Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : novembre 2009

Matos: des godasses sublimes

Ca fait longtemps qu’on a pas parlé matos sur ce site. En prévision de 2010, petit détour ce soir du côté de trois paires de godasses sublimes pour lesquelles j’aurais du mal à faire un choix. L’avis est évidemment tout personnel, d’autres godasses existant sur le marché bien sûr.

1 – Lake CX401

La godasse de Carlos Sastre et de l’équipe Cervélo en 2009. Cuir de kangourou, laçage Boa, semelle carbone thermo-ajustable, parmi les plus légères sur le marché (environ 225 grammes la godasse), look sobre mais efficace, demi-pointures disponibles, deux choix de couleurs, que voulez-vous de plus ? Seul hic, à près de 500$US, c’est pas donné comme godasses…

2 – Specialized BG S-Works

Dans le même style que les Lake CX401. Double laçage Boa, semelle carbone haut-module, environ 225 grammes la godasse, 3 semelles internes disponibles selon le concept Body Geometry, demi-pointures disponibles, look moderne et épuré, ces godasses sont l’invité-surprise qui dérange, surtout qu’elles devraient se vendre autour de 300$US. J’aime.

3 – Sidi Ergo 2 carbon lite vernice

Godasses très techniques, avec WStep Closure System, le Caliper Buckle (très pratique en course) et le Velcro (plus contestable sur une telle godasse), grands choix de couleurs, demi-pointures disponibles en plus d’un choix de largeur pour accomoder les pieds plus larges, semelle carbone, système de retenue du talon, classe italienne mais plus lourdes que les deux premières godasses ci-haut, chères (450$).

Si j’avais à faire un choix ? Probablement les Specialized, pour le rapport qualité/prix exceptionnel.

L’Étape du Tour en vidéo

L’Étape du Tour – mondovélo 2010, qui sera disputée le dimanche 18 juillet prochain entre Pau et le col du Tourmalet sur une distance de 174 kms, vous est présentée ici au moyen d’un excellent petit vidéo réalisé par le site Vélo101. À ne pas manquer, surtout pour ceux qui voudraient être de la fête!

Les brèves du milieu de semaine

Plusieurs nouvelles intéressantes dans le monde du cyclisme :

1 – Alberto Contador: son avenir demeure incertain. Les récentes nouvelles laissent croire qu’il serait sur le point de signer une entente d’un an seulement avec son équipe actuelle, Astana. Des rumeurs ont circulé quant à son éventuel salaire annuel, 8 millions d’euros! Son manager, qui est son frère, a démenti l’information.

Contador aurait également exprimé le souhait que son contrat mentionne explicitement qu’Alexandre Vinokourov ne ferait pas partie de l’équipe du Tour 2010 comme condition à sa signature. Si c’est le cas, ca risque d’être un gros problème pour Astana. Visiblement, Contador ne veut pas prendre le risque de se retrouver privé de Tour comme en 2008…

Je crois personnellement que Contador attendra de savoir si Astana obtient une licence ProTour avant de signer quoi que ce soit. Réponse le 20 novembre prochain !

2 – Lance Armstrong, la manne pour le cyclisme: son retour dans le peloton en 2009 aurait dopé le membership de la Fédération américaine de cyclisme qui, avec près de 66 600 adhérents, n’aurait jamais eu autant de membres.

Alors, de quoi se plaint-on ? Son retour en 2009 aura remis le cyclisme à la une des médias, les courses UCI en Amérique du Nord augmentent, les compagnies américaines de vélo multiplient les profits, on parle moins de dopage et davantage de l’extraordinaire Lance ainsi que de ses moindres faits et gestes, les levées de fonds pour sa fondation LiveStrong explosent, bref, c’est le pur bonheur. Pourquoi tenir l’image avec des sujets qui fâchent ? Restons positifs…

3 – Alexandre Vinokourov lâche son pote Andrey Kashechkin, ayant déclaré que si ce dernier souhaitait réintégrer le peloton professionnel au terme de sa suspension pour dopage, ce ne pourrait être au sein de la formation Astana. Apparemment, Pat McQuaid, président de l’UCI, aurait fait savoir qu’un dopé repenti dans l’équipe, c’était suffisant.

