Tous les jours, la passion du cyclisme

 

Mois : septembre 2008

Tempêtes sur le Tour

Après avoir consacré plusieurs articles au come-back de Lance Armstrong, je fais place à la littérature cycliste avec un petit commentaire sur le livre que nous avons récemment terminé de lire, Tempêtes sur le Tour du journaliste d’enquête Pierre Ballester. Rappelons que Pierre Ballester est un des deux auteurs des deux bouquins à succès L.A. Confidentiel et L.A. Officiel sur Lance Armstrong.

Je fais aussi place à un peu de littérature puisque vous êtes nombreux, selon mon récent sondage que je commenterai en détail sous peu, à souhaiter voir sur La Flamme Rouge des critiques de livres portant sur le cyclisme.

Alors, Tempêtes sur le Tour ? En un mot: un excellent livre selon moi, mais pas fait pour tout le monde. Ce livre s’adresse à des passionnés de cyclisme professionnel qui veulent en savoir plus sur les dessous de ce sport. L’amateur de performances, de récits d’aventure, de biographie sera déçu. Celui qui se pose des questions sur comment fonctionne le Tour, comment il est organisé, quels sont les enjeux politiques et financiers et surtout, celui qui s’intéresse de près à l’actuelle guerre UCI-ASO y trouvera largement son compte. J’ose même dire que quiconque qui veut prendre position dans le conflit UCI-ASO doit lire ce livre avant de se prononcer.

Le livre est divisé en 6 chapitres. Le premier porte sur L’autre histoire du Tour, un chapitre où Bellester montre que du dopage, il y en a toujours eu sur le Tour. C’était d’abord la strychnine, l’arsenic, la caféine, le phosphore, l’éther et la fameuse "liqueur de Fowler". Ce fut ensuite la bomba de Coppi, puis la cortisone et bientôt les amphétamines et les anabolisants. C’est maintenant l’arsenal du dopage sanguin – autrement plus efficace – et les hormones de croissance. Demain, ce sera le dopage génétique.

Le chapitre deux porte sur Les véritables chiffres du dopage et présente une comptabilité audacieuse où l’auteur démontre que 35% des coureurs ayant pris part au Tour de France depuis 1968 ont contrevenu à la réglementation anti-dopage au moins une fois durant leur carrière et surtout, que ce pourcentage augmente à 60% si on prend les 10 premiers de chacun de ces Tours, à 73% des coureurs ayant monté sur le podium et même à… 85% des vainqueurs! Évidemment, vous voudrez savoir qui de ces vainqueurs n’ont jamais contrevenu aux règlements anti-dopage durant toute leur carrière de coureur ? Ils sont seulement 3: Lucien Van Impe, Greg LeMond et, récemment, Alberto Contador. Depuis le temps que je vous dis que Greg LeMond est le dernier des mohicans, le dernier vainqueur clean du Tour…

Le chapitre trois, intitulé "Au sommet du discrédit", présente les résultats de certains sondages en France qui prouvent que l’intérêt des Français pour le Tour n’est pas, en premier lieu, sportif. Les Français regardent le Tour d’abord et avant tout pour les paysages! L’auteur présente aussi certaines statistiques alarmantes de ces sondages, notamment le désintérêt généralisé des jeunes d’aujourd’hui (moins de 30 ans) pour le Tour et le cyclisme.

Le chapitre quatre, Quand la télévision se regarde, porte sur la télévision et le Tour. Peut-être le chapitre le moins intéressant du livre à mes yeux.

