deux là vont se parler souvent au téléphone au cours des prochaines semaines…

Le monde selon Lance

Profitant d’une rare connexion à internet, il ne faut pas manquer l’émission Enquête de Radio-Canada ce soir qui portera sur Lance Armstrong et la fin de son mythe. Le journaliste Alain Gravel, cycliste lui-aussi, est toujours excellent dans ce genre de reportage.

C’est à 21h, à la télévision de Radio-Canada.

Vendée globe: c’est un départ!

Une fois tous les quatre ans, La Flamme Rouge traite d’un autre sport que le cyclisme.

Cette exception est pour une course qui me passionne, car une extraordinaire aventure sportive et humaine: le Vendée Globe, surnommé « L’Everest des mers ».

Le concept est simple: le tour du monde à la voile, sans escale et en solitaire, via le Cap de Bonne-Espérance, le Cap Leeuwin et le Cap Horn.

Dément. Comme l’était le premier Tour de France à vélo, en 1903.

Record à battre: 83 jours de mer, par Michel Desjoyeaux en 2008-2009. Plus de 80 jours donc à se battre contre les éléments, contre les mers du Sud, déchaînées, avec des creux impressionnants et, parfois, leurs icebergs. La nuit, le froid, la solitude…

Certains n’en reviennent pas, comme Nigel Burgess (1992-1993) ou le Canadien Gerry Roufs (1996-1997).

Dément je vous dis.

Il y a assurément, dans ce Vendée Globe, des idées, des concepts qui sont les mêmes que ceux qui ont poussé Henri Desgrange à créer le Tour de France, en 1903: l’homme contre la nature, le courage, l’endurance, la maitrise de la peur, le goût de l’exploit, la persévérance, la rigueur, l’inconnu aussi.

Et si ce départ du Vendée Globe serait l’occasion pour nous tous de justement repenser la formule du Tour de France? Ne s’est-il pas éloigné, au fil des années, des valeurs que voulait y voir Desgrange? Ne serait-il pas devenu trop « assisté », limitant sa capacité à en faire une grande aventure sportive et humaine? Les coureurs du Tour ne seraient-ils pas trop pris en charge, voyageant avec masseurs, cuisiniers, mécanos, voire parfois cryothérapie et tout le bordel? Comment se rapprocher des valeurs initiales du Tour de France dans le monde d’aujourd’hui, technologiquement avancé? N’hésitez pas à partager vos idées!

Quoi qu’il en soit, je trouve vraiment extraordinaire le courage de ces 20 marins (dont une femme) qui partent aujourd’hui des Sables-d’Olonne pour ce tour du monde. Certains y voient de l’inconscience. Je leur réponds que c’est faux, ces marins se sont préparés durant des mois voire des années pour affronter cette course: c’est tout sauf de l’inconscience! C’est simplement la volonté de se lancer un grand défi et de revenir aux sources: l’homme seul contre la nature. L’alpinisme touche également de près à ce concept et je reste sans voix face à l’exploit de Reinhold Messner en 1980, qui a gravit en solitaire et sans apport extérieur d’oxygène l’Everest. Il faut vraiment des couilles pour ces genres d’exploit qui repoussent les limites de l’être humain chaque fois.

Tout savoir sur le Vendée Globe 2012-2013

44 500 kms autour du globe. Départ aujourd’hui des Sables-d’Olonne, à 13h02.

26 km/h, la vitesse moyenne la plus rapide à ce jour.

20 marins au départ, dont Samantha Davies (la seule femme), Bertrand de Broc, Mike Golding, Marc Guillemot, Jean Le Cam et Vincent Riou (seul ancien vainqueur à être au départ cette année)

Trois caps à franchir: Bonne-Espérance (sud de l’Afrique), Leeuwin (Australie) et Horn (sud de l’Amérique du Sud).

Anciens vainqueurs: Titouan Lamazou (1989-1990), Alain Gauthier (1992-1993), Christophe Auguin (1996-1997), Michel Desjoyeaux (2000-2001 et 2008-2009) et Vincent Riou (2004-2005).

Bateaux monocoques de 60 pieds de long (18,28 mètres), mat de 27 mètres. 10 voiles à bord. Les bateaux n’ont pas de toilettes à bord, pour limiter le poids.

Quarantièmes rugissants: mers du Sud, entre le 40e et le 50e parallèle. Vents violents, mer formée. Des points GPS de passage obligatoires sont imposés pour empêcher les marins de « couper court » en descendant trop au Sud, et donc de s’exposer à des tempêtes et avaries. À certains moments de la course, les marins en difficulté ne sont accessibles qu’après plusieurs heures d’avion! Seuls au monde, vous dites?

7 heures par jour de sommeil, par tranches variant de 30min à 1h30. Durant le sommeil, les bateaux sont barrés par un pilote automatique. Trouver le sommeil est cependant un défi sur ce genre d’épreuve.

