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William Goodfellow piqué pour dopage

Je suis tellement déçu encore une fois. Tellement déçu! Et inquiet.

Le Centre canadien pour l’éthique dans le sport (CCES) a annoncé aujourd’hui que le coureur cycliste québécois William Goodfellow, 27 ans en janvier prochain, a été pris positif lors des Championnats québécois en août dernier à deux subtances interdites, soit le clenbutérol et la darbépoétine. Il avait terminé 2e de la course sur route de ces Championnats québécois, au terme d’une saison ponctuée de nombreuses places d’honneur, et notamment d’une 2e place lors de la 9e manche des Mardis cyclistes de Lachine le 5 août dernier.

Membre de l’équipe Silber Pro Cycling, William Goodfellow aurait renoncé à son droit d’être entendu pour fournir des explications et a donc été suspendu pour une période de deux ans, soit jusqu’au 24 août 2016.

Le clenbuterol est un vasodillatateur, donc une substance utilisée dans le traitement d’affections respiratoires.

La darbépoétine est de la classe des médicaments appelés hormones régulatrices de l’érythropoïèse. C’est donc bien d’EPO dont on parle ici. L’aranesp est un des produits de darbépoétine les plus connus.

C’est donc un cas de dopage sanguin, lourd, aux produits sophystiqués qu’on ne trouve pas vraiment très facilement chez Jean Coutu. Si Goodfellow a utilisé ce genre de produit, c’est qu’il a pu s’en procurer auprès de fournisseurs ou alors sur Internet, ce qui sous-entend une prise de risque assez importante. Voilà de toute façon qui confirme les conclusions du récent rapport sur le dopage dans le milieu du cyclisme au Canada, mandaté par Cyclisme Canada.

Vraiment, je suis très très déçu, même si je ne connais pas directement William Goodfellow. Je le considérais cependant comme un excellent coureur au Canada.  Et dire que plus récemment, il s’était investi comme entraineur auprès d’athlètes!

Rappelons que Goodfellow n’est pas le premier cas de dopage à l’EPO qui secoue le milieu du cyclisme canadien. Outre le cas tristement célèbre de G. Jeanson, qui remonte maintenant à plusieurs années, il y a aussi eu les cas Arnaud Papillon et Miguel Agreda en 2011 au sein de l’équipe Garneau, de même que celui de Benjamin Martel survenu la même année lui aussi à l’occasion d’un championnat québécois, coincidence. Et rappelons aussi que Rider Hesjedal et Michael Barry, deux des ténors du cyclisme canadien ces dernières années, sont tous deux passés aux aveux au cours des dernières années, affirmant s’être dopés plus tôt dans leur carrière.

Chose certaine, il ne fait aucun doute que ca roule vite chez les Séniors 1-2 au Québec et qu’en conséquence, les tentations soient grandes chez certains, surtout ceux nourissant des ambitions de percer chez les pros.

Il continue donc d’y avoir du dopage lourd (sanguin) au Québec et je suis certain que ce dopage ne se limite pas qu’aux seuls Séniors 1-2. Le plus inquiétant sont les réseaux de distribution probablement existants autour de nous… En ce sens, j’invite William Goodfellow à collaborer avec les autorités pertinentes afin de dénoncer les distributeurs et d’éclairer tout le monde non seulement sur les raisons l’ayant poussé à se doper, mais surtout comment il a pu le faire.

Et voilà une affaire qui prouve que plus que jamais, nous avons besoin de davantage de contrôles antidopage dans le milieu du cyclisme canadien qui n’est pas vraiment mieux que les autres cyclismes nationaux. Les autorités doivent en prendre acte, et accroître leur vigilence ainsi que le nombre et la fréquence de tels contrôles.

Astana

Une mauvaise nouvelle n’arrivant jamais seule, la farce continue de plus belle chez Astana avec un… 5e cas de dopage rendu public hier, le 3e au sein de l’équipe continentale formée essentiellement de jeunes. De jeunes qui sont la relève du vélo de haut niveau!