Le chapitre cinq, "Le Tour s’envole, le cyclisme dégringole", illustre avec brio la fracture dans le cyclisme entre d’une part le Tour, qui demeure immensément populaire et rentable, et le reste du cyclisme, celui géré par la Fédération Française de Cyclisme (FFC), une fédération sur le bord de la faillite, en baisse de licenciés et qui, chaque année, voit, impuissant, des dizaines d’épreuves cyclistes disparaître. À la lecture de ce chapitre, on réalise à quel point l’arbre (le Tour) cache la forêt… et on réalise que le profit que génère le Tour pour ASO est vertigineux, de l’ordre de… plus de 30 millions d’euros en 2006 et 2007. Trente millions d’euros de profit ! Doit-on s’en scandaliser ? Je ne crois pas, ASO ayant repris nombre d’épreuves cyclistes – Paris-Nice, Paris-Roubaix, la Flèche Wallonne, Liège-Bastogne-Liège, le Tour de l’Avenir, etc. – qui sont déficitaires. En gros, ASO finance avec le Tour d’autres épreuves cyclistes qui, sans son soutien, auraient aujourd’hui disparues faute de rentabilité.

Le chapitre six nous est apparu comme la pièce maîtresse du livre. À lui seul, il vaut l’achat (18 euros) du bouquin. Très volumineux, il nous fait plonger au coeur du conflit UCI-ASO, décortiquant les acteurs, les enjeux, la source des problèmes. Ce faisant, Ballester nous permet un jugement éclairé de ce conflit très négatif pour le cyclisme. On y découvre en particulier qui est l’homme derrière Hein Verbruggen, une véritable crapule dans la plus pure tradition des membres du CIO dont il est un acteur très important (probablement le #2 derrière Jacques Rogge), corrompu jusqu’à la moelle et dont l’unique ambition est de noyauter le cyclisme pour en sucer les profits jusqu’à la dernière goutte, quitte à écraser les organisateurs et les fédérations. On a aimé la citation de Patrice Clerc, patron d’ASO: "Hein Verbruggen se prétend depuis toujours un stratège du marketing. En fait, il s’est toujours gouré. Sa Coupe du Monde, ses créations d’épreuves, sa piste, tout transpire l’échec. Son ProTour est peut-être le plus retentissant".  

Réduisant l’actuel Pat McQuaid à un simple pantin à son service, Verbruggen est présenté sous son véritable jour puisque Ballester publie quelques lettres qu’il a adressé à ASO et à la FFC. On s’est délecté d’une des réponses du président de la FFC, l’excellent Jean Pittalier, qui commence sa réponse à une lettre de Verbruggen "Permettez-moi de m’étonner d’avoir reçu une réponse à un courrier qui ne vous était pas destiné…" (ndlr: ce courrier était évidemment destiné à l’actuel président, Pat McQuaid !). Pittalier encore: "Verbruggen a un bras tellement long… Au niveau du CIO, il se vante d’avoir le contrôle des votants de 55 pays dans sa poche. Il a fait organiser le congrès d’Afrique à… Rome fin 2004 ! Il est capable de tout. Son pouvoir de nuisance va jusqu’à faire démissionner un président d’une fédération, en l’occurence l’Allemande Sylvia Schenk, qu’il avait lui-même cooptée au sein du comité directeur de l’UCI. Elle s’était opposée à l’absence de mode électif démocratique…". 

En épilogue, le lecteur trouvera un texte percutant de Greg LeMond qui explique sa fin de carrière et sa brusque découverte que quelque chose ne tournait pas rond dans le peloton en 1991.

Bref, en conclusion, Tempêtes sur le Tour est un excellent livre pour tout ceux qui veulent, comme moi, être des observateurs éclairés du cyclisme. Pour ceux qui veulent vraiment comprendre ce qui se passe, derrière ce que les agences de communication des principaux acteurs nous servent comme salade. Ballester est de toute évidence un excellent journaliste d’enquête, possède des réseaux étendus et crédibles dans le cyclisme et demeure somme toute assez objectif. Pour 18 euros, vous ne perdez pas au change.

Pour lire une autre critique de ce livre, ne manquez pas l’excellent commentaire de notre ami Raphael Watbled de VeloChronique

Prochaine critique littéraire, le remarquable, le fantastique, le magistral Forcenés de Philippe Bordas, un livre vraiment sublime.

