De retour d’un long week-end, La Flamme Rouge reprend l’actualité à moins d’une semaine du départ du Tour de France: 1 – "La grosse nouvelle des derniers jours est évidemment les aveux de l’Allemand Jorg Jaksche":http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3242,36-930476@51-930588,0.html, un coureur toujours en activité chez Tinkoff et qui s’est d’ailleurs offert cette saison le Circuit de Lorraine Professionnel, fin mai. Jaksche a avoué s’être dopé dès 1997 et ce pendant plusieurs années au sein des équipes Polti, Telekom et Once. Il a reconnu avoir fait usage d’EPO et d’hormones de croissance de même qu’avoir été un client du Dr. Fuentes en Espagne. Rien de bien nouveau dans toutes ses déclarations si ce n’est les méthodes utilisées: Jaksche a parlé d’ampoules d’EPO cachées dans un aspirateur Polti! Voilà qui nous prouve une fois de plus que Messieurs les cyclistes professionnels, ceux là même qui s’insurgent contre la récente charte anti-dopage de l’UCI, ne reculaient – et ne reculent probablement toujours pas – devant rien pour se doper. En ce sens, Messieurs les coureurs ne sont dignes d’aucune confiance selon nous. Évidemment, tous ses anciens équipiers ou directeurs sportifs – Voigt, Godefroot, Stanga voire Vinoukourov – ont démenti ces histoires une fois de plus, affirmant n’être au courant de rien et réduisant Jaksche à une brebis galeuse du peloton pro. Le classique quoi. L’accumulation, depuis des années, des témoignages de plusieurs coureurs – la liste s’est récemment considérablement allongée – commence néanmoins à faire mal, très mal au cyclisme. Les sponsors se posent de sérieuses questions, notamment Adidas qui a annoncé revoir son engagement dans le vélo, ou Telekom, qui réduira sa présence publicitaire sur le Tour. Les chaînes télé se posent aussi des questions, notamment allemandes. L’audimat serait en baisse dans ce pays. Il sera intéressant de connaître les chiffres de France Télévision fin juillet… Tout cela est bien triste pour le sport que nous adorons, mais nous sommes rendus à un point ou on est convaincu que seul un électro-choc, du style le retrait massif de nombreux sponsors et l’annulation de nombreuses courses du calendrier, pourraient faire réfléchir les acteurs du cyclisme quand au sérieux de la menace du dopage. Car pour l’instant, on tente de faire tourner les pédaliers mine de rien… La preuve, pourquoi donc a-t-on laissé le magnat Tinkoff se monter une équipe professionnel avec des coureurs au passé plus que louche comme Jaksche, Hamilton ou Commesso? 2 – L’autre nouvelle, "c’est les explications ridicules d’Alexandre Vinokourov à propos de sa collaboration avec le Dr. Ferrari":http://veloptimum.net/velonouvelles/7/ART/6juin/Equipe30.html. Vinokourov a déclaré à la presse que Ferrari n’était pas son _médecin_ mais bien son _préparateur physique_. Nuance. En gros, je vous prend tous pour des cons, Ferrari est un pote, je travaille avec lui pour gagner, vous n’avez rien d’autre à savoir, enjoy the show. Mais qu’est ce qu’on attend putain pour exclure de tels coureurs de même que son équipe et son encadrement du cyclisme tout simplement? Comment accorder aux performances de Vinokourov une once de crédibilité? 3 – Astana justement, l’équipe de Vinokourov. On annonce simplement qu’en prévision du Tour et suite aux récentes affaires, Godefroot reste manager de l’équipe mais ne sera pas présent sur le Tour. La belle affaire! On nous prend vraiment pour des cons. 4 – Tour toujours, les organisateurs ont annoncé que le dossard numéro 1 ne sera pas présent cette année dans le peloton. On veut ainsi marquer une rupture symbolique avec l’an dernier et Floyd Landis, un nom qui sera probablement prononcé le moins possible en juillet sur les routes du Tour. Comme celui de Bjarne Riis espérons le. 5 – Tour toujours, ASO, l’UCI et l’Agence française antidopage (AFLD) annoncent qu’ils procéderont à plus de 150 contrôles anti-dopage durant la