Alexandr Vinokourov tente de sauver les meubles (lire sa licence WorldTour) et a suspendu toute l’équipe continentale. Le plus drôle sont ses déclarations : « The young riders are crazy if they still haven’t understood that there is no place for doping in cycling. » Rappelons que Vinokourov lui-même a été plusieurs fois convaincu de dopage lors de sa carrière… Crédible vous dites? De pures opérations de public relations, c’est tout.

Espérons que l’UCI pose prochainement un geste courageux et ne délivre pas de licence WorldTour à l’équipe Astana ou, si elle le faisait, sous certaines conditions, notamment que Vinokourov soit démis de ses fonctions avec interdiction de tous contacts avec l’équipe dans l’avenir. Il y va de la crédibilité du cyclisme tout entier encore une fois.

Quoi qu’il en soit, le Canadien Mike Woods a parfaitement raison de dénoncer ni plus ni moins qu’un vol de la part de l’équipe Astana au Tour de Qinghai Lakes cette année, dominé outrageusement par Ilya Davidenok, piqué positif depuis. Outre d’avoir décimé le peloton, lui et son équipe sont aussi repartis avec la caisse. Ca n’a juste pas d’allure!

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19 Commentaires

  1. Vincent C

    Le clenbutérol est « prescrit à l’origine pour les affections broncho-pulmonaires spastiques chez le cheval de course » … mais il ne sert pas à ça. Il sert à perdre de la masse graisseuse et il est très facilement trouvable dans les gyms Laurent.

    Et pour L’Aranesp, ben ça m’a pris 30 secondes de recherche sur Internet pour en trouver… C’est loin d’être un dopage sophistiqué.

    http://www.anabolic-pharma.com/products/418/epo_-_aranesp

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Clenbut%C3%A9rol

  2. Vincent,
    Effectivement, on peut se procurer facilement sur Internet une foule de produits dopants parfois même assez sophistiqués. Mais que dire de la qualité de ces produits, certains injectables?
    Pour l’Aranesp, faut quand même avoir les couilles de se trouer la peau (peu importe si c’est intramusculaire ou, plus compliqué, intraveineux)… moi, c’est clair, très peu pour moi, pas question. Le site auquel tu réfères stipule clairement que ce produit doit être prescrit par un médecin, qu’il ne faut pas s’auto-injecter ce produit, que le sang doit être testé et vérifié souvent, qu’il faut garder le produit au frigo, à l’abri de la lumière, que le produit peut engendrer des problèmes cardiaques ou circulatoires sévères, incluant des ACV, et j’en passe. Pas le genre de produits légers à prendre et à gérer selon moi… surtout sans initiation. On peut raisonnablement penser qu’il faut être initié pour ce type de dopage, donc qu’il existe des gens qui montrent comment faire. Une partie du problème est là.

  3. Simon

    Vous appelez ça du dopage lourd; alors c’est quoi du dopage léger?

  4. Michel M

    Je me trompe ou les cyclistes ne sont à peu près jamais contrôlés au Québec? On contrôle les 2-3 premiers aux championnats québecois et canadiens … mais sinon une course comme les mardi Lachine à ma connaissance c’est « non-testé » … je me trompe?

    Chez les maîtres je sais qu’à Sutton par exemple il y a des tests… mais on teste quoi, ça je ne le sais pas. Au Tour de l’Alberta il y a sûrement des test mais pas pour un gars du calibre de ce Goodfellow. Bref, c’est quoi pour un cycliste, un senior élite en particulier, et pour l’epo en particulier, les chances de se faire contrôler?