Les raisons derrière le come-back de Lance Armstrong

La nouvelle du come-back de Lance Armstrong suscite beaucoup, beaucoup de réactions. Tout le monde y va de son petit commentaire qui tourne habituellement autour de la même chose, pour ou contre ce retour annoncé. 

Peu d’articles portent toutefois sur les raisons derrière ce come-back. Ceux qui l’ont fait m’ont apparu largement lacunaires voire superficiels. Je vous propose donc ce soir un commentaire sur les raisons derrière ce come-back.

Première chose, il y a un seul homme sur cette planète qui est légitimement capable de donner la vraie réponse: Lance Armstrong lui-même. Il l’a même déjà fait, évoquant le désir de poursuivre sa lutte contre le cancer, de faire davantage prendre conscience aux gens du monde entier du fléau que représente cette maladie.

Alors, Armstrong bienfaiteur de l’humanité ? Je n’ai aucune raison de remettre en question sa bonne foi et sa volonté de vouloir lutter contre le cancer. Un retour à la compétition et une 8e victoire sur le Tour ne m’apparaît cependant pas comme le meilleur moyen d’atteindre son objectif. Le développement de sa fondation et un investissement personnel plus important encore à son égard m’apparaitrait un meilleur moyen de lever des fonds contre le cancer. Il a affirmé vouloir rejoindre un public plus large, à l’échelle planétaire. Croit-il vraiment que les habitants de pays en développement – Africains par exemple – donneront pour la lutte contre le cancer alors que ces gens ont à peine les moyens et l’argent de survivre au quotidien ? À l’échelle planétaire, le cancer n’est pas l’unique priorité: en Afrique, le Sida est autrement plus mortel et important pour les autorités sanitaires. L’Asie a également d’autres préoccupations. Le cancer est une maladie surtout répandue dans les pays développés au sein desquels les habitants donnent déjà beaucoup contre le cancer. De plus, il a déjà rejoint et sensibilisé ce public avec ses 7 victoires sur le Tour et son premier come-back en 1998-99. C’est à mon humble avis dire n’importe quoi lorsqu’Armstrong parle de sensibiliser le monde entier pour justifier son 2e come-back.

Alors, qu’est ce qui peut bien motiver Lance Armstrong ?

Le sport lui-même ? Je ne crois pas. En revenant ainsi à la compétition, Armstrong prend en effet un risque, un risque peut-être calculé à ses yeux mais un risque tout de même. Gagner de nouveau le Tour ne sera pas facile. Il risque son image d’excellence, d’invaincu en 7 participations sur l’épreuve. Et qu’est ce que le changement d’un 7 pour un 8 sur son palmarès pourra bien lui apporter sur le plan sportif, sur sa trace dans l’histoire du sport ? Rien, cette trace dans l’histoire est déjà assurée, en bien ou en mal.

Le désir de revanche alors, après toutes les histoires qui ont sali sa réputation ? Je ne pense pas non plus. Dans ce domaine, le plus efficace serait de rester cantonné dans sa retraite, un lieu ou il est intouchable. En revenant à la compétition, Armstrong redevient coureur, donc personnalité active du cyclisme, donc contestable et critiquable. Il risque aussi un éventuel contrôle positif. Je ne crois donc pas que le motif premier de son come-back est le désir de revanche, même si cela peut constituer pour lui une puissante source de motivation sur le vélo. 

Alors, l’intérêt serait-il financier ? Encore là, je pense que non. S’il est évident qu’Armstrong monaiera indirectement son come-back (c’est déjà commencé avec Vanity Fair), il a déjà annoncé son intention de courir l’an prochain sans salaire. On peut également penser qu’Armstrong a engrangé assez d’argent au cours de sa carrière précédente pour le mettre à l’abri pour le reste de sa vie. De l’argent, il ne doit pas savoir quoi en faire… et ca ne peut donc pas le motiver.