Un dopé de retour c’est bien, deux dopés de retour c’est moins bien.

4 – Christian Prudhomme, directeur du Tour de France, envisage de porter le nombre de "wild cards" permettant à la direction de la course d’admettre des équipes cyclistes selon leur choix de quatre à six. Si six wild cards étaient disponibles, cela porterait le nombre total d’équipes au départ du Tour 2010 à 22, contrairement à 20 ces dernières années.

Personnellement, je pense effectivement que le Tour de France a la place pour admettre 22 équipes au départ. Six wild cards donnera plus de marge de manoeuvre à la direction de la course pour sélectionner des équipes qui le méritent sur critères ethiques et sportifs.

5 – Gilberto Simoni: sa fin de carrière semble compliquée. Je n’ai personnellement jamais trop apprécié ce coureur de peu de jugement et très imbu de lui-même. M. Simoni n’a jamais hésité à dénigrer les autres coureurs voire à les insulter publiquement lors de sa carrière, notamment à l’endroit de Lance Armstrong, Marco Pantani ou encore Damiano Cunego.

6 – Greg LeMond, le meilleur coureur de grands tours des temps modernes ? Certains relancent le débat. Vous savez ce que j’en pense: Greg LeMond disposait d’une VO2max énorme, parmi les toutes meilleures jamais évaluées chez l’être humain. Il a été l’auteur de quelques unes des plus belles performances athlétiques du vélo, notamment ce clm à Paris en 1989, couvert à plus de 54 km/h de moyenne sur 25 kms, excusez un peu. LeMond a également tout fait à l’eau claire, n’ayant jamais fait l’objet ni de contrôles positifs, ni du moindre soupçon de dopage. On ne peut en dire autant des cyclistes qui auront été ses principaux adversaires au cours de sa carrière. Est-il le meilleur coureur de grands tours de l’époque moderne ? Difficile à dire. Mais il était certainement parmi les tous, tous meilleurs et probablement le cycliste le plus doué des années 1980.

7 – Olaf Ludwig: excellent petit reportage de nos collègues de Cyclismag sur ce coureur qui a presque incarné l’ouverture du cyclisme des pays de l’Est au cyclisme de l’Ouest. Une autre époque dont j’ai été le témoin et qui fut passionnante, les coureurs de l’Est ayant intégré le peloton professionnel avec une certaine réputation. À l’époque, on parlait beaucoup de cela et les Dimitri Konyshev, Olaf Ludwig et surtout Viatcheslav Ekimov ont pavé la voie à de nombreux jeunes coureurs de l’Est qui ont aujourd’hui du succès dans le peloton pro. 

La visite chrono de Gatineau (course UCI)

Le nombre de courses au Canada qui disposeront, en 2010, d’une sanction UCI sera probablement à un niveau record : près d’une dizaine ! Du jamais vu.

Trois nouvelles courses UCI voient le jour: outre le GP cycliste de Québec (ProTour) et le GP cycliste de Montréal (ProTour) en septembre, Gatineau accueillera le 12 juin 2010 un chrono baptisé "la visite chrono de Gatineau". Ce chrono de sanction UCI 1.2 sera disputé quelques jours avant le départ du Tour de Beauce qui se déroulera du 15 au 20 juin.

Le chrono de Gatineau devrait se dérouler dans le secteur du boulevard des Allumetières qui traverse la ville d’Est en Ouest et sur une distance d’une quinzaine de kilomètres. Les meilleurs coureurs canadiens devraient être au rendez-vous en prévision du Tour de Beauce quelques jours plus tard.

Le calendrier UCI des courses au Canada devrait donc être le suivant:

– 29 mai, Coupe du Monde sur le Mont Royal (UCI CDM – femmes)
– 31 mai au 3 juin, Tour du Grand Montréal (UCI 2.1 – femmes)
– 3 au 6 juin, Coupe de Nations U23 à Saguenay (hommes)
– 6 au 10 juin, Tour de l’Ile du Prince Édouard (UCI 2.2 – femmes)
– 12 juin, la visite chrono de Gatineau (clm – UCI 1.2 – hommes et femmes)
– 15 au 20 juin, Tour de Beauce (UCI 2.2 – hommes)
– 20 au 25 juillet, Tour de l’Abitibi (UCI 2.NCUP – juniors hommes)
– 10 septembre, GP cycliste de Québec (ProTour – hommes)
– 12 septembre, GP cycliste de Montréal (ProTour – hommes)

À ce tableau, il faut également ajouter la nouvelle du jour, à savoir que la finale de la Coupe du Monde de paracyclisme sur route sera organisée à Baie Comeau au Québec en 2010.