  5. @Simon,
    Il existe plusieurs dopages. Le dopage léger, c’est celui qui est classique, qui existe depuis fort longtemps, et qui se prend simplement: on pense en premier lieu aux petites pilules d’amphétamines avalées à quelques kilomètres de l’arrivée d’une course et qui donnent le boost nécessaire pour « finir » le travail. Et aux autres produits classiques à prise orale qui sont en usage depuis des décennies, notamment en cyclisme (lisez sur la vie des Coppi, Anquetil, Bobet, Thévenet, voire frères Pelissier et bien d’autres encore…).
    Le dopage lourd, c’est le dopage plus récent, qui a émergé dans les années 1980 dans les pays de l’Est, puis en cyclisme professionnel vers la fin des années 1980 chez les Néerlandais: le dopage sanguin à l’EPO et autres produits. Dopage lourd car il suppose des protocoles beaucoup plus complexes, un savoir-faire précis, des cocktails de produits mariant EPO à testostérone-hormones de croissance-suppléments de toute sorte, et qui comporte aussi de très grands risques pour la santé de l’athlète qui l’utilise. Le dopage lourd ne s’improvise pas, alors que le dopage léger oui.
    Il ne va sans dire que le dopage lourd, sanguin, s’avère d’une efficacité redoutable, pour preuve les performances mutantes enregistrées par les coureurs pro dans les années 1990 et au début des années 2000.

  6. Et on est encore etonnes, decus que des coureurs pros se soient dopes?
    C’ est le comble de la naivete!
    Seule nouveaute interessante, la reaction de Mike Woods.

  7. Vincent C

    @Laurent, je ne comprend pas pourquoi tu fais une dinstinction entre dans le dopage; léger ou lourd.

    Les amphét, qu’elles soient faciles à prendre, elles restent très dommageable pour la santé. Fignon est quand même mort d’un cancer, peut-être lié à son dopage.

    Pour le dopage que tu appelles lourd, eh bien, les cyclistes qui prennent de ces substances, en micro-doses entre autre, sont habitués. Ils sont obligés d’entre prendre souvent. Ça reste des médicaments facile à administrer. Peur des piqures?

    Suivre un protocole sur une boite de médicament, ce n’est pas bien compliquer.

    Tu dis que le dopage léger s’improvise… pas vraiment, le dopage n’est pas improvisé point. Il faut faire les démarches pour s’en procurer, t’achète pas ça en pharmacie sur les tablettes.

    Et je le répête, le clenbutérol est encore plus facile à trouver que les tites-amphét du « dopage-léger »

  8. Régis29

    Bonjour,
    Je suis entièrement d’accord avec Laurent sur la différence entre dopage « léger » et « lourd ».
    Tous ceux qui suivaient le cyclisme à la fin des années 80 (les plus de 40 ans aujourd’hui donc!) ont bien vu qu’il se passait quelque chose de vraiment nouveau!
    Pour moi ça commence chez les pros en 88-89 avec les numéros du duo hollandais Rooks-Theunisse à l’Alpe-d’Huez, puis en 90 Bugno qui survole le Giro et en 91 le début du règne d’Indurain, avec en même temps la métamorphose de Claudio Chiappucci, premier coureur « ordinaire » transformé subitement en champion à presque 30 ans… Et la déconfiture des champions « ancienne école » largués du jour au lendemain par leurs anciens équipiers!
    On connait la suite…

  9. @Vincent,
    Je persiste à vouloir distinguer deux formes de dopage, le dopage plus traditionnel, plus « léger » et le dopage « lourd », qui est débarqué dans les années 1980 dans les pays de l’Est puis dans le peloton pro vers la fin des années 1980 (voir commentaire de Régis29) ci-haut.
    Le dopage « lourd », c’est essentiellement le dopage sanguin, mais pas que: on pense aux dangeureux PFC, et au dopage génétique. Un dopage compliqué, qui ne s’improvise pas. Je serais bien mal pris à vouloir prendre de l’EPO demain matin! Par contre, prendre des amphets, facile, une petite pilule et hop! le tour est joué. Mais me trouer la peau, savoir comment faire avec des produits périssables, me jouer directement dans le sang, aie… pas facile et super-dangereux.
    Le dopage « léger » a certes des conséquences sur la santé, mais je te rappelle que l’on manque encore de recul pour estimer les dommages à long terme des cocktails en vogue dans les années 1990 et 2000 (et probablement toujours en vogue…) au sein du peloton.