Intérêt commercial ? Peut-être un peu, oui. Le Tour de Georgie est en grosse difficulté, l’épreuve étant sur le point de disparaitre du calendrier 2009. Le Tour de Californie va bien certes, mais d’autres épreuves américaines éprouvent des difficultés à attirer les sponsors. Dans la presse américaine, la couverture du cyclisme sur route est fortement à la baisse. Bref, Armstrong pourrait avoir reçu des pressions du monde du cyclisme américain qui bénéficiera grandement d’un tel come-back. Mais cet effet sera de courte durée, Armstrong n’ayant pas devant lui 10 ans d’une nouvelle carrière. Cette raison commerciale m’apparaît donc très mineure dans l’équation. Tout au plus Armstrong aura pu se dire "mon come-back servira aussi à d’autres, ca ne pourra pas nuire au cyclisme américain".

Alors quoi d’autre ?

Je vais vous le dire: parce que Lance Armstrong s’emmerde sans le cyclisme, comme Floyd Landis s’emmerde sans le cyclisme, comme Ivan Basso s’emmerde sans le cyclisme et comme Tyler Hamilton s’est emmerdé sans le cyclisme.

Je l’ai toujours dit: ce n’est pas le Tour de France qui a besoin des coureurs pro, ce sont les coureurs pro qui ont besoin du Tour de France.

Pourquoi croyez-vous que tous les suspendus pour dopage de ce monde n’ont qu’une envie, celle de revenir dans le sport dès que possible ? Landis est le dernier abonné à ca, ayant annoncé très récemment lui-aussi son retour à la compétition. On pourrait pourtant croire qu’après avoir été écoeuré par le milieu suite à un contrôle positif et après avoir vu leur réputation salie, ces coureurs n’auraient qu’une envie, celle de quitter ce bordel. Certains le font en apparence, comme Vinokourov (pour combien de temps ?…). Mais pour la vaste majorité, ils n’ont qu’une envie, redevenir coureur au plus vite… 

Je suis convaincu que la raison derrière le come-back annoncé de Lance Armstrong, c’est que ce dernier s’ennuie à en mourir de la grande époque, celle ou il trippait avec ses amis – Hincapie, Landis, Hamilton, Chechu Rubiera, Triki Beltran, entre autres – à 45 de moyenne sur les routes du Tour, à faire la loi. Combien de fois Armstrong a-t-il affirmé, ces deux dernières années, regretter ses potes comme Hincapie, comme Bruyneel, cette ambiance du monde de la course professionnelle ou tout est réglé, analysé dans les moindres détails et où vous êtes le centre de l’univers, chouchouté par le personnel d’une équipe cycliste entièrement là pour vous.

De plus, et pour avoir goûté dans ma vie aux joies de la reconnaissance publique – évidemment pas à la même échelle que celle d’un vainqueur du Tour – cette reconnaissance peut devenir extrèmement grisante et on y prend rapidement goût. Personne ne déteste être adulé de millions de personnes. Tout le monde aime entendre son nom scandé sur le bord de la route, dans une ambiance survoltée.

Bref, Lance Armstrong s’ennuie de ne plus pouvoir jouer ce rôle de héros qu’il aime tant. À la retraite, Lance Armstrong n’est plus rien, qu’un homme du passé. Et Lance Armstrong veut être un homme du présent, il veut par dessus tout exister, vibrer, transcander le public et entendre son nom sur toutes les tribunes, sur toutes les lèvres. 

Pour moi, c’est la vraie motivation derrière son retour. J’en suis même persuadé. Et en ce sens, Lance Armstrong est un homme que je plains, que je plains de n’avoir aucun autre horizon dans la vie que celui d’être un héros américain sur un vélo. C’est triste, surtout à l’égard de sa famille, de ses enfants qui passeront probablement toujours après le vélo.

"Il n’y a pas que le vélo dans la vie" osait titrer Lance Armstrong pour sa biographie il y a quelques années. Ne vous laissez pas berner: c’est encore un autre mensonge de Lance Armstrong. Pour lui, il y a bel et bien que le vélo dans la vie, rien d’autre.