Le brulôt Ducoin

Lance Armstrong. Il y a les pour, il y a les contre.

Pour Jean-Emmanuel Ducoin, c’est très clair: il est contre. Farouchement contre.

Le rédacteur en chef du journal français L’Humanité s’est manifestement fait plaisir dans son ouvrage intitulé "Lance Armstrong, l’abus!" publié cette année aux éditions Michel de Maule. Véritable brulôt, cet ouvrage est un coup de gueule tout personnel à l’encontre de ce qui ne va pas dans le cyclisme, du moins selon lui.

Divisé en 7 parties, le court ouvrage de 92 pages est bien écrit, dans un style vivant et direct. Ici la langue de bois, connaît pas ! C’est ainsi que dénonçant l’abus – le retour de Lance Armstrong dans le peloton – l’auteur n’épargne surtout pas les principaux acteurs du cyclisme, en premier lieu ceux qui oeuvrent au sein même des grandes instances dirigeantes du sport: l’UCI bien sûr, et ASO aussi. Même Eddy Merckx y passe, l’auteur écrivant à son sujet "Complice, le ci-devant Eddy Merckx, légendaire figure devenue pâle devant des enjeux qui le dépassent, présent à côté d’Armstrong lors d’une conférence de presse en septembre 2008. Le Cannibal (sic), plus ahuri que jamais, venu adouber la com’ du re-revenant. Mangé tout cru, le Belge. Largué. Lui qui, jadis, ne laissait que des morts sous ses roues, le voilà devenu bouffon d’un roi inventé pour les ménagères de plus de 50 ans branchées sur Discovery Channel." Un brulôt, vous dites  ? Le mot est faible…

L’auteur s’attache quand même à présenter certains faits troublants mais connus concernant Lance Armstrong, notamment ses casseroles dopage et les spéculations sur son poids de forme. L’auteur s’attarde aussi aux louvoiements récents d’Armstrong, notamment l’épisode avorté du fameux "programme anti-dopage le plus complet et le plus transparent de l’histoire du cyclisme" sous la direction de Don Catlin qui, devant les caprices et le manque de coopération de l’athlète américain, s’est enfui en courant, estimant que sa crédibilité scientifique était menacée à vouloir travailler avec pareil gigolo.

Pour le lecteur averti, le rappel de tous ces faits est un peu fastidieux, tout cela étant archi-connu. Dans ce contexte, le réel intérêt de ce livre réside dans l’opinion même de l’auteur, de même que dans ses réactions enflammées.

On pourra aussi reprocher à l’auteur la glorification de la vieille époque du Tour de France, glorification présente tout le long de l’ouvrage, d’ailleurs dédié à la mémoire de Jacques Anquetil. Anquetil lui-même n’a pas caché s’être dopé durant sa carrière, même si ce dopage n’était pas du même ordre que le dopage sanguin actuellement en cours. Autre époque, autres moeurs ? Pas tant que ca, M. Ducoin !

Quoi qu’il en soit, dans une époque où le politically correct domine, où la saine critique qui permet l’amélioration est souvent contestée par des gens de peu de jugement qui n’ont d’autres arguments que d’y voir, sans fondement bien sûr, une forme de négativisme, dans une époque ou le simplisme et la veulerie dominent à outrance, le regard et l’opinion acérée de Jean-Emmanuel Ducoin a le mérite de faire du bien. 

En ce sens, ce livre vaut la peine d’être lu comme on lit un éditorial dans un grand journal: afin d’éclairer et de nourir notre propre opinion.

Pendant ce temps, sur la scène du dopage…

La Flamme Rouge laisse à ses lecteurs le soin de juger si oui ou non elle a réussi son défi pris le 6 octobre dernier… et couvre quelques nouvelles relatives au dopage ces derniers jours.