5000 calories par jour, ration quotidienne des marins. Nourriture lyophilisée bien sûr.

Dopage: des tests avant et après compétition sont administrés. Le dopage est cependant un risque inconsidéré sur ce genre d’épreuve, les marins ayant besoin de leur lucidité et leur jugement en tout temps. Aucun avantage à user de dopage sanguin. À la limite, des « wake-up » pourraient être utiles et les marins ont évidemment une trousse médicale élaborée à bord, afin de pouvoir s’auto-soigner en cas de besoin.

Une tonne de matos embarqué à bord, que le marin doit pouvoir bouger en 20min environ de façon à équilibrer le bateau.

Routage au sol interdit, les marins doivent calculer leur route depuis leur bateau.

Le mot de la fin, celui de Marc Guillemot, 3e en 2008-2009: « C’est important de partir mais aussi de revenir. Le petit plus, c’est de finir avant le deuxième!« .

Visite guidée d’un bateau au départ.

Boily, Boivin chez Cannondale

Très bonne nouvelle pour le cyclisme canadien et québécois hier avec l’annonce que deux des plus beaux espoirs canadiens en matière de cyclisme sur route, le sprinter Guillaume Boivin et le grimpeur David Boily, ont signé pour 2013 avec l’équipe Cannondale, connue ces dernières années sous le nom de Liquigas.

Boily et Boivin deviennent donc des équipiers de Peter Sagan, Ivan Basso et Moreno Moser.

Boily et Boivin se retrouvent donc en World Tour la saison prochaine. Rappelons que Dominique Rollin à la FdJ y est aussi, tout comme Ryder Hesjedal bien sûr chez Garmin. David Veilleux (Europcar) et François Parisien, qui a signé chez Argos-Shimano, devraient également se frotter régulièrement au peloton World Tour.

Il est également raisonnable de penser que les deux coureurs trouveront chez Cannondale une équipe bien structurée leur permettant de ne penser qu’au vélo. Les grands leaders de l’équipe pourront assurément les encadrer efficacement pour leur permettre d’acquérir vitesse grand V l’expérience nécessaire pour évoluer à ce niveau.

Ceci étant, j’ai toujours des appréhensions côté intégration lorsque des coureurs québécois débarquent ailleurs que dans des équipes françaises ou belges. La barrière de la langue, les repères culturels différents, l’éloignement sont autant de facteurs qui peuvent influer sur l’intégration des coureurs, si importante pour l’atteinte de résultats sportifs. L’expérience malheureuse de Charles Dionne chez Saunier-Duval n’est pas si éloignée de nous et nous prouve qu’il n’est pas toujours facile d’évoluer pendant des mois dans un milieu différent de celui duquel on est issu.

La Flamme Rouge perturbée

Les mises à jour pourraient être moins fréquentes au cours des deux prochaines semaines puisque l’auteur de ce site quitte aujourd’hui pour un voyage professionnel au… Burkina Faso. Un long voyage, avec petite escale sur Paris (sachons vivre…). Ce sera peut-être l’occasion d’un petit texte sur une belle épreuve, le Tour de Faso qui s’est déroulé récemment!

Le courage d’une fédération

Plusieurs déplorent le fait qu’il n’est question que de dopage, d’affaires, de corruption et de conflits d’intérêt ces dernières semaines dans le cyclisme et sur La Flamme Rouge. Je le déplore aussi, mais ces dossiers sont trop importants pour les ignorer. Avoir le courage et la détermination d’aller au fond des choses est également important pour moi!

À ce sujet, saluons aujourd’hui la récente décision de la fédération néerlandaise de cyclisme qui a décidé de sa propre initiative de conduire une vaste enquête sur le dopage dans le cyclisme aux Pays-Bas ces dernières années. Le rapport final est prévu pour le 1er juin 2013, soit dans moins d’un an.

Personne n’obligeait cette fédération d’entreprendre pareille entreprise qui, forcément, pourrait porter atteinte au cyclisme dans ce pays. Prenant acte de la culture de dopage dans le milieu du cyclisme ces dernières années, un des buts de cette enquête sera de déterminer si une telle culture est toujours de mise dans le peloton actuel.

Rappelons que les cyclistes professionnels néerlandais n’ont pas été épargnés par les scandales de dopage depuis 20 ans, notamment avec de nombreux décès au début des années 1990, l’Affaire Dekker, l’Affaire Human Plasma, l’Affaire Rasmussen puis, plus récemment, le retrait du sponsor Rabobank, écoeuré par le rapport de l’USADA.

La mise sur pied d’une telle enquête par la fédération néerlandaise est donc un geste courageux, concret et posé en considérant les intérêts supérieurs du cyclisme. Voilà qui pourra donner l’exemple ou, du moins, alimenter les réflexions de nombreuses autres fédérations…

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