Lance Armstrong peut-il gagner le Tour 2009 ?

C’est confirmé: Lance Armstrong fait son retour à la compétition cycliste et prendra part au Tour de France 2009. Armstrong l’a confirmé aujourd’hui lors d’une conférence de presse qui coincidait avec la publication, dans la populaire revue américaine Vanity Fair, d’un long article sur ce come-back. On peut déjà penser qu’Armstrong a probablement eu un gros cachat du magazine pour leur réserver l’exclusivité de l’affaire… Le business, c’est ainsi que cela fonctionne aux États-Unis et Armstrong a probablement déjà commencé à engranger les $$$ de ce come-back annoncé en grande pompe, pour preuve la nouvelle faisant la une de bien des journaux à commencer par L’Équipe.

J’avais évoqué ce come-back hier sur La Flamme Rouge, jugeant, avec toute ma connaissance sur le cyclisme, que l’affaire était du domaine du possible. J’ai tout de même pris des précautions, utilisant le conditionnel et n’hésitant pas à faire les mises en garde qui s’imposaient, question de préserver la crédibilité de ce site. Un lecteur nous a sévèrement critiqué pour cette nouvelle, utilisant même à l’endroit de ce site et de son auteur des mots assez durs. Dans le contexte des événements du jour, je laisse à tous nos lecteurs juger lequel de nous deux aura eu, dans la gestion de l’information comme dans la façon de s’exprimer, le plus de classe.

Et je tiens à rassurer ce lecteur: effectivement, il est fort possible que La Flamme Rouge ferme boutique dans les prochains jours, mais pour d’autres raisons.

Quoi qu’il en soit, la seule question pertinente ce soir est la suivante: Lance Armstrong peut-il remporter le Tour 2009 ?

Mon avis: c’est tout à fait possible. Pourquoi ?

Physiquement, il est évident que Lance Armstrong s’est entretenu ces deux dernières années. Il n’a que peu de poids à perdre et il s’est entrainé régulièrement, prenant part à des marathons et, plus récemment, des compétitions de VTT. Armstrong demeure un athlète de haut niveau, doté de capacités hors du commun. Avec une préparation adéquate – dans tous les sens du terme – , il peut être compétitif selon moi. Son annonce aujourd’hui laisse devant lui plusieurs mois de préparation avant sa première compétition, le Tour de Californie. C’est jouable.

Je l’ai souvent dit, je le répète, c’est psychologiquement que Lance Armstrong m’a toujours impressionné le plus, un domaine ou le dopage n’a pas ou très peu d’effet. La motivation, extrème et continue, de ce coureur est tout simplement remarquable. Armstrong n’est jamais aussi redoutable que lorsqu’il a devant lui un challenge en apparence impossible à réaliser aux yeux du reste du monde. Armstrong n’est jamais aussi redoutable que lorsqu’il est revanchard, que lorsqu’il est animé par un désir de revanche. Et on sent, derrière ce come-back, le désir de prendre sa revanche sur toutes les affaires l’ayant sérieusement sali aux cours des 2 dernières années.  

Plus encore, ce mental à toute épreuve se couple d’une discipline monastique à l’égard de l’entrainement, de la diététique, des sacrifiques quotidiens à faire et du souci du détail. Du moment qu’Armstrong se remet en selle, on ne peut avoir de doute sur le fait qu’il mettra tout en oeuvre pour arriver fin prêt au départ du prochain Tour. Bref, de ce côté là, avantage Armstrong.

Du côté du contexte, la situation m’apparaît aussi favorable. Aucun grand champion n’a éclot depuis sa retraite fin 2005. Pour preuve, le Tour, le Giro et la Vuelta ont été remportées, depuis, par des coureurs différents à chaque fois: Pereiro, Contador, Sastre, Di Luca, Basso, Vinokourov, Menchov… L’opposition n’est donc pas excessivement forte en ce moment dans le cyclisme, aucun Bernard Hinault, Eddy Merckx ou autre phénomène n’étant apparu.