1 – L’UCI a publié un rapport en réaction à celui de l’AFLD qui dénoncait un apparent traitement de faveur à l’égard des contrôles anti-dopage de l’équipe Astana sur le dernier Tour de France.

L’UCI écrit notamment "Maintenant que le Tour est terminé, il est encore plus évident qu’Astana n’a absolument pas bénéficié d’un traitement privilégié, sauf par le fait que ses coureurs ont été soumis à un plus grand nombre de contrôles que les autres".

L’UCI va ensuite plus loin en s’attaquant à l’intégrité même du directeur de l’AFLD, Pierre Bordry: "M. Bordry a abusé de sa position – est-ce vraiment la lutte antidopage ou a-t-il un autre objectif, un autre agenda ? Que ce soit l’une ou l’autre, le monde du cyclisme n’est pas bien servi par une personne ou une institution, qui comme il apparaît désormais, fait passer son agenda personnel avant son agenda professionnel".

Je laisse le soin à nos lecteurs de juger de la qualité de la réaction de l’UCI au rapport de l’AFLD. J’insiste simplement sur le fait que le rapport de l’AFLD mentionnait explicitement que l’équipe Astana avait été contrôlée plus fréquemment que les autres équipes lors du dernier Tour de France. Le rapport ne portait pas sur ce point mais bien sur le fait que lors de ces contrôles, les règles élémentaires visant à préserver la crédibilité et l’authenticité des contrôles n’avaient pas été respectées.

Quant aux attaques personnelles et le procès d’intention à l’égard de M. Bordry, vous savez ce que je pense de pareille technique… Cela en dit long, selon moi, quant aux actuels dirigeants de l’UCI qui n’hésitent pas à recourir à de tels moyens pour essayer de se justifier. Lamentable.

2 – Des informations concernant Asterix et Obelix, les noms de code d’Eufemiano Fuentes et Merino Batres, son assistant, ont été retrouvées dans des documents électroniques saisis au domicile de Jan Ullrich lors de perquisitions réalisées suite aux soupçons de dopage qui le concernaient dans l’affaire Puerto. Surpris ?

3 – Le coureur espagnol Alberto Fernandez de La Puebla (Fuji-Servetto) a été suspendu par l’UCI en raison d’un contrôle positif à l’EPO subi le 15 octobre dernier, deux jours avant le Tour de Lombardie. Il pourra demander une contre-expertise de l’échantillon B bien sûr.

4 – Le Conseil d’État en France a rejeté la demande d’appel de l’Allemand Stefan Schumacher, deux fois positif à la CERA en 2008 et qui contestait les résultats des analyses. Le Conseil d’État n’a rien vu de non-conforme dans les analyses effectuées et a confirmé le verdict. La suspension de 2 ans du coureur allemand est donc maintenue.

5 – Alberto Contador pourrait rester chez Astana, son contrat étant encore valide un an, mais insisterait pour ajouter une clause lui permettant de quitter l’équipe sur le champ si jamais un contrôle positif survenait pour n’importe quel coureur de l’équipe. La confiance règne ! Il donne ainsi l’impression de vraiment vouloir sortir par n’importe quel moyen de son contrat le liant à l’équipe Kazakh.

6 – La Cour d’appel de Paris a confirmé la sentence de 3 ans de prison imposée au Dr. Mabuse, Bernard Sainz, suite à l’affaire ayant éclaté en 1999 et impliquant notamment feu Frank Vandenbroucke. À la tête d’un réseau de dopage dans le nord de la France et en Belgique, le célèbre Dr. Mabuse aurait ainsi dopé plusieurs cyclistes dont Nico Mattan, Frank Vandenbroucke et plusieurs autres encore. Il connaîtra sa sentence finale le 28 janvier prochain.

7 – Le Tribunal d’Arbitrage du Sport (TAS) a repoussé la demande d’appel d’Alejandro Valverde, suspendu par le CONI de toute compétition en Italie pour une durée de 2 ans, le CONI estimant suffisantes les preuves de son implication dans l’Affaire Puerto. Le TAS annoncera plus tard quant elle entend examiner la demande d’appel de Valverde. Rappelons que l’UCI et l’AMA souhaiteraient étendre cette suspension à tous les pays et que Valverde a remporté la Vuelta en septembre dernier.