  10. Martin Desbiens

    Ce qui me chatouille le plus c’est lorsque c’est dopés sont ou deviennent des entraîneurs…beaux modèles pour notre relève zéro crédible à mes yeux. Ceux-ci doivent accepter l’impact de leur geste et cela veut dire pas de coaching, pas besoins d’aller bien loin pour retrouver ce genre de malaise, Au Québec, certaines formations ont des liens avec d’ex-dopés et ce n’est pas du léger c’est du lourd.

    Mais au final j’adore le spectacle et la dope c’est fantastique pour ça!

  11. Regis78

    D’accord avec LAURENT, il y a 2 formes de dopages distinctes.
    D’ailleurs on le constate dans le peloton PRO, entre les coureurs equipiers chargés « Léger » et les leaders chargés « Lourd » !!!
    On le voit bien sur les performances et surtout le suivi n’est pas le même et coute beaucoup plus cher.

    Sinon cotè Clenbutérol je ne savais pas que l’on pouvait consommé de la viande espagnole au canada (LOL) !!!!

  12. Steph

    Un autre Erik Lyman.

  13. Vincent C

    Pas de distinction pour le dopage pour moi. Je ne vois vraiment pas pourquoi catégoriser le dopage. Ça revient à quasiment accepter le dopage léger comme moins dangereux ou mieux que le dopage lourd. Ça change rien au bout de la ligne ça reste du dopage.

    Il y a des drogues drôlement efficace qui s’administre facilement: les amphét, les stéréroides, la cortisone, le clenbutérol sont des trucs facile, surtout à administrer.

    En catégorisant comme ça, on trace des lignes qu’on ne devrait pas tracer. Comme le dopage des années de Fignon, de Merckx, au temps de l’EPO ou maintenant avec le doapge sanguin…. y’a pas de différence, ça reste du dopage.

    Et le dopage lourd n’a pas plus dommageable que le dopage léger comme tu dis Laurent, loin de là.

    Le dopage lourd d’aujourd’hui comme les trucs sanguins serait plus dommageable que le dopage léger aux amphét d’avant? J’en doute. Au contraire, les petites pilules d’autrefois étaient fait pour les chevaux, pas pour les humains. Le dopage sanguin actuel est suivis par de professionnel de la santé, les médecins d’équipe…. seul le temps nous le dira

  14. Vincent C

    Y’a quand même juste Simpson qui est mort sur son vélo à cause des petites amphét facile à avaler 😉

  15. thierry mtl

    Laurent,
    j’ajouterais ces deux substances à tes suggestions de cadeaux de Noel pour « pour le cycliste qui veut rester dans le coup ».

  16. A.Gagnon

    William Goodfellow je ne connaissait pas vraiment, c’était juste un coéquipier de gars que je connaissait un peu (Chartrand, Masbourian, Delaney, Blackburn…).

    Après il y a eu la 1ere manche de la coupe du Québec de cyclo-cross à St-Alphonse-de-Rodriguez et j’ai été éclairé sur la personnalité du personnage: M.Goodfellow m’a poussé alors que j’essayais de le dépasser. Puis après la course lorsque je suis aller le voir, il m’a affirmé que c’était ma faute si il m’avait poussé vu que j’étais doublé.
    Rappelons que m.Goodfellow était lui-aussi doublé par le groupe de tête à ce moment-là et que le coupe du Québec de cyclo-cross est loin d’être une course relevée avec des enjeux importants.

    Alors ditons que je ne suis pas vraiment étonné qu’un gars capable d’une telle attitude anti-sportive puisse s’être dopé.

  17. john Gold

    Je voulais souligner que pour des courses de haut calibre, tel le tour d’abitibi, c’est le podium plus 3 numéros aléatoires qui sont choisis. En tant que DS, il faut vraiment aller voir les dossards choisi sinon ca va aller mal.

  18. john Gold

    Aussi, papa doit être très content, sans compter un compte Linkedin a se rouler par terre. J’espere que William trouvera la clareté d’esprit d’arborer la chose comme Arnaud l’a fait.

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