Seule inconnue, la nouvelle génération dont les chefs de file sont assurément Contador et les frères Schleck, Andy surtout dont les limites semblent insondables. Lance Armstrong a en effet quitté le cyclisme alors que cette nouvelle génération de coureurs de grands tours n’était pas encore entièrement parvenue à maturité, la maturation étant plus longue pour les épreuves par étape que pour les Classiques. Il est à prévoir que cette jeune génération ne voudra pas se faire faire la peau par un coureur de 37 ans! Bref, le danger pour Armstrong ne viendra pas des Sastre, Leipheimer, Evans, Menchov ou encore Popovitch dont il – et nous! – connait(ssons) les limites mais plutôt des jeunes coureurs contre qui il n’a pas beaucoup couru, surtout Contador et les frères Schleck.

Lance Armstrong aurait cependant un avantage par rapport à cela, celui d’une probable signature dans l’équipe Astana de Johan Bruyneel, une équipe dont fait également partie… Alberto Contador. Voilà pour Armstrong un adversaire de moins, ce qui ne lui laisserait – à priori – que les frères Schleck et les CSC comme véritables rivaux sur le Tour 2009, bien que le retour de Basso soit aussi prévu pour l’an prochain.

Enfin, il faut se poser la question: Armstrong peut-il se poser en sauveur du cyclisme ? Je pense que beaucoup – Hein Verbruggen et Pat McQuaid en premier – seront ravis de ce come-back. Le cyclisme traverse probablement la période la plus noire de son histoire, les scandales de dopage à répétition et le conflit UCI-ASO déchirant ce sport. En attirant les projecteurs du monde entier sur lui et sur son come-back, Armstrong va forcément relancer l’intérêt – temporairement du moins – du public pour le cyclisme et pour le Tour. Il donnera de ce fait peut-être l’occasion à l’UCI et à ASO d’acheter un peu de temps et d’en profiter pour régler leurs conflits. Ce serait là un aspect positif du retour d’Armstrong.

Évidemment, un scandale de dopage à son endroit serait catastrophique et Armstrong devra faire gaffe dans sa préparation, les méthodes de détection s’étant raffinées ces dernières années et les instances anti-dopage voudront l’avoir à l’oeil…

Lance Armstrong de retour?

La nouvelle a de quoi surprendre et intéresser tout le monde: le site VeloNews annonce que Lance Armstrong ferait un retour au cyclisme sur route en 2009 au sein de la formation Astana, dirigée par son ami Johan Bruyneel, l’homme avec qui il a gagné ses sept Tours de France. Armstrong s’engagerait à participer à cinq épreuves du calendrier, soit le Tour de Californie, Paris-Nice, le Tour de Georgie, le Dauphiné-Libéré et le Tour de France, bien sûr.

Notez bien que j’utilise le conditionnel : pourrait, s’engagerait. D’ailleurs, dans un entretien accordé à CyclingNews, Johan Bruyneel dit ne rien savoir à propos de cette nouvelle et dément être au courant de quoi que ce soit

La rumeur, qui a apparemment été lancée au salon Eurobike actuellement en cours en Allemagne, ne pourrait être qu’un coup de pub pour cette exposition qui m’apparaît pourtant ne pas en avoir besoin.

Quoi qu’il en soit, cette rumeur est intéressante en ce qu’elle pose la question à savoir qu’est ce que Lance Armstrong aurait à gagner ou à perdre en faisant un retour à la compétition ?

Premièrement, un retour de Lance Armstrong ne serait en apparence pas impossible sur le plan physique, Armstrong s’étant "entretenu" ces derniers mois avec le marathon et le VTT, ayant récemment terminé 2e d’une course de VTT assez connue aux États-Unis.