Planet Energy: un faux débat

Des commentaires chargés fusent depuis 48h sur le site québécois Veloptimum suite à la publication, sur le site web de PedalMag, d’un article signé Tim Lefebvre à propos des difficultés que connaît Serge Arsenault, responsable de l’organisation de deux courses ProTour au Québec en 2010, de sélectionner l’équipe continentale canadienne Planet Energy dirigée par Steve Bauer.

Dans son édition du 3 novembre dernier, La Flamme Rouge commentait la situation. L’article fut également relayé sur Veloptimum.

Depuis, un faux débat s’est engagé selon moi et le récent commentaire d’Alexandre Lavallée cerne bien le problème: il y a erreur d’interprétation des propos de M. Bauer tels que publiés dans l’article de PedalMag.

Si on lit attentivement, M. Bauer affirme que si son équipe Planet Energy ne peut être sélectionnée en raison des règles en vigueur à l’UCI, ses coureurs devraient pouvoir faire partie de l’équipe nationale sélectionnée d’office sur ces deux épreuves ProTour. On lit en effet : "On the positive side we can most likely have our strongest riders on the eight-man National squad as riders like [Dom] Rollin, [Michael] Barry, [Ryder] Hesjedal, [Svein] Tuft, and [Christian] Meier will have to ride for their respective squads".

M. Bauer a raison compte tenu du fait que les coureurs de l’équipe Planet Energy, la seule équipe canadienne à disposer d’un statut d’équipe continentale à l’UCI, font partie du petit peloton des tous meilleurs coureurs au pays. Dans ce contexte, les chances que les coureurs de Planet Energy fassent partie de l’équipe nationale sont élevées, c’est normal.

Plus encore, le journaliste Tim Lefevbre prend soin de mentionner deux paragraphes plus loin que "At this time the Canadian Cycling Association (CCA) has to submit the prospective names of riders who may make this eight-man squad next September, as they can be potentially tested at any time during the 2010 season.", laissant clairement entendre que la sélection nationale est une compétence exclusive de l’ACC et qu’elle sera la seule responsable de sélectionner les coureurs qui représenteront le Canada, sous la contrainte que ces coureurs se soumettent aux règles anti-dopage en vigueur.

Dans ce contexte, je trouve les propos de Messieurs Bauer et Lefebvre limpides, clairs et sans ambiguité. Je ne vois d’aucune manière matière à contreverse et pour cette raison, il m’apparaît que certains commentaires formulés sont très mal engagés depuis le départ.

Évidemment, le commentaire subséquent de M. Bauer était fort ; il aurait pu se limiter à rappeler qu’il n’a pas de contrôle sur la sélection de l’équipe canadienne, une responsabilité découlant de l’ACC uniquement. Il a également raison d’affirmer à tous qu’il croit que tous les coureurs de son équipe Planet Energy sont sélectionnables sur l’équipe nationale ; cela ne veut pas dire pour autant que d’autres coureurs canadiens ne sont pas sélectionnables et que toutes les places doivent être prises par les coureurs de Planet Energy !

Depuis, les commentaires ont dérapé selon moi et engendrent désormais un tout autre débat, celui reposant sur l’objectivité des critères de sélection des équipes nationales et du Québec utilisés par les Fédérations. Il convient de voir qu’il s’agit là d’un tout autre débat que La Flamme Rouge ne commentera pas si ce n’est de dire que ces critères de sélection ne sont pas toujours faciles à comprendre mais apparaissent, la plupart du temps et aux vues des réelles sélections, logiques et rationnels, du moins à mes yeux. 

La Fabuleuse Histoire du Tour de France 1924

J’aime le théâtre et je m’en serais voulu de ne pas couvrir cette nouvelle: le théâtre du centre culturel de la Jonquière, dans le 17e arrondissement de Paris, propose du 18 au 21 novembre prochain une pièce intitulée "La fabuleuse histoire du Tour de France 1924".

Il s’agit donc d’une petite pièce de théâtre de 75 minutes jouée par deux comédiens qui incarnent deux coureurs cyclistes prenant part au Tour de France 1924. La pièce s’inspire du livre sur le Tour 1924 publié par le célèbre écrivain et journaliste Albert Londres qui fut à l’origine de la fameuse expression "les forçats de la route", expression inventée  pour désigner les coureurs du Tour de l’époque. 