course et plus de 400 tests sanguins, dont 200 inopinés. Notre avis? C’est bien. Mais ce n’est pas ca qui garantira une course propre. D’une part, les coureurs savent très bien que dans le contexte actuel, le Tour sera sous haute surveillance. D’autre part, c’est depuis un mois qu’il aurait fallu multiplier les contrôles inopinés. Quelqu’un sait ou a trainé Vinokourov durant les 2 dernières semaines, après le Dauphiné? Apparemment, il serait au Kazakhstan pour préparer "tranquillement" le Tour. Les contrôles inopinés vont coûter chers… 6 – Des articles filtrent dans la presse à propos du programme anti-dopage mis sur pied par Bjarne Riis au sein de son équipe CSC. Selon certains, dont le président de l’UCI Pat McQuaid qui le qualifie de _solide, indépendant et transparent_, ce programme anti-dopage serait le plus abouti au monde. Sous la direction d’un hôpital universitaire de Copenhague, ce programme prévoit de multiples tests sanguins sur tous les coureurs de l’équipe, tests analysés dans des labos accrédités par l’AMA. Plusieurs de ces contrôles serait inopinés. Bjarne Riis lui même n’aurait pas accès aux résultats des contrôles de ses coureurs, garantissant, d’après ce qu’on dit, l’indépendance du programme vis à vis l’équipe. Notre avis? On nous (vous) prend encore pour des cons. D’une part, l’homme le mieux placé pour savoir comment déjouer ce programme n’est-il pas celui-là même qui l’a concu? Cet homme n’est-il pas celui qui a avoué s’être dopé pour obtenir ses résultats sportifs, notamment une victoire sur le Tour 1996? Cet homme n’est-il pas celui qui accepte encore que ses coureurs travaillent avec le Dr. Cecchini en Italie? Le programme anti-dopage de l’équipe CSC n’a aucune crédibilité à nos yeux et n’est fait que pour tenter de rassurer un public qu’on croit crédule. D’ailleurs, les coureurs de la CSC continuent d’offrir de belles performances au plus haut niveau, comme cette victoire d’O’Grady sur Paris-Roubaix ou le très surprenant Giro d’Andy Schleck. On est désolé, mais on y croit pas du tout. 7 – AFP a publié une très intéressante interview avec Pascal Gorin, un ancien commandant à la Brigade des stupéfiants de Paris. Cet homme a acquis une solide expérience des trafiquants de drogue et des produits dopants au fil de sa carrière passée à traquer les criminels. Selon lui, le dopage est aujourd’hui moins répandu, mais plus scientifique que jamais. On est d’accord avec lui. Les cyclistes pro feraient beaucoup plus attention non seulement sur comment ils se dopent, mais aussi à propos de leurs approvisionnements. Selon Gorin, c’est dans les pays ou le personnel médical est facilement corruptible ou dans lesquels la législation n’est pas aussi restrictive (comprendre les pays d’Europe de l’Est essentiellement) qu’ailleurs que les cyclistes s’approvisionneraient maintenant. Le dopage se ferait aujourd’hui plus que jamais par micro-dose et hors des compétitions officielles durant lesquels les contrôles ont été resserés. Selon Gorin, la lutte contre le dopage passerait donc plus que jamais par les contrôles inopinés, faits hors des périodes de compétition. On ne saurait être davantage d’accord avec lui. C’est probablement en juin qu’on pourra désormais démasquer les tricheurs du mois de juillet… 8 – Championnats nationaux ce week-end. Voici les principaux vainqueurs : Fabian Wegmann (Allemagne), Stijn Devolder (Belgique), Rodriguez (Espagne, il s’est fait offrir la victoire par Valverde, on se demande pourquoi), Moreau (France, après un récital dans les deux derniers tours du circuit. Moreau confirme ainsi son excellent Dauphiné et le fait qu’il tient actuellement la pêche de sa vie!), Visconti (Italie, le jeune est aux anges après cette victoire, et on le comprend), Iglinskiy (Kazakhstan, un coureur d’Astana, vous êtes surpris?), Joachim (Luxembourg, un autre coureur d’Astana, vous êtes surpris?), Moerenhout (Pays-Bas), Backstedt (Suède) et Beat Zberg (Suisse).