Sur le plan commercial, les intérêts (financiers aussi) sont évidents: le Tour de Georgie est en faillite et son édition 2009 a été d’ors et déjà cancellée, le Tour de Californie vivotte malgré les apparences et la presse américaine se désintéresse du cyclisme (j’étais aux États-Unis lors du sacre de Sastre sur le Tour de France: à peine un entrefilet dans le USA Today…). Un retour d’Armstrong serait un fameux coup de pub pour le cyclisme aux États-Unis et le phénomène Cippolini en janvier en Californie a prouvé le formidable potentiel médiatique et financier du retour d’une personnalité. Avec le récent sacre de Tyler Hamilton au Championnat des États-Unis, ce serait un véritable festival des has-been (dopés) aux États-Unis!

On pourrait ajouter que les come-back sont toujours très populaires aux États-Unis: Greg LeMond et Lance Armstrong lui-même n’ont jamais été aussi populaires qu’après leurs come-back respectifs.

Pour Armstrong, il faut cependant se demander ce qu’il aurait à gagner. Il est possible, probable même selon moi, que le cyclisme et la popularité que cela lui rapportait lui manque. Un retour mettrait donc de nouveau les projecteurs sur lui, ce qui ne sera pas sans lui déplaire, l’homme étant un show-man. VeloNews parle également d’un projet visant à rendre public tous ses tests sanguins durant l’année, ceci afin de prouver hors de tout doute qu’il est un athlète propre. C’est vrai que le dossier de L’Équipe ainsi que les livres de Ballester et Walsh ont sérieusement miné sa crédibilité. Je ne crois toutefois pas que le public serait assez crédule pour faire confiance à une machination montée de toute pièce et orchestrée par le principal intéressé lui-même…

Enfin, Armstrong mettrait à risque sa réputation en faisant un tel retour, son retour au premier plan étant loin d’être assurée. Les Contador, Sastre, Schleck, Evans, Valverde et autres de ce monde ne se laisseront pas faire par un has-been et voudront lui montrer qu’il appartient à une autre époque, que le cyclisme a changé et que ce sont eux qui sont désormais les stars du cyclisme sur route. L’image d’un Armstrong largué serait désastreuse pour son image publique aux États-Unis, surtout s’il projette de publier ses tests sanguins: les gens pourraient associer ses succès précédents à un dopage dont il ne bénéficierait plus…

Bref, rien est impossible dans ce bas monde et tout indique qu’il faudra attendre des nouvelles de sources sûres avant d’aller plus loin dans mes commentaires au sujet de cette rumeur laissant croire à un possible retour de Lance Armstrong à la compétition.

Eurobike 2008

À ne pas manquer sous aucun prétexte, ce magnifique photo-reportage de l’Eurobike 2008 qui nous est offert par nos collègues et amis de VéloGessien qui ont fait le déplacement ce week-end. Beaucoup de photos, et du matos subliiiiime. Surtout ce Pinarello Prince 2009 rouge, blanc et noir. Allucinant.

Sondage La Flamme Rouge

Avant de recommencer à couvrir l’actualité cycliste, et elle est intéressante ces jours ci avec la Vuelta, le Tour du Québec et le Tour de l’Avenir ainsi que le début des salons du cycle, La Flamme Rouge laisse encore son opération "sondage 5e anniversaire" 24h sur le site afin que tout nos lecteurs aient l’occasion de le remplir. Votre opinion est importante pour moi après 5 ans d’existence!

Sastre chez Cervelo ?

Une rumeur court dans le peloton professionnel : Carlos Sastre devrait courir au sein de la nouvelle formation canadienne Cervelo en 2009. La nouvelle sera officialisée après la Vuelta, soit autour du 21 septembre prochain. Wait and see…

Grand sondage La Flamme Rouge

C’est passé sous silence en raison d’une charge de travail inhabituelle la semaine dernière: La Flamme Rouge a fêté ses cinq années d’existence le 27 août dernier. C’est en effet le 27 août 2003 que je lançais ce petit site avec un texte commentant la signature de Tom Danielson chez Fassa Bortolo. Pour le plaisir, je publie de nouveau ce premier texte ce soir, pour marquer le coup:

La nouvelle de la semaine dans le monde du cyclisme pro est résolument la signature, pour la saison 2004, de Tom Danielson (équipe Saturn) chez l’équipe italienne Fassa Bortolo dirigée par GianCarlo Ferretti qui n’est plus à présenter dans le milieu. Il y retrouvera Dario Frigo, Allessandro Pettachi et Aitor Gonzales entre autre. Michele Bartoli est annoncé comme partant pour la saison prochaine, ce qui est dommage pour couvrir le registre des Classiques. Danielson a fait toute une saison 2003 et s’inscrit logiquement comme le grand espoir du cyclisme américain, après Greg LeMond et Lance Armstrong. Ca fait plaisir de voir que tout comme eux, Tom n’a pas hésité une seconde à rallier l’Europe et une équipe de top niveau, dirigée par "l’homme de fer". Trop de cyclistes nord-américains préfèrent en effet se cantonner aux courses américaines ou l’on peut courir pour soi et faire rapidement d’intéressantes sommes d’argent. Danielson a très bien vu que Saturn ne lui permettrait pas d’aller plus haut encore, lui qui en a pourtant les moyens physiques de toute évidence tant il est apparu facile dans de nombreuses courses cette saison. Rappelons que Danielson a gagné au début de la saison le Tour de Lankawi devant certains pros européens confirmés. Il a récemment gagné le Mount Washington Hill Climb race, ce qui situe ses capacités de grimpeur. Souvent présenté comme tel, il semble être capable d’exceller également au CLM. En fait, personne ne connaît ses réelles limites et Ferretti l’a compris avant tout le monde. Avec lui, il détient peut-être le prochain vainqueur américain du Tour, une fois le règne d’Armstrong terminé! Bref, une excellente alliance entre un directeur sportif qui a 30 ans de métier, qui sait comment développer les jeunes et motiver ses coureurs, et un jeune coureur justement qui a eu la tête de s’épauler de gens compétents autour de lui et qui dédient leur vie au cyclisme. Et dans cette optique, les italiens sont tout simplement les meilleurs…

Comme on le constatera, le ton était déjà résolument engagé et l’amour pour l’Italie déjà présent ! Tom Danielson n’aura cependant pas concrétisé les espoirs que je plaçais en lui il y a 5 ans…

Ce cinquième anniversaire est cependant pour moi l’occasion d’une profonde remise en question: ce site de La Flamme Rouge est-il encore utile ? Pendant des années, j’ai voulu vulgariser mes connaissances cyclistes, pensant que ce serait là utile afin que davantage de gens connaissent le sport cycliste et ses travers. Je ne peux nier avoir fait de l’éveil des consciences à l’égard du dopage dans le cyclisme un enjeu central de ce site au cours des dernières années. Je ne peux nier non plus retirer une certaine fierté d’avoir toujours douté publiquement de certaines performances offertes, le plus bel exemple étant à l’égard de Mme Jeanson et de Lance Armstrong. Je crois donc être parvenu, modestement, à cet objectif de l’éveil des consciences à l’égard du dopage, bien épaulé il est vrai par les scandales à répétition dans ce domaine.

Je peux donc poser la question: est-il encore utile aujourd’hui de continuer à dénoncer le dopage et les performances suspectes tant le public est désormais alerté de tout cela ?

Plus encore, quelle mission doit désormais être celle de La Flamme Rouge ? La Flamme Rouge a-t-elle encore une place parmi tous ces sites sur le cyclisme ? La Flamme Rouge vous apporte-t-elle encore quelque chose ?

Pour m’aider à voir clair dans la suite à donner à ce petit site, je vous invite tous, chers lecteurs, à remplir ce petit sondage en ligne anonyme comportant 20 questions. Votre opinion comptant beaucoup pour moi, ce sondage deviendra certainement un élément important d’une décision prochaine… Je vous remercie d’avance de votre collaboration et vous remercie également de votre soutien au cours des cinq dernières années, qui furent que du bonheur à écrire sur ce petit site.

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