Je serai à Paris qu’à la fin janvier malheureusement et manquerai donc cette pièce, non sans regret. J’invite nos lecteurs parisiens à ne pas hésiter à nous livrer leurs impressions sur cette pièce, le cas échéant.

Pour tous les autres, la lecture du livre d’Albert Londres intitulé "Tour de France, tour de souffrance" est un classique incontournable de la littérature cycliste. Publié en premier lieu en 1924 dans Le Petit Parisien, une nouvelle édition du livre fut publiée en 1996 aux éditions françaises Le Serpent à Plumes. Extrait: "Je ne leur parlais pas, je les connais tous, mais ils ne m’auraient pas répondu. Quand leur regard rencontrait le mien, cela me rappelait celui d’un chien que j’avais et qui, avant de mourir, en appelait à moi de sa peine profonde d’être obligé de quitter la terre. Puis ils baissaient de nouveau les yeux et s’en allaient, courbés sur leur guidon, fixant la route, comme pour savoir si les gouttes d’eau dont ils la semaient étaient de la sueur ou des larmes."

Un départ du Giro depuis les États-Unis ?

La nouvelle, publiée sur le site VeloNews, m’a surpris: les organisateurs du Giro envisageraient un départ de leur épreuve depuis les États-Unis au cours des prochaines années.

Rappelons que le Giro 2010 s’élancera d’Amsterdam aux Pays-Bas et qu’un long tranfert sera donc nécessaire pour rapatrier les coureurs en sol italien.

Les organisateurs du Giro, dont le directeur Angelo Zomegnan, sont actuellement aux États-Unis question d’inaugurer une rétrospective photo portant sur les 100 ans du Giro. C’est à cette occasion qu’ils auraient confié à la Gazzetta Dello Sport, le journal sportif italien célèbre pour être imprimé sur du papier rose, couleur du maillot de leader du Giro, qu’un départ des États-Unis n’est pas exclu. Un passage par les villes de Washington, New York et Philadelphie serait en discussion.

La nouvelle est importante car si elle se concrétisait, ce serait la première fois qu’un des trois grands tours cyclistes tenterait un départ depuis l’Amérique du Nord.

Plus encore, cette première pourrait rouvrir la porte à un départ du Tour de France depuis le Québec, dossier déjà évoqué sérieusement dans le passé. Le Tour de France a depuis décidé de ne pas se lancer dans une telle aventure pour des raisons essentiellement logistiques. Un départ du Giro depuis les États-Unis serait un test grandeur nature et donnerait une certaine légitimité pour que des autorités canadiennes et québécoises compétentes relancent l’idée d’un départ du Tour au Québec.

Je n’ai jamais trop cru à ce genre de projet, non par pessimisme, mais plutôt en raison de ce que je qualifierais de sain réalisme. Beaucoup d’obstacles s’érigent en effet contre un départ d’un grand tour depuis l’Amérique du Nord. Outre les incontournables questions de décalage horaire et transferts aériens toujours très délicates à gérer, il faut ajouter les questions de logistique des équipes (transport des bus, des vélos, du matériel, etc.), de la caravane publicitaire, des parcours voire la question de… l’intérêt que représente pour les organisateurs une telle opération, certains risques étant inhérents à l’exercice.

Quoi qu’il en soit, les projets du Giro seront très intéressants à suivre dans les prochains mois et pourraient ouvrir grand la porte à la venue du Tour de France au Québec quelque part au milieu ou à la fin des années 2010 !

Quelques nouvelles sur la scène du cyclisme québécois et canadien

1 – L’équipe continentale canadienne Planet Energy, dont le directeur sportif est Steve Bauer, ne pourra vraissemblablement pas participer aux deux épreuves UCI ProTour organisées en 2010 au Québec.

Pour comprendre, il suffit de prendre connaissance du système ProTour mis en place par l’UCI : ce sont les équipes disposant du label ProTour qui ont la priorité – voire l’obligation – de participer à toutes les épreuves de la série ProTour.

S’il reste des places (c’est habituellement le cas), les organisateurs sont invités à piger dans la liste d’une vingtaine d’équipes enregistrées comme "continentales professionnelles", ce qui est différent des équipes continentales "tout court" dont fait partie Planet Energy. Les équipes continentales sont nettement plus nombreuses puisqu’on en dénombre plus d’une… centaine.

Conséquemment, l’équipe canadienne Planet Energy ne se "qualifie" pas pour des épreuves ProTour, et c’est bien dommage bien sûr. Partant de là, deux solutions s’offrent à Serge Arsenault pour admettre Planet Energy au départ: soit qu’il réussi à faire changer les règlements de l’UCI ou à obtenir une dérogation, soit l’équipe Planet Energy aligne un maximum de ses coureurs sous les couleurs de l’équipe nationale canadienne, admise d’office sur les deux épreuves. Dans cette deuxième possibilité, ce serait alors à l’Association Cycliste Canadienne de sélectionner les coureurs portant les couleurs nationales.

2 – La Fédération Québécoise des Sports Cyclistes est à la recherche d’un entraineur pour l’équipe du Québec sur route. Il s’agit d’un contrat à temps plein d’une durée de 2 ans, renouvelable. L’entraineur sélectionné devra détenir la certification niveau 3 en cyclisme du PNCE et disposer d’un minimum de 3 années d’expérience dans le domaine. Date limite des candidatures, 16 novembre prochain.

C’est évidemment un super-boulôt pour quiconque est passionné de cyclisme puisque l’opportunité de travailler avec des athlètes de haut niveau, très motivés. Le genre de boulôt qui m’aurait intéressé si je devais refaire mon parcours académique ! 

3 – Le Tour de Beauce sera de retour en 2010 et se disputera du 15 au 20 juin. C’est évidemment une excellente nouvelle pour le cyclisme au Québec, l’épreuve jouissant d’un certain prestige – lié à son histoire, sa difficulté, ses anciens vainqueurs – dans la communauté cycliste. La corporation qui gère cette importante course par étape en Amérique du Nord a également annoncé un budget d’opération équilibré pour l’exercice financier 2009, une autre bonne nouvelle. Rappelons qu’au delà du Tour de Beauce, la corporation avait repris l’organisation de la Classique Montréal-Québec, des Championnats canadiens ainsi que des Championnats québécois en 2009. Elle a également organisé avec succès la 8e édition de la cyclosportive de la Beauce, la "Rocky Mountain".

4 – Ca serait officiel, le cycliste canadien Michael Barry, 33 ans, quitte l’équipe Columbia pour rejoindre les rangs, en 2010, de la nouvelle équipe britannique Sky. Une courte entrevue avec lui est disponible ici. Rappelons que Barry n’a encore jamais participé au Tour de France, ayant souvent été "bloqué" par une forte concurrence au sein même de son équipe (US Postal, Discovery, Columbia). Sky disposant d’une licence ProTour pour 2010, c’est peut-être sa chance d’enfin prendre le départ de la Grande Boucle et, en ce sens, sa décision apparaît logique. 

Chez Sky, Barry devrait remplir un rôle de capitaine de route et y apporter son expérience auprès de coureurs plus jeunes, notamment la révélation de 2009, Edvald Boassom Hagen, mais aussi Thomas Lovkvist, Simon Gerrans et Chris Froome. Il y rejoint d’autres vétérans comme Juan Antonio Flecha et Kurt Asle Arvesen. 

Alors, un bon changement pour le coureur canadien ? Je crois que oui, Sky étant une jeune équipe mais comptant déjà sur une base très solide sur laquelle ils peuvent bâtir l’avenir, surtout avec Boassom Hagen. Barry pourra s’y épanouir tout en maximisant ses chances de disputer la Grande Boucle.

Le Ventoux, sommet de la folie

Je me suis farci le livre Tour de France – Le Ventoux, sommet de la folie publié par L’Équipe cette année.

Un mot résume le livre: bof.

Des histoires archi-connues. Des photos archi-vues. Un texte accompagnateur court, pauvre, banal, dans la rectitude et la langue de bois, même lorsqu’il est question du décès de Tom Simpson sur lequel on apprendra rien de plus.

Le livre se divise en un peu plus d’une dizaine de sections, chacune d’elle étant titrée du nom des coureurs qui ont laissé leur marque sur le Géant de Provence: Lance Armstrong, Louison Bobet, Charly Gaul, Ferdi Kubler, Lucien Lazaridès, Eddy Merckx, Eros Poli, Raymond Poulidor, Jean-François Bernard, Jean Robic, Tom Simpson, Bernard Thévenet et… Richard Virenque.

Ce livre m’a donc beaucoup déçu. À ranger dans la catégorie "beaux livres" qui n’ont d’autres fonctions que de faire joli dans une bibliothèque du salon.

Seule section un peu intéressante, celle intitulée "Le Ventoux et les journalistes de L’Équipe" où on peut découvrir comment la montagne provencale a inspiré certains des plus célèbres journalistes cyclistes. On apprendra aussi, dans la section "Une folie bien ordonnée" quelques records démesurés du Ventoux, notamment ceux de Stéphane Rubio (11 ascensions en 24h à partir de Malaucène) et de Jean-Pascal Roux (11 ascensions en 24h à partir de Bédoin).

On dit que le vent fait partie de la légende du Ventoux. Les 111 pages de ce livre ont au moins ceci en commun avec le Ventoux : du vent, beaucoup de vent !

Les brèves du début de semaine

Petit tour d’horizon de l’actualité cycliste ces derniers jours:

1 – Cadel Evans a quitté Silence-Lotto et aurait signé depuis peu avec l’équipe continentale pro américaine BMC qui veut monter en puissance en 2010.

Pour BMC, la signature du champion du monde australien est un coup de maître puisque la garantie de bénéficier d’une invitation sur pratiquement toutes les grandes courses du calendrier l’an prochain. Qui veut en effet se passer du champion du monde au départ de son épreuve ?

Pour Cadel Evans, c’est aussi une bonne opération. La nouvelle dimension de Philippe Gilbert aurait pu lui nuire l’an prochain chez Silence. On peut également penser que Evans se sentait peu épaulé dans l’équipe belge malgré la présence de Leif Hoste et Greg Van Avermaet qui ont tous deux déçus en 2009. Enfin, s’il rejoint chez BMC un autre excellent coureur de classique en l’Italien Alessandro Ballan – un ex-champion du monde – ce dernier se spécialise sur les Flandriennes et non les Ardennaises, laissant croire que Ballan pourra filer un coup de main à Evans sur ces courses. Enfin, Evans devrait être le grand leader de BMC sur les courses à étape, une spécialité peu à la mode dans son ex-équipe belge.

Pour Silence, c’est évidemment un gros coup dur. Par chance, ils pourront compter l’an prochain sur Gilbert qui a pris une nouvelle dimension en cette fin de saison.

2 – Selon nos collègues de Cyclismag, Floyd Landis aurait signé chez Rock Racing en prévision de la saison 2010. Il quitterait ainsi l’équipe Ouch-Maxxis. Il faut presque y voir une promotion, Rock Racing ayant accès aux plus grandes courses américaines de facto.

Par ailleurs, Landis a déclaré dans une entrevue au journal néo-zélandais Herald qu’il était peu probable qu’on le revoie un jour sur le Tour. Pfew…

3 – La firme finlandaise Polar, spécialisée dans les cardiofréquencemètres, lance le nouveau CS500, un compteur vélo dont la particularité est le grand écran, permettant une lecture plus facile des données une fois sur le vélo. Sinon, aucune nouveauté sensible comparé aux autres Polar haut de gamme, dont l’excellent RS800CX.

4 – On attend toujours le dénouement de la saga Contador. Dans quelle équipe se retrouvera-t-il en 2010 ? Je mise personnellement la Caisse d’Épargne, mais ca traine, ca traine !

5 – Campagnolo annonce la disponibilité, pour 2010, des nouvelles Hyperon One à pneus ! Rappelons que la nouvelle gamme "one", dont fait également partie les Bora One, veut simplement rendre les produits plus abordables aux pratiquants.

Les nouvelles Hyperon One pneus sont annoncées à 615 grammes pour la roue avant et 765 grammes pour la roue arrière. TRÈS intéressant, étant personnellement un coureur vendu aux roues Campagnolo que j’utilise exclusivement et avec grande satisfaction depuis plus de 10 